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Un Chapeau de Bois pour un Roi



Un Chapeau de Bois pour un Roi


Flashback 1628
✘ Quête Solo – Construction




Des mouettes volaient dans un ciel nuageux, me surplombant tandis que nous avancions sur des flots tumultueux. De loin, on avait l’impression que je flottais sur une large parcelle d’herbe flottante, une sorte de petit monticule se déplaçant sur la mer en montant et redescendant au gré des vagues. En réalité, j’étais simplement allongé sur le dos de Borat qui nageait sous l’eau, immergé jusqu’à son évent qui recrachait de petites fontaines par moments. J’observais le ciel, m’attendant à ce que la pluie s’abatte en voyant les nuages gris qui s’amoncelaient au-dessus de ma tête. Et j’avais raison, de petites gouttes tombant du ciel pour venir s’écraser dans la mer de South Blue. Comme quoi, l’adage selon lequel il fait toujours beau à South Blue n’était pas totalement vrai.

« Quelle plaie, j’ai pas de parapluie. » grommelais-je tandis que des gouttes de plus en plus grosses venaient s’écraser sur mon visage.

En quelques minutes, je fus trempé jusqu’aux os, me relevant en position assise pour me frotter les bras en grelottant. J’appréciais voyager de la sorte sur le dos de mon ami pachyderme, mais cela manquait d’un abri, d’une petite construction sous laquelle je pourrais être tranquille, loin des intempéries. Autrement, je finirais par crever lamentablement d’un rhume, ou bouffé par un monstre des mers passant par là. De plus, je plaisantais souvent sur le fait que Borat était le ‘Roi des Cochons’ et, tout roi qui se respecte a une couronne. D’une pierre deux coups, l’idée germa dans ma tête pour finalement aboutir à un plan.

Nous nous approchions du Royaume de Bliss, réputé pour ses chantiers navals et ses charpentiers d’exception. C’était l’endroit parfait pour construire une habitation capable de résister aux tempêtes et aux tumultes des mers. Je ne désirais pas un manoir ou un palais, d’autant plus que cela aurait put être inconvenant pour mon ami porcin. Non, une simple petite bâtisse, à la fois résistante et pas trop lourde, pouvant accueillir un peu de monde pour faire la fête et quelques pièces pour couler des jours heureux dans la paix. M’approchant de la tête de mon compagnon des mers, je lui exposais mon idée afin d’être sûr que cela ne le dérangerait pas, tant par le poids que par l’allure.

« Gruiiik Gruik gruik gruik ! » répondit-il en sortant sa tête de l’eau, poussant de petits grognements de consentement, enfin selon mon interprétation approximative.

« Génial mon pote ! Allez, cap sur Bliss ! » m’exclamais-je en me relevant, ouvrant grand les bras devant la grandeur des mers.


Une heure plus tard, la promesse des mouettes s’accomplit et la terre du Royaume de Bliss fut en vue. Portgentil, grande ville entourant les chantiers navals et les ports principaux de l’île, était en vue. D’immenses navires dépassaient à l’horizon, trônant au milieu de chantiers navals, à des stades différents de construction. La plupart affichaient les sigles et couleurs de la Marine, leur principal client probablement. Cependant, Borat étant trop timide et peureux pour se mêler à l’attraction de la vie des humains, j’avais décidé d’accoster à quelques kilomètres, dans les plaines qui bordaient la ville. Ainsi, mon ami pachydermique sortit de l’eau, s’ébrouant pour se débarrasser des trombes aquatique qui s’échappèrent de son pelage couleur herbe. Je dus d’ailleurs m’y agripper pour ne pas être éjecté façon catapulte. Une fois plus ou moins sec, il se mit en marche en faisant bien attention à ce qu’il n’y ait aucune créature plus grosse qu’une poule ou qu’un lapin dans les environs. C’était à peu près sa limite, selon les situations et son état d’anxiété, il prenait ses jambes à son cou lorsqu’on la dépassait.

Nous avancions alors jusqu’à une petite clairière ombragée, entourée d’arbres et de bosquets dans un style bucolique tout à fait adorable. La présence du cochon géant fit fuir la plupart des petits animaux environnants, Borat se figeant à chaque mouvement suspect avant de se calmer. Lorsqu’il se sentit suffisamment à l’aise, il se mit à gratter frénétiquement le sol avec ses pattes. De mon point de vue, je descendais peu à peu jusqu’au sol tandis que le cochon géant s’y enfouissait.




Le corps de Borat disparut presque intégralement, enfouit sous le sol, ne laissant qu’une large partie verte qui se fondait parfaitement avec la clairière. Le seul indice de sa présence était son évent, restant à l’air libre pour lui permettre de respirer, recrachant un long souffle chaud par intermittences. Repérant les lieux pour être sûr de retrouver l’endroit précis où il était caché, je pris la direction de Portgentil, bien décidé à y trouver des charpentiers et du matériel afin de construire rapidement une petite maison.

De bonne humeur, je gambadais dans les prés en sautillant, particulièrement fier de mon idée de maison mobile. Tout les voyageurs des mers se déplaçaient dans des navires tous plus gros les uns que les autres, probablement pour compenser certains manques dans leur anatomie. Quelle bande de ringards, l’avenir c’était le voyage en cochon amphibie, seuls les vrais savent. Et, quoi de mieux pour se faire un nom dans le monde qu’une monture géante porcine.

Après avoir demandé mon chemin vers le chantier naval le plus proche à une carriole de marchands, j’y arrivais enfin. Un ensemble de structures, de tas de bois et autres matériaux, de navires à demi-construits et d’autres plus proches d’être mis à l’eau. Le chantier naval était immense, embauchant des centaines de personnes qui s’affairaient de tout côtés sous la pluie fine qui continuait de tomber sur nos têtes. La visière de ma casquette vers l’avant pour m’en protéger le visage, j’avançais vers l’inconnu, ne sachant trop à qui m’adresser pour ma requête. A une dizaine de mètres, un petit attroupement faisait beaucoup de bruits, deux groupes bien distincts face à face. D’un côté, des hommes et des femmes, tous costauds et arborant leurs gros muscles avec leurs manches relevées. De l’autre, des types à l’air patibulaire de brigands, bardés de cicatrices et de tatouages, armés et qui semblaient prêts à en découdre.

« Comment ça vous ne pouvez pas nous construire un bateau ?! » s’écria l’homme qui semblait être le chef des brigands.

« On vous a déjà dit qu’on n’avait pas le temps, on a des commandes à honorer. » commença le chef du chantier naval, fumant un gros cigare malgré l’humidité ambiante et tentait de calmer le jeu. « Si vous vous montrez un peu patient, peut-être que nous pour... »

« On a pas le temps et on a de quoi payer ! » s’exclama le brigand, sans vraiment écouter son interlocuteur. « Alors faites-nous un bateau, tout de suite ! »

Je m’approchais du groupe tranquillement, les mains dans les poches avec un air je-m’en-foutiste sur le visage alors que je m’arrêtais à quelques mètres entre les deux groupes.

« Bonjour, messieurs dames, il y a un problème ? » lançais-je joyeux en leur adressant un grand sourire.




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Flashback 1628
✘ Quête Solo – Construction




Les deux groupes se tournèrent vers moi à l’unisson, des expressions interloquées flanquées sur leurs visages.

« Bordel, mais t’es qui toi ? » s’exclama le chef des brigands en levant les bras sur les côtés, comme on essaierait de se grossir face à un animal sauvage.

« Un voyageur de passage, et vous ? » répondis-je évasivement en lui retournant la question, maintenant mon sourire figé sur mon visage.

« Craig Von Baffler, capitaine des Loup-Phoques Pirates ! » s’exclama-t-il très fier de lui en se frappant le torse.

Le silence fut si pesant suite à sa présentation que c’en fut gênant. Je n’avais aucune idée de qui il était ou son équipage, et à la tête des charpentiers ils devaient penser la même chose. Leur petit équipage d’une quinzaine de personnes était la représentation caricaturale du pirate. Dents en or, bandanas noués autour de la tête, marinière déchirée, aucun ne sortait du lot. Mis à part leur capitaine, vêtu d’un lourd manteau brun et d’un tricorne, à croire que l’équipage et le capitaine étaient accordés dans cette parodie de piraterie.

« Connais pas. » répondis-je simplement en me grattant le menton d’un air pensif. « Vu que vous cherchez un navire, vous débutez, non ? » finis-je par demander en levant un doigt tel un inspecteur qui vient de trouver une réponse.

Apparemment sensible à la moquerie, le dénommé Craig porta sa main à son sabre à sa ceinture, sa main posée sur le manche. Aussitôt imité par ses hommes, les armes étaient prêtes à être dégainées. Enfin, sauf pour moi qui avais remis mes mains dans mes poches, décontracté à les observer sans une once de surprise ou de peur.

« Fais pas trop le malin, l’albinos, j’ai déjà tué près de cinquante personnes, je suis pas un amateur ! » s’écria Craig Von Baffler, le rouge lui montant peu à peu aux joues. « Et j’suis prêt à augmenter ce chiffre si vous continuez à me faire chier ! »

« Ouhlala mais c’est terrifiant dites-moi ! » fis-je alors en mimant la surprise, plaçant une main devant ma bouche en forme de O. « Je comprend que vous soyez colère, c’est vraiment pas sympa de ne pas respecter votre autorité ! » continuais-je sur un ton moqueur.

