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Zombie War | La Grixendre de Koneashima

Tout travail est bon à prendre.

Tant qu'on s'en donnait les moyens, et l'Armure ne rechignait à mettre les mains dans le cambouis, ne pouvant se résigner à rester spectatrice de l'Histoire. Soutenir un ancien corsaire se sentant l'étoffe d'un candidat dans la course au titre d'Empereur ? Comme les poissons vivant aux crochets de leurs plus massifs congénères, comme l'oiseau nettoyant le crocodile, un lien presque naturel. L'offre et la demande, il ne voulait pas se salir les mains ? Il n'en n'avait pas besoin, il y aurait toujours du personnel pour servir ses demandes, ou bien lui mettre à l'envers. Izumi restait une forban, si la situation tournait à son avantage, pourquoi se servir de profiter de l'effort d'autrui ? Un pour tous, chacun pour sa pomme était à peu près le mode de pensée à adopter dans ce genre de situation.

Il lui fallait plus, toujours plus, revenir sur le devant de la scène, l'excitation envahissant son corps alors que le danger se faisait de plus en plus proche. Pourquoi faire des efforts, pourquoi faire semblant ? Trop de temps perdu à se perdre dans des rêves éveillés, à se perdre dans la débauche et la facilité. Arrêter d'évoluer, et se contenter de ce qu'elle avait, perdre toute ambition, et accepter son sort. Jamais plus, cette fois elle se ferait violence, la libre pirate briserait son plafond de verre.

Le temps ne se rattrapait pas, cette déduction pourtant simpliste, Izumi avait mit du temps à le réaliser. Mais il n'était pas encore trop tard.

Les morts ne sentaient pas trop, calme, loin des clichés qu'avait imaginée la pirate en se joignant à l'armée déployée par le Glouton. Et puis la capitaine n'était pas entourée que de macchabés, le Tempiesta était encore vivant, et honnêtement cela rassurait légèrement la femme. Les défunts n'étant guère loquace, se contentant d'obéir, les guerrières de l'Armure n'étaient pas à l'aise et honnêtement, Izumi ne pouvait les blâmer.

Rosa partageait le sentiment de malaise des combattantes, Sarah ne pipait mot à son habitude et Strenght enrageait de pas pouvoir allumer un cigare. Elizia, en fidèle bras-droit maintenait tout ce monde en place, évitant à Izumi de se retourner toutes les cinq minutes pour réprimander Rosa et Strenght. Il faut dire que la capitaine en traversant le tunnel creusé par le mort-vivant artificier et le Tempiesta, avait pour être franc, assez hâte de ressentir l'air frais sur son visage. Le temps jouait contre eux, à tout moment la marine patrouillant dans les environs pouvait tomber sur les trois navires ayant acheminés les troupes de l'ancien corsaire.

Quatre vingt-quatre vies sous ses ordres dépendantes de chacune de ses décisions, il était évident qu'elle laisserait l'immense armée zombie prendre le retour de feu logique, une fois l'effet de surprise estompé. Un millier de damnés, dont la vie ne valait plus rien, bouclier de chair au service d'un cruel maître, la fin n'était pas souhaitable. Et les soldats de l'Armure avaient la main sur leurs sabres en permanence. Leurs armures dorées brilleraient à la lumière, il fallait donc mieux attendre que la première vague de corps se jette sur les défenseurs, et en profiter.

- Elizia.

Instantanément, Izumi sentit la présence de l'ancienne tueuse à gages derrière elle.

- Je ne m'attends pas à une bataille rangée et propre, nous allons surprendre civils et militaires dans le même temps.


La primée n'avait pas besoin d'élaborer sur ce qu'impliquait sa phrase, faire la distinction entre habitants et militaires était un luxe qu'elles ne posséderaient pas. La sécurité des leurs passait avant la vie d'un innocent, et Izumi n'avait pas de remords à l'avouée. Les temps n'étaient plus les mêmes, la mentalité de la forgeronne non plus, rien ne passait avant son peuple. Et si elle devait faire des orphelins, des veuves et veufs, il en serait ainsi, et n'importe qui était le bienvenue d'entamer une quête de vengeance ensuite. La vie sur les océans était tout sauf paisible, il en était de même sur la terre.

Cherchant du regard le membre d'équipage du Glouton, l'Armure trouva l'exploseur facilement, surtout au vu de la couleur chair de sa peau contrairement aux zombies et la fleur sur leurs têtes. Respectueusement, elle fit signaler sa présence à l'ancien mafioso.

- Restons-nous fidèle au plan, Tempiesta ? En cas de déconvenue, il sera trop tard pour faire marche arrière.
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Ignorants.

Comme des moutons, trop concentrés à festoyer, convaincus de la sécurité impénétrable de l'île. L'humeur est à la fête, et le bruit des feux d'artifices couvrant l'explosion des malfrats, n'aide en rien les défenseurs du gouvernement mondiale. Un millier de conscrit, patrouillant entre l'Université Figura et les rues de la cité-état. Un million de civils, vivant à flanc de volcan, un million d'inconscients répétant les erreurs du passé, après tout n'est-ce pas ce même volcan qui vitrifia auparavant les premiers habitants de Koneashima?

Une géante poudrière, à laquelle ils mettraient le feu, en priant pour que le volcan ne se réveille pas au même moment. Ce qu'ils allaient commettre, ce n'était pas simplement un vol, ils flirtaient avec le terrorisme. Et il n'y aurait rien pour se donner bonne conscience, que les instigateurs soient vivants ou revenus d'entre les morts, cela ne changerait rien à la finalité. Cette journée se terminerait dans les pleurs et la panique pour des milliers d'habitants prit au piège entre la marine et les assaillants à la solde du Glouton.

Se fondre dans la masse, complexe pour des primés et des corps d'où sortaient une plante, même obnubilés par les feux d'artifices, la foule ne serait pas aveugle longtemps à d'étranges personnages. C'est donc Elizia et Strenght qui accompagnèrent Sam le plasticien, le recouvrant d'une cape pour camoufler son apparence particulière, le bombeur fou n'avait rien perdu des talents de son vivant. Couplé avec le Tempiesta, ce fut sans accrocs que les charges furent disséminées un peu partout dans le quartier juxtaposant l'Université. Et tandis que Rosa se perdait dans le spectacle offert par les habitants de Koneashima, les différentes couleurs scintillantes dans le ciel, les formes crées par les feux d'artifices laissèrent l'Armure de marbre. Le brouhaha lui donnerait certainement des maux de têtes, mais qu'importe, elle avait vécue pire comme approche de mission.

Dans une autre vie, la pirate aurait surement adorée profiter des charmes de Koneashima, faire la touriste et flâner en se perdant les ruelles à flanc de volcan,. D'échoppe en échoppe, testant les spécialités culinaires locales, prendre du bon temps et faire descendre la pression.

La pression pourtant, pesaient sur ses épaules comme un poids dont elle n'arrivait à se détacher. Vingt minutes, ce fut le temps qu'elle eue pour se reposer et se préparer à la suite des évènements. Les troupes de Glutonny par groupe, se glissèrent à la foule, isoler l'Université du reste de la ville. Se positionner sur les toits des habitations, se mêler à la populace et attendre le signal. Les troupes d'Izumi restèrent avec leurs maîtresse, attendant que la primée ne se joigne à la fête pour suivre son mouvement.

- Il fait meilleur que sur Las Camp.

La demi-géante, non elle n'était pas fille de géant, mais sa grande taille lui avait valu ce sobriquet de la part de son peuple. Deux milliers de marines potentiellement, le nombre ne jouait pas en leur faveur, et les combats ne pouvaient s'éterniser. Ils étaient ici pour prendre le maximum en un minimum de temps, et repartir avant que la cavalerie ne vienne enterrer les rêves de l'ancien corsaire. Entrer, dérober, et fuir par le tunnel qu'ils avaient empruntés pour s'infiltrer dans la ville.

Rosa sortit la capitaine de ses pensées, lui apportant la confirmation que chacun était à sa place et que les explosifs étaient en place. Izumi porta à sa bouche une cigarette, et sauta de son promontoire pour rejoindre les rues bondées de Koneashima. En l'allumant, en inspirant le poison jusque dans ses poumons, elle se sentit libre et vivante, en dégainant Menteuse, elle se sentit hors d'atteinte et invincible. Et quand les portes de l'enfer s'ouvrirent, quand la foudre gronda non loin de sa position, toute trace de doute et de manque de confiance disparurent, laissant place à une froideur et une haine propre à l'Armure. Pour ne pas hésiter, il fallait détester n'importe quel être vivant entre elle et son objectif, pour ne pas perdre, aucune action n'était trop violente ou immorale. Tous les moyens étaient bon pour gagner, et Izumi n'aspirait qu'à ça. Vaincre, ne passait pas par des grands discours inspirants et émouvants, vaincre reposait sur la force et les limites de chacun.

La déflagration, les cris de joies se changeant en hurlements d'horreurs, la poussière soulevée par les explosions retombant doucement, l'ignorance disparaissant lentement des esprits. Et réaliser que l'impensable s'était produit, prendre conscience de ce qui se passe, la panique gagnant le cœur de chacun, entre la fuite et l'incompréhension. Entre le craquement du bois cédant, la pierre tombant, les maisons arrachées, éventrées par les explosifs. Doucement un paterne semble se dessiner, tout autour de l'Université, en s'écroulant les habitations bloquent les rues proches, et cela semble se reproduire à intervalle régulier, créant des amas de ruines, des barricades innaturelles.

La fête est finie.


