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Le Gigantochelonioidoaphage

Rappel du premier message :

Moi et ma grande gueule, j’ai voulu de la responsabilité et j’en ai eu pour mon grade. Il y a quelques mois, j’ai déclaré que l’île serait sous ma protection, et voilà que des petits malins ont décidé de s’en prendre à « mon » île. J’ai reçu un appel assez tôt sur une ligne spéciale que j’avais préparé pour ce genre de situation. Les vigies de karakuri avaient vu qu’une flotte assez imposante dans sa direction, battant le pavillon de Gluttony. Cela ne me fit que lever un sourcil, je sortais d’une réunion d’état-major à son propos. Lassé de son poste de corsaire il avait décidé de faire une attaque d’immense envergure, comme s’il souhait conquérir le monde. D’après mes estimations, j’en avais pour au moins six jours de navigations pour m’y rendre. Heureusement, le maire m’en fit gagner cinq.

Une fois son appel passé, il avait fait s’immerger la tortue. Malheureusement, ce n’est qu’une mesure temporaire. La capacité d’oxygène et de vivres que pouvait emmagasiner l’animal et ses habitants était limitée. Qui plus est, bien que la faune et la flore étaient parvenus avec le temps à évoluer pour survivre à ce genre de traitement, cela n’était pas bon pour autant. Si bien que chaque immersion détruisait les cultures, et une bonne partie de l’écosystème qui en mettrait des mois, si pas des années à s’y remettre, grevant ainsi l’économie de l’île. Sans parler des baraquements spartiates dans lesquels les habitants étaient obligés de se parqués. Ils ont ainsi pu se débrouiller pour se rendre dans une zone plus facile d’accès pour moi et ma flotte, tout en gagnant du temps sur l’armada pirate. La poursuite a ainsi duré plusieurs jours, assez angoissant, à chaque fois que la tortue émergeait les pirates étaient toujours sur ses talons. Les forces de la marine étant dispersées pour juguler la vague de l’ambitieux et leurs tâches habituelles, je ne pouvais compter sur aucune aide d’une autre division.

J’ai donc pris la mer avec mes trois navires en emportant dans mon sillage une impressionnante flottille de l’élite. Je n’avais pas pour habitude de réquisitionner des renforts, mais l’amirale en cheffe m’a incité à prendre plus de troupes que nécessaire. Afin de pouvoir être prêt à intervenir sur un autre foyer d’infection du glouton, tout en laissant des troupes, fidélisant ainsi l’île. Je n’étais d’ailleurs pas seul, comme mon fidèle camarade Ethan était aussi de la partie. Nous étions assurément trop nombreux pour la faible menace que représentait le criminel, mais la justice n’en sera que des plus éclatantes. J’aurais préféré profiter au maximum de la vitesse de mes propres navires, mais j’ai dû me conformer à la vitesse de croisière de ma flotte et de l’enfer logistique dont il s’agissait. J’ai cela dit vite délégué les tâches les plus ennuyantes à mes subordonnés pour me concentrer sur l’affrontement.

Nous arrivâmes alors à l’aube de l’attaque, les navires les plus rapides étaient enfin parvenu à rejoindre la tortue exténuée par sa fuite et sa période sous l’eau. Heureusement, cela avait permis aux civils de se réfugier dans plusieurs abris sous l’égide des moines, tandis que le port et la capitale étaient tenues par les maigres forces en places. Le plus insupportable fut de sentir tout ce qui se passait avant de voir, la malédiction de l’empathie. Ce don était fort utile pour sentir des ennemis, des attaques, les sensations d’une île. Il l’était moins quand il ne permettait que d’assister impuissant à la destruction, la douleur et la mort. J’ai donc rongé mon mord le temps que l’on arrive à une distance suffisante de l’île pour pouvoir enfin intervenir.

Pour tout dire, c’était le chaos, comme souvent, dans ce type de bourbiers. Je n’ai jamais aimé les guerres, trop de mort pour rien, pour cette raison, je serai sans pitié. Et heureusement, je n’étais pas le premier à l’être. Une série de navires avaient accostés de ci et de là de la tortues, mais de nombreuses embarcations étaient encore au larges. De nombreux navires pirates étaient incendiés, les pécheurs de l’îles avaient décidé de participer activement à la défense. Menés par Augustus, l’ultime membre du cartel des quatre anciens membres régnant de l’île. Je sentais sa flamme de vie s’agiter sur une des embarcations et le respect et l’excitation de ses acolytes, s’il s’en sortait, il faudrait décider quoi faire de lui. En menant ainsi cette guérilla marine, il prouvait son intégrité et son utilité sur l’île, mais gagnait en pouvoir. Il ne fallait plus espérer qu’il n’aurait pas des rêves de grandeurs une fois fini. Ainsi, des petites embarcations louvoyaient entres celles des pirates, leur lançait des futs d’huiles de poisson, avant d’y mettre le feu. C’était sale, mais de bonne guerres.

De son coté, le maire avait une flamme de vie tremblotante, il s’était manifestement retranché dans la salle de commande de la tortues avec ses généraux et dernières troupes et tenait tant bien que mal face au siège de la piraterie. Tandis que la vaste majorité des civils s’étaient retranché au sein du temple au sommet de la montagne, des affrontements avaient déjà eu lieu sur les cols menant au sanctuaire. Manifestement les pirates avaient décidé de vider l’île de ses habitants avant de s’en emparer. Heureusement la topographie leur évitait un péril trop rapide.