Sur ces mots, les lames se dégainèrent de leurs fourreaux, tintant de ce son métallique si caractéristique. Craig le Pirate était devenu tout rouge, comme un enfant gâté à qui on aurait dit ‘non’ pour la première fois. Ses lèvres s’étaient retroussées sur des dents sales, une ou deux manquantes qui laissaient apercevoir l’intérieur de sa bouche au travers de trous entre deux dents. Ses yeux avaient commencés à se gorger de sang tandis que ses mains tremblaient de colère. En face de lui et ses hommes, les charpentiers du chantier naval s’étaient légèrement reculés. Contrairement aux pirates, ils n’étaient pas armés bien que leurs gros bras pouvaient sans doute palier à cette différence. Cependant, ils ne semblaient pas très enclins à combattre à mes côtés si jamais un affrontement éclatait. Je me tournais alors vers eux, Craig commençant à s’avancer à mon encontre en soupesant son arme dans sa main.

« Ah oui, je viens vous voir pour une petite requête. » commençais-je à dire aux ouvriers du chantier naval, ceux-ci me regardant d’un air interloqué tandis que j’ignorais complètement l’homme armé qui s’approchait de plus en plus. « Je sais que vous êtes débordés et ma demande pourrait sortir un peu des clous de la simple demande de construction de navire, mais je suis prêt à participer à la construction malgré mes maigres compétences dans le domaine. »

Le pirate à l’égo fragile s’arrêta devant moi en levant son sabre au-dessus de sa tête, me gratifiant d’un sourire sadique. Bien que je n’étais pas sabreur, je pouvais voir à la manière dont il tenait son arme qu’il était également un amateur dans le domaine.

« Meurs saloperie ! » s’écria l’homme en abattant son arme droit sur moi.

Un simple pas-chassé de côté et la lame passait à côté de moi, s’enfonçant du bout de sa lame dans la terre battue. Il la retirait du sol pour frapper horizontalement vers moi, enchaînant les coups les uns après les autres à une vitesse désolante. Je lisais en lui comme dans un livre ouvert et devinais chaque attaque avant qu’il n’en entame le mouvement. Il me suffisait ensuite de reculer au bon moment, suffisamment pour laisser passer la lame à quelques centimètres à chaque esquive. Le masque de colère du pirate commençait à changer à mesure que j’évitais tout ses coups, de grosses gouttes de sueur se mettant à perler de son front. Une bonne minute passa ainsi, Craig s’acharnant à m’attaquer sans réussite commençait à fatiguer et il finit par s’arrêter en respirant bruyamment.

« C’est bon, Môsieur le pirate s’est calmé ? » demandais-je, toujours les mains dans les poches, me penchant légèrement en avant comme un professeur qui fait la leçon à un élève. « Il a fait sa grosse crise de nerf, ça va mieux maintenant ? Tu veux une sucette ? »

Le pirate grinça des dents, blessé plus encore dans son orgueil. Dans un dernier effort, il s’élança sur moi en criant, sa lame tenue à deux mains au-dessus de sa tête pour envoyer un coup vertical. Bien que l’intention était louable, la place de ses mains était si mal positionnée qu’il suffisait de frapper le dessous du manche de l’arme pour qu’elle s’envole. Et c’est ce que je fis, las de ce petit jeu du chat et de la souris. J’évitais son coup vertical avec aisance sans beaucoup me déplacer, puis un coup horizontal en m’accroupissant. Je remontais alors que ses mains se retrouvaient au-dessus de moi, frappant celles-ci d’un coup de crâne. Aussitôt, sa prise sur son arme fut brisée, celle-ci lui échappant des mains. Je le frappais alors d’un coup d’épaule pour le déséquilibrer, le faisant tituber de quelques pas en arrière. Puis, sans lui laisser le temps de réagir, je fauchais l’air de ma jambe, assez haut pour atteindre le côté de sa mâchoire. Le coup, suffisamment contrôlé pour ne pas l’envoyer voguer sur le Styx, le souleva du sol et l’envoya valser à quelques mètres de là, entre les deux groupes qui se faisaient toujours face.




Le pirate s’écrasa lamentablement, inconscient avec de la bave au bord des lèvres sous le regard médusé de ses hommes. Ceux-ci, se reprenant soudain, se retournèrent vers moi en me pointant de leurs sabres et fusils, visiblement prêts à venger leur capitaine. Je sortis finalement une main d’une de mes poches afin de pointer le corps immobile de leur chef.

« Vous feriez mieux de l’emmener se faire soigner plutôt que de continuer ce combat. » dis-je calmement, ne souhaitant pas faire escalader le conflit, en particulier devant les charpentiers du chantier naval alors que je m’apprêtais à leur demander un service. « J’ai d’autres choses à faire, donc si vous voulez pas finir comme lui, voir pire, foutez-moi le camp. » j’avais terminé ma phrase en parlant un peu plus fort, insistant bien sur le fait qu’ils feraient mieux de dégager.

Quelques pirates courageux soutinrent mon regard quelques secondes avant de baisser les yeux et leurs armes, visiblement conscient du fossé qui nous séparait, contrairement à leur chef. L’un d’eux, probablement le second, leva une main pour calmer la troupe et se dirigea vers son capitaine pour le soulever avec l’aide de quelques hommes. Sans un mot, la quinzaine de forbans s’en alla la tête basse. J’aurais pus tous les mettre au tapis en un rien de temps, mais ça n’aurait pas servit mon propos auprès des ouvriers du chantier naval, souhaitant apparaître sous mon meilleur jour pour les convaincre de m’aider.

« Bon, à nous maintenant. » commençais-je en m’approchant du groupe de charpentiers qui esquissèrent un mouvement de recul. « Du calme, je veux simplement vous passer commande. »





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Flashback 1628
✘ Quête Solo – Construction




Les charpentiers et ouvriers du chantier naval face à moi étaient une dizaine, le chef à leur tête en fumant son cigare sans sourciller. Il n’avait pas fait le moindre geste depuis le début du combat contre le pirate, mis à part tirer sur son cigare et en recracher la fumée. La pluie s’était arrêtée, une éclaircie pointant le bout de son nez entre deux nuages gris. Le chef était plus grand que moi d’une bonne tête, me toisant de son air sérieux, ses gros sourcils froncés sous son épaisse crinière noire comme cheveux.

« Bien, c’est sympa d’être intervenu mais on aurait put se démerder sans toi. » dit-il alors sèchement. « Mais bon, j’imagine qu’on doit te remercier. » se radoucit-il aussitôt, tout de même reconnaissant que l’escalade de violence n’ait pas continuée. « Bon, qu’est-ce qui te fallait ? »

« J’en doute pas, leur tête ne me revenait pas, rien de personnel. » répondis-je simplement en haussant les épaules. « Ma requête peut paraître un peu étrange, mais j’aimerais construire une maison assez solide pour être transportée. Je peux aider si besoin. »

« Hmf, mouais, pas si étrange que ça, mais tu veux transporter ça sur quoi ? » demanda-t-il, curieux mais pas si surpris que ça.

« Ça, c’est un secret, mais j’ai un moyen de transport assez grand. » fis-je, évasif pour ne pas trop attiré l’attention sur Borat.

« Ouais, ouais, hmf quoi qu’il en soit, ça va pas être possible tout de suite. » finit-il par dire en secouant la tête comme s’il était désolé. « On a des commandes à terminer et on a surtout un gros manque de matériaux. Les pirates grouillent dans le coin et nos dernières livraisons de bois et de pierre se sont faites abordées. » sa mine était triste, visiblement passionné par son travail.

« Je peux peut-être vous filer un coup de main, dites-moi ce dont vous avez besoin et je me démerderai. » proposais-je alors, voulant à tout prix dépêcher la construction de ma maison.

« Bien, on devrait pouvoir s’arranger. » fit-il en se grattant le menton, un sourire en coin.

Le chef des charpentiers, du nom de Gragas, me proposa un marché afin de s’aider mutuellement. Moi, je m’occupais de trouver le bois et la pierre nécessaire, éventuellement d’autres matériaux s’ils venaient à en manquer. Et, en échange, Gragas s’occuperait personnellement de dessiner les plans de ma maison, fournir les matériaux ainsi que quelques hommes pour m’aider à construire la maison. Il me confia une carte des alentours où il avait entouré des zones boisées et rocailleuses où je pourrais me fournir en bois et pierre. Il me prêta alors une hache, une pioche et une charrette afin de m’aider dans ma tâche. J’observais les outils, ne m’en étant jamais servis bien que ça ne devait pas être bien compliqué. J’avais tendance à tout faire avec les mains, mes poings et mes jambes comme seuls outils et armes.

Je pris alors la route vers la zone la plus proche, une forêt où je pourrais trouver de grands arbres, parfaits pour des navires. Gragas m’avait également fournit un petit fascicule explicatif des différents arbres de la région, ainsi qu’une liste de ceux dont il avait besoin et en quelle quantité. La quantité était énorme, destinée à un chantier naval après tout et vu le nombre de navires qu’ils construisaient en même temps, il n’était pas si étonnant qu’ils aient tant besoin de matériaux. J’empruntais ainsi un petit chemin de terre, grimpant les collines environnantes de Portgentil en direction de l’endroit indiqué.

La forêt n’était pas très grande, composée d’arbres qui montaient jusque très haut, tous assez espacés les uns des autres comme une forêt artificielle. Les troncs étaient larges, probablement des arbres âgés. Je me plantais devant l’un d’eux, la hache en mains en regardant la petite tête qui était censée m’aider à couper cet arbre. Solidement ancré dans mes appuis, je levais l’outil à deux mains avant de frapper l’arbre horizontalement. La tête tranchante s’enfonça de près d’une vingtaine de centimètres, s’arrêtant net, bloquée dans le tronc. Je tirais de toute mes forces, mais ce fut le manche qui lâcha le premier, explosant entre mes mains à cause de la torsion que j’avais exercé. J’observais les morceaux de bois éclaté tombés à terre, surpris du peu de résistance de l’outil.

