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Justice totale et absolue !

Alors ?

On dirait bien que c’est bien eux, Commandant ! La vigie s'époumone pour confirmer mes suspicions. Je lâche un sourire satisfait. Fléchissant les jambes, je prends appui et m’élance dans les airs. D’une série de Geppou parfaitement exécutés, je me retrouve à ses côtés tout en haut du mât, sous les yeux ébahis du reste de l’équipage. Parfait, ça fera parler de moi ! Développer le Rokushiki n’est clairement pas une mince affaire, mais je ne regrette absolument pas toutes les heures passées à m’y entraîner… Rien que pour le côté cosmétique !
Faites voir ? Je tends la main et la vigie me passe sa longue vue. Après quelques ajustements, mon regard se pose sur le bateau. Il s’agit d’une frégate classique, qui passerait inaperçue sur la mer. Enfin… Si ce n’était pour son pavillon. Mon regard remonte le long du mat, et je peux clairement distinguer le drapeau qui bat au rythme des bourrasques à son sommet. Une tête de mort sur fond noir. Et juste en dessous, en lieu des habituels ossements croisés, une paire de menottes. Le drapeau de la WWC.

Yep, c’est bien eux. Le ton employé masque à peine le dégoût que je ressens pour ces pirates négriers. Des chasseurs d’esclaves, qui attaquent des villages côtiers isolés sur des îles où la marine n’est pas forcément très bien implantée… Et capturent les habitants pour les revendre à de riches clients ou au marché noir. Dans mon classement des pirates que je hais le plus, ceux-ci se battent au coude à coude pour la première place avec les psychopathes faiseurs d’orphelins.
Je saute de la vigie et, attrapant au passage un cordage, atterrit sur le pont avec autant de classe que je l’ai quitté.

Soldats… A vos postes ! Toutes voiles dehors ! On intercepte ce navire ! Artilleurs, préparez les canons pour les tirs de semonce ! Les autres, préparez bouées et chaloupes ! J’enchaîne les ordres et pointe dans toutes les directions avec mes doigts. A en juger d’à quel point leur bateau s’enfonce dans l’eau… Ils sont pleins à craquer de prisonniers, et sont donc très lourds. Nous les rattraperons sans problème. Le hic, c’est qu’il y a de grandes chances qu’ils balancent au moins une partie de leur “cargaison” à la mer pour détourner notre attention, et nous le savons. C’est pourquoi je prépare mes hommes à leur venir en aide. A choisir entre rattraper et capturer ces ordures et sauver des innocents…

Le choix est vite fait. Il n’y a pas de choix.

Je prends une grande inspiration, et à gorge déployée, hurle.

PAS UNE SEULE PERTE HUMAINE, PAS UN SEUL ENNEMI QUI S'ÉCHAPPE ! JUSTICE TOTALE ET ABSOLUE !

Voilà, ça c’est ma définition de la justice. Une justice qui domine, implacablement, sans se laisser imposer de dilemme moral. Une justice qui s’écrase, inlassablement, comme les vagues contre les rochers, jusqu’à ce qu’ils s’érodent. Les hommes et femmes de mon équipage lèvent un bras au ciel, sabre ou pistolet à la main, et accompagnent mon cri de guerre. Je fais craquer mes poings alors que notre embarcation fend l’eau et fuse vers nos cibles. Ils ne sont pas prêts pour ce qui va arriver…


Dernière édition par Alex Raines le Mar 24 Mai 2022 - 9:29, édité 3 fois
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Une heure plus tôt. Cocoyashi, East Blue.

Quand on s’engage dans la marine, on croit que la vie va être faite de traques de pirates, de combats dantesques sur de la musique épique pour libérer des populations oppressées par des criminels, qu’on va trouver et manger un Logia, et se faire promouvoir Amiral dans la foulée… Mais non. Outre la part non négligeable de temps accordé aux nombreuses tâches administratives qui incombent aux officiers, la plupart du temps on s’entraîne, ou on fait des corvées. Cette mission est une corvée. Nous avons, mon équipage et moi-même, été tâchés de récupérer une cargaison des fameuses clémentines de Cocoyashi et de l’acheminer jusqu’au QG d’East Blue.

Pourquoi des clémentines ? Parce qu’elles sont un des meilleurs moyens pour éviter le scorbut. En tant que marins, l’accès à des fruits et légumes frais pour subvenir à nos besoins en vitamine C n’est pas toujours garanti, et entraîne des carences… D’où l’importance de ces agrumes.
Pourquoi faire appel à la marine ? D’habitude, ces provisions sont acheminées par voie marchande par des convois affrétés par la Belmer Corp. Mais ces temps-ci, des pirates rôdent près des côtes. Un navire a même disparu, avec son équipage et sa cargaison.
Pourquoi faire appel à un Commandant dépendant du QG de West Blue ? Tout simplement parce que j’étais dans le coin à la suite d’une mission, et que c’était sur mon trajet. La marine n’a souvent pas trop le choix que d’affecter ses unités en fonction de leur situation géographique, même pour agir d’un mer à l’autre… Surtout que la 16ème division de Cocoyashi est plus un immense centre de formation qu’une véritable garnison, dont les seules ressources disponibles sont affectées aux affaires de l’île et au combat contre la pègre locale. Dans tous les cas… C’est pas comme si le transport de clémentines demandait d’avoir fait Marineford !