Les abords du port étant bien bouché par les embarcations qui s’y étaient échoués pour l’invasion, et par les épaves dont les mats s’étaient pris dans des banchages, bâtiments et navires. Cela demanderait donc de trier sur le volets ceux qui devront débarquer, car il leur faudra soit nager, soit emprunter des chaloupes. Mais ce n’était pas le plus inquiétant, l’armada pirate tenait encore à son actif des dizaines de navires non engagé, donc ceux qui semblaient appartenir aux têtes pensantes de l’opération, le pire était à venir. Après un rapide conciliabule avec mon état-major formé des plus hauts-gradés des navires de la flotte et de leur second, il fut décidé que les trois quarts de nos effectifs s’en prendrait aux navires en mers. Tandis que le reste se séparerait en deux groupes, celui qui aura pour mission de prendre pied à terre, et celui de dégager le port et le tenir. Enfin, un navire isolé aurait la lourde de tâche de couler les navires qui s’étaient amarrés tout autour de l’île, en disposant de ceux en charges de reprendre le port, si nécessaire.

Autrefois, j’aurais chargé dans la bataille sans me soucier de rien, si ce n’est la préoccupation de réduire au minimum mes pertes humaines. Mais à présent que je dois commander plus qu’une centaines d’hommes, je me dois d’observer et commander les assauts, et n’agir que de la manière la plus stratégique avec des frappes chirurgicales sur les ennemis les plus dangereux. A croire, qu’avec le grade, j’en sois devenu de ces gratte-papiers de la régulière. Je me console en me disant qu’à l’instar d’Ethan mon don d’empathie me demande de mener mes hommes pour éviter qu’ils ne tombent dans des combats qu’ils ne peuvent gagner… ce qui est certainement plus efficace que charger tel un enragé…
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Il y en avait qui faisaient des entrées frustrantes, ratées ou timides. Et d’autres qui arrivaient en… volant, utilisant lame et pouvoirs comme mors pour guider leur monture d’un genre nouveau presque pile où il le fallait.
L’apparition tonitruante du duo de pirates - qu’elle n’aurait pas manqué d’applaudir en d’autres circonstances - signa hélas ici le début d’énièmes nouvelles festivités peu agréables. En témoignaient l’écran de sable qu’Azeglio forma rapidement et les lames qui se tournèrent méchamment contre eux.
Ça suffit maintenant ! Par tous les saints de Saint…Oh !

Ces têtes sans uniformes n’étaient peut-être pas tant des ennemies que ça, finalement. Pour le moment. Déjà, elles n’avaient pas de feuillage sur leur crâne, et leurs dires se voulaient rassurants, bien davantage que leurs actes en tout cas. Mieux encore, à l’instar d’Helena avec Azeglio, elle reconnut parfaitement un des deux nouveaux arrivés, côtoyé durant une nuit impossible à oublier.
L’utilisation de son patronyme par l’individu rieur, malgré la gravité de la situation, lui confirma que ses yeux ne la trompaient pas. Salut. Le petit mot fondant ne traversa pas ses lèvres, mais fut remplacé par un court début de sourire à l’intention du chapardeur qui, un soir, l’avait aidée après l’avoir honteusement chouravée. Il n’y avait malheureusement pas le temps de faire causette avec l’ancien voleur à la joie éclatante.

L’impression, fugace et mauvaise, que l’entièreté du front s’était soudainement déplacé dans ce minuscule bout de forêt sans prétention la traversa. Ce n’était pas le cas pour sûr, notamment puisque la cacophonie ambiante faisait davantage écho encore que précédemment aux multiples coups de feu que l’on pouvait entendre en arrière plan.
Ou alors, parce qu’au milieu du chaos ambiant, il ne lui paraissait toujours pas possible de poser les yeux sur Ethan, Daniel, Yamamoto ou encore le marin qu’elle avait désiré aider tout à l’heure. Malgré tout, il y avait décidément beaucoup, beaucoup de gens gesticulant dans le coin à présent. C’en était presque irrespirable pour une combattante fatiguée.

Ainsi, quand Helena proposa à Lydia d’aider à porter la seringue dans un coin plus calme avant de se rendre ailleurs, la jeune femme hésita une seconde, mais ne refusa pas.
S’écarter du capharnaüm ne nuirait pas. Vu son état, ce n’était pas comme si elle pouvait se montrer réellement utile ici, n’est-ce pas ? À part pour, peut-être, crier d’inutiles autres ordres par-dessus les bruits incessants si elle parvenait à le faire longuement sans être importunée. Pour tester, elle lança tout d’abord l’information que Ren souhaitait, à l’intention des marins vivants.

«La chimiste en premier ! » Essaya-t-elle donc de signaler, priant pour ne pas le regretter.

Autant éviter que les pauvres hères d’Ethan et de Yama se fassent décimer par des Sandstorms, si cela s’avérait possible. S’ils tenaient leur parole et que les marins ne les attaquaient point les premiers, on pouvait peut-être espérer un taux de survie pas trop infâme dans leurs rangs à tous. N’était-ce pas la priorité ?
Le résultat de sa tentative fut décevante, tant au niveau de la hauteur de sa voix que par le manque de réactions rapides de la part des soldats qu’elle ne côtoyait pas depuis longtemps. En plus, elle manqua de nouveau de se faire toucher par un énième projectile non identifié, projeté peut-être par les éléments qui se déchaînaient. Il valait vraiment mieux se replier. Le combat prenait hélas déjà des proportions qu’elle ne pouvait pas gérer.

Certains de ses muscles tremblotant, elle serra les dents et fit vaillamment glisser sur une de ses épaules sa part de charge, évitant au passage de trop toucher aux cadavres qui calaient la seringue jusque-là.
Silencieuse car concentrée, haletante, elle accompagna par la suite le trio d’élites des mètres plus loin, titubant et sous le poids de la piqûre géante et pour éviter quelques broussailles qui auraient pu les faire tomber. Les larmes aux yeux temporairement à cause de la capacité musicale de Ren, elle fit pour résumer de son mieux.

