UN NOUVEAU "DÉPART"
« J’ai toujours aimé le désert. On s’assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n’entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence… »
Un doux climat venait caresser les prairies sableuses qui entouraient Nanohana. À quelques kilomètres de là, légèrement excentré de la ville portuaire et côtoyant un massif rocheux, subsistait une modeste demeure faite de briques et de pailles nichée sous un étonnant mais imposant roc. Celui-ci avait une forme très particulière, semblable à une arche souhaitant s’échapper du reste du groupe de pierres. Cette curiosité géographique faisait office de par-soleil à la maisonnette, ce qui expliquait comment mais surtout pourquoi des êtres vivants seraient venus élire domicile dans les parages. Avoisinant la façade nord de ce qui s’apparentait plus à une ferme qu’à une maison de vacance, subsistait une étonnante plantation, preuve qu’il était invraisemblablement possible de cultiver en plein désert. Celle-ci était composée principalement de fruits et légumes d’été ou communs aux régions désertiques comme un palmier-dattier, deux figuiers et plusieurs oliviers. Néanmoins les propriétaires semblaient tenter d’y faire pousser toute sorte de variétés mais l’état déplorable et la couleur brunâtre de certaines plantes témoignaient d’un manque cruel d’eau. Puis venant compléter la propriété, autour de la plantation se trouvait le parc à animaux où chameau, autruches de toute tailles et brebis se partageait le domaine.
Un couple de sexagénaire s’occupait de tous ce beau monde. Propriétaire des lieux depuis un bon bout de temps désormais. Ils avaient fui l’effervescence et l’animation qui régnaient continuellement à Nanohana. Habituellement les deux exilés vivaient de leurs récoltes ne se rendant en ville que très rarement pour s’approvisionner en ressources qui leur étaient impossibles d’obtenir autrement. Cependant depuis quelques années, pour cause d’un pipeline défectueux, l’homme et la femme multipliaient chaque semaine les voyages jusqu’à la métropole à dos de chameau. Néanmoins, le poids du temps se faisait ressentir et effectuer chaque jour un tel trajet pesait sur la santé du couple. Pourtant, l’éventualité de revenir vivre parmi le peuple n’était pas envisageable. La faute, à la propriétaire qui tenait une certaine attache sentimentale à ce bout de terre.
La journée touchait bientôt à sa fin. Le soleil commençait à tirer sa révérence et comme toujours à ce moment de la journée, le viel homme rentrait de son expédition en ville. Sa femme, réglait comme une horloge avait déjà allumé le gaz afin de préparer le diner. La suite n’était que routine. Nourrir les bestiaux, s’assurer que l’enclot était bien verrouillé, irriguer la plantation de manière efficace avec le peu d’eau à disposition, s’asseoir autour de la table puis conter sa journée.
- On raconte qu’un voleur sévit en ville.
- C’est pas ce qu’il manque là-bas, reprit la sexagénaire tout en remuant le ragoût sur le feu.
- Hohoho, celui-ci donnerait pas mal de difficultés à la garde royale. Même la marine participe à sa recherche. Il ne volerait que les riches ou les grosses entreprises de la ville. Une sorte de justicier anonyme. Les habitants lui ont déjà attribué un surnom “Le roi de la nuit”. Apparemment les bambins veillent très tard à leur fenêtre pour espérer le voir.
- Encore un hurluberlu qui s’amuse à jouer au héros. Ma foi … je me sentirais plus en sécurité là-bas maintenant que tu as laissé cet étranger dormir sous notre toit.
- Ohh, tu ne vas pas remettre ça ! barbouilla le vieil homme. Ce gaillard nous est du grande aide. Il apporte chaque jour des vivres et de l’eau supplémentaire pour les bêtes et il ne mange jamais avec nous. Il a juste besoin d’un lit pour dormir. Remercie le ciel de nous l’avoir envoyé.
- Tu parles de SON lit !!!
- Fais-toi une raison, Eliau est parti et il ne reviendra plus jamais, rétorqua d’un ton plus élevé le sexagénaire.
