Farore S. Corsandre - Blue Lives Matter or not.

Le style est une façon de penser, un mode de communication et parfois la mode est un vecteur. L’habit ne fait pas le moine, tout est sujet à une interprétation qui dépasse parfois le simple fait de choisir une robe bleue plutôt qu’une robe noire. Les hommes, les femmes, utilisent l’aspect visuel de leurs personnalités pour parfois déteindre avec la réalité. Nous ne portons pas un pantalon, une veste ou un blazer. Nous portons un message, une information parfois cryptée d’un aspect fondamental de notre esprit, de notre personnalité.

Dès lors que l’on apprend cette façon de concevoir un aspect visuel ou une caractéristique physique, on est en droit de poser la question : de quel message est porteur Farore ? Dès son plus jeune âge, déjà, elle savait que l’apparence était un redoutable outil de distinction sociale, et même de dissuasion, grandir au sein de la pègre de Manshon n’aidant pas. Elle savait qu’être bien vêtu, bien coiffé et bien lavé, donne tout de suite plus de sens aux affaires… Et depuis ce jour, elle n’a rien changé.
Animée par l’idée qu’on pardonne moins un souci de comportement ou de caractère, qu’un pantalon troué, elle prend un soin particulier de son physique et de sa garde aux robes. Il faut savoir quand être provocatrice et savoir quand il faut être sérieuse, veiller aux us et coutumes afin de ne jamais être ni trop beau, ni trop laid. Car dans les deux cas, on attire beaucoup trop l’attention sur soi.
Au quotidien, lorsqu’elle arpente les rues et se confront à la plèbe et ses immondices, la femme d’affaire de North Blue est vêtue d’une longue robe noire fendue, offrant par intermittences une vue imprenable sur des jambes parfaitement dorées qui semblent être sans fin. Les conditions climatiques hasardeuses de la mer en question lui obligent à se draper d’une épaisse cape faite d’une laine brossée, la doublure bordeaux est saupoudrée d’un liseré argenté. Ces habits étouffants bien qu’élégants ne sont présents que pour cacher les facettes de sa personnalité imbriquée.

La simplicité des détails dans sa tenue, aussi gracieux, soient-ils, tend à une maladive sobriété, et entache de la sorte la majesté avec laquelle elle porte ce qu’elle appelle son uniforme. C’est un fait avec lequel il traite. En conséquence, elle assume parfaitement le fait maladif de vouloir absolument contrôler son image et ce qui en découle.

Pour ce qui est de l’aspect purement physique, la belle-dame arbore une chevelure cendrée, ce n’est bien entendu pas une couleur naturelle, mais bel et bien lié à une histoire criminelle de son plus jeune âge, qui lui avait valu le surnom de « la belle cendrée », depuis lors, elle avait pris l’habitude de se teindre les cheveux. Faisant ressortir ses yeux et le rouge flamboyant de ses lèvres.

Il y a chez Farore différentes lectures de sa psyché. Tout dépend ce que vous êtes pour elle et réciproquement, offrant ainsi une personnalité qui pourrait être tout autre si vous êtes son ami ou son ennemi. Réunis ensemble, les différentes personnalités offrent la beauté d’un joyau, et transmettent la plénitude d’une œuvre achevée. Toutefois, esseulé, extrait de la logique dans laquelle il entre et du tout duquel il est une partie, un unique aspect de la Dame ne suffirait pas à l’appréhender et conduirait, bien au contraire, à l’incompréhension son véritable dessein ou une vision biaisée. C’est également un fait avec lequel traite la dame et avec lequel elle aime à jouer. En effet, parce qu’une question en amène toujours une autre et qu’elle exècre laisser les quelques excentricités de sa personnalité à la merci du jugement, ce dernier fait parade de tout un étalage de stratagèmes, de rhétoriques et de diversions, pour mener ses interlocuteurs à ne percevoir ce qu’elle est qu’à travers une très petite lucarne.
Ce que certains pourraient percevoir comme un habile geste défensif social n’est ni plus ni moins qu’un barrage psychologique, un piège qui dissimule un voile nébuleux sur chacune de ses pensées. C’est commun à tout un chacun en fait, mais il faut être une personne finement observatrice pour échapper aux vagues et aux torrents psychologiques défensifs pour appréhender le comportement de Farore.

