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Une visite imprévue [Ft. Alaaric]

Une visite imprévue [Ft. Alaaric] Z9gz
Matricule 10325

Le jour se levait, le blizzard soufflait et les derniers forçats travaillant de nuit regagnaient leurs baraquements sur l’île de Tequila Wolf. Dans un bâtiment de bois à l’écart, seule la faible lueur d’un poêle en mauvais état éclairait des rangées de lits superposés bringuebalants, semblant attendre le moindre prétexte pour s’écrouler sous le poids pourtant ridicule des personnes les habitant.
Sur un lit du haut, un petit garçon blondinet vieux de bientôt douze ans dormait en position fœtale, allongé sur un matelas fin et usé jusqu’à la corde, enroulé dans une couverture miteuse et se servant d’un de ses bras comme oreiller. Aujourd’hui, il dormait paisiblement, rêvant à ces jours meilleurs quand il vivait de sa passion, avant de se retrouver dans cet enfer blanc ou le soleil apparaissait aussi rarement que les jours où il mangeait à sa faim. Quelques mois auparavant, il ne dormait pas aussi bien : quand il était arrivé ici, Timothée s’était fait surnommer le "le pleureur" tant ses lamentations incessantes avaient agacé ses codétenus. Sanglotant de jour en cassant des cailloux toujours plus nombreux et de nuit en essayant de trouver un sommeil inaccessible, il s’était à un moment rabaissé à manger la neige pour ne pas mourir de déshydratation.
Et puis, les jours passant, les douleurs musculaires s’amoindrirent, l’écho du marteau du juge résonnait de moins en moins fort dans sa tête… Mais surtout, c’était ce qui l’entourait qui avait amené le petit Timothée à relativiser sur sa situation… Lui était ici pour des crimes dont il était coupable, il ne pouvait pas nier ou feindre l’ignorance, pas plus qu’il ne pouvait prétendre ne pas l’avoir vu venir. Mais combien d’enfants parfois plus jeunes que lui étaient enfermés comme lui, pour le seul crime d’être venus au monde sur cette île ? Combien d’hommes de femmes et d’enfants ne pourraient jamais en sortir à cause de leurs idées alors que le juge l’avait simplement condamné lui à passer 2 petites années dans cette antichambre de l’enfer ? Cela faisait quatre mois maintenant que Timothée était devenu un bagnard, et son sort il avait fini par l’accepter… Par contre celui des autres, ça c’était quelque chose qu’il ne pouvait pas accepter.

On dit souvent que la prison est une université du crime, et Tequila Wolf ne faisait pas exception ! Mais ici, c’était un autre genre de cursus que dans une prison standard qui se développait : ce n’était pas l’école de la violence et du vice, mais plutôt celle de l’entraide de la haine… Une haine contre les gardiens, contre le gouvernement mondial, contre les juges, les riches, les marines… Le CP… Dans tous ces mois passés ici, Timothée n’avait de cesse de ce souvenir de l’homme qui lui avait tout fait perdre, soit disant pour aider le gouvernement… Sa seule récompense ? Sa vie brisée désormais, et mise entre parenthèse pour au moins les deux années à venir ! Non, Timothée n’allait pas ressortir d’ici réformé, mais plutôt déterminé… Déterminé à changer radicalement le jeu auquel il jouait.

Pour le moment cependant, Timothée était profondément dans les bras de Morphée, profitant avec délectation d’un formidable rêve le transportant loin de cet endroit maudit. Mais son répit ne serait que de courte durée puisque à peine quelques instants plus tard, la porte du baraquement s’ouvrit en grand pour laisser entrer un vent glacial qu’il accompagna d’un beuglement, à peine couvert par le blizzard.

- Debout les mioches ! C’est l’heure ! J’veux voir tout le monde dehors dans 3 minutes !
Sur ce, le gardien claqua la porte et Timothée (ainsi que tous les autres petits bagnards enfants) sautèrent de leur lit pour revêtir leur uniforme et les maigres équipements de protection contre le froid qu’on leur fournissait.

