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Les clients ne s'achètent pas, pour tout le reste il y a MASTER COQ !

Cela faisait quelques temps que Mama vadrouillait en East Blue quand elle apprit qu’un concours de cuisine se tiendrait sur le réputé ! le mythique ! le légendaire Baratie ! Plus qu’une opportunité ou qu’un rêve, elle voyait la coïncidence comme un signe du destin, une bénédiction qui lui était prédestinée. La joie et l’empressement ne lui avaient pas laissé le temps de lire toute l’affichette, seuls importaient le lieu et la date. Elle avait embarqué aussitôt dans sa barge et mis les bouchées doubles pour arriver à temps. Elle s’était maudite de ne jamais s’être intéressée plus que ça à la météorologie et à ses outils, parce que, indéniablement, si elle avait été à peu près sûre de pouvoir jouer du Climat-Tact sans endommager son bateau, elle l’aurait fait ! Mais il valait mieux être à l’affût du changement des courants marins lors des moments difficiles et dormir durant les moments calmes que risquer l’intégrité de son navire et ne jamais arriver, pas même en retard.

Les derniers jours de navigation furent difficiles, non pas que le maniement de la barre s’avérât plus compliqué ou exigent qu’habituellement, mais elle devait s’accorder encore plus de temps de repos pour se préserver pour le concours. Aussi, au cas où ce fût nécessaire, elle avait précautionneusement inspecté tout son matériel de cuisine. Enfin, quelques heures avant son arrivée, elle avait vidée une de ses malles de vêtements sur son lit pour y ranger aussi bien que possible son kit personnel de cuisine avant de nouer ses cheveux en chignon.

Elle était prête.

Il ne lui manquait plus qu’à manoeuvrer la barge pour l’amarrer en douceur au fameux restaurant. Ce qu’elle fît, non sans appréhension à cause de la pression qui sourdait du plus profond de ses entrailles.


Calme-toi Mama. D’accord tu vas avoir besoin de faire tes preuves, d’accord tu vas cuisiner devant des maître-coqs prestigieux … MAIS T’ES CHEZ TOI ! C’EST TON DOMAINE ! TU VAS LES BOUFFER ! TOUS AUTANT QU’ILS SONT ! LES CUISTOTS VONT TE SUPPLIER D’ENTRER DANS LEURS RANGS !


Ainsi, elle empoigna sa malle et escalada l’échelle de corde avec un peu trop d’entrain, si bien qu’à son débarquement, les coqs et ses adversaires arrivés avant elle se retournèrent. Certains firent même les yeux ronds. Mais ça, de par ses presque trois mètres de haut et ses deux quintaux environ, elle y était rodée. Par contre, elle n’était pas accoutumée à ressentir ce que les autres vivaient habituellement quand ils croisaient son chemin pour la première fois : quand elle vit le gérant, Chef Kintoki, et le second, Chef Duveuil, s’arrêter de s’entretenir, surpris par son entrée survitaminée, elle se ratatina sur elle-même pour essayer de se faire toute petite.

Quelques longues secondes passèrent puis toutes les discussions qu’elle avait interrompues reprirent. Avant de s’intégrer toute penaude au groupe, elle fut surprise de voir le pont complètement aménagé. En effet, il avait été entièrement dégagé pour que plusieurs postes de cuisine pussent être sortis. Ils allaient donc cuisiner en plein air, et c’était plutôt logique finalement : aussi grandes les cuisines pouvaient-elles être, jamais elles n’auraient pu accueillir autant de monde. Et puis au moins, elle serait à son aise puisqu’elle ne serait pas obligée de se courber dans une cuisine potentiellement trop basse pour elle …
Un buffet avait même été aménagé afin de faire patienter les premiers venus.

Le moment d’attente jusqu’à l’heure annoncée parut interminable à Mama, surtout que peu de personnes arrivèrent après elles, mais enfin le chef Kintoki s’avança et éleva la parole pour couvrir le brouhaha des participants qui cessa immédiatement.

— Salut les touille-la-soupe, et bienvenue à bord du Baratie ! Au cas où, je me présente : Chef Kintoki. Je ne vais pas y aller par quatre chemins : si on a créé ce concours, c’est pour deux raisons : comme vous le savez peut-être, le coût des matières premières ne fait que s’envoler, ces derniers temps. Mais aussi, notre clientèle habituée se plaint actuellement que notre carte n’est pas beaucoup renouvelée. Alors voilà, on s’est creusé la tête mais comme c’était aussi un prétexte pour se la prendre, la tête, on en a conclu qu’on devait miser une belle part de l’argent du restaurant dans l’organisation d’un concours. Il y a douze millions et l’insigne honneur de voir ses plats à la carte pour le gagnant ou la gagnante !

Le chef Kintoki se recula, et le jeune second prit sa place et la parole.

— Bien le bonjour; amis coqs ! Je suis le chef Duveuil, si vous l’ignoriez. Le gérant et chef de cuisine l’a sous-entendu : vous pouvez nous sauver la mise, et outre le plaisir de cuisiner à bord d’un restaurant de renom, on vous récompensera. Le thème de ce concours est "Économie et écologie”, et je vais vous énoncer les quelques règles.

Premièrement, vous devez confectionner un repas entier : entrée, plat, dessert.
Deuxièmement, vous devez utiliser le moins d’ingrédients possible, ou a minima faire le moins de déchets possible. Mais attention ! Il faut que ça reste mangeable et agréable. Le premier ou la première qui, par exemple, met un œuf entier avec sa coquille dans son plat se verra dans l’obligation de le manger, de gré ou de force. Et croyez-moi, vous préférez la méthode douce.
Troisièmement, vos recettes devront être intégralement retranscrites par écrit afin que nous puissions les reproduire une fois à la carte.
Et enfin, quatrièmement, vous pouvez utiliser tout ce qui se trouve à votre disposition sur le pont. Quand je dis “tout ce qui se trouve à votre disposition sur le pont”, je parle bien sûr des matières premières et du matériel de cuisine que nous vous prêtons. Si j’en vois un ou une utiliser une chaise ou son arme, il ou elle passe aussitôt par-dessus bord. Vous pouvez également utiliser les aliments ou le matériel à bord de vos navires, nous vous laisserons quelques minutes pour aller les chercher si besoin.


A nouveau, le gérant s’avança.

— Vous aurez quatre heures pour répondre à nos attentes. A l’issue de ces quatre heures, tous les participants devront lever les mains en l’air et s’écarter de leurs plans de travail. Pendant ce temps, nos coqs passeront dans vos rangs pour vous évaluez mais aussi pour évaluer vos méthodes et vous plats. Ensuite, l’équipe procèdera à la dégustation, en privé, à l’intérieur du restaurant. Ce après quoi j’annoncerai le grand vainqueur !

Messieurs dames les gargouillous, vous pouvez retourner dès maintenant à vos navires pour aller chercher ce dont vous avez besoin, le concours débutera dès que tous les participants seront revenus !


Sur ces mots, une partie de la foule se dirigea vers les échelles de sortie pendant que des coqs jumeaux tiraient une immense table à roulettes sur laquelle étaient disposées diverses denrées fraîches, comme des fruits, des légumes, de la viande, des épices ou des condiments.

Mama était satisfaite du thème. De par son expérience, elle savait qu’une bonne gérance des stocks était la clé d’un long trajet en mer réussi et éloignait les mutineries. Malgré tout, elle était anxieuse. La tension parmi les participants était palpable. Certains ou certaines avaient même des airs de maître-coq étoilés …
Elle s’intima au calme et au sang-froid et se demanda si elle avait besoin de quoi que ce fût. D’un rapide coup d’oeil aux marchandises destinées au concours, elle repéra bien quelques protéines végétales, mais elle préféra retourner à sa barge pour aller chercher quelques réserves, au cas où.


