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Mode Ninja à Arcadia

Arcadia était une ile gigantesque, comme beaucoup d’ile du nouveau monde comparée au reste du monde. Enfin de ce que je voyais, c’était surtout une ville énorme. Je ne voyais pas de verdure, beaucoup de bâtiments bien plus haut que ce que j’avais l’habitude de voir. Rapidement, on ne vit plus qu’une forêt de mat. Le port était immense. D’après nos informations, il était tellement grand, que même si la marine le contrôlait tout le monde accostait là-bas. J’avais du mal à croire que c’était possible. Mais, si je doutais de cette information-là, alors le reste du plan devenait caduc. Tout ce que j’allais entreprendre allait demander de la foi envers ma cause, envers mes alliés. Je dépendais entièrement des autres. Il fallait que je leur fasse confiance.

Emplis de confiance, nous arrivâmes au port. Ce que nous vîmes nous rasséréna directement. Le port était une véritable fourmilière. Vêtu de vêtement discret avec lesquelles nous pouvions cacher nos têtes, nous débarquâmes. J’avais opté pour un sweat à capuche noir. Pas vraiment le plus discret au port, mais en ville ce serait nettement mieux. Mes coéquipiers, bien que moins connu avait opté pour des tenues de marin plus classique, avec des chapeaux, casquettes ou autre bonnet en guise de couvre-chefs.

Mode Ninja à Arcadia Kuroko11

La capuche visée sur ma tête je quittai mes camarades. En effet, ils avaient également beaucoup à faire. Ils devaient trouver de quoi faire les petites réparations nécessaires après s’être fait malmené par l’océan le plus cruelle. Ils devaient se reposer et faire le plein de provisions pour pouvoir faire les prochains trajets. Tout ça en étant pas à plus de cinq de moi. Pour ma part, je suivis le flot des gens jusqu’à sortir du port. Ce qui fut le plus compliqué, ce ne fut pas vraiment d’éviter les patrouilles de la marine, mais plutôt de faire dix pas sans se cogner sur quelqu’un. Me fondant dans un groupe quand je voyais une patrouille arriver et le quittant pour progresser plus rapidement, lorsqu’elles étaient passée. Voilà comment je pénétrai dans Arcadia.

***

Arcadia était une de ces villes où vous aviez l’impression de passer d’une ville à une autre sans pour autant voir de démarcation entre les différentes parties. Il n’y avait ni champs, ni pré pour faire une frontière. Pourtant, les quartiers étaient on ne peut plus différent les uns des autres. Tant la population, que l’ambiance et les constructions vous disaient ce quartier n’est plus le même. Peut-être un jour loin dans le passé l’assemblage qu’était Arcadia avait été des villages différents autour d’une ville principale. Mais maintenant, pour certaines raisons qui m’était totalement inconnue, cette ville gigantesque avait poussé la ségrégation à l’extrême. Je m’en rendis compte, juste en marchant depuis le port jusqu’à Tercio. La zone du port bien qu’étendue répondait à la fonction portuaire. Je passai ensuite par une rue où il y eut, un bar, une taverne, puis deux, puis trois. Limite, il n’y avait que ça.

***

Par contre Tercio, c’est les bas quartiers avec tous leurs clichés. Les rues étroites, les ruelles sombres, les gens qui vous regardent bizarrement. Les gens qui vous sourient… Qui vous encerclent… qui vous abordent. Mais qu’est-ce qu’ils font ces cons.

« Holà, le touriste ! Tu t’es perdu ? »
« Peut-être bien un peu, c’est assez complexe comme ville. Vous voulez m’aider ? C’est gentil de votre part. »
« Je t’arrête tout de suite c’est toi qui vas nous aider mon petit pote. Tu vas nous filer tout ton fric qu’on puisse se rincer à ta santé ! »

Il fallait que je tombe sur des coupes bourses, c’est bien ma chance. Soit, je les plante là et je me tire ou je les encastre là et je me tire.