Dernière édition par Izumi le Sam 18 Juin 2022 - 11:41, édité 1 fois
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Énième journée de pérégrinations dans les blues pour le Commandant Raines. Certes, je m’étais dit qu’être assigné à une garnison commandée par des officiers laxistes me donnerait l’occasion de faire beaucoup de choses, surtout à leur place… Mais je ne m’attendais pas à être envoyé en permanence aux quatre coins des blues. C’est encore plus frustrant quand il s’agit de faire les gros bras pour la sécurité des fêtes locales. Enfin… La fête de Koneashima, c’est quand même autre chose que la fête de la vache de Kage Berg que je me coltine quatre fois par an. Il règne ici une ambiance incroyable, pleine de joie et d’allégresse. L’odeur de soufre et les détonations à m’en rendre sourd, par contre, je m’en passerais volontiers… Idem pour l’humeur passablement maussade de mon supérieur du jour, le Commandant d’élite Quételle. D’un côté, mes yeux brillent d’admiration à l’idée de patrouiller aux côtés de celui qui autrefois était nommé “Death Dog”... Mais de l’autre… Quelle tête de con. Un vrai vieux de la vieille, chez qui on peut sentir l’amertume laissée par le temps qui passe. Il aurait sans doute vendu père et mère pour avoir éternellement mon âge pour écumer les mers et trucider tous les pirates qu’il croise.

Soyez à l'affût, Raines. Votre tête tombera comme la mienne si le moindre incident est à déplorer.

Il lâche ça d’un ton sec et ferme, et je déglutis lentement en acquiesçant silencieusement en guise de réponse. Koneashima est l’île natale de Mint Figura, un des membres du conseil des cinq étoiles, rien que ça. Et on ne l’appelle pas “Sécurité” pour rien. Chaque année, pour la fête locale qui attire un grand nombre de visiteurs, parfois indésirables, il fait mettre le paquet à la marine. Il fait même poser le pied à terre à un vieux loup de mer comme le Death Dog, ce qui explique en partie pourquoi il est aussi râleur. Alors il y a effectivement fort à parier que si la journée ne se déroule pas parfaitement, on est bons pour une sacrée paire d’engueulades. Mais je n’ai rien à redire. Mine de rien… La décision de Figura est sensée. L’île est un point hautement stratégique pour le gouvernement, tant par ses infrastructures étant donné que le centre de formation de la scientifique des blues s’y trouve, que par sa ressource unique au monde… La grixendre. Une poudre explosive, raffinée à partir des retombées du volcan aux propriétés apparemment exceptionnelles. Chaque année, il y a des criminels qui tentent d’exploiter la cohue de la fête pour infiltrer l’Université Figura pour y dérober la précieuse poudre. Et chaque année, ils sont appréhendés par le dispositif de sécurité. Hors de question que la première fuite de grixendre se passe sous ma supervision. Aujourd’hui, tout va bien se passer. Alors que je me le répète mot pour mot, il y a un retour de bâton instantané de la part du karma.

L’enfer sur Koneashima commence.

Je mets quelques secondes à réagir. Après tout, des feux d’artifices sont tirés sans interruption apparente depuis ce matin. Pas de raison de s’alarmer, ils savent y faire avec les explosions dans le coin. Mais des feux d’artifice qui font trembler la terre ? Et qui provoquent des détonations aussi violentes, comme si la foudre s’était abattue à quelques mètres de nous ? Et puis, comme les cris de joie laissent leur place aux cris de terreur, je comprends assez vite que quelque chose ne va pas. Je pense tout d’abord que le volcan est entré en éruption, alors je lève les yeux au ciel. Il y a de la fumée, certes, mais rien qui suggère un événement aussi cataclysmique qu’une éruption volcanique. Alors, je me dis ensuite qu’il y a pu y avoir un accident avec les artifices pyrotechniques. Un entrepôt de grixendre qui aurait pris feu, ce qui aurait résulté en l’explosion de celle-ci. Je me retourne vers le Commandant d’élite Quételle.

Qu’est-ce qui se passe ?!
J’en sais pas plus que vous… Il porte le bébé escargophone qui se trouve à son poignet à sa bouche. McKinsey, au rapport ! Il y a eu une série d’explosions, j’ai besoin d’un topo sur la situation !

Death Dog grogne, alors qu’il ordonne à son subordonnée de contacter ses différents lieutenants en poste dans les autres quartiers de Koneashima. Je peste silencieusement. Je m’en veux un peu qu’il réagisse avant moi, et que je sois là, tout paniqué, à ne pas savoir que faire d’autre qu’attendre. Le temps a peut être affecté ses capacités physiques, mais son cerveau carbure toujours à une vitesse fulgurante. Mais ce n’est pas le moment d’avoir de l’égo mal placé. Même si je suis jeune, je ne suis pas une bleusaille et je sais mettre de côté mes démons pour me concentrer sur la réussite de ma mission.

Ici le Lieutenant d’élite McKinsey, rien à signaler au niveau du port, nous n’avons rien entendu ici ! J’ai eu le Lieutenant d’élite Davidson, qui patrouille le secteur de l’université Figura. Il y a eu des explosions tout proche d’eux ! Il pense qu’il y a des bâtiments endommagés et des blessés ! Attendez… Il marque une pause, qui me semble interminable, puis reprend. Le Commandant Popov confirme que ça ne vient pas de chez eux, mais qu’il y a bien eu une série d’explosions dans le quartier de l’université !
J’aime pas ça… Dès qu’il y a un problème sur cette île, ça tourne autour de l’université et de la scientifique… Il se tourne vers moi et aboie. Raines, magnez-vous, on va là-bas voir ce qui s’y passe. Mon instinct me dit qu’il y a quelque chose qui pue.


Nous commençons donc à courir en direction du quartier de l’Université Figura. Nous avalons les marches à mesure que nous grimpons tous les interminables escaliers qui permettent d’accéder aux nombreuses terrasses sur lesquelles la ville est bâtie. Mon cœur bat à cent à l’heure, non pas à cause de l’activité physique mais du stress de ne toujours pas comprendre ce qui se passe. Une chose est sûre, j’ai moi aussi un mauvais pressentiment.

Par ici ! Le Commandant d’élite Quételle nous guide au travers des dédales de ruelles d’une ville qu’il connaît comme sa poche. Nous nous retrouvons alors dans un cul-de-sac, créé par l’effondrement d’une habitation. Instantanément, je me jette au niveau des décombres.
Il y a quelqu’un ? Ici le Commandant Raines, il y a quelqu’un ? Si vous êtes blessé ou en danger, faites porter votre voix !
A… A l’aide !
Une femme fait entendre sa voix sous les pierres, que je commence à déblayer à la force de mes mains et en surveillant régulièrement que le reste de l’édifice ne s’effondre pas sur nous. Death Dog peste.
L’accès est complètement bloqué. Je vais prendre la rue parallèle ! Rejoignez-moi dès que vous avez fini ! J’acquiesce alors qu’il tourne les talons. La marine d’élite ne me manque pas du tout pour cela… Je n’oublie pas que je me suis engagé pour rendre le monde meilleur. Et quel intérêt de faire ça, si je laisse mourir les innocents qui y vivent ?

Toujours est-il que je parviens finalement jusqu’à elle et l’extirpe des l'amoncellement de gravats avec précaution. Après l’avoir rassurée, je l’examine sommairement. A priori, rien de grave, ce ne sont que quelques contusions. Comme elle m’assure qu’il n’y avait personne d’autre avec elle, je la laisse entre les mains d’une petite troupe de marines qui vient d’arriver, et m’empresse de rejoindre le Commandant d’élite Quételle. Une foule de badauds commence à s’amasser, et l’incompréhension générale se transforme peu à peu en panique et en insécurité.
Je tombe nez-à-nez avec mon supérieur, de retour dans la ruelle… A mon grand étonnement. Il n’a pas l’air d’être le genre d’homme à revenir me chercher…

Raines, on a un problème… J’ai vérifié les deux rues adjacentes et des soldats m’ont confirmé que d’autres accès au quartier de l’université sont bloqués par des immeubles en ruines, exactement comme celle-ci.
Le quartier est complètement isolé ? Étrange…
Trop étrange pour que ce soit une simple coïncidence, si vous voulez mon avis… Je vais récupérer des hommes et du matériel pour essayer de déblayer un accès !


Je réagis sans attendre en me décidant à prendre de la hauteur. D’une série de Geppous, je m’élance dans les airs et monte à quelques dizaines de mètres de haut, jusqu’à atteindre le sommet d’une pagode. Surplombant la ville, je me mets alors à contempler l’étendue du désastre. Death Dog a raison : les effondrements sont rudement réguliers, et semblent former une véritable ceinture autour d’un bâtiment central que je devine être l’université. Et puis, je distingue une troupe de la marine, au loin, qui tente de rassembler et de déplacer un groupe d’habitants et de festivaliers… Qui dégainent leurs armes et les trucident par derrière. Je lâche un hoquet étouffé alors que leurs corps tombent au sol dans des éclaboussures de sang. Ailleurs, il y a d’autres corps aux uniformes bleus et blancs qui jonchent le sol. Bordel. C’est une attaque. Qui qu’ils soient, ils ont décidé de faire s’effondrer les habitations pour isoler le quartier et empêcher la venue de renforts. Je les maudis en me disant que c’est loin d’être bête, étant donné que le gros des troupes stationnées dans l’île est basé dans le port, en contrebas. Mais… Si toutes nos troupes sont présentes en masse sur le seul port et seul accès à la ville de l’île… Comment seraient-ils arrivés là ? Je me laisse tomber et me réceptionne aux côtés de mon supérieur.

C’est une attaque ! Ils sont dans le quartier de l’université ! Aucune idée de leur nombre !
Ils ciblent l’Université Figura ?! Death Dog saisit instantanément la situation, alors que je viens à peine d’atterrir. Perspicace.
Oui ! Ils ont isolé le quartier en déclenchant des explosions qui ont bloqué les rues !
Les fumiers… Ils visent la grixendre, c’est certain.