Dernière édition par Mama Boutanche le Lun 13 Juin 2022 - 23:18, édité 1 fois
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Originaire de South Blue, Jin n’avait jusqu’alors jamais quitté cette mer bien qu’il soit parti de son île natale trois ans auparavant. Cependant, au cours d’un de ses voyages, il trouva dans un journal une annonce pour un concours de cuisine, sur le célèbre restaurant Le Baratie. L’annonce mentionnait un concours qui verrait le vainqueur inscrire son menu à la carte et toucher une récompense qui, même si la somme n’était pas indiquée, devait être énorme, s’imaginait Jin au vu de la réputation du navire-restaurant.  Il voyait en cette compétition plusieurs opportunités en or. La première, littéralement en or. La somme qu’il pouvait y gagner devait valoir plusieurs mois de salaire. Il se doutait que de grands cuisiniers, plus expérimentés et reconnus que lui participeraient mais l’inscription était gratuite, il ne perdrait rien à tenter sa chance. Et justement il aurait la chance de rencontrer de grands hommes et de grandes femmes de la cuisine du monde entier. L’occasion pour lui d’écouter leurs conseils, d’observer leurs façons de faire et de pourquoi pas, proposer ses services à l’un d’entre eux. Il avait également un maigre espoir, mais présent malgré tout, de profiter de évènement et de l’attroupement qu’il engendrerait pour obtenir des renseignements sur l’homme qu’il recherchait.

Le voyage jusqu’à East Blue n’avait pas été compliqué, mais long. Jin était arrivé à destination la veille du concours. Il s’était arrêté dans une ville sur une île non loin de la position du Baratie, afin d’y passer la nuit. Jin eut du mal à trouver le sommeil, son esprit était déjà au concours. Épuisé, il finit par tomber dans les bras de Morphée .

C’était le jour fatidique ! Jin était fin prêt pour ce moment. Un équipage de pêcheurs du coin s’était proposé d’emmener les quelques participants au concours qui avaient passé la nuit sur l’île, moyennant quelques sous. Le bateau n’était pas assez grand et il fallut quelques allers retours afin de transporter tout le monde. Sur le port, l’atmosphère était lourde et la tension palpable. De nombreux regards s’échangaient, mais peu de mots. Jin, adossé à une pile de caisse, ne prêtait pas attention aux autres. Quand vint son tour d’embarquer, Jin vérifia une dernière fois le contenu de son sac puis l’empoigna et grimpa à bord.

Le Baratie était encore plus impressionnant que Jin ne l’avait imaginé. Tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, le navire faisait honneur à sa réputation. De nombreux cuisiniers étaient déjà présents et patientaient sur le pont qui avait été déployé pour l’occasion. En attendant l’arrivée de tous les participants, les employés du Baratie faisaient visiter les lieux. Après avoir fait le tour du bâtiment, Jin retourna sur le pont. Comme à son habitude, il se mit dans un coin, les bras croisés en attendant le début du concours.

Après quelques heures passées à attendre, deux hommes s’avancèrent. Il ne les avait jamais vu, mais Jin savait de qui il s’agissait. Le plus âgé des deux pris la parole.

— Salut les touille-la-soupe, et bienvenue à bord du Baratie ! Au cas où, je me présente : Chef Kintoki. Je ne vais pas y aller par quatre chemins : si on a créé ce concours, c’est pour deux raisons : comme vous le savez peut-être, le coût des matières premières ne fait que s’envoler, ces derniers temps. Mais aussi, notre clientèle habituée se plaint actuellement que notre carte n’est pas beaucoup renouvelée. Alors voilà, on s’est creusé la tête mais comme c’était aussi un prétexte pour se la prendre, la tête, on en a conclu qu’on devait miser une belle part de l’argent du restaurant dans l’organisation d’un concours. Il y a douze millions et l’insigne honneur de voir ses plats à la carte pour le gagnant ou la gagnante !

Douze millions ! Jin ne s’était pas trompé, la récompense était considérable. En temps normal, il lui faudrait plusieurs années avant d’empocher autant d’argent.

Le Chef Kintoki céda la parole à son second.

— Bien le bonjour; amis coqs ! Je suis le chef Duveuil, si vous l’ignoriez. Le gérant et chef de cuisine l’a sous-entendu : vous pouvez nous sauver la mise, et outre le plaisir de cuisiner à bord d’un restaurant de renom, on vous récompensera. Le thème de ce concours est "Économie et écologie”, et je vais vous énoncer les quelques règles.

Premièrement, vous devez confectionner un repas entier : entrée, plat, dessert.
Deuxièmement, vous devez utiliser le moins d’ingrédients possible, ou a minima faire le moins de déchets possible. Mais attention ! Il faut que ça reste mangeable et agréable. Le premier ou la première qui, par exemple, met un œuf entier avec sa coquille dans son plat se verra dans l’obligation de le manger, de gré ou de force. Et croyez-moi, vous préférez la méthode douce.
Troisièmement, vos recettes devront être intégralement retranscrites par écrit afin que nous puissions les reproduire une fois à la carte.
Et enfin, quatrièmement, vous pouvez utiliser tout ce qui se trouve à votre disposition sur le pont. Quand je dis “tout ce qui se trouve à votre disposition sur le pont”, je parle bien sûr des matières premières et du matériel de cuisine que nous vous prêtons. Si j’en vois un ou une utiliser une chaise ou son arme, il ou elle passe aussitôt par-dessus bord. Vous pouvez également utiliser les aliments ou le matériel à bord de vos navires, nous vous laisserons quelques minutes pour aller les chercher si besoin.


A l’annonce des règles, Jin fut quelque peu surpris. Si la plupart de celles-ci lui paraissaient logiques, l’une d’entre elle retint son attention. Jin n’avait jamais cuisiné sur un thème pareil et d’un coup, sa confiance en lui s’évanouit. Il inspira un grand coup, et expira lentement, pour se calmer.

— Vous aurez quatre heures pour répondre à nos attentes. A l’issue de ces quatre heures, tous les participants devront lever les mains en l’air et s’écarter de leurs plans de travail. Pendant ce temps, nos coqs passeront dans vos rangs pour vous évaluez mais aussi pour évaluer vos méthodes et vous plats. Ensuite, l’équipe procédera à la dégustation, en privé, à l’intérieur du restaurant. Ce après quoi j’annoncerai le grand vainqueur !

Messieurs dames les gargouillous, vous pouvez retourner dès maintenant à vos navires pour aller chercher ce dont vous avez besoin, le concours débutera dès que tous les participants seront revenus !




Jin avait déjà tout ce dont il avait besoin avec lui, dans son sac. Pendant que les cuisiniers s’affolaient à retourner à leurs navires, et que deux cuisiniers du Baratie s’occupaient des derniers préparatifs, Jin continuait sa préparation mentale. Les yeux fermés, il se remémorait les heures passées en cuisine avec sa mère. Plus que quelques minutes avant le début du concours, et la tension était à son maximum.
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Robina était excitée comme une puce, voilà longtemps qu’elle avait voulu venir sur le Baratie, mais comme elle travaillait pour des navires-commerçants la plupart du temps pour payer son voyage, elle n’avait pas pu choisir sa destination, pour une fois, la chance avait toqué à sa porte. Ici, le transporteur avait plusieurs arrêts à faire, sur plusieurs ports, avant d’arriver sur South Blue, l’arrêt final du voyage, la cuisinière voulait voir à quoi la région ressemblait, et si les différents plats des îles étaient si différents de ceux de North et East Blue, les deux régions qu’elle avait déjà un peu visitées.

Elle gardait cependant un esprit calme, elle devait rester concentrée pour la compétition auxquelles elle allait participer, le navire de marchandises ne repartait pas avant le lendemain, la curiosité du capitaine avait été piquée quand la passagère qu’il faisait travailler pour son trajet avait voulu faire partie des personnes en lice.

Je vais vous regarder faire alors, j’ai hâte de voir jusqu’où vous allez réussir à vous hisser.

Sauf que d’après l’annonce qui venait d’être faite par le chef ainsi que le second de cuisine du Baratie, il n’y aurait pas de compétition à proprement parler, mis à part dans la préparation du menu qu’ils devaient inventer, pas d’éliminations, comme dans One Piece Monted, avec la disparition d’un concurrent chaque semaine. Le bordel qu’avait la jeune femme sur les épaules lui permit de ne pas se rendre sur le navire marchand qui l’avait amené jusqu’ici, casseroles, poêles, couteaux, wok et pleins d’autres ustensiles se trouvaient dans l’énorme sac qui se trouvait dans son dos, elle avait tout, mis à part les ingrédients, et eux étaient fournis par le restaurant, ce que venait de livrer l’homme qui avait convoyé la chasseuse de primes.

