Quelques jours plus tôt, en mer
— Recule !
— C’est pas comme ça qu’on demaaande ! ♪
— C’est ça, fais ta maligne ! Tant pis pour toi ! Quand tu crèveras de faim ou de soif, tu finiras bien par obéir.
Le geôlier de Mama repartait. Elle avait été faite prisonnière sur Saint-Uréa et un malheureux concours de circonstances avait transformé son séjour en prison en séjour en tant qu’esclave à la Nouvelle-Réa.
— MEC, T’AS VU MA CORPULENCE ?! JE M’EN FOUS : J’AI DES RÉSERVES !
Un jour plus tard, toujours en mer
— Recule.
— Tes parents t’ont pas appris la politesse ?
— Ouais allez, salut.
— Je te rappelle ce qu’on a ordonné à ton boss ? Qu’il fallait pas que j’arrive trop amochée ?
— Bah. Comme tu l’as dit toi-même hier : t’as de la réserve !
Dans le noir, enfermée et enchaînée à fond de cale à bord d’un navire des Condors de Guerre, la milice de l’économiste Victor Bahia, Mama avait moralement touché le fond avant de rebondir. Elle ne se laissait plus abattre, elle voulait tenir le coup, bien décidée à leur pourrir la vie !
Elle songeait même à réserver une petite farce au maton censé lui apporter de l’eau et de la nourriture en lui lançant au visage le seau destiné à ses déjections. Le temps était une notion toute relative, uniquement basé sur le nombre de visites routinières, une par jour, avait-elle estimé au tout début du voyage. Il n'y avait pas grand chose à faire, et ce petit plaisir lui donnait de la niaque.
Il y avait d’autres prisonniers dans d’autres cellules à fond de cale, mais elle avait été enfermée seule expressément. Les première fois, ils s’étaient délectés de ses petites piques bien envoyées, mais maintenant ils se tenaient bien tranquilles pour éviter une nouvelle restriction alimentaire.
Toujours un jour plus tard, toujours en mer
— Recule, et je rigole pas.
— Ah ouais ? Et qu’est-ce que tu vas me faire ?
Par les barreaux de la porte, d’une cloison montée pour l’occasion, il tendit une perche qu’elle balaya machinalement d’un revers de la main … sauf que.
Sauf qu’elle était surmontée d’un Thunder Dial et que Mama finît électrocutée au sol, parcourue de spasmes.
Un instant après, une fois assuré que sa prisonnière était bel et bien neutralisée, son tortionnaire entra dans sa cellule de fortune avec un sourire crâne … et une jeune femme qu’il poussa vers le fond avant de l’enchaîner elle aussi.
Mama, les yeux révulsés, ne vit rien de la scène mais …
… à son réveil, quelques dizaines de minutes plus tard, sa co-détenue se jeta sur elle !
— Mama ! Mama, je suis tellement désolée ! C’est de ma faute tout ça ! Je ne sais pas ce qu’il m’a pris !
Les neurones de la grosse dame peinaient à se connecter les uns avec les autres, mais après plusieurs clignements d’yeux dans le vague, et plusieurs interjections d’une voix qu’elle avait connue et qu’elle reconnût, elle se remit aussitôt d’aplomb.
Ou du moins, elle le croyait. Ses jambes ne supportaient pas une position de debout et elle s’effrondra aussitôt.
— Sasha ? Qu’est ce que tu fais là ?
Il s’agissait de son ancienne timonière, ancienne esclave qu’elle avait libérée et aidée à se reconstruire après tous les sévices qu’elle avait vécu.
— Tu croyais vraiment que j’allais te laisser croupir seule sur l’Île aux Esclaves ?
— Mais ton rôle en tant que ménestrel était bien plus sûr qu’ici …
— Non. Tu sais, quand tu as dissout la Barge des Barges, j’ai voulu te venger et mener ma petite enquête, c’est pour ça que j’ai créé Alastor d’Astrélion : pour infiltrer la cour de Saint-Uréa. Au début, ça se passait bien, mais même pas un an après, j’ai vu que tout n’était qu’un jeu de dupe. Je pourrais pas te dire quoi exactement, mais y’a une de ces tensions ! Entre le gouvernement, la Marine, les pauvres, la Révolution … Tout le monde cache son jeu ! Quand je t’ai envoyé le message d’appel à l’aide, je sentais bien que j’étais surveillée ! La Cheffe du Personnel de maison était tout le temps dans mes pattes, le Chef de la Sécurité était tout le temps sur mon chemin … Ils se doutaient de quelque chose … Alors je ne pouvais pas m’enfuir comme ça …
— Et pourtant, tu l’as fait …
— Oui, grâce à ta diversion ! Il y a quelques temps, j’avais demandé un casque des Chiens de Pierre pour une représentation. Eh bien j’ai aussi volé une de leur tenue à une lavandière, et c’est comme ça que j’en ai profité pour me faufiler jusque sur ce navire … Ah, et euh … en chemin j’ai dû assommer un Condor de Guerre pour troquer sa tenue avec la mienne. Mais le capitaine a reçu un coup de Den Den et j’ai été démasquée. Du coup, je vais finir comme toi : esclave !