Je suis d’accord. Les transmissions passent toujours ? Je lui indique son escargophone du doigt.
Oui, sans souci.
Alors il faut absolument faire remonter des renforts depuis le port ! Et ratisser les rues en contrebas ! Les hommes du port n’ont rien signalé, mais ils sont forcément arrivés de quelque part !


Bien qu’il ait techniquement un grade supérieur au mien, le Commandant d’élite Quételle obéit sans objecter. Pas la peine de se perdre en procédures et en formalités quand il n’y a qu’une seule marche à suivre. Je m’accroupis en posant mes mains sur mes cuisses pour les étirer.

Qu’est-ce que vous allez faire ?
Vu l’ampleur de l’attaque, ils vont vouloir frapper fort et vite. Je vais foncer vers l’université et essayer de les ralentir le temps que les renforts arrivent… Ou qu’on coule leurs transports ! Sans même attendre son aval, je m’élance dans les airs. Kamisori !

Je zigzague à toute vitesse dans les airs. Les assaillants ont peut-être bloqué la voie terrestre, mais pour quelqu’un comme moi qui suis capable de me mouvoir avec autant d’aisance dans les airs, ça ne change rien. Mon cœur bat à cent à l’heure. Des situations stressantes, j’en ai connu un paquet. Mais jamais elles n’avaient eu pareille ampleur. Il y a peu ou prou un million d’innocents qui peuvent être victimes de dégâts collatéraux. Il y a sans doute plein d’autres victimes, comme la femme que j’ai aidé, qui sont coincées sous les décombres. Des marines dans les ruelles qui se font à leur tour poignarder par ces assaillants grimés en festivaliers. Pourtant, je leur ai tourné le dos. Je n’ai pas le choix que de laisser d’autres soldats s’en occuper. Pour empêcher qu’on vole de la poudre ? N’est-ce pas là contraire au serment que j’ai prêté lorsque j’ai enfilé l’uniforme ? Non. Je ne fais pas ça parce que j’ai envie de me battre. Encore moins pour empêcher des criminels de réussir leur larcin. Encore moins par peur des représailles de Mint Figura, qui accepterait sans doute quelques pertes humaines pour que le trésor de l’île reste en sécurité. Non, je fais ça justement pour aider les habitants de Koneashima. Parce que si les types qui sont suffisamment fous pour attaquer la plus grande poudrière du monde parviennent à pénétrer l’enceinte de l’université… Qui sait combien de victimes ils pourraient faire ? Et si la réserve de grixendre explosait… Ce serait un million d’âmes qu’ils emporteraient. Et je dois à tout prix empêcher ça.

Espérons simplement qu'il ne soit pas déjà trop tard.


Dernière édition par Alex Raines le Dim 28 Aoû 2022 - 8:56, édité 1 fois
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Valse endiablée.

Corps s'effondrant, la vie quittant le malheureux, sans vie ses pupilles ne fixent plus rien. Izumi est à son habitude au bon endroit au bon moment, l'armée se sépare aussi rapidement qu'elle envahie les lieux. Les barricades se remplissent d'hommes, et les armes à feux grondent, la réponse de la garnison locale ne se fait pas tarder, et la résistance attendue est bien présente. L'Armure force son chemin parmi les conscrits encore agars, profitant des larbins du Glouton, il faut envahir les lieux le plus rapidement possible, prendre ce qu'ils trouvent, Izumi n'a rien à gagner dans l'immédiat à faire du zèle et s'attarder ne ferait qu'augmenter les risques encourus.

Sam, le plasticien revenant est rapidement emmené vers son nouvel objectif, remontant les rues en profitant de la confusion apparente sous la bonne garde de Strenght. Le tunnel n'étant pas seulement leurs porte d'entrée mais également de sortie, il était évident qu'Izumi garderait un as dans sa manche, Strenght maintiendrait la position jusqu'au retour de sa maîtresse, avec l'aide de la moitié des guerrières aux ordres de la pirate. Rosa, et Sarah ainsi qu'Elizia combattaient aux côtés de la primée, lui dégageant le passage et ouvrant la voie aux hommes de l'ancien corsaire. Divisé pour mieux régner, ou pour accaparer l'attention ennemi.

Progresser n'étant toute fois pas de tout repos, une fois la poussière retombée et la surprise estompée, les conscrits réalisèrent bien le danger encouru. Protéger le savoir et les réserves de Grixendre coûte que coûte, Izumi n'hésita pas à balayer les défenseurs de ses lames de vents, amputant et tuant sans distinction ceux se présentant à elle.

Un bruit strident, un brasier et une gerbe de débris s'effondrant sur les conscrits, la panique gagne de nouveau les rangs des défenseurs. L'on pourrait croire qu'un canon bombarde les positions adverse, l'origine de toute cette destruction est encore plus dangereuse, deux-cents millions de berrys pour sa capture. Tempiesta ne ralentit pas, se tenant à son rôle d'une manière froide et intelligente. Ouvrir la brèche, marteler l'ennemi et provoquer des ouvertures pour ses troupes, l'éternité des feux de l'enfer ne dura en vérité pas plus de cinq minutes. Et quand incrédule, les marines sortirent de leurs abris, plus d'un demi-millier de mafieux en rangs laissèrent leurs armes à feu parler.

Et lorsque les corps s'écroulent, la mêlée comme le dessert vient achever tout ce beau petit monde, dans une danse macabre et ou l'homme laisse la bête immonde et bestiale enfermée au fond de lui sortir, la survie. Il n'y a plus de camps, de serments et de loyauté, tuer son adversaire ou périr. Izumi jette un dernier regard à l'héritier Tempiesta, et leurs chemins se séparent aussi vite qu'ils sont croisés. Lui se dirige vers les barricades, agissant en dernier rempart contre les soldats du gouvernement. Bombardant les rues en contrebas, entouré de quatre cents de ses hommes, dispersés sur plusieurs niveaux, cachés dans les maisons et habitations. Ils étaient la mafia, et cet ennemi n'avait pas de visage, pas de bannière à afficher haut et fort, ils étaient partout. La pieuvre tentaculaires n'avait aucun problème à se dissimuler derrière l'innocent pour frapper.

L'Armure ne les jugeait pas, le membre d'équipage du Glouton lui avait laissé largement de quoi prendre d'assaut l'Université.

- En avant.


Ordonna-elle aux mafieux à ses côtés. Ils ne pouvaient de toute manière pas s'arrêter ici, les renforts ne tarderaient pas et la libre pirate avait sa propre alarme et sa définition de la réussite de cette opération.

- Poussez-vous.

Le katana dans sa main droite trancha le vent devant elle, et de manière indistincte trancha marines et mafieux, l'opération répétée deux fois de plus et l'entrée de l'Université s'ouvrit, ses portes en bois explosant devant les lames de vents de la pirate. Déferlant, les soldats de l'ancien corsaire les plus braves, ou fous, y rencontrèrent leurs fin. Un déluge de plomb accueillant les premiers assaillants, et de nouveau des échanges de tirs entre les deux camps rythmèrent l'instant.

- Sarah, passez à gauche, je fais diversion à droite.

Utiliser les ouvertures faites par le Tempiesta, un grand groupe d'hommes n'y passeraient pas, et de toute manière se feraient sans doute attraper par les défenseurs. Mais avec la fusillade aux portes, qui sait ? L'épée qu'elle pare lui rappelle de laisser son corps fonctionner avec son instinct plutôt que de tenter de réfléchir, le parvis de l'Université n'est pas encore entièrement pacifié, mais c'est désormais une question de minutes.

La lame transperce vêtements et chair avec indifférence le malheureux soldat de la marine. Tout comme son arme, la demi-géante s'avance, les yeux irradiants d'un détachement inhumain avec les actes qu'elle commettait. Sautant au travers des gravas sans s'attarder sur la poussière salissant ses habits pourpres, elle atterrit à droite des portes. Observant véritablement la scène se déjouant devant ses yeux.

Des escaliers montaient jusqu'à un premier palier, puis à droite et gauche de nouveaux des marches emmenant vers deux ailes. Du mobilier avait été positionné sur le palier, servant de barricades et de couverture aux conscrits, derrière eux des portes ouvertes, mais impossible de voir ce qu'elles refermaient.

- Pas de prisonniers, pas de survivants ! Emparez vous de tout ! Pillez cet endroit ! Montrez au gouvernement ce que nous pensons de ses chefs !

La lame de vent explosa au contact du bois, envoyant valsé une demi-douzaine de soldats, cette impulsion fut le signal pour Sarah et les vingt guerrières de charger les positions ennemis. Réduisant au silence cette poche de résistance, ouvrant de nouveau la voix pour la horde de soldats, s'engouffrant, les troupes de l'ancien corsaire montèrent aux étages et en seulement la moitié d'un souffle, les coups de feu résonnèrent de nouveau dans les halls et couloirs.  


- Trouvez une sortie de secours, et venez me trouver ici dès que c'est fait. Si vous trouvez de la Grixendre, tout ce qui s'y rapporte, c'est dans vos poches et sur vous.

Un léger clin d'œil, et Izumi s'avançait au travers des portes devant elle, la statue de celui qui partageait le nom de l'université, semblant la dévisager d'un air furieux alors qu'elle s'écroulait sous l'affront de la libre pirate.
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Qu… Qu’est-ce que…

Les mots me manquent devant la situation dont je suis témoin. C’est le chaos. J’ai déjà employé le terme pour décrire des scènes de batailles, mais je me rends compte que c’étaient des euphémismes en comparaison avec aujourd’hui. Le quartier de l’université est ravagé. Les corps jonchent le sol. Dans les rues inondées de sang, déferle une marée humaine de pirates arborant un pavillon que je ne reconnais qu’avec trop de facilité : une tête de mort surmontée du symbole du danger biologique. Ces hommes sont envoyés par le tristement célèbre ex-Corsaire Gluttony, Léonov Kutroshinsky. Je peste intérieurement, rendu immobile sur le toit d’une pagode par ce que j’observe avec mes yeux mais que mon cerveau est incapable de traiter. Je dois agir, vite. Il y a des gens qui meurent. En plus, l’équipage de Kutroshinsky est connu pour utiliser des armes biologiques comme des gaz empoisonnés ou des bombes, particulièrement dévastatrices dans des zones bondées de civils. Ce sont même des méthodes qui font plus de dégâts collatéraux, et celles qui sont donc logiquement les plus craintes par les marines comme moi. Pourtant, je reste paralysé. Je ne peux pas foncer dans le tas, seul, sans d’abord identifier les points stratégiques à tenir et les menaces à neutraliser.

