Un Chapeau de Bois pour un Roi
Flashback 1628
✘ Quête Solo – Construction
✘ Quête Solo – Construction
Des mouettes volaient dans un ciel nuageux, me surplombant tandis que nous avancions sur des flots tumultueux. De loin, on avait l’impression que je flottais sur une large parcelle d’herbe flottante, une sorte de petit monticule se déplaçant sur la mer en montant et redescendant au gré des vagues. En réalité, j’étais simplement allongé sur le dos de Borat qui nageait sous l’eau, immergé jusqu’à son évent qui recrachait de petites fontaines par moments. J’observais le ciel, m’attendant à ce que la pluie s’abatte en voyant les nuages gris qui s’amoncelaient au-dessus de ma tête. Et j’avais raison, de petites gouttes tombant du ciel pour venir s’écraser dans la mer de South Blue. Comme quoi, l’adage selon lequel il fait toujours beau à South Blue n’était pas totalement vrai.
« Quelle plaie, j’ai pas de parapluie. » grommelais-je tandis que des gouttes de plus en plus grosses venaient s’écraser sur mon visage.
En quelques minutes, je fus trempé jusqu’aux os, me relevant en position assise pour me frotter les bras en grelottant. J’appréciais voyager de la sorte sur le dos de mon ami pachyderme, mais cela manquait d’un abri, d’une petite construction sous laquelle je pourrais être tranquille, loin des intempéries. Autrement, je finirais par crever lamentablement d’un rhume, ou bouffé par un monstre des mers passant par là. De plus, je plaisantais souvent sur le fait que Borat était le ‘Roi des Cochons’ et, tout roi qui se respecte a une couronne. D’une pierre deux coups, l’idée germa dans ma tête pour finalement aboutir à un plan.
Nous nous approchions du Royaume de Bliss, réputé pour ses chantiers navals et ses charpentiers d’exception. C’était l’endroit parfait pour construire une habitation capable de résister aux tempêtes et aux tumultes des mers. Je ne désirais pas un manoir ou un palais, d’autant plus que cela aurait put être inconvenant pour mon ami porcin. Non, une simple petite bâtisse, à la fois résistante et pas trop lourde, pouvant accueillir un peu de monde pour faire la fête et quelques pièces pour couler des jours heureux dans la paix. M’approchant de la tête de mon compagnon des mers, je lui exposais mon idée afin d’être sûr que cela ne le dérangerait pas, tant par le poids que par l’allure.
« Gruiiik Gruik gruik gruik ! » répondit-il en sortant sa tête de l’eau, poussant de petits grognements de consentement, enfin selon mon interprétation approximative.
« Génial mon pote ! Allez, cap sur Bliss ! » m’exclamais-je en me relevant, ouvrant grand les bras devant la grandeur des mers.
Une heure plus tard, la promesse des mouettes s’accomplit et la terre du Royaume de Bliss fut en vue. Portgentil, grande ville entourant les chantiers navals et les ports principaux de l’île, était en vue. D’immenses navires dépassaient à l’horizon, trônant au milieu de chantiers navals, à des stades différents de construction. La plupart affichaient les sigles et couleurs de la Marine, leur principal client probablement. Cependant, Borat étant trop timide et peureux pour se mêler à l’attraction de la vie des humains, j’avais décidé d’accoster à quelques kilomètres, dans les plaines qui bordaient la ville. Ainsi, mon ami pachydermique sortit de l’eau, s’ébrouant pour se débarrasser des trombes aquatique qui s’échappèrent de son pelage couleur herbe. Je dus d’ailleurs m’y agripper pour ne pas être éjecté façon catapulte. Une fois plus ou moins sec, il se mit en marche en faisant bien attention à ce qu’il n’y ait aucune créature plus grosse qu’une poule ou qu’un lapin dans les environs. C’était à peu près sa limite, selon les situations et son état d’anxiété, il prenait ses jambes à son cou lorsqu’on la dépassait.
Nous avancions alors jusqu’à une petite clairière ombragée, entourée d’arbres et de bosquets dans un style bucolique tout à fait adorable. La présence du cochon géant fit fuir la plupart des petits animaux environnants, Borat se figeant à chaque mouvement suspect avant de se calmer. Lorsqu’il se sentit suffisamment à l’aise, il se mit à gratter frénétiquement le sol avec ses pattes. De mon point de vue, je descendais peu à peu jusqu’au sol tandis que le cochon géant s’y enfouissait.
Le corps de Borat disparut presque intégralement, enfouit sous le sol, ne laissant qu’une large partie verte qui se fondait parfaitement avec la clairière. Le seul indice de sa présence était son évent, restant à l’air libre pour lui permettre de respirer, recrachant un long souffle chaud par intermittences. Repérant les lieux pour être sûr de retrouver l’endroit précis où il était caché, je pris la direction de Portgentil, bien décidé à y trouver des charpentiers et du matériel afin de construire rapidement une petite maison.
De bonne humeur, je gambadais dans les prés en sautillant, particulièrement fier de mon idée de maison mobile. Tout les voyageurs des mers se déplaçaient dans des navires tous plus gros les uns que les autres, probablement pour compenser certains manques dans leur anatomie. Quelle bande de ringards, l’avenir c’était le voyage en cochon amphibie, seuls les vrais savent. Et, quoi de mieux pour se faire un nom dans le monde qu’une monture géante porcine.
Après avoir demandé mon chemin vers le chantier naval le plus proche à une carriole de marchands, j’y arrivais enfin. Un ensemble de structures, de tas de bois et autres matériaux, de navires à demi-construits et d’autres plus proches d’être mis à l’eau. Le chantier naval était immense, embauchant des centaines de personnes qui s’affairaient de tout côtés sous la pluie fine qui continuait de tomber sur nos têtes. La visière de ma casquette vers l’avant pour m’en protéger le visage, j’avançais vers l’inconnu, ne sachant trop à qui m’adresser pour ma requête. A une dizaine de mètres, un petit attroupement faisait beaucoup de bruits, deux groupes bien distincts face à face. D’un côté, des hommes et des femmes, tous costauds et arborant leurs gros muscles avec leurs manches relevées. De l’autre, des types à l’air patibulaire de brigands, bardés de cicatrices et de tatouages, armés et qui semblaient prêts à en découdre.
« Comment ça vous ne pouvez pas nous construire un bateau ?! » s’écria l’homme qui semblait être le chef des brigands.
« On vous a déjà dit qu’on n’avait pas le temps, on a des commandes à honorer. » commença le chef du chantier naval, fumant un gros cigare malgré l’humidité ambiante et tentait de calmer le jeu. « Si vous vous montrez un peu patient, peut-être que nous pour... »
« On a pas le temps et on a de quoi payer ! » s’exclama le brigand, sans vraiment écouter son interlocuteur. « Alors faites-nous un bateau, tout de suite ! »
Je m’approchais du groupe tranquillement, les mains dans les poches avec un air je-m’en-foutiste sur le visage alors que je m’arrêtais à quelques mètres entre les deux groupes.
« Bonjour, messieurs dames, il y a un problème ? » lançais-je joyeux en leur adressant un grand sourire.
Fiche par Ethylen sur Libre Graph'