Ça n’était pas la première fois qu’elle menait sa barque dans un concours de cuisine, Cocoyashi, Le Sultanat de Pétales, elle avait déjà roulé sa bosse, et vaincu, en proposant un meilleur menu, un chef étoilé d’un Royaume extérieur à Sanderr, ça n’était pas rien sur le Curriculum Vitae. En voyant les deux commis sortir avec l’énorme table d’ingrédients, elle se rapprocha, plusieurs en firent de même, ils étaient peu à avoir pris leurs affaires pour se mettre tout de suite au travail, certains récupéraient sûrement quelques derniers ustensiles, cela donnait du temps à la Sanderrienne d’analyser ce qu’elle pouvait faire, dans le thème du zéro gaspillage, un bien étrange choix selon elle, le restaurant roulait sur l’or, le prix des matières premières ne l’influençait en rien, possiblement le prix du menu, mais elle hocha des épaules mentalement, ça n’était pas ses affaires.

Chacun des produits qui étaient disponibles sur le marché se trouvait sur la table, du poisson, de la viande, des légumes, des fruits, des épices, des légumineux, tout ce dont rêvait un cuisinier dans le monde se trouvait au Baratie, et elle était sûre que certains produits ne se trouvaient pas là, les plus rares et les plus chers devaient être gardés dans les chambres positives des cuisines.

Elle remarqua plusieurs ingrédients qui l’intéressait, elle aurait pu refaire le menu qui l’avait fait gagner à Pétales, pourtant il n’entrait pas dans la catégorie, trop de perte pour le menu, tout devait disparaître, elle devait ainsi donc oublier les œufs ou les ingrédients avec trop de déchets. Déjà plusieurs autres concurrents se rapprochaient, avec la taille qu’elle avait, la jeune femme aux longs cheveux bleus se détacha de l’attroupement qui commençait à se créer et se mit à l’écart, elle ne voulait pas se faire piétiner, elle avait vu une femme de trois mètres de haut dans le tas, finir sous la semelle d’une des compétitrices n’était pas à l’ordre du jour.

Eh bien jeune fille, vous êtes là pour participer vous aussi ?

Elle se retourna pour voir un vieil homme, il devait être dans la cinquante, voir la soixantaine, une canne dans la main, il prenait appui dessus de ses deux mains, malgré le fait qu’il soit assis sur une chaise, un cache-œil dissimulait son œil gauche, des cheveux courts et blancs, un visage buriné, avec un teint hâlé et un air peu commode. Il ne fallut pas plus de quelques secondes à Robina pour reconnaître l’homme. Sentomaru Kenpachi. L’ancien amiral en chef de la marine, il passait maintenant le plus clair de son temps au Baratie, profitant de l’excellente cuisine qui s’y trouvait, c’était tout naturel qu’il soit là.

Monsieur… Je… Je suis honorée de vous rencontrer. Et oui, je suis là pour participer, en effet.

Oh, ne faites donc pas tant de manières, je suis à la retraite jeune fille, mais cela me surprend que vous sachiez qui je suis, les visages s’effacent bien vite des mémoires quand on ne les voit plus souvent dans les journaux.

Impossible pour ma part, ma mère fait partie du Gouvernement Mondial, elle parlait souvent de vous, et de tout le travail que vous faisiez pour rendre les mers du monde plus sûres.

Elle était dans la marine ?

Absolument pas, elle travaille dans les prisons, un qui est très secrète de ce qu’elle m’a dit, je n’en sais pas plus.

Je vois… Vous devriez vous installer à un poste de travail, tout le monde commence à s’activer et un bon poste est toujours une bonne chose pour un cuisinier.

La cuisinière se tourna et vit énormément d’hommes et de femmes qui prenaient place devant leurs fourneaux, il n’en restait que quelques-uns de libres, bien heureux ceux qui avaient pensé que celui qui se trouvait le plus proche d’elle était déjà le sien, elle posa ainsi son sac ainsi que ses ustensiles. Elle dégrafa le cuir de sa mallette de couteau de sous son cabas avant de vérifier une à une les fils des lames en les passant sur une feuille de papier, les pierres à aiguiser et le fusil se trouvaient à portée si jamais il y avait quelque chose à rectifier, mais tout était parfait. Elle fit un signe de tête à l’homme pour son conseil et attendit que le calme s’installe, chacun se tenait droit comme un i, sur le pied de guerre, l’épreuve allait commencer dans quelques battements.
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— Mesdames, messieurs les coqs … A vos marques … Prêts … CUISINEZ !

Mama fut immédiatement submergée sous une vague de panique, et ce n’était pas chose commune chez elle !
Qu’est-ce qu’elle faisait là ?! Elle n’avait aucun renom, et elle n’avait rien d’un vrai cordon bleu digne de ce nom ! Certes, elle était cuisinière, mais coq avant tout ! Donc une cheffe qui devait composer avec ce que la cale du navire sur lequel elle était recelait ! Ses plats n’avaient aucun raffinement ! Elle devait simplement nourrir un équipage !

Noyée au milieu des autres postes, elle coula un regard à gauche et à droite. Il y avait tellement de gens ! Tellement de gens qui savaient ce qu’ils faisaient ! Autant de gens qui voulaient remporter le concours, tout simplement !

Elle ferma les yeux. Ce n’était pas le moment de craquer. Il fallait élaborer une liste de choses à faire et s’y tenir, c’était qui allait lui permettre de ne pas se laisser envahir par ses émotions. Et cette liste passait d’abord par la création d’une recette.
Sa spécialité qui évitait le gaspillage, c’était ses pois chiches grillés aux épices et sa mousse au chocolat. En effet, elle utilisait l’eau de cuisson refroidie des légumineuses afin de remplacer les blancs d'œufs montés en neige dans la recette de la mousse au chocolat.
Finalement, elle se réjouit d’avoir pensé à ramener un bocal de pois chiche déjà cuits de sa cale !
Maintenant qu’elle avait son dessert, il lui fallait un accompagnement. Pour un repas équilibré, il lui manquait des céréales, des fruits et des légumes. Habituellement, elle accompagnait sa poêlée de légumineuses avec du riz blanc et des poivrons à la sauce tomate, mais le riz jouait contre elle : l’eau de cuisson était inutilisable.

Elle lorgna sur la tête où les matières premières étaient dressées. Elle évita soigneusement toute la partie avec la chaire animale et les produits laitiers mais elle eut une illumination : en entrée, ce serait une soupe miso, aux algues séchées pour remplacer le poisson ; et au dessert, elle rajouterait un coulis de kumquat sur sa mousse au chocolat !
Aussitôt, elle enfila un tablier, se lava les mains, s’empara d’un plat et alla s’enquérir des denrées au pas de course. Enfin, elle avait mis les deux pieds dans son domaine ! Elle était chez elle !

Les deux tables commençaient déjà à se dégarnir et quelques candidats étaient présents autour. Un rude homme aux allures de pirate à la petite semaine lui adressa la parole.

— Elle nous mijote quoi la p’tite dame ?

Elle lui répondit mais sans le regarder, concentrée sur les ingrédients dont elle avait besoin : champignons frais, tomates, poivrons, poireau, carottes, oignon, céleri branche, nouilles, kumquat, laurier, thym, cumin, piment, paprika fumé, sel, poivre, huile d’olive, chocolat et sucre.

— C’est un concours, donc c’est pas vos oignons.
— “Oignons” ! Pour un concours d’cuisine ! Mais c’est qu’elle est drôle en plus de ça !


Mama prit sur elle pour ne pas lui rentrer dans le lard. Verbalement du moins, puisque lui rentrer dedans physiquement c’était prendre le risque que les coqs du Baratie lui tombassent sur le râble.

— Tu d’vrais prendre un peu d’bidoche. C’est bon la bidoche !
— Hors de question ! J’en mange pas !
— Oh ! Comment qu’elle est ! C’est pourtant pas c’qu’elle dit quand un homme lui montre sa …


Elle se redressa, ramena son plat sous son bras et fixa le grossier personnage droit dans les yeux.

— De nous deux, c’est vous le viandard. Et si celle de vos petits copains ne vous suffisent pas, passez me voir après le concours : je me ferai un malin plaisir de vous faire manger un steak de phalanges. (Sac à merde !)

Sans attendre sa réaction, elle tourna les talons et rejoignit son poste. Il l’arrosa copieusement de noms d’oiseaux mais elle n’en avait cure, parce qu’à nouveau, à voir tous ces gens attentionnés à leur préparation, elle eut un vertige.
La liste de choses à faire ! Il fallait qu’elle s’y tînt pour ne pas se laisser déborder !

Il fallait que la mousse au chocolat eût le temps de figer, il fallait aussi griller les légumes pour la sauce tomate avant de les mixer. C’était la priorité absolue ! Le reste ne se ferait qu’au dernier moment.

