Vol au-dessus d’un Nid de Bourgeois
Flashback 1628
✘Feat. Megumi
✘Feat. Megumi
Une journée ensoleillée, parfaite pour se reposer tranquillement dans une magnifique maison. La mienne bien évidemment, cachée dans l’immense forêt du Mont Corbo, entourant le Royaume de Goa et sa ceinture d’ordures qu’était le Grey Terminal. Je m’étais installé là depuis déjà quelques semaines, à emmerder les autorités de Goa de temps en temps à coups de cambriolages et de destructions de bâtiments. Autant dire que mes journées étaient chargées et que je faisais profil bas à présent. Mais, voilà déjà une semaine que je n’avais pas foutus le bordel en ville, passant mes journées dans la forêt alentours ou à visiter le reste de l’île.
Enfin, en ce jour-ci, j’avais simplement prévu de me détendre, assis au balcon de ma maison en buvant une bonne bière fraîche servie par Liquor Jack. L’homme m’avait rejoint dans cette maison afin de devenir le barman officiel de ma taverne suite à la destruction de son propre établissement. Ainsi, grâce à la cargaison d’alcool volée quelques semaines plus tôt, je pouvais boire à l’œil dans ma maison. Même si Jack me faisait souvent la leçon par rapport à ça.
« T’es au courant que, si tu continues comme ça, il ne restera plus rien à servir aux clients quand on ouvrira boutique ? » fit remarquer Liquor Jack en débarquant sur le balcon, un plateau en main.
« Oh t’en fais pas pour ça, j’en ai volé bien assez pour que l’on tienne quelques années. » répondis-je, optimiste et dans le déni vis à vis de ma propre consommation.
« Mouais, je suis pas convaincu. » dit-il en plaçant plusieurs verres vides sur son plateau. « T’as quoi de prévu aujourd’hui ? »
« Rester là à observer les beautés de la nature en buvant des coups, ça compte comme activité ? » ricanais-je en retournant mon visage vers la clairière qui nous entourait.
« Hm, c’est pas moi qui te changerai j’imagine. » murmura-t-il en secouant la tête, posant son plateau sur la petite table basse et sortant une cigarette de la poche de son tablier et un briquet pour s’en griller une en s’appuyant sur la balustrade.
« T’en as une pour moi ? »
Liquor Jack sortit un paquet de sa poche qu’il m’envoya, j’attrapais une tige entre mes lèvres avant de l’allumer en tirant une longue taffe que je recrachais doucement devant moi. Dans la clairière en contrebas, le petit chat noir s’amusait à chasser les papillons. Les loups géants du coin semblaient s’être calmés depuis quelques temps, ne s’aventurant plus si proche de chez moi. À force de morfler, ils avaient dû finir par comprendre que ce n’était pas une très bonne idée de traîner dans le coin. Heureusement pour Morpheo qui s’amusait naïvement en ignorant son environnement, mis à part pour les papillons.
« Il nous faudrait du pognon, faire un gros coup avant de se barrer d’ici et de faire connaître le King’s Hat au monde entier. » dis-je alors, un long filet de fumée s’échappant de mes narines en dansant dans l’air.
« Le King’s Hat ? C’est le nom de la taverne ? Pas mal. » répondit-il en découvrant le nom que j’avais donné à l’établissement dont il était le barman et le tenancier en mon absence. « Surtout quand on connaît le roi en question. » continua-t-il en s’appuyant en avant sur la rambarde. « Eh mon gros cochon, comment ça va ? » s’exclama-t-il alors en plaçant ses mains en porte-voix.
Sur ces mots, le sol sous la maisonnée se mit à trembler, se fissurant en se soulevant légèrement alors que la grosse tête de Borat ressortait du sol juste devant le perron. Son gros groin relevé, il se mit à pousser de petits grognements enthousiaste, apparemment heureux qu’on fasse attention à lui. Momo, délaissant ses papillons, s’élança vers son copain pachyderme géant. Il lui bondit sur une oreille pour grimper sur sa tête jusqu’à s’asseoir sur ses pattes arrières juste derrière l’évent du le sommet du crâne du cochon géant.
~ Meoow ? ~ miaula le petit chat noir en tapotant la tête de son ami du bout des pattes avant.
~ Gruik Gruik ! ~ lui répondit-il enthousiaste, les deux se comprenant apparemment.
Sur ces grognements, le petit félin bondit au-dessus du trou de l’évent tandis que Borat soufflait un courant d’air chaud par l’orifice. Morphée fut propulsé dans les airs, flottant assez haut avant de redescendre doucement et recommencer ainsi plusieurs fois. Les deux animaux s’étaient entendus dès leur première rencontre et ça m’avait fait chaud au cœur qu’ils deviennent amis. Bien que je les comprenais par moments, la conversation était toujours limitée et cela était frustrant, tant pour eux que pour moi. Mais, à présent, et avec l’arrivée de Liquor Jack, nous avions chacun quelqu’un à qui parler. La petite bande du King’s Hat s’agrandissait au fur à mesure et, bientôt, nous écumerions les mers fièrement, guidés par Borat.