On arrive, préparez-vous à arrimer. Mes hommes s’activent sur le pont et préparent notre arrivée. Je lâche un soupir en m’appuyant, les bras croisés, sur le bastingage du pont supérieur. J’enchaîne vraiment les missions pourries. Comment suis-je censé briller et faire parler de moi en transportant des clémentines, aussi bonnes pour la santé soient-elles ?
Le côté positif, c’est que les habitants semblent quand même contents de nous voir arriver : ils agitent grand les bras et crient des paroles encore inaudibles. Ah… Le sentiment d’exaltation de voir arriver ce majestueux navire, toutes voiles gonflées et arborant le fier symbole de la marine ! Ces beaux soldats aux uniformes d’un blanc éclatant, et dirigés par un charismatique Commandant ! A mesure que nous nous approchons du quai, je ferme les yeux et m’attends à recevoir les acclamations qui nous sont dues. D’ailleurs, j’entends quelqu’un dire…

Aidez-nous, c’est horrible ! Les pirates viennent de raider le village !

Ah.

Tout s’est passé si vite ! Ils ont débarqué, discrètement, l’air de rien, puis ont attaqué ! Ils ont kidnappé un groupe d’habitants et même plusieurs marines ! Ce sont des faiseurs d'esclaves ! Ajoute un autre. Finalement, c’est tout un groupe d’habitants apeurés qui s’est massé, et qui hurle au désespoir.
Ils ont enlevé ma femme ! Ils viennent tout juste de partir, s’il vous plaît, rattrapez-les ! Pleure un autre villageois.
Je serre le poing en signe de victoire et laisse malencontreusement s’échapper ma satisfaction à l’idée que cette mission soit d’un coup devenue un poil plus intéressante.

YES !

Un lourd silence s’installe. Les badauds haussent le sourcil et me dévisagent. Tout bien réfléchi, ce n’était peut-être pas la meilleure décision pour me donner une bonne image. J’analyse très rapidement la situation. Plus loin, derrière le quai, c’est le chaos. Ça court dans tous les sens, ça hurle, ça pleure, ça cherche sa famille et ça s’assure que personne ne manque à l’appel. Il y a quelques départs d’incendie en train d’être péniblement maîtrisés, sans doute pour causer la zizanie et empêcher la marine d’intervenir. Les quelques soldats qui devaient être là, en patrouille, quand les pirates ont débarqué… Sont soit blessés, soit gisent dans des mares de sang. La joie que j’éprouvais quelques instants auparavant laisse très vite place à la colère. Je serre les dents, et mon regard se noircit. Les chiens…

Euh… Je veux dire… Heureusement pour vous, le Commandant Raines et ses hommes sont là ! Je me rattrape, tant de ma boulette que de cette situation qui m’affecte plus que de raison, en me raclant la gorge. La garnison de la ville va être bien occupée, entre les nouvelles recrues qui paniquent et la cohue générale à gérer… C’est à nous d’entrer en jeu. A moi de sauver la mise. Demi-tour toute ! On a des pirates à chasser et des braves gens à sauver !

Ma troupe est réactive et ça me plait. Avant même d’avoir eu le temps de le dire, le bateau vire du quai où il s’était presque amarré, et sort du port à toute vitesse. Leur passage était extrêmement récent. On aurait presque pu les croiser en arrivant… D’ailleurs, c’est étrange. On aurait en fait dû les croiser en arrivant. Donc ils sont forcément partis dans l’autre direction. Un sourire se dessine dans le coin de mes lèvres.

Nous avons un cap.


Dernière édition par Alex Raines le Mar 24 Mai 2022 - 9:28, édité 1 fois
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Canons armés et prêts à tirer, Commandant !

Mon artilleur me tire de mes pensées. Je souffle un grand coup. Notre navire fend les flots à toute allure, et nous nous rapprochons à vue d'œil du bateau pirate. Bientôt, la confrontation commencera. Ce calme avant la tempête est toujours un moment particulièrement stressant… Et paradoxalement, grisant. Alors que nous sommes désormais à portée d’oreille du navire pirate, je me saisis du combiné de mon den den et l’interpelle.

Commandant Raines, immobilisez le navire et rendez-vous sans opposer de résistance ! Nous utiliserons la force si nécessaire ! J’éloigne le combiné de mes lèvres, et m’adresse à l’artilleur qui se tient à mes côtés. Tirez un coup de semonce.

Le soldat obéit, et quelques secondes plus tard un coup de canon retentit. Le boulet file dans les airs, et va percuter l’eau à quelques mètres du côté du bateau pirate, provoquant l’éruption d’une grande colonne d’eau. Ce tir n’est que du flan. Ils ont des otages plein la cale, aucune chance qu’on prenne le risque de tirer avec l’intention de leur faire rejoindre le fond des eaux. De manière générale, je préfère systématiquement privilégier une méthode qui garantit de capturer mes ennemis plutôt que de les tuer. Mon rôle, c’est de permettre sans effectuer le jugement.

La réponse des pirates ne se fait pas attendre, et leur bateau pivote. A coup tiré, coup rendu. Mais ils n’ont soit pas la décence, soit pas les compétences de viser à côté. Le boulet de canon fuse droit vers le pont supérieur.

Je m’élance à toute vitesse dans les airs et intercepte le tir d’un croisé du droit dans lequel je mets toutes mes forces et tout le poids de mon corps. A l’impact avec mon poing, le métal chaud se déforme et s’écrase avant d’être renvoyé vers la mer. Je retombe au sol et fais tourner mon poignet sur lui-même en remuant les doigts. Tout mon entraînement commence à porter ses fruits et à montrer des résultats vraiment significatifs. Mais alors que je me complais en réjouissances, ce sont désormais deux coups qui sont tirés vers nous.
Je me jette sans attendre sur le premier, qui subit le même traitement que le boulet précédent et se fait dévier d’un coup de poing du gauche.