« C’est vraiment de la merde sa hache ! » m’exclamais-je, embêté pour la suite.

Mon regard se fixa sur la tête de hache coincée dans le bois, je fis une moue comme si j’avais eus une idée. Je m’en approchais en observant le tronc sous plusieurs angles pour chercher le meilleur moyen d’atteindre mon objectif. Me plaçant à un mètre de la tête de hache coincée, je ramenais ma jambe droite en arrière, prenant un solide appui sur la gauche. Dans une rotation partant des hanches et du pied gauche, j’envoyais ma jambe fouetter l’air jusqu’à ce que mon pied vienne frapper l’objet métallique. Le bois fut tranché net au passage de la tête de hache qui transperça le tronc en y faisant un trou rectangulaire, laissant les bords de l’arbre presque intacts. En apparence tout du moins car déjà, un grincement suivis de craquements avant que, sous l’impact de mon attaque, l’arbre ne se mette à chuter. Il s’écrasa au sol devant moi qui, étonné, regardais mes pieds.

« Apparemment j’ai pas besoin de hache. » dis-je en arborant un grand sourire.

A force de combats, ma force avait grandement augmentée et j’en étais parfois encore surpris. De plus, je ne passais pas mes journées à trancher des arbres à coups de pieds, mais cette découverte offrait tout un tas de possibilités. Gonflé à bloc, je me mis à frapper les arbres les uns après les autres, sans même avoir besoin de la tête de hache pour fendre le bois. J’envoyais des coups de pieds si puissants qu’ils déchiraient le bois, me valant un bon nombre d’échardes. Sur mon passage, les troncs s’écrasaient avec fracas, ayant depuis longtemps fait fuir tout les oiseaux qui s’étaient perchés sur les branches de la petite forêt. Pris dans une frénésie digne d’un bucheron psychopathe, j’abattais des dizaines d’arbres, ignorant le compte exact. Puis, afin d’en faire une sorte d’entraînement, je me mis à tester tout types de mouvements. Je déchirais le bois à coups de poings ou du tranchant de la main. En recourbant les doigts, paume ouverte, je creusais de longs sillons en griffant les arbres, les finissant à coups de genoux sautés. Je fus tellement pris par mon carnage de conifère que j’en abattis un d’un coup de tête.

Une fois que j’eus testé tout mes mouvements habituels, ainsi que d’autres plus exotiques, je me retournais pour contempler mon œuvre. Sur mon passage, un tiers de la petite forêt se retrouvait par terre, jonchant le sol de troncs, branches et bois réduits à l’état de copeaux. Un grand sourire vint illuminer mon visage pour souligner la fierté que je ressentais face à mes prouesses.

« Pour le bois, ça devrait le faire. »




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Flashback 1628
✘ Quête Solo – Construction




J’avais passé le reste de la journée à élaguer et transporter les arbres. Coupant les branches superflues du tranchant de la main, d’un geste vif et assuré. En débarrasser chaque tronc m’avait prit plusieurs heures, mais à présent ils étaient prêts à la livraison. Cependant, un problème subsistait, les troncs d’arbre étant trop longs et trop nombreux pour tous tenir dans la charrette. Après plusieurs tentatives d’empilage hasardeuses et casse gueule, j’en déduisis qu’il faudrait faire plusieurs voyages. J’avais réussis à entasser plusieurs dans la charrette, empilés les uns sur les autres en dépassant d’une bonne dizaine de mètres à l’arrière. A bout de bras, je tirais la charrette sur les petits chemins au milieu des plaines. La route de terre battue était difficilement praticable ainsi chargé, les quelques gros cailloux ou trous dans la route suffisaient à faire basculer la charrette. Je dus à plusieurs reprises recharger ma cargaison  jusqu’à arriver au chantier naval.  

Une fois arrivé sur place, je déchargeais la charrette sous les yeux ébahis des ouvriers. Je soulevais les troncs les uns après les autres, non sans peine, ou en les faisant glisser d’un côté sur le sol, mais le résultat était là. J’empilais les troncs dans un coin en une petite pyramide, soufflant de fatigue à l’idée de réitérer le transport à plusieurs reprises. Alors que je venais de décharger complètement la charrette, je vis Gragas se diriger vers moi, un grand sourire sur le visage.

« Eh mec, ça c’est du beau boulot ! » s’exclama-t-il ravi, tirant toujours de grosses bouffées sur son cigare. « A ce rythme, t’en aura finis en moins de deux ! »

« Avec ce que j’ai coupé, il va me falloir encore quatre ou cinq allers-retours pour tout transporter. »répondis-je pensif, réfléchissant au meilleur moyen de limiter les trajets en transportant plus de bois. « Vous auriez des cordes ? »

Suite à ma déclaration, le chef du chantier naval parut surprit, se demandant probablement comment j’avais fais pour abattre tant d’arbres en une journée. Sans perdre plus de temps, je récupérais des cordes que je chargeais dans la charrette, me replaçant à l’avant pour attraper les bras du chariot afin de le tracter. Je repartis en faisant un signe de tête à Gragas, reprenant les chemins de terre dans le sens inverse en direction de ma zone de déboisement. Sans être chargé comme une mule, le trajet se fit bien plus rapidement et je me retrouvais à charger à nouveau la charrette en attachant les troncs entre eux grâce aux cordes. Cela éviterait qu’ils tombent du moyen de transport à deux roues. Je réitérais ainsi ma tâche jusqu’au dernier tas de bois à transporter, ayant particulièrement chargé la charrette celle-ci grinçait à chaque mètre. A l’avant, je peinais à tirer ma cargaison, de grosses gouttes de sueur glissaient le long de mon front. Je sentais mes muscles gonflés, comme s’ils allaient éclater sous l’effort. Chaque pas était difficile sous la lune pleine qui habitait la nuit, mon passage sur les petits chemins étaient accompagnés des hululements et hurlements des animaux nocturnes.

A un kilomètre de la ville, la charrette céda, une de ses larges roues en bois éclata sous le poids du chargement, répandant des éclats tout autour de moi. Dépité, j’observais le tas de bois pyramidal s’écraser au sol en tombant de la charrette. Je commença par essayer de réparer la roue de la charrette dans un échec cuisant. Puis je me plaçais au-dessus du tas de troncs, attrapant les cordes qui les liaient au centre pour tenter de les soulever. Je contractais mes muscles, de grosses veines ressortant sur mes bras tandis que je faisais appel à toute ma force pour les soulever dans un effort considérable. Cependant, je me rendis vite compte, au bout de quatre ou cinq pas, que je ne pourrais soutenir ce poids jusqu’au chantier naval, ou alors en faisant un nombre incalculable de pauses qui me ralentiraient. La nuit était déjà bien avancée et la fatigue me gagnait, je devais juste finir cette tâche et mon sommeil serait bien mérité. Ainsi, il me vint une idée et je reliais les cordages accrochant une extrémité des troncs à deux grosses cordes que j’entourais autour de ma taille et de mes épaules. Et je tirais, poussant sur mes jambes, mes pieds s’enfonçant dans la terre battue en manquant de me péter la gueule à plusieurs reprises. Chaque mètre tirait sur mes muscles, les troncs raclant le sol derrière moi. Mais, c’était toujours la méthode la plus efficace si je voulais terminer avant le matin.

Ce fut le kilomètre le plus long de ma vie, tout mes muscles tétanisés sous l’effort m’appelaient au sommeil en chœur. Le chantier naval était désert, tout les ouvriers avaient probablement finis leur journée et étaient rentrés chez eux pour la nuit. Je finissais d’empiler les rondins sur le grand tas pyramidal composé de dizaines et dizaines de troncs. Complètement vanné et vidé de toute énergie, je me traînais jusqu’à la clairière où Borat était caché, ne me rendant pas compte à ce moment là que j’étais suivis. Parmi les ombres se cachaient quelques hommes qui me suivirent jusqu’à mon campement, repartant au cœur de la nuit tandis que je m’endormais sur le dos velu de mon ami porcin géant.  

Plus tard dans la nuit, les voyeurs revinrent m’espionner derrière des buissons en plus grand nombre. Ils s’approchèrent après avoir vérifié, de là où ils se cachaient, que je ne bougeais pas, en concluant logiquement que j’étais endormis. Usant de toute la discrétion dont ils pouvaient faire preuve, leurs pas foulèrent le dos de Borat, caché parmi la clairière sous la forme d’une large motte herbeuse. Restants à distance pour la plupart, seul un homme s’approcha en dégainant son sabre. Il se plaça à quelques centimètres de ma tête en levant son arme au-dessus de sa tête avant de l’abattre dans ma direction.

« Bouh ! » dis-je soudainement en ouvrant les yeux.

Poussé par mes bras le long du corps ainsi que mes hanches et mes abdos, je soulevais une jambe rapidement à la verticale, frappant l’homme en plein visage tandis que je me retrouvais dans une position de poirier. Le bandit fut projeté vers ses hommes, un filet de sang partant de son nez le suivit dans sa chute alors qu’il tombait sur plusieurs de ses camarades. Je me relevais alors sur mes pieds, observant les brigands à la lumière d’une lune quasiment pleine et d’un ciel dégagé. Face à moi, une quinzaine d’hommes que j’avais déjà croisé plus tôt dans la journée. C’était la bande de pirates amateurs dont j’avais affronté le chef au chantier naval le matin même. D’ailleurs, l’homme que je venais de frapper en pleine face était justement ce type, Craig ou un truc du genre.

« Aaaah mais c’est toi ! Craig Von Biffle, c’est ça ? » demandais-je tout sourire, bien qu’un peu agacé d’avoir été réveillé ainsi.

