La misère est si belle... Ha Miseria

Très pensif, submergé par le doute et les remords. C'est ainsi que l'on pourrait apercevoir Ha si l'on était à l'intérieur de lui. La psychologie de notre personnage est assez compliquée. Il s'agit d'un cocktail de traumas qui ont causé en lui petit à petit des blocages se transformant en démangeaisons internes.

Comme dit, Ha est très pensif. C'est en réalité un intellectuel. A l'armée on vous demande l'action et non la réflexion, alors jamais il n'aurait pu entrer dans une quelconque organisation gouvernementale. Il préfère la liberté de penser et d'expression ayant horreur des grades. Il sait que dans la société, tout est en soit pyramidal, mais il ne veut pas voir le monde comme ça et préfère être anti-social tout en étant en adéquation avec sa société, c'est-à-dire, pas un psychopathe ou un pirate quoi. Il adore faire des puzzle et des mots croisés, ça le passionne le matin en buvant un bon café macchiato accompagné d'un biscuit spéculos. Rien de plus classique, il lit aussi les journaux et s'amuse à lire les premières lettres de chaque ligne en espérant trouver un sens, une phrase cachée. Il a quelques petites manies comme le fait de lécher son doigt à chaque fois qu'il tourne une page d'un livre, mais bon, comme vous ne le verrez pas lire souvent vu que c'est une activité bien ennuyante. Sérieusement, qui lirait un raffut comme celui-ci? Oui, Ha aime aussi écrire, ça le relaxe. Alors il n'écrit pas des essais, mais seulement des phrases vide de sens et cherche à leur en donner. Ou sinon, par le calembour, s'amuser. Mais bon c'est personnel, c'est caché, il ne le fait jamais en public. Il adore la stratégie alors il joue à divers jeux aussi comme le poker. Car ça, la poker face il sait très bien l'utiliser. La manipulation est une de ses caractéristiques. Comment trouver des pistes et traquer ses proies s'il ne sait pas manipuler ses potentiels informateurs?

Ha déteste l'être humain. Il a une haine profonde envers autrui. Il n'a pas d'amis, car l'amitié est synonyme de trahison. Il préfère avoir des ennemis, car leur rôle est défini. Ca ne veut pas dire qu'il refuse d'avoir des alliés, mais il fera par principe les choses lui-même. L'individualisme est peut-être un vilain défaut, mais il ne veut pas se voir handicapé par des alliés qui ne seraient pas à la hauteur. Vous pourrez le comprendre, Ha ne donne pas sa confiance à quiconque. Donc le travail en équipe, on évite. Ensuite, il préfère limiter le relationnel à des choses banales. "Bonjour, merci, au revoir", c'est efficace et dans les moindres mesures respectueux. Hormis quand il a besoin, là il sait montrer de l'intérêt car son gagne-pain le pousse.

Si l'on faisait une analyse psychologique avec un examen complet et très méthodiquement appliqué, on comprendrait facilement qu'Ha a un bon fond. Mais les erreurs du passé et les traumas ont abîmé un jeune homme qui si la vie n'avait pas été si capricieuse avec lui, serait probablement docteur. Des "j'aurais pu" courent les bars, mais il ne s'est jamais vu comme un raté, sinon que la vie a fait qu'il a stoppé soudainement sa scolarité, mais que malgré ça le bagage qu'il a lui permet de se débrouiller. Et des gens qui regrettent le passé, il y en a six sur dix passants dans la rue. Ha regrette le passé, il est hanté par le fait que sa petite sœur ait disparue. Aussi, l'assassinat de sa mère Katarina, puis il a quand même empoisonné son beau-père. Il n'est pas vraiment stable, mais qui est stable? Est-ce que c'est bien de vivre dans la norme? Ne pas dépasser les limites, être robotisé? Ha croit en la différence de chaque être, mais il est peut-être peu conscient du mal qu'il cause. Il n'éprouve pas le moindre remord pour le meurtre prémédité d'Edmond. Va-t-il changer? Est-ce que notre personnage est un personnage littéraire, enfermé dans son personnage ou va-t-il transcender les limites? Les spécialistes diraient qu'avec le temps il deviendrait ce qu'il déteste le plus, qu'il sombrerait dans la délinquance. Ha déteste les psychologues, il en a peur même. Il ne veut pas se livrer, sa vie est la sienne, son jardin privé reste secret. Alors, cette analyse n'existera jamais, mais au moins on a pu l'imaginer.