Machinalement et tout en baillant, Le petit blondinet boutonna une chemise de lin grossier arborant pour tout motif des rayures horizontales et son matricule inscrit dans un petit rectangle blanc au niveau de sa poitrine. Puis il enfila le pantalon décora du même motif avant d’ajuster sur ses épaules les bretelles servant à le retenir. Quand il était arrivé, Timothée s’était fait appeler un ‘nacré’, comme tous les autres nouveaux arrivants, car son uniforme neuf arborait alors une coloration bien propre et claire… Aujourd’hui par contre, il faisait partit des ‘anciens’, reconnaissables à leurs rayures noire tirant sur le gris foncé et les blanches sur le beige légèrement jaunit… Il faut dire aussi que les douches, comme les lessives, étaient rares ici… Bien plus considérées comme un confort inutile qu’une nécessité ; seule la température glaciale qui régnait en permanence empêchait la propagation de maladie au sein des baraquements.

Une fois équipé d’une écharpe, d’un manteau miteux et d’un petit calot rayé qui ne faisait absolument rien pour protéger sa tête du froid, le petit Timothée alla rejoindre la colonne d’enfants au garde-à-vous devant la porte d’entrée du baraquement. Debout sur une potence qui ne contenait personne dans son nœud coulant aujourd’hui, le gardien fit l’appel des jeunes prisonniers par leurs matricules. Depuis qu’il était arrivé, Timothée avait eu la chance de ne pas devoir assister à l’agonie d’un de ses camarades sur ce gibet, mais de ce qu’on lui avait raconté, les gardiens n’étaient pas au-dessus d’exécuter quiconque pour la plus petite des incartades si le besoin d’un exemple se faisait sentir. Encore une fois, une excellente façon de galvaniser un peu plus les prisonniers les plus jeunes et malléables contre le gouvernement mondial.
Une fois l’appel des numéros terminés, un autre gardien commença à relier entre elles les chevilles des condamnés à l’aide d’épaisses chaînes. L’utilisation d’un tel accessoire rendait le moindre déplacement impossible sans une coordination millimétrée que les gardiens eux-mêmes donnèrent alors.

- Aujourd’hui, vous allez creuser un canal découlement ! A droite ! A mon commandement ! UN ! DEUX ! UN ! DEUX !
La colonne d’enfants enchaînés les uns aux autres se mit alors en mouvement, dans un vacarme assourdissant provoqué seulement par les manicles s’entrechoquant avec les chaînes trainant dans la neige à moitié fondue de la cour. Lentement mais sûrement, dans une chorégraphie parfaitement coordonnée et robotique, les petits prisonniers quittèrent l’enceinte de leur section grillagée pour se diriger vers leur lieu de travail pour la journée.

Après une marche de plus de vingt minutes (qui n’en aurait pris que 3 sans ces chaînes), On fournit au blondinet et à tous les autres une pioche destinée au brisage des rochers bloquant le tracé du futur canal. A perte de vue, la monotonie de la neige n’était brisée que par les rayures noires des uniformes des prisonniers : adultes ou enfants, hommes ou femmes, assignés à la pierre ou autre chose, la population de personnes présentes dans leur uniforme de misérables était simplement époustouflante à cet endroit inhumain.
Une fois que toute la rangée des bagnards juvéniles eurent tous reçu leur instrument de travail, Le plus grand de la colonne prit une grande inspiration et, essayant de couvrir le bruit du vent, il chanta avec puissance.


J’pète des cailloux dans le blizzard !
J’ai défié l’GM et il a gagné !
J’ai défié l’GM et il a gagné !
J’voulais manifester, j’me suis fait griller !
J’ai défié l’GM et il a gagné !
J’ai défié l’GM et il a gagné !

Rapidement, les garçons et les filles de la chaîne commencèrent à se synchroniser, tapant dans les cailloux face à eux en rythme quand une ligne s’achevait. Certains, comme Timothée, n’étaient pas de suffisamment mauvaise humeur pour rester silencieux et bien vite, le bruit du blizzard fut couvert par une cacophonie de chants (pas toujours justes) mais tous magnifiquement réglés pour abattre leur pioche d’un coup sec au même moment… Cela avait le mérite d’économiser leurs oreilles à tous.
Ainsi se résumait maintenant le quotidien de Timothée : cassage de pierre, rayures, chants de travail et sueur… Parfois accompagné d’un repas quand les gardiens l’autorisaient. Timothée s’endurcissait, sachant qu’il n’avait que deux ans à rester ici avant de retrouver sa vie. Beaucoup des enfants avec qui il partageait le dortoir n’avaient pas cette chance et, contrairement à lui, n’avaient même rien fait pour mériter cela, si ce n’était d’être nés ici de parents prisonniers.
Ses misères paraissaient bien maigres en comparaison de celles de beaucoup d’autres… Comme le dit le dicton : quand on se regarde, on se désole… Quand on se compare, on se console…
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En ce jour, je me souvenais d'une mission il y a quelque temps, ou j'avais dû mettre un terme a un trafic d'armes. Ou plutôt, j'avais dû détruire une cargaison d'arme en mettant a genou des hommes de la révolution, une mission que j'avais brillamment menée. Je me souvenais d'un jeune garçon que j'avais dû mettre a contribution en lui faisant voler des registres de vente a la concurrence. Je lui avais promis qu'il ne risquait rien, que je le sortirais de prison s'il venait a se faire capturé.