Craig, relevé sur son cul en position assise, trois hommes empilés sous ses fesses, et se tenait son nez qui pissait le sang dans sa main et sur ses vêtements. Ses hommes avaient sortis leurs armes, tremblant comme des feuilles pour la plupart. Leur chef finit par se relever, se tenant toujours le nez d’une main afin d’en limiter le débit de sang qui en sortait.

« F’est Craig Fon Baffler, enfffoiré ! » cracha-t-il en zozotant à cause de son nez brisé et du sang qui coulait dans sa bouche.

« Craig Fon Biffleur ? » répétais-je, jouant l’idiot exprès pour l’énerver.

« Non pufain ! » s’exclama-t-il, rouge de rage et de sang. « Les gars, péfez-lui la gueule ! »

Ses hommes hésitaient, regardant leur capitaine puis moi, puis à nouveau leur capitaine comme pour souligner qu’ils n’étaient pas très chauds à se lancer dans cet affrontement malgré leur nombre. L’un d’eux prit son courage à deux mains et s’élança dans ma direction. Je lui fis signe d’approcher du bout des doigts tel un maître d’arts martiaux. Il n’eut pas le temps de lever son sabre que ma jambe le frappait horizontalement au niveau du ventre, le soulevant au-dessus de ses camarades dans un vol plané. Deux autres voulurent tenter l’expérience en duo, mais furent accueillis de la même manière, cueillis par deux coups de pieds enchaînés qui les envoyèrent rejoindre leur camarade. Les brigands restants s’étaient reculés, la démonstration les ayant convaincus de ne pas intervenir.

« Bah alors, c’est tout ? » demandais-je en arborant un sourire carnassier, plaçant la visière de ma casquette vers l’arrière. « On se met aux choses sérieuses ? »

Pour souligner mes intentions, je m’approchais à pas lent en frappant mon poing dans ma paume. J’accentuais mon sourire, les observant d’un regard sauvage sous les rayons de la lune. Sans demander leur reste, les bandits récupérèrent leur capitaine et leurs camarades au sol avant de s’échapper à toutes jambes. Je soufflais de lassitude, persuadé qu’ils ne tarderaient pas à revenir à la charge. Heureusement, j'avais le sommeil léger et j'avais tendance à me réveiller avant que quelqu'un ne me poignarde. Cette idée en tête, je retrouvais le centre du dos de Borat pour m'allonger à nouvea, n'ayant besoin que de quelques minutes en observant les étoiles pour m'endormir.




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Un Chapeau de Bois pour un Roi


Flashback 1628
✘ Quête Solo – Construction




Aux premières lueurs de l’aube, je me dirigeais en direction du chantier naval après une bonne nuit de sommeil. Un peu mouvementée, mais j’avais finis par me rendormir suite à l’intervention des bandits. Leur apparition en pleine nuit m’avait laissé sur mes gardes. Bien qu’ils n’étaient pas une très grande menace, je savais qu’un égo fragile blessé pouvait faire de gros dégâts. C’était d’ailleurs la seule raison qui me vint en tête pour expliquer qu’ils s’attaquent à moi : la vengeance. Je l’avais ridiculisé devant ses hommes, deux fois à présent, et il voulait leur prouver sa valeur en tant que capitaine. Plus difficile de se faire respecter de ses hommes lorsqu’on se fait écraser en un coup.

J’arrivais alors au chantier naval, celui-ci ayant retrouvé son activité habituelle en journée. Les ouvriers s’affairaient dans tout les sens comme des fourmis ouvrières, sans s’arrêter ne serait-ce qu’un instant pour boire un coup. De grands costauds portaient des poutres et des planches, d’immenses voiles enroulées ou autres matériaux nécessaires à la construction de navire. Un immense navire flanqué du sigle de la Marine trônait tel un roi en plein milieu du chantier naval, probablement leur commande principale au vu du nombre d’ouvriers qui travaillaient dessus et autour. Je me dirigeais vers le haut tas pyramidal de troncs que j’avais empilé dans un coin la veille. Plusieurs ouvriers ainsi que leur chef, Gragas, se tenaient devant en tenant un grand calepin. Le grand chef barbu se tourna vers moi à mon approche, recrachant un épais nuage de fumée au-dessus de sa tête.

« Ah ! Voilà le héros du jour ! » s’exclama-t-il d’un ton enjoué. « Tu nous as retiré une sacrée épine du pied, avec ce que t’as ramené on devrait être tranquille d’ici à la prochaine livraison, encore merci mon gars ! »

« Ahah y a pas de soucis, mec ! » lui répondis-je avec la même joie de vivre, décidant de le tutoyer car il faisait de même avec moi et, malgré la différence d’âge, j’aimais être sur un pied d’égalité avec mes interlocuteurs, surtout quand ils étaient si sympathiques. « T’avais parlé de récolter de la pierre aussi, si je me trompe pas ? » demandais-je alors, ne voulant pas perdre une minute.

« Je vois que t’es au taquet, j’aime ça ! » continua-t-il sur ce ton exclamatif enjoué, arborant un grand sourire en mordant un peu plus fort son cigare entre ses dents. « Viens par là, je vais te montrer où se trouve la mine la plus proche avec la roche qui nous intéresse. » me fit-il en me tendant une carte où plusieurs emplacements étaient entourés. « Si t’es aussi efficace qu’hier, je te promets de mettre mes meilleurs hommes sur ton projet de maison, et j’ai du mobilier qui traîne dont je suis prêt à me séparer. » finit-il en faisant un clin d’œil. « Ils sont à toi si tu fais du bon boulot, allez traînes pas maintenant, y a une charrette qui t’attend là-bas, elle est plus grosse que celle que t’avais hier mais tu devrais pouvoir transporter plus de pierre par trajet comme ça. »

Je pris la carte en observant le trajet qui m’attendait. Heureusement, la mine était plus proche que le bois où j’étais allé bûcheronner la veille, se trouvant derrière une petite montagne visible depuis la ville. En faisant un signe aux ouvrier et à Gragas, je pris la direction de la grosse charrette qui m’attendait, chargée de pioches, de burins, de caisses et de cordes. Je n’avais qu’une idée approximative de la quantité dont ils avaient besoin, mais en se basant sur le chargement de bois livré la veille, j’avais confiance en mes capacités. Empruntant les petites routes de terre battue, je croisais bon nombre de marchands et de passants, tous accueillants en cette belle journée ensoleillée.

La mine était en vue après de longues minutes à tirer ma charrette, bien que plus court que celui de la veille, le chemin était escarpé dans les montagnes et les nombreuses bosses, montées et descentes me promettaient quelques surprises. Pour l’instant la charrette était vide, et je n’eus aucun mal à arriver jusqu’à la mine. Déposant mon véhicule je me mêlais aux quelques mineurs présents tout en observant attentivement leurs mouvements ou leur façon de tenir leurs outils. Expérimentés, les mineurs étaient concentrés dans leur tâche sans m’adresser un regard, frappant en rythme dans une symphonie à l’unisson métallique. J’observais la pioche dans mes mains, soupesant l’outil en me demandant si j’en avais vraiment besoin. Haussant les épaules, je me dirigeais vers ce qui ressemblait à un mur de roche de grès, un des types de pierre dont j’avais besoin. Je m’approchais du mur en observant la pierre avec attention, lorgnant sur mes voisins pour m’inspirer de leurs mouvements. Je copiais ainsi leur pose, dosant ma force pour éviter de me retrouver dans la même situation que la veille avec la hache. Je levais l’outil au-dessus de ma tête et l’abattais dans le mur, la pointe de la tête de pioche s’enfonça dans le mur profondément tandis qu’une craquelure déchirait la roche sur plusieurs dizaines de centimètres. Une fois de plus, l’outil se retrouvait bloqué et j’avais beau tirer de toutes mes forces rien n’y faisait. Je posais un pied sur le mur et tirais dans un dernier effort pour tenter de la déloger. A nouveau, le bois du manche craqua entre mes mains et finit par éclater en deux. Je perdis l’équilibre et tombais sur le cul, de gros yeux surpris sur le visage. Autour de moi, la scène avait fait s’interrompre tout les mineurs autour de moi, un silence pesant s’installant tandis qu’ils se regardaient les uns les autres. Puis, soudainement, ils se mirent tous à éclater de rire, certains jusqu’aux larmes, lâchant leurs pioches pour se tenir les côtes.

« Bwawawawa ! Bien joué gamin, ça c’est du beau boulot ! » s’exclama l’un d’eux hilare, à quelques mètres de moi en se tapant les cuisses frénétiquement. « Pas besoin d’y aller si fort, voyons ! » fit-il en s’approchant avant de se tourner vers le mur avant que son expression ne change radicalement. « Oh putain ! T’as fendu le mur en deux en un coup de pioche ? » reprit-il dans l’exclamation, mais sans le rire ce coup-ci, son visage s’était figé.

Je me relevais sur mes deux pieds, toisant le petit homme costaud qui s’était approché. Pour toute réponse, je haussais les épaules en regardant le résultat de ce premier coup. En effet, une fissure importante partait du point d’impact où la tête était bloquée, de plus petites ayant formées comme une toile d’araignée de craquelures tout autour. Les rires des mineurs avaient vite été remplacés par des murmures entre eux tandis que plusieurs se détournaient de leur tâche pour s’approcher de mon œuvre. Avançant en les ignorant, je posais ma main sur le mur en poussant un peu sur le grès, quelques morceaux en tombant en une fine pluie. Je posais alors ma main ouverte, doigts tendus, perpendiculairement au mur avant de doucement refermer le poing en le posant contre la paroi. Je suivis la fissure principale de bas en haut et reculais, me touchant le menton pensif.

