Défi 1 : Le tour du Cuisino

— Puisqu'il faut tout faire soi-même. Puisque j'aide grands poumons. Jouons et remisons le minocoffre !
— Entendu ! Candidate Mama Boutanche, veuillez vous rendre sur la ligne de départ !




— M-M-Mais !

Le pacifista ne voulait rien entendre.

— Il n'y a pas de "M-M-Mais !", je suis formel : certes, vous êtes arrivée avant votre adversaire, mais vous n'avez pas touché la bouée n°2.

Mama se remémora son parcours.

Pour échapper aux pales du Cuisino, elle avait usé de sa baguette climatique. Deux tiers en bouche, dos à sa trajectoire, elle avait soufflé dedans pour se propulser avec une brise qu'elle avait créée. Elle pensait même que sa tête allait se décrocher du reste de son corps et elle avait bien faillit rater la bouée mais elle l'avait touchée ...

Elle avait rejoint le bassin aux requins et aux poulpes géants à la nage tout à fait traditionnelle. Et puis son adversaire avait tenté de lui mettre des bâtons dans les roues. Alors qu'un requin l'attaquait, elle lui avait collé un Mama's Swing de tous les diables malgré elle, et la pauvre bête s'était carapatée loin d'elle. Ce fut à ce moment là que son concurrent, poursuivi par un poulpe géant, avait semé la discorde entre eux trois. Le monstre marin avait tendu ses tentacules pour tenter de l'attraper mais le bougre avait ondulé autour d'eux et quand l'immense céphalopode s'enroula autour d'un pied, il avait juré qu'il s'agissait de celui de sa proie. A cet instant, Mama commença à se noyer tout en livrant un duel avec l'animal marin et tout en jurant !

— Y'a ! ... Bloubloubloub ! ... Mais ! ... gloups ! ... T'es ! ... blblblbl ... Cou ! ... Bloblob ! ... Do ! ... glouglou ... Ca y ! ... bloup ! ... Est ! Je m'en suis sortie ! Tu perds rien pour attendre !
(— Y'a un poulpe géant qui m'attaque ! Mais c'est toi qui me l'a collé aux basques ! T'es vraiment qu'un connard ! Courser ! Je vais te courser ! Dommage, tu vas perdre ! Ca y est ! Je m'en suis sortie ! Tu perds rien pour attendre !)

Le requin qui l'avait attaqué avait cru bon revenir à la charge pendant qu'elle était vulnérable. Malheureusement pour lui -encore une fois, Mama se libéra de l'entreprise tentaculaire contre laquelle elle luttait et le vit foncer droit sur elle. Elle s'éleva légèrement pour prendre l'ascendant et ...





Elle colla un violent coup de tête sur le museau de la pauvre hère qui allait s'enfuir. Mama parvint cependant au dernier moment à s'agripper à son aileron ! Désormais, elle le dirigeait à l'aide de baignes bien placées, à droite ou à gauche pour corriger sa trajectoire. Ce fut de cette façon qu'elle doubla son adversaire.
Arrivée au stand de tir, elle relâcha son pauvre prisonnier qui, libéré à son tour, ne se fit pas prier pour fuir loin d'ici !

Hors de question de servir de cible vivante, donc Mama dégaina à nouveau son bâton climatique entama un crawl endiablé avec deux des trois tiers de son arme, un dans chaque main. Si l'un émettait des bulles rouges de chaleur, l'autre l'imitait avec des bulles bleues de froid. Et les deux créaient un mirage imparfait qui lui permit de traverser le champ de tir sans trop d'encombre, tout en prenant soin de toucher la dernière bouée.

La dernière bouée. MAIS OUI ! Avec toute cette agitation, elle avait complètement oublié de toucher la deuxième bouée !

Elle afficha une mine déconfite et malgré son manque d'humanité à cause de sa condition de robot, le pacifista comprit  sa résignation.

— Maintenant, rejoignez votre capitaine adorée je vous prie.

Aaaaaaaaaaaaah.

Je prends une grande inspiration en sortant la tête de l'eau, et me hisse sur le ponton du bateau. Je me sèche sommairement le visage et les cheveux avec la serviette que me tends cet étrange robot grimé en majordome. Je crois que je n'arrive toujours pas vraiment à me rendre compte que ce paquebot de croisière, que toutes ces dorures et ces marbrures sont bien réelles. Que je suis bien là à bord de ce mastodonte des mers, symbole de la toute puissance financières des Dragons Célestes.

Mais bon, rien ne sert de se torturer l'esprit et de rester béat quant à cette situation, il faut que j'en profite au maximum : et ce bateau a la taille idéale pour faire un petit entrainement de natation matinal. C'est même presque si c'était pas fait exprès, avec toutes ces balises lumineuses pour indiquer le chemin, et que je me suis contenté de toucher en faisant mon crawl. D'ailleurs, je ne suis pas le seul à avoir compris que c'était un bon plan, vu qu'il y avait également un autre type qui nageait avec moi. Il n'était d'ailleurs pas mauvais, vu qu'il a réussi à me talonner et même à me rattraper sur la fin ! Ça fait plaisir de tomber fortuitement sur des partenaires d'entrainement aussi motivants ! Meilleures vacances !