Alors sans plus attendre, elle préchauffa le four, lava tous les fruits et légumes, sortit un plat en métal, y déposa des tomates en grappes, un oignon haché grossièrement, le poivron vert, le jaune et le rouge. Elle surmonta les légumes de quelques herbes aromatiques et d’un beau filet d’huile d’olive.
En attendant que le four fût chaud, elle égoutta les pois chiche non sans récupérer le précieux aquafaba, l’eau de cuisson des légumineuses.

Aussi, elle prépara le bouillon de légumes pour sa soupe. Elle prit une planche à découper, éplucha les carottes et un oignon, para le poireau, le céleri branche, et un autre oignon. C’était les premiers déchets mais elle ne les jeta pas : si elle avait le temps, elle ferait frire les pelures pour l’apéritif.
Elle découpa le tout en petits morceaux puis s’attela à faire suer l’oignon dans une cocotte à bord haut. Quand ce fut fait, elle ajouta les légumes et un grand volume d’eau avant de les couvrir et de les oublier pour un temps.

Enfin, elle lava et essuya sa planche, et commença à débiter la tablette de chocolat noir en petits morceaux. Plus ceux-ci étaient petits, moins ils mettraient de temps à fondre.

Quand le four fût chaud, elle y plaça les légumes du soleil et les oublia eux aussi. Elle mit le chocolat en petits carrés à fondre lentement sur feu très doux et s’empara du saladier dans lequel attendait son jus de pois chiche. Elle y glissa une pincée de sucre, s’arma d’un fouet et de détermination et commença son œuvre. Pour quiconque l’ignorait, voir l’aquafaba mousser et tenir était impressionnant. Mais le plus impressionnant restait que le goût du pois chiche disparaissait totalement ! Elle avait tellement fait cette recette que son timing était parfait : aussitôt l’aquafaba monté en neige, son chocolat était presque fondu. Mais justement, la nuance était là : il ne l’était pas tout à fait, et c’était une bonne chose. S’il l’avait été complètement, cela aurait signifié qu’il aurait commencé à cuire et donc à brûler.
Elle enchaîna sur le mélange de neige d’aquafaba et de chocolat fondu, et ce, en trois fois : le premier tiers, au fouet et sans délicatesse, pour fluidifier l’appareil ; le second et le dernier à la maryse, en soulevant délicatement la mousse afin qu’elle ne perdît pas tout l’air emprisonné. Quand l’appareil fut homogène, elle le dressa dans des petits ramequins qu’elle plaça au frais.

Désormais, elle avait un peu de temps devant elle pour écrire les recettes, ce qu’elle fit donc. Elle songea également aux poivrons qu’elle avait mit à griller au four et se fit un reproche : maintenant, à cause de la cuisson, les graines étaient parfaitement stériles, et c’était dommage. Pour coller parfaitement au thème, elle aurait dû faire un peu de zèle en les épépinant pour garder les graines et les replanter plus tard. Elle se promit d’y penser quand elle aura une serre sur sa barge. Là, il était trop tard, cela ne servait à rien de se morfondre, il fallait avancer !
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Le départ de la compétition venait d’être annoncé. Pendant que les autres concurrents s’agitaient, Jin lui restait immobile, les yeux fermés, inspirant profondément. Le sentiment qui l’envahissait était un mélange d’excitation et d’angoisse. Mais ce n’était pas le moment de se laisser submerger. S’il avait engrangé de l’expérience lors de son passage dans la marine et au cours de ses quelques voyages sur des navires marchands, il n’avait fait que suivre les instructions, jamais il n’avait dû improviser son propre menu, encore moins avec de telles contraintes. Après avoir repris ses esprits, il se permit de prendre quelques instants afin d’observer le comportement de ses concurrents - tout en commençant à réfléchir à ses propres recettes. Certains avaient déjà démarré leurs recettes, d’autres choisissaient leurs ingrédients sur la grande table et rares étaient ceux qui commençaient par écrire leurs recettes.

Jin savait déjà quel allait être le dessert qu'il allait présenter. Une simple tarte au chocolat. Celle-ci, il la connaissait par cœur bien qu'il ne l'ait pas réalisée depuis son départ de l'île du Karaté. Il avait appris cette recette de sa mère et l'avait faite de nombreuses fois. De plus, il avait dans ses affaires un flacon de Jus d'O. Ce jus était en réalité la sève directement extraite des arbres d'O, spécimens que l'on ne retrouvait que sur certaines îles de South Blue. Un cuisinier de l'île du Karaté, en s'entraînant à frapper sur un arbre, avait découvert cette sève et son goût sucré et l'avait incorporé a certaines de ses recettes, devenant au fur et à mesure des années un ingrédient incontournable de l'île et l'une de ses spécialités.

Une spécialité en amenant une autre, en entrée Jin allait opter pour une soupe pimentée. Un mets dont raffole les habitants de l’île du Karaté. Un rapide coup d’œil sur l’étal lui mit un doute sur la présence ou non des piments qui étaient utilisés sur son île natale, il y avait cependant du choix et nul doute qu’il trouverait une alternative. Seule ombre au tableau, Jin avait pour habitude de vider les piments, poivrons et tomates. Avec la pression imposée par la limite de temps, il ne voulait pas perdre de temps à réfléchir à une solution ou à revoir complètement ses plans. Il espérait simplement qu’en laissant la chair et les pépins, cela n’enlèverait rien à la qualité de son plat.

Il ne lui restait plus qu’à imaginer le plat principal. Muni d’un panier en osier, il s’avança vers la grande table qui s’était quelque peu vidée après le passage de la plupart des candidats. Il commença à remplir son panier avec les ingrédients dont il avait besoin, poivrons, tomates et piments pour la soupe. De quoi faire une pâte brisée et du chocolat noir pour la tarte.  Il jeta ensuite des coups d’œil de part et d’autre de la table, en quête d’un ingrédient qui l’inspirerait.  Ce fut le cas lorsqu’il posa ses yeux sur de la viande de monstre marin. Jin n’en avait jamais cuisiné et c’était là l’occasion de le faire. Il pensa alors à des tomates farcies à la viande de monstre marin qu’il accompagnerait par des pommes de terre au four. S’il n’était pas vraiment convaincu de ses choix, il n’en avait cependant pas d’autre.

De retour sur son plan de travail, Jin se mit à préparer la pâte brisée. Après avoir commencé à préchauffer le four, il mélangea les ingrédients dans un saladier : farine, sel, beurre et sucre avant d’y incorporer de l’eau pour en faire une boule et l’étaler à l’aide d’un rouleau sur une planche légèrement farinée. Une fois la pâte bien étalée de manière uniforme, Jin la déposa dans un moule préalablement chemisé et l’enfourna. Jin avait maintenant un peu de temps devant lui pour préparer le reste. Il se munit d’un couteau afin de désosser la viande de monstre marin afin d’utiliser l’os pour préparer un bouillon. Il coupa également quelques carottes en gros morceaux, sans les éplucher ainsi que deux têtes d’ail. Il déposa le tout dans une casserole avec des tiges de persils, réservant les feuilles pour plus tard, quelques grains de poivres concassés et mouilla à hauteur. Il n’avait plus qu’à laisser mijoter. La pâte avait bientôt fini de cuire, il mit alors à fondre les petits carrés de chocolat à feu doux dans une casserole avec un peu d’huile de noix de coco. Après avoir retiré la pâte du four en faisant minutieusement attention à ne pas se brûler, il la laissa refroidir et continua à remuer le mélange pour le faire fondre.

Le jeune cuisinier ne prêtait pas attention au temps qu’il restait pour ne pas se mettre à paniquer, mais il savait qu’il avait pris un peu de retard et qu’il ne devait faire aucune erreur et redoubler d’efforts s’il voulait terminer à temps. Alors, une fois que la pâte fut refroidie, il y versa à l’intérieur le chocolat fondu et posa la tarte à l’intérieur du réfrigérateur. Il la sortirait seulement un peu avant la fin de l’épreuve. Maintenant que la tarte reposait au frais et que le bouillon mijotait, Jin se mit à écrire les recettes comme le stipulait la règle. Même s’il venait à les corriger plus tard, les avoir écrites sous les yeux lui permettrait peut-être une meilleure organisation et un gain de temps. C’est en tout cas ce qu’il espérait...