« Je suis désolé les comiques mais je n’ai pas vraiment le temps de jouer avec vous. »
« Parce que tu crois qu’on là pour jouer ! »
Sur le champ, je me retrouve sous le joug de quatre pistolets, les deux autres sortent chacun un long couteau, de je ne sais où.
« Tu fais moins le malin, là. »
« Obtempère et te fera pas de mal tu nous es sympathique. »
« C’est parce que vous m’êtes également sympathique que je vais vous donner un conseil les enfants. C’est une activité dangereuse à faire quand on n’a pas le nez débouché, car on ne sent pas le danger venir. Vraiment apprenez à juger vos proies. Est-ce que vous savez si je suis armé, au moins ? »
« Tu nous prends pour des bleues ou quoi. Tu veux nous faire marcher. »
« Ouais, tu n’as pas d’armes en plus. Seul contre six, qu’est-ce que tu veux faire. A cette distance on ne te ratera pas. »
« Merde vous m’avez percé à jour. Je tentais de la jouer fine. Je vais vous donner ma bourse. »

Je glisse ma main dans mon dos et au lieu de ressortir ma bourse, c’est mon Kurasigama que je sors. Là, ils comprennent, mais il est déjà un peu trop tard. D’un bond je me propulse en l’air. Leur balle passe là où j’étais une seconde plus tôt. Avec la massette au bout de ma chaine je percute les pistolets de deux gaillards. J’assomme le chef d’un coup de pied en retombant. Puis je tranche la dernière arme à feux en deux, avec ma faucille. Alors que ceux qui sont désarmé, sont là tout penaud à se demander ce qu’il vient de se passer. Les deux coutelards n’ont pas l’air d’avoir réalisé et se jettent sur moi. J’esquive facilement leur assaut, puis déviant un coup, je l’envoie planter son copain. Je crois que c’est à ce moment-là, qu’ils percutent et perdent tout envie de se battre.

« Bon, on fait comme j’ai dit. Vous n’attaquez pas n’importe qui. Et vous tâchez de rester en vie. Puis tant qu’à faire trouver vous une cause plus grande que vous à suivre. Sur ce je vous laisse. Bonne après-midi. »
« Bordel, tu aurais dû nous dire que tu faisais partie de la Vox Dystopia. On ne vous ennuie pas vous. »
« Ben, vous n’avez pas demandé et puis je ne connais pas la Vox Disopia. »
« Pourtant eux aussi, ils parlent toujours de la cause. »
« Ha ? Se serait donc le nom de la branche sur cette ile. Nous avons tous appris quelque chose aujourd’hui. Cette rencontre n’est pas perdue, du coup. »  


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"C'est en forgeant que l'on devient forgeron, c'est en voyageant que l'on se forge un nom"


Dernière édition par Yukikurai le Lun 13 Juin 2022 - 19:31, édité 1 fois
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Peu de temps après, je trouvai le point de rendez-vous. Cependant, celui-ci était à minuit et il n’était que 20h. Ayant la vivre card qui nous avait conduit ici avec moi, je fus tenté de trouver son propriétaire. Qui par la même occasion était mon contact. Je n’avais rien d’autre à faire contrairement aux autres. Enfin si j’avais sûrement des trucs à faire encore, mais j’étais trop nerveux et anxieux. Il fallait que je fasse quelques choses. Après autant de temps à préparer le plan, j’avais hâte de le mettre en action, d’être pris dans le feu de l’action. Agir ne plus réfléchir, voilà ce que je voulais.

Ce fut donc ce que je fis. Je suivis le petit bout de papier qui se dandinait dans ma main. Autant en mer ce n’était pas trop compliqué de suivre en ligne droite la direction indiquée. Autant en ville, la notion même de ligne droite relevait du fantasme. Bien sûr j’aurais pu me servir du Yukishiki Wing pour passer de toit en toit et tailler une ligne droite. Mais je n’avais pas envie d’attirer l’attention sur moi. Puis j’avais bien le temps de déambuler dans les rues. Je marchai donc évitant de me faire repérer par les marines ou par les coupes bourses.