De primes abords, lorsque l’on observe Farore dans une phase habituelle, il y aussitôt sa curiosité débordante qui vous frappe de plein fouet. Tout la passionne, et pourtant, ayant subi les rigorismes d’une éducation stricte et pointilleuse, sa curiosité se transforme vite en indiscrétion, c’est là le signe de l’indiscipline dans son plus jeune âge.
Sa soif de connaissance est parfaitement entremêlée à sa curiosité ce qui fait d’elle une source intarissable de savoirs dans de nombreux domaines, bien que les siens soient plus ou moins mieux maîtrisés dans les domaines militaires, de l’histoire et la culture.
Considérant de la sorte que ce qui l’anime, est avant tout un petit esprit compétitif, à la croisée des chemins entre l’envie d’en savoir toujours plus et le besoin d’être au-dessus du panier, les gens ne s’attardent pas à creuser un peu plus dans les motivations de Farore et perçoivent en elle une théoricienne banale. Et pourtant, ils le devraient, car elle n’est pas que cela.

Effectivement, au second plan, on lui découvre une facette un peu plus… mystérieuse que la première. Farore s’est réveillé un jour en se disant que le monde lui appartenait, qu’il lui revenait de droit, et qu’elle se devait de conquérir chaque parcelle. Fait-elle partie d’une quelconque noblesse ? Non, elle est née sur Manshon, sans grandes richesses et sans statut politique. Est-elle un membre, un décideur du Gouvernement mondial ? Non, elle n’a jamais franchi le cap des mers bleues et ne s’est jamais confrontée aux grands de ce monde. Est-elle folle de se croire au-dessus du monde ? Elle n’est pas plus stupide qu’un homme qui prétend pouvoir renverser le Gouvernement Mondial, ou qu’une femme qui pense pouvoir acquérir le titre de Roi des Pirates, ou qu’une recrue de la Marine qui souhaite devenir un Amiral.
Elle n’est rien de tout ceci. Pirates, révolutionnaires, soldats. Des mots qui lui sonnent creux à ses oreilles. Elle n’est ni plus, ni moins, que le produit de son environnement criminel, un environnement fait d’inégalités, d’indignités et d’injustices, une société captive où les hommes les plus libres sont finalement les plus marginaux et les plus respectés. C’est le fait d’en avoir conscience qui a fait ce qu’elle est désormais.
Sur les mers, toutes les factions veulent tirer leurs épingles du jeu. Elles possèdent toutes des ressources solides et stables. Le Gouvernement mondial et sa noblesse. Les pirates et les Corsaires ainsi que les Empereurs et les Supernovas. Les Révolutionnaires et leurs cellules sous-jacentes.
Faore ne possède rien de tout ceci, alors elle fomente, suppute et projette. Dans l’ombre, patiemment, elle avance ses pions, mêlant amis et ennemis sur un seul et même territoire, les liant parfois pour mieux les détruire.

1625 – Ville de Manshon :

L’air est moite et rempli de vent salin. La nuit est profonde et lourde, un voile opaque se dresse sur la ville et ce maudit brouillard semble bien déterminer à entrer partout. C’est un véritable état de siège ici, toutes les familles ont été mobilisées au cours de la soirée par les différents capos des familles. Farore ne fait pas cas d’exception, elle est là, prostrée dans le froid glacial à attendre l’organisation des troupes. Car oui, on parle bien de troupe, car l’île entière semble être entrée en guerre. L’époque où Manshon jouissait d’un statut particulier semblait bel et bien révolue. Voilà plusieurs semaines, maintenant, que la Marine avait imposé un blocus net et total sur l’île, forçant les familles mafieuses à s’entre-déchirer pour la survie ou la mort d’un seul homme : Le Gile. À cet instant, Farore S. Corsandre, vulgaire descendante d'Allister, faisait partie de la famille Tempiesta en tant qu’homme de main. A cette époque, la famille Tempiesta n’était ni plus ni moins que le fleuron de la Mafia de Manshon, des êtres parfaitement réfléchis et posés. Ils étaient au sommet de la chaîne alimentaire et il était donc logique de vouloir à tout prix faire partie de leur organisation.

Il y a quelques années en arrière, Farore vivait de petits larcins çà et là dans la ville pour tenter de survivre dans la misère, un jour, alors qu’elle voulait voler un peu de farine sur le port pour cuisiner, elle tombe sur un groupe qui lui est inconnu. Assoiffée par la curiosité, elle décide de mener sa propre enquête pour comprendre la nature de ce nouveau groupe. Après plusieurs semaines d’investigation, elle se rend compte que le groupe en question est en fait une famille mafieuse qui n’a pas reçu l’approbation des Septs pour se former, violant ainsi toutes les règles de maintien de l’ordre. Pire, ces derniers s’amusent à faire passer dans des sacs de farine de la drogue concentrée sans payer de protection ni de commission aux familles supérieures. Désireuse de faire sa place, elle en avait immédiatement référé aux Tempiesta. L’un des capos l’a alors conduit avec une troupe de la famille vers le port, lui faisant ainsi passer son baptême du feu. Elle avait réglé froidement le compte de la concurrence, saupoudrant ses cheveux de farine dans la lutte, ce qui lui avait valu le surnom de « la dame aux cheveux cendrés ». Dès lors le capo prit Farore sous son aile, lui offrant une entrée dans la famille Tempiesta.