Une nouvelle fois, personne ne vint entraver leur progression peu fulgurante ; tous les acteurs en présence étaient bien trop occupés. La râleuse sylphide à la chevelure rose, par exemple, se débattait sur la fin dans les affres d’un piège fait au minimum pour la gêner, tandis que le duo nouvellement arrivé enchaînait les attaques majestueuses à son encontre sans se décourager, secondé dans cette tâche par des soldats toujours debouts qui divertissaient parfois aussi des zombies aguerris.
Au hurlement de frustration qui s’entendit, provenant des lèvres de la scientifique aigrie sus-citée, le départ de son bébé fait de verre et de fer fut cependant bel et bien remarqué. Mais le sable, qui avait peu à peu entravé ses pieds telle une plage mouvante miniature, l'incapacitait véritablement. Tout comme les pierres ou les lames que l’une des étranges capacités de Ren ramenait vers l’aimant bizarre et vivant en lequel elle s’était vue transformée. Ou l’espèce de pluie tempétueuse sableuse signée par le second pirate lui aussi débarqué du ciel, qui s’abattait maintenant sur son digne front fardé. Ou les lames acérées que ses sbires maintenant en sous-nombre devaient sempiternellement affronter.

Elle encaissa les coups sans réellement broncher, sûre de ses propres talents, fière et bouillonnante d’une colère à peine maîtrisée. Après avoir balardé quelques orbes de plus vers ses attaquants, finalement, elle se décida à les usiter à la manière d’explosifs ciblés. Et l’érudite au service de Glutonny en finit par dégager ses jambes emprisonnées, moyennant de menus ratés sans conséquences.
La peau à peine marquée par les attaques qu’elle avait pu recevoir ou maladroitement s’auto-infliger, elle redirigea ensuite toute son attention vers les gêneurs les plus proches, ceux qui l’empêchaient de tranquillement partir récupérer son dernier jouet. La poursuite de sa création attendrait de ne plus être piquetée par des adversaires trop pleins d’espoirs à décevoir prestement.

***

Durant le laps de temps suivant, du côté du quatuor trop chargé, on tomba par miracle sur une petite grotte mal camouflée. Si la montée des eaux sans doute, lors du dernier passage de la tortue sous la mer, avait en effet détruit une partie des feuillages qui la protégeait des regards extérieurs, il avait tout de même fallu le regard avisé de Janos pour réellement la remarquer.
Après s’être fait fouetter le visage par les branchages restants de l’entrée, ce fut avec soulagement que les portefaix se délestèrent d’un commun accord de leur fardeau, sur le sol de rocaille.

Priant peut-être chacun de leur côté pour que la caverne naturelle suffise maintenant à protéger leur immonde chargement, ils se séparèrent sans rechigner les tâches à effectuer dans le but de s’assurer davantage de ce fait.
Janos et Helena se chargèrent de rapidement vérifier qu’aucun tigre ne vivait au sein de ces murs légèrement verdâtres, tandis que Tanja et Lydia filaient commencer à récupérer plus loin des morceaux de bambous, afin de camoufler mieux encore leur trésor d’un nouveau genre.

Les deux premiers se joignirent très rapidement aux efforts des secondes. Outre un cadavre de belle bête, ils n’avaient fort heureusement point trouvé de marques prouvant une activité récente dans l’espace aux dimensions peu conséquentes.
On cala en conséquence et au bout du compte, l’aiguille sur le pelage abîmé par les éléments, avant de délicatement recouvrir le cylindre de bambous presque fanés. Une fois encore, un mort dû à toutes ces horreurs servit donc à s’assurer que le liquide nocif n’irait pas se propager on ne savait où.
Leur triste travail terminé, chacun des travailleurs souffla. Quelques secondes à peine : Karakuri n’était hélas pas encore totalement hors de danger.

***

Azeglio et Ren déchaînaient leur enfer personnel de leur mieux. Rien n’y faisait cependant : la chimiste ne désirait pas mourir ainsi, ou se laisser capturer. Elle leur tenait formidablement tête, assurant avec eux un spectacle son et lumière qui aurait fait pâlir d’envie bien des metteurs en scène.
Gerbes de bambous dont on allait venir à manquer en guise de contenants de feux d’artifice, orbes vibrantes et mouvantes dignes de boules discothèques à paillettes, sable en folie qui soulignait notamment à la perfection les magnifiques explosions, étincelles qui se reflétaient sur les armes d’acier et annonçaient à chaque fois une incrémentation du compteur de décès d’un côté ou de l’autre, ou musique et ordres endiablés se succédaient ou s'entremêlaient sans fin apparente. Le tout accompagné de temps en temps par des jets de pierres impromptus et de lourdes poussières soulevées, qui ne s'affaissaient qu’afin de dévoiler une énième scène faisant totalement écho à la précédente. Ou de sang à foison, dont la terre s’empiffrait.

S’il s’avéra d’ailleurs que certains gestes avaient pu toucher la pirate en particulier jusque-là, aucun n’avait cependant paru la blesser suffisamment pour qu’elle ne puisse plus riposter à chacune des attaques de ses assaillants. Ou arrêter de tenter de les écarter, peu à peu, de ses pauvres créatures restantes qui prenaient fort cher dans cet affrontement qui n’aurait pas dû durer. Ou ne plus essayer de les faire obéir aux ordres qu’elle leur lançait parfois, agrémentés de color traps peu sympathiques.
Elle s’agaça malgré tout finalement de plus en plus devant la résistance de ses adversaires. Commença, au bout d’un moment, à faire de menues erreurs d’appréciation dangereuses. L’une des lames d’un Azeglio peu frais profita adonc de l’une d’entre d’elles pour enfin la lacérer iolemment.