A plusieurs reprises, je dus m’employer pour disparaître. En effet, je sentais de petit groupe qui commençait à me suivre. Une fois, je les semai en me fondant dans un groupe dense de gens qui transportait des fournitures diverses. Une autre fois, je plongeai dans une charrette de foin. Et finalement, la dernière fois, je dus gagner un toit discrètement à partir d’une ruelle. Je redescendis dans une autre ruelle sombre plus loin quand mon Haki m’avertit que je n’avais plus rien à craindre. Cela me fit sans doute faire des détours, mais qu’à cela ne tienne, avec un GPS pareil pas de risque que je me perde.

Lorsque je sortis de la ville j’en cru pas mes yeux. La carte semblait m’avoir conduite droit sur le QG de la marine. Ça devait être une erreur. Je connaissais la direction, mais pas la distance. Ma destination devait juste se trouver de l’autre côté de la base. Oui, ça devait être ça. J’entrepris donc de faire un long détour. Cependant, j’eus beau tourner autour, ça pointait toujours vers la base. J’abandonnai tout espoir d’être dans le faux après l’avoir contourné à moitié.

Ce fut donc royalement abattu que je repartis pour Tercio. La carte que m’avais remise la révolution conduisait chez nos ennemis jurés. Il n’y avait qu’une seule possibilité pour moi. Mon contact, mon point d’entrée, le début de cette quête périlleuse, avait été capturer par la marine. Tant d’effort, de travail, de tant de personne, allait être réduit à néant et ce, avant même que je fasse quelque chose. Comment, avait-on pu laisser quelqu’un d’aussi important se faire capturer. D’autant plus, qu’il y avait une branche suffisamment active ici pour que les petites frappes la redoute. Ça ne pouvait pas finir avant même d’avoir commencé.

J’avais la rage au ventre sur le chemin du retour. Je crois que si l’on m’avait attaqué, je les aurais explosé sans retenue pour évacuer ma frustration. Ce fut sûrement pour cette raison que personne ne me suivit cette fois-ci. Ils devaient avoir suffisamment de flair pour ne plus voir en moi une proie. Ce fut donc extrêmement contrarié que j’atteignis les bas fond de Tercio. On ne peut même plus compter sur les pirates quand on a besoin d’eux pour se défouler... Le monde avait bien changé.


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Il était maintenant près de vingt-deux heures, le navire partait le lendemain matin et je n’avais aucune idée duquel il s’agissait. Mon esprit tournait en rond, ainsi que mon corps. Je tournais littéralement en rond, j’errais sans but. Je n’arrivais pas à chasser tous ces sentiment contradictoire, colère, honte, dépit, incrédulité.

Soudain une idée traversa mon esprit. Si la révolution était présente ici, quelqu’un d’autre devrait pouvoir me donner les informations dont j’avais besoin. C’était ça la solution. Je devais me mettre à la recherche de la Vox au plus vite. Ce fut donc avec l’énergie du désespoir que je me lançai dans cette tâche. Le problème avec l’énergie du désespoir c’était qu’on était désespéré et ce n’était pas l’état d’esprit le plus adapté à des recherches méthodiques dans une ville géante et inconnue.

Minuit arriva bien vite et je n’avais pas le moindre début de piste. En même temps, si on pouvait les trouver si facilement, ils ne seraient plus là depuis longtemps. Par Haki de conscience, je sortis la vivre card. J’eus l’impression qu’elle ne pointait plus dans la même direction, mais en même temps je ne savais plus où j’étais non plus. La mort dans l’âme je marchai en la suivant. Toute excitation m’avait quittée. Je marchais telle un zombie, sans conviction, sans vraiment regarder devant moi non plus.

« Alors l’ami, on n’est bien agité, ce soir ? »

Je me retournai surpris et tombai face à face avec une femme. Je ne m’y attendais pas. Je ne l’avais pas vue. Puis les gens m’évitaient jusque-là. Tout ça, plus la fatigue firent disparaitre toute velléité en moi.

« Je suis désolé ma petite dame, mais je suis à la recherche d’un ami. »
« Je le sais bien Yukikurai. Nos amis en commun m’ont prévenu que tu semblais dispersé. »
« Comment est-ce que… »

Avant de poser de bête question qui risquait d’en apprendre d’avantage à mon interlocutrice, je sortis le bout de papier. Puis, tout en la fixant, je lui tournai autour. A ma plus grande stupéfaction et joie, il pointa constamment vers elle.

