Faire parler la Poudre
Flashback 1628
✘Feat. Rachel Marco
✘Feat. Rachel Marco
Un après-midi calme, ensoleillé, à voguer sur les mers. Allongé devant la maison, enfoncé dans le poil vert aux allures herbeuses de Borat. L’immense pachyderme avançait calmement en agitant ses petites pattes sous l’eau et en ramant doucement avec ses gigantesques oreilles. Des lunettes de soleil montées sur le nez, je sirotais confortablement un mojito préparé par Liquor Jack, accoudé à sa fenêtre. Il avait finalement décidé de me suivre, je l’avais libéré de ses geôliers après tout, et l’avais même vengé. Cependant, dans le processus, il avait perdu sa taverne et était recherché à Goa, et il avait ainsi prit la mer avec moi. À vrai dire, ça m’arrangeait d’avoir un barman sous la main pour le moment où j’ouvrirais enfin mon bar au public. Morpheo, le petit chat noir, dormait paisiblement, roulé en boule, sur les marches du perron menant à la maison.
C’était une belle journée qui s’annonçait, et nous devrions arriver à Koneashima, selon des matelots d’un navire marchand que j’avais croisé la veille. À leurs dires, c’était un archipel volcanique où subsistaient tout de même des habitants. En particulier une ville où habitaient des artificiers et, pour moi qui aimais bien faire péter des trucs, je trouvais cela parfait pour une escale. Les quelques nuages présents dans le ciel dessinaient des formes particulières dans mon esprit, comme un enfant qui s’amuse avec son imagination pour passer le temps, le mojito en moins.
Je finis par me lever, buvant quelques gorgées de mon cocktail en me dirigeant vers l’avant de la tête de Borat en fouillant dans une de mes poches. J’en sortis une pomme que je lançais à quelques mètres dans l’eau devant la tête énorme de l’animal. Ce dernier sortit la majeure partie de son gros groin hors de l’eau en ouvrant sa gueule géante qui engloutie la pomme flottante ainsi que quelques malheureux poissons qui passaient par là.
~ Gruik gruik ! ~ s’exclama Borat, reconnaissant selon moi-même.
« J’en ai tout un sac pour toi dans la maison ! » lui répondis-je en me penchant au-dessus de sa paupière, sortant une nouvelle friandise que je lançais de la même manière. « On devrait bientôt arriver, tu vas pouvoir te reposer copain ! » finis-je en levant un pouce encourageant.
~ Gruiiiiik ! ~
Remotivé, ses grandes oreilles se mirent à ramer avec un regain d’énergie, en m’éclaboussant abondamment au passage. Tombé sur les fesses dû à la soudaine accélération, je me relevais en levant un bras devant moi pour parer les gouttelettes qui m’arrivaient dans les yeux. Observant dessous en plissant les yeux, j’aperçus une forme à une centaine de mètres, dans notre trajectoire. Et ce n’était pas un rocher, la forme bougeait et finit par se tourner vers nous, il faut dire qu’un cochon géant lui fonçait droit dessus.
Affrontant les trombes d’eau que je me prenais en pleine face, je m’élançais à l’avant de la tête de Borat, prenant appui en attendant le moment opportun. Mon cochon-navire pachydermique avalait les mètres aussi vite qu’il le pouvait et je n’eus pas longtemps à attendre avant de bondir dans les airs pour prendre un peu d’avance. Tournant sur moi-même dans mon vol plané, j’arrivais à la hauteur de la tête du monstre marin. Un genre de gros serpent de mer à la gueule remplie de dents aussi longues et effilées que des poignards, ses grands yeux rouges se posant sur moi en oubliant la présence du cochon.
La bête des mers déplia son long cou en ouvrant grand sa gueule dans ma direction. Toujours tournant sur moi-même, j’envoyais ma jambe s’écraser sur son gros nez surplombant sa mâchoire. J’entendis ses dents claquer sous moi tandis que le monstre marin était poussé vers le bas. L’attaque avait ralentie ma vrille et, à présent, je tombais vers le serpent des mers qui se ressaisissait en se tournant à nouveau vers moi. Grognant, il ouvrit son énorme mâchoire pour tenter de me dévorer en déroulant son long corps similaire à une anguille ou un serpent. Je frappais alors l’air devant moi d’un coup de poing ample qui redonna un mouvement de rotation à mon corps, me poussant légèrement de côté, suffisamment pour éviter la large gueule. Arrivant sur le côté de sa mâchoire, j’envoyais un nouveau coup de poing, porté par la force cinétique de mes nombreuses rotations, qui le frappa de plein fouet.
