Robina se réveilla, avec la faim qui lui tenaillait le ventre, bientôt deux jours qu’elle n’avait rien avalé, elle passait le plus clair de son temps à ne rien faire, pour ne pas trop se dépenser et garder ses forces s’il se passait un imprévu. La porte de sa chambre s’ouvrit, la femme champignon qu’elle connaissait depuis maintenant trois jours lui apporta un paquet, à manger, elle pouvait le sentir à l’odeur qui se dégageait du paquet.
Tenez, c’est pour vous, un de mes soldats n’a pas eu de difficulté à se rendre à Cactus Town, il a pris de quoi manger, je ne sais pas combien de fois par jour vous faites un repas, et combien vous absorbez, il a donc pris seulement ça.
Seulement, était un mot qui n’allait pas avec la situation, il aurait collé s’il avait pris trois brochettes de cactus et une saucisse, mais ici, le sac que portait la jeune chanterelle était si imposant, qu’elle avait du mal, malgré sa force physique à passer la porte avec. Quand elle ouvrit le contenant, des dizaines de kilogrammes de nourriture tombèrent sur le sol, saucisses, rôtis de porc, brochettes de cactus, de bœuf, de dinde, des poissons en papillote, elle ne savait plus où donner de la tête, tant il y en avait.
Je vous remercie, mais c’est trop.
Mais non, ça n’est rien, je vous devais bien ça.
Non, je veux dire, c’est trop, il y a trop de choses, je ne pourrais jamais avaler ça.
Ah ! Je pensais que vous n’auriez pas assez.
Nous ne mangeons pas tant que ça, nous les humains, une tranche ou deux de ça. Elle montra un des rôtis de porc. Ou quelques brochettes et nous sommes pleins pour plusieurs heures.
C’est fascinant, je ne savais pas qu’il vous fallait si peu pour vous nourrir.
Vous pensiez qu’il nous fallait quoi exactement ?
Eh bien, au moins ça, pour que vous teniez quelques jours.
Nous mangeons peu, mais souvent, trois fois par jour. Tout ce que vous venez de m’amener, pourrait me durer des semaines, seulement, ça sera perdu d’ici deux jours, au grand maximum.
Perdu ? Pourquoi ?
Parce que dans deux jours, même moins, si ça se trouve, les aliments vont commencer à avoir un goût acide, voir plus sucré, ça n’est pas une bonne chose, c’est le début de la décomposition, ils feront un très bon engrais, mais ça ne sera plus de la nourriture.
Oh, d’accord, il vous faut donc peu de chose, mais souvent.
Exact, mais je vous remercie beaucoup de cette attention.
Mais de rien, après tout, nous sommes amies.
Elles discutèrent de sujets divers, tels que la vie en dehors du village des légumes, l’enfance de la jeune femme sur Sanderr, très patriotique, elle était intarissable sur le sujet, ce qu’elle mangeait à l’extérieur, les différentes îles qu’elle avait visitées, tant de sujets et si peu de temps.
Il va être l’heure d’y aller, Robina.
Déjà ? J’espérais ne pas devoir y aller.
Malheureusement, vous ne pouvez pas y échapper.
Très bien, j’espère juste que le jugement ne sera pas fini dans la journée, j’ai l’impression que ça va être long.
Je le pense aussi, ne vous inquiétez pas, vous n’avez rien à vous reprocher, vous allez vous en sortir.
C’est tout ce que je souhaite.
La cuisinière souffla et se releva de son lit où elle s’était assise pour manger, n’ayant pas de table pour s’installer, elle avait fait une sorte de pique-nique improvisé, piochant dans différents produits, pour se remplir lentement l’estomac en ne se faisant pas de mal. Elles laissèrent le tout sur le sol, l’Amirale abuserait de ses pouvoirs pour que la chambre soit propre quand elles reviendraient le soir, la jeune Sanderrienne sourit en entendant ça, elle était une femme de pouvoir qui rendait la vie plus facile à son ami, en ordonnant que sa chambre soit nettoyée. D’un côté, elle était heureuse, c’était quelque chose qu’elle n’aurait pas à faire, de l’autre, elle aurait voulu que Chante ne le fasse pas, pour ne pas donner plus de travail aux domestiques. Elle hocha des épaules en esprit, ils l’avaient mis en prison, ils pouvaient bien s’occuper de ça pour elle, c’était un prêté pour un rendu.
Elle croisa les deux gardes aux côtés de la porte de sa « cellule », un fruit avait été échangé avec un ancien garde des hommes de confiance de Relle, il la foudroya du regard, si le comportement des légumes avait été jusqu’ici neutre envers l’humaine, les fruits étaient beaucoup plus belliqueux. Les deux soldats suivirent sans la foulée les deux femmes, chacun à un côté de la chasseresse de primes, quelques pas en arrière, de quoi avoir la marge de manœuvre pour s’armer si les événements tournaient mal, son amie lui avait expliqué pendant une de leurs rares conversations.