« Yukikurai enchanté. »
« Je sais. Suis-moi. Je n’ai pas beaucoup de temps. Sinon, on m’appelle Corolle. »

J’étais tellement stupéfait que je ne saurai dire combien de temps on a marché, ni où nous sommes allés. Nous étions sous un porche, seuls et loin des oreilles indiscrètes.

« Bon, Raven m’a prévenu de ton arrivée. Le navire que tu cherches s’appelle le Goéland Marant. C’est une corvette, mais son capitaine, Bungondy préfère dire que c’est une grande goélette. Il est au quai 36C, c’est dans la partie Ouest. Tu peux mal de le manquer, il a un goéland en guise de figure proue. Bungondy a la réputation d’être un petit comique. Ils partent demain à 6AM…
Voilà tout ce que je sais. Tu as une question ? »

« Pourquoi la Vivre card indiquait la base de la marine, tout à l’heure ? »
« C’est ça ta question ? Sérieux ? Tu verras demain. Par contre, j’espère que ton plan d’infiltration est béton, car je n’ai pas envie que tu fasses capoter tant de travail. Si je veux garder ma couverture, il faut que je file. »
« Mais. »
« Si tu n’avais pas tant agité Tercio, j’aurais pu te consacrer plus de temps. »
« Dernier conseil, ressaisit toi. »


Ce fut donc groggy que j’accusai la réception des infos menant à l’étape une du plan. Je venais de prendre une claque mentale. Il me fallut du temps pour sortir de ma confusion. J’avais ressenti bien trop d’émotion en une seul après-midi. De l’excitation, de la colère, du déni, du dépit, puis finalement du soulagement et peut-être un peu de joie quand j’aurai tout assimilé. Mais bordel, je n’avais pas eu le temps de noter, moi. Elle avait dit quoi ? Six heures du matin… Au quais… logique pour un bateau… Il y avait un numéro aussi. 26 ? 46 ? 36 ? Un truc en six… Puis il y avait une rime pour le nom… Chien malin ? Taureau barjot ? Non, c’est un animal marin… Mouette jouette ? Peut-être bien. Dans tous les cas, je dois être à l’heure au rendez-vous et mentalement plus fort qu’aujourd’hui.


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Rencontre avec ma contacte vers minuit, puis j’étais rentré dormir au sous-marin. Avec l’excitation, le stress, je mis du temps à m’endormir, tout ça pour me réveiller à cinq heures moins quart. Autant dire que je n’avais pas dormis mon compte. Heureusement le stress me réveilla instantanément. Il me tenaillait tellement que j’eu du mal à déjeuner.

Vers cinq heure-quart, j’étais prêt. Je me sentais un peu nu avec un déguisement aussi simple. Cependant, on en avait débattu longuement, la simplicité faisait la solidité du plan. Rien de complexe, ni de trop élaborer, pour diminuer le risque de faux pas. J’avais obtenu en consensus de pouvoir prendre mon Wakizashi. Malheureusement, si je le mettais dans mon dos comme d’habitude, ma veste ne tombait pas bien. Je dus donc l’attacher à ma hanche droite.

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Je me mis en route en me répétant les informations me permettant de trouver le navire que je cherchais. J’avais déjà répété cela pendant mon sommeil, espérant que les informations qui n’étaient pas clair, reviendrais comme par magie. C’était bien sûr un rêve, car pour le moment rien ne m’était revenu. Un autre espoir que j’avais nourri était que le port serait calme à cette heure plus que matinal. Cependant, l’activité régnait déjà en maitre sur le port. Entre ma conviction que le plan allait fonctionner et utopie, j’oscillais dangereusement sur la frontière. Heureusement j’étais plein de ressource. En effet, la veille en partant, j’avais vu qu’aux entrées du port, il y avait des plans. Par contre en rentrant j’étais encore trop perturbée par ma journée et ma rencontre avec le contact, pour penser à les consulter.