Soru ! Tapant très rapidement du pied sur le sol, je me propulse instantanément vers le second et avant qu’il n’ait le temps de nous heurter le dégage d’un coup de pied frontal. Je peste en me réceptionnant au sol. Depuis les airs, il m’a semblé apercevoir du coin de l’œil que les pirates commencent à balancer quelques otages par-dessus bord. Comme anticipé.

Des hommes à la mer ! Descendez les chal… Je m’interromps en voyant leurs deux canons ressortir de leurs sabords. Putain. Impossible de souffler. Je saute par-dessus le bastingage du pont supérieur, et commence à accélérer sur le pont principal, en direction de la proue. Un deuxième Soru exécuté en bout de course me projette dans les airs, à mi-distance des deux bateaux. Je frappe à nouveau un des boulets, qui finit sa course dans la mer, puis me sert du Geppou pour aller placer ma main gauche sur la trajectoire du second. J’ai à peine le temps d’activer mon Tekkai avant l’impact. Je serre les dents, tant le choc est violent. Mes doigts s’enfoncent dans le métal et ça fait un mal de chien, comme s’ils allaient s’arracher. Mais je tiens bon. Je force avec tout mon corps pour que l’inertie de l’impact me fasse tourner sur moi-même à toute vitesse au lieu de simplement me projeter en arrière. Relâchant mon Tekkai durant cette rotation, je bande mon bras de toutes mes forces et… Mon bras claque comme un coup de fouet, renvoyant le boulet d’où il vient d’un revers de la main. Le sabord est pulvérisé, et j’entends le fracas métallique du canon qui a été envoyé valdinguer dans la cale. Voilà qui devrait nous faire gagner un peu de répit… Mais peu de chances qu’ils en restent là. Il faut aller traiter le problème à sa source. Je stoppe ma chute et enchaîne les Geppou, zigzaguant dans les airs jusqu’à me rapprocher de leur bateau.

OCCUPEZ-VOUS DES OTAGES, JE GÈRE LES PIRATES ! Je hurle à pleins poumons, tout en me concentrant pour ne pas me retrouver dans la flotte. Entre la douleur à la main gauche et le fait de m’époumoner comme ça, pas évident de s’appliquer et de se mouvoir correctement dans les airs. En frappant l’air pour le densifier lors de mon dernier saut, je perds un peu l’équilibre et je ne parviens que de justesse à m’envoyer vers le bastingage du navire pirate, sur lequel je prends appui. Je me retrouve devant une horde de pirates aux mines patibulaires, pistolets sortis et couteaux tirés.

Yo ! Commandant Raines. Vous savez le type du den den du bateau d'à côté ? J'imagine que vous n'avez pas bien entendu la première fois... Je vous donne une dernière chance de déposer vos armes sans faire d'histoires, sinon...

Mon regard se balade dans l'assemblée. Ils ont quand même l'air moins sereins depuis que le marine qui les traquait a littéralement volé jusqu'à leur bateau en leur renvoyant leurs boulets de canon à mains nues. J'ai fait passer le message. Ça ne me gênerait absolument pas de tous les mettre au tapis. Mais sans mentir, c'est le moment pour deux ou trois d'entre eux de se montrer plus intelligents qu'ils n'en ont l'air et de se débiner, ça me ferait au moins gagner du temps.

Je craque mes poings en sachant qu'aujourd'hui... On sert une justice totale et absolue.
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Tekkai ! Pas le temps de réfléchir, et encore moins d’esquiver. Je croise les bras devant ma tête pour protéger mon visage et courbe l’échine, puis fige mon corps avec le Tekkai. Les premières balles arrivent, percent mes vêtements, et commencent à entamer ma chair pourtant rendue aussi dure que l’acier. La sensation est très désagréable, comme se faire dévorer par petits bouts. Non pas que ça me soit déjà arrivé pour avoir un point de comparaison ! Dans tous les cas, c’est bon, ça ira, ce n’est que superficiel.

Les pirates marquent une courte pause, le temps d’une hésitation. Certains se sont arrêtés de tirer, pensant que ce serait suffisant. D’autres, ont le cerveau qui bugue en essayant de comprendre pourquoi je ne suis pas encore par terre en train de gésir dans mon sang. Toujours est-il qu’il m’offrent une seconde de répit, malgré eux. Et une seconde de répit c’est bien assez quand on est capable d’utiliser le Rokushiki, même partiellement.

Soru ! Je me déplace à toute vitesse droit devant moi, genou en avant. Une fraction de seconde plus tard, je percute un pirate en plein dans le ventre. Sous la violence du choc, il crache une belle gerbe de sang et titube en arrière. Autour de moi, ses camarades mettent du temps à réaliser ce qui vient de se produire. Ils me paraissent si… Lents.

Ça fait longtemps que je ne me suis pas battu en situation réelle. La plupart de mes missions étaient toutes très tranquilles, ou contre des adversaires qui comprenaient bien vite que ça ne servait à rien de se débattre. Que ce soit au QG du G-3, où la flemme règne en maître, ou avec mes hommes, personne n’a ma détermination et ma motivation et ne se tue à la tâche que moi. Ça remonte à quand, la dernière fois que j’ai vraiment vu ou affronté quelqu’un de fort ? La formation pour l’apprentissage du Rokushiki que le Sous-Amiral Niromoto avait été obligé de nous faire ? Les combats d'entraînement contre le Commandant d’élite Haas ? Les démonstrations du Commandant Jugo, au BAN ?

