Le réveil du mal
Il est dix heures du matin, le colonel Shoga est tranquillement dans son bureau en train de consulter ses dossiers. Le temps est radieux, il ne fait pas trop chaud, ni trop froid. L’homme-renard boit son café, et il n’y va pas de main morte, il en est déjà à sa deuxième cafetière. Le bon colonel bâille, il est sur ses dossiers depuis cinq heures du matin, et malgré le fait qu’il en a clôturé une bonne vingtaine, il lui en reste encore trente.
— hm… C’est encore une journée qui s’annonce longue, très longue.
Le marine semble s’être habitué à cette vie de scribouillard, même si parfois il ressent l’envie de parcourir le monde, c’est son côté aventurier qui reprend le dessus. Alors qu’il est plongé dans ses papelards, un soldat vient frapper à la porte du bureau de son supérieur. Le marine autorise le soldat à entrer, une fois dans le bureau, il se met au garde-à-vous.
— Colonel, une dizaine de civils demandent à vous voir !
En entendant cela, l’homme poilu hausse un sourcil. Le Minks se lève de son fauteuil en cuir, le soldat le conduit jusqu’aux civils qui demandent audience. Une fois arrivée à la réception, Shoga salue la compagnie, mais le plus vieux du groupe pointe le Minks avec sa canne.
—Vous, là ! Vous avez la responsabilité de notre île, alors qu’est-ce que vous fichez ?!
L’homme-renard regarde les concitoyens.
— Mais que vous arrive-t-il, il y a eu un problème dont je n’ai pas été mis au courant ?
Les civils se mettent à raconter leurs problèmes tous en même temps, rien n’est compréhensible, Shoga ne comprend rien. Les citoyens s’arrêtent subitement, ils regardent le colonel. Celui-ci demande si quelqu’un peut lui faire un résumé, le petit vieux s’en charge.
— Depuis quelques mois, nos champs, nos plantations, et même nos végétaux ne poussent plus… Et pour ceux qui sont encore là, bah, mon petit gars, à quatre-vingt-trois ans, je suis plus robuste qu’eux. Nous n’arrivons plus à rien, plus rien ne pousse, vous devez trouver une solution ! Eh oui, mon petit père.
Shoga ne voit pas en quoi les problèmes agricoles le concernent, c’est le représentant de la loi et de l’ordre, et pas du monde agricole. Mais comme c’est un gentil Minks, il décide de s’en occuper, en plus, cela lui donnera une justification pour sortir d’ici sans tirer au flanc. Le colonel promet aux concitoyens ici présents de s’occuper de ce problème, les citoyens sont rassurés, puis ils repartent de la base.
Shoga informe ses soldats qu’il part de la base, et il nomme le commandant Shujin à la tête de cette dernière le temps de son absence. L’homme-renard s’aventure dehors, il respire enfin, et le voilà qui marche joyeusement dans les rues d’Orange Town. Il porte son kimono noir avec des sandales en bois, tout en arborant son nouveau Meitou à la taille coincée entre son turban blanc et son kimono. Il se dirige vers les champs agricoles, il veut faire une enquête.
Mais pendant que la marine protège les citadins, deux enfants de paysans s’amusent dans l’une des nombreuses forêts de l’île. Ils ne font rien de mal, juste ils s’amusent à jouer aux pirates. Ils creusent des trous pour cacher leur trésor, et ils s’affrontent avec des épées en bois. Les petits gars sont heureux, ils ne leur faut rien de plus. En revanche, même un jeu innocent peut tourner au malheur.
En creusant un trou avec leurs râteaux en plastique, ils touchent une chose qui d’ordinaire ne devrait pas être ici, les râteaux éraflent légèrement l’une des nombreuses graines du Malvouranger. L’infamie prend cela comme une agression, la plante maléfique se défend. Subitement, elle grandit, des racines sortent de cette graine. Elles grandissent, elles prennent de l’allonge, la graine a germé.
Une immense plante de trois mètres de haut agite ses racines devant les deux petits garçons effrayés. Les enfants n’osent pas bouger, leur regard est pétrifié, l’un des petits gars agite son sabre en bois devant la monstruosité. Il lui ordonne de partir, sinon, il va la découper. La plante approche l’une de ses racines vers les enfants, celui avec le sabre lui donne un coup.
Les racines se figent, juste avant s’enrouler autour du corps des deux petiots. L’infamie soulève les trente kilos sans difficulté, elle envoie valdinguer les campagnards dans tous les coins, leur corps touche le sol ainsi que des arbres se trouvant aux alentours. Ils sont déjà inconscients. Le monstre lâche leur petit corps par terre, puis il envoie des spores dans les environs, des spores toxiques.
Elle jonche les corps sans vie de ses victimes, elle détruit la végétation autour d’elle en y mettant des coups de racines. La plante avance, elle prend du terrain, et elle ne passe pas inaperçue. Des paysans qui essayent de cultiver la terre remarquent la chose, elle avance vers eux, ils prennent peur. Les culs-terreux prennent la fuite, parmi les dizaines d’agriculteurs, une femme demande à son mari où sont passés ses enfants, l’homme dit qu’ils jouent dans la forêt.
Codage par Libella sur Graphiorum