Bref, je me frayai un chemin jusqu’à la capitainerie où j’avais vu le plan. Pour bien me faire comprendre que si j’attendais un coup de main de la chance, je pouvais aller me brosser, je vis que le port était symétrique et que la numérotation était identique. Quel connard avait bien pu se dire, ça va être pratique, on coupe en deux, zone Est et zone Ouest. Puis, ben, on numérote pareil. Merci bien, Monsieur le Bureaucrate. Je me retrouvais maintenant avec deux fois plus de quai qui se terminais par un six. Je dus bien rester dix minutes à inspecter le plan et à l’insulter. Tant et si bien que quelqu’un de la capitainerie vint me voir.

« Est-ce que je peux vous aider monsieur ? »
Etant de mauvais poile, je n’acceptai pas son aide de gaité de cœur.
« Qu’est-ce qui vous fais dire que j’ai besoin d’aide ? »
« Ben, ça fait quand même un moment que vous parlez à cette carte. »
Devant l’absurde de cette situation, j’admis de mauvaise grâce que c’était ridicule.
« Je pensais que c’était un de ces modèles high tech qui répond. Enfin, vous pouvez m’aider, je recherche un navire et je ne le retrouve pas. »
« Vous avez son numéro de quai ou son nom ? »
« Le quai ? Pourquoi avez-vous numéroté pareil les deux zones ? Ça ne m’aide pas j’ai oublié si c’était Ouest ou Est. Par contre, je pense que c’est la Mouette Jouette. »
« Hum, peu probable. Ça ne me dit rien. Mais suivez-moi, je vais vérifier le registre. »
« Si ça peut vous aider, il part aujourd’hui. »

« Oui, ça m’aide.
Haha, je n’ai pas de Mouette Jouette, mais j’ai un Goéland Marrant. »
« Oui, c’est ça, c’est pareil. »
« Ben non, pas vraiment. »
« Si vous le dite. Et où puis-je le trouver ? »
« Quai 36C, partie Ouest. Mais dépêchez-vous, il part… »
« A six heure du matin, je sais. Pourquoi croyez-vous que je sois si à cran. »
« Dans trente minutes, quatrième ponton à gauche, troisième à droite. Bonne chance ! »
« Merci ! »

Bien qu’il vienne de m‘indiquer la direction à suivre, je jetai quand même un œil à la carte, car j’étais plus un visuel qu’un auditif. Une fois, le trajet repéré, je me mis en route d’un bon pas. Encore à bonne distance, je vis le profil du navire. Et surtout, je vis sa figure de proue, ce goéland géant avec une lueur moqueuse dans le regard. Corrolle avait raison, je ne pouvais pas manquer de passer à côté, même avec sa simple description. Je repris confiance en moi et soufflai un peu. Je dus ralentir, sans m’en rendre compte, car enfin arriver sur le quai 36, je vis qu’on retirait la rampe de l’emplacement C. Bordel, de merde ! Je tapai donc un sprint, et sautai sur le pont du navire qui prenait déjà le large. La distance était encore faible. Je fis une magnifique réception. Cependant, je fus immédiatement accueilli par des soldats qui me mirent en joue. Re bordel de merde ! Elle commençait bien ma mission.


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« Mains en l’air ! Ne bougez plus ! »
« Capitaine, on a un invité surprise sur le pont ! »

Je n’avais pas beaucoup d’autre choix que d’obéir à leurs ordres en attendant l’arrivée de leur capitaine. Je levai les mains bien hautes et tentai de paraître le plus serein possible. Comment était-il possible de commencer plus mal que cela une mission ? Je m’en voulais tellement, pourtant, je devais avoir l’air aussi irréprochable que possible.