Dernière édition par Jin le Dim 31 Juil 2022 - 22:30, édité 1 fois
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Robina regardait ses concurrents s’affairer tout autour d’elle, elle restait à son plan de travail, elle devait réfléchir. Chacune des recettes qu’elle allait réaliser devait avoir la même chose, aucuns déchets, pas le plus simple des exercices pour une cuisinière qui n’avait pas peur de chercher la perfection. En effet, la cuisinière de Sanderr était une femme qui cherchait toujours à faire mieux, à aller plus loin, à s’améliorer, et pour cela, il y avait toujours des déchets, des erreurs, ici, elle ne pouvait pas le faire, juste se rappeler de recettes qui ne la mettrait pas hors sujet.

Pour l’entrée, elle ferait des légumes, pas d’épluchures, elle laverait méticuleusement les tubercules pour qu’il ne reste plus de terre avant de les tailler finement pour en faire une salade. Pour la salade, elle n’utiliserait pas de laitues ou de batavias, les deux laissaient des déchets, il fallait au moins se séparer du cœur de la salade pour que cela soit mangeable. Il lui restait donc les petites salades, et elle pouvait déjà voir qu’elle restait un peu de choix, elle allait donc utiliser de la roquette, avec des tomates, quelques pignons de pin, il y en avait une petite quantité non touchée pour le moment, ainsi que quelques morceaux de viande déjà découpés.

Elle nota la recette, rien d’extraordinaire, le coup des matières était en soit très facile à réaliser, même pour la petite ménagère, ça avait toujours été quelque chose à petit budget. Elle passa maintenant au plat, le plus important, si l’entrée ouvrait l’appétit, le plat devait être l’apothéose, la scène principale de la pièce de théâtre qu’était le repas. Et toujours avec pour objectif de ne laisser aucun déchet derrière elle pendant la préparation.

Elle allait partir sur un plat de viande, elle travaillait rarement cette matière, après tout, il y avait du poisson de par le monde entier, la viande rouge était beaucoup plus rare et coûteuse. Néanmoins, elle voulait tenter de voir ce que pouvaient offrir des pièces de choix, les faire griller lentement au feu de bois, tout un programme. Elle devait maintenant réfléchir à ce qu’elle voulait, il lui fallait quelque chose de tendre, de savoureux avec une pièce qui ne laissait pas d’os derrière elle. Tout devait disparaître, autant à la fin de l’assiette, que pendant la préparation de cette dernière.

Un morceau de basse côte serait un bon choix, bien persillé et tendre, elle serait parfaite sur le grill, en tournant la tête, elle put voir quelques postes pour faire cuire la viande au feu de bois, parfait. Il lui fallait maintenant une garniture pour son plat, des légumes bien sûr, mais quelque chose de simple et qui ne demandait pas de créer de déchets, déjà elle utiliserait le cœur des tomates qu’elle recyclerait de son entrée, les pépins cuiraient et se noieraient dans la masse. Pour aller avec sa viande, il lui fallait quelque chose de moelleux, et d’assez consistant, la viande allait être bonne, mais il n’y allait pas avoir cinq cents grammes dans l’assiette, comme toujours, travailler l’aspect ainsi que le goût était ses maîtres mots.

Un gratin, de pomme de terre, petite, elle les garderait en chemise pour que le goût du tubercule soit plus prononcé, pour contrebalancer l’acidité de la tomate, une pincée de sucre avec du sel et du poivre, de l’ail, quelques herbes ainsi que de la crème et du fromage râpé. Contente de son plat, il lui restait le dessert, pour ça, rien de plus simple, des crêpes, tout le monde en raffolait, elle la fourrait avec une mini salade de fruits et de la chantilly. Simple, il lui fallait juste sa botte secrète pour ne pas utiliser d’œufs, elle regarda les étales rapidement et vit qu’il y avait en grande quantité de ce dont elle avait besoin.

Sans se prendre la tête plus que cela, elle prit un gastronome, et commença à faire le tour de tous les produits dont elle avait besoin pour travailler, sel, poivre, herbes, sucre, farine, filets de caille, escalope de foie gras… Elle avait possiblement oublié quelque chose, mais en voyant son panier, elle se dit qu’elle n’était pas si mal que ça, de toute façon, elle pourrait y retourner plus tard dans le pire des cas, n’est-ce pas ?

Elle sortit alors un fouet pour le mettre dans un cul de poule, elle allait commencer par le dessert.
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Le temps défilait à toute vitesse, certains candidats commençaient à craquer et à faire des erreurs. Très souvent, ils juraient haut et fort, quand leurs nerfs ne lâchaient tout simplement pas.
C’était triste à dire, mais tant que c’étaient les autres qui craquaient, ce n’était pas elle.

Quelque peu ragaillardie, ses notes à moitié rédigées, elle sortit les légumes du soleil du four. Ils étaient parfaitement rôtis donc elle les pela avant de mixer les tomates avec la moitié de chaque poivron, un trait d’huile d’olive, du sel, du poivre, et une pincée de sucre pour rectifier l’acidité. La sauce tomate était prête, il lui ne manquait plus de la réchauffer au dernier moment. Elle découpa ensuite le reste des poivrons en lanières et les réserva à leur tour.

Son bouillon était presque prêt et … Oh non ! Elle avait oublié les algues séchées ! Immédiatement, pour réparer son erreur, elle se munit de ciseaux, les découpa en petits carrés pour qu’ils infusent plus rapidement et les plongea dans le bouillon fumant.

Elle avait repris son calme de justesse et s’attela au coulis de kumquat : elle les coupa en deux et les couvrit de sucre avant de les porter sur un feu moyen-doux.

Entre-temps, elle pouvait finir d’écrire ses recettes, ce qu’elle fit donc.

Quand ses fruits furent confits, elle les mixa également et les retira tous les petits morceaux en filtrant à la passette le coulis qui en résultait. Enfin, il avait un bel aspect brillant et lisse ! Il n’avait plus qu’à refroidir !


* * *


La fin du concours se rapprochait dangereusement mais ses notes intégrales écrites, elle se pencha sur les dernières préparations.

Le four toujours maintenu chaud, elle y plaça les différentes chutes de légumes qui avaient servi au bouillon. Au départ, elle voulait les faire frire dans une petite casserole, mais l’huile n’aurait plus été utilisable pour autre chose que de la friture. Donc gâchée, au moins pour le concours. Alors elle s’était résignée à simplement verser un filet d’huile dessus avant de les masser et de les faire légèrement griller au four. Cela avait au moins le mérite d’être un peu plus diététique.

Elle réserva le même sort aux pois chiches égouttés : un peu d’huile, des herbes et des épices, sel poivre, un massage et hop ! Direction la poêle à feu vif pour les faire griller eux aussi !

Elle coupa le feu sous son bouillon, y plongea les nouilles et le couvrit à nouveau. Pendant ce temps, elle découpa ses champignons en fines rondelles.

Malgré le fait que ce fût bientôt la fin, en réalité, les choses s’accéléraient brutalement ! Il fallait exécuter les préparations de dernière minute mais le dressage également ! Alors à chaque fois qu’elle finissait une petite tâche, elle revenait remuer ses pois chiche ou ses pelures au four.
Cloche sortie ? Pois chiche remués. Plateau sorti ? Pelures retournées. Bol sorti ? Pois chiche mélangés et dressage du bouillon ! Dressage des champignons par dessus ? Friture remuée. Lanières de poivron poêlées et sauce tomate mise au bain-marie pour les réchauffer ? Pois chiche arrêtés et placés au hors du feu. Sauce tomate dressée dans le fond d’une assiette creuse ? Chips de chutes de légumes sortis hors du four et salés ! Dressage des pois chiche et des poivrons dans l’assiette ? Dressage des chips de légumes dans un petit bol !

Il ne lui restait plus qu’à dresser un tourbillon de coulis de kumquat au-dessus de la mousse au chocolat qu’elle sortit du frais.

Enfin -enfin !- le tout pouvait être placé sous cloche, non sans oublier les couverts, et enfin -enfin !- elle pouvait souffler !