Son regard s’écarquilla alors davantage de fureur, tandis que du fluide vital commençait à s’écouler sur sa hanche, pour le coup à présent bien plus endommagée que le reste de son corps. Elle pinça les lèvres, dans le but de ne pas hurler ou pester, pendant que sa tenue se teintait sur l’instant d’une couleur peu seyante au niveau de la plaie.
Re-invoqua des orbes assez imposantes. Siffla un mot ou deux grossiers, en les envoyant violemment valser aux alentours.

La douleur la rendit plus dangereuse encore, mais plus dérangée peut-être aussi. Cela se prouva aisément : elle visa cette fois-ci tout, sauf le duo Sandstorms pourtant déjà pas mal amoché.
Les héroïques marines en prise ici avec les derniers zombies volèrent donc par bouquets pour la plupart, main dans la main avec leurs ennemis plus du tout protégés par leur créatrice. Le sol vibra, quand une des attaques revint faire exploser des pierres et brièvement envoyer virevolter plus loin des lames abandonnées. La dernière embrasa encore, pour sa part, d’énièmes pauvres bambous gênants qui n’avaient toujours rien demandé, les déchiquetant brutalement aussi en énorme partie au passage. D’eux, il ne resta plus que leurs pieds.

***

Ils étaient en train de repartir vers les combats. Pas celui-là en particulier, puisque, hélas, ils ne pensaient pas obligatoirement pouvoir y aider. De leur grotte protégée, les bruits des précédentes incessantes explosions et autres attaques sonores leur étaient parvenus comme s’ils y étaient, soulignant à leurs oreilles très demandées qu’assez de forces s’y massacraient gaiement, sans qu’il soit nécessaire pour eux de revenir y offrir leur tête en présent.
Éviter totalement ce front légèrement mouvant demandait toutefois de s’enfoncer dans la forêt, dans des directions où rien sans doute ne les attendaient ; on se contenta donc de désirer le contourner, afin de rejoindre les poches de résistance et les blessés qui pouvaient subsister dans le village, ou le temple.

C’était un choix maladroit, basé sur l’ignorance de certains faits. Sans doute auraient-ils tous été plus à l’abri en se jetant directement dans la mêlée haute en couleur ; au moins auraient-ils pu voir arriver les coups perdus des uns et des autres, ou les orbes de la chimiste franchement énervée. L’une d’elles, alors qu’ils frôlaient la bataille chaotique, vint de ce fait faire exploser sous leur nez un regroupement de végétations.
Une partie de leur brisures acérées se flanqua sauvagement dans leurs corps toujours vivants quoique maltraités, les repoussant pour certains en arrière. Leur tête en cogna notamment méchamment quelques rochers.

Un brin de désespoir muet s’infiltra temporairement dans les pensées de la marine régulière, tandis que ses cils papillonnaient.
Ethan va nous tuer. Réussit-elle finalement à se rassurer mentalement, en tentant de se relever tout comme les autres, l’air plus ivre que si elle avait bu toutes les réserves d’un bar entier. Si cette vaurienne ne le fait pas avant…

Leur sang coulait en effet, des écorchures comme de leur crâne sans qu’ils n’aient vraiment rien fait.

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    Des informations des autres champs de bataille parvenaient au vice-amiral par le biais de Mozart, le cyborg, qui gérait comme un as les communications avec les différents officiers. Égoïstement, il s’inquiétait naturellement pour Lydia qui reprenait le service depuis peu, mais il savait la caporale Ruyter présente, dont il suivait consciencieusement la progression depuis leur aventure sous-marine. Son aînée était évidemment une ancienne agente du cipher pol, le plus prestigieux d’entre eux, et gérait donc ces situations comme une cheffe. Quant à l’officière de l’élite, elle avait également un potentiel, une main ferme pour mener des hommes et surtout ne pas se laisser faire.

    Quant au colonel d’élite Kogaku, Ethan ne demanda même pas de ses nouvelles, il avait en lui une confiance aveugle. Son empathie, bien que cela n’était absolument pas prouvé, était relié au sien depuis le temps passé l’un  à côté d l’autre. S’il arrivait malheur à l’un, l’autre le savait aussitôt. Ils n’étaient pas liés par le sang, mais par un lien plus puissant encore. Ainsi, sachant ses partenaires debout, repoussant l’ennemi avec panache, Levi se remobilisa. Aussi bien dan ses rangs que dans ceux de l’ennemi, les lignes ne ressemblaient plus à rien. Un véritable désastre.

    Ce n’était pas sans compter sur l’abnégation du commodore Mattlefield qui remit de l’aplomb dans ses rangs. Il prit l’avantage en réussissant des tirs d’exception qui donnèrent de l’air à ses hommes, avant de reprendre une formation  plus structurée. Grâce à cela, ils reprirent la marche avant et l’étau se resserrait pour l’ennemi. Au sommet, l’escouade rapidement formée par le vice-amiral, moins nombreuse pour se déplacer plus rapidement, se retrouva rapidement débordée. Les zombies, étonnamment, ne se souciaient pas vraiment des soldats qui leur tiraient dessus à l’arrière, mais semblaient plutôt déterminés à atteindre le sommet.