D'ailleurs, là, que j'y pense, j'étais pratiquement sûr d'avoir oublié quelque chose lors de cette mission... Le petit m'avait donné les registres, Check, identification et arrestation de la menace, Check, s'arranger pour que le gamin face diversion et disparaisse quelque temps pour ne pas éveiller les soupçons , Check, Destruction de la cargaison d'arme, Check, rapport de mission, Check! Faire retourner le petit chez lui, Ch- ...

.... ....

Je l'avais bien fait retourner chez lui n'est-ce pas ? De plus, j'avais eu l'idée de lui faire une proposition a mon retour. Je me souviens que j'avais enchaîné cette mission directement avec une autre. Voilà que j'avais le doute. Alors que j'étais dans mon bureau, me voici a regarder dans mes dossiers.... Comment il s'appelait le petit, Tim, Timmy? Timothée ? C'est ça !

Timothée Lendrickson, j'avais son dossier dans les mains alors qu'en première page un mot écrit " À s'occuper plus tard". .... .... Ça veut dire que ? .... .... Non... Oups?... Bon ben, vaux mieux tard que jamais. Me voici a me mettre directement en route pour Tequilla,le voyage fut plus pu moins rapide alors que j'arrivais a la prison pour enfant, non sans prendre le temps de prendre un petit déjeuné, après tout, je suppose qu'on n'était pas a cinq minutes prêt.

J'arrivais a la prison, alors que j'avais prévenu ceci de mon arrivé, directement diriger en salle de visite, je donnais l'ordre d'aller me chercher tim' en préparant ses papiers de libération. J'avais mon idée en tête, mais cette situation me rappeler étrangement quelque chose. Ça me semblait déjà loin. Le sourire en coin, je commandais un café au passage.
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Alors même que le vaisseau d’Alaaric ne démarre sa manœuvre d’appontage, une importante colonne de jeunes prisonniers en tenues rayées se tenait au garde-à-vous sur le port, sous l’œil attentif et sévère de quelques gardes armés patibulaires.

Aussitôt que le navire démarrait sa manœuvre d’appontage, quelques adolescents à l’air plus mature et solide que leurs co-détenus pré-pubères s’affairèrent à lancer les cordes sur le pont du bateau, travaillant en parfaite collaboration et dans une discipline militaire pour l’amarrage soit le plus doux et rapide possible… A ce stade, les beuglements du gardien-chef ordonnant aux garçons de s’activer alors même qu’ils semblaient travailler d’arrache-pied étaient certainement la nuisance la plus importante qu’Alaaric avait le déplaisir d’expérimenter. Une fois la passerelle d’embarquement mise en place, une horde de petits garçons et de petites filles abordèrent le vaisseau avec en main des balais, seaux, chiffons et tous autres ustensiles qu’ils avaient ordre d’utiliser pour que le navire "brille" quand il allait repartir ; une belle ironie du sort quand on pouvait aisément constater à l’œil nu (et à l’odeur) que le dernier bain de la plupart de ces petits êtres devait remonter à plusieurs semaines, et on ne parle pas de la lessive…

Une fois qu’il fut à terre, le gardien-chef s’avança vers Alaaric, la main tendue et un sourire aussi poli qu’intéressé affiché sur son visage.