Le grand corps monstrueux fut soulevé hors de l’eau tandis que j’étais projeté dans la direction opposée. Par chance, je fus réceptionné par un Borat toujours en pleine course, roulant entre ses poils épais avant de m’accrocher pour éviter de venir m’encastrer dans ma baraque. D’un rapide coup d’œil, je remarquais le succès de ma manœuvre, le monstre marin ayant été projeté hors de la route du pachyderme géant amphibie.
~ Gruiiiiiiiiik!~ s’exclama-t-il, semblant particulièrement content à l’idée de manger plein de pommes.
« Tu les auras bien mérité. » lui répondis-je en m’écroulant de nouveau dans sa pelouse de poils.
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Un archipel volcanique duquel s’échappaient de multiples vapeurs et fumées, des terres brûlées en majeure partie, ne laissant à la végétation que peu de place pour subsister. La plus grande des îles semblait en meilleur état que le reste, plus épargnée en tout cas. La faune et la flore avaient retrouvées leurs marques et une végétation luxuriante cachait la majeure partie de la ville greffée au flanc du volcan qui s’élevait haut dans le ciel et occupait presque toute l’île.
Borat s’était arrêté dans une crique au fond de laquelle s’échappaient des courants chauds qui sauraient le relaxer. Une fois qu’il m’eut déposé sur la terre ferme, posant son immense groin le temps que je descende, il était repartit chercher le meilleur endroit pour s’offrir un petit bain bouillonnant. Morpheo, le petit chat noir était descendu avec moi, s’élançant dans la forêt en apercevant un petit animal. Je ne m’en faisais pas pour lui, bien que pas très grand il savait se défendre et était encore meilleur pour la fuite.
Selon les indications de Jack, la ville de Koneashima ne se trouvait pas très loin. Mais, en premier lieu, il fallait que je traverse cette forêt épaisse pour trouver un chemin qui me mènerait en ville. Je repoussais alors les branches d’un buisson pour m’aventurer sous l’ombre des arbres. Il y avait de la vie dans ces bois, des cris d’oiseaux retentissant en tout sens, suivis du bruit de leurs ailes à l’envol. Au moins, il n’y avait aucun grognement menaçant et les seuls animaux que je vis de loin étaient des herbivores qui fuyaient à mon approche. La lumière perçait en quelques points la cime des arbres, étalant des flaques de lumière qui m’aidaient à me déplacer dans cette semi obscurité. Et, alors que le passage devenait plus praticable sous mes pieds, la lumière se fit plus présente dans un bois aux arbres plus espacés, entourant un chemin pavé de pierre. Les cris de la faune furent remplacés par l’agitation humaine, des marchands, des touristes et des patrouilles pratiquant la route animée.
~ Meooow meow ~ miaula Momo dans mon dos, grimpant sur mes jambes jusqu’à mon épaule avant de se laisser tomber dans la capuche de mon sweat-shirt.
« En avant mon pote ! » m’exclamais-je en rejoignant la route, porté par l’excitation de l’aventure.
L’ambiance était bonne sur la route aux pavés impeccables, les passants discutaient entre eux et se saluaient, même les gardes en patrouille prenaient le temps d’aider les personnes qui avaient des problèmes. Je faisais profil bas, les vieilles habitudes ont la vie dure, et dans le doute où quelqu’un me reconnaîtrait, je préférais. La visière légèrement baissée au-dessus de mes yeux, j’avançais sur la route les mains dans les poches jusqu’à l’entrée de Koneashima. Les allers et venues se faisaient librement, sous l’œil distrait de quelques gardes qui jouaient aux cartes sur un tonneau, laissant passer les caravanes tirées par de gros lamas.