    « Je vais vous faire gagner un peu de temps pour que vous puissiez reprendre votre souffle et charger convenablement vos armes. Ils se relèveront et repartiront à l’assaut rapidement. En position ! »

    Ethan dégaina sa lame et envoya une lame. Suffisamment puissante pour faire reculer la troupe ennemie, les mettre au sol, mais pas assez pour les trancher. La raison à cela ? Ne pas blesser les alliés, la troupe du commodore, se trouvant juste derrière. Ces derniers en profitèrent pour continuer leur décapitation. Levi s’engouffra dans cette marée de mort-vivants et massacra tout ce qui était possible. Ses hommes reprirent les tirs. Une véritable boucherie qui dura une éternité. Parmi les cibles, d’anciens collègues tombés au combat, de simples civils morts au mauvais endroit au mauvais moments, mais aussi des criminels normalement déjà appréhendés. La charge émotionnelle était assez importante. Heureusement, la rage de vaincre des deux officiers présents stimula l’ensemble de l’armée. La dernière tête fut tranchée par Ethan, les vêtements complètement ensanglantés. Tout ce sang et la sueur qui dégoulinait sur son visage dissimulaient les larmes qui ne cessaient de tomber.

    ***


    « L’équipe de nettoyage s’assurera qu’aucun mort-vivant ne puisse se relever. Les autres, sécurisez le village au sommet de cette colline. Au boulot, hurla le commodore Mattlefield avant de rejoindre son supérieur et ami, assit sur un rocher à l’écart du groupe. Tu n’as pas fini de jouer l’adolescente sentimentale qu’on doit ramasser à la petite cuillère après un bal de fin d’année qui ne s’est pas passé comme prévu…
    - La ferme, Daniel. Tu ne sais pas de quoi tu parles.
    - De quoi ? Tuer ses camarades ? Je n’ai pas arrêté d’en massacrer, tout l’après-midi, comme les autres.
    - Jiménez était un ami. Il m’a aussi aidé à m’élever où je suis aujourd’hui.
    - Et tu lui as fait honneur. Tu aurais préféré qu’il soit encore aux services de Glutony ? Reste digne devant tes hommes. Tu es un membre de l’amirauté, un exemple pour tous, pas une pleurnicheuse. Quand cette notion sera acquise, en plus de quelques autres, tu pourras postuler au titre d’amiral. Pour l’instant, même si tu as bien grandi dans bien des domaines, tu continues de te comporter comme un gosse dans d’autres. »

    Pour la première fois depuis le début de cette conversation, Ethan leva la tête et regarda Daniel droit dans les yeux. Le regard n’avait rien de malveillant.

    « Parfois, je me demande pourquoi ce n’est pas toi qui diriges à ma place. Tu es fort, mature, expérimenté, intelligent, respecté de tous…
    - La ferme, Levi. C’que tu peux être con, bon dieu ! Ta frangine a raison quand elle dit que t’es borné au point d’en être ridicule. Mon simple plaisir est de t’accompagner. Les rangs, les promotions, la gloire, je m’en cogne complètement. J’obtiens des promotions dans le seul but de pouvoir te suivre. J’intégrerai même l’amirauté s’il le fallait. »

    Le vice-amiral Ragglefield Levi se leva et essuya son visage souillé par la guerre. Il tapota l’épaule de son ami en guise de remerciement. Il n’en fallait pas davantage à ces deux-là pour se comprendre. Reprenant sa démarche forte, fière et autoritaire, il arbora le visage de chacun de ses soldats présents et s’avança au centre du village, le point culminant du dos de la tortue. Chacun des soldats le regardait sans dire un mot, silencieusement, presque admiratifs. Personne ne semblait remarquer sa petite taille tant il dégageait quelque chose de si grand. Il n’était plus ce garçon chétif et fragile. À présent, les plus grands personnages de ce monde devaient lever la tête pour le regarder.

    « Soldats! Je tenais à vous féliciter pour cette réussite. Aucune bataille n’est facile et celle-ci l’était encore moins. Vous avez fait preuve de beaucoup de caractère pour surmonter vos peines et je suis très fier de vous. Des batailles se poursuivent encore sur l’île. Restons sur nos gardes au cas où d’autres saloperies viendraient jusqu’ici. »

    Les mots de l’amiral touchèrent ses hommes qui, plus motivés que jamais, reprirent leur travail avec énergie. Daniel Mattlefield continuait les communications avec Mozart, afin de s’assurer que les situations étaient sous contrôle et qu’aucun groupe de zombies ne se dirigeait vers leur position. Ce village était le cœur le l’île et il ne devait tomber sous aucun prétexte. Des messages au microphone informaient la population de la situation, de manière édulcorée pour les rassurer, mais sans trop détourner la réalité.
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Les forces ennemies ont rapidement décampé, manifestement, ils n’avaient aucune envie de se retrouver en mer en notre présence. C’est parfait, ça facilite le boulot pour leur couper toute possibilité de fuite, je laisse le soin à quelques uns de mes gars de saboter les navires restants et m’enfonce dans l’île avec un bataillon réduit. J’apprends par la même occasion que l’équipage du Gevaudan a profité des informations transmises pour tendre une embuscade aux petits nouveaux. C’est ça, l’efficacité de l’élite. Je ressens cela dit une grosse congestion non loin, sans doute les dernières forces qui mènent leur baroud d’honneur. Probablement mené par leur commandant.