Pourtant, au grand regret de l’homme fruité, la jeune femme ne fit aucune résistance alors qu’elle suivait le tapis sous la surveillance des trois membres du peuple végétal, dans un silence pesant, la procession passa devant plusieurs membres des deux peuples, tous la regardèrent en lui laissant des regards assassins. Elle sortit dehors pour la première fois depuis deux jours, la lumière lui brûla les yeux, il lui fallut quelques secondes pour s’habituer, malgré cela, le fruit la frappa d’un coup de lance qui la fit tomber à genoux.
Avance !
Vous êtes des invités du peuple Légumes, ne maltraitez pas les prisonniers.
Elle ne voulait pas se rendre au tribunal.
Elle n’est pas sortie depuis des jours, elle s’est fait éblouir, ça n’était que temporaire. Elle ira jusqu’au tribunal, nous sommes en avance encore.
Plus vite, je serais loin de cette humaine, mieux je me porterais.
Vous pouvez partir si vous voulez, au moins, vous n’aurez plus à la supporter.
Mes ordres sont clairs Amiral Relle, je dois escorter la cuisinière jusqu’au tribunal avec vous.
Alors ne maltraitez pas la prisonnière, ils ont beau mal se comporter avec nos semblables, nous n’avons pas à être des monstres comme eux.
Je comprends, j’écouterai vos ordres jusqu’à ce que nous ayons atteint la fin de notre convoi.
Parfait, alors laissez cette humaine pour l’instant, elle mourra bien assez vite.
Robina avait beau savoir que le rôle que jouait Chante Relle n’était pas réel et qu’elle ne faisait cela que pour garder sa place au sein des juges et ainsi qu’elle ait une alliée dans le groupe, elle avait presque cru à son petit cinéma, c’était dire à quel point elle était sérieuse dans son rôle. La Sanderrienne se releva et se frotta les genoux, quelques griffures, mais rien de grave, elle foudroya le fruit du dragon des yeux et se dépoussiéra avant de se tourner vers la cheffe de l’armée légume.
C’est bon, je suis prête.
La femme champignon hocha de la tête et reprit la route, au loin, le bâtiment qui existait depuis quelques mois dominait les alentours, à part le palais royal, un arbre d’une trentaine de mètres de haut, le tribunal de Mûre en Vert. La masse du végétal écrasa la jeune femme en posant les yeux dessus, elle ne l’avait pas vu le premier jour, caché derrière le palais, c’était ici que son destin allait se jouer.
Tenez, c’est pour vous, un de mes soldats n’a pas eu de difficulté à se rendre à Cactus Town, il a pris de quoi manger, je ne sais pas combien de fois par jour vous faites un repas, et combien vous absorbez, il a donc pris seulement ça.
Seulement, était un mot qui n’allait pas avec la situation, il aurait collé s’il avait pris trois brochettes de cactus et une saucisse, mais ici, le sac que portait la jeune chanterelle était si imposant, qu’elle avait du mal, malgré sa force physique à passer la porte avec. Quand elle ouvrit le contenant, des dizaines de kilogrammes de nourriture tombèrent sur le sol, saucisses, rôtis de porc, brochettes de cactus, de bœuf, de dinde, des poissons en papillote, elle ne savait plus où donner de la tête, tant il y en avait.
Je vous remercie, mais c’est trop.
Mais non, ça n’est rien, je vous devais bien ça.
Non, je veux dire, c’est trop, il y a trop de choses, je ne pourrais jamais avaler ça.
Ah ! Je pensais que vous n’auriez pas assez.
Nous ne mangeons pas tant que ça, nous les humains, une tranche ou deux de ça. Elle montra un des rôtis de porc. Ou quelques brochettes et nous sommes pleins pour plusieurs heures.
C’est fascinant, je ne savais pas qu’il vous fallait si peu pour vous nourrir.
Vous pensiez qu’il nous fallait quoi exactement ?
Eh bien, au moins ça, pour que vous teniez quelques jours.
Nous mangeons peu, mais souvent, trois fois par jour. Tout ce que vous venez de m’amener, pourrait me durer des semaines, seulement, ça sera perdu d’ici deux jours, au grand maximum.
Perdu ? Pourquoi ?
Parce que dans deux jours, même moins, si ça se trouve, les aliments vont commencer à avoir un goût acide, voir plus sucré, ça n’est pas une bonne chose, c’est le début de la décomposition, ils feront un très bon engrais, mais ça ne sera plus de la nourriture.
Oh, d’accord, il vous faut donc peu de chose, mais souvent.
Exact, mais je vous remercie beaucoup de cette attention.