- Monsieur Minaro ! J’espère que votre voyage s’est bien passé, bienvenue sur Tequila Wolf !
Le gardien-chef s’accorda un bref moment de silence avant poser une question à Alaaric.
- Puis-je vous demander la raison de votre visite parmi nous ? ACTIVES-TOI TOI !
Même avec tout le zen-control de la terre, ne pas sursauter à cette soudaine et violente agressivité aurait été un exploit, en tout cas le récipiendaire de cette colère eu visiblement une peur bleu ! Cet éclat était dirigé vers un petit garçon en pyjama rayé passant non loin. Equipé d’une raclette dans une main et d’un seau dans l’autre, le petit bagnard qui avait eu le malheur de passer trop près des deux hommes accéléra le pas jusqu’à un trot aussi rapide que les manicles qu’il portait à ses chevilles ne l’autorisait.
Pour autant que le gardien-chef avait cependant l’envie d’accueillir son hôte avec tous les égards dus à son rang, Alaaric put cependant lire sur son visage une grimasse contrariée quand il demandé (ou exigea ?) un petit-déjeuner et un café. Il amena donc Alaaric dans un bâtiment de la capitainerie et l’installa derrière un bureau d’où il sortit une jarre de café venant visiblement de sa réserve personnelle. Tandis que le gardien-chef terminait le breuvage et que ses hommes s’activaient pour la raison pour laquelle Alaaric était venu, une jeune fille en tenue de bagnarde franchit la porte, silencieuse et l’air abattue, avant de déposer son plateau de petit-déjeuner face à Alaaric. Sans un mot, elle se retira avant que l’odeur nauséabonde de ses guenilles de prisonnière ne coupe l’appétit à Alaaric.

Pendant que l’agent du CP se prélassait dans le bureau de la capitainerie, le petit Timothée lui cassait quelques cailloux avec entrain. Cela faisait maintenant une heure que lui et l’ensemble de ses camarades tapaient de leur pioche sur les rochers face à eux avec une impressionnante régularité. Comme à son habitude, le jeune blondinet s’était joint au chant de travail de ses camarades, qui permettait au moins de faire passer le temps un peu plus vite. Certains chantaient, faux, d’autres dans leur barbe, d’autres même avec une joie qui contrastait violemment avec les conditions dans lesquelles leurs vies se déroulaient. Pour sa part, Timothée avait son propre jeu : il essayait de se concentrer sur une voix dans la masse, et il fallait alors trouver à qui appartenait cette voix ! Un défi difficile, d’autant qu’il ne connaissait que vaguement les garçons et filles venant de son baraquement uniquement, mais faute de mieux c’était probablement le meilleur des jeux auquel il pouvait jouer ici.
Alors cependant qu’il levait sa pioche pour asséner au rocher son 536ème coup de la matinée, la voix d’un gardien interrompit l’ensemble de la chaîne en l’attente de nouvelles instructions.

- On demande le matricule 10325 ! 10325, maintenant !
Un frisson parcouru l’échine de Timothée : il n’avait aucune idée de pourquoi on voulait le voir mais cela n’augurait rien de bon, c’était rarement bon quand ils appelaient un prisonnier seul ! Mais bon ou pas, ça serait pire de toute manière si il ne se manifestait pas, aussi mit-il au garde-à-vous et ôta son calot avant de répondre.
- Matricule 10325 monsieur ! Présent monsieur !
Protocole impeccable, au moins c’était un bon point… Pendant que ses camarades se remettaient au travail, le garçon resta raide comme un piquet tandis que le gardien le détachait la chaîne pour ensuite le menotter d’une chaîne individuelle : une paire de menottes ainsi que des manicles aux pieds, reliées ensemble par une lourde chaîne afin de limiter tout mouvement brutal et/ou agressif. Timothée n’était pas surpris, c’était le dispositif par défaut quand un prisonnier devait quitter sa chaîne, pas une punition… Ce qui l’inquiétait plus, c’était la raison pour laquelle il était sortit de son groupe.
La marche fut longue jusqu’à la capitainerie : Tim avait de bien petites jambes et avec en plus se chaînes aux pieds, garder le rythme des deux gardes qui l’encadraient était un véritable numéro de gymnastique. Au moins, le besoin de ne pas se casser la figure accaparait toute son attention aussi la tension qu’il ressentait descendit un peu… Pour remonter de plus belle une fois face à la porte de la capitainerie. Les deux gardes frappèrent pour informer le chef que le prisonnier demandé était là… Le chef voulait le voir ? Ca devait être grave… Le petit garçon se décomposa à l’annonce de cette nouvelle et commença à se préparer mentalement à une punition qui serait sans doute dans les annales (même s’il ne savait pas pourquoi il aurait été puni…). Mais malgré sa préparation, rien l’avait emmené à anticiper le visage se trouvant derrière la porte quand cette dernière s’ouvrit…

- VOUS ?!!!