Je me pose en tente de me calmer quelques secondes. Comme pressenti, les assaillants ciblent l’Université Figura, dont le périmètre a déjà été franchi. Bien que ce soit le QG de la première division de la branche scientifique de la marine, ça reste une académie, un centre de formation… En temps normal défendu par la 21ème d’élite dès les eaux territoriales de Koneashima. Pas étonnant que les soldats, chercheurs et élèves, du Commandant Popov soient plus lents que des militaires lambda à réagir. On dirait que les explosions, qui continuent de retentir, sont déclenchées relativement loin du bâtiment central. Logique. Ils ne vont pas se risquer à mettre le feu à la poudrière. Ce ne sont donc que des diversions, certes particulièrement destructrices, mais rien que des diversions. Je n’ai pas d’autre choix que de me diriger vers l’université. Je bondis alors depuis mon perchoir, vers la rue centrale, où je suis accueilli par une troupe d' hommes de Gluttony. Je ne prends pas le temps de me présenter et les étale en enchaînant les Soru et les frappes chirurgicales sur leurs points de pression. Pas de temps à perdre avec le menu fretin.

Je continue d’avancer en direction des coups de feu et des cris d’agonie. Je ferme les yeux et fais la sourde oreille aux cris d’appels à l’aide que je perçois. Désolé… J’aimerais être assez fort pour protéger tout le monde. Soigner les blessés. Mais à l’heure actuelle, la seule chose que je peux faire, c’est combattre la violence par encore plus de violence. Je suis à la trace les hommes de Kutroshinsky, pénétrant l’université par les murs d’enceinte éventrés, noircis par les explosions de poudre. Dans les couloirs, c’est la cohue. Il y a des cadavres de partout. Des traces de lâme aussi, et qui sont inscrites en profondeur de la pierre. Qui que ce soit qui commande l’attaque de l’université, c’est un sacré sabreur… Sur lequel, ou plutôt laquelle, je finis par tomber en arrivant dans un atrium où se situent les restes d’une statue de Mint Figura.

Je mets quelques secondes à comprendre que la personne qui se tient devant moi est une femme, tant elle est grande : elle me met presque une tête. Mais nul doute que c’est elle qui est en charge, ici. De son regard, de sa stature, du sabre qu’elle tient fermement dans sa main, de l’imposante armure rouge sang qui recouvre tout son corps… Elle me glace le sang. C’est quand elle tourne la tête vers moi, consciente de ma présence, que je la reconnais, distinguant alors le tatouage de lotus sur sa joue. Izumi, capitaine pirate de l’Iron Fleet. Recherchée morte ou vive pour 41.000.000 de berries. Réputée sur les blues pour sa cruauté et son dédain pour la vie humaine. Rien à voir avec les petits criminels et les pirates bohèmes avec lesquels je me suis frotté jusqu’à maintenant.

Je suis le Commandant Raines ! Vous êtes en état d’arrestation ! Déposez votre arme et laissez vous appréhender sans rés…
Je ne finis pas ma phrase qu’elle fond sur moi, presque sans réagir, et tente un coup d’estoc de la pointe de son épée. J’esquive de justesse en pivotant sur le côté. Nos regards se croisent alors de nouveau. J’ai les pupilles dilatées, fuyantes. Je suis en stress, en sueur, paniqué à l’idée de prendre la bonne décision. Ses yeux, à elle… Ils n’ont pas changé depuis que je suis rentré dans la pièce. Elle est calme, froide. Comme si elle était morte à l’intérieur. Comme si elle ne ressentait rien à mon égard, que je n’étais qu’un corps, qu’une future victime parmi tant d’autres. Alors, je panique. Au lieu de suivre ce que j’ai appris au BAN, à savoir que contre un sabreur il faut toujours réduire la distance et se battre au corps à corps…

Je fais un saut en arrière et mets plusieurs mètres de sécurité entre elle et moi. Mes pieds n’ont pas encore touché le sol qu’elle m’a anticipé, bande tous les muscles de son bras et… Donne un coup dans le vide. Pendant quelques dizaines de secondes, je suis confus. Elle a manqué son coup ? C’est là que je sens… Et même que je “vois” l’air se condenser autour de son épée… Et une véritable lame de vent me fonce dessus. J’ai à peine le temps de croiser les bras devant mon visage, de me recroqueviller en boule et d’activer mon Tekkai avant l’impact. Le choc est violent. Si violent, que je suis propulsé en arrière et que je me fais défenestrer. Je parcours plus d’une dizaine de mètres dans la cour de l’université. Qu’est-ce que c’était que ce bordel ? Je n’ai pas vraiment le temps de comprendre ce qui m’était arrivé qu’une nouvelle lame d’air surgit de l’ouverture par laquelle j’ai été propulsé. Une lame d’air… Ou plutôt toute une série, que je contre encore en me renforçant grâce au Tekkai.

Me retrouvant quasiment en dehors de l’université, je rouvre les yeux et décroise lentement mes bras, quand je sens une main se poser sur mon épaule.

Ça ne sert à rien de faire le héros, Raines. On va s’en occuper à deux. C’est le Commandant d’élite Quételle, qui n’a clairement pas traîné pour me rejoindre. Je suis un peu amer qu’il me voie en si fâcheuse posture… Néanmoins, je suis également rassuré qu’il soit là. Il faut absolument que je me ressaisisse, et c’est quand même plus simple quand on n’est pas seul. Mes yeux se portent alors sur mon supérieur. Et sur le bâton de dynamite lancé juste entre nous.
ATTENTION ! Je m’époumone alors que j’active, une fois encore, mon Tekkai. C’est ce qui me sauve sans doute la vie, alors que le souffle chaud de l’explosion me propulse dans une ruelle adjacente, dévalant les escaliers et les pentes de Koneashima. J’ai l’impression que ma peau se fait transpercer de miliers d’aiguilles chauffées à blanc. Qu’à chaque pierre du pavement sur laquelle je me cogne, que je vais mourir. Je me relève pourtant, pas tant amoché que ça. J’ai de sérieuses brûlures sur les avants-bras, et j’ai du mal à y voir clair.

Oh ? Tu as du répondant, c’est viril, j’aime ça !

Je relève la tête. Au sommet de la pente de la rue se dresse un jeune homme aux cheveux gris, à la mine renfrognée et portant un costume noir rappelant ceux des mafiosi. Il faudrait avoir vécu dans une grotte pour ne pas savoir qui c’est. Pour ne pas reconnaître le fils déchu d’une des plus grandes familles mafieuses des blues. Pour ne pas reconnaître l’expert en explosifs, le démon de North Blue, l’héritier des Tempiesta de Manshon. Pour ne pas reconnaître celui qui est si justement surnommé TNT. Je peste. Bordel. C’est une pointure, un véritable monstre. Qu'est-ce qu’il fait là, lui ? Pourquoi il est avec Gluttony ? Pourquoi est-ce que Koneashima est attaquée par l’intégralité du mur des primes ? Et c’est quoi la suite ? Dois-je m’attendre à tourner la tête et tomber nez-à-nez avec le Capitaine Red ? Dans tous les cas, sa présence explique toutes ces explosions parfaitement ordonnées pour isoler le quartier de l’université… Et ne présage rien de bon pour l’avenir si ce malade parvient à mettre la main sur de la grixendre.

Concentre-toi Raines. Je ne sais pas exactement où Death Dog est exactement, mais l’explosion a dû l’envoyer vers l’université. Il doit être aux prises avec Izumi… Et donc être en danger de mort. Je dois absolument le retrouver pour l’épauler… Mais je ne peux pas laisser un taré comme Tempiesta faire n’importe quoi dans les rues de la ville, pour autant. De toute manière, il se dresse entre moi et mon objectif. Alors il va bien falloir le traverser. Je suis happé hors de mes pensées et forcé à couper court à la réflexion quand il jette une série de bâtons de dynamite allumés dans les airs, et qui dévalent la pente à toute allure. Je n’ai pas d’autre choix que de les esquiver, et de remonter les terrasses jusqu’à lui, comme un plombier moustachu qui défierait un gorille qui lui jette des tonneaux. Je serpente alors entre les explosions, utilisant le Kami-E pour me mouvoir avec un maximum de souplesse et le Kamisori pour mettre suffisamment de distance pour ne pas me retrouver désintégré. Sans même me présenter ou lui demander de gentiment se laisser interpeller. Pas le temps pour le protocole.

Timuthée N. Tempiesta… Izumi… Gluttony… Koneashima est aujourd'hui la cible d’une bien sombre coalition. Je n’ai pas d’autre choix que de tout donner si je veux me montrer à la hauteur de mes idéaux. Quitte à y laisser la vie.


Dernière édition par Alex Raines le Dim 28 Aoû 2022 - 8:56, édité 1 fois
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- Hors de ma vue.

Affronter un Commandant de la marine ? Et pourquoi donc ? Depuis quand la chevalerie et l'honneur étaient des prérequis pour appartenir à la pire de l'engeance humaine. La lis de son espèce, commettre les pires exactions et ensuite attendre gentiment d'affronter en un contre un, un adversaire potentiellement plus fort qu'elle ? Cette rencontre impromptue l'agace, et les nerfs se tendant, Izumi allume une cigarette, faisant fis du chaos et des combats se déroulant autour d'elle.