J’esquive un coup de sabre qui manque de ruiner ma superbe coiffure en reculant simplement le torse. Je réponds à mon assaillant d’un jab en plein visage. Il titube en arrière et alors qu’il porte ses mains à son nez, je l’attrape par le bras et l’envoie valdinguer dans un groupe de ses collègues. Soru. Je me déplace derrière un autre pirate et l’assomme d’un coup de coude dans la nuque. Soru. Coup de pied retourné dans l’estomac d’un autre. Soru. Un croisé du droit dans un des criminels qui s’effondre. Je ramène mon bras et mets un coup de coude dans le torse de celui qui s’avançait dans mon dos. Soru. Cric dans le genou et sans reposer le pied par terre, coup de pied au visage. Je bloque, je bouge, je frappe. A chaque pirate que je neutralise, je me sers de ma mobilité supérieure pour me déplacer en latéral et récupérer ma vision périphérique, pour ne pas me faire avoir dans "l'effet tunnel" de ce genre de combats de rue. J’enchaîne les déplacements instantanés et des frappes chirurgicales sans qu’ils ne sachent vraiment où donner de la tête.

C’est un véritable déluge de Raines qui s’abat sur ces pirates.

Et puis alors que je m’occupe des derniers à encore se tenir debout, je sens quelque chose derrière moi. Pire qu’un mauvais pressentiment, je sens l’air siffler près de mes oreilles. Je connais ce bruit. C’est celui d’une lame qui fend l’air. Je réagis instantanément.

Kami-E ! A l’inverse du Tekkai, mon corps acquiert une souplesse surhumaine, qui me permet d’esquiver in extremis le sabre qui venait droit vers ma tête. Sauf que ce n’est pas un sabre. C’est un poing américain, mais qui m’arrivait dessus avec une telle vitesse que c’est l’impression que ça m’a donné. Soru ! Je m’éloigne en me déplaçant de l’autre côté du pont. Je ne peux pas me vanter d’avoir déjà croisé un utilisateur de pouvoirs démoniaques. Mais dans un monde aussi vaste que le nôtre… Il y a des gens qui ont parfois des capacités surprenantes. Je suis bien placé pour le savoir… La première fois que j’ai eu vent du Rokushiki, j’avais du mal à en croire mes yeux… Toujours est-il que j’applique la règle d’or que j’ai apprise au BAN : en cas de doute, on met de la distance.

Oh ? Marrante, ta façon de bouger… Un coup t’es dur, un coup t’es mou, un coup tu disparais…

Lui, il ne dégage pas la même aura que les autres. C’est bien évidemment le capitaine du bateau. Il a peut-être mon âge, voire plus jeune. Mais il est deux fois plus impressionnant : là où je suis plutôt mince et athlétique, lui est une montagne de muscles. Ses pieds, comme ses poings, sont couverts de renforcement métalliques. Dont il sait apparemment se servir, vu la vitesse du coup précédent. Moi qui disais que ça faisait longtemps que je n’avais pas affronté un véritable adversaire… On dirait que l’univers m’a entendu. Je peste. J’ai la jambe qui tremble. J’ai un peu abusé des Geppou et des Soru, et mon corps commence à en subir le contrecoup. J’en aurais pourtant bien eu besoin contre ce type.

Je souffle un grand coup et me mets en garde alors qu’il contemple l’étendue des dégâts sur le pont du bateau.
Ben dis donc… Tu n’y es pas allé de main morte, hahahaha ! Je n’arrive pas à savoir s’il rit jaune, où s’il a un pet au casque. Vu que c’est un pirate, je penche plutôt pour la seconde hypothèse. Quand j’ai entendu qu’on avait un Commandant aux trousses, je suis resté bien tranquillement dans ma cabine… Des Commandants de la marine, on en a vu quelques-uns… D’habitude, ils ont moins de niaque !
Pas besoin de beaucoup de force pour étaler des minables pareil… Je lui réponds sèchement, sans me relâcher une seule seconde. J’ai même dû me retenir pour ne pas les tuer.

Comme c’est noble, monsieur le marine ! J’en tremble de peur !

Rassurez-vous, je saurai me retenir et vous capturer vivant. Ce n’est pas à moi de juger vos crimes, aussi vils soient-ils, mais seulement de le permettre.
Hahahaha ! Tu ne sais vraiment pas à qui tu as à faire, petit Commandant, hein ? Je suis le Capitaine Manguito, de la World Wide Company ! Tu crois que tu fais le poids ? Des bleus comme toi, y’en a plein qui m’ont menacé… Et ils ont tous fini par le regretter !
Manguito ? Le nom ne me dit rien. Je marque une légère pause. En tout cas, il n'a pas du beaucoup sévir ailleurs que sur East Blue. Mais il commence à me chauffer sérieusement les oreilles, à me manquer de respect. Je reprends. Par contre, j’ai vu les dégâts que vous avez fait à Cocoyashi. Et je connais la réputation de la WWC. Si les gens que vous avez kidnappés ont la moindre égratignure… Je vous garantis que vous n’aurez même plus assez de dents pour raconter que c’est le “petit” Commandant Raines qui vous a collé au trou.

Hahahaha, t’es mignon ! Non, ils ne sont pas trop amochés, il faut quand même encore que je les vende, après t’avoir crevé la gueule ! Ou alors… Ptet que tu vas aller les rejoindre. J’ai des clients qui paieraient un prix d’or pour pouvoir faire laver le sol à une gueule d’ange comme la tienne ! Et puis ça compensera pour les quelques-uns qu’on a balancé aux monstres marins !