Ha n'a pas eu une enfance facile. L'accès à la scolarité fut déjà un combat, venant d'un milieu ouvrier. Sa famille appauvrie par les ruines d'une ambitieuse entreprise minière, endettée ayant cru aux dires d'un charlatan leur promettant de rouler sur l'or. Son père qui était parti plus tôt avait laissé sa mère seule l'élever. Sa mère, fille d'ouvrier et de femme au foyer n'était pas lettrée, mais elle était harmonieusement belle. Par chance, un riche investisseur dans l'immobilier la maria. Cette relation basée sur l'économique était compliquée à vivre pour Ha qui se voyait délaissé par un homme puissant qui n'avait pas d'yeux pour lui. Il n'a en soit jamais eu de père, enfin, dans la recherche perpétuelle d'un père il rencontra les arts martiaux et son sensei combla le manque qu'il avait. Cependant, si aucun amour lui était porté par son beau-père, celui-ci lui facilita l'accès à l'éducation. C'est donc à l'âge de neuf ans qu'Ha commença à étudier. Commençait en principe une vie paisible, même si elle avait mal commencée.

Vient la naissance de sa petite sœur, un évènement important étant l'élément déclencheur de beaucoup de choses dans l'histoire de notre héros. Il n'attendait pas cette arrivée, mais le jour J, il sentait en lui cette curiosité. Il avait été jusque ses onze ans fils unique et souffrait en soit de cette situation, car le fait est qu'en épousant un investisseur dans l'immobilier, sa mère Katarina et lui avaient été complètement isolé de la société et se retrouvaient dans une immense mansion avec des serviteurs assujettis à leurs simples désirs. Mais ça ne représentait pas les valeurs minières, le respect d'autrui faisait que les services se limitaient au strict minimum. Katarina voulant elle-même cuisiner, elle se fit frappé par Edmond, le riche investisseur qui malheureusement était son mari. Sa mère ne devait rien faire à part se faire servir, puis si Ha voulait faire comme bon il voulait, ça lui était égal tant qu'il n'était pas dans les pattes d'Edmond et qu'il suivait assidument ses cours. A la naissance de sa petite sœur qui ne représentait en rien l'immondice d'Edmond, le cœur d'Ha s'ouvra. Mais malheureusement, un événement peu fortuite arriva. Sa petite sœur, Manoa tomba malade et sa maladie étant grave, elle devait partir en cure. Chose faite, cependant, on apprend que le sanatorium a pris feu pendant une nuit. Normalement, on aurait dû retrouver des traces du feu, l'immolation aurait provoqué la brûlure totale des tissus de la peau des victimes, mais n'aurait pas pu causer l'effacement des ossements. Tout d'abord, aucun ossement a été retrouvé, puis l'enquête a démontré que la chambre où logeait Manoa n'a pas pris feu. Alors les interrogations commencent. Cependant, ni Katarina ni Edmond ne sont disposés à se les poser. Ils pleurent leur fille et abandonne l'idée, alors qu'en soit tout n'est pas clair dans l'histoire et cela Ha l'a saisi malgré son jeune âge.