« Je crois que j’aurai pas besoin de pioche finalement. » dis-je alors, réfléchissant à la meilleure approche pour en arriver au résultat souhaité.

« Qu’est-ce que tu racontes, gamin ? » reprit l’homme qui s’était moqué un peu plus tôt. « Et tu comptes te servir de quoi, tes poings ? Bwawawawa. » se remit-il à ricaner, cherchant visiblement le moindre prétexte pour se moquer de moi en tant qu’amateur.

« Exactement. »

Le petit mineur fit une tête d’incompréhension, surprit par ma réponse. Je l’ignorais à nouveau, me rapprochant du mur en reposant ma main comme je venais de le faire contre le mur. A plusieurs reprises, je réitérais mon action précédente, plaçant les doigts tendus pour doucement former un poing et pousser à un endroit précis. Je gardais le regard braqué sur ce point, un peu au-dessus de là où était enfoncé la tête de pioche. Me reculant, je ramenais mon bras vers l’arrière, le coude un peu plus loin que la hanche. Mon buste se contorsionna également vers l’arrière, ma jambe se ramena dans la même direction, le pied glissant sur le sol avant de prendre appui solidement. Je pris une grande inspiration, la bloquant alors que j’enclenchais mon mouvement. Mon buste se ramenait vers l’avant en se déroulant, envoyant mon poing par la même occasion, porté par l’élan pour plus d’impact. Mon poing s’écrasa lourdement sur le point marqué plus tôt, je sentis alors le grès se craqueler, les fissures s’agrandir et un nuage de poussière explosa dans l’air sous le choc, me recouvrant totalement à la vue des témoins.

« Bordel de... » commença le petit mineur costaud. « Il a fait ça avec son poing ? »

La poussière se dissipa, révélant une fissure bien plus importante qui remontait bien plus qu’auparavant, la pointe se terminant à une dizaine de mètres dans le mur de roche. Mon poing s’était enfoncé d’une trentaine de centimètres en éclatant un gros pan du mur, formant comme un cratère en plein milieu avec mon poing comme centre. Je fis un pas en avant, manquant de peu de tomber en trébuchant sur un gros morceau de roche qui était tombé derrière moi. Des centaines de blocs de tailles variable formaient de petits tas au bas du mur, celui-ci craquelé de partout sur près de dix mètres. Tout autour de moi, les mineurs s’étaient rassemblés en restant bouche-bées.

« Ben quoi ? Moi aussi je sais miner ! » m’exclamais-je en me tournant vers eux en éclatant de rire.

« MAIS IL SE FOUT DE NOTRE GUEULE EN PLUS !!! » s’exclamèrent en chœur le groupe de mineurs, les yeux exorbités, outrés et sacrément choqués de ce qu’ils venaient de voir.

Je haussais les épaules pour toute réponse, leur accordant un petit sourire en coin en leur faisant un clin d’œil moqueur.




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Flashback 1628
✘ Quête Solo – Construction




Je passais plusieurs heures ainsi, frappant les murs rocheux jusqu’à ce que mes poings saignent sous les impacts répétés. Les autres mineurs avaient finis par me laisser tranquille, après que je les ais invectiver à plusieurs reprises, les menaçant de leur faire la même chose qu’aux roches que je brisais. Ainsi, je m’étais assuré que, lorsque je transporterais une partie de ma récolte, personne ne me volerait celles que je laisserais là le temps de l’aller-retour. En effet, tout comme avec les arbres la veille, je m’étais pris au jeu et avais formé des dizaines de tas de pierres. Bien que pris dans cette frénésie de puissance, j’avais gardé en tête les types de roches dont avait besoin Gragas et, à présent tout était là. Je chargeais alors la charrette, remplissant les caisses et empilant par-dessus d’autres pierres jusqu’à ce que le transport soit complet à ras bord. Attrapant alors les bras du véhicule, je tirais le poids important en faisant crisser les deux grosses roues de bois.

Le trajet fut mouvementé sur la route caillouteuse à bord de falaise, manquant de basculer dans le vide lorsque les roues ripaient sur de grosses pierres, penchant dangereusement l’espace d’un instant. J’avais eus quelques frayeurs, mais les premières livraisons jusqu’au chantier naval se passèrent relativement sans encombre. Une fois de plus, Gragas me félicita de mon travail et je le surpris à nouveau en lui disant qu’il en restait encore beaucoup à livrer. Puis, je repartis sur le chemin pour le dernier aller-retour. Mes muscles me lançaient à force d’effort, au moins tout ce travail me servait d’entraînement musculaire.

J’atteignis rapidement la mine, porté par la hâte de pouvoir me reposer tranquillement. La plupart des mineurs étaient déjà rentrés chez eux, laissant la carrière vide de toute activité. Le soleil descendait à l’horizon, parsemant le ciel de ses lueurs rouges et orangées. Au bord de la falaise bordant la carrière, j’observais le spectacle, m’autorisant une petite pause pour admirer les beautés de la nature. Tandis que le soleil se couchait, je me remis à charger la charrette de pierres de tailles variables.

J’arpentais le chemin rocailleux en descente, tirant sur la charrette en respirant à un rythme régulier à la manière d’un coureur. La nuit tomba et la température avec, bien qu’elle ne m’atteignait pas ainsi en sueur sous l’effort. J’avais noué mon sweat-shirt à ma taille, sentant la brise fraîche caresser mon torse nu. Des nuages passaient parfois devant la lune presque pleine, couvrant les faibles lumières qui me permettaient de m’orienter et d’avancer sur les chemins étroits à flanc de montagne. Heureusement, je n’eus aucun accident de chute depuis ces hauteurs, j’aurais peut-être pus m’en sortir mais j’avais un boulot à accomplir. Alors que je descendais le dernier chemin de montagne qui débouchait sur les chemins de terre battue qui menaient jusqu’à Portgentil. Cependant, dans une semi-obscurité, j’aperçus plusieurs ombres à la jonction des deux chemins. Des silhouettes, une quinzaine au bas mot, qui ne bougeaient pas comme s’ils attendaient quelque chose, ou quelqu’un. Je m’approchais pas après pas, rythmé par les grincements des roues de la charrette. Puis, une des silhouettes se détacha du groupe pour s’avancer à ma rencontre. Une fois à une dizaine de mètres, je m’arrêtais, méfiant.  

« Aaaah enffin là ! » s’exclama une voix de nez, un peu sifflante, que j’avais déjà entendus au cours des derniers jours. « Fette fois fe fera pas pareil ! Ve vais te défffoncer ! »

C’était encore ce Craig Von Baffler qui venait faire des siennes, s’il y avait bien quelque chose d’admirable chez lui c’était bien sa persévérance. Je lui avais déjà botté le cul à deux reprises, mais apparemment je n’y étais pas allé assez fort pour qu’il comprenne le fossé qui nous séparait. Le pirate amateur et ses hommes se regroupèrent alors, sortant fusils et sabres pour se préparer à la confrontation. Je les observais, las de ces affrontements inutiles, et surtout pressé de livrer le dernier chargement de pierres pour pouvoir enfin commencer la construction de ma maison.

« Putain, encore vous. » dis-je en soufflant de mécontentement, réfléchissant au moyen le plus efficace et rapide de se débarrasser d’eux. « Vous en avez pas marre de me faire chier ? Ouais j’ai éclaté votre chef, deux fois, mais c’est lui qui joue les têtes de con aussi, comment m’en tenir rigueur ? »

« Enffoiré fa ! » s’exclama-t-il, audiblement en pétard. « F’est toi qui a commenfé d’abord ! » continua-t-il en criant, hors de lui. « Ve fuis la fictime ifi ! »

« Quoi ? » lui demandais-je, ne comprenant pas tout ce qu’il disait de sa voix nasale et zozotante. « J’ai rien compris... »

J’étais perplexe quant aux raisons qui poussaient cet homme à venir me mettre des batons dans les roues jours après jours. La solution était-elle de les envoyer nourrir les vers ? Ça m’était arrivé de tuer par le passé, mais généralement c’étaient des gens qui l’avaient mérité. Selon moi en tout cas. Les nuages dans le ciel cessèrent de cacher la lune qui se remit à éclairer les lieux un peu plus efficacement. J’observais alors la pente qui bordait un côté du chemin, il n’y avait qu’une dizaine de mètres jusqu’au sol, mais ce serait probablement suffisant pour calmer la bande de pirates amateurs.

« En afant les mecs ! A l’attaaaque ! » s’exclama le capitaine de l’équipage pirate en devenir.

Il leva son sabre au-dessus de sa tête et s’élança, suivit par ses hommes, dans ma direction. J’avais l’avantage de la hauteur, et de l’ingéniosité. Je n’avais pas lâché les bras de la charrette depuis le début de l’altercation, et je me contenta de tourner le véhicule afin de me placer derrière celui-ci. La charrette se retrouva entre moi et les pirates. J’abaissais alors ses bras, soulevant l’avant du véhicule pour qu’il ne touche pas le sol. Un grand sourire au visage, je lâchais alors les bras de la charrette en poussant dessus du pied en y mettant le plus de force possible dans cette position. Le chariot se mit à descendre la pente rapidement, se dirigeant droit sur le groupe de brigands Ces derniers tentèrent de freiner leur course lorsqu’ils virent approcher l’engin qui crachait des blocs de roche de tailles différentes à chaque cahotement sur la route inégale. Cependant, ils furent trop lents et la charrette les percuta de plein fouet, envoyant valser la plupart d’entre eux dans les airs, d’autres tombèrent dans la pente en tentant d’esquiver la charrette. Leur capitaine faisait partie de ces derniers, se rattrapant au bord avec un air paniqué sur le visage. La charrette continua sa route en perdant ses roues suite au choc avec les pirates, finissant en glissant de côté, répandant sa cargaison sur le chemin.