On traverse des paysages dévastés, des monceaux de cadavres, de fleurs flétries, et de nombreuses meurtrissures dans l’environnement. Manifestement, on a des maudits à l’oeuvre, ce ne sont pas les dégâts que peuvent créer mes troupes ou les hordes adverses. En plus de cela, j’entends de nombreuses détonations à distances, et une odeur acide flotte dans l’air. Ma mémoire olfactive me ramène quelques années plus tôt où un révolutionnaire avait décidé de faire sauter un chantier naval de la marine. Ce jour là, il flottait la même odeur. J’y reconnaissais une pointe de soufre, d'oxyde et d’acides utilisés dans certaines forges pour travailler les métaux. Manifestement, nous avons un chimiste dans le secteur. Elle est d’ailleurs l’une des dernières poches de résistances, partout autour les ennemis expirent, et les marins inspiré par leurs officiers finissent le travail.

Le plus curieux dans tout cela est la présence de deux entités non identifiées aux prises avec ce qui me semble être l’ultime ennemi, ma foi, je serai bientôt mis au courant de ce qu’il s’agit. Je donne ordre à mon escorte de chercher des survivants dans le charnier, ils ne seront pas de taille face à une personne qui manie explosions et autres produits chimiques. Ne sachant pas à quoi m’attendre, je me contente d’un petit jogging pour conserver mes forces, j’ai croisé assez de personnes dangereuses pour ne pas vouloir en affronter une en étant affaibli. J’utilise le “one step by hound” pour me déplacer sans bruits, au plus tard mes adversaires remarquent ma présence au mieux ça sera.

Je finis enfin à déboucher ce qui avait peut être été à une époque une clairière agréable, ou un coin de jungle insignifiant. A présent, ce n’était plus qu’un champ de ruine. Le sol avait été labourée, les arbres soufflés, et des flammes verdâtres émergeaient de plusieurs cratères fumants. Au millieu de tout ça, pas mal de corps, les survivants s’étaient tous repliés plus loin. Il ne reste dans le cirque plus que trois individus, Une inconnue qui jongle avec des boules aux couleurs surnaturelles et un duo que je reconnais après quelques secondes comme membre des sandstorm, sans doute le capitaine et un allié. Manifestement, ils étaient en prise avec la pirate, et non avec elle. Le sablonneux avait fait parler de lui dernièrement en chassant des pirates, il paraît qu’il convoite un titre de corsaire.

Je vais lui donner le bénéfice du doute, de toute façon, je n’ai pas réellement envie de devoir l’affronter en plus de la furie aux explosifs.  J’ignore si elle m’a remarqué mais une impressionnante boule luisante fonce vers moi. Presque nonchalamment, j’y oppose ma paume et contre le projectile d’une décharge d’haki de l’armement. Ca en serait presque beau, en réponse à la “main du colonel”, un panache de flamme multicolore est soufflé vers le ciel, dommage que tel feu d’artifice n’ai d’autre but que la destruction. Chargeant ma voix du fluide royal, je pose une injonction autoritaire.

-Assez  !

Si possible, j’aimerais garder la chimiste en vie pour l’interroger, et ensuite, me charger des pirates Mes alliés providentiels semblent être plutôt mal en point, du moins, leur adversaire est en meilleure forme. Il faut donc que je sois extrêmement précautionneux, on ne sait jamais ce qu’ils pourraient tous avoir comme tours dans leur sac. Quoiqu’il en soit, a présent que j’ai déclaré ma présence, l'échiquier vient de changer. Je profite alors de la seconde suspension offerte par mon injonction et le choc ressenti par les larrons à proximité pour dégainer ma lame avec une puissance largement supérieure à ce qu’il faudrait, projetant un “air blunt”, une lame d’air non tranchante. Certes trop diffuse pour faire mal, mais suffisante pour souffler les flammes. La parfaite combinaison avec la vague de royal, pour offrir à tous deux chocs consécutifs, pas de quoi en canner, mais juste assez pour s’inquiéter de son sort. Pour parfaire mon entrée en scène, du pouce, j’active un des dials sur Tsubame, embaumant la lame d’une aura de flamme vive.

-Vous deux, disparaissez, à moins que vous ne préfériez finir en dégâts collatéraux.

Considérant l’affaire réglée, j'abaisse mon centre de gravité et me propulse au ras du sol avec une alliance de geppou et soru, j’aimerais éviter de trébucher ou marcher dans une flaque chimique. J'arrête ma course au niveau de la chimiste et profite de l’inertie de ma charge pour lui décocher un coup du plat de ma lame. Cela dit le coup ne touche pas tout à fait. En effet, une sorte de gelée était apparue au niveau de mon attaque pour amortir le coup. Cela ne l'empêche pas d’être projetée en arrière et de percuter violemment un arbre qui se brise sous l’impact. Au même instant, plusieurs boules explosives me retombent dessus, et je ne dois ma survie qu’à mon armure de Haki, qui évite un contact direct. La chaleur suffit cela dit à carboniser les quelques poils sur mon avant bras qui n’avaient pas encore disparu grace à la forge.

Je me propulse hors du brasier d’un saut puissant et tente de réévaluer la situation. La pirate est mal en point, sans doute avait elle déja été fatiguée par ses combats de la journée, manque de chance pour elle, j’étais frais et dispo. Toujours juchée sur son séant, elle déploie une série de bulles qu’elle projette à ma rencontre. Préférant éviter tout contact non désiré, je me saisis de mon fourreau en bois d’adam et l’infusant de fluide combatif, je dévie les attaques et profite d’un mince répit dans son attaque pour le lancer sur mon adversaire. Il la percute dans l’abdomen, rompant sa concentration et soufflant tout l’air de ses poumons. Elle est alors frappée par quelques bulles encore en suspension au dessus d’elle.