Je ne réagis pas à ses menaces, simplement soulagé qu’ils n’aient pas décidé de blesser leurs otages. Du coin de l'œil, je vois que mes hommes sont toujours loin, affairés à repêcher et secourir les villageois. On dirait qu’il va falloir que je me débrouille tout seul.
Mon regard se repose sur Manguito. Ou plutôt sur son poing qui fuse droit vers moi. Putain. Je ne l’ai lâché des yeux qu’une fraction de seconde.

Allez, Raines. Du nerf. Il va falloir envoyer du bois.
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Son poing glisse le long de mon bras droit qui protège mon visage. Je dégage son propre bras vers lui pour fermer l’angle d’attaque qu’il pourrait avoir avec son bras gauche. En revanche, c’est le mien qui part vers son visage en croisant. A ma grande surprise, il se laisse entraîner par mon blocage et plonge sur le côté. Enfin, c’est ce que je crois au premier abord. En réalité, il transfère juste entièrement le poids de son corps sur sa jambe gauche… Et m’assène un formidable coup de pied en arrière de la jambe droite. Je parviens in extremis à parer en abattant mon bras gauche et en le frappant à la cheville. Mon avant-bras frappe en plein dans les plaques métalliques qui renforcent ses chaussures. Je grimace sous le coup de la douleur et me repositionne en massant ma main endolorie. Il dit que j’ai une façon étrange de me déplacer, mais ce mouvement était très fluide : il n’a pas grand chose à envier à un utilisateur du Kami-E…

Crève !

Voilà deux fois qu’il vient sur moi. Clairement, c’est lui qui donne le rythme de notre combat. Hors de question de me laisser faire. Je raidis l’index et le majeur de ma main droite… Et me ravise. Je ne maîtrise pas encore suffisamment bien le Shigan. Autant éviter de tenter l’Aldo et de me péter les doigts, tant qu’à faire. Je revois mes options. Maîtriser la partie la plus “défensive” du Rokushiki n’a pas été un problème. Par contre, mon Rankyaku et mon Shigan ne sont pas encore tout à fait au point, ce qui limite sérieusement mes capacités offensives. Je vais devoir me contenter de mes pieds et de mes poings… Mais ça ne va pas m’empêcher d’être agressif.

Je me jette vers lui et lui envoie un jab du gauche. Il bloque en garde haute. Je viens chercher l’intérieur de sa garde avec un croisé du droit. Il bloque encore. Mais cette fois, j’attrape sa garde et, me rapprochant de lui, lui assène un coup de genou en plein dans le ventre. Je sens de la résistance. Il a eu le temps de contracter ses abdominaux. Je peste intérieurement. Il a de bons réflexes, le salaud… Ce n’est pas un combat que je vais gagner en force brute, sur des petites séries de coups comme ça. Il va falloir briser sa posture et sa garde, tout en limitant les dégâts qu’il va m’infliger.

Alors je me rue sur lui et je le martèle de coups de poing. Je donne le rythme, maintenant. Il a beau suivre, son attention est focalisée sur mes poings. J’ai beau ne pas avoir de plaques de métal sur mes poings, il est suffisamment expérimenté pour savoir qu’il ne peut pas se permettre de les ignorer. J'enchaîne des séries de frappes simples et rapides en changeant de bras dominant à chaque fois.. Jab du gauche, croisé du droit, crochet du gauche. Jab du droit, croisé du gauche, crochet du droit. Jab, croisé, crochet. Jab, croisé, crochet. Battant la mesure comme un métronome, je fais pleuvoir les coups de poing sur lui. Mes séries de trois frappes sont, de mon côté, assez instinctives à effectuer. De celui du pirate que j’affronte, ce n’est pas la même histoire : il est obligé de bien adapter sa garde… Ce qui n’est pas évident sur des enchaînements composés d’un nombre impair d’attaques aussi bien exécutées.

Inéluctablement, il finit toutefois par s’habituer à la fréquence à laquelle je frappe. Alors, sans attendre, je rajoute des variantes. Jab, croisé, jab. Jab, croisé, uppercut. Coup de pied dans le genou. Le style de combat qu’on m’a enseigné au BAN et que je continue de peaufiner aujourd’hui est résolument offensif, alors je ne m’arrête pas de frapper. Petit à petit, ça commence à porter ses fruits. Manguito a du mal à suivre, et commence à accuser le coup. Il s’embrouille dans mes attaques et je lui prends le genou droit. Ses bras doivent commencer à s’endolorir, parce que sa posture défensive devient de plus en plus brouillon. Et d’un coup, j’ai l’ouverture tant attendue vers son visage. Alors je frappe sans hésiter.

Et je prends son nez, qui s’écrase avec des projections de sang.

Je crache une gerbe de sang. Qu’est-ce que… ? Je viens de le frapper, pourquoi c’est moi qui suis blessé ? La douleur arrive d’un coup, comme si j’avais pris une décharge électrique. Une douleur vive, au niveau du plexus solaire. L’enfoiré. C’était une feinte. Il a fait exprès de se laisser toucher, et de son bras que je pensais mal placé, il m’a envoyé un coup formidable en plein ventre. Il m’a montré un appât si irrésistible que je n’ai pas hésité une seule seconde et que j’ai relâché ma propre garde. Manguito recule en titubant, en se tenant le nez dans la main et en ricanant. Il crache un glaviot ensanglanté par terre.