« Fait chier ! » m’exclamais-je, me rendant soudain compte que ma décision n’avait pas été la plus intelligente pour gagner du temps. « Bordel, comment je vais transporter tout ça maintenant... »

Mon regard s’arrêta sur les quelques pirates éparpillés sur la route, se tordant de douleur en gémissant. Une idée me vint alors, ils me devaient bien ça après tout. Je vis du coin de l’œil le capitaine qui tentait de remonter sur la route en tirant sur ses bras tendus dans la pente. J’arrivais à sa hauteur et posais mon pied sur son front tandis qu’il était à moitié allongé sur le chemin, les jambes toujours dans le vide.

« Désolé mais pour vous, l’aventure s’arrête là, vous êtes le maillon faible, au revoir ! » lui dis-je tout sourire en poussant sur sa tête.

Ses bras lâchèrent et le capitaine des Loup-Phoques se mit à chuter, essayant d’agripper l’air de manière désespérée.

« Enfoirééééé ! » fit-il en tombant dans le vide, sa voix diminuant à mesure des mètres parcourus avant de rebondir sur des rochers et disparaître dans les buissons de la forêt en contrebas.

« Une bonne chose de faite. » dis-je toujours souriant avant de me retourner sur le chemin.

Je m’approchais alors des pirates étalés au sol en se tenant jambes et bras en gémissant. Ils étaient huit à être restés sur la route et, de mon point de vue, ils n’étaient pas si blessés que ça, il fallait juste les motiver à se bouger le cul. J’en attrapais deux par le col, les tirant sur le sol en ignorant leurs supplications de ne pas les tuer. Pour quel genre de monstre me prenaient-ils ? Enfin, c’est vrai qu’avec la charrette que j’avais lâché sur leurs tronches, il y aurait très bien pu avoir des morts. Et d’ailleurs, ceux qui étaient tombés de la petite falaise l’étaient peut-être, mais peu importe, ils l’avaient cherchés après tout. Ils avaient voulus jouer avec le feu, et chaque action comprend son lot de conséquences. Enfin bref, je réitérais l’action d’attraper tout les brigands qui traînaient sur le sol pour les balancer au pieds de la charrette cassée. Un air autoritaire sur le visage, je pointais le véhicule du doigt.

« Bon, les trous de balle, vous voulez vivre, non ? » commençais-je en affichant un sourire carnassier. « Répondez pas, je m’en bats les bourses de votre avis. Donc, afin de survivre vous allez gentiment remplacer les roues de ce carrosse sans moufter, okay ? » continuais-je, observant leurs réactions, certains s’apprêtant à prendre la parole mais que j’arrêtais en plaçant mon doigt à la verticale face à leurs visages. « Encore une fois, la ferme les nazes, et au boulot j’ai pas que ça à foutre ! »

Sans piper mot, les huit hommes s’affairèrent de tout côtés de la charrette pour la soulever après avoir rechargé les cailloux éparpillés autour du véhicule. Je pris alors place sur le tas de cailloux dans la charrette, tel un noble dans sa litière. Je pointais du doigt le chemin vers Portgentil.

« En route bande de cons ! » les invectivais-je sans ménagement.




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Flashback 1628
✘ Quête Solo – Construction




Ainsi perché sur mon tas de cailloux, les huit porteurs avaient menés la charrette jusqu’au chantier naval sous les regards amusés des ouvriers. Les pirates baissaient les yeux, n’osant croiser le regard des charpentiers hilares qui les pointaient du doigt. Quelle humiliation pour eux, mais c’était toujours mieux que de se faire botter le cul jusqu’aux portes de la mort. Et ils en étaient probablement conscients, s’étant montrés dociles lors de notre petit trajet depuis les montagnes. Ils ne savaient pas comment allaient leurs camarades et crevaient probablement d’envie de s’assurer de leur bien être en rejoignant les lieux de « l’affrontement » avec la charrette.

Je les fis s’arrêter en lançant de petits cailloux sur l’arrière de la tête de ceux présents à l’avant de la charrette-litière. Me jetant des regards mauvais comme seule réaction, je les toisa un instant du regard avant qu’ils ne détournent les yeux et plièrent leurs genoux pour déposer la charrette sans roues. Sautant au sol, je m’étirais un instant avant d’observer les alentours, cherchant Gragas du regard. Le grand charpentier barbu était un peu plus loin avec ses hommes et me fit signe lorsqu’il m’aperçut. Un des ouvriers comptait les roches et notait leur nombre par type de roche sur un calepin.

« Eh mon gars ! » s’exclama-t-il en ouvrant les bras comme s’il voulait me faire un câlin. « T’as miné toute la montagne dis moi ! On a largement assez pour nos commandes en cours et pour ta maison, nous te sommes infiniment reconnaissants. » finit-il en arrivant à ma hauteur, me congratulant en me donnant une grande tape dans le dos.

« Ahaha c’est rien, c’est rien voyons. » dis-je un peu gêné de recevoir tant d’éloges.

« Sois pas si modeste, et une promesse est une promesse. » fit-il d’un ton joyeux en avançant en direction d’un petit bâtiment. « Allez, suis moi, on va bosser sur les plans de ta baraque. »

Pendant près d’une heure et demi, je fis le point avec Gragas pour que son plan se rapproche au mieux de l’idée que je m’étais faite du futur bâtiment. Une petite maisonnée avec suffisamment d’espace pour accueillir du monde, des pièces de vie permettant de maintenir une hygiène de vie correcte et de dormir tranquillement, ainsi que des espaces de stockage pour les éventuels trésors et victuailles que j’obtiendrais pendant mon aventure. Gragas y ajouta sa petite touche personnelle, concevant un plan aux petits oignons, assez proche de ce que j’avais imaginé. Je lui confiais certains secrets quant à l’utilisation que j’aurais de la maison, celle-ci destinée à affronter les tumultes de la mer. Cette information en tête, il conçut un système spécialement adapté, juchant la maison sur un plancher surélevé renforcé d’un empierrement extérieur. Une forme de toit en cône avec une base plus large, permettant de soutenir le tout efficacement en évitant de possibles effondrements des étages supérieurs lors des tempêtes. Décidément, Gragas connaissait son boulot, ce n’était pas pour rien que les chantiers navals de Portgentil étaient si réputés.

Le plan était terminé et le vieux charpentier semblait content de lui. Le croquis était parfait, représentant une petite maison un peu biscornue mais qui saurait affronter les vagues et les vents, assez grande pour que j’y sois tranquillement installé, une grande pièce principale au rez-de-chaussée avec de la place pour des tables, un bar et pleins de compagnons pour partager mes aventures sur les mers.

« Je vais te présenter l’équipe, je t’ai sélectionné les meilleurs gars, le top du top mon pote ! » s’exclama-t-il en riant avant d’enchaîner. « Avec eux, ta maison sera terminée en une semaine ! Hahaha ! La fierté de Portgentil ! »

Il me mena jusqu’à un groupe d’ouvriers tous plus costauds les uns que les autres. Bien que je possédais une force conséquente, mes muscles faisaient pâle figure à côté des leurs. Ils riaient et semblaient bien s’amuser jusqu’à l’arrivée de Gragas, le silence tombant soudainement.

« Euh...salut chef, on allait se mettre à bosser j’vous jure ! » s’exclama le plus grand d’entre eux, possédant une voix bien plus aiguë que son apparence le laissait croire.

« Pas besoin les gars, j’ai un boulot pour vous. » fit Gragas tout sourire, les poings sur les hanches et gonflant le torse tel un coq paré au combat.

Le chef des charpentiers leur expliqua le projet et leur fournit une liste de matériaux ainsi que les plans de la maison. Une fois ceci fait, le grand Gragas repartit crier sur un autre groupe de charpentiers qui flânaient. Sans oublier de me congratuler d’une nouvelle grosse tape dans le dos en me disant au revoir. La bande d’ouvriers face à moi, la fine équipe selon leur patron, me toisaient de travers comme pour me jauger. Ça me rappelait les gamins de Saint-Uréa lorsque j’en étais encore un moi-même, et les bagarres entre les orphelins qui commençaient toujours par un regard de travers. Une enfance de voyou, et ça ne m’aurait pas étonné que certains d’entre eux avaient également vécus dans ce genre d’endroit.

« Yo, moi c’est Mazino. » fis-je en reprenant de vieille habitudes qui allaient pourtant si bien avec mon look. « On va continuer à se toiser comme des cons ou on se met au boulot ? » demandais-je, un sourire en coin en levant les mains à hauteur d’épaule, paumes vers le haut comme pour souligner ma question.

« Hm, au moins t’as pas ta langue dans ta poche. » répondit le gars le plus petit à l’air nerveux en me faisant un signe de tête. « Allez les gars, on s’y met ! » finit-il par s’exclamer après une pause, ses camarades s’activant subitement.

Ils étaient dix et étaient tous équipés de ceintures remplies d’outils en tout genre, du marteau à la petite scie en passant par des ribambelles de tournevis et de boites probablement pour les clous et les vis. Pendant plusieurs heures ils s’attelèrent à la préparation des planches et des poutres. Ils chargèrent des charrettes tirées par des chevaux et nous partîmes finalement en direction du lieu où était caché Borat.  