Sauf que …

Sauf qu’elle s’aperçut qu’elle s’était précipitée pour rien ! Les autres candidats étaient encore affairés et le concours n’était pas tout à fait terminé ! Encore une fois, elle avait confondu vitesse et précipitation ! Si elle pouvait remettre sa mousse au chocolat au frais pour la préserver, ses chips allaient perdre de leur croustillant et les nouilles de leur croquant …

Qu’à cela ne tînt, les dés étaient jetés. Au moins, elle savait que c’était bon puisque c’était des recettes qu’elle maîtrisait, et elle savait qu’elle avait respecté le thème le plus possible ! Elle n’aurait pas la meilleure note, et espérait surtout que le jury ne tint pas trop rigueur de la texture …Après tout, elle n’avait rien d’une cheffe étoilée. Elle était coq et habituée à nourrir un équipage avec ce que le navire contenait dans son ventre. Tout ce qu’on lui demandait, c’était que ses repas furent comestibles, bons si possibles, et rassasiants. Et ce, pour toute la durée du voyage. C’était ça, son vrai challenge, sa vraie maîtrise !

Pour repousser cette amertume qui sourdait au fond d’elle et qui menaçait de l’inonder, elle s’épongea le front d’un revers de main et s’attela à la vaisselle. Une façon comme une autre pour essayer vainement de ne pas penser … Et puis au moins, c’était utile …
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Au fur et a mesure que le temps passait, la tension montait chez les concurrents. Les erreurs commençaient à s’enchaîner et les plus fragiles psychologiquement craquaient déjà. Jin lui, étonnamment était complètement serein. Dès lors qu’il avait commencé à cuisiner les ingrédients, plus rien ne semblait le perturber, il était comme enfermé dans une bulle, sa bulle à lui.

Jin avait déjà terminé son dessert et son bouillon était sur le feu. La prochaine étape était la préparation du plat principal. Après avoir lavé les tomates, il en retira le chapeau puis la chair qu’il mit à réduire dans une poêle chaude avec un filet d’huile d’olive. Pendant ce temps il se mit à hacher la viande de monstre marin au couteau ainsi que les feuilles de persil. Il assaisonna la viande hachée de sel et de poivre avant de rajouter le tout dans la poêle avec les tomates.

En parallèle, il lava les pommes de terre et les coupa en deux dans le sens de la longueur. Avec un couteau, il dessina dans la chair des tubercules des croisillons peu profonds. Il ajouta dessus une noisette de beurre, un peu d’huile d’olive, du sel et du poivre.

Il s’appliquait tellement à la préparation qu’il en oublia presque la farce qui était sur le feu. Il l’avait laissé légèrement trop longtemps mais pas non plus de quoi faire rater le plat. Cependant, dans un concours, en particulier dans une enseigne aussi prestigieuse, cela faisait la différence. Jin ne se laissa pas abattre pour autant et tacha de rester concentré pour la suite. Il remplit les tomates avec la farce et posa le chapeau dessus. Il enfourna à la fois les tomates et les pommes de terre.

La fin du concours approchait doucement. Il restait encore la préparation de la soupe pour l’entrée ainsi que la rédaction des recettes à terminer. Jin avait devant lui un peu plus d’une demi-heure avant que la cuisson des tomates farcies et des pommes de terre ne se termine pour s’occuper de tout ça et ensuite il ne lui resterait qu’a s’occuper de la touche finale avant de dresser.
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Robina versa le paquet de cinq cents grammes de farine dans son cul de poule. À côté, elle coupa finement cinquante grammes de beurre qu’elle mit à chauffer lentement sur le feu. Il ne devait pas colorer, juste devenir liquide. Les flammes léchaient délicatement le fond de la casserole. Le chant de la matière grasse qui crépitait commença à s’élever dans les airs. Elle créa un puits à l’intérieur de son saladier. La cuisinière y rajouta du sucre ainsi que quelques gouttes d’extrait de vanille.

Elle fit tourner son fouet comme une baguette de maître d’orchestre. Elle ajouta lentement et progressivement du lait. Le son de la cascade du litre s’écrasant sur le fond de son récipient s’élevant dans les airs. Son beurre était prêt, elle le retira des flammes, le laissant refroidir légèrement pour le rajouter plus tard. Maîtresse de sa propre symphonie, elle tourna énergiquement pour garder une pâte onctueuse et homogène. Les notes sucrées des crêpes commençaient à s’élever dans les airs.

Elle ajouta le beurre fondu, elle fouettait lentement pour ne pas en mettre partout. Le mélange était fluide et onctueux, toutefois il manquait légèrement de goût selon elle. Elle y ajouta quelques bouchons de rhum pour lui donner du corps. Ainsi sa base pour son dessert était-elle prête. Elle prit son cul-de-poule et le mit au frigo, quelques minutes de repos permettraient d’avoir une pâte plus aérienne.

Pour la garniture de son dessert, des fruits. Elle allait en faire de trois façons différentes. Elle s’approcha de son évier avec les trois différents fourrages. Une belle orange, deux kiwis et des framboises. Trois espèces différentes pour trois saveurs qui apporteraient chacune leur note à la fin du repas. Elle les lava rigoureusement, les passant sous l’eau claire. Puis elle découpa des tranches bien épaisses dans l’orange et le kiwi. Ce dernier se mangeait avec sa peau duveteuse. En effet, il recélait un taux élevé de vitamine C et de fibres, de quoi éviter plusieurs maladies en mer.

Elle déposa ses morceaux de fruits sur un plateau pour s’organiser en le mettant à côté de sa pâte qui se reposait. Il ne lui restait plus qu’une seule chose à faire pour son dessert, elle pourrait cependant le faire plus tard.

Elle allait maintenant allumer son feu pour faire cuire sa viande. Elle mit quelques feuilles en dessous puis du petit bois, très fin. De grosses bûches sur les côtés pour que cela fasse un effet cheminé puis des morceaux de plus en plus gros pour créer de la braise. Le crépitement des flammes monta dans les airs. L’odeur du bois qui brûlait dégageait un arôme de noisettes et de glands, comme principalement du chêne et du noisetier. La viande prendrait un léger goût fumé qui lui donnerait une profondeur en plus.

En attendant, elle mit à plonger les pousses de roquettes qu’elle avait récupérées sur l’étal. Elle n’attendit pas très longtemps. Les faisant tremper seulement pour les débarrasser de la terre qui aurait pu être laissée là. Elle les essora rapidement dans un linge qu’elle garda de côté au frais. Elle prit alors les tomates, elle avait bien fait attention d’en prendre seulement celles qui n’avaient déjà plus de queues. Ainsi, elle n’aurait pas de poubelles. Deux seraient suffisantes, elle les plongea dans l’eau aussi et les frotta bien.

Le maître mot des fruits et des légumes était toujours de bien les rincer. Ainsi, pas de terres, de sable, de poussière ou d’autres résidus. Elle trancha en deux la plante, se débarrassant du morceau vert où aurait dû se trouver la queue. Elle le mit dans un bol. Elle l’utiliserait pour faire son plat, elle devait recycler pour ne pas être hors sujet. Avec les deux moitiés, elle les posa à plat sur sa planche à découper. De nouveau un coup de son couteau de chef pour les trancher en deux.

Elle avait maintenant huit quartiers qu’elle incisa encore pour en faire seize. Elle cisailla la chair intérieure du légume pour enlever le cœur, les pépins et la partie charnue. Elle ne voulait garder que l’extérieur pour sa salade en entrée. Ce qu’elle venait de tailler, elle le réserva avec la partie verte du légume. Ainsi elle pourrait tout utiliser pour son plat, comme elle l’avait prévu.

Puis elle déposa délicatement ses morceaux de tomates et les coupa en brunoise. De petits cubes de tomates d’un centimètre de large et de haut, mais épais de deux millimètres.

Elle avait déjà fait tout son taillage pour son entrée et son dessert. Il ne restait maintenant plus qu’à s’occuper du plat.
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Pendant que les tomates étaient au four et que les légumes pour la soupe trempaient dans la marmite, le jeune cuisinier s’attela à peaufiner l’écriture de ses recettes. Cela ne lui tenait pas particulièrement à cœur de s’attarder à cette tache mais il n’avait rien de mieux à faire à ce moment. Il en profita pour réfléchir à des moyens qu’il aurait pu utiliser pour améliorer ces recettes, si toutefois il venait à renouveler l’expérience de cuisiner sans déchets, ce qui était peu probable. Si un bon cuisinier doit savoir s’adapter, ce n’est pas pour autant que la thématique du jour fut au goût du blondin. Il était difficile de changer des habitudes bien ancrées et de faire sans le confort dans lequel Jin avait baigné toute sa vie. Mais puisqu’il était arrivé ici, autant jouer le jeu jusqu’au bout. Et il avait fait le plus gros. Plus que quelques minutes et les organisateurs annonceraient la fin du temps réglementaire.

