Cela faisait un temps déjà que William avait été laissé comme mort par son mécène. Il était perdu, désorienté, apeuré. La liberté, la fameuse liberté dont tout le monde parle, que tout le monde envie, elle avait un goût amer, un goût d’inachevé. Qu’était-il censé faire maintenant ? Il n’avait qu’une seule envie, rentrer chez lui, dans son chez-soi. Il voulait comprendre. Comprendre ce qu’il avait fait de mal, qu’avait-il fait pour décevoir son mécène à ce point ? Il était pourtant persuadé de toujours s’être comporté correctement. Fidèle et docile, il avait fait son maximum au quotidien pour honorer celui qui, jusqu’à aujourd’hui s’occupait de lui. Et pourtant, force est de constater que cela n’avait pas été suffisant. Cela laissait une peine profonde en lui, comme une écharde en fusion logé dans les poumons. Il ne pouvait s’empêcher de se dire que sa mère était morte par sa faute. S’il avait été meilleur, plus serviable, plus efficace, peut-être aurait-il pu éviter de mettre son maître en colère. Et pourtant, ce fameux soir, il ne semblait pas y avoir de haine dans le regard du maître. Juste, de la honte, et de la déception. Mais qu’elle en était le vecteur ? Était-ce réellement lui ?
William secoua la tête. Il avait faim et froid. Machinalement il se dirigea vers le seul endroit qu’il connaissait, un établissement faisant office de taverne en façade mais abritant dans son sous-sol une cage avec des combats illégaux. Le maître l’avait souvent amené ici dans différents buts. Combattre certes, mais aussi en tant que garde du corps lors d’échanges commerciaux, parfois il le laissait seul pour surveiller une cargaison ou bien, lorsqu'il avait à faire ailleurs. William aimait bien cet endroit. Il ne sentait pas très bon certes, mais il y faisait chaud. La musique résonnait en permanence à toute bringue dans l’établissement tant pour couvrir les cris et autres bruits émanant de la cave que pour foutre un joyeux boxon. L’alcool aidant, ici les langues se déliaient et le temps d’un instant il avait l’impression qu’il n’y avait pas d’autres problèmes dans le monde que de savoir si l'on avait parié sur le bon vainqueur du prochain combat ou inversement.
Le jeune homme à la peau mate poussa la porte, un sourire aux lèvres il huma l’air humide et alcoolisé qui caractérisait si bien cet endroit avant de s’avancer dans l’établissement. Alors qu’il faisait quelques pas il avait l’impression que quelque chose avait changé mais il ne réussissait pas à mettre le doigt sur quoi. Ce n’était peut-être qu’une impression pensa-t-il naïvement. Il s’avança vers le barman et commanda une assiette.
« Aaah, tu es seul ? Je n’ai pas ouïe dire qu’on avait a traité avec monsieur aujourd’hui
-Non, je suis seul aujourd’hui, Et pour un bon de temps
-Que veux-tu dire ?
-Disons que j’ai pris un chemin différent de celui de mon maître. Je suis seul à présent »
Le tavernier marqua un temps d’arrêt tandis qu’il remplissait l’assiette. Il l’avança lentement vers le jeune homme comme s’il n’était pas sûr de la suite des événements.
« Aah, je vois * dit-il en laissant l’assiette pile entre les 2 hommes* Monsieur c’est affranchi. Et, tu as de quoi payer ? Rien n’est gratuit tu sais ici *Acheva-t-il en plantant la fourchette dans le comptoir * C’est qu’on n'aime pas trop les fauteurs de troubles ou mauvais payeur par ici »
William marqua un temps d’arrêt. Il avait très bien compris le message du barman, malgré les années qu’ils avaient partagées en communs, il n’y avait pas d’amitié qui tienne. Pas de Berrys équivalait à être personne. Et, lorsque l’on est personne, on dérange par son inutilité, c’était aussi simple que cela. Penaud, il regarda autour de lui, tout le monde avait observé la scène. Traînant des pieds, il baissa la tête et pris la direction de la porte en la poussant sans conviction. Dehors il pleuvait des cordes et il ne savait pas où aller. Déboussolé par la vitesse à laquelle cette journée venait de basculer il s’assit à même le sol. Rapidement il se retrouva trempé jusqu’aux os, il avait vraiment l’air pitoyable pensa-t-il.
« T’es encore là tiens ?*Un jeune homme venait de sortir du bar, il se dirigea contre le mur et commença à uriner à quelques mètres William
-Mmh, où veux-tu que j’aille, je n’ai ni toit, ni maison, ni employeur. Je n’ai même plus de quoi me payer une auberge donc bon
-T’as l’air débrouillard, tu sais te battre je suppose non ? Utilise tes poings
-Les prochains combats clandestins n’ont pas lieux avant des semaines.
-Pff, les combats. Tu es un dog non ?
-Affranchis. Contre mon gré, mais affranchis.
-Je te parle pas de te battre en cage comme un animal faut voir plus loin. Demande un job au tavernier. Il en a à la pelle. Vise le magot
- Faire la vaisselle et le ménage, j’appelle pas vraiment ça viser le magot *dit William en se relevant*
-Je te parle pas de corvée, mais de sale boulot. La taverne c’est qu’une couverture.