Cela suffit à faire son compte, je m’approche d’elle, elle est en vie mais en mauvais état, merde, ça prendra du temps pour l’interroger. Je lui passe cela dit des menottes au poignet de manière à la fixer à un arbre. Les deux autres pirates ont manifestement bien pris la poudre d’escampette. J’hésite à la ramasser, mais j’aimerais éviter de rentrer en contact avec l’un ou l’autre fluide, je laisserai cela à Ethan. Bon, c’est pas tout ça, mais j’ai une guerre à gagner. Je fais craquer mes épaules et me dirige vers les dernières poche de résistances, ensuite j’aurais un maire à rencontrer, s’il est toujours en vie… bordel, j’en ai déja marre.
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L’arrivé de celui qui se faisait appeler Cerbère ne pouvait pas mieux tomber. La chimiste aurait continué à tenir les deux pirates en échec et aurait probablement remporté le combat s’il avait duré. Profitant de l’interruption par le gradé de la marine d’élite et préférant ne pas se frotter à un adversaire de son calibre, Azerios et Ren avaient pu prendre la poudre d’escampette. Tant pis pour la prime de la chimiste, les troupes de l’Ex-Glutonny semblaient en déroute et la situation ne tarderait probablement pas à être sous contrôle de la marine. L’heure était venue pour les Sandstorm Pirates de quitter Karakuri. Repoussant les derniers parasités sur leur passage, le duo parvint à rejoindre la petite hanse d’où ils avaient pu débarquer, retrouvant Reyshu et quelques hommes aux abords de la chaloupe.


C’est pas trop tôt… Faut s’tirer, la Marine est ici et elle est pas là pour rigoler… s’écria le timonier homme poisson en poussant l’embarcation à l’eau.

Ouais on est au courant… On s’arrache.


Ne se faisant pas prier, le sablonneux bondit dans la barque auprès de ses hommes, Ren resta un court instant le regard tourné vers l’île en proie au chaos. Amis des grandes bêtes, le musicien semblait perdu dans ses pensées et son capitaine du le sortir de ses songes pour qu’il finisse par rejoindre le reste du groupe dans la chaloupe. Sans doute espérait il pouvoir faire plus pour la tortue géante, mais Azerios ne tarda pas à le rassurer en précisant qu’au vu des forces déployées, Karakuri serait entre de bonnes mains.

À quelques encablures de là, un instant plus tard, les pirates remontèrent en toute hâte à bord du navire. Le capitaine, couvert d’hématomes, boita jusqu’à la barre aux côtés de Reyshu.


Tout le monde à son poste ! Affalez la voilure, et fermez moi les écoutilles magnez-vous !


Les hommes s’exécutèrent, tout le monde à bord savait que rester dans le secteur plus longtemps pourrait s’avérer périlleux. Même si le capitaine des Sandstorm Pirates aurait voulu ajouter une ou deux têtes de plus à son compteur pour la Corsair Race, il n’était clairement plus en état de se battre sérieusement et tout portait à croire que prolonger sa visite de Karakuri pourrait lui offrir un séjour all inclusive dans l’une des prisons du gouvernement mondial. Pas question de moisir ici, ancre relevée et voilure déployée, le navire fendait les flots pour s’éloigner de Karakuri quand la vigie annonça qu’un navire voguait dans la direction contraire, droit devant. Le sablonneux laissa Reyshu à la barre, boita douloureusement jusqu’à la proue du navire et attrapa sa longue vue au passage pour jeter un coup d’œil dans la direction indiquée.

Le jeune avait de bons yeux, il ne fallut pas plus de dix minutes pour que l’équipage ne se trouve à la portée d’un croiseur de la marine. Sommations habituelles, le commandant du navire ennemi ordonna à ce que la voilure soit hissée et le navire stabilisé afin que les pirates ne se rendent prétextant que la marine contrôlait la zone et qu’ils n’auraient aucune échappatoire. L’ordre fut de maintenir le cap, et les deux navires se rapprochèrent. Un tir de canon tomba alors à quelques mètres de la proue du navire. Un moment de flottement régna sur le navire, les hommes ne savaient pas vraiment comment réagir. Il faut dire que dernièrement, tous tendaient à suivre la volonté de leur capitaine de rejoindre l’ordre des Corsaires et ses nombreux ordres visant à éviter tout affrontement direct avec la marine. Raison pour laquelle ils hésitèrent un temps avant que le sablonneux ne clarifie la situation.


Qu’est ce que vous attendez ?! Bazardez moi ces gêneurs ! On maintien le cap !


Azerios porta alors la main à la poignée de Griffon, qu’il dégaina d’un geste rapide, s’approchant du bastingage, il concentra toute sa force afin de noircir la lame de son meitou et donna un puissant coup en direction du croiseur, déclenchant une imposante lame d’air qui fendit les flots. Le navire ennemi fut tranché net avec fracas, et Ren s’empressa d’utiliser son fruit pour rompre la gravité sous l’une des deux moitiés du croiseur qui décolla aussitôt, ce qui eut pour effet de le disloquer. Et comme pour enfoncer le clou, les hommes tirèrent une salve à bâbord, les boulets s’écrasant pour la plupart violemment sur la coque du bâtiment de la marine. Même si l’objectif était de s’emparer d’un siège de Corsaire, il était absolument exclu de se rendre ou de courber l’échine devant l’autorité.