Ils sont déjà sur place, les chiens du gouvernement, les soldats de la tyrannie. Ce dernier mot manque de la faire exploser de rire en pleine bataille, les révolutionnaires se préoccupant du bien des peuples, du genre humain ne sont finalement pas si différent de ceux qu'ils combattent. L'Armure n'a contre le Gouvernement Mondiale, aucune haine ni colère, les émotions modifiant la vision et le jugement portés par l'Homme, s'en détacher c'est augmenter non seulement ses chances de survie mais également faire disparaître tout zèle ou acte de violence pouvant nuire au bon déroulé des missions.

Sa lame rencontre celle d'un bleu, la force que déploie la demi-géante brise l'arme de son adversaire. Le métal froid s'enfonce comme dans du beurre, et les yeux du soldat se vident de l'éclat donné par la vie. Un de plus, un de moins, qu'est ce que cela change? Rien, qu'importe le nombre de victimes, le nombre de familles brisés, la libre capitaine ne se sent pas plus vivante ni coupable. Indifférente à quiconque n'appartenant pas à son équipage, à quiconque ne lui ayant pas tendu la main quand elle en avait besoin. Un trône de cranes et d'os ne la rendraient pas plus "maléfique" ou "méchante", l'Armure ne recherchait plus l'affrontement. La mêlée ne lui donnait pas d'excitation particulière, simplement un sentiment de frustration dont elle ne pouvait se débarrasser.

Parcourant salle après salle, dans son sillon, dizaines de corps refroidissant, autour d'elle comme des mouches attirés par la fange, les soldats du Glouton servaient de chair à canon. Comme des poupées de chiffons, tombant sur le sol, le sang des blessés et des agonisants, tachant l'Université nommé après un être ne s'étant sans doute jamais salit les mains de lui même.

Une explosion secoue les murs du bâtiment, mais celle ci ne provient pas de l'extérieur. Ce n'est pas donc pas le Tempiesta qui en est responsable, ni Sam le mort-vivant puisque ce dernier a été évacué de manière expéditive par les guerrières de la balafrée. Accélérant vers l'origine du bruit, étant devenue maniaque de l'organisation, la forgeronne ne supportait plus les imprévus. Surtout quand le plan reposait sur des explosions à un instant précis en guise de communication, ils n'étaient pas censés sortir de l'Université avant que Sam ne leur fasse signe avec un pain d'explosifs.

Et dans le couloir qu'elle emprunte, une odeur lui pique le nez. La capitaine s'arrête net, une grimace se dessinant sur son visage, ça sent le brûlé. Et les flammes crépitants au bout du corridor, les formes humaines inanimés et prenant feu le long des murs ne signifie qu'une chose. Un imbécile, pirate ou marine a du mettre le feu par inadvertance à de la poudre Grixendre. L'explication ne satisfait pas Izumi, bien au contraire, le temps presse. Comme si cela ne suffisait pas, la poudrière a prit feu et éteindre l'incendie est hors de question.

- Izumi ! Par ici !

Elizia, le bras-droit de l'Armure, apparait derrière une porte s'ouvrant sur une salle remplie de livres. L'Armure s'engouffre dedans, bien contente d'avoir retrouvée sa lieutenante.

- On a moins de temps que prévu. Vous avez trouvés une sortie ?

Pas de questions inutile, si Elizia semble indemne, c'est tout ce qui importe.

- Mieux. On a de la Grixendre, les filles sont remontées au tunnel. On verra pour la quantité plus tard, si c'est ce que tu allais dire. J'ai croisé la scientifique en chef, elle affronte trois zombies mafieux, en gros on a leurs bibliothèque pour nous !

Ce qui voulait dire plus de temps pour chercher des papiers sur la recette et la production de la Grixendre. Les deux pirates se séparèrent dans l'immense salle, cherchant documents et tout ce qui se rapprochait de près ou de loin à la Grixendre.

Une autre explosion.

Merde. Merde. Les jurons défilent dans l'esprit de l'Armure, son poing explose une table sur laquelle elle cherchait des informations.

- J'ai !

Ses yeux pourpres se posent sur Elizia, la fierté l'envahie, cette femme est son tout. Sa moitié, celle avec laquelle elle est destinée à régner.

Le temps se fige, l'espace d'un instant, lorsque les armoires derrière l'ancienne tueuse à gages, explosent dans une gerbe de bois et de papier. Et le corps de l'ancienne usurière est projetée à la droite de la primée, le sang s'écoulant du visage de la principale source de joie dans la vie auparavant si morne de la forgeronne.

- Chiens de pirates! Vous ne ferez pas un pas de plus!

Les plans, la fuite, la suite des opérations, la vision pragmatique des évènements. Tout disparait pour ne laisser place qu'à des spasmes de colère, la haine envahissant la vision de l'Armure. Empoignant ses armes jusqu'à saigner, la mission n'existe plus.

En un bond elle se retrouve face à face avec sa proie. Abattant dans un élan de rage ses lames sur sa cible, transperçant le vieil homme de ses iris haineux. Et malgré l'incendie, malgré l'alerte et le signal du replis des troupes de l'ancien corsaire, elle continue de chercher une feinte dans la défense de son adversaire.

- Le plan! Elles nous attendent!

Et la plénitude monopolise de nouveau l'esprit de la primée. Elle recule, et jette un coup d'œil en direction d'Elizia, debout et le souffle court, son bras-droit est encore vivante. Et comme à son habitude, elle remet Izumi dans les bonnes rails.

- Je te rejoins, emmène autant d'hommes que tu peux. Nous ne devons pas être les seules à avoir trouvé de la poudre.

L'attaque du "Pulp Dog" interrompt les consignes de la demi-géante. Le reste attendra, Elizia ramasse les pages arrachées du livre qu'elle tenait entre ses mains il y a encore quelques instants, et elle disparait, sur ses pas Izumi qui crible de lames de vent le Commandant d'Elite. De l'espace, elle doit gagner de l'espace entre elles et le marine, l'âge ne semble pas avoir ralentit Harvey, qu'importe.

Une nouvelle explosion, indiquant le dernier appel pour voir le soleil se lever un jour de plus. Tout est bon pour gagner du temps, tout ce que peut projeter et casser Izumi elle le fait, et pourtant Quételle est toujours sur leurs pas. Le jeu du chat et de la souris, sauf que cette fois les rongeurs ont envahis la maison du félin. Des dizaines de mafieux se repliant, par tous les moyens possible. Brisant les vitres, filant par les portes de l'Université, du parvis et des maisons, des barricades aux rues. Les rats prennent le navire, abandonnant camarade sans une once de remords, les blessés sont laissés pour compte. L'amitié n'existe plus, sauf pour Izumi et son bras-droit, blessée Elizia ne peut avancer rapidement.

- Portez la jusqu'au tunnel ! Je jure que vous ne vivrez pas un moment de plus si vous n'obéissez pas !

La lame de vent traversant les rangs des larbins fait son effet. Et malgré les protestations de sa lieutenante, Izumi ignore les remarques de cette dernière. Elle se retourne, entourée d'une cinquantaine de mafieux couvrant la retraite du plus grand nombre. La sortie de secours qu'ils empruntent est en réalité un monticule de mobiliers ayant brisés les grandes vitres de l'Université Figura, et menant vers les hauteurs de Koneashima, et ultimement vers le tunnel servant de porte d'entrée et de sortie.

Le Commandant d'Elite est aussi présent, et il n'est pas seul, les renforts de la marine ayant progressivement libérés les salles à la suite de la retraite générale des assaillants. Les rôles s'inversent, pourtant Izumi savoure le moment, c'est face à la mort que l'homme se révèle vraiment, les proies blessées sont les plus dangereuses, l'instinct de survie prenant le dessus sur tout le reste.

- A mon signal, courez, vous ne voulez pas être le dernier à arriver en haut.

Un sourire carnassier sur le visage angélique de la balafrée, l'excitation qu'elle cherchait depuis le début est enfin là. Comme une automate son corps adopte une posture effrayante, et alors que la horde de bleu de la 31ème se met à escalader le monticule avec leurs Commandant en première ligne, à cet instant murmure un mot que le bruit des combats couvre. Une prière, une promesse.

- Courez !

La suite des évènements est une suite de moments, hachés par la brutalité de l'affrontement. Harvey se jette sur l'étoile montante, reculant à la suite des mafieux, criblant le bois sous les pieds du marine d'une suite de lames de vents jusqu'à épuisement de son bras droit. Le gauche doit contrer l'épée de son ennemi, la faisant littéralement bondir en arrière sous la puissance du coup. Jetant un mafieux pour ralentir la progression du Commandant, Izumi continue de détruire le chemin sous ses pieds.

- Affronte moi pirate! Cesse de fuir traînée!

Les muscles de tout son corps crispent une seconde, mais Izumi continue sa fuite en avant. Savourant encore plus l'insulte du vieil homme.

Qui sème le vent, récolte la tempête.


Dernière édition par Izumi le Jeu 30 Juin 2022 - 23:26, édité 1 fois
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C’est la tempête qui révèle le mieux la résilience d’un arbre.

Je suis adossé à un muret d’une des terrasses, à bout de souffle, haletant. TNT, lui, trône au sommet de la pente, continuant à m’envoyer de temps en temps un bâton de dynamite ainsi qu’une pique pour me faire sortir de ma cachette. Cette allée, qui était à l’origine une rue composée d’escaliers pavés, n’est plus qu’une ruine calcinée à force que les explosifs y pleuvent. De temps en temps, les gravats dévalent à cause de l’inclinaison du terrassement et vont menacer les structures qui se trouvent en dessous. Une seule pensée traverse mon esprit à l’heure actuelle : il faut vraiment être dérangé pour baser sa technique de combat sur des explosifs.