A partir de ce moment là, existe un déclic dans la tête d'Ha. Il veut savoir ce qu'il est réellement arrivé et ne veut pas s'avouer vaincu. Tout d'abord, il insiste en discutant en haussant le ton sur Edmond que Manoa est peut-être toujours en vie et que lui contrairement à eux ne lâchera pas les bras. La réponse fut aussi rapide que ce dernier d'un élan provoqua un hématome sur le visage d'Ha. Il n'arrêta pas là et continuer, pendant que l'adolescent était au sol à lui porter des coups en criant "Tu me prends pour qui?! Enfant de bâtard, tu ne serais rien sans moi!". A ce moment là, Katarina ne prit pas part au conflit et laissa son fils souffrant parterre. Il ne souffrait pas de la douleur physique, mais du visage méprisant d'Edmond, pris par une rage colérique et l'indifférence montrée par sa mère qui le regardait sans vraiment se soucier de son enfant. Cela fut le moment, où Ha se sentit vraiment seul. Pris de force ensuite par les jambes, il fut déposé comme un déchet devant la porte de sa chambre et obligé à y entrer en rampant. Il n'avait que seize ans à l'époque et il venait de comprendre comment fonctionnaient réellement le monde perdant foi en l'humanité et à quel point il était injuste. Pris de rage, il attendit deux mois que le calme se propage dans le foyer pour préparer minutieusement l'assassinat d'Edmond.

Ha se documenta, il voulait savoir comment faire le crime parfait. Pour cela, il commença à lire des romans policières et lire les journaux, surtout l'aparté faits divers. Commençant à vouloir trouver la façon parfaite de commettre ce crime, il se découvrit une réelle passion à l'élucidation des crimes. Après deux mois de préparation, Ha était prêt. Il n'allait en aucun cas faire marche arrière, il détestait Edmond et voulait lui faire payer pour ce qu'il lui avait fait, ce qu'il avait aussi fait auparavant à sa mère et sa nonchalance et manque d'intérêt réel sur la disparition de sa petite sœur Manoa. La nuit du crime arriva et le plan commençait parfaitement. Ha savait qu'Edmond restait dans son bureau à écouter de la musique classique tard le soir entre vingt-trois heures et une heure du matin. La musique que ce dernier écoutait est forte et se caractérise par sa puissance sonore, elle suit un tempo rapide cherchant des notes très aigus mélangées à des notes très graves. Accompagné d'un verre de cognac, il s'enjaillait sur la musique au point de se prendre pour le chef d'orchestre, muni lui même d'une baguette et répétant des gestes improvisés, se laissant emporter par la musique sous les effets de l'alcool. Minuit pétant, il ne contrôlait plus l'instant présent et ne souciait pas de ce qui pouvait lui arriver. Dans son verre se trouvait un poison qui a l'œil nu était difficile à détecter. De surcroit, la faible luminosité du bureau d'Edmond était complice du crime. Edmond pris dans l'élan de sa folie musicale bu jusqu'à la dernière goutte de cette liqueur empoisonnée. Le poison administré n'avait pas un effet immédiat, il avait besoin d'une dizaine de minutes pour prendre effet. Alors, qu'il avait en sa possession l'arme du crime pour achever sa victime, une lame de glace qui attendait de trancher les poumons de sa proie, un cri venant de l'autre côté de la mansion déstabilisa Ha.