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✘ Quête Solo – Construction




Dès l’aube du lendemain, nous nous mettions au travail pour construire la maison après avoir campé dans la clairière. Les charpentiers n’étaient pas très bavards avec moi, et j’étais trop concentré dans ma tâche pour m’en soucier réellement. La plupart de mes interactions avec eux concernaient la construction, étant un amateur en la matière. Ils me laissaient faire les choses les plus simples, travaillant cent fois plus vite que moi. Et, dès le premier jour les choses avançaient déjà rapidement.  Une plateforme épousant la forme du dos de Borat fut fabriquée et attachée solidement aux sangles qui entouraient son gros ventre vert. Ainsi, les charpentiers commencèrent à construire les fondations dans une chorégraphie impressionnante. Leur travail d’équipe était admirable, s’envoyant des cordes et des outils avec une précision et des réflexes presque surhumains.

Les fondations surélevées avançaient à vue d’œil tandis que je me trouvais toujours avec mon marteau à tenter de planter un clou droit. J’avais pris l’habitude d’utiliser mes poings ou mes pieds pour remplacer les outils, mais cette technique avait parfois ses limites et n’était pas adaptée à la précision. Pas si habile que ça, je m’étais même écrasé le pouce un peu plus tôt. Cela me parut durer une éternité jusqu’à ce que j’eus finis, relevant les yeux vers l’ébauche de maison sur laquelle ils plaçaient déjà un plancher.

Le premier jour passa vite, bien que je ne fus pas d’une très grande aide comparé à l’expertise des dix meilleurs ouvriers du chantier naval de Gragas. Ils méritaient bien ce nom après tout, tous spécialisés dans un domaine d’expertise particulier, maniant leurs outils fétiches. Même le soir venu, ils ne m’adressèrent que peu la parole, me jetant parfois des regards renfrognés comme s’ils me jugeaient. C’était probablement lié à ma faible efficacité lors de cette première journée de travail. Et, c’est ainsi que je partis me coucher sur mon duvet à même le sol, je n’avais pas besoin de plus pour dormir confortablement, l’avantage d’avoir dormi dans les rues une partie de ma vie. J’observais les étoiles dans ce ciel d’un bleu sombre presque noir, mes paupières se fermant finalement pour trouver le sommeil.


…………………….


« Eh, ils dorment tu crois ? » fit une voix non loin, dans un murmure qui fut tout de même audible grâce au sens du vent.

Je me réveillais grâce à cela, gardant bien les yeux fermés en tendant l’oreille. Des bruits de pas et des bruissements de quelqu’un qui poussait des buissons étaient audibles. Je rouvris légèrement mes paupières, suffisamment pour y voir entre mes cils qui cachaient aisément ma réaction dans la pénombre de la nuit.

« Foui, on y fa les gars. » répondit une voix qui me paraissait familière. « Fe coup-fi, on fa le défoncer ! »

Les pas se firent plus bruyants, je les aperçus alors sortir de derrière les buissons qui entouraient la clairière. C’était bien sûr encore les pirates Loup-Phoques, quel nom à la con. Ne voyant pas vraiment l’intérêt de lui faire le même coup une seconde fois, j’ouvris complètement les yeux en me relevant, m’étirant en baillant fortement. Les pirates amateurs s’immobilisèrent tandis que je me craquais le cou d’un côté puis de l’autre avant de me relever sur mes pieds. Je les regardais sous la lumière d’une lune brillante, tous étaient couverts de bandages et de pansements. Ils tenaient leurs armes sans grande conviction, celles-ci tremblant légèrement, mais leurs regards criaient à la vengeance.

« Vous êtes sérieux ? » dis-je assez fort pour réveiller les charpentiers. « Vous m’avez déjà fait le coup l’autre jour, et vous recommencez, c’est vraiment me prendre pour un con. Je suis sincèrement déçu. » râlais-je, las de ces rencontres intempestives qui se terminaient toujours de la même façon.

Les ouvriers se réveillèrent en se frottant les yeux, ne comprenant pas ce qu’il se passait en regardant à droite et à gauche en se relevant.

« Bordel, c’est quoi c’t’embrouille ? » s’exclama Jim, le plus petit qui semblait être le leader du groupe. « Wesh, c’est qui ces baltringues ? » s’exclama-t-il en pointant les presque-pirates d’un doigt fatigué, se frottant l’œil de l’autre en baillant.  

« Eh oh eh ! » fit alors Craig en bougeant son sabre devant lui, pour nous impressionner peut-être. « On esf des pirafes, on rigole paf ! »

Je ne savais pas trop si c’était une injonction ou non, à son air désemparé et désespéré. Ses hommes avaient la même allure, certains boitant encore de notre rencontre de la veille. J’avais du mal à comprendre comment ils pouvaient autant s’accrocher à une vengeance d’égo futile et stupide. De plus, son zozotement était resté et rendait la scène d’autant plus comique. Tout comme moi, les dix charpentiers les regardaient en pouffant.

« À l’attaaaque ! » s’écria Craig en levant son sabre.

Ils s’élancèrent vers nous, à quinze contre onze alors qu’à moi seul je les avais déjà ridiculisés à plusieurs reprises. Leurs yeux étaient injectés de sang comme s’ils n’avaient pas dormis depuis un moment, leur course fut plutôt lente ainsi retenus par leurs bandages. Le combat fut plus que bref. Jim avait lancé sa corde sur le pirate le plus proche, le frappant au front en l’envoyant au sol tandis qu’il se mettait à fouetter l’air pour en toucher d’autres. Un autre charpentier avait attrapé une poutre assez lourde, s’avançant fièrement vers les arrivants. Tout les autres avaient attrapés leurs outils et les matériaux environnants pour se défendre, sans une once de crainte dans le regard. De mon côté, je m’étais tout de suite élancé vers Craig, m’arrêtant à sa hauteur pour placer mon pied sur son ventre, attrapant d’une main son poignet pour immobiliser son arme. Je poussais alors pour l’envoyer au sol, je maintenais mon pied sur son torse pour l’y garder.

« On est calmé, c’est bon ? » lui demandais-je alors, le toisant, quelque peu perplexe.

Son regard était paniqué, il s’attendait probablement à ce que je l’achève une fois pour toute, histoire qu’il arrête de m’emmerder jour après jour. Autour de nous, tous ses hommes avaient été maîtrisés en un clin d’œil par les charpentiers. Craig regarda tout autour de lui pour constater qu’ils avaient une fois de plus perdu. Quelque part, j’avais pité pour ce type, il avait ses convictions et s’y accrochait coûte que coûte quitte à se mettre en danger. Mais, il manquait visiblement d’expérience et d’entraînement. Je soufflais alors de lassitude, voyant qu’aucun pirate n’avait été tué, ce qui aurait marqué un tournant bien plus macabre. Mon regard se reporta sur leur chef avant de souffler une nouvelle fois.

« Bon, j’ai bien une solution pour vous faire pardonner. » dis-je alors, mes lèvres s’écartant en un sourire carnassier de celui qui vient d’avoir une très bonne idée, qui ne lui plairait probablement pas, mais c’était toujours mieux que la mort. « Donnez-nous un coup de main pour notre projet, et je vous laisserai partir sans embrouilles, deal ? »

Le visage de Craig se changea en plusieurs expressions au cours de mon discours. Comme s’il s’était attendus à une autre proposition et que, finalement, il était soulagé, finissant par un regard interloqué avec un sourcil arqué. Assurément, il ne s’était pas attendus à ce que la situation prenne cette tournure. Il jeta un bref coup d’œil au début de la construction sur la petite butte qui était en réalité le dos de mon compagnon de route, Borat le cochon vert géant.

« Euh...euh deal.. ? » fit-il pas trop sûr de lui, comme s’il cherchait la bonne réponse à donner.

C’est ainsi que les Loups-Phoques se joignirent à nous pour la construction de ma maison, contre leur gré mais, c’était un bon marché pour leur vie.




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Un Chapeau de Bois pour un Roi


Flashback 1628
✘ Quête Solo – Construction




Les jours passèrent après cela, le chantier avançant à bon train avec autant de main d’œuvre, gratuite qui plus est. Parmi les nouveaux arrivants, ils n’étaient pas tous doués pour de tels travaux manuels, mais certains sortaient du lot, comme leur chef qui faisait montre d’une habileté remarquable avec des outils. Enfin, comparé à moi ce n’était pas très difficile alors que je ne faisais quasiment aucun progrès. Comme quoi, bien que doué en quelques domaines, je ne pouvais pas tout apprendre. L’avancement des travaux dessinait déjà les contours d’une maison dans laquelle je me plairais à vivre.

Dès l’aube jusqu’au soir, nous nous affairions à travailler, s’accordant quelques pauses. Mon habileté discutable avec les outils me poussa vers une tâche de port de charges lourdes, ne demandant rien d’autre que de la force. Je me rendais ainsi un peu plus utile, aidant les ouvriers du mieux que je pouvais tout en tenant à l’œil la bande de pirates. Avec tant de personnes à travailler dessus, ma maison serait construite en un rien de temps, et c’était pour le mieux car j’avais hâte de reprendre la mer. De plus, ainsi enterré, Borat devait en avoir marre de manger des vers et insectes en tout genre passant à portée de sa bouche sous la terre. J’avais réussis à le nourrir de quelques pommes, son met préféré, pendant la nuit alors que tout le monde dormait.

Suite à notre altercation en pleine nuit avec les pirates de Craig et ses Loups-Phoques, les charpentiers s’étaient soudainement mis à me respecter. Leur air dédaigneux avait quitté leurs visages, comme si j’avais fais mes preuves en me battant à leurs côtés, aussi bref que fut le combat.