Un coup de canon retenti au loin, mais le coup résonne si fort que l’on aurait pu croire que l’explosion provenait de la Cathédrale de Notre-Dame du crime. La venue du Gile met l’île sans dessus-dessous, provoquant son lot d’atrocité, tout ça à cause d’un seul homme.

« Alors Farore. Pourquoi diable un soldat comme toi reste fidèle à la famille hm ? La plupart des soldats ont retourné leurs vestes ces jours non ? »

Jo Pet-de-chie est l’un des plus fidèle capo de la famille Tempiesta, c’est aussi le supérieur de Farore depuis ses débuts dans la famille. Il a réalisé un suivi quasi-militaire sur son poulain, non pas pour qu’elle puisse atteindre les hautes sphères de la famille, mais bel et bien pour qu’elle puisse faire sa propre famille. C’est une demande qu’elle avait formulée à la famille Tempiesta, ces derniers avaient bien entendu refusé pour le moment, non pas pour lui mettre des bâtons dans les roues, mais, car elle manque d’expérience et, car il y a actuellement trop de famille mineure qui tente de sortir leurs épingles du jeu.

« Si je ne montre pas ma loyauté maintenant, les gens, plus tard, se souviendront de moi comme celle qui abandonne ou celle qui n’est pas fiable. »

Jo dodeline du chef en guise d’approbation.

"C'est quand même une bonne chose que les familles mineures comme la tienne alimente les rangs des Tempiesta. Je suis sûr que plus tard, le patron reconnaîtra ta famille comme il se doit."

1626 - Manoir Corsandre

Farore est dans une sublime robe de soirée. Elle descend sans mal la rampe d'escalier, et ce, malgré son imposante paire de talon.  Alfred Itchecook, son fidèle majordome, annonce d'une voix intelligible et haute l'arrivée de sa patronne dans la salle de récéption.

« Veuillez tous bien vouloir accueillir la nouvelle matriarche de la famille Corsandre. Dame Corsandre, unique héritiére de la famille, succède donc à son père : Feu Allister Corsandre.»

L'assemblée est uniquement composée d'hommes avec le regard fougueux et ardent, tous n'étaient ravis de savoir qu'une femme allait reprendre les affaires de la famille. Allister avait été élevé dans la misère, Farore, elle, baigne dans le luxe depuis son plus jeune âge, certains des hommes présents y voient par ailleurs une faiblesse, une lacune. Elle avait donc de surcroît hérité de tous les mauvais défauts de la famille. Elle est calculatrice, instable, lunatique, une sociopathe, un renard avide. Par ailleurs, elle avait un sentiment de supériorité malsain, poussé à l'extrême, elle est de la pègre tandis que les gens dehors ne sont que de vulgaires péquenauds. Elle ne pouvait pas se prétendre à être l'égal à ces gens.

Pourtant Farore n'est ni plus ni moins qu'un petit poisson dans une mare aux requins, car c'est bien de la ville de Manshon dont on parle, et pour la Mafia ce n'est ni plus ni moins que la Mecque du crime organisé. Son talon frappe bruyamment le sol de marbre de la salle de réception, Alfred lui tend une coupe de champagne. Farore s'empare du verre pour en boire une franche gorgée, le breuvage fait l'effet d'un véritable philtre de courage. La dame adresse un large sourire à ses invités avant de s'adresser directement à eux.

« Bonsoir à tous mes amis. Certains ici savent que j'aime aller droit au but, aussi, j'appliquerai ce principe pour entrer au plus vite dans le vif du sujet ! Mon père... Mon père, fidèle capo des Tempiesta a trop longtemps utilisé des hommes tels que vous à mauvais escient. C'est un homme qui manque... Qui manquait de vision et de perspective. »

La déclaration est la plus hautaine possible, il fallait que les hommes présents se sentent parfaitement rabaissé. Elle poursuit sur ce même ton, un ton de plus en plus condescendant.

« Vous, qui me devez allégeance, battez vous pour moi... Faites de moi un dieu vivant et je vous accorderais une place à mes côtés au sommet de ce monde ! Car c'est bien ce que nous voulons tous ici n'est ce pas ? Atteindre des sommets. Devenir immensément riches, devenir des personnages influents.»