Le style architectural était très intéressant, composé de maisons de bois dans des teintes pourpres surplombées de toits pointus de tuiles noires. Des arches séparaient les rues et les places, occupées de stands et caravanes de marchands. Les rues étaient occupées au point d’être encombrées, c’était sûrement un jour particulier pour faire son marché. Me laissant porté par la foule, je gagnais finalement la strate supérieure où une place un peu moins bondée me permit de faire une pause. Je n’étais pas particulièrement fan de ce genre d’agitation et j’avais déjà une petite idée en tête d’où me rendre.
Liquor Jack, nouveau barman officiel de mon bar, m’avait indiqué un endroit qui, bien que grouillant de soldats en formation, recèlerait bien des richesses : L’université Figura. Une académie qui excellait dans de nombreux domaines, dont un qui m’intéressant tout particulièrement : la pyrotechnie. Moi qui aimais mettre le feu là où je passais, j’étais sûr de trouver des outils, objets ou explosifs intéressants là-bas, peut-être même de l’or. De plus, je ne craignais pas tant que ça les soldats officiels, alors des étudiants, il n’y avait pas à s’en faire.
Grimpant les strates de la ville-terrasse unes à unes, j’arrivais finalement à celle qui m’intéressait. Les rues étaient larges et la plupart des bâtiments appartenaient directement à l’université qui s’élevait fièrement au bout d’une large place, son grand portail doré ouvert laissant aller et venir des étudiants en uniformes. Ils se déplaçaient en groupes pourvus d’uniformes de couleurs différentes, marquant probablement un quelconque rang hiérarchique ou social. Certains semblaient déjà affiliés au gouvernement mondial et à la marine, arborant fièrement leurs uniformes blancs et bleus épinglés d’un écusson en forme de mouette. Me faufiler dans cet endroit demanderait un minimum de déguisement apparemment.
Je fis le tour de la place jusqu’à une petite cour donnant sur de nombreux appartements et, par chance, j’aperçus un uniforme noir à bandes rouges accroché à une corde à linge sur un balcon. Vérifiant au préalable qu’il n’y avait personne d’autre que moi, je me mis à escalader les balcons uns à uns jusqu’à celui qui m’intéressait. J’attrapais le vêtement et profitant du muret du balcon pour me cacher, je me changeais en un véritable petit étudiant. Cependant, je ne savais pas à quoi correspondait la couleur de l’habit. Me peignant rapidement les cheveux en arrière, j’entassais mes vêtements habituels et ma casquette dans un petit sac de toile que je nouais en bandoulière. Fin prêt, je regagnais la cour pour rejoindre la grande place.
Tout en marchant en direction des portes de l’université, j’observais la démarche et les manières des autres étudiants, analysant ainsi pour m’adapter et les imiter. Ils ne semblaient pas tous venir des mêmes horizons ou classes sociales, il y avait des bourgeois qui gardaient la tête haute et un air fier et orgueilleux. Des étudiants de plus basse extraction s’étaient mêlés à ces groupes en faisant profil bas ou s’affichaient en rebelles en formant des bandes à part. Tous semblaient évoluer dans un environnement de compétition, se jetant des regards froids ou des menaces muettes. Faisant profil bas, je passais alors les portes de l’université, attentif à tout ce qu’il se passait autour de moi.
Il y avait de nombreux bâtiments sur le campus universitaire, de tailles et d’aspects différents mais, le bâtiment central était le plus impressionnant. L’édifice était accessible via une large place où se trouvaient plusieurs véhicules, deux en particulier qui étaient garés juste devant les portes. Deux hautes calèches noires agrémentée de dorures extravagantes et tape à l’œil. Enfin, ce genre de véhicule attirait souvent mon regard car ça sentait l’argent à plein nez et, comme pour me donner raison, plusieurs personnes s’affairaient à sortir des coffres des deux véhicules, les transportant à l’intérieur de l’université.
« Je l’savais que j’étais au bon endroit, trésor me voilà ! » murmurais-je tout sourire en me dirigeant vers les portes.
~ Meooow ! ~ miaula le chat noir en sortant de ma capuche, posant ses pattes avant sur mon épaule.
Fiche par Ethylen sur Libre Graph'