- pfffff…. Pfff… Oh putain !
- je m’y… Je m’y attendais pas !
- Aaah…. Aaaaah…. Bon nez… aaaarg… C’est un démon… Un démon ce gosse !
- Fous auriez put prévenir, fi ai laiffé des dents à cause de fous !
Cette critique véhémente dirigée vers Alaaric avait été formulée par un garde amoché tandis que le petit blondinet gisait au sol, une épaisse bosse en forme d’œuf de poule sur l’arrière de la tête tandis ses yeux étaient transformés comme en un petit tourbillon noir. A l'instant où il avait aperçu Alaaric, le garçon s'était précipité vers lui, les mains tendues et une envie de vengeance suintant de chaque fibre de son être alors que les gardiens régissaient presque au ralentit, semblant totalement pris au dépourvu par la réaction du garçon. En a peine moins d’une minute s’était écoulée depuis que Timothée avait posé ses yeux sur Alaaric, mais en l’espace de cette seule minute, le bureau de la capitainerie avait été le théâtre d’une telle furie qu’il ressemblait maintenant plus à une scène post-apocalyptique qu’un bureau. Après cette tempête dirigé contre l’agent du CP et que les gardes avaient eu bien du mal à retenir (et qui avait fait des dommages collatéraux comme le témoignait les objets de mobilier brisés et les feuilles de papier déchirées partiellement brûlées qui voletaient dans la pièce), ils avaient non sans mal réussi à assommer le petit et il gisait maintenant par terre, les épaisses menottes autours de chacun de ses membres toujours intactes.
Blessés mais toujours conscients et encore sous le choc d’une telle violence venant d’un gamin haut comme trois pommes (et solidement attaché en plus !) les gardiens posèrent leurs yeux sur Alaaric en l’attente d’une quelconque instruction concernant le prépubère en pyjama rayé qui faisait dodo sur le plancher…
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Finalement, j'atterrissais dans un bureau a attendre assez sagement Timothée pendant qu'on le mènerais jusqu’à moi. Sage ? On ne peut pas dire que c'est le genre d'attitude qu'adopta le jeune homme lorsqu'il fut dans la pièce. Mais lorsqu'il se transformait en furie, je ne bougeais pas d'un pouce... Du moins, c'est ce qu'il croyait.

Après l'avoir laissé démolir une bonne partie du bureau, je tirais des fils pratiquement impossibles a voir a l'œil nue. Alors qu'il ne comprendrait pas vraiment ce qui se passait, le voilà immobilisé. Les marines lui mirent des menottes, et se mirent a me fixer. Assez rapidement, je donnais l'ordre de le détacher. Je bougeais légèrement les doigts, alors qu'il s'installait bien sagement dans le siège. Il ne bougeait plus que selon ma volonté et il tarderait sûrement a le comprendre, mais il apprendra pourquoi on m'appelle le marionnettiste a la dure. Cela dit, j'avais bien aimé son énergie, une énergie que je pourrais peut-être utiliser a bon escient.

Je demandais aux marines de tous quitter la pièce, alors que je prenais enfin la parole, après que ceci se soit exécuté :


" Et bien... En voilà de la rancune. Tu n'avais qu'à ne pas te faire attraper si tu ne voulais pas avoir a patienté bien gentiment que je vienne te chercher. "

Je croisais les mains, tout en reprenant :

" - Je viens tenir ma promesse. Tu sors de prison dès aujourd'hui. Tu va retrouver ta liberté, et pouvoir retourner a ta petite vie tranquille. Ou alors... "

Je prenais un sourire, et un regard un peu plus amusé. Qui aurais cru qu'un jour, je ferais ce genre de proposition, mais je suppose que les choses avaient bien changé depuis qu'on me l'avait faite avant :

" - Si tu le souhaites, tu peux t'engager dans un programme de formation afin de devenir un agent du gouvernement. Mes supérieurs n'aiment pas vraiment laisser le choix, mais si tu t'engages, je veux que ça soit ta décision. Tu seras bien évidemment rémunéré, tu n'aura plus aucun problème a ce niveau-là, de plus ton casier sera entièrement blanchi. Tu sera éduqué aussi bien aux sciences du combat qu'à la science plus scolaire... Cela dit, il faut que tu saches quelque chose... Si tu acceptes, tu n'auras aucun moyen de revenir en arrière, ne penses même pas pouvoir te jouer du gouvernement. "


Je lançais beaucoup d'information de but en blanc, et le jeunot aurait certainement du mal a assimilé tout ce que je venais de lui dire, mais si comme je le pense ce gamin joue plus au imbécile qu'il ne l'est, il sera bien obligé de se montrer un peu. J'observais sa réaction, il devait certainement être sois choqué, sois ne rien comprendre a ce qu'il se passait... On verra bien, de mon côté, je continue de croire qu'avec une formation adapté, ce petit a du potentiel.


