Cela faisait quelques temps que Mama vadrouillait en East Blue quand elle apprit qu’un concours de cuisine se tiendrait sur le réputé ! le mythique ! le légendaire Baratie ! Plus qu’une opportunité ou qu’un rêve, elle voyait la coïncidence comme un signe du destin, une bénédiction qui lui était prédestinée. La joie et l’empressement ne lui avaient pas laissé le temps de lire toute l’affichette, seuls importaient le lieu et la date. Elle avait embarqué aussitôt dans sa barge et mis les bouchées doubles pour arriver à temps. Elle s’était maudite de ne jamais s’être intéressée plus que ça à la météorologie et à ses outils, parce que, indéniablement, si elle avait été à peu près sûre de pouvoir jouer du Climat-Tact sans endommager son bateau, elle l’aurait fait ! Mais il valait mieux être à l’affût du changement des courants marins lors des moments difficiles et dormir durant les moments calmes que risquer l’intégrité de son navire et ne jamais arriver, pas même en retard.
Les derniers jours de navigation furent difficiles, non pas que le maniement de la barre s’avérât plus compliqué ou exigent qu’habituellement, mais elle devait s’accorder encore plus de temps de repos pour se préserver pour le concours. Aussi, au cas où ce fût nécessaire, elle avait précautionneusement inspecté tout son matériel de cuisine. Enfin, quelques heures avant son arrivée, elle avait vidée une de ses malles de vêtements sur son lit pour y ranger aussi bien que possible son kit personnel de cuisine avant de nouer ses cheveux en chignon.
Elle était prête.
Il ne lui manquait plus qu’à manoeuvrer la barge pour l’amarrer en douceur au fameux restaurant. Ce qu’elle fît, non sans appréhension à cause de la pression qui sourdait du plus profond de ses entrailles.
Calme-toi Mama. D’accord tu vas avoir besoin de faire tes preuves, d’accord tu vas cuisiner devant des maître-coqs prestigieux … MAIS T’ES CHEZ TOI ! C’EST TON DOMAINE ! TU VAS LES BOUFFER ! TOUS AUTANT QU’ILS SONT ! LES CUISTOTS VONT TE SUPPLIER D’ENTRER DANS LEURS RANGS !
Ainsi, elle empoigna sa malle et escalada l’échelle de corde avec un peu trop d’entrain, si bien qu’à son débarquement, les coqs et ses adversaires arrivés avant elle se retournèrent. Certains firent même les yeux ronds. Mais ça, de par ses presque trois mètres de haut et ses deux quintaux environ, elle y était rodée. Par contre, elle n’était pas accoutumée à ressentir ce que les autres vivaient habituellement quand ils croisaient son chemin pour la première fois : quand elle vit le gérant, Chef Kintoki, et le second, Chef Duveuil, s’arrêter de s’entretenir, surpris par son entrée survitaminée, elle se ratatina sur elle-même pour essayer de se faire toute petite.
Quelques longues secondes passèrent puis toutes les discussions qu’elle avait interrompues reprirent. Avant de s’intégrer toute penaude au groupe, elle fut surprise de voir le pont complètement aménagé. En effet, il avait été entièrement dégagé pour que plusieurs postes de cuisine pussent être sortis. Ils allaient donc cuisiner en plein air, et c’était plutôt logique finalement : aussi grandes les cuisines pouvaient-elles être, jamais elles n’auraient pu accueillir autant de monde. Et puis au moins, elle serait à son aise puisqu’elle ne serait pas obligée de se courber dans une cuisine potentiellement trop basse pour elle …
Un buffet avait même été aménagé afin de faire patienter les premiers venus.
Le moment d’attente jusqu’à l’heure annoncée parut interminable à Mama, surtout que peu de personnes arrivèrent après elles, mais enfin le chef Kintoki s’avança et éleva la parole pour couvrir le brouhaha des participants qui cessa immédiatement.
— Salut les touille-la-soupe, et bienvenue à bord du Baratie ! Au cas où, je me présente : Chef Kintoki. Je ne vais pas y aller par quatre chemins : si on a créé ce concours, c’est pour deux raisons : comme vous le savez peut-être, le coût des matières premières ne fait que s’envoler, ces derniers temps. Mais aussi, notre clientèle habituée se plaint actuellement que notre carte n’est pas beaucoup renouvelée. Alors voilà, on s’est creusé la tête mais comme c’était aussi un prétexte pour se la prendre, la tête, on en a conclu qu’on devait miser une belle part de l’argent du restaurant dans l’organisation d’un concours. Il y a douze millions et l’insigne honneur de voir ses plats à la carte pour le gagnant ou la gagnante !
Le chef Kintoki se recula, et le jeune second prit sa place et la parole.