Je croyais que t’étais viril, mais tu fais rien que te cacher ! Allez, sors de ton trou !

Une nouvelle explosion retentit, bien trop proche de moi, et qui fait trembler le sol. J’essaie de me concentrer et de me ressaisir. Tant qu’il est concentré à me canarder et que je reste à couvert, il ne peut pas blesser d’innocents. Cela laisse également le temps aux renforts d’arriver, de remonter depuis le port. Est-ce donc le bon plan de jouer la montre ? Je n’en suis pas certain. J’ai l’impression que ne pas me battre et esquiver la confrontation agace le Tempiesta, qui bombarde ma position avec de plus en plus d’insistance… J’ai peur qu’à force, toute la structure en terrasse ainsi qu’une partie du sol ne s’effondrent. Et puis… Merde, on est à flanc de volcan. Je ne suis pas géologue, mais il n’y a pas un risque qu’il se réveille ?

Tempiesta ! Je suis le Commandant Raines ! Je ne sais pas comment vous êtes arrivés ici mais le port est complètement sous contrôle, et la marine est sur le qui-vive ! Nous avons bien compris que la grixendre est votre objectif, mais même si vous parvenez à en dérober, vous ne pourrez pas vous enfuir d’ici ! Je hurle sans sortir de ma cachette, espérant réussir à le dissuader de continuer d’attaquer. Je reprends. Je vous conseille de vous rendre sans rési…
Si tu sors pas de ton trou c’est moi qui vais te faire sortir !


Je peste intérieurement alors qu’il m’interrompt. Me faire insulter et bombarder par des explosifs, passe encore. Mais me couper la parole alors que je suis en train d’appliquer le protocole, comme un bon représentant de l’ordre ? Là, ça commence à m’énerver. Et puis… Qu’est-ce qu’il a à tout le temps hurler ? A croire que ses explosions l’ont rendu dur de la feuille ! Je sors légèrement de ma cachette, jetant un œil vers lui pour jauger la situation. Immédiatement, une sorte de yoyo enflammé me frôle, embrasant un bâton de dynamite préalablement lancé et qui explose juste à côté de moi. Putain. Je suis coincé comme un rat. Je porte mes mains à mes oreilles pour calmer l’acouphène permanent que je commence à entendre depuis le début de ce combat de tranchée. Et en tournant la tête, je le remarque. Juste à ma droite, à l’angle du muret et de la rue en pente, un jouet. Un petit singe mécanique, avec un remontoir dans le dos, tenant une paire de cymbales dans les sens. A chaque tour de molette, il avance un peu plus, faisant s’entrechoquer les disques de bronze dans un léger tintement. Mes yeux s’écarquillent en comprenant ce qui va se passer.

Ingranaggio di destino !
Soru !


L’explosion est bien plus violente que les précédentes. Je parviens à l’esquiver de justesse en me propulsant dans les airs avec mon Soru. Coincé entre le muret et une maisonnette, je n’avais pas le choix de la direction. Soit je plongeais en contrebas vers les terrasses inférieures, soit je montais dans les airs. Ne souhaitant pas mettre plus de distance entre nous et perdre l’intérêt du Tempiesta, j'ai opté pour la deuxième option. Option malheureusement anticipée par mon adversaire. Je tourne la tête de tous les côtés et me rends vite compte que je suis entouré de bâtons de dynamite. Mon sang ne fait qu’un tour quand je me rends compte que je suis un véritable pigeon d’argile à ses yeux. Et comme il fallait s’y attendre, les yoyos de TNT se mettent immédiatement à danser autour d’eux pour en allumer les mèches.

Geppou !

Je me retourne dans les airs et me propulse dans la seule direction qui n’était pas couverte : vers le bas. Les explosifs détonnent alors que je me réceptionne au sol. Visiblement, il ne s’attendait pas à ce que je puisse changer de trajectoire dans les airs, à la manière d’un double saut. Malheureusement, il ne se fera pas prendre deux fois par l’effet de surprise, et la prochaine fois, ce sera cuit pour moi… Tant pis. Je ne peux plus attendre, planqué, à me faire dégommer par ses bombes. Il est temps de passer à l’offensive et de battre mon adversaire, Supernova a la réputation légendaire ou pas. Je sprinte le long du muret, déboulant dans l’allée sous le sourire satisfait de TNT, dérapant sur le sol pour changer de trajectoire.

Kamisori ! Je bondis dans les airs et commence à zigzaguer à toute vitesse en direction du pirate. En quelques instants, j’arrive à son niveau, et me prépare à lui asséner un puissant coup de pied.
Trottola del tornado ! Deux petits engins sortent de la veste de costume de TNT et explosent juste entre nous deux. J’arrête instantanément mon attaque pour me croiser mes bras devant mon visage et me protéger, anticipant l’explosion… Et à raison : il s’agit bien de bombes… Mais en lieu d’une explosion de flammes, je n’en ressens que le souffle. Je peste intérieurement. Alors que je suis occupé à protéger mon visage d’une explosion qui n’a pas lieu, TNT se sert du souffle dégagé pour se dégager du corps à corps en cabriolant. Je peste à nouveau. Il est vif et agile, ça ne va pas être de la tarte. Il riposte en me renvoyant une nouvelle salve de jouets explosifs, sur ma gauche, suivis par son yoyo. Putain, il ne me laisse pas une seconde de répit ! Paniqué, je déplace ma garde et me prépare à activer mon Tekkai pour encaisser l’explosion…

Illusione di morte !

Et rien ne se passe. Le coup vient de l’autre côté, d’un autre jouet qu’il avait dû jeter dans mon angle mort. Prenant l’explosion en plein dans le dos, je sens les flammes brûler mes vêtements et me lécher le dos alors que je glisse par terre. Je peste une fois de plus. Il a peut-être l’air gueulard et se bat sans aucun raffinement… Mais il est loin d’être bête. Se battre avec des explosions, ça met une pression psychologique folle. A force de devoir réagir rapidement à la moindre attaque, j’associe logiquement l’explosion au bâton de dynamite… En oubliant qu’il peut effectivement feinter. En jouant sur des feintes et sur le timing de ses explosions… Bordel, ça craint. Je ferme les yeux quelques secondes, pour me souvenir de mon entraînement au BAN. Contre un ennemi dont on ne connaît pas les capacités… Il faut toujours être sur l’offensive. Alors c’est ce que je fais. Il faut que je sorte victorieux de ce combat, et que j'aille prêter main forte à Death Dog. Coûte que coûte.
D’un Soru, je me jette au corps à corps, et je commence à l’assaillir avec une véritable volée de coups de poings. Il faut que je garde le contact au maximum pour l’empêcher d’utiliser ses bombes. Après tout… Il ne les utilisera pas à son propre corps-à-corps, hein ?

Hein… ?


Dernière édition par Alex Raines le Dim 28 Aoû 2022 - 8:57, édité 1 fois
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Je n’aime pas avoir tort. Et encore moins quand il s’agit de partir du principe que je ne suis pas en danger immédiat de me faire exploser la tronche. Alors que je commence à lui asséner une série de coups de poings, mon regard croise celui du Tempiesta. Je comprends alors avoir fait une erreur. Je l’ai sous-estimé. Je n’ai pas sous-estimé son talent d’artificier, son agilité, ou fait l’erreur de penser que ce serait un combat facile… Ce n’est pas mon genre. J’étais juste parti du principe qu’il avait un semblant de sanité, et que j’allais pouvoir prédire ou anticiper quelques unes de ses actions et réagir en conséquence. Mais ce que je lis dans ses yeux… C’est de la pure folie. Le type est complètement dérangé. J’en ai la confirmation absolue en le voyant lancer de nouveaux jouets explosifs, cette fois à l’effigie de poupées matriochkas entre lui et moi. Le timing est trop serré pour que je durcisse mes muscles grâce au Tekkai, alors en m’en remettant au ciel, je prie jusqu’au dernier instant pour que ce soit à nouveau une feinte.

Matriochkas di eternità !

Ce n’en était pas une. L’explosion me percute de plein fouet, comme si un énorme bras de feu me mettait une claque. Finalement, bien que lorsque je les observe de loin elles soient pleines de flammes, les explosions ne sont pas si chaudes. Du moins, elles ne semblent pas laisser le temps au feu de brûler. Tout ce que j’en retiens, en étant au premières loges de celle-ci, c’est cette sensation de percuter un mur invisible alors que je fonce à pleine vitesse.
Le choc est vite suivi d’une sensation des plus désagréables : c’est comme si des dizaines de vives ou de méduses se mettent à me piquer. Comme si des poissons carnivores venaient me picorer de petits bouts de chair, comme si j’étais dévoré petit bout par petit bout. En rouvrant les yeux, je remarque qu’il s’agit de la céramique dont était constituée la poupée, dont les éclats viennent me percer la chair.

Mon regard se porte ensuite sur TNT, essayant de réaliser comment il a pu, de son côté, ne pas subir les dégâts de sa propre attaque. Après tout… Il a forcément un truc, n’est-ce pas ? Il ne serait pas suffisamment fou pour à la fois se faire exploser une bombe à côté de la figure et ne pas avoir de parade à ça ? Et pourtant, il semblerait qu’une fois de plus, je sous-estime la folie de cet adversaire. Ses avants bras sont aussi calcinés et aussi entaillés par les éclats de matriochkas que les miens. Son visage ne semble pourtant pas être tordu par la douleur, comme le mien doit l’être. C’est là que ça me frappe. Pour perfectionner sa technique, il a dû s'en faire péter un sacré paquet entre les doigts… Ce qui l’a sans doute désensibilisé.

Autrement dit… C’est un véritable kamikaze que j’affronte.

