Les chroniques
D'temps à autres, j'ai la picole nostalgique. Alors j'bave les vieux souvenirs. Parfois marrants. Parfois pas. En tout cas, c't'ici que j'm'épencherai. Pas d'larme de bonnes femmes. Pas d' "c'tait mieux avant". Juste des souvenirs.
.. Mouais. Just'pour dire: sont pas dans l'ordre. Ma tête est trop foutue. Donc démerdes toi.
.. Mouais. Just'pour dire: sont pas dans l'ordre. Ma tête est trop foutue. Donc démerdes toi.
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Le grand clinquant doit taper bien haut, et c'est la chaleur sur ma trogne qui m'sort du coma. Mes mires s'décollent. Pénible. Ma tronche m'crache à l'orgueil. Arf. J'ai mal. Trop bu.
Autours, y a le peuple. Ça s'bouge, c'est l'activité ou la mort. On m'mire comme un déchet. Un clodo. J'dois en avoir l'allure, sûr. Alors j'traîne mes groles et j'tente de r'coller les pièces d'la soirée. Rude. Longue, sans hésiter. Y avait c'type... avec des gnôles pas poss'. Des trucs aux légumes. Qui t'foutent la tête en chantier. On a tout sifflé. Après, mystère. Des flash d'une taverne. D'un prolo qu'a trop gueulé et d'mon poing dans sa gueule. Une bonne soirée.
J'quitte le port et ça m'prend. J'gerbe, sur le vieux bois. Tout. C'qui fait beaucoup d'flotte. Puis ça passe. L'habitude. J'vois ça comme une puriréfaction matinal. Cherche pas, c'est pas au dico. Mais l'salut d'ma santé apparait, au détour d'une ruelle. Un troquet. Ouvert. C'est qu'il est passé midi. J'pousse la porte, pour foutre les panards dans un buigue pas plus moche qu'un autre. Sur c't'heure-ci, les clients s'font rares. Les trois gus qu'habitent l'endroit, c'est la fine fleur. Les vrais. Posé au bar, j'graille un r'montant au barman. Me l'sert. J'le vide. Un autre. Ça va mieux.
Le rhum ici est pas dégueu, alors j'suis resté un brin. La lumière se taille, et j'campe toujours sur mon tabouret. On m'sert sans rien dire, pro. Un bon bar. Tout va bien. Sauf un truc. Des types ont débarqué y'a pas une heure. Le genre bruyant. Sûr d'eux. Z'ont pris une table, et maintenant ça s'bavent des conneries en vidant des d'mis. Ça rigole fort et ça pourrit ton espace. Ça m'la fout mauvaise. J'suis pas encore r'mis, et les zouaves me tapent sur l'système. L'barman a r'marqué ça. C'est un bon. Y tente d'm'apaiser. Y m'file une tige. Va jusqu'à m'l'allumer. Brave gars. Pourtant y sait. L'est trop vieux pour y croire. Un moment, faudra qu'ça pète, c'est comme ça.
C't'une donzelle qu'a foutu l'feu au poudre. Bonne vanne. C'pour ça qu'on les chope pas sur les barques. Elles portent pas malheurs, elles rendent juste les mecs plus cons. On en a déjà pas b'soin. La donzelle rentre donc, et direct, elle pif que c'tait pas une idée lumineuse. Y a le braillage qui baisse d'un ton, et l'bar est en suspend. Elle capte, mais c'est trop tard, elle a les deux pieds d'dans.
Alors elle va s'poser au fond, à l'écart, pour s'faire oublier. L'est jolie, la donzelle. J'aurais pas le tronche ravache qu'j'tenterais l'coup. C'est pas l'cas, alors j'tire sur ma tige. Et j'vide mon verre. Mais les crasseux, derrière, z'ont pas ma retenue. Ils sifflent, et balancent des saloperies à propos d'la môme. Bas, d'abord, puis d'plus en plus fort. Un coup d'oeil, j'mire la gamine.
Elle tient la table comme si c'tait une fort'resse. Genre ça la sauvera. Mais elle est pas dupe. Alors elle prend son courage à deux doigts, et elle tente une carapatade. J'commande un autre verre. Sachant qu'ce s'ra l'dernier ici. L'brave mec me l'sert, la mort dans l'âme, mais j'ai la mine mauvaise. Y sait qu'y faut pas gratter. J'capte qu'un des types accoste la miss, aussi fin qu'moi dans douze secondes. J'vide mon verre et j'me lève.
La gamine est dos à moi, j'mire les globuleux du bientôt mort. En plein. Ma patte gauche écarte la frêle carcasse d'la môme. Pas l'temps d'le lire qu'ma droite s'écrase au milieu du pif de casanova. Il s'écroule. La miss s'e tire, sans un r'gard. Après, c'est un peu la foire.