« Mouahaha ! Un passager de dernière minute sur mon navire. Le voyage s’annonce passionnant. Mouahahaha ! Qui êtes-vous jeune homme ? Que venez-vous faire ici ? »
L’homme qui venait d’arriver était plutôt grand, bien bâti, dans la force de l’âge, mais ce qui me choqua plus encore que sa veste de justice rose, ce fut son regard rieur. C’était la seule personne sur le pont qui était vraiment détendue. Moi, je ne l’étais pas du tout, même si je tentais de montrer le contraire. Et que dire des soldats qui m’encerclaient. Je n’aurais su déterminer leur état d’esprit. Sans doute certains étaient belliqueux, d’autres soupçonneux. En résumé, une seule personne ici était calme.
« On m’appel Blue Corail. Mes supérieurs m’ont mandaté pour emprunter votre navire jusqu’à G11 pour une mission de la plus haute importance. »
« Vos supérieurs ? C’est-à-dire ? Mouahahaha ! »
« Le cypher-pole, bien sûr. »
« Mouahaha, bien-sûr. Ils ne sont jamais capables de prévenir à l’avance ceux-là. Dites-moi simplement de la part des quelles vous venez, je vous prie. Que je sache à qui écrire ma doléance. »
Là, il me prit totalement au dépourvu. Je ne sais pas ce qui me fit dire, ce que je le lui répondis. Mais finalement, il y avait peut-être bien une petite étoile qui veillait sur moi.
« Le CP4 !?! »
« Mouahaha ! Levez vos armes soldats. »
« Vous êtes sûr capitaine ? »
« Absolument, retourner faire quitter le port à ce bateau. Montrons à notre invité que si, eux nous méprisent, nous les accueillons comme il le faut. »
Heureusement que ses soldats le respectaient, car ils faisaient de drôle de tête, bouche bée et yeux exorbités. Je lus dans leurs regards : « WTF ? Quoi, c’est tout ? Si simplement ? »

« Allez ! Rangez-moi ces armes. Vous voyez bien que cela met mal à l’aise notre invité. »
« Suivez-moi. Il n’y a donc aucune branche du cipher pole pour avoir un peu de considération pour la marine. Je suppose que vous ne pouvez pas dévoiler la teneur de votre mission devant mes subordonnés. Allons dans mes quartiers »

Ce fut mon tour de faire une tête de six pieds de long. Enfin, je fis de gros effort pour que toute mes émotions restent invisibles à mon interlocuteur. Heureusement qu’on n’était pas dans un manga, sinon mon menton aurait déjà touché le sol et avec les yeux exorbités, j’aurais dit : « Nani ?!? »

Mon incrédulité se disputait avec mon soulagement pour être le sentiment dominant. Je ne savais même pas qu’ils possédaient des numéros. Ça ne pouvait pas être si simple. Avais-je toute ma chance en un seul coup ? Voyant, les soldats se détendre et baissez leur arme, je repris confiance en moi. Suffisamment en tout cas, pour entrer dans la cabine du capitaine et y vivre la conversation la plus surréaliste que j’ai connue jusqu’à présent.

S’asseyant derrière son bureau et m’invitant à faire de même, sa tête devint plus sérieuse d’un seul coup.
« Dis-moi tout maintenant mon petit ? »
Il y avait tant d’intensité dans son regard, que j’eus du mal à déglutir.
« Hum ? Comment dire, sans trahir le secret de l’enquête… »
« Tu ne me crois pas assez sérieux pour être dans la confidence ? »
« Non, c’est juste que… »
Ses traits se détendirent, comme s’il faisait un effort pour se retenir jusqu’à présent.
« Mouahahaha ! Tu as bien raison, gamin ! Je ne suis pas sérieux ! Je suis Jeff Bungondy ! Je suis haha le Goéland Marrant ! Mouahahaha ! »
Il se tapa sur la cuisse, puis essuya une larme qui avait perlée, comme si c'était la meilleur blague de l'année. Moi de mon côté, j’étais incapable de réagir. Il avait totalement fait buguer mon cerveau. C’était quoi ce type ?

« Si tu ne veux pas, parler de ta mission. Parlons d’abord de toi. »
Je n’arrivais pas à le suivre. Mon cerveau restait désespérément vide. Pas pratique pour pouvoir mentir.
« Toi aussi, tu as choisi ton nom quand tu étais encore jeune ? »
Cette question libéra mon esprit. Je fus enfin capable de répondre. Je crois qu’il prit mon bug pour de l’entraînement à pas divulguer d’information crucial.
 « Oui, je l’ai choisi à seize ans. L’âge con. Je pensais que ce serait mystérieux et romantique. Que ça plairait aux filles, mais il faut dire qu’en faisait ce qu’on fait, ça ne sert pas beaucoup. Huhu! »
« Je vous comprends. Moi je l’ai choisi à douze ans. J’étais un fan de feu les amiraux, le chien rouge, le faisan bleu, le singe jaune… le goéland marrant. C’est resté. Mouahahaha ! Je ne le regrette plus. Mais ça n’a pas toujours été facile. »
« A qui le dites-vous. »
« C’est pour ça, qu’entre gens au surnom choisi trop tôt, il faut s’entraider. Quelqu’un faisant un choix pareil, ne peut pas être mauvais. Mouahahaha ! »
Mais WHAAAAT ? Ca sort d’où ça ? Il est complètement con ou quoi ? Soit, allons dans son sens.
« Je vous comprends.  Je me sens en confiance, depuis que je vous ai vu. »