Pansant ses blessures, Azerios regarda le navire sombrer derrière eux ainsi que l’immense tortue disparaître dans les brumes à mesure qu’ils avançaient. Quoiqu’il eut prévu, Kutroshinsky avait échoué aujourd’hui et la marine en sortirait certainement victorieuse.
    Laissant les pirates et la demoiselle aux explosifs régler leurs comptes ensemble à coups d’explosions et de sable, la Marine se concentra sur où et comment poser cette gigantesque seringue. Certes, la chimiste folle continuait de se comporter comme si Helena et son groupe lui volaient son enfant, mais ses deux opposants accaparaient trop son attention pour qu’elle puisse aller le « sauver ». Le « Où » trouva vite une réponse quand le quatuor trouva une petite grotte puis, après quelques efforts pour s’assurer que la concoction maléfique ne coulerait pas au sol et la dissimuler aux yeux d’éventuels hommes de Gluttony n’ayant pas été vaincus ou de sa créatrice déjantée, le « Comment » était aussi retiré de l’équation. Malheureusement, la journée de boulot ne touchait toujours pas à sa fin. Les trois flibustiers continuaient à se battre comme des chiffonniers, à en juger par le son des explosions encore audibles. Dont une qui fut bien plus audible que les autres vu qu’elle frappa de plein fouet le quatuor qui, désireux d’aller rejoindre les combats, tenta de gagner du temps en coupant à travers la végétation en se tentant quelque peu loin du combat explosif. Pas assez loin, hélas.

    Cependant, nos héros finirent par se relever. Blessés et saignant par endroits, mais capables de se relever... Massant leurs plaies, Kuznetzov et Von Tirpitz, toujours plus ou moins sonnés, essuyaient le sang coulant de leurs cuirs chevelus quand des raclements sourds se firent entendre derrière eux. Ayant quelque peu dévalé une pente en fracassant la végétation autour d’eux, nos héros avaient aussi délogé des rochers qui roulaient. Cependant, ils semblaient un peu trop petits aux yeux du samouraï ronchon et de la trapéziste boulimique pour faire un tel boucan…?



    - POUSSEZ-VOUS !!!


    D’un coup d’épaule, De Ruyter expulsa du chemin ses hommes; une seconde plus tard, un rocher plus rapide et surtout plus gros que les autres la heurta de plein fouet au torse dans un son mêlant craquement d’os audible et cri étouffé. Se relevant et réalisant que la petite blonde avait encaissé un coup de la part de Mère Nature pour eux, les hommes de la 101ème retinrent un cri eux-mêmes. Helena, sur le dos, ne bougeait plus et respirait avec difficulté en laissant échapper des râles tandis que la pierre de la grosseur d’une boule de bowling finissait de rouler au sol. En un tournemain, Janos et Tanja avaient sorti leurs couteaux et taillé dans l’uniforme de leur cheffe pour évaluer les dégâts. L’horreur ne fit que se renforcer en voyant la cage thoracique partiellement enfoncée et au moins un bout de côte percer le flanc de De Ruyter.


    - Oh, non non non non non…


    La position de transport n’était pas idéale et en temps normale aurait sûrement fait jaser, mais le qu’en-dira-t’on, on s’en foutait complètement en ce moment. A moitié dénudée et luttant de toutes ses forces pour respirer après s’être fait écraser la poitrine par le rocher fou, Helena reposait dans les bras de Kuznetzov, qui courait le 3000m le plus rapide de son histoire flanqué de la sœur Levi. Devant lui, Von Tirpitz faisait hurler le moteur de ses grappins en sautant d’arbre en arbre pour ouvrir la marche et neutraliser d’éventuels ennemis. Derrière eux, la voix familière du colonel Kogaku retentissait, signe que les poids lourds avaient à leur tour débarqué sur l’île; au moins, il n’y aurait pas à craindre de prendre une bulle explosive dans le dos. Très très vite, les soldats de la 101ème atteignirent la plage ou le gros de la troupe débarquait pour finir le nettoyage.  Incluant, espérons, les médics.


    - Blessé grave ici, BLESSÉ GRAVE ICI !!!


    Les médics étaient bien présents. S’ils se refusèrent à tout commentaire, les docteurs militaires s’empressèrent de faire installer la caporale sur une barque qui repartit à toute vitesse vers le Cerbère, non sans avoir informé ses troupes du pronostic.


    - Elle va s’en sortir ?
    - Elle a plusieurs côtes cassées et une hémorragie interne. Si les poumons et l’estomac n’ont pas été touchés trop gravement, elle a ses chances. Mais on ne saura rien tant qu’un chirurgien ne l’a pas examinée. Tant qu’elle n’est pas sur le billard, c’est 50/50.



    La barque partie, les deux soldats de la 101ème sentirent d’un coup le stress et la fatigue redescendre. Tombant sur le cul, Von Tirpitz s’empressa de sortir une pâte de fruits de sa poche et de mordre dedans, tandis que Kuznetzov se mettait en boule, réfléchissant aux récents événements.


    - C’était à nous de nous mettre dans le chemin pour la protéger, pas l’inverse.
    - Si c’était nous, on serait sûrement morts vu la violence du coup, Janos.
    - C’est pas à un officier de protéger ses hommes, merde !
    - Bon courage pour lui faire comprendre ça, mon pote. Tu connais la patronne, tout ce que ça va faire, c’est la motiver pour devenir encore plus dure à cuire pour pouvoir encaisser un truc comme ça pour nous sans réagir.
    - C’est bien ça qui me fait peur…
    - Tu sais qu’elle est trop bornée pour y rester, ici ou au bloc. Pour le moment, souffle, OK ?



    Un faible sourire au coin des lèvres, Von Tirpitz tendit une autre pâte de fruits encore dans son emballage à son camarade d’armes. Maigre façon de lui changer les idées, mais faute de mieux… Janos accepta avec hésitation la gourmandise. Force était de reconnaître que se faire un sang d’encre pour sa cheffe était inutile.


    - Sacrée histoire qu’elle aura à raconter à son fils.
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