Les zigs ont bondis. J'en ai rabattu un au sol, qu'était trop pressé. Ça a fait un sale bruit. Le type braille sur le plancher et une autre tronche d'caque envahit mes mires. J'ai les paluches occupées, et c'est un g'nou dans l'fondement qu'y s'prend, coté r'production. Un sourire m'gagne la trogne. Incontrôlé. Mais légitime. Jusqu'à ce que j'bouffe le sol.
C't'une chaise qui m'a valdingué dans l'arrière. On l'a aidée. Mais j'suis 'fin torché. Et mes nerfs aussi. Alors j'sens pas grand chose. Mon panard s'lance vers un cheville. Il touche. Ça craque. Et d'nouveau ce drôle de bruit. Un gros lourd saute sur moi. Salaud. J'allais m'relever. Me ceinture le cou avec ses gros bras, s'accroche comme un bébé koala. Tant pis pour lui. Tant pis pour moi. J'suis parti pour jouer l'manège, la toupie. Et si t'attrapes la floche, t'as droit à un tour en plus. Le type lâche, j'me dégage, lui vole vers l'bar. Et moi j'gerbe. Deux fois aujourd'hui. Chié.
Les péquins en ont profité pour me rosser sévère. Ça a duré un temps, puis y s'sont lassé. Z'allaient passer la porte et j'me suis marré. Comme ça. J'étais plein. Et j'ai dit au barman
L'endroit est calme. La tempête est passée. C'est la nuit. Le barman me sert des verres à l’œil, parce que j'l'ai fait rigolé. Un brave mec, le barman.
La vie sur l'Rocher était simple. Le jour, jtrainais les groles en quête de bouffe, l'soir j'mangeais rapide, pour pas m'faire piller. Puis je r'gardais les vagues, et là j'espérais. Et j'ai pas fait qu'espérer.
Les vagues. Putain c'que j'les ai r'gardées. Sac et Ressac. Claque sur le Rocher. Puis s'en va. Des heures, des jours, des mois. Et puis, le truc. Il apparait, me tape à la tronche. Quoi exact'ment ? J'en sais qued'. Mais j'l'ai capté, le truc. Elles vont, elles viennent, les vagues. Elles ont leurs habitudes.
Les barques c'était légion sur l'Rocher. Elles s'échouaient là. Sur la plage. La plage de caillasse. Z'en partaient jamais. Alors j'en ai prise une. Pas trop pourrie. Et j'ai suivi les habitudes. J'ai quitté l'Rocher. À l’œil. À l'instinct. J'ai suivi c'qu'elles m'avait soufflé, les vagues. Quitter la vie simple du Rocher, pour la liberté. Pour la terre ferme. Le monde des hommes. Le beau monde. Un monde fait de p'tits papiers. De « tu peux ». Et surtout de « tu peux pas ». Pas simple le monde. M'aimait pas. Moi non plus.
Mais t'méprends pas. J'aime pas ceux qui geignent. Les pleurniches, les sanglots, pas pour moi. Pas pour Jack. Se laisser prendre l'arrière par un monde qu'est pas l'tien, pas ma politique. Alors j'ai pris. Ça et là.
Aujourd'hui l'soleil brille. Bien haut. J'ai chourré un barque, et direction la prochaine île. Sur les vagues. Des copines maintenant, les vagues. Elles guident, sans mentir. Je flotte, je flotte, depuis si longtemps et j'ai la dalle. L'île est loin. Le soleil brille. Toujours. Et j'me dis :
Tellement j'ai la dalle. Bas non. J'clam'serai plus tard. Parce qu'mes copines m'amènent, juste là, un beau gros rafiot. Il sent l'pesos à plein pif. Le gigot au rôti. Alors j'fais des grands signes. J'agite les bras comme un putain d'singe. Et on m'le rend. On me r'père. On me r'père et on m'choppe, direct sur c'te beau raffiot.
L'capitaine m'accueille? Hautain. Y m'dit :
J'lui répond, langage des signes. Une droite qui file droit. Paf dans l'pif. Le vieux s'effondre et moi :
Calme le monde! C't'un pillage.
Que des pisses-froid sur le pont. Plein de « tu peux pas ». Mais j'peux. Y sont faibles, Y sont riches. Ils sont faibles, je suis fort. Et je rançonne.
Tout est sorti : la bouffe, le clinquant, le stock. L'équipage. Les passagers. J'ai fait l'tri. Le beau ici, la reste... la flotte. Accrochez la barque. Ma vieille barque. Et l'rafiot est à moi. Et l'rafiot est trop gros. J'ai fait trois lieux puis j'l'ai abandonné. Hop, dans la barquette de sauv'tage. Chargée la barque ! J'ai foutu l'feu au rafiot. C'tait joli. Coloré.