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Après un bref dodo, le jeune Timothée fut remis sur ses pieds par les gardiens qui, cette fois-ci, le tenaient avec une fermeté bien plus grande qu’apauravant. Il faut dire qu’avec son physique de crevette d’autant plus famélique avec la malnutrition du bagne, il ne passait pas vraiment pour un détenu qui pouvait retourner un bureau dans un accès de colère… Au contraire, jusqu’à maintenant son dossier pénitencière était exemplaire et nul doute qu’après cet épisode, il allait faire connaissance avec le trou un petit moment…

Mais qu’importe le trou, car il était là, face à lui : l’homme qui lui avait tout prit, face à lui sirotant son petit thé comme si de rien était pour ajouter encore un peu de sel dans la plaie. Il voulait qu’ils soient seuls ? Parfait ! Une fois ces gardes dehors, Timothée allait lui faire sa fête… Même si la corde l’attendait à l’issu de cette action, le garçon était dans un état de rage trop important pour penser à sa survie.
Alors que les gardes quittaient la pièce, le blondinet se tenait prêt à bondir sur Alaaric pour serrer ses mains autours de son cou et… Et rien du tout… Rapidement, la colère retomba pour faire place à une importante panique alors que Timothée se rendait compte que, malgré tous ses efforts, il n’était plus maître de ses mouvements ! Il mit quelques instants à comprendre qu’Alaaric le manipulait comme une petite marionnette, prisonnier dans son propre corps maintenant en plus de l’être au bagne.
Les yeux de Timothée commencèrent alors à se remplir de larmes de rage et d’impuissance : il était là, face à lui et dans la plus grande impunité possible, il n’y pouvait rien ! C’est alors que l’homme prononça des mots qui firent une nouvelle fois exploser de colère le garçon, bien qu’il n’eût pas cette fois-ci l’opportunité de joindre le geste à la parole. Quand il eu terminé sa petite phrase, Timothée répondit d’une voix cassée par les larmes.

- Pas me faire attraper ?! Mais je ne me suis pas fait attraper ! C’est à cause de vous, je sais pas si vous l’avez dit à mon maître ou pas mais il l’a sût ! Ca faisait trois ans que je ne vivais plus dans la rue ! J’avais un maître gentil, une maison, un travail honnête que j’aimais… J’ai tout perdu du jour au lendemain à cause de vous ! Retour à la case départ pour atterrir ici parce que j’ai eu l’audace de refuser de mourir de faim et d’essayer de voler pour survivre, la seule chose que je pouvais encore faire ! Personne ne voulait de moi comme apprenti après le coup des fusils, même mon travail au restaurant de sushis je l’ai perdu !
Tout en disant cela, un torrent de larmes n’avait pas cessé de couler des yeux du petit Timothée, incapable de s’essuyer ses joues qui étaient maintenant inondées de liquide salé… Des larmes bien, BIEN salées…
- Et tout ça pour quoi ? Pour que vous puissiez ruiner la vie d’autres gens ? En les envoyant ici ou à la mort avec toutes leurs familles innocentes ?!