Après s’être relu plusieurs fois afin d’être sûr de ne rien avoir oublié ou de ne pas s’être trompé, il déposa délicatement la plume à coté de la feuille. Il se lava les mains avant de retourner à la préparation de sa soupe. Il retira de la marmite les éléments qui servaient à la préparation du bouillon mais pas à la soupe, comme l’os, l’ail ainsi que les tiges de persil et le poivre. Ne restait dans la marmite que les tomates, les poivrons et les piments, qui trempaient dans le liquide parfumé. Il se saisit ensuite d’un instrument qu’il n’avait jamais utilisé avant mais qui lui simplifierait bien la tache, non pas que le faire à la main l’aurait dérangé mais faute de temps il ne pouvait pas se le permettre. Une tige en métal au bout de laquelle se trouvait trois lames. Grâce à un moteur présent sur l’appareil, les lames pouvaient tournoyer et ainsi réduire les aliments en miettes en un rien de temps.

- Mesdames et messieurs, il ne vous reste plus que quinze minutes ! cria l’un des cuisiniers du Baratie tout en secouant une petite clochette.

Un quart d’heure. C’était tout le temps dont Jin avait besoin afin de rendre une copie correcte. Les légumes broyés par les lames s’étant bien mélangé au bouillon, il ne lui manquait plus qu’à sortir son plat du four et à dresser les assiettes. Avant de verser la soupe dans des assiettes creuses, il la goûta pour vérifier si elle était bien assaisonnée. Il rajouta un peu de sel, mais elle était relevée comme il l’ésperait. Il rajouta simplement un piment dans la soupe pour l’assiette finale. Pour le plat, il ne fit rien de spécial à part disposer joliment les éléments. Mais il fit une erreur d’inattention, qui pourrait lui coûter cher dans un concours avec un jury composé de chefs renommés. Il avait disposé dans les assiettes, les tomates par paires. Or, l’art du dressage et les nombres pairs ne faisaient pas bon ménage. Il lui restait le dessert, qu’il avait oublié de sortir du réfrigérateur. Il espérait que sa tarte soit parmi. les derniers plats à être jugés afin qu’elle ne soit pas trop froide et trop dure. Il versa délicatement sur les parts de gâteau la sève d’arbre, dont il était si fier.

Et voilà qu’il était prêt. Prêt à être jugé par des cuisiniers réputés dans le monde entier. Devant des cuisiniers réputés du monde entier. La tension était à son comble. Il ne s’attendait pas à remporter le prix, mais il espérait faire bonne figuration, pour rendre fière sa mère.
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Robina avait encore beaucoup de travail à faire. Et le temps passait à une vitesse folle. Les flammes pour cuire la viande léchaient encore la grille. Il faudrait encore une bonne demi-heure pour qu’elles se calment. C’est à ce moment-là qu’elle pourrait commencer la cuisson. Il fallait un bon tapis de braises pour cuire et fumer la viande en même temps. En tout cas, c’est ce qu’on lui avait toujours expliqué à la grillade des cuisines royales de Sanderr.

Elle attrapa les pommes de terre qu’elle avait mises de côté pour ses mini gratins et sortit sa mandoline. Elle fit glisser lentement le tubercule sur l’instrument. Vérifiant l’épaisseur de la tranche qu’elle venait de faire, elle régla cette dernière pour faire des tranches plus fines encore. Passant de nouveau la deuxième sous son œil inquisiteur, elle la reposa, contente du résultat. Il était temps de passer directement la quatrième. Avec des gestes rapides et contrôlés, elle trancha les différents tubercules. La cuisinière mit à tremper ces derniers dans un gastronome d’eau froide, elle devait préparer le reste pour monter ses gratins.

Elle récupéra les cœurs des tomates qu’elle avait taillées en julienne pour sa salade. Elle mit ces derniers dans un cul de poule. La Sanderrienne ajouta de la crème, du sel, du poivre et une légère pincée de sucre pour contrebalancer l’acidité de la tomate. Sa cuillère plongea dans le mélange pour y goûter. Il manquait une pointe de sel, après avoir recommencé avec l’épice de base, elle recommença son test. Parfait. Elle déposa une feuille de papier cuisson sur une plaque pâtissière. Plusieurs emporte-pièce qu’elle posa de façon à ce qu’ils ne se gênent pas.

Puis commença le montage de ses gratins, quelques tranches de pommes de terre, bien réparties pour qu’il y en ait partout. Une couche de crème rosée avec le jus des tomates. De nouveau des tranches fines de tubercules, puis la jeune femme aux longs cheveux bleus recommençait l’opération. Telle une architecte, l’édifice de son accompagnement grandit, devenant un monument pour le palais des juges. Arrivée à la fin, la toiture, la jeune femme recouvrit délicatement le tout d’une fine couche de crème. Il ne restait plus qu’à installer les tuiles sur la toiture. Elle parsemait délicatement la crème de fromage râpé. Elle avait laissé un centimètre pour que les gratins ne débordent pas pendant la cuisson qui allait venir.

Se penchant en avant, elle mit son four à préchauffer au thermostat quatre. Elle reviendrait vers lui dans dix minutes, quand il serait à température.

Elle alluma alors les flammes sous une poêle. Il était temps de s’occuper de sa pâte à crêpe. C’était tout ce qui lui manquait pour son dessert, et elles devaient prendre le temps de refroidir après cuisson.
La maître d’œuvre leva les yeux vers l’horloge, il restait un peu moins d’une heure. Timing parfait pour ses préparations. Tous les plats chauds seraient tout juste sortis de leur cuisson. Le dessert aurait eu le temps de reposer dans le réfrigérateur. Et la salade serait préparée au dernier moment pour les pignons de pins. Robina ne devait juste pas faire de fausses notes dans son timing.

Reprenant son rôle de chef d’orchestre, elle huila délicatement son ustensile de cuisine. Environ trente centimètres de diamètre, elle aurait une belle surface pour garnir et rendre cela gourmand. Pendant l’attente, elle ne resta pas sans rien faire, elle jeta un œil sur les flammes de son barbecue. Elles avaient déjà baissé, les braises commençaient à se former. Il serait bientôt temps de commencer. Le four commençait à peine à chauffer, elle avait le temps.
Elle plongea une louche dans sa préparation, elle avait fait une toute petite quantité. Avec la surface qu’elle avait, une dizaine serait déjà amplement assez. Elle remua délicatement, le bruit de cascade qui s’élevait dans les airs enchanta la cuisinière alors qu’elle laissait retomber le mélange dans le saladier. Elle prit une bonne quantité, les trois-quarts de sa louche et fit tomber lentement le liquide. Le frémissement du froid contre le chaud, l’odeur de la pâte à crêpe qui commençait à cuire, tout cela ouvrit l’appétit de la Sanderrienne.

Toutefois, en tant que professionnelle, elle oublia cette pensée aussi vite qu’elle apparut. Elle glissa une spatule en acier sous la crêpe pour vérifier la cuisson, pas encore assez. Elle attendit, regardant autour d’elle. Chacun courrait pour réussir à finir ses préparatifs dans les temps. Elle releva la délicate crêpe, pas encore assez, mais cela était la première. La première était toujours ratée, mal cuite, trop épaisse… Il y avait toujours un souci avec. Elle comptait bien la manger pour elle.

La retournant après encore trente secondes, la chasseresse de primes regarda alors son four. Il était presque à température. Elle enfourna ses gratins, la cuisson pouvait maintenant commencer. Une première de vingt minutes. Elle se mit un minuteur sur le côté. Comme cela elle ne louperait pas son timing. Techniquement, elle aurait fini de cuire les crêpes quand le minuteur retentirait. Cherchant à aller plus vite encore, elle frappa fort en sortant une seconde poêle, pour en cuire deux en même temps !

Comme la professionnelle qu’elle était, elle jongla avec ses nombreux instruments pour cuire le tout. Elle avait pris un plat pour poser celles qu’elle avait réalisées. La jeune femme aux longs cheveux bleus referma avec une cloche son plat pour garder le tout moelleux alors qu’elles étaient en train de refroidir. Il ne lui restait plus que le dressage pour son dessert. Elle attrapa le tout et les mit dans la plonge, faisant retentir le bruit assourdissant d’un travail salissant.