Vous êtes tellement prévisibles, vous les marines ! Vous pensez qu’on peut apprendre à se battre dans une salle de classe, et en lisant des bouquins ? En s'entraînant à taper pour de faux sur des copains ? Il commence, avec une voix plus nasillarde qu’avant. Tiens, je me demande pourquoi. Mais le vrai combat, c’est pas ça. Le vrai combat c’est des coups de pute, c’est l’imprévisible.

J’ai envie de lui répondre mais aucun son ne sort de ma bouche, tout simplement parce que je suis à court d’air. Il a complètement coupé ma respiration. C’est pas bon. La respiration, c’est la B.A-BA du combat rapproché. Sans oxygène, pas d’énergie dans les muscles, pas de rythme. Impossible de me concentrer sur le reste du combat si j’ai l’impression d’asphyxier.

Manguito remet son nez en place d’une main, et fait craquer ses poings en s’avançant lentement vers moi. Souviens-toi, Raines. Souviens-toi du BAN et de ce que tu y as appris. Tu en as chié bien plus que ça ! Avec tous tes entraînements, il y a bien quelque chose que tu peux faire ! J’essaie de me motiver, de me creuser les méninges à vitesse grand V. Si je ne réagis pas vite, je ne donne pas cher de ma peau.
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Respire. Respire. Respire. Je peste intérieurement. Mon diaphragme est complètement spasmé suite au choc. Il est complètement rigide, et ne peut plus se contracter et se décontracter pour me permettre de respirer. Attends une seconde…

Ri… Rigide ? Le mot s’échappe tout doucement de ma bouche. La première chose à laquelle je pense, c’est au Tekkai. Cette sensation du corps qui se raidit entièrement, qui se fige alors qu’on bloque sa respiration… Il y a quelque chose d’extrêmement similaire. Après tout, le Rokushiki est une discipline qui consiste à renforcer les aptitudes naturelles du corps, à puiser dans ses capacités et à les pousser jusqu’à leur limite. Je suis happé hors de mes pensées alors que mon adversaire se trouve à mon niveau. Il me toise, et arme son poing, et je ne réagis que trop tard. Mes bras sont mous, lents, et je peine à les monter à mon visage pour me constituer une arme. Manguito esquisse un sourire et frappe.

Et je fais de même.

Kami-E ! Mon corps se relâche tout d’un coup, y compris mon diaphragme complètement paralysé. Prenant une grande inspiration au passage, j’esquive complètement son état en rendant mon corps aussi souple qu’une feuille de papier. Je plonge sous son bras avec facilité, vu que mes bras n’étaient pas complètement relevés pour parer… Et je lui décoche un uppercut du gauche en pleine mâchoire. L’impact est si violent qu’il a dû sentir sa cervelle bouger dans sa boîte crânienne, et le choc se réverbérer dans ses vertèbres. Je n’attends pas de lui laisser une chance de se rétablir. De ma main gauche qui quitte à peine son menton, je viens attraper son bras droit encore tendu. Je rentre à fond dans sa garde, dos contre son torse et envoie mon coude en plein dans le foie. Dans le mouvement qui suit le coup de coude, ma main gauche glisse le long de son bras vers son poignet, ma main droite empoigne son biceps, et je le fais basculer par-dessus mon épaule pour l’amener au sol. Je ne lâche pour autant pas son bras, et le suis au sol en venant m’agenouiller sur son épaule.

Ça vous va, ça, comme vrai combat ? Je tords son bras et le mets en extension complète, le maintenant de toutes mes forces. Il grogne et m’insulte en essayant de se débattre.
Enfoiré ! Tu me les casses avec tes techniques de merde, lâche-moi !


Je serre un peu plus fort sur ma prise.

Ça ne sert à rien de vous débattre. Vous êtes en état d’arrestation. Vos hommes sont hors combat. Les miens ont fini de repêcher les villageois que vous avez balancés par-dessus bord, et vont venir pour coffrer tout le monde.
FERME TA GU…


Craaaac.

Le bruit de l’os qui craque, des ligaments qui se déchirent et de l’épaule qui se luxent est répugnant. Comme quand on croque un bout de cartilage en mangeant un bout de poulet rôti. Le pirate hurle alors que son bras retombe mollement au sol, sans pouvoir m’empêcher de le lui prendre. Notre affrontement est terminé. Notre niveau était à peu près égal, et mes coups devaient faire aussi mal que les siens. Mais avec un bras en moins, impossible pour lui de revenir dans le combat. De toute manière, il n’avait pas pu m’empêcher de le mettre au sol, donc mon uppercut l’avait bien sonné.

Cela ne l’empêche pas d’essayer de me mettre une frappe du gauche que j’encaisse en plein dans l’épaule. Je lui attrape ensuite le bras. Il se débat, mais dans cette position…

J’ai beau être sympa, ma patience à des limites. Vous venez de griller votre seconde chance.

Craaaac.

Dans une autre clé de bras, je lui luxe son épaule gauche puis me relève d’au-dessus de son dos. Manguito peste et m’insulte sans s'arrêter, et gesticule dans tous les sens en essayant de se relever sans ses bras, comme un gros ver de terre. L’avantage, c’est qu’il ne va pas couter cher en menottes pendant quelque temps…
J’ai enfin quelques secondes de tranquillité pour contempler l’étendue des dégâts sur le bateau des pirates. Mon bateau, lui, est en train de s’arrimer et mes hommes débarquent sur le pont. Le calme de la mer n’est rompu que par les cris véhéments de Manguito alors que mes hommes sont en train de l’immobiliser et l’agitation des villageois enlevés et retenus dans la cale. Les corps des forbans, toujours inconscients, jonchent le sol.

Commandant Raines, tout va bien ?

