-Alors, bordel, il arrive ce cocktail? »
-Si y'en a un qui crie, j'met la tête de la p'tite dans un sens où elle pourra voir elle-même son joli p'tit cul. J'veux pas un mot, pas une protestation. Maint'nant, les gueules d'endives, faites moi bouger c'rafiot avant qu'les gens autour trouvent ça louche. Et souriez. Faut qu'y croient qu'on part tous ensemble pour s'amuser. »
-Eva! Laisse tomber le cocktail et attends moi dans la cabine. J'vais pisser un coup et j'te r'joins. »
* * * * * *
-Penelope! Va m'chercher un autre cocktail. Eva est pas en état. Puis va te planquer à l'intérieur. Les gueules d'endive, vous restez, et vous écouterez bien c'que j'vous dirais quand j'vous r'joindrais. On va essayer d'pas finir par le fond à nourrir la poiscaille. Mais en attendant, j'ai soif!»
-P'tain, vous r'gardez quoi? »
-Mais bordel, d'où il vient c'lui là? »
-Ecoute gamin, j'sais pas d'où tu viens, mais t'as intérêt à y retourner vite fait si tu veux pas que j'te serve en steak haché aux requins. »
Il faisait beau, il faisait chaud, mais une douce brise venait rafraichir le fond de l'air. L'océan était calme, le navire tanguait lentement sur les vaguelettes qui venaient frapper la coque. Affalé sur une chaise à dossier penché, Noah profitait de pouvoir se la couler douce. Trois jours avaient passés depuis qu'il avait embarqué avec la famille Cruz. Ces derniers étaient composés de Gueule d'endive 1, le père, Gueule d'endive 2, le fils, Penelope, la mère, et Eva, la fille. Les deux premiers avaient respectivement la quarantaine et la vingtaine, environ. Enfin, c'est ce qu'estimait le pirate, mais étant donné qu'il se foutait royalement de leur vie, il n'avait pas creusé la question plus en profondeur. En revanche, en... « profondeur », il y avait été avec Penelope et Eva. La première avait 39 ans, la seconde 19. Elles étaient toutes les deux pas bien grandes, mates de peau, brunes, aux yeux noirs... Fines et de belles rondeurs là où il faut. Tout ce qui plaisait au colosse, quoi. C'est en les voyant embarquer sur ce navire qu'il avait décidé de faire un bout de voyage avec eux.
Il ne leur avait pas vraiment laissé le choix, à vrai dire. Junior était monté sur le pont à leur suite avant qu'ils n'aient le temps de relever la passerelle d'embarcation. Puis il avait poussé cette dernière à l'eau, attrapé la fille d'un bras, sa gorge de la main, et lancé à la petite famille qui semblait partie pour une petite virée en mer :
Il ne leur avait pas vraiment laissé le choix, à vrai dire. Junior était monté sur le pont à leur suite avant qu'ils n'aient le temps de relever la passerelle d'embarcation. Puis il avait poussé cette dernière à l'eau, attrapé la fille d'un bras, sa gorge de la main, et lancé à la petite famille qui semblait partie pour une petite virée en mer :
-Si y'en a un qui crie, j'met la tête de la p'tite dans un sens où elle pourra voir elle-même son joli p'tit cul. J'veux pas un mot, pas une protestation. Maint'nant, les gueules d'endives, faites moi bouger c'rafiot avant qu'les gens autour trouvent ça louche. Et souriez. Faut qu'y croient qu'on part tous ensemble pour s'amuser. »
Il enlaça un peu plus étroitement la jeune fille et l'embrassa dans le cou. On le prendrait facilement pour son fiancé. Bon, l'écart d'âge était plutôt important, mais ce n'était pas si important, ça arrivait. Après quoi, les deux hommes de la famille, quoique l'air nerveux et fébriles malgré leurs sourires forcés, mirent les voiles et ils quittèrent la petite île touristique sur laquelle ils vivaient. Le Fringuant était un rafiot de plaisance, fait pour les petites familles aisées qui aimaient les promenades en mer. Il n'était pas bien grand, mais suffisamment tout de même pour qu'on y trouve une cuisine, un garde manger, et une cabine pour quatre. Cabine que le géant s'empressa d'ailleurs d'essayer avec Penelope, puis Eva, puis les deux, lorsqu'il fut suffisamment loin de la côte pour être sûr que les deux autres ne feraient pas demi-tour pendant qu'il ne les surveillait pas. Oh bien sûr, tout ne fut pas si simple. Gueule d'endive 1 et Gueule d'endive 2 essayèrent bien de maîtriser le géant qui les avait agressé quand il lâcha enfin son otage, mais une paire de claques bien dosées, et ils finirent par se dire que finalement, s'il suffisait de naviguer et de ne pas entendre les bruits venant de la cave pour ne pas se faire arracher les dents une à une, sans parler du reste de l'anatomie, et ce seulement jusque la prochaine île, bah c'était pas si terrible finalement, hein.