Alors que nous nous rattrapons en dérapant au sol, mon regard est instantanément attiré par quelque chose qui tombe avec nous. Une nouvelle poupée matriochka, quasiment identique à la précédente si ce n’est qu’elle est légèrement moins grosse. La logique de la chose ne m’échappe pas : je m’attends à en voir une plus petite sortir à nouveau après la prochaine explosion. Je commence à distinguer le pattern de ses attaques. Le Tempiesta utilise des bâtons des dynamites, dont il peut allumer la mèche avant de les lancer ou une fois qu’ils sont en l’air grâce à ses yoyos qui produisent des étincelles. Il utilise également des bombes dissimulées dans des jouets, consécration d’un humour bien trop noir pour moi. Est-ce par sadisme ou à cause d’un traumatisme d’enfance qu’il ressent le besoin de dissimuler ainsi ses explosifs ? Ou simplement pour surprendre ses adversaires ? Je n’en ai aucune idée. Toujours est-il que ça me donne un avantage : je dois pouvoir anticiper quel type d’explosion fera quel type de jouet.

La deuxième matriochka explose après que je me sois mis à couvert, laissant s’échapper une troisième, encore plus petite que la précédente, et qui part dans ma direction. Je fais le tour de la terrasse alors que les explosions se succèdent. Okay. Les matriochkas explosent à répétition. Le jouet avec le remontoir explose à retardement. Il est certain qu’il a d’autres atouts dans sa manche, mais… Il ne me reste qu’à être attentif aux détails ! Après tout, il en va de ma survie !
Je plonge hors de mon abri et fonce sur Tempiesta, ayant à cœur d’inverser les rôles dans ce combat et d’imposer mon rythme. J’utilise mon Soru pour me rapprocher de lui à toute vitesse. En réflexe, il me ressort ses deux petites toupies transparentes. Ce sont celles de toute à l’heure, qui lui ont permis de se propulser avec le souffle dégagé. Rien à craindre de l’explosion, du coup. Je feinte un mouvement de recul réflexe, en croisant les bras devant le visage, comme toute à l’heure… Mais au dernier moment, je plonge en avant et accélère en frappant le sol comme si je réalisais un Soru incomplet. J’arrive sur lui sans doute bien plus vite qu’il l’avait prédit. Je lui décoche un coup de poing de toutes mes forces en plein dans le ventre, qui lui fait cracher une gerbe de sang. Ses toupies explosent ensuite, nous repoussant tous les deux et créant à nouveau de la distance entre nous.

Sa technique est incroyablement travaillée, mais je parviens au fur et à mesure que notre combat s’éternise, à en déceler les limites. Et la première… C’est que la perte de l’effet de surprise quand un adversaire connaît les capacités de ses différentes bombes est un énorme désavantage. Pour utiliser des explosifs en combat, il a deux solutions : soit il les déclenche en réflexe et se retrouver dans leur rayon d’effet, soit il les déclenche avec du délai. Bien qu’il ait dû développer une certaine résilience aux explosions, la première solution n’est sans doute employée qu’en dernier recours. Il n’a donc pas d’autre choix que d’anticiper mes réactions et de régler le timing de ses explosions en conséquence. S’il n’arrive pas à lire dans mon jeu ou que je devine le sien… Cela devient bien plus compliqué pour lui de trouver le moment exact pour faire exploser la bombe. Même chose tant que je continue à lui mettre de la pression.

Alors c’est ce que je continue de faire.
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J’effectue un nouveau Soru dans sa direction, et j'enchaîne les frappes rapides en sautillant. Ma garde est haute et ma tête bien enfoncée dans les épaules, à la manière d’un boxeur, pour pouvoir bien protéger mon visage d’une déflagration en cas de pépin. Chaque coup que j’assène se répercute dans mes bras, et ma peau me brûle… Sans résultat notable. Tempiesta esquive en acrobaties avec une agilité surprenante. Le combat est relativement équilibré, nous fatiguant et nous blessant mutuellement, sans que l’un de nous deux ne parviennent à prendre l’avantage… Et ce n’est pas une situation avec laquelle je suis familier.

Je me suis déjà battu, je me suis déjà entraîné durement, sans me ménager. Pourtant, me battre en situation réelle, en sachant que la mort peut m’accueillir à n’importe quel moment… Ce n’est pas comparable. L’adrénaline mais aussi la dopamine affluent dans mon corps, saturent mes récepteurs hormonaux. Rien n’existe plus que ce combat. Je me surprends moi-même à esquisser un sourire : je ne me suis jamais senti aussi vivant qu’en dansant ainsi avec la mort, au rythme endiablé des explosions de TNT.

Fueco Luffy !

J’effectue instantanément un mouvement de recul. Nouveau jouet, nouvelle phase d’analyse pour Raines. Cette fois-ci, il s’agit d’une sorte de poupée en caoutchouc qu’il m’envoie. J’esquive sans peine. La poupée frappe le sol derrière moi… Et rebondit directement dans ma direction. Alors qu’elle se dirige vers ma tête, je remarque qu’elle est légèrement plus rapide que sur le premier lancer. Je parviens à esquiver de nouveau, mais de justesse cette fois. Okay. La gomme chauffe et le jouet accélère au fur et mesure qu’il rebondit, comme une balle rebondissante. Et je suis prêt à parier qu’il y a un moment où il va juste exploser. Tous mes sens en éveil, j’essaie d’éviter l’attaque de cette insupportable figurine à l’effigie d’un célèbre pirate du siècle passé.

Elle rebondit une fois de plus vers moi. Il faut que je l’empêche de trop rebondir et d'accélérer, alors la seule solution qui me vient à l’esprit et de l’envoyer dans les airs avec un formidable coup de pied. Et puis, je le remarque. La gomme est rouge, étirée, rendant le jouet quasiment ovoïde. Au prochain choc, elle va péter. In extremis, je me ravise et au lieu de frapper le jouet, je frappe l’air pour effectuer un Geppou. L’air se tasse et forme un petit disque compact sous mes coups de talons. Le jouet rentre en contact avec cette masse d’air durcie, et l’enveloppe de caoutchouc se rompt. J’utilise le Soru pour m’éloigner de ce qui semble être un véritable jet d’acide qui en sort. TNT peste en me voyant esquiver l’attaque.

Okay, on s’amuse bien mais tu commences à me saouler !

J’allais dire la même. Je me moque en affichant un rictus narquois. Il commence à perdre patience. C’est la deuxième limite de sa technique : il a forcément un nombre limité de ces jouets et de munitions explosives. Donc au plus le combat dure… Au plus il perd du terrain, surtout contre un adversaire qui comme moi n’a pas de style de combat particulièrement défini et se contente de frapper à mains nues là où ça fait mal. Je suis donc prêt à parier qu’il va me sortir le grand jeu.
Pappagallo di inferno !

TNT sort cette fois de son costume un perroquet mécanique. Peut-il s’en servir pour voler ? Est-ce simplement une bombe qu’il peut télécommander ? Le perroquet ouvre alors lentement la bouche… Et Tempiesta se jette sur moi, au corps à corps. Je suis d’abord surpris. J’ai clairement l’avantage au corps à corps en termes de puissance brute, et ses explosions lui causeront des dégâts… Alors, est-ce une bombe kamikaze, comme une ceinture d’explosifs ? Essaie-t-il de m’emporter avec lui ? Une gerbe de liquide incolore est alors projetée de la bouche du perroquet, accompagnée d’un bruit de caquètement. Pas le temps d’esquiver. Je ferme les yeux et contracte mes muscles, priant pour que mon Tekkai suffise à me protéger de quoi que cette substance puisse être. Dès l’instant où le liquide touche ma peau, une violente explosion se produit, nous touchant tous les deux.

Tempiesta est envoyé en arrière et accuse le choc. De mon côté, je suis assez durement touché, et me retrouve propulsé en arrière. Le Tekkai a protégé mes muscles, certes… Mais pas mes vêtements, qui ont été arrachés, ni ma peau qui est sérieusement brûlée. J’ai réussi à contenir les dégâts à mon torse, mais… La douleur est quasiment insupportable. Je commence à sérieusement fatiguer. Mes deux avant-bras et mes poings sont bien brûlés. Je ne sens quasiment plus une large bande du haut de mon corps s’étendant de mon épaule gauche à ma hanche droite. Mes jambes tremblent, à force de répéter les Soru et les Geppous. Mon adversaire est pas mal amoché aussi, mais je sais qu’il en a encore sous la pédale. J’ai l’impression d’avoir déjà puisé plus profondément que dans mes réserves… Et pourtant ce combat est loin d’être terminé. A l’heure actuelle je ne parviens même plus à penser à la ville, à l’attaque des hommes du Glouton, à rejoindre et épauler le Commandant d’élite Quételle. A l’heure actuelle, je ne pense qu’à me raccrocher à ma vie.

Ouh, on dirait que tu l’as apprécié, celui-là, hein ? Alors réjouis-toi, j’en ai encore en stock ! Tempiesta rigole, gonflant la poitrine... La bouche de son perroquet s’ouvre à nouveau. Je ne pense pas qu’il bluffe : vu que son perroquet n’a pas explosé, il est logique de penser qu’il peut effectuer plusieurs de ces crachats. Je sais à quoi m’attendre, désormais. La portée du jet de liquide explosif est très courte, alors avec le bon timing, je peux m’économiser un Soru et parvenir à l’esquiver. Seulement cette fois, au lieu de le porter à bouts de bras, il fixe ses pattes sur son épaule puis se jette à nouveau sur moi, portant ses mains à ses poches. Putain.

Sonaglino di Tormento !