Reprenant sa tête sérieuse. Tellement sérieuse qu’on aurait dit que de la lumière sortait de ses yeux. Une tête digne des maîtres du disciple le plus fort de l’histoire. Il me dit :
« Plus de mensonge entre nous du coup !?! »
Sa question fut tellement intense que ça ressemblait autant à un serment qu’à une question. Il m’en coûta de lui répondre, alors que je savais que tout n’était et ne serait que tromperie. Ma réponse me brûla les lèvres, mais je n’avais pas le choix.
« Oui bien sûr. Je vais d’ailleurs vous faire part de l’objet de ma mission. Nous soupçonnons la présence d’une taupe de la révolution sur G11. Je suis envoyé pour mener l’enquête. L’information viens de nous parvenir. C’est pour ça que j’arrive à l’improviste. Tout s’est fait si vite. »
« Je comprends, tout à fait. Tu peux compter sur ma discrétion. Il t’en faudra pour la trouver, savoir qui et quelles informations sont compromises. »
« Oui, merci de votre compréhension. »
« Enfin, une dernière chose. Si tu crois que je vais être discret c’est mal me connaître… »
Dans ma tête, je cru une fraction de seconde qu’il changeait d’avis, mon cœur rata un battement. Alors que ce n’était qu’une dernière blague.
« … Je serai comme toujours exubérant et drôle. Mouahahaha !
T’en fait une tête. Tu es tout bleu. Mouahaha ! Respire ou tu vas finir desséché comme du corail. Mouahahaha ! »


Cela mis fin au peu de cohérence qu’avait cette conversation.

Si j’avais mal interprété ces réactions, leur donnant le sens que je cherchais ou plutôt craignait. Lui aussi donna d’autres significations à mes hésitations, à mes doutes, mes appréhensions.


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Je n’avais pas fini d’être sur le cul. Ça devait être la spécial de Jeff. Quand notre discussion pris fin, il appela son second. Puis sous mes yeux ébahis et ma bouche grande ouverte, le capitaine ordonna à son second de prendre ces affaires pour me laisser la place. Il obtempéra sans broncher. Alors qu’il sortait avec son paquetage et que je m’excusais platement pour le désagrément, il me jeta une œillade courroucée bien compréhensible. Je n’eus aucun mal à avoir l’air gêné, car je l’étais réellement.

Je posai donc mon sac avec les quelques bien que nous avions préparé dans la cabine du second, pendant que ce dernier allait s’installer avec les autres soldats à l’étage inférieur. J’avais une cabine pour moi tout seul, ce qui était bien pratique pour être tranquille à l’abri des regards et pouvoir me détendre. J’avais du mal à croire que ça se passait ainsi. Le plan n’était pas si élaborer que ça.

Si le capitaine semblait m’avoir accepté, les regards des membres d’équipages étaient moins cléments. Où que je sois, il y avait toujours quelqu’un qui me surveillait. Leurs regards reflétaient toute la gamme d’émotion possible, l’hostilité, la haine, la curiosité, l’antipathie... Et c’était bien normal de leur part.

Par contre, il me fallut du temps, pour comprendre ma naïveté. Si j’étais bien traiter, j’étais néanmoins sur un navire rempli de soldat de la marine. Je ne pouvais pas m’enfuir. Enfin, si je pouvais plonger dans la mer du nouveau monde, mais ce n’était pas vraiment une option de fuite. Pour ce qui est d’un éventuel sabotage, je n’étais jamais seul. Le navire grouillait de soldats. Je ne compris la raison, qu’en fin de voyage. Ils me laissaient me balader de plus en plus sur le bateau et je n’avais pas vu ce qu’ils pouvaient bien livrer à G11. Je cherchais du matériel, mais en réalité il livrait des hommes frais à la base. C’était donc pour cela que ça grouillait de marine.