« Pour ce qui est de l’argent, j’ai peut-être une idée. » commença un Liquor Jack en pleine réflexion, se grattant son menton barbu de sa main qui ne tenait pas sa clope. « Y a une famille de bourge qui tient une grande réception ce soir, un bal costumé ou masqué un truc dans le genre. Bref tu vois, une soirée mondaine remplie de bourgeois et nobliaux venant de tout East Blue, et blindée de soldats de la Marine. Y aura forcément des trucs de valeur à la vue de tous pour exposer leurs richesses et leur pouvoir. »
« Et c’est seulement maintenant que tu m’en parles ? » m’exclamais-je en tirant en même temps sur ma cigarette, la fumée formant comme une bulle dans ma gorge avant que je ne me mette à tousser frénétiquement en l’expulsant. « Kuf kuf, bon et c’est où cette soirée ? Envoies les infos mon pote. »
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La soirée était douce, un petit vent frais pas désagréable soufflait en faisant voleter quelques mèches de cheveux blancs qui, pour une fois, n’étaient pas recouverts d’une casquette. J’avais laissé mes vêtements habituels de lascar pour adopter un style vestimentaire plus adapté pour ce genre de soirée. Ainsi, j’avais revêtus ce costume noir recouvrant une chemise de la même teinte, simple mais classe, ainsi qu’une cravate blanche. Je n’avais pas l’intention d’escalader les murs entourant la propriété pour m’y faufiler, non, il y avait bien plus simple. Et ce genre de soirée était idéale pour ça.
Ainsi, faisant preuve de la plus grande discrétion, j’avais grimpé sur un toit d’une maison cossue proche de la propriété de la famille Masaachi. J’avais observé chaque allée et venue dans la rue jusqu’à la grande entrée clinquante dans le rempart entourant la propriété. Un grand portail doré gardé par plusieurs hommes armés qui contrôlaient chaque entrée à l’aide d’invitations envoyées au préalable aux invités. Ainsi, chaque personne arrivant devant le portail, tous masqués pour respecter le thème, montrait leur invitation afin de se joindre à la fête. Des carrosses et des litières richement décorées jusqu’aux chevaux qui les tractaient allaient et venaient en déposant pléthore de nobliaux et gradés de la Marine.
D’autres en revanche, des bourgeois mineurs ou de basse extraction probablement, venaient à pieds ou en carriole depuis la ville. Observant les rues, je finis par trouver deux hommes faiblement gardés par trois soldats qui passaient par une rue peu fréquentée pour rejoindre les lieux de la fête. Passant par les toits en restant baissé, je descendis dans la ruelle derrière eux. À la faveur de la nuit, évitant les lumières des torches en suivant les ombres, je m’approchais du groupe où seuls les deux nobles parlaient.
« Cette soirée s’annonce des plus divertissantes ma foi. » fit l’un des deux hommes, un type grassouillet qui portait de nombreux bijoux tape à l’œil.
« N’est-ce pas. Quelle opportunité fort intéressante de se lier à la bourgeoisie d’East Blue. » répondit l’autre, plus filiforme qui portait un masque argenté aux allures de loup.
Les trois soldats qui les entouraient se tenaient écartés les uns des autres, un à l’avant, un à l’arrière et le troisième sur le côté. Accroupi, je m’approchais du garde à l’arrière, arrivant dans son dos en lui plaçant un main sur la bouche et en frappant du plat de la main son trapèze. L’homme tourna de l’œil en silence et s’évanouit dans mes bras, je le déplaçais alors dans une ruelle sombre avant de me remettre à les suivre. Je réitérais la même stratégie sur le soldat de côté sans attirer l’attention des bourgeois toujours en grande conversation. Enfin, j’arrivais derrière les deux nobliaux, les attrapant par les épaules en passant ma tête entre eux.
« Coucou les bourgeois ! C’est l’heure de faire dodo ! » m’exclamais-je tout sourire, attirant leurs regards de surprise.
« Mais que...qui êtes-v... » commença le grassouillet.
Plaçant mes mains sur leurs têtes, je ramenais la mienne en arrière en frappant les deux crânes l’un contre l’autre dans un coup de boule forcé de toute beauté. Les deux hommes tombèrent dans les pommes, enfin sur les pavés pour être exact, tandis que le dernier garde se retournait en dégainant son arme. En essayant du moins, car à peine sa lame avait quittée son fourreau que mon pied vint le frapper en pleine tempe, l’envoyant contre un mur en l’assommant. Bien content de moi, je cachais les corps à l’abri des regards et récupérais le masque à effigie de loup ainsi que l’invitation qui m’ouvrirait les portes. Le plaçant sur mon visage, je pris alors la direction des grandes portes de la propriété.
« Halte là. » m’arrêta un des gardes une fois que mon tour fut venu de passer le portail. « Votre invitation s’il vous plaît. »
Je tendis alors le papier qu’il regarda attentivement avant de me le rendre, affichant soudainement un grand sourire cordial.
« Je vous souhaite la bienvenue à la demeure Masaachi, monsieur ? »
« Lord Mazino. » répondis-je hautain, imitant les habitudes de certains nobles en ne lui adressant pas un regard alors que je passais le grand portail doré.
Fiche par Ethylen sur Libre Graph'