Le matin du quatrième jour, Gragas nous rejoignit sur place en apportant les meubles qu’il m’avait promis quelques jours plus tôt, ainsi que plusieurs tonneaux afin de fêter la construction de la maison. Cependant, celle-ci n’était pas encore terminée et, la promesse d’un alcool fort qui vous réchauffe le gosier, remotiva les troupes et tous, nous nous affairions à terminer la construction. Portés par un regain de vigueur, les dernières tuiles furent rapidement posées sur le toit en pointe qui formait comme un chapeau. En effet, ce dernier représentait les deux tiers de la demeure en terme de hauteur, le rez-de-chaussée étant aussi grand que les plusieurs étages réunis. Les pièces étaient vides, mais il y avait tout d’abord des priorités pour l’ameublement.

C’est ainsi que j’aidais à installer le bar en angle dans la grande pièce du rez-de-chaussée, d’autres ouvriers installaient les tables et les chaises, en quantité suffisante pour accueillir toutes les personnes présentes. D’autres faisaient rouler des tonneaux jusque derrière le bar fraîchement installé, ainsi que quelques bouteilles ramenées par Gragas et les hommes qui l’avaient accompagnés. Lorsque la nuit tomba, ce fut près d’une quarantaine de personnes qui occupaient les lieux, des ouvriers du chantier naval et les pirates de Craig Von Baffler qui s’étaient remis de leurs blessures. Gragas et moi nous trouvions derrière le bar à servir tout le monde d’une bonne pinte de bière, certes pas si fraîche que ça, mais sacrément rafraîchissante.

« Levons tous nos verres à la fin de ce chantier et à la construction de cette maison ! Vous avez tous fait du bon travail en un temps record, à la vôtre ! » le grand chef charpentier leva sa choppe devant lui, imité par nous tous.

« KANPAI ! » firent toutes les personnes présentes, y compris moi-même.

Nous trinquions les uns avec les autres dans une bonhomie générale qui faisait chaud au cœur. La grande pièce était remplie de monde qui riaient et discutaient joyeusement en buvant leur bière. J’observais tout ces gens, les pirates amateurs et les charpentiers qui s’étaient finalement liés d’amitié grâce au chantier et à cette soirée. Les bars dans ce genre avaient le pouvoir de relier les gens les uns aux autres, quelles que soient leurs différences. Et, en voyant tout cela devant mes yeux, je me dis que ce serait une bonne idée de faire de cet endroit une taverne, ambulante sur le dos de Borat, qui passerait d’îles en îles pour partager son sens de la fête. Et chacun serait le bienvenue, quel que soit son origine et son camp, une sorte de zone neutre où l’on oublierait l’espace d’une soirée les différences et les rancœurs. C’était ça la liberté, c’était ça que je voulais vivre et partager au monde entier. Mettre le sourire sur le visage de milliers, voir millions de personnes, le tout en se faisant un peu de pognon, que demander de plus ? Alors que ma choppe était vide, Gragas apparut à côté de moi pour la remplir.

« Verre plein, je te vide, verre vide je te plains ! » fit-il d’un grand sourire joyeux, les joues et son nez commençaient à rougir sous l’effet de l’alcool. « Kanpai ! »

Nous trinquions une nouvelle fois, les liquides poussés par le choc basculèrent suffisamment pour que quelques gouttes se mélangent entre les deux choppes. Paraît-il que c’était là la raison pour laquelle on faisait ce geste, afin de s’assurer que l’un des deux breuvages n’était pas empoisonné en les mélangeant à l’impact.

« Alors mon pote, on s’amuse bien ? Qu’est-ce que tu penses de cette baraque ? » demanda-t-il, visiblement impatient d’avoir mon avis.

« Tes gars ont fait des miracles, j’espérais pas une maison aussi classe ! » répondis-je tout sourire, ayant encore du mal à me faire à l’idée que cet endroit m’appartenait à présent. « Je sais pas comment je pourrais vous remercier. »

« Hahahaha t’en fais pas pour ça, va ! Quand tu sera devenu riche, tu repassera et on te fera quelques améliorations ! Hahahaha ! D’ailleurs, tu prévois d’aller sur Grand Line, non ? » me demanda-t-il alors en changeant subitement de sujet.

« Ouais, comment tu sais ? »


« Un gars futé et costaud comme toi doit bien se douter qu’il y a des millions de richesses là-bas, et je me suis dis que ça te ressemblerait bien d’aller écumer ces mers. » s’exclama-t-il hilare, m’ayant plutôt bien cerné. « J’ai un frère à Water Seven qui est charpentier là-bas, une vraie pointure même meilleur que moi, si jamais tu passes dans le coin et que t’as des réparations hésites pas, il s’appelle Mavrak. »

« Ahah merci, et t’as vus juste. Je garderai ça en tête. »

La soirée s’écoula dans la même bonne humeur, les tonneaux se vidant à une vitesse hallucinante. Les charpentiers savaient s’amuser et décompresser après une bonne journée de boulot, c’était une info que je gardais en tête si jamais je montais un business dans ma maison ambulante. Enfin, le silence se fit petit à petit à mesure que les gens rentraient chez eux ou s’endormaient sur place, la face contre leur table après une quinzième bière de trop. J’en profitais pour souhaiter la bonne nuit aux rares personnes encore éveillées et montais à l’étage pour découvrir le reste de la maison enfin finie. Au premier se trouvait ma chambre, spacieuse occupant presque tout l’espace disponible hormis pour une salle de bain assez sommaire mais suffisante. Il n’y avait pas énormément de mobilier, un grand lit, une commode, une malle et une table entourée de trois chaises. Au fond de la pièce, proche du lit, la pièce formait un arrondit dans une petite partie pourvue de nombreuses fenêtres à volets, idéal pour faire pousser quelques plantes et égayer la chambre. Trop fatigué pour explorer plus encore, je m’écroulais sur le lit sans même me déshabiller, mes yeux se fermant presque aussitôt allongé.

Je fus réveillé par un soleil déjà levé depuis un bon moment, j’avais bien dormis et je me relevais en m’étirant, observant l’extérieur de la maison par une fenêtre. C’était le jour du départ, j’avais en effet prévus de partir le jour même, mes aventures n’attendant plus d’être vécues. Je trépignais d’impatience de voir la tête de tout ce beau monde lorsque Borat sortirait du sol, dommage que je n’avais pas de denden sous la main pour immortaliser ce moment. Je descendais alors au rez-de-chaussée, celui-ci ayant été vidé de tout les poivrots endormis de la veille et nettoyé de tout l’alcool qui avait été renversé. Agréablement surpris, je sortis en plaçant la visière de ma casquette plus avant sur ma tête pour me protéger du soleil qui m’assaillait brutalement en ce matin de gueule de bois.

Dehors, je tombais nez à nez avec Gragas et ses charpentiers en grande conversation avec Craig et ses pirates Loups-Phoques. Je fus étonné de constater que les deux groupes semblaient à présent copains comme cochons. Content d’apercevoir cette scène, j’avançais à leur rencontre.

« Alors, vous êtes devenus potes maintenant ? » m’exclamais-je en riant, dévoilant toutes mes dents qui auraient bien méritées un peu bon brossage.

« Hahaha c’est ça mon gars, il se trouve que Craig et ses potes se sont pris de passion pour la construction suite à ces derniers jours à bosser sur ta baraque. » me répondit-il en me tapant dans le dos comme à son habitude lorsqu’il était heureux. « Je vais les prendre à l’essai au chantier naval et on verra bien ce que ça donne. »

Je fus encore plus surpris de cette nouvelle, mais j’étais content pour Craig et son équipage amateur, persuadé que la vie de pirate n’était pas faite pour eux. Mais il était vrai qu’ils avaient montrés beaucoup d’ardeur à construire la maison, j’avais d’abord pensé que c’était dû à mes menaces de mort, mais ce n’était apparemment pas pour cela. Je m’approchais alors de Craig, tendant la main vers lui.

« Allez, sans rancune ! Je suis content que vous ayez trouvé votre voie. »
dis-je en lui serrant la main comme pour laisser le passé là où il était.

Sur ces mots, je saluais tout les ouvriers et pirates ainsi que Gragas, leur souhaitant une bonne continuation, espérant un jour revenir par ici pour les revoir. Je remontais alors sur l’escalier qui menait à la porte du bâtiment, m’arrêtant sur les marches en faisant signe aux deux groupes de se reculer de quelques mètres. Une fois cela fait, je joignis deux doigts dans ma bouche avant de pousser un long et puissant sifflement qui résonna dans la clairière. Aussitôt, la terre se mit à trembler brièvement tandis que le sol se craquelait autour de la petite butte verte sous la maison. Des bruits de frottement étaient audibles et, enfin, la butte se souleva de plus en plus haut. Ce furent tout d’abord ses oreilles qui furent visibles, telles deux grandes voiles vertes qui s’agitaient, aidant Borat à se relever en s’accrochant au sol. Puis son groin sortit de terre en soufflant et respirant à grandes bouffées après tant de temps à avoir respiré par son évent. Ses petits yeux noirs clignèrent et son corps sortit alors complètement de terre, soulevé sur ses quatre pattes vertes, petites comparées au reste de son corps. L’immense bidon sur patte se releva de tout sa hauteur. En contrebas, les deux groupes en étaient restés bouche-bée, je pouvais presque voir leurs mâchoires toucher le sol. Je m’avançais alors sur le bord du dos de Borat, leur faisant des signes de la main alors que le cochon géant commençait à avancer.

« Allez, salut les gars et à la revoyure ! Ah, et lui c’est Borat, le roi des cochons ! » m’exclamais-je en plaçant mes mains en porte-voix pour qu’ils puissent m’entendre ainsi perché en hauteur.

Sur ces mots, le cochon se mit en marche et nous partîmes vers de nouveaux horizons, de nouvelles aventures avec cette magnifique maison. A présent, j’étais paré à affronter tout les dangers, je gonflais le torse en observant le paysage qui s’étendait sous mes yeux, impatient de passer aux choses sérieuses.




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