— Bien le bonjour; amis coqs ! Je suis le chef Duveuil, si vous l’ignoriez. Le gérant et chef de cuisine l’a sous-entendu : vous pouvez nous sauver la mise, et outre le plaisir de cuisiner à bord d’un restaurant de renom, on vous récompensera. Le thème de ce concours est "Économie et écologie”, et je vais vous énoncer les quelques règles.
Premièrement, vous devez confectionner un repas entier : entrée, plat, dessert.
Deuxièmement, vous devez utiliser le moins d’ingrédients possible, ou a minima faire le moins de déchets possible. Mais attention ! Il faut que ça reste mangeable et agréable. Le premier ou la première qui, par exemple, met un œuf entier avec sa coquille dans son plat se verra dans l’obligation de le manger, de gré ou de force. Et croyez-moi, vous préférez la méthode douce.
Troisièmement, vos recettes devront être intégralement retranscrites par écrit afin que nous puissions les reproduire une fois à la carte.
Et enfin, quatrièmement, vous pouvez utiliser tout ce qui se trouve à votre disposition sur le pont. Quand je dis “tout ce qui se trouve à votre disposition sur le pont”, je parle bien sûr des matières premières et du matériel de cuisine que nous vous prêtons. Si j’en vois un ou une utiliser une chaise ou son arme, il ou elle passe aussitôt par-dessus bord. Vous pouvez également utiliser les aliments ou le matériel à bord de vos navires, nous vous laisserons quelques minutes pour aller les chercher si besoin.
A nouveau, le gérant s’avança.
— Vous aurez quatre heures pour répondre à nos attentes. A l’issue de ces quatre heures, tous les participants devront lever les mains en l’air et s’écarter de leurs plans de travail. Pendant ce temps, nos coqs passeront dans vos rangs pour vous évaluez mais aussi pour évaluer vos méthodes et vous plats. Ensuite, l’équipe procèdera à la dégustation, en privé, à l’intérieur du restaurant. Ce après quoi j’annoncerai le grand vainqueur !
Messieurs dames les gargouillous, vous pouvez retourner dès maintenant à vos navires pour aller chercher ce dont vous avez besoin, le concours débutera dès que tous les participants seront revenus !
Sur ces mots, une partie de la foule se dirigea vers les échelles de sortie pendant que des coqs jumeaux tiraient une immense table à roulettes sur laquelle étaient disposées diverses denrées fraîches, comme des fruits, des légumes, de la viande, des épices ou des condiments.
Mama était satisfaite du thème. De par son expérience, elle savait qu’une bonne gérance des stocks était la clé d’un long trajet en mer réussi et éloignait les mutineries. Malgré tout, elle était anxieuse. La tension parmi les participants était palpable. Certains ou certaines avaient même des airs de maître-coq étoilés …
Elle s’intima au calme et au sang-froid et se demanda si elle avait besoin de quoi que ce fût. D’un rapide coup d’oeil aux marchandises destinées au concours, elle repéra bien quelques protéines végétales, mais elle préféra retourner à sa barge pour aller chercher quelques réserves, au cas où.
Les derniers jours de navigation furent difficiles, non pas que le maniement de la barre s’avérât plus compliqué ou exigent qu’habituellement, mais elle devait s’accorder encore plus de temps de repos pour se préserver pour le concours. Aussi, au cas où ce fût nécessaire, elle avait précautionneusement inspecté tout son matériel de cuisine. Enfin, quelques heures avant son arrivée, elle avait vidée une de ses malles de vêtements sur son lit pour y ranger aussi bien que possible son kit personnel de cuisine avant de nouer ses cheveux en chignon.
Elle était prête.
Il ne lui manquait plus qu’à manoeuvrer la barge pour l’amarrer en douceur au fameux restaurant. Ce qu’elle fît, non sans appréhension à cause de la pression qui sourdait du plus profond de ses entrailles.
Calme-toi Mama. D’accord tu vas avoir besoin de faire tes preuves, d’accord tu vas cuisiner devant des maître-coqs prestigieux … MAIS T’ES CHEZ TOI ! C’EST TON DOMAINE ! TU VAS LES BOUFFER ! TOUS AUTANT QU’ILS SONT ! LES CUISTOTS VONT TE SUPPLIER D’ENTRER DANS LEURS RANGS !
Ainsi, elle empoigna sa malle et escalada l’échelle de corde avec un peu trop d’entrain, si bien qu’à son débarquement, les coqs et ses adversaires arrivés avant elle se retournèrent. Certains firent même les yeux ronds. Mais ça, de par ses presque trois mètres de haut et ses deux quintaux environ, elle y était rodée. Par contre, elle n’était pas accoutumée à ressentir ce que les autres vivaient habituellement quand ils croisaient son chemin pour la première fois : quand elle vit le gérant, Chef Kintoki, et le second, Chef Duveuil, s’arrêter de s’entretenir, surpris par son entrée survitaminée, elle se ratatina sur elle-même pour essayer de se faire toute petite.