Elle chercha dans son sac et sortit une toute petite sauteuse. Elle l’arrosa d’huile d’olive et la fit chauffer. Telle une artiste, les couleurs brunes, vertes, rouges et jaunes se mélangeaient dans un tableau qui prenait forme à chacune des touches que le peintre faisait. La jeune femme fit le point sur ce qu’il lui restait à faire. Elle tourna le regard pour voir son plan de travail quand la sonnerie retentit autour d’elle. Robina mit alors ses gants et sortit la plaque du four. Elle augmenta alors le thermostat à sept, il était temps de cuire le gratin en entier plutôt que seulement les pommes de terre.

La cuisinière vérifia les braises, juste ce qu’il fallait. Regardant l’heure, elle constata qu’il restait tout juste vingt minutes. Parfait. Elle posa les morceaux de basse côte sur le grill et repartit. Elle attrapa ses filets de cailles et ses escalopes de foie gras et les déposa délicatement côté peau pour les cuire. Le crépitement de la cuisson de la viande s’éleva dans les airs. Elle attrapa une dernière poêle pour l’arroser d’huile de tournesol et mettre ses pignons de pin à chauffer. Elle y faisait très attention. C’était un ingrédient précieux.

La chasseresse de primes enfourna ses gratins pour un quart d’heure. De quoi bien faire chauffer ces derniers, finir leur cuisson et les faire gratiner. Elle devait maintenant faire attention à tout à la fois et dresser. Elle jeta un regard à ses cailles, aucun souci. Elle attrapa la roquette, qu’elle avait essorée au préalable et commença à travailler. Elle forma une montagne de salade, puis parsema cette dernière de cube de tomate. Elle se retourna vers ses pignons de pins. Ils avaient déjà commencé à prendre une teinte brune. Elle les fit se retourner d’un coup de poignet vigoureux.
Elle ne pouvait pas aller plus loin pour le moment. Elle avait déjà ses trois assiettes de salades prêtes, il ne manquait que les filets de cailles, le foie gras et les pignons.

Elle se dirigea vigoureusement vers ses viandes. Le chant de la graisse qui tombait sur les braises, son odeur qui embaumait les alentours, tout était parfait. Elle les retourna avec une pince et vérifia que la viande était bien croûtée avant de repartir. Elle jeta un regard à ses gratins. La sauce commençait à faire des bulles, le fromage se colorait, tout ce qu’il fallait à la chasseresse de primes.

Elle devait maintenant s’occuper de ses desserts. Elle attrapa six crêpes pour tout faire en même temps. Elle les enroula délicatement pour en faire des cônes. Par la suite, elle fit remonter la pointe de ces derniers pour les transformer en corne d’abondance. Une tranche de kiwi retiendrait l’aiguille de remonter vers le ciel ou que la crêpe retombe à plat. En déposant deux par assiette, elle les rangea en quinconce. Elle déposa quelques framboises avec une tranche de kiwi et un morceau de chair d’orange avant de mettre une dose de chantilly.
Elle s’arrêta pour regarder ses pignons de pins, il avait bien colorer et ne voulait pas prendre le risque qu’ils brûlent. Elle les retira du feu. Elle se releva pour voir sa viande au loin. La cuisson n’était pas encore bonne. La chaleur n’était pas remontée jusqu’à la moitié du côté de la chair. Ce qui voulait dire que le morceau n’était pas chaud à cœur, saignant. Elle continua son office.

Elle recommença plusieurs fois son opération. Débordant sur l’assiette, pour montrer la quantité de fruits et de garniture de son dessert. Une véritable corne d’abondance. Ainsi, le dressage du dernier plat était fini. Elle mit les assiettes sur une grille et les réserva dans le réfrigérateur pour qu’ils aient le temps de figer et se tenir. Robina surveilla alors la cuisson des gratins. Encore quelques minutes et ils seraient bons. Les filets de cailles avaient la peau croustillante, l’escalope de foie était juste chaude à cœur. Il restait dix minutes. La dernière ligne droite.

Elle déposa délicatement des pignons de pins sur les salades. Ajoutant une nouvelle couleur au tableau vert et rouge qu’était l’entrée. Un jaune légèrement brun. Quelques petites touches de couleurs dans l’herbe, comme des fleurs. Elle déposa une cloche pour que la chaleur de ne perde pas pour la viande de son entrée et stoppa le feu sous la sauteuse.
Elle devait maintenant travailler sa viande.

Elle la retira de la grille du barbecue en les déposant dans un gastronome. Elle devait faire vite pour ne pas perdre la chaleur qu’elle avait emmagasinée. Attrapant son couteau de chef, elle trancha rapidement dans la viande, la croûte éclata pour laisser échapper les arômes du bœuf. Elle fit des trois morceaux, des tagliatas. De fines tranches de viande qui formaient le steak en entier. Chacun finit sur une assiette avec quelques grains de gros sel et quelques tours de moulin pour le poivre.
Elle attrapa sa plaque de gratin et en déposa un délicatement sur l’assiette en les sortant de leur moule à l’aide d’un gant. Il ne lui restait que son entrée.

Pour finir, elle attrapa avec une pince chacune des pièces de viande et les déposa sur la salade. La petite escalope de foie gras au centre, et trois morceaux de filets de caille autour, comme une fleur.
Elle avait fini avec deux minutes d’avance. Elle pouvait commencer sa vaisselle. C’est ainsi qu’elle réserva toutes ses assiettes sur le côté et sortit celles aux frigos avant de commencer à frotter ses ustensiles.

— C’est terminé ! Un des juges passait dans les rangs pour voir que tout le monde jouait le jeu. Vous avez fait trois assiettes de chaque mademoiselle ? La surprise s’entendait dans la voix du chef Duveuil. Nous ne vous l’avions pas demandé, mais cela sera apprécié.

Robina ne répondit pas, elle avait encore de la plonge à faire pendant que les jurys goûtaient et délibéraient. Après plusieurs participants, des serveurs vinrent prendre ce qu’avait fait la cuisinière. Elle était toujours absorbée dans sa plonge, elle ne pensait qu’à ça. Tout plutôt que de devoir supporter le regard des autres qui se posaient sur elle.

Une heure venait de passer, et les juges : le chef Duveuil, le chef Kintoki et l’ancien amiral en chef Kenpachi discutaient toujours. La Sanderrienne avait fini sa plonge, elle avait tout rangé dans son sac. Il ne lui restait plus qu’à partir avec le verdict. Le dernier des trois se leva alors. Il alla voir un cuisinier blond, un peu plus loin de la chasseresse de primes. Il se pencha à son oreille et ce dernier suivit l’ancien marine. Pendant ce temps, le chef Duveuil se présenta à la jeune femme aux longs cheveux bleus.

— Je vais vous demander de me suivre s’il vous plaît, mademoiselle Erwolf.

— Oui, bien sûr. Elle aurait préféré rester là, mais elle n’avait pas réellement le choix.

C’est avec les jambes qui tremblaient légèrement que Robina s’arrêta devant la table des jurés, à côté de Jin. Le dernier, Kintoki se leva de sa chaise et se mit à parler.

— Voici nos deux gagnants du jour ! Il parlait fort pour se faire entendre de tous. Robina Erwolf nous a impressionné par sa salade en entrée ainsi que ses tagliatas de basse côte et son gratin de pommes de terre en plat. Il se tourna alors vers le blondinet. Toutefois, ce jeune homme a été plus que capable de nous offrir un dessert au-delà de ce qu’avait fait cette jeune femme.

— C’est pourquoi nous avons le plaisir de vous offrir quatre millions de berries par plats gagnants, chacun. Kintoki posa une main sur l’épaule de chacun des deux coqs. J’espère que vous prendrez exemple sur eux à l’avenir. Et je vous remercie tous pour votre participation.

Robina était fière d’elle. Elle n’avait pas gagné sur toute la ligne, mais deux sur trois était un bon score. Elle serra la main de Jin, son concurrent et lui souris.

— Ça a été un plaisir de me battre contre vous par nos plats. J’espère vous revoir plus tard pour que nous puissions remettre ça.

— Pour moi aussi. L’homme la salua de la tête.

— Je dois vous laisser maintenant. Elle se tourna vers son plan de travail avec son sac et tous ses instruments de travail. Le navire qui m’a amené ici ne va pas rester définitivement ici.

En arrivant là, le chef Kintoki lui remit le prix, huit millions. Jin venait de recevoir quatre millions. Elle enfouit ses économies dans son sac et repartit vers de nouvelles aventures.
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