Je fis lentement, la découverte de ce qu’on appel la prison dorée. J’étais libre, mais prisonnier en même temps. Était-ce pour cela que le Goéland Marrant n’avait pas rechigné à me croire ? Il savait que je ne pourrais rien faire sur son navire remplis d’homme reposé. Puis, en plus, il me conduisait à un endroit où encore plus de pointure m’attendait. J’eus le temps de me rendre compte de la situation au fur et à mesure de la traversée.


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"C'est en forgeant que l'on devient forgeron, c'est en voyageant que l'on se forge un nom"
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Je suis bien au chaud dans ma cabine quand soudain je sens vibrer quelque chose au fond de la poche intérieur de ma veste. Je plonge ma main à l’intérieur, c’est mon escargophone. Qui peut bien m’appeler alors que je suis infiltré sur un navire de la marine ? Je ne peux décrocher et risquer de me faire démasquer. J’hésite un moment. Un long moment, puis quand il s’arrête, je sens que j’ai fait le bon choix.

Mais quand il sonne à nouveau cinq minutes plus tard, là, j’ai un doute. Un vrai doute, qui noue mes entrailles. Je regarde le gastéropode. J’hésite. Je réfléchis. Tous ceux qui ont mon numéro savent que je suis en mission périlleuse. Il doit y avoir un problème. Je décroche donc.
« Moshi moshi ! Etes-vous seul ? »
Je reconnais la voix de Raven. Elle chuchote presque. Elle a l’air tendue. Moi aussi, j’ai peur de tout faire capoter.
« Oui dans ma cabine. »
« Quel temps fait-il dehors ? »
« C’est un gros grain. »
« Alors, sortez se sera plus sûr. Le vent couvrira notre discussion. »

J’attrape ma veste et sorts sur le pont. Qui par ce temps de chien est pratiquement désert. Je me dirige vers la proue. Il n’y a personne dans les environs. Le vent hurle dans mes oreilles. La pluie me trempe. Je devrais avoir plus d’intimité que dans le ventre du navire avec ces parois en bois.

« C’est bon, je suis seul à la proue. »
« Parfait, j’entends le vent. Il nous couvrira. Je fais vite écoutez ne posez pas de question. Un de nos hommes avait réussi à s’infiltrer jusque dans G11. C’est l’aboutissement d’un travail de cinq ans. Nous le pensions mort, mais nous fffffff de recevoir un message codé de sa part. Il nous fait part des ffffff qui commencent à peser sur lui. Nous avons eu ce message il y a fffff jours et aujourd’hui, nous venons d’intercepter un message comme quoi le ffff Pol allait se rendre sur G11. Nous devons donc extraire notre fffff au plus vite, avant l’arrivée des CP. Tu es celui qui est le ffffff, car tu es déjà en route pour G11. Changement de plan, quand tu arrives là-bas, tu l’extraies et tu te ffff comme tu l’avais prévu de base. »

Elle raccroche dès qu’elle a fini de me donner mes instructions. Instructions qui pour sûr n’ont pas pu être épiée, car j’ai moi-même eu du mal à tout entendre avec le vent qui soufflait. Je retourne donc dans ma cabine en essayant de réalisé ce qu’on vient de me dire. On modifie mon plan bancal et je dois extraire quelqu’un que je n’ai jamais vu et qu’on ne m’a même pas décrit. Quel beau bordel ! Puis, merde est-ce que c’est mon mensonge qui les a mis sur la voie ? Ou bien est-ce juste mes fausses informations qui nous reviennent par différente source ? Il faut juste que j’arrête de me retourner la tête avec ça. J’applique les ordres, j’observe l’évolution de la situation et je reviens vivant.

En retournant à ma cabine, je croise une soldate aux cheveux verts qui me regarde d’un air désapprobateur. J’ai l’impression de la connaître, mais je crois que ça doit être parce que je la vois tout les jours qui m’épie.


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