Les regards ardents et fougueux des mafiosi se braquent subitement sur elle. Tous se sentent blessés et vexés, Farore n'a pas plus d'expérience qu'eux, bien au contraire. Les maigres espoirs placés en Farore venaient tout bonnement de s'effondrer, il y a pourtant une multitude de chefs plus compétents  au sein de la famille, mais Allister l'avait désignée elle.
Plus son discours dure, plus l'assemblée se vide au vu des paroles trop assassines de Farore.

«Oh et soyons clair sur un point. Toutes les personnes qui viennent de partir, celle qui fomente un quelconque coup à mon encontre subiront un revers humiliant et lourd. Manshon a besoin d'une seconde chance. Nous allons lui offrir. »

1627: Ville de Manshon

"Tu es vraiment l'esclave le moins performant que j'ai jamais rencontré, je t'ai dit d'observer et pas d'acheter ! Qu'est-ce que tu n'as pas compris abruti ?!"

Farore est en train de hurler en pleine rue sur son homme de main le plus fiable "Nicky les yeux bleus".

« Espèce de connard, j'étais censé pouvoir me transformer en une espèce d'animal mythique et au lieu de ça j'ai juste mangé une putain de pomme..."

Farore fulmine, elle avait déboursé une coquette somme d'argent pour tenter d'obtenir un puissant fruit du démon, mais au lieu de ça, elle avait simplement mangé un fruit. L'avantage, c'est qu'il lui n'en fallait plus que quatre pour avoir ses cinq fruits et légumes par jour.
C'était là, l'énième erreur que venait de commettre Nicky, forçant Farore à réfléchir autrement.

« On ne va pas pouvoir rentrer avec violence pour mater la Révolution fleurie... »

Elle laisse s'échapper un petit rire nerveux, ultime rempart devant la bêtise de Nicky, en temps normal, elle lui aurait réglé son compte dans une ruelle sombre, ça aurait à peine fait une ligne dans un article pour un journal local.

"Maintenant, on peut rentrer et réfléchir à un autre plan... Bien joué Nicky."

L'homme acquiesce et dans la seconde qui suivit, il se prit un revers en plein visage, le forçant à plier le genou. Avec du recul ; Farore s'était dit que si le fruit n'était qu'une simple pomme, c'est qu'un pouvoir plus grand l'attends plus tard.

"Rappelle-moi la prochaine fois de ne pas traiter avec la famille Kalezaune."

Farore réajuste sa manche tout en observant sa montre, une "Aude aux morts pas gué", une montre luxueuse ou le mécanisme automatique repose dans une boite en céramique fait main. Elle observe alors l'heure avant que son visage ne prenne une moue gênée.

"Pile à l'heure."

Alors qu'ils étaient au beau milieu de la rue, des coups de feu retentissent en direction de la dame et de son employé. Farore et Nicky se mettent instinctivement à couvert, ils n'en sont pas à leurs premières fusillades. Une dizaine d'hommes en noirs se mirent à sortir d'un peu partout. C'est un véritable déluge de feu qui se déclenche en pleine rue. Le plan de Farore avait alors bien fonctionné. Peu de temps après son discours, elle avait identifié au cours d'un travail méticuleux les possibles traîtres et elle avait aussi appris que ces derniers avaient rejoint la famille Kalezaune. Les rancunes de son discours d'intronisation étant tenaces, elle avait envoyé Nicky pour lui acheter un fruit du démon en lui donnant l'ordre express de bien cité son nom. Il n'avait pas fallu longtemps pour que les hommes de main repèrent Farore et son acolyte, les menant à cette situation.
Farore, sous le feu adverse, mets ses doigts dans sa bouche pour laisser s'échapper un puissant sifflement. Aussitôt au-dessus de l'adversité, s'ouvrent une multitude de volets ainsi que leurs fenêtres respectives, laissant s'échapper plusieurs canons d'armes de poing qui font feu tour à tour sur les adversaires de Farore. En quelques instants, l'affaire est réglée et les hommes sont au sol, gisant dans un véritable bain de sang. Cependant, il reste un unique survivant tremblotant. Farore d'une démarche sûre et agile s'avance vers ce dernier, arme en main, au passage, elle saisit un poisson sur un étal avant de le lancer en pleine tête du survivant.

"Amène ça à ton patron ! Dis-lui de se familiariser à l'odeur ! Car la famille Kalezaune reposera bientôt parmi les poissons ! Et si tu croises la révolution fleurie... Dis-leur dans un premier temps que leur nom craint un max. Et dis leurs aussi de vite se calmer s'ils ne veulent pas d'ennuis !"

L'homme hoche du chef en guise de son plein accord avant de fuir en direction du centre-ville. Cet acte pour Farore, marque le début de son aventure sur North Blue. Une aventure qui sera semée d'embûches.

[Comptez une trentaine de lignes minimum.]