Le couple venait d’aborder un sujet sensible qui était souvent suivi d’un long moment de silence. Chacun préférait vaquer à une occupation plutôt que de se disputait autour d’un triste souvenir du passé. Madame se chargeait de terminer le repas. Monsieur lisait le journal du jour récupéré en ville. Alors qu’aucun n’avait la force ni l’envie de converser, l’arrivée de leur invité allait permettre de raviver un minimum l’ambiance malgré les réticences de la vieille à son égard. Lourdement chargé comme à son habitude, il déposa trois gros sacs de provisions sur le parterre de l’entrée puis dévoila son visage camouflé par un voile et un bandana qui descendait jusqu’à ses sourcilles. Un visage calme et chaleureux malgré un regard qui avait le don de déstabiliser la dame de maison. Des pupilles verticales et aiguisées semblables à celle d’un reptile qui se noyaient dans de magnifiques iris couleurs dorées. Heureusement le sourire qu’il arborait, dégageait de bonnes vibrations et engendra naturellement le même mouvement de la bouche chez son hôte. Alday était là, dans une baraque exilé du reste du monde après avoir longuement disparu des radars. En vie et en pleine forme, celui-ci pour une quelconque raison, semblait se complaire dans sa nouvelle vie.
Un couple de sexagénaire s’occupait de tous ce beau monde. Propriétaire des lieux depuis un bon bout de temps désormais. Ils avaient fui l’effervescence et l’animation qui régnaient continuellement à Nanohana. Habituellement les deux exilés vivaient de leurs récoltes ne se rendant en ville que très rarement pour s’approvisionner en ressources qui leur étaient impossibles d’obtenir autrement. Cependant depuis quelques années, pour cause d’un pipeline défectueux, l’homme et la femme multipliaient chaque semaine les voyages jusqu’à la métropole à dos de chameau. Néanmoins, le poids du temps se faisait ressentir et effectuer chaque jour un tel trajet pesait sur la santé du couple. Pourtant, l’éventualité de revenir vivre parmi le peuple n’était pas envisageable. La faute, à la propriétaire qui tenait une certaine attache sentimentale à ce bout de terre.
La journée touchait bientôt à sa fin. Le soleil commençait à tirer sa révérence et comme toujours à ce moment de la journée, le viel homme rentrait de son expédition en ville. Sa femme, réglait comme une horloge avait déjà allumé le gaz afin de préparer le diner. La suite n’était que routine. Nourrir les bestiaux, s’assurer que l’enclot était bien verrouillé, irriguer la plantation de manière efficace avec le peu d’eau à disposition, s’asseoir autour de la table puis conter sa journée.
- On raconte qu’un voleur sévit en ville.
- C’est pas ce qu’il manque là-bas, reprit la sexagénaire tout en remuant le ragoût sur le feu.
- Hohoho, celui-ci donnerait pas mal de difficultés à la garde royale. Même la marine participe à sa recherche. Il ne volerait que les riches ou les grosses entreprises de la ville. Une sorte de justicier anonyme. Les habitants lui ont déjà attribué un surnom “Le roi de la nuit”. Apparemment les bambins veillent très tard à leur fenêtre pour espérer le voir.
- Encore un hurluberlu qui s’amuse à jouer au héros. Ma foi … je me sentirais plus en sécurité là-bas maintenant que tu as laissé cet étranger dormir sous notre toit.
- Ohh, tu ne vas pas remettre ça ! barbouilla le vieil homme. Ce gaillard nous est du grande aide. Il apporte chaque jour des vivres et de l’eau supplémentaire pour les bêtes et il ne mange jamais avec nous. Il a juste besoin d’un lit pour dormir. Remercie le ciel de nous l’avoir envoyé.
- Tu parles de SON lit !!!
- Fais-toi une raison, Eliau est parti et il ne reviendra plus jamais, rétorqua d’un ton plus élevé le sexagénaire.
Le couple venait d’aborder un sujet sensible qui était souvent suivi d’un long moment de silence. Chacun préférait vaquer à une occupation plutôt que de se disputait autour d’un triste souvenir du passé. Madame se chargeait de terminer le repas. Monsieur lisait le journal du jour récupéré en ville. Alors qu’aucun n’avait la force ni l’envie de converser, l’arrivée de leur invité allait permettre de raviver un minimum l’ambiance malgré les réticences de la vieille à son égard. Lourdement chargé comme à son habitude, il déposa trois gros sacs de provisions sur le parterre de l’entrée puis dévoila son visage camouflé par un voile et un bandana qui descendait jusqu’à ses sourcilles. Un visage calme et chaleureux malgré un regard qui avait le don de déstabiliser la dame de maison. Des pupilles verticales et aiguisées semblables à celle d’un reptile qui se noyaient dans de magnifiques iris couleurs dorées. Heureusement le sourire qu’il arborait, dégageait de bonnes vibrations et engendra naturellement le même mouvement de la bouche chez son hôte. Alday était là, dans une baraque exilé du reste du monde après avoir longuement disparu des radars. En vie et en pleine forme, celui-ci pour une quelconque raison, semblait se complaire dans sa nouvelle vie.
Dernière édition par Alday le Sam 4 Juin 2022 - 12:50, édité 4 fois