Bref, trois jours plus tard, il était tranquillement sur le pont à profiter du beau temps en picolant. Ca aurait pu être parfait, sans deux fâcheux détails. D'abord, seules les femmes de la famille Cruz buvaient, - « Des tafioles, ces gueules d'endives! » - et elles buvaient exclusivement des cocktails fruités. Ni rhum, ni bière sur ce fichu bateau. Pas une seule vraie boisson de pirate quoi. Enfin bon, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Noah s'en contenta, et les deux jeunes femmes, quand elles ne passaient pas leur temps avec lui en cabine, lui préparaient ces breuvages dans de petits verres à pied – ridiculement fragiles. Il en brisa quatre rien qu'en les serrant trop fort. - avec une olive sur un cure-dent à l'intérieur et une petite ombrelle pour faire bien. Le géant se sentait ridicule à boire ce genre de choses, et avait bien du mal avec ses grandes paluches à les tenir correctement. A cela venait s'ajouter les nuages sombres qui s'amoncelaient à l'horizon. Une tempête se préparait. Bon, à cette distance, il y avait encore l'espoir qu'elle ne se dirigeait pas dans leur direction. C'était difficile à dire. Mais très honnêtement, le forban n'y croyait pas trop. Il avait suffisamment d'expérience pour savoir quand l'océan décidait que tout était trop beau et qu'il fallait que vous vous en preniez un peu dans la tronche. Bon, ce ne serait pas le premier grain qu'il essuierait lui-même, mais Junior n'était pas certain que les deux hommes Cruz aient autant d'expérience que lui. Si leur navire devait effectivement en passer par cette perturbation, le géant devrait les aider. Et puis merde quoi! Cela ne faisait que trois jours qu'il pouvait se la couler douce en se prenant pour un nanti avec tous les services et serviteurs qui allaient avec, qu'il devrait déjà se remettre au boulot. Enfin, il avait encore le temps d'en profiter un peu, si cela devait effectivement arriver.
Bref, trois jours plus tard, il était tranquillement sur le pont à profiter du beau temps en picolant. Ca aurait pu être parfait, sans deux fâcheux détails. D'abord, seules les femmes de la famille Cruz buvaient, - « Des tafioles, ces gueules d'endives! » - et elles buvaient exclusivement des cocktails fruités. Ni rhum, ni bière sur ce fichu bateau. Pas une seule vraie boisson de pirate quoi. Enfin bon, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Noah s'en contenta, et les deux jeunes femmes, quand elles ne passaient pas leur temps avec lui en cabine, lui préparaient ces breuvages dans de petits verres à pied – ridiculement fragiles. Il en brisa quatre rien qu'en les serrant trop fort. - avec une olive sur un cure-dent à l'intérieur et une petite ombrelle pour faire bien. Le géant se sentait ridicule à boire ce genre de choses, et avait bien du mal avec ses grandes paluches à les tenir correctement. A cela venait s'ajouter les nuages sombres qui s'amoncelaient à l'horizon. Une tempête se préparait. Bon, à cette distance, il y avait encore l'espoir qu'elle ne se dirigeait pas dans leur direction. C'était difficile à dire. Mais très honnêtement, le forban n'y croyait pas trop. Il avait suffisamment d'expérience pour savoir quand l'océan décidait que tout était trop beau et qu'il fallait que vous vous en preniez un peu dans la tronche. Bon, ce ne serait pas le premier grain qu'il essuierait lui-même, mais Junior n'était pas certain que les deux hommes Cruz aient autant d'expérience que lui. Si leur navire devait effectivement en passer par cette perturbation, le géant devrait les aider. Et puis merde quoi! Cela ne faisait que trois jours qu'il pouvait se la couler douce en se prenant pour un nanti avec tous les services et serviteurs qui allaient avec, qu'il devrait déjà se remettre au boulot. Enfin, il avait encore le temps d'en profiter un peu, si cela devait effectivement arriver.