Il en voulait à sa mère, certes, mais ne lui voulait pas du mal, alors quand il entendit ces hurlements, il alla voir, la peur au ventre. Elle était morte. Une fenêtre cassée avec du scotch pour faire le moindre bruit et des bijoux qui avaient disparus. Parterre, le cadavre d'une femme en pyjama, surprise par l'intrusion et démunie de force pour se battre. En face d'elle, un fils qui au moment où elle aurait eu besoin de lui, n'était pas là s'apprêtant à tuer son mari. Et de l'autre côté de la maison, un homme agonisant au sol. Ha ne comprenait pas comment ce crime avait pu être possible, quelles sont les probabilités pour qu'un voleur entre au même moment chez lui et assassine sa mère? Pour couvrir son crime, il appela les forces de l'ordre sur le champ. La venue de la police prenant du temps au vu du lieu reculé où était installée la maison, il eut le temps de mettre en bazar le bureau de son beau-père, faisant croire aux enquêteurs que le voleur cherchait aussi quelque chose de précieux dans le bureau. Il avait déjà auparavant prévu un alibi et il n'avait pas de problème à se faire. Cet alibi était assez simple, il rentrait de la célébration du centenaire de son école d'arts martiaux où il avait été photographié avec les feux d'artifice dans le décor. Cependant, il s'agissait des répétitions une semaine auparavant, mais ça personne n'a su le déterminer. L'heure des feux d'artifice étant à minuit, il était impossible de rentrer en moins de vingt minutes et commettre un crime, même, l'heure estimée du crime était entre vingt trois heures et une heure du matin. Sachant qu'Ha était réellement à cette fête jusqu'à vingt-trois heures trente, personne ne s'est méfié. Surtout qu'un mois plus tard, le coupable du meurtre de sa mère était découvert s'agissant d'un voleur bien connu de la marine. Un homme dans le vice des paris et sous les dettes qui avait déjà commis des vols à main armée et cambriolage et avait été incarcéré trois ans puis relâché pour bonne conduite.

Après cet événement, Ha fut placé dans une famille d'accueil. Mais ne voulant pas de ça, il prit la fuite. Partant sur une embarcation de marchandise, il disparu des radars. Arrivé sur une nouvelle île qui semblait être bien loin de la sienne, il   n'avait plus rien. Plus rien à part une épée en bois venant de son dojo et ses démons qui le hantent. Il s'en veut, alors il perd très vite ses économies et n'ayant eu la possibilité d'hériter de son beau-père, il devint un vagabond, pris dans l'alcool au début de sa vie dans la rue. Puis il se ressaisit, enfin en théorie, puisqu'il rechute souvent et a déjà tenté de se suicider une fois, mais il a eu la chance de se faire stopper avant le moment fatal par un homme là au bon moment. Un chasseur de primes dont il ne connait pas le nom qui après sa tentative de suicide a passé la nuit à ses côtés puis le matin, quand Ha allait mieux lui dit: "Fais de l'argent, tu ne voudras plus te suicider". Aussi bête que ça puisse paraître, il s'agit de la raison pour laquelle Ha veut combattre le crime. Il ne s'agit pas d'une conviction morale, bien au contraire, il est déboussolé. Il est pris par la haine et par l'apât du gain. Car l'argent achète tout, ça avait acheté l'amour de sa mère, les soins pour Manoa et l'argent pouvait même corrompre, en fin de compte, il avait compris comment marchait ce monde.

Malgré ça, il avait pour ambition de savoir ce qu'il s'était réellement passé à propos du décès de sa sœur. Enfin, déjà, il voulait savoir si elle l'était vraiment. L'enquête n'avait rien donné, il y avait trop de zones d'ombre. Le sanatorium sans traces de quiconque et la chambre de Manoa intacte, les conclusions n'étaient pas concrètes. Ha croyait fortement a un manque de déontologie de la part des enquêteurs qui auraient voulu passer l'éponge le plus rapidement possible sur une affaire trop compliquée, ou alors, il s'agissait d'un complot et Manoa était l'une des victimes de celui-ci. Il était tellement obnubilé par cette idée qu'il en perdait ses moyens, il devenait fou peut-être, on ne saura jamais, enfin tant qu'il n'en saura pas plus sur cet épisode.
Il se réveille agité, transpirant et grimaçant. Le cauchemar dans lequel était enfermé Ha était tout le temps le même. Il arrivait au sanatorium en feu et les gens fuyaient en laissant Manoa seule. Celle-ci entendant le désespoir accablant les couloirs de la clinique sortait de sa chambre et même avant qu'il puisse réagir, elle sautait dans les flammes. Ce cauchemar était peut-être prémonitoire, lui montrant ce qui s'était réellement passé, mais Ha ne voulait pas le voir de cet œil. Dans son lit trempé et éclairé par le soleil frappant du South Blue, Ha se réveillait pour la première journée d'une nouvelle histoire. Affaire à suivre...