Elle racontait cela avec un grand sourire.
Et en effet, Sasha avait été surveillée. Mais ce qu'elle ne savait pas, c'était que la Cheffe du Personnel et le Chef de la Sécurité étaient deux agents du Cipher Pol. Ils savaient que ce fameux "Alastor" était bien plus que ce qu'il ne semblait être, mais sans réel danger direct envers quoi que ce fût, outre les tensions qui pouvaient naître après une de ses représentations même si bien vite essuyées par d'autres, ils n'avaient pas oser agir directement. Seulement, à la fuite de l'intéressé, Nikita Betty Butaie, la "Cheffe du Personnelle", l'avait filé. Quand elle comprit que Sasha s'était fait la malle sur le navire, elle somma son collègue, Palourde Smith, Chef de la Sécurité, de contacter le capitaine pour lui dire de l'enfermer et de lui réserver le même sort.
— Ma fille, c’est très touchant, et je te remercie, mais y’a pas de quoi être fière !
— Je m’en fous, parce que je préfère être avec toi.
Sasha l’enserra affectueusement de plus qu’elle pût, et en réponse, Mama posa délicatement son bras sur elle.
Maintenant, il lui était hors de question de jouer au plus naze avec les Condors. Il n’y avait plus que sa vie en jeu. Alors quand ils livreraient le repas, elle se reculerait docilement.
— Ah ! Et j'ai oublié de te dire ! J'ai réussi à voir Grant quelques instants avant notre départ ! Je lui ai dévoilé notre petite destination !
— DE QUOI ?!
— Recule !
— C’est pas comme ça qu’on demaaande ! ♪
— C’est ça, fais ta maligne ! Tant pis pour toi ! Quand tu crèveras de faim ou de soif, tu finiras bien par obéir.
Le geôlier de Mama repartait. Elle avait été faite prisonnière sur Saint-Uréa et un malheureux concours de circonstances avait transformé son séjour en prison en séjour en tant qu’esclave à la Nouvelle-Réa.
— MEC, T’AS VU MA CORPULENCE ?! JE M’EN FOUS : J’AI DES RÉSERVES !
Un jour plus tard, toujours en mer
— Recule.
— Tes parents t’ont pas appris la politesse ?
— Ouais allez, salut.
— Je te rappelle ce qu’on a ordonné à ton boss ? Qu’il fallait pas que j’arrive trop amochée ?
— Bah. Comme tu l’as dit toi-même hier : t’as de la réserve !
Dans le noir, enfermée et enchaînée à fond de cale à bord d’un navire des Condors de Guerre, la milice de l’économiste Victor Bahia, Mama avait moralement touché le fond avant de rebondir. Elle ne se laissait plus abattre, elle voulait tenir le coup, bien décidée à leur pourrir la vie !
Elle songeait même à réserver une petite farce au maton censé lui apporter de l’eau et de la nourriture en lui lançant au visage le seau destiné à ses déjections. Le temps était une notion toute relative, uniquement basé sur le nombre de visites routinières, une par jour, avait-elle estimé au tout début du voyage. Il n'y avait pas grand chose à faire, et ce petit plaisir lui donnait de la niaque.
Il y avait d’autres prisonniers dans d’autres cellules à fond de cale, mais elle avait été enfermée seule expressément. Les première fois, ils s’étaient délectés de ses petites piques bien envoyées, mais maintenant ils se tenaient bien tranquilles pour éviter une nouvelle restriction alimentaire.
Toujours un jour plus tard, toujours en mer
— Recule, et je rigole pas.
— Ah ouais ? Et qu’est-ce que tu vas me faire ?
Par les barreaux de la porte, d’une cloison montée pour l’occasion, il tendit une perche qu’elle balaya machinalement d’un revers de la main … sauf que.
Sauf qu’elle était surmontée d’un Thunder Dial et que Mama finît électrocutée au sol, parcourue de spasmes.