Autours, y a le peuple. Ça s'bouge, c'est l'activité ou la mort. On m'mire comme un déchet. Un clodo. J'dois en avoir l'allure, sûr. Alors j'traîne mes groles et j'tente de r'coller les pièces d'la soirée. Rude. Longue, sans hésiter. Y avait c'type... avec des gnôles pas poss'. Des trucs aux légumes. Qui t'foutent la tête en chantier. On a tout sifflé. Après, mystère. Des flash d'une taverne. D'un prolo qu'a trop gueulé et d'mon poing dans sa gueule. Une bonne soirée.
J'quitte le port et ça m'prend. J'gerbe, sur le vieux bois. Tout. C'qui fait beaucoup d'flotte. Puis ça passe. L'habitude. J'vois ça comme une puriréfaction matinal. Cherche pas, c'est pas au dico. Mais l'salut d'ma santé apparait, au détour d'une ruelle. Un troquet. Ouvert. C'est qu'il est passé midi. J'pousse la porte, pour foutre les panards dans un buigue pas plus moche qu'un autre. Sur c't'heure-ci, les clients s'font rares. Les trois gus qu'habitent l'endroit, c'est la fine fleur. Les vrais. Posé au bar, j'graille un r'montant au barman. Me l'sert. J'le vide. Un autre. Ça va mieux.
Le rhum ici est pas dégueu, alors j'suis resté un brin. La lumière se taille, et j'campe toujours sur mon tabouret. On m'sert sans rien dire, pro. Un bon bar. Tout va bien. Sauf un truc. Des types ont débarqué y'a pas une heure. Le genre bruyant. Sûr d'eux. Z'ont pris une table, et maintenant ça s'bavent des conneries en vidant des d'mis. Ça rigole fort et ça pourrit ton espace. Ça m'la fout mauvaise. J'suis pas encore r'mis, et les zouaves me tapent sur l'système. L'barman a r'marqué ça. C'est un bon. Y tente d'm'apaiser. Y m'file une tige. Va jusqu'à m'l'allumer. Brave gars. Pourtant y sait. L'est trop vieux pour y croire. Un moment, faudra qu'ça pète, c'est comme ça.
C't'une donzelle qu'a foutu l'feu au poudre. Bonne vanne. C'pour ça qu'on les chope pas sur les barques. Elles portent pas malheurs, elles rendent juste les mecs plus cons. On en a déjà pas b'soin. La donzelle rentre donc, et direct, elle pif que c'tait pas une idée lumineuse. Y a le braillage qui baisse d'un ton, et l'bar est en suspend. Elle capte, mais c'est trop tard, elle a les deux pieds d'dans.
Alors elle va s'poser au fond, à l'écart, pour s'faire oublier. L'est jolie, la donzelle. J'aurais pas le tronche ravache qu'j'tenterais l'coup. C'est pas l'cas, alors j'tire sur ma tige. Et j'vide mon verre. Mais les crasseux, derrière, z'ont pas ma retenue. Ils sifflent, et balancent des saloperies à propos d'la môme. Bas, d'abord, puis d'plus en plus fort. Un coup d'oeil, j'mire la gamine.
Elle tient la table comme si c'tait une fort'resse. Genre ça la sauvera. Mais elle est pas dupe. Alors elle prend son courage à deux doigts, et elle tente une carapatade. J'commande un autre verre. Sachant qu'ce s'ra l'dernier ici. L'brave mec me l'sert, la mort dans l'âme, mais j'ai la mine mauvaise. Y sait qu'y faut pas gratter. J'capte qu'un des types accoste la miss, aussi fin qu'moi dans douze secondes. J'vide mon verre et j'me lève.
La gamine est dos à moi, j'mire les globuleux du bientôt mort. En plein. Ma patte gauche écarte la frêle carcasse d'la môme. Pas l'temps d'le lire qu'ma droite s'écrase au milieu du pif de casanova. Il s'écroule. La miss s'e tire, sans un r'gard. Après, c'est un peu la foire.
Les zigs ont bondis. J'en ai rabattu un au sol, qu'était trop pressé. Ça a fait un sale bruit. Le type braille sur le plancher et une autre tronche d'caque envahit mes mires. J'ai les paluches occupées, et c'est un g'nou dans l'fondement qu'y s'prend, coté r'production. Un sourire m'gagne la trogne. Incontrôlé. Mais légitime. Jusqu'à ce que j'bouffe le sol.