-Eva! Laisse tomber le cocktail et attends moi dans la cabine. J'vais pisser un coup et j'te r'joins. »
* * * * * *
Deux heures plus tard, Noah remonta sur le pont. Le vent avait forci, tout comme la houle. Les vagues étaient hautes à présent, les nuages sombres les recouvraient, comme si le dieu de la foudre les bordait en leur promettant de doux cauchemars. Le géant se gratta la barbe, estima qu'il avait encore un peu de temps avant d'entrer au cœur de la tempête et retourna s'affaler sur sa chaise.
-Penelope! Va m'chercher un autre cocktail. Eva est pas en état. Puis va te planquer à l'intérieur. Les gueules d'endive, vous restez, et vous écouterez bien c'que j'vous dirais quand j'vous r'joindrais. On va essayer d'pas finir par le fond à nourrir la poiscaille. Mais en attendant, j'ai soif!»
En leur adressant ses ordres, le pirate remarqua que les trois Cruz restés sur le pont pendant son absence échangeaient des regards furtifs. Bizarre... Quand Penelope lui apporta sa boisson, elle jeta, brièvement mais très clairement, un regard vers les flots, derrière lui. A bien y regarder, les deux hommes regardaient souvent dans la même direction.
-P'tain, vous r'gardez quoi? »
Rien lui assurèrent-ils. Le colosse se leva et jeta un œil dans la même direction. Pile au même moment, une vague plus grande que les autres encore lui masqua l'embarcation qui approchait, et dont la petite famille espérait qu'elle apportait du secours. Aussi Noah haussa-t-il les épaules avant de retourner s'asseoir en sirotant son cocktail. Il resta ainsi un bon quart d'heure, à sentir le vent lui souffler de plus en plus fort dans les poils. Quand finalement la pluie commença à tomber, il se dit qu'il était temps de s'y mettre. Surtout que les deux gueules d'endives semblaient de plus en plus dépassés par la vigueur des éléments. C'est en étant à nouveau debout que le pirate remarqua le jeune homme en train d'enjamber la balustrade arrière du navire. Il cligna des yeux une ou deux fois, haussant les sourcils.
-Mais bordel, d'où il vient c'lui là? »
C'est vrai quoi, depuis quand les gens apparaissent de nulle part comme ça, au beau milieu de l'océan? Bordel, il l'aurait vu approcher tout de même! Alors comment... Oh et puis merde! Réfléchir à tout ça, c'était trop fatiguant pour le vieux marin. Tout ce qui comptait, c'était qu'il ne voulait de personne d'autre à bord de son rafiot. C'était ses donzelles, et ses serviteurs. Il n'en avait pas besoin d'un autre. Déjà que deux hommes à bord, ça l'ennuyait. Enfin, il fallait reconnaître que sans eux, il aurait été un bien ennuyé. Ce navire ne pouvait pas être dirigé par une seule personne. Bref, tout de même, ce n'était pas une raison pour en accepter un nouveau. Le pirate allait balancer rapidement cet intrus à la flotte, puis s'occuperait d'affronter le grain qui approchait de plus en plus. Le vent et la pluie avaient encore forcis. Noah marcha donc en direction du jeune homme en le dominant de toute sa taille, cherchant à l'impressionner.
-Ecoute gamin, j'sais pas d'où tu viens, mais t'as intérêt à y retourner vite fait si tu veux pas que j'te serve en steak haché aux requins. »
Dernière édition par Noah J. Siegfurson le Mar 16 Aoû 2011 - 19:04, édité 1 fois