Félicitations, monsieur Raines. Vous êtes arrivés ex-æquo avec le challenger de Sainte Adela.
Plait-il ?
Vous pouvez donc choisir de libérer une des personnes qu'elle a gagné dans son équipage, ou demander une rétribution financière.
Ah non non, moi je ne veux rien... J'étais juste parti nager !
Les règles du Dragon Back Fight sont claires. Vous devez choisir.
Euh... Je n'ai jamais été quelqu'un de très intéressé par l'argent. Alors, tant qu'à faire... J'ai le choix entre qui et qui, niveau libération ?

Le pacifista-majordome me présente alors plusieurs avis de recherche. Forcément, vu que Sainte Adela a cette lubie de devenir reine des pirates, elle se constitue un équipage de criminels. Et quels criminels.
Red, le quasi-empereur et traître de la marine. Izya, la reine céleste et seconde de Red. Ou peut-être sa concubine. Ce n'est pas très clair. Eh, en tout cas, ils jouent ensemble et perdent ensemble ! Mountbatten, le Fantôme. Jeska, une autre traîtresse de la marine. Décidément. Le Cavalier, un pirate qui n'a pas l'air du tout commode, mais qui dénote tout de même des autres monstres.
Et puis... Il y a Jack R. Skellington. 250.000 berries de prime. Je laisse s'échapper un ricanement involontaire. Celui-là m'a l'air inoffensif. A tous les coups, c'est juste un type lambda qui était au mauvais endroit au mauvais moment. Pour avoir une prime pareille, dans tous les cas, je me demande ce qu'il a pu faire... Des graffitis ? Du tapage nocturne ?

Euh... Bah, lui là ! Je pointe du doigt l'avis de recherche de Skellington. Je préfère savoir toutes ces grosses pointures avec la laisse d'une dragonne céleste au cou, même si celle-ci se prend pour une pirate, plutôt qu'ils soient en liberté.
Entendu, monsieur.

Le pacifista-majordome me tourne le dos et file. Sans doute pour retrouver sa maîtresse. Et moi, je reste planté là, pensif. Un marine qui libère un pirate plutôt que de le capturer... Ça m'emmerde un peu. Puis, je me souviens que je suis en vacances sur un bateau de croisière géant rempli de pacifistas déguisés en serveurs, où cohabitent Amiraux de la marine et Empereurs pirates et où les gens participent à de vieux jeux pirates.

Décidément, quelles drôles de vacances.

Il n’aurait su comment il était arrivé sur ce fichu rafiot, mais Ten voyait là une bonne occasion pour lui de se remplir les poches. Il n’était pas sûr de vouloir se faire enrôler par Adela, mais elle semblait être en possession d’une sacrée quantité de richesse ; comme l’indiquait son statut ; il fallait donc que quelqu’un en profite !

Et ce fut donc ainsi qu’il se retrouva en maillot de bain, dans la mer, prêt à faire la course avec un « champion » choisi par la dame. Le pauvre, il n’était pas spécialement athlétique, ne savait pas mieux nager qu’un autre, il n’avait donc quasiment aucune chance de gagner… Ce que lui rappela d’ailleurs son adversaire du jour.

- Tu ferais mieux d’abandonner gringalet, tu ne fais pas le poids !
- Ah ah, oui tu vas gagner c’est sûr.. Je ne ferai pas le poids !

Fit Ten avec un sourire tandis qu’une mèche de cheveux lui tombait devant le visage avec le poids de l’eau. Après tout, il n’était pas stupide au point de croire qu’il pourrait gagner. La seule raison pour laquelle il participait à cette épreuve était qu’il recevrait dans tous les cas un lot de consolation. Ainsi, il n’avait donc qu’une idée en tête…

- Ne pas se faire croquer…
- T’as dit quoi tête d’endive ?
- Euh rien…

Wahou, il était agressif l’autre moustique là ! Bon, dans tous les cas ils n’allaient pas perdre trop de temps à discuter car le top départ venait d’être donné. Sans grande surprise, Ten se fit déjà distancer, l’autre filant dans l’eau comme s’il était un homme poisson. Il ne fallut que quelques dizaines de mètres pour que son adversaire ait déjà une bonne dizaine de secondes d’avance.

Ten, quant à lui, enchaînait le crawl et la brasse pour garder de l’énergie tout en évitant les zones qui semblaient un peu trop dangereuses et en allant d’une bouée à une autre. Il avait déjà trois bouées de retard lorsque son concurrent passa au niveau du bassin de requins. Et tandis que Ten avançait à son rythme, il entendit alors des cris de douleur, chose qui lui amplifia son sourire.

- Le repas est servi…

Et ce fut donc sans se presser que Ten profita de la diversion donnée par le sang de son adversaire pour passer les autres épreuves, toujours à son rythme. Mais tandis qu’il approchait de la fin de l’épreuve, il entendit alors un grand boucan se faire derrière lui ; et avec lui comme une vague qui se rapprochait de la dernière bougie.

- Je ne perdrai pas !!!

C’était encore l’autre abruti, il n’était pas mort finalement et avait réussi à se défaire des requins ! Il fonçait vers Ten qui atteignait presque la dernière bouée… Plus que quelques mètres et il aurait gagné. Il tendit alors la main, étirant ses doigts jusqu’à…

Ce qu’il touche la bouée, pensant avoir gagné ! Mais à sa plus grande surprise, au moment où sa main atteignit la bouée, cette dernière fut aussi percutée par la main de son adversaire ; ensanglanté ; qui était revenu d’entre les morts.

- C’était pas loin…

Fit alors Ten dans un énième sourire, se satisfaisant de ce match nul.