Quelques longues secondes passèrent puis toutes les discussions qu’elle avait interrompues reprirent. Avant de s’intégrer toute penaude au groupe, elle fut surprise de voir le pont complètement aménagé. En effet, il avait été entièrement dégagé pour que plusieurs postes de cuisine pussent être sortis. Ils allaient donc cuisiner en plein air, et c’était plutôt logique finalement : aussi grandes les cuisines pouvaient-elles être, jamais elles n’auraient pu accueillir autant de monde. Et puis au moins, elle serait à son aise puisqu’elle ne serait pas obligée de se courber dans une cuisine potentiellement trop basse pour elle …
Un buffet avait même été aménagé afin de faire patienter les premiers venus.
Le moment d’attente jusqu’à l’heure annoncée parut interminable à Mama, surtout que peu de personnes arrivèrent après elles, mais enfin le chef Kintoki s’avança et éleva la parole pour couvrir le brouhaha des participants qui cessa immédiatement.
— Salut les touille-la-soupe, et bienvenue à bord du Baratie ! Au cas où, je me présente : Chef Kintoki. Je ne vais pas y aller par quatre chemins : si on a créé ce concours, c’est pour deux raisons : comme vous le savez peut-être, le coût des matières premières ne fait que s’envoler, ces derniers temps. Mais aussi, notre clientèle habituée se plaint actuellement que notre carte n’est pas beaucoup renouvelée. Alors voilà, on s’est creusé la tête mais comme c’était aussi un prétexte pour se la prendre, la tête, on en a conclu qu’on devait miser une belle part de l’argent du restaurant dans l’organisation d’un concours. Il y a douze millions et l’insigne honneur de voir ses plats à la carte pour le gagnant ou la gagnante !
Le chef Kintoki se recula, et le jeune second prit sa place et la parole.
— Bien le bonjour; amis coqs ! Je suis le chef Duveuil, si vous l’ignoriez. Le gérant et chef de cuisine l’a sous-entendu : vous pouvez nous sauver la mise, et outre le plaisir de cuisiner à bord d’un restaurant de renom, on vous récompensera. Le thème de ce concours est "Économie et écologie”, et je vais vous énoncer les quelques règles.
Premièrement, vous devez confectionner un repas entier : entrée, plat, dessert.
Deuxièmement, vous devez utiliser le moins d’ingrédients possible, ou a minima faire le moins de déchets possible. Mais attention ! Il faut que ça reste mangeable et agréable. Le premier ou la première qui, par exemple, met un œuf entier avec sa coquille dans son plat se verra dans l’obligation de le manger, de gré ou de force. Et croyez-moi, vous préférez la méthode douce.
Troisièmement, vos recettes devront être intégralement retranscrites par écrit afin que nous puissions les reproduire une fois à la carte.
Et enfin, quatrièmement, vous pouvez utiliser tout ce qui se trouve à votre disposition sur le pont. Quand je dis “tout ce qui se trouve à votre disposition sur le pont”, je parle bien sûr des matières premières et du matériel de cuisine que nous vous prêtons. Si j’en vois un ou une utiliser une chaise ou son arme, il ou elle passe aussitôt par-dessus bord. Vous pouvez également utiliser les aliments ou le matériel à bord de vos navires, nous vous laisserons quelques minutes pour aller les chercher si besoin.
A nouveau, le gérant s’avança.
— Vous aurez quatre heures pour répondre à nos attentes. A l’issue de ces quatre heures, tous les participants devront lever les mains en l’air et s’écarter de leurs plans de travail. Pendant ce temps, nos coqs passeront dans vos rangs pour vous évaluez mais aussi pour évaluer vos méthodes et vous plats. Ensuite, l’équipe procèdera à la dégustation, en privé, à l’intérieur du restaurant. Ce après quoi j’annoncerai le grand vainqueur !
Messieurs dames les gargouillous, vous pouvez retourner dès maintenant à vos navires pour aller chercher ce dont vous avez besoin, le concours débutera dès que tous les participants seront revenus !
Sur ces mots, une partie de la foule se dirigea vers les échelles de sortie pendant que des coqs jumeaux tiraient une immense table à roulettes sur laquelle étaient disposées diverses denrées fraîches, comme des fruits, des légumes, de la viande, des épices ou des condiments.
Mama était satisfaite du thème. De par son expérience, elle savait qu’une bonne gérance des stocks était la clé d’un long trajet en mer réussi et éloignait les mutineries. Malgré tout, elle était anxieuse. La tension parmi les participants était palpable. Certains ou certaines avaient même des airs de maître-coq étoilés …
Elle s’intima au calme et au sang-froid et se demanda si elle avait besoin de quoi que ce fût. D’un rapide coup d’oeil aux marchandises destinées au concours, elle repéra bien quelques protéines végétales, mais elle préféra retourner à sa barge pour aller chercher quelques réserves, au cas où.
Dernière édition par Mama Boutanche le Lun 13 Juin 2022 - 23:18, édité 1 fois