La déclaration d’Alaaric de libérer Timothée pour qu’il retourne à sa vie « tranquille » l’aurait fait rire si il n’avait pas été aussi frustré et en colère. Il répondit sèchement.
- Je l’ai plus ma petite vie tranquille ! Vous me l’avez foutu en l’air ! J’ai plus d’options, je… Même si vous me sortez d’ici, je ne sais même pas ce que je vais faire !
Le garçon voulu enfouir ses mains dans son visage pour s’accorder un peu de pudeur alors que c’était maintenant des larmes d désespoir qui arrivaient à ses yeux. Mais malheureusement pour lui, les chaînes qu’il portait aux poignets l’en empêchèrent, même si Alaaric ne le contrôlait plus. Cependant la proposition de l’agent du CP sût retenir l’attention du garçon. A mesure qu’il avançait dans son discours, Alaaric put voir le visage de timothée se métamorphoser : de la colère et du désespoir, il était maintenant passé à la haine et au dégoût… Un dégoût tel que le garçon devait lutter contre son instinct de préservation pour ne pas lui cracher au visage. Finalement, il prit la parole, sèchement.
- Vous auriez dû me proposer ça il y a 4 mois… Avant que je ne termine dans cette école du crime… Avant que je ne sois témoin des horreurs que vous et vos collègues perpétrez quotidiennement au nom de la « justice ».
Les poings serrés de rage, Timothée les déplia pour pointer la cour par la fenêtre ou les enfants rayés comme lui se tuaient à la tâche.
- Il y a des enfants ici, plus jeunes que moi, qui sont nés ici. Il ont jamais connu leurs parents, n’ont jamais porté autre chose qu’un pyjama rayé parce que des années avant leur naissance, leur père ou leur mère a fait quelque chose de grave : comme voler à la mauvaise personne ou dénoncer la corruption de leur seigneur… Parfois même c’est leurs grands-parents qui ont fait ça. Moi au moins, je sais pourquoi je suis ici et si je ne meurt pas avant de la malnutrition, d’engelures, d’épuisement, du typhus ou des coups de gardiens ivres, je sais que je sortirais d’ici. Mais eux, ils ont pas d’avenir, pas de passé, pas de présent, ils sont innocents et traités pires que des déchets, pour aucune raison… Tous les jours des gens damnés par votre gouvernement sur plusieurs générations arrivent ici avec leurs familles, pour les motifs les plus arbitraires imaginables. Tous les jours on enterre des gens qui sont morts de tout sauf de conditions naturelles.
Le larynx du petit Timothée s’était refermé au fur et à mesure de ses paroles jusqu’à ce qu’il en perde sa voix. Il se râcla alors la gorge tout en se courbant pour essuyer une trace de morve naissance coulant de son nez.
- J’étais un enfant avant d’arriver ici, ajoutez ça à la liste des choses que vous m’avez volées. J’ai vu trop de choses horribles ici, faites au nom de la justice absolue… Mais j’en ai jamais vu la moindre trace ici, que son contraire. Et vous me proposez, là, d’en faire partie, de rejoindre ce système qui ne fait que répandre de la peine, de l’injustice et de la souffrance dans le monde entier sous prétexte que vous êtes les plus forts ?!
Timothée se pencha alors, laissant naître un rictus d’ironie sur son visage avant de jeter sa réponse au visage d’Alaaric.
- Je suis peut-être un criminel, mais je suis pas un malfaiteur et j’ai jamais voulu le devenir. Et pourtant, c’est ça que vous me proposez ?! De vous rejoindre pour faire du monde un endroit pire encore qu’il ne l’est déjà ?! Vous devez être soit stupide, soit complètement fou !
Les discours de révolutionnaires étaient passés dans la tête de Timothée, c’était vrai... Mais même sans eux, le petit blondinet avait déjà vu trop d’horreurs en 4 mois passés à Tequila pour l’alimenter en cauchemars jusqu’à la fin de ses jours. Restait à savoir maintenant comment allait réagir Alaaric en voyant comment son poulain avait tourné après 4 mois d’école de la haine…
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J'entendais le jeune blondinet parlé, et encore parlé... Et dans le fond, je sentais bien que ses paroles étaient sincères, et même plus. Il n'aimait pas ce que le monde était en train de devenir, ou ce que le gouvernement mettais en place pour conserver sa suprématie. Malgré tout ce qu'il disait, ou ce qu'il croyait savoir, il été encore un enfant. Croire que je lui avais volé ses illusions était l'un de ces fameux mensonges, ceux que l'on se fait a sois même.

Il avait peut-être grandi, peut-être même qu'il était devenu un adolescent dans sa période ou on croit tout savoir, mais il été loin d'être un adulte, et il été ce fameux moment ou je devais mettre mon costume d'homme mature. prenais un air sérieux, alors que je prenais tout simplement la parole :


" Et que proposes-tu pour arranger les choses ? ... Rejoindre ses rangs de révolutionnaires qui prônent une liberté factice dans leurs propres intérêts ? Crois-tu qu'il valent mieux que les dragons célestes? Je pourrais passé la journée a essayer de te convaincre, ou te laisser parler avec les familles de gens qu'il ont assassiné pour des choses que tu choses que tu trouverais tout aussi puéril. "

Je pourrais lui parlé de shawn, de sasha, tuer en mission... De gaby, aujourd'hui paralyser a vie sous les coups de la révolutions. D'homme et de femme loyale, honnête qui ne voulait qu'offrir un meilleur avenir a leurs familles. De parents laissant des orphelins, d'enfant laissant des parents seuls, de frère et de sœurs. A mes yeux, si ont veux changer les choses, on dois croire en sa propre cause. Faire ce qu'il faut quoi qu'il en coûte. Je prenais a nouveau la parole:

" Je t'offre deux solutions... Passée ta vie à ruminer ta haine, a maudire l'état, ou peut-être même par finir par t'en prendre a eux ce qui ferait de toi quelqu'un d'autant peu louable de ce que tu dénonces.... Ou alors faire ce qu'il faut pour vraiment changer les choses de la bonne façon. "

J'étais plus ou moins floue, car cela n'était pas le genre de choses qu'un agent tel que moi était censé dire, mais je prenais une dernière fois la parole en relâchant enfin mes liens :

" Au port, deux bateaux t'attendront dans une heure... Les deux t’amèneront vers ton avenir. Toi qui te prétends un homme... C'est aujourd'hui que tu vas devoir choisir le genre d'homme que tu veux devenir et ce que tu es prêt a faire pour le devenir. "

Je me levais, alors que je passais la porte. Timothée avait certainement besoin d'y réfléchir, mais de mon côté, j’espérais qu'il prendrait la bonne décision.
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Timothée avait dit beaucoup de choses, des choses peut-être pas forcément très sages pour sa survie à court ou moyen terme au vu des pouvoirs démesurés de son interlocuteur (pouvoirs administratifs comme psychiques d'ailleurs). Cependant, l'ouverture d'esprit du membre du CP se montra plus ouvert à la critique que Timothée n'aurait jamais pu l'imaginer ! A vrai dire, les morts d'Alaaric, loin de le mettre en colère, parvinrent à l'apaiser quelque peu… Jusqu’à maintenant, il ne s’était jamais représenté le GM comme autre chose qu’un ignoble et atroce rouleau compresseur qui pressait la majorité pour le bénéfice de quelques nantis sans aucune remise en question possible… Et finalement, peut-être que cette remise en question l’était !

Bien entendu, c’était encore précaire, et le petit Timothée n’avait qu’une confiance limitée dans les dires de l’espion… Mais pour autant, lui qui avait été témoin et victime des exactions du GM ces derniers temps, la possibilité de pouvoir faire au moins un peu pour améliorer la vie des gens du commun sur cette planète n’était pas sans attirance. Peut-être n’était-ce que pour l’amadouer que Alaaric lui avait dit cela, mais dans tous les cas, cela semblait la bonne solution : rejoindre la résistance ? C’était sûrement la meilleure manière de finir au bout d’une corde ou la tête sous le bras sans avoir vraiment eu l’occasion d’accomplir grand-chose ! Alors que travailler pour le GM… Outre la sûreté de l’emploi, c’était peut-être l’assurance de faire bouger les choses ! Oui, les grands et puissants étaient intouchables, mais la corruption était un fléau qui touchait tous les niveaux de la société et si Timothée avait l’opportunité de l’élaguer à l’avenir…

En un mot comme en cent, Timothée avait été convaincu par le plaidoyer d’Alaaric et même s'il n’était pas totalement certain de ce qu’il allait avoir l’opportunité de faire au service du GM, le jeu en valait la chandelle à ses yeux ! Le petit garçon se mit donc en route vers le bureau des libérations, un lieu bien peu souvent occupé, bien peu souvent gardé… Et malheureusement pour lui bien peu souvent salé…

Trop occupé à s’imaginer voguer avec Alaaric vers un nouveau futur, le petit garçon ne prêta pas attention à la plaque de glace sur laquelle il posa la semelle usée de sa chaussure. Son pied droit fût emporté vers l’avant et les manicles qui restaient encore attachées à ses pieds entraînèrent son second pied en l’air. C’est presque au ralenti que Timothée se sentit en apesanteur, à la quasi horizontale avant qu’une douleur sourde ne fasse vibrer son crâne heurtant la glace. Totalement veugle et avec la petite once de conscience qui lui restait, le petit garçon poussa un râle qui se perdit dans le vent en même temps que sa feuille de libération, emportée par le blizzard soufflant.

Dans l’heure qui suivit, Alaaric ne vit jamais son potentiel futur apprenti se présenter aux bâteaux, ni à l’un, ni à l’autre… Le petit Timothée ne reprendrait conscience que bien après dans un lit de l’infirmerie, non loin des lits des gardes qu’il avait précédemment esquinté qui le regardaient maintenant d’un air moqueur… Les larmes vinrent à ses yeux quand il réalisa ce que ça signifiait : il était seul, de nouveau seul…

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