C't'une chaise qui m'a valdingué dans l'arrière. On l'a aidée. Mais j'suis 'fin torché. Et mes nerfs aussi. Alors j'sens pas grand chose. Mon panard s'lance vers un cheville. Il touche. Ça craque. Et d'nouveau ce drôle de bruit. Un gros lourd saute sur moi. Salaud. J'allais m'relever. Me ceinture le cou avec ses gros bras, s'accroche comme un bébé koala. Tant pis pour lui. Tant pis pour moi. J'suis parti pour jouer l'manège, la toupie. Et si t'attrapes la floche, t'as droit à un tour en plus. Le type lâche, j'me dégage, lui vole vers l'bar. Et moi j'gerbe. Deux fois aujourd'hui. Chié.
Les péquins en ont profité pour me rosser sévère. Ça a duré un temps, puis y s'sont lassé. Z'allaient passer la porte et j'me suis marré. Comme ça. J'étais plein. Et j'ai dit au barman
'Sont revêches les filles, d'nos jours.
Ils m'ont r'mis double dose.
Héhé.
Ils m'ont r'mis double dose.
Héhé.
L'endroit est calme. La tempête est passée. C'est la nuit. Le barman me sert des verres à l’œil, parce que j'l'ai fait rigolé. Un brave mec, le barman.
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La vie sur l'Rocher était simple. Le jour, jtrainais les groles en quête de bouffe, l'soir j'mangeais rapide, pour pas m'faire piller. Puis je r'gardais les vagues, et là j'espérais. Et j'ai pas fait qu'espérer.
Les vagues. Putain c'que j'les ai r'gardées. Sac et Ressac. Claque sur le Rocher. Puis s'en va. Des heures, des jours, des mois. Et puis, le truc. Il apparait, me tape à la tronche. Quoi exact'ment ? J'en sais qued'. Mais j'l'ai capté, le truc. Elles vont, elles viennent, les vagues. Elles ont leurs habitudes.
Les barques c'était légion sur l'Rocher. Elles s'échouaient là. Sur la plage. La plage de caillasse. Z'en partaient jamais. Alors j'en ai prise une. Pas trop pourrie. Et j'ai suivi les habitudes. J'ai quitté l'Rocher. À l’œil. À l'instinct. J'ai suivi c'qu'elles m'avait soufflé, les vagues. Quitter la vie simple du Rocher, pour la liberté. Pour la terre ferme. Le monde des hommes. Le beau monde. Un monde fait de p'tits papiers. De « tu peux ». Et surtout de « tu peux pas ». Pas simple le monde. M'aimait pas. Moi non plus.
Mais t'méprends pas. J'aime pas ceux qui geignent. Les pleurniches, les sanglots, pas pour moi. Pas pour Jack. Se laisser prendre l'arrière par un monde qu'est pas l'tien, pas ma politique. Alors j'ai pris. Ça et là.
Aujourd'hui l'soleil brille. Bien haut. J'ai chourré un barque, et direction la prochaine île. Sur les vagues. Des copines maintenant, les vagues. Elles guident, sans mentir. Je flotte, je flotte, depuis si longtemps et j'ai la dalle. L'île est loin. Le soleil brille. Toujours. Et j'me dis :
C'est un beau jour pour clamser, non ?
Tellement j'ai la dalle. Bas non. J'clam'serai plus tard. Parce qu'mes copines m'amènent, juste là, un beau gros rafiot. Il sent l'pesos à plein pif. Le gigot au rôti. Alors j'fais des grands signes. J'agite les bras comme un putain d'singe. Et on m'le rend. On me r'père. On me r'père et on m'choppe, direct sur c'te beau raffiot.
L'capitaine m'accueille? Hautain. Y m'dit :
Tu t'es perdu ?
J'lui répond, langage des signes. Une droite qui file droit. Paf dans l'pif. Le vieux s'effondre et moi :
Calme le monde! C't'un pillage.
Que des pisses-froid sur le pont. Plein de « tu peux pas ». Mais j'peux. Y sont faibles, Y sont riches. Ils sont faibles, je suis fort. Et je rançonne.
Tout est sorti : la bouffe, le clinquant, le stock. L'équipage. Les passagers. J'ai fait l'tri. Le beau ici, la reste... la flotte. Accrochez la barque. Ma vieille barque. Et l'rafiot est à moi. Et l'rafiot est trop gros. J'ai fait trois lieux puis j'l'ai abandonné. Hop, dans la barquette de sauv'tage. Chargée la barque ! J'ai foutu l'feu au rafiot. C'tait joli. Coloré.
J'crois qu'maintenant on peut l'dire. J'ai fait c'qu'on peut pas. J'ai pris. J'ai jeté ; puis j'ai brulé.
J'crois qu'maintenant, Jack est un pirate.
J'crois qu'maintenant, Jack est un pirate.
Dernière édition par Jack Sans Honneur le Mar 16 Aoû 2011 - 17:12, édité 2 fois