Tempiesta sort un hochet de chacune de ses poches. En plus du perroquet et de son crachat à gérer, j’ai maintenant deux nouveaux jouets explosifs sur les bras. La situation est très mal engagée pour moi. Je me vois mal m’en sortir sans y laisser des plumes. C’est avec cette mentalité en tête que je fonce sur le pirate. D’un mouvement sec du poignet, ce dernier m’envoie la boule d’un des deux hochets en ne gardant que la tige dans la main. D’un Soru, j’esquive et me repositionne face à lui… Pile dans la trajectoire du crachat de son perroquet, qui vient de se déclencher avec ce timing précis. Je peste intérieurement. Il m’a complètement anticipé. Alors je donne tout ce que j’ai dans les jambes et enchaîne immédiatement avec un Kamisori pour esquiver sur le côté et me repositionner dans son dos… Et me retrouver nez à nez avec la deuxième tête de hochet. Je me rends malheureusement compte des capacités d’observations surhumaines de mon adversaire, qui me lit une fois de plus.

Je suis obligé de battre en retraite une fois de plus, accumulant la fatigue dans mes jambes à force d’effectuer mes déplacements à grande vitesse… Perdant petit à petit ce combat. Non. Je ne connais rien des effets de cette bombe… Mais il faut que je commence à prendre des risques si je veux gagner ce duel. Et plus particulièrement que je me débarrasse de ce perroquet. Alors au lieu de reculer comme Tempiesta l’avait sans doute prévu, je ferme les yeux, je serre les fesses, je balance le poids de mon corps vers l’avant… Et je frappe la sphère de plein fouet, offrant mon bras droit à mon adversaire. La capsule se perfore, libérant un liquide acide qui m’enrobe la main droite jusqu’à la moitié de l’avant bras. La douleur est insupportable, mais je trouve en moi la force de continuer le mouvement pour toucher ma cible première : le perroquet posé sur l’épaule de TNT. L’animal mécanique ne résiste pas à la violence du choc, et se brise contre mon poing…

Tekkai !

… Et d’exploser. Je suis envoyé valdinguer dans le décor, m’égratignant en dérapant au sol, dévalant à nouveau une partie de la pente dans laquelle nous nous battons depuis toute à l’heure. Je ne sais plus où se trouve le haut et le bas, je n’arrive plus à me repérer. Les explosions répétées sont en train de me rendre dingues, et j’entends désormais en permanence un sifflement aigu. Tempiesta a aussi voltigé. Il a pris l’explosion d’encore plus près que moi. Le combat est terminé ? Non, je le vois se relever. Merde. Je crois que je saigne de la tête, parce que je commence à y voir trouble. Et puis, il y a plus inquiétant…

Pourquoi est-ce que je ne sens plus du tout mon avant-bras droit ?


Dernière édition par Alex Raines le Dim 28 Aoû 2022 - 8:57, édité 1 fois
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Mes yeux descendent le long de mon épaule et de mon bras, s’attendant à n’y trouver qu’un moignon brûlé dégoulinant de sang… Je suis “agréablement” surpris de trouver mon bras toujours en un seul morceau, même s’il commence à se déchiqueter. Je n’ai par contre l’impression de n’avoir plus aucune sensation dans tout le membre. Mon nerf serait touché ? Je peste intérieurement. C’est mauvais. J’aurais l’air de quoi, estropié d’un bras, pour accéder à l’amirauté ? Je ricane. Voilà que je me mets à faire de l’humour. Je crois que la douleur me monte à la tête, je divague. Mais le combat n’est pas terminé. Car devant moi, Tempiesta s’est lui aussi relevé.

Il se dresse devant moi. Ses vêtements ayant été également réduits en charpie à cause de l’explosion, je peux voir son torse couvert de brûlures et de cicatrices. Un des yoyos qu’il tient dans ses mains est brisé en mille morceaux. Et il a l’air furieux.

Okay, tu commences sérieusement à me les briser ! J’avais pas été aussi énervé par quelqu’un depuis la dernière fois que j’ai vu ma famille ! Je ne réponds pas. Tu pètes mes jouets, tu te fais exploser devant ma gueule… Et si tu crevais ? Tu comprends pas que t’es en train de foutre le bordel dans une affaire de famille ? Rien à foutre que Gluttony récupère la grixendre, je veux être capable de la reproduire moi-même… Pour aller rendre une petite visite à ma famille… Et faire péter Manshon !

Je le laisse monologuer, profitant de ces quelques instants de répit pour reprendre mon souffle. Il m'apparaît toutefois encore plus clair qu’il faut à tout prix que j’arrête ce taré. Allez Raines, c’est la dernière ligne droite.

Je… Je suis le Commandant Raines… J’ai du mal à formuler ma phrase, je suis haletant, à bout de souffle. TNT… Vous… Vous êtes en état d’arr… D’arrestation.

A bout de forces, ne tenant debout que par la force de ma volonté de fer, je m’en remets aux classiques : ma sempiternelle procédure à laquelle je me raccroche. Malgré le bras hors service, malgré les jambes tremblotantes, je me jette une dernière fois sur lui. La dernière explosion à l’air d’avoir détruit les dernières bombes qu’il transportait sur lui, alors il ne lui reste plus que quelques bâtons de dynamite et un de ses yoyos.

Il trapezista incendiario ! Il se met à cabrioler dans tous les sens, sautant à gauche et à droite, en essayant de me feinter. On pourrait croire qu’il domine complètement ce combat, mais je sais que lui aussi ne se déplace plus que par sa fortitude mentale. Il est dans le même état que moi, si ce n’est pire : il a beau avoir l’habitude de se faire exploser des bombes à la figure, il encaisse les dégâts comme tout le monde. Il les encaisse même moins bien que moi, grâce à ma maîtrise des techniques défensives du Rokushiki…

Je me gifle les joues pour me remettre dans le combat. Sans ses jouets-bombes, je sais ce qu’il va faire. Je fonce sur lui à toute allure, comme un dératé. Il m’envoie un bâton explosif dessus que j’esquive quasiment sans me décaler de mon axe de course et perdre une seule seconde grâce au Kami-E. Comme pressenti, il l’avait prévu et il envoie alors son yoyo à quelques centimètres de ma tête en pour l’allumer. Mon bras part à toute allure pour dégager alors la dynamite d’un revers de la main gauche…

Et je passe à côté. Ce n’est pas la dynamite que je vise, mais le yoyo. Il semble surpris que je n’attaque pas directement l’explosif et hésite quelques secondes. Exactement ce que j’attendais. Je parviens à attraper son arme, plantant mes doigts dans le métal du yoyo en bout de course, et je tire de toutes mes forces, attirant le Tempiesta vers moi la tête la première.

Je lâche les miettes métalliques de son arme. Il n’a plus de jouets explosifs, plus de yoyos, plus de forces. Je contracte mes muscles dans un dernier effort, mettant tout ce qu’il me reste dans les hanches, dans le dos et dans le biceps dans mon bras gauche, en l’armant dans le mouvement où je tire le Tempiesta à moi.

Je frappe de toutes mes forces dans son visage, enfonçant son nez et ses dents et l’envoyant valser dans les airs. Son corps chute lourdement au sol, sans bouger. Il est inconscient. Je tombe à genoux, les larmes me montant aux yeux. Tout mon corps tremble. Mon bras droit ne répond toujours plus. J’ai tous les degrés de brûlure sur le corps, et de multiples plaies ouvertes. Je crois que je perds du sang. Vu qu’à chaque respiration j’ai l’impression qu’on me poignarde le ventre, j’en déduis que j’ai également quelques côtes cassées. Toute la douleur que j’avais réussi à mettre de côté jusqu’à maintenant semble survenir d’un coup, et je serre les dents. C’est trop violent. Je sens mes forces me quitter. Je tombe comme un poids mort, sur le côté. Ma tête heurte le sol.

Je crois que j’ai trop donné. Je n’entends plus les cris de panique des villageois, même sans le boucan des explosions. Je suis désolé. Je ne pourrai pas vous venir en aide. Je pense alors à Death Dog, qui doit peut-être toujours combattre l’Armure brisée. Je suis désolé. Je… Je crois que j’ai besoin de fermer les yeux. Je… Il faut que je me repose un peu. Juste cinq minutes. Et après j’y retourne. Mes médailles ne vont pas se gagner toutes seules…

Je sombre peu à peu dans l’inconscience, à quelques mètres à peine du pirate que je viens de vaincre, au milieu des cratères d’explosions, des traces calcinées et des yoyos brisés en morceaux, en me vidant de mon sang. La dernière chose que j’entends avant le noir total, c’est une formidable explosion. Comme si le volcan entrait en éruption. La grixendre de l’université ? Le pire serait-il arrivé ? Je ne sais pas. Tout est confus dans ma tête. Quételle… J’espère que vous vous en sortez. Attendez… Moi… Cinq… Minutes…

Et c’est le noir complet.


Dernière édition par Alex Raines le Dim 28 Aoû 2022 - 8:58, édité 1 fois
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Même le chêne millénaire s'incline devant la puissance des Cieux.

Vingt, ils ne sont plus que vingt. Mais Izumi avait prévenu avant d'entamer cette échappée vers l'autre côté de l'île, l'Armure n'avait pas de considération pour la vie des mafieux, tout ce qui comptait c'était de ralentir les défenseurs de l'île. Les soldats de gouvernement ne pouvaient pas rejoindre le tunnel, ou toute le plan de fuite tomberait à l'eau, et tant pis pour le Tempiesta, les laissés pour compte ne pourraient s'en prendre qu'à eux même. Les coups de feu ne s'arrêtaient pas, sur les talons des assaillants de Koneashima, le Commandant n'en démords pas. Et même si l'écart semble petit à petit se creuser, principalement lié à l'âge et les limites du corps de Harvey, le rendant encore plus furieux, comme enragé, derrière lui les quelques dizaines de marines avançaient avec plus de précautions et une condition physique amoindrie même en comparaison du vénérable officier de l'Elite.

Exactement comme avait anticipée l'Armure, du moins comme la demi-géante le laissait deviner. En vérité, en sueur, elle trouvait sa propre forme lamentable, des points de côtés, un souffle saccadé une