Je bloque quelques secondes, et suis happé hors de mes pensées par un de mes subordonnées qui me rejoint. Je balade mon regard sur mon propre corps. J’ai des bleus de partout. Mes jambes tremblent. J’ai des taillades plein les bras, des coups d’épée que j’ai esquivé de justesse avec mes Soru. Mon plexus est extrêmement douloureux, et j’ai probablement une ou deux côtes flottantes cassées. Mes phalanges sont également en piteux état, et j’ai sans doute plusieurs fractures aux métacarpiens. Je sens encore l’impact de mes poings contre sa garde. Avec l'adrénaline qui redescend, je commence à payer le contrecoup du Rokushiki qui est extrêmement taxant pour le corps de son utilisateur.

Le point positif ? J’ai une fois de plus bien protégé ma gueule d’ange. C’est bon pour les relations publiques. Je recoiffe mes cheveux trempés de la sueur du juste et remet mon col d’équerre. J’ai un discours libérateur à faire à des villageois captifs !
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Tsk… Aïe ! Si vous pouviez ne pas appuyer la ou c’est fracturé, ce serait mieux… Je souffle en serrant les poings. Aie, ça fait mal aussi, à cause des doigts cassés.
Vous êtes douillet, Commandant !

Le problème, quand on est le médecin de bord, c’est que quand on est blessé il n’y a personne de bien capable de nous soigner. Mes hommes sont au mieux une bande de néophytes à qui on a appris à faire un massage cardiaque et à dispenser les premiers soins. Alors, bander des côtes brisées sans appuyer dessus comme des bourrins… Je me relève péniblement et me dégourdis les membres. Quand ça refroidit, c’est vraiment pire.

Mes hommes font des aller-retours sur le pont du bateau, et adossent au fur et à mesure les pirates ligotés et menottés contre le bastingage. Un par un, les otages enlevés par la WWC sont accompagnés en dehors de la cale où ils étaient retenus prisonniers. Ils sont toujours sous le choc.

Ça va aller. Ne vous inquiétez pas. Tout va bien maintenant, nous allons vous ramener à Cocoyashi et vous allez retrouver vos familles. Tout va bien. Je m’efforce, malgré la douleur, de me montrer souriant et surtout rassurant. Je les ausculte ensuite sommairement. Ils n’ont l’air d’avoir que quelques ecchymoses et des blessures superficielles, et tous ont des marques de menottes aux poignets. L’essentiel c’est de ne pas avoir été trop violentés par les esclavagistes. Heureusement, nous sommes intervenus à temps… Alors j’en profite pour faire ma publicité. Une affaire aussi rondement menée, c’est signe de promotion, ça ! Je suis le Commandant Raines, et c’est mes hommes et moi-même qui vous ont secouru… Regardez mes bandages… N’hésitez pas à le mentionner quand la presse prendra votre témoignage !

Tout le monde est rassemblé sur le pont, et après un décompte rapide des villageois libérés et de ceux qui ont été repêchés qui permet de vérifier que personne ne manque à l’appel, nous nous préparons à repartir.

Transférez les villageois sur notre bateau, ça sera moins traumatisant que de rester sur celui des pirates. Je marque une pause, puis mon regard s’attarde sur les pirates ligotés sur le pont. Quant à ceux-là… On va les descendre dans leur cale. On va voir comment ils apprécient leurs propres chaînes. On ramène les villageois à Cocoyashi, et direction le QG du G-2 pour leur livrer toute cette racaille, et leur bateau.
Oui mon Commandant !
Et que quelqu’un monte à la vigie pour décrocher leur saloperie de drapeau ! Aujourd’hui, on a encore fait un petit pas vers un monde plus juste et libéré de ces criminels !
J'entame un discours galvanisant et fier tandis que j'accompagne mes hommes qui escortent les pirates jusque dans leur propre cale. Aujourd’hui, vous pouvez être fiers de porter cet uniforme et d’en défendre les valeurs !
Hahahahaha… Ce qu'il faut pas entendre… Manguito, qui est revenu à lui, ricane. Des valeurs ? Ha, vous y croyez à vos conneries ? Bande d’hypocrites… Tu sais qui c’est, nos plus gros clients, mon ptit Commandant ?

Je l’ignore. Je sais très bien ce qu’il va dire.

C’est tous les nobles et ces royaumes que vous cautionnez, que vous défendez et qui vous dirigent. Comment croyez-vous qu’ils vivent, hein ? Qu’ils paient leur personnel pour leurs soirées mondaines ? A la WWC on ne braconne que les belles gueules et pas les montagnes de muscles… C’est pas pour construire des ponts à Tequila Wolf.
Le gouvernement mondial fédère la quasi-totalité des pays du globe. Forcément, ils ne peuvent pas toujours appliquer une loi juste et morale, à l’instant t. C’est pourquoi, nous, le bras armé du gouvernement, nous efforçons de…

T’y crois vraiment à tes conneries ? Il me coupe en rigolant de plus belle. Hahaha ! Vous n’êtes peut-être pas des servants, mais vous êtes des chiens de garde et c’est du pareil au même ! Vous ne savez même pas ce qui se passe dans la maison de vos maîtres ! Je vais vous dire ce qu’il va se passer : on va aller en taule, on va y rester quelques semaines tout au plus, et puis on va se faire libérer discrètement… Et tu sais pourquoi ? Parce que c’est ce qui arrive régulièrement dans notre métier ! Parce que tes maîtres ont besoin des pirates comme nous, mon petit toutou !