-Comment tu le sais ?
-Dog, oui, mais Mad Dog. Vas-y, tu verras, tu ne seras pas déçu »
William prit le temps de réfléchir quelques secondes. Après tout ça valait la peine d’essayer. Une certaine solidarité régnait entre les esclaves. Il se surnommait eux-mêmes les Dogs. Dog signifie esclave dans leur jargon et Mad Dog signifie un esclave ayant l’envie de s’émanciper par quelconque moyen possible (Rachat, évasion ou autre) Ce tuyau n’était peut-être pas bidon après tout.
William secoua la tête. Il avait faim et froid. Machinalement il se dirigea vers le seul endroit qu’il connaissait, un établissement faisant office de taverne en façade mais abritant dans son sous-sol une cage avec des combats illégaux. Le maître l’avait souvent amené ici dans différents buts. Combattre certes, mais aussi en tant que garde du corps lors d’échanges commerciaux, parfois il le laissait seul pour surveiller une cargaison ou bien, lorsqu'il avait à faire ailleurs. William aimait bien cet endroit. Il ne sentait pas très bon certes, mais il y faisait chaud. La musique résonnait en permanence à toute bringue dans l’établissement tant pour couvrir les cris et autres bruits émanant de la cave que pour foutre un joyeux boxon. L’alcool aidant, ici les langues se déliaient et le temps d’un instant il avait l’impression qu’il n’y avait pas d’autres problèmes dans le monde que de savoir si l'on avait parié sur le bon vainqueur du prochain combat ou inversement.
Le jeune homme à la peau mate poussa la porte, un sourire aux lèvres il huma l’air humide et alcoolisé qui caractérisait si bien cet endroit avant de s’avancer dans l’établissement. Alors qu’il faisait quelques pas il avait l’impression que quelque chose avait changé mais il ne réussissait pas à mettre le doigt sur quoi. Ce n’était peut-être qu’une impression pensa-t-il naïvement. Il s’avança vers le barman et commanda une assiette.
« Aaah, tu es seul ? Je n’ai pas ouïe dire qu’on avait a traité avec monsieur aujourd’hui
-Non, je suis seul aujourd’hui, Et pour un bon de temps
-Que veux-tu dire ?
-Disons que j’ai pris un chemin différent de celui de mon maître. Je suis seul à présent »
Le tavernier marqua un temps d’arrêt tandis qu’il remplissait l’assiette. Il l’avança lentement vers le jeune homme comme s’il n’était pas sûr de la suite des événements.
« Aah, je vois * dit-il en laissant l’assiette pile entre les 2 hommes* Monsieur c’est affranchi. Et, tu as de quoi payer ? Rien n’est gratuit tu sais ici *Acheva-t-il en plantant la fourchette dans le comptoir * C’est qu’on n'aime pas trop les fauteurs de troubles ou mauvais payeur par ici »
William marqua un temps d’arrêt. Il avait très bien compris le message du barman, malgré les années qu’ils avaient partagées en communs, il n’y avait pas d’amitié qui tienne. Pas de Berrys équivalait à être personne. Et, lorsque l’on est personne, on dérange par son inutilité, c’était aussi simple que cela. Penaud, il regarda autour de lui, tout le monde avait observé la scène. Traînant des pieds, il baissa la tête et pris la direction de la porte en la poussant sans conviction. Dehors il pleuvait des cordes et il ne savait pas où aller. Déboussolé par la vitesse à laquelle cette journée venait de basculer il s’assit à même le sol. Rapidement il se retrouva trempé jusqu’aux os, il avait vraiment l’air pitoyable pensa-t-il.
« T’es encore là tiens ?*Un jeune homme venait de sortir du bar, il se dirigea contre le mur et commença à uriner à quelques mètres William
-Mmh, où veux-tu que j’aille, je n’ai ni toit, ni maison, ni employeur. Je n’ai même plus de quoi me payer une auberge donc bon
-T’as l’air débrouillard, tu sais te battre je suppose non ? Utilise tes poings
-Les prochains combats clandestins n’ont pas lieux avant des semaines.
-Pff, les combats. Tu es un dog non ?
-Affranchis. Contre mon gré, mais affranchis.
-Je te parle pas de te battre en cage comme un animal faut voir plus loin. Demande un job au tavernier. Il en a à la pelle. Vise le magot
- Faire la vaisselle et le ménage, j’appelle pas vraiment ça viser le magot *dit William en se relevant*
-Je te parle pas de corvée, mais de sale boulot. La taverne c’est qu’une couverture.
-Comment tu le sais ?
-Dog, oui, mais Mad Dog. Vas-y, tu verras, tu ne seras pas déçu »
William prit le temps de réfléchir quelques secondes. Après tout ça valait la peine d’essayer. Une certaine solidarité régnait entre les esclaves. Il se surnommait eux-mêmes les Dogs. Dog signifie esclave dans leur jargon et Mad Dog signifie un esclave ayant l’envie de s’émanciper par quelconque moyen possible (Rachat, évasion ou autre) Ce tuyau n’était peut-être pas bidon après tout.
Dernière édition par William Rapsodos le Dim 10 Juil 2022 - 15:06, édité 1 fois