Un instant après, une fois assuré que sa prisonnière était bel et bien neutralisée, son tortionnaire entra dans sa cellule de fortune avec un sourire crâne … et une jeune femme qu’il poussa vers le fond avant de l’enchaîner elle aussi.
Mama, les yeux révulsés, ne vit rien de la scène mais …
… à son réveil, quelques dizaines de minutes plus tard, sa co-détenue se jeta sur elle !
— Mama ! Mama, je suis tellement désolée ! C’est de ma faute tout ça ! Je ne sais pas ce qu’il m’a pris !
Les neurones de la grosse dame peinaient à se connecter les uns avec les autres, mais après plusieurs clignements d’yeux dans le vague, et plusieurs interjections d’une voix qu’elle avait connue et qu’elle reconnût, elle se remit aussitôt d’aplomb.
Ou du moins, elle le croyait. Ses jambes ne supportaient pas une position de debout et elle s’effrondra aussitôt.
— Sasha ? Qu’est ce que tu fais là ?
Il s’agissait de son ancienne timonière, ancienne esclave qu’elle avait libérée et aidée à se reconstruire après tous les sévices qu’elle avait vécu.
— Tu croyais vraiment que j’allais te laisser croupir seule sur l’Île aux Esclaves ?
— Mais ton rôle en tant que ménestrel était bien plus sûr qu’ici …
— Non. Tu sais, quand tu as dissout la Barge des Barges, j’ai voulu te venger et mener ma petite enquête, c’est pour ça que j’ai créé Alastor d’Astrélion : pour infiltrer la cour de Saint-Uréa. Au début, ça se passait bien, mais même pas un an après, j’ai vu que tout n’était qu’un jeu de dupe. Je pourrais pas te dire quoi exactement, mais y’a une de ces tensions ! Entre le gouvernement, la Marine, les pauvres, la Révolution … Tout le monde cache son jeu ! Quand je t’ai envoyé le message d’appel à l’aide, je sentais bien que j’étais surveillée ! La Cheffe du Personnel de maison était tout le temps dans mes pattes, le Chef de la Sécurité était tout le temps sur mon chemin … Ils se doutaient de quelque chose … Alors je ne pouvais pas m’enfuir comme ça …
— Et pourtant, tu l’as fait …
— Oui, grâce à ta diversion ! Il y a quelques temps, j’avais demandé un casque des Chiens de Pierre pour une représentation. Eh bien j’ai aussi volé une de leur tenue à une lavandière, et c’est comme ça que j’en ai profité pour me faufiler jusque sur ce navire … Ah, et euh … en chemin j’ai dû assommer un Condor de Guerre pour troquer sa tenue avec la mienne. Mais le capitaine a reçu un coup de Den Den et j’ai été démasquée. Du coup, je vais finir comme toi : esclave !
Elle racontait cela avec un grand sourire.
Et en effet, Sasha avait été surveillée. Mais ce qu'elle ne savait pas, c'était que la Cheffe du Personnel et le Chef de la Sécurité étaient deux agents du Cipher Pol. Ils savaient que ce fameux "Alastor" était bien plus que ce qu'il ne semblait être, mais sans réel danger direct envers quoi que ce fût, outre les tensions qui pouvaient naître après une de ses représentations même si bien vite essuyées par d'autres, ils n'avaient pas oser agir directement. Seulement, à la fuite de l'intéressé, Nikita Betty Butaie, la "Cheffe du Personnelle", l'avait filé. Quand elle comprit que Sasha s'était fait la malle sur le navire, elle somma son collègue, Palourde Smith, Chef de la Sécurité, de contacter le capitaine pour lui dire de l'enfermer et de lui réserver le même sort.
— Ma fille, c’est très touchant, et je te remercie, mais y’a pas de quoi être fière !
— Je m’en fous, parce que je préfère être avec toi.
Sasha l’enserra affectueusement de plus qu’elle pût, et en réponse, Mama posa délicatement son bras sur elle.
Maintenant, il lui était hors de question de jouer au plus naze avec les Condors. Il n’y avait plus que sa vie en jeu. Alors quand ils livreraient le repas, elle se reculerait docilement.
— Ah ! Et j'ai oublié de te dire ! J'ai réussi à voir Grant quelques instants avant notre départ ! Je lui ai dévoilé notre petite destination !
— DE QUOI ?!
Dernière édition par Mama Boutanche le Dim 29 Mai 2022 - 20:26, édité 1 fois