Je lui décoche un coup de poing dans le visage. Mes phalanges blessées me font crisser de douleur. Mais ce n’est pas grave, ça vaut vraiment le coup. Je tourne le dos et remonte sur le pont du bateau sans même lui répondre. Putain. Il m’a fait perdre mon sang froid, avec ses provocations et ses mensonges.

La justice que nous défendons est noble. Bien sûr qu’il y a des brebis galeuses partout… Mais c’est aux hommes comme moi de faire le ménage et de les purger de la corruption qui les gangrène. Des esclavagistes comme eux, libérés sur parole ? Impossible. Au vu des crimes qu’ils ont commis, c’est le bagne ou la potence qui les attend. Je ne dois pas laisser ses paroles me monter à la tête et me faire douter.

La justice doit être totale et absolue.

En route pour Cocoyashi !
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Quelques jours plus tard. Quelque part en mer, East Blue.

Pulu pulu. Pulu pulu. Pulu pulu.

Je décroche le combiné de l’escargophone. Celui-ci prend alors instantanément une dégaine… Molle. Oui, même par rapport aux standards d’un escargot. Je reconnais alors évidemment les traits fatigués qui donnent une très nette impression de je-n’ai-pas-envie-d’être-là de mon supérieur, le Sous-Amiral Niromoto.

Raines ?
Oui, mon Sous-Amiral ?
Je viens d’avoir le Sous-Amiral Bii à l’escargophone. Elle m’a confirmé votre sauvetage de villageois enlevés et la capture d’un pirate primé… Décidément, avec vous même les missions de livraison d’agrumes peuvent être mouvementées ! Néanmoins Raines…
Oui ?
Vous avez fait du beau boulot.
Merci, mon Sous-amiral.


Le Sous-Amiral Niromoto est un homme de peu de mots, principalement parce qu’il a la flemme d’en dire plus qu’il n’en faut. Le simple fait qu’il prenne du temps pour m’appeler et pour me féliciter… Ça veut dire beaucoup.

Bon… Euh… C’est pas tout ça, mais… J’ai… Euh… Des tâches administratives importantes à remplir, alors je vous laisse ! J’attends votre rapport de mission détaillé à votre retour au G-3.
Reçu, mon Sous-amiral.


Je lâche un soupir amusé. Il ne s’embête même plus à trouver des excuses semi-crédibles, et se contente simplement de mettre sa flemme sur le dos de “tâches administratives importantes”... Que je vais surement devoir me farcir en rentrant sur West Blue. Classique. Je m’apprête à raccrocher, quand je me ravise au dernier moment.

Euh… Sous-amiral ? Je peux vous poser une question ?

Comme s’il avait oublié que l’escargophone reproduit les mimiques de son visage, il affiche la tête la plus blasée du monde mais consent néanmoins à me répondre.

Allez-y, vite.
Ce qu’a dit Manguito m’a un peu… Troublé. Il me disait que c’était courant pour son genre de criminels de passer au travers des mailles du filet et de se faire relaxer, parce que le gouvernement mondial cautionne et à besoin de pirates comme lui. J’ai posé la question au Sous-amiral Bii, mais elle ne m’a pas répondu. Vous pensez que c’est vrai ?


Il y a un léger silence.

Raines… Vous êtes un bon marine. Parce que vous ne réfléchissez pas trop. Pour vous, les choses sont soit toutes blanches, soit toutes noires. Vous vous considérez blanc, et vous frappez le noir. La vérité, c’est que dans ce monde, tout à une différente nuance de gris. Alors ne réfléchissez pas trop, et contentez-vous de taper le gris foncé et de tolérer le gris clair…
Mais, Sous-amiral…
Un instant, Raines.


J’acquiesce et me tais. Je ne suis pas sûr que ses paroles m’avancent énormément. Me conseille-t-il de fermer les yeux sur ces injustices ? De cautionner le fait que le gouvernement ménage la chèvre et le chou ? Le fait que certaines personnes sont au-dessus de ces lois que j’ai passé ma vie à défendre ? Peut-être que le Sous-amiral a raison. Il y a des choses qu’un simple Commandant ne peut pas faire. Je devrais me concentrer sur ce qu’il y a devant moi. Prendre du galon, pour avoir de l’impact et réellement changer les choses.

Commandant Raines ?
Oui ?
C’est votre jour de chance. Que diriez-vous justement d’une mission où vous n’allez pas trop avoir à vous tourmenter l’esprit ? La Commandant d’élite Bathory mène une campagne de purge dans Zaun, North Blue et aurait besoin de renforts. Un raid. Vous rentrez, vous neutralisez l’objectif et vous repartez. Une mission comme l’élite sait si bien les faire. Je vous porte volontaire ? Comme ça je n’ai pas à m’emmerder à trouver quelqu’un d’autre…


Une mission avec l’élite, hein ? Comme au bon vieux temps. Avant que les choses ne soient compliquées. Si j’avais pu, je serais resté dans la marine d’élite. Mais il faut que je gravisse les échelons dans la régulière, pour faire connaître mon nom et mon honneur. Alors, tant qu’à faire d’une pierre deux coups…

Bien sûr, mon Sous-amiral.

L’escargophone sourit et mon supérieur raccroche en m’informant que les détails de la mission me seront transmis plus tard. Peut-être que la justice totale et absolue dont je rêve n’est qu’une chimère que je poursuis. Peut-être que je me pose trop de questions, et qu’il faut simplement que je fasse ce qui me semble être le plus juste au moment donné. Pour l’heure, on se remet sur pied pour être d’attaque pour la mission. Je sors de ma cabine, me dirige sur le pont et m’adresse à mes hommes.

Soldats… Cap sur North Blue !
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