Mais de rien, après tout, nous sommes amies.
Elles discutèrent de sujets divers, tels que la vie en dehors du village des légumes, l’enfance de la jeune femme sur Sanderr, très patriotique, elle était intarissable sur le sujet, ce qu’elle mangeait à l’extérieur, les différentes îles qu’elle avait visitées, tant de sujets et si peu de temps.
Il va être l’heure d’y aller, Robina.
Déjà ? J’espérais ne pas devoir y aller.
Malheureusement, vous ne pouvez pas y échapper.
Très bien, j’espère juste que le jugement ne sera pas fini dans la journée, j’ai l’impression que ça va être long.
Je le pense aussi, ne vous inquiétez pas, vous n’avez rien à vous reprocher, vous allez vous en sortir.
C’est tout ce que je souhaite.
La cuisinière souffla et se releva de son lit où elle s’était assise pour manger, n’ayant pas de table pour s’installer, elle avait fait une sorte de pique-nique improvisé, piochant dans différents produits, pour se remplir lentement l’estomac en ne se faisant pas de mal. Elles laissèrent le tout sur le sol, l’Amirale abuserait de ses pouvoirs pour que la chambre soit propre quand elles reviendraient le soir, la jeune Sanderrienne sourit en entendant ça, elle était une femme de pouvoir qui rendait la vie plus facile à son ami, en ordonnant que sa chambre soit nettoyée. D’un côté, elle était heureuse, c’était quelque chose qu’elle n’aurait pas à faire, de l’autre, elle aurait voulu que Chante ne le fasse pas, pour ne pas donner plus de travail aux domestiques. Elle hocha des épaules en esprit, ils l’avaient mis en prison, ils pouvaient bien s’occuper de ça pour elle, c’était un prêté pour un rendu.
Elle croisa les deux gardes aux côtés de la porte de sa « cellule », un fruit avait été échangé avec un ancien garde des hommes de confiance de Relle, il la foudroya du regard, si le comportement des légumes avait été jusqu’ici neutre envers l’humaine, les fruits étaient beaucoup plus belliqueux. Les deux soldats suivirent sans la foulée les deux femmes, chacun à un côté de la chasseresse de primes, quelques pas en arrière, de quoi avoir la marge de manœuvre pour s’armer si les événements tournaient mal, son amie lui avait expliqué pendant une de leurs rares conversations.
Pourtant, au grand regret de l’homme fruité, la jeune femme ne fit aucune résistance alors qu’elle suivait le tapis sous la surveillance des trois membres du peuple végétal, dans un silence pesant, la procession passa devant plusieurs membres des deux peuples, tous la regardèrent en lui laissant des regards assassins. Elle sortit dehors pour la première fois depuis deux jours, la lumière lui brûla les yeux, il lui fallut quelques secondes pour s’habituer, malgré cela, le fruit la frappa d’un coup de lance qui la fit tomber à genoux.
Avance !
Vous êtes des invités du peuple Légumes, ne maltraitez pas les prisonniers.
Elle ne voulait pas se rendre au tribunal.
Elle n’est pas sortie depuis des jours, elle s’est fait éblouir, ça n’était que temporaire. Elle ira jusqu’au tribunal, nous sommes en avance encore.
Plus vite, je serais loin de cette humaine, mieux je me porterais.
Vous pouvez partir si vous voulez, au moins, vous n’aurez plus à la supporter.
Mes ordres sont clairs Amiral Relle, je dois escorter la cuisinière jusqu’au tribunal avec vous.
Alors ne maltraitez pas la prisonnière, ils ont beau mal se comporter avec nos semblables, nous n’avons pas à être des monstres comme eux.
Je comprends, j’écouterai vos ordres jusqu’à ce que nous ayons atteint la fin de notre convoi.
Parfait, alors laissez cette humaine pour l’instant, elle mourra bien assez vite.
Robina avait beau savoir que le rôle que jouait Chante Relle n’était pas réel et qu’elle ne faisait cela que pour garder sa place au sein des juges et ainsi qu’elle ait une alliée dans le groupe, elle avait presque cru à son petit cinéma, c’était dire à quel point elle était sérieuse dans son rôle. La Sanderrienne se releva et se frotta les genoux, quelques griffures, mais rien de grave, elle foudroya le fruit du dragon des yeux et se dépoussiéra avant de se tourner vers la cheffe de l’armée légume.
C’est bon, je suis prête.
La femme champignon hocha de la tête et reprit la route, au loin, le bâtiment qui existait depuis quelques mois dominait les alentours, à part le palais royal, un arbre d’une trentaine de mètres de haut, le tribunal de Mûre en Vert. La masse du végétal écrasa la jeune femme en posant les yeux dessus, elle ne l’avait pas vu le premier jour, caché derrière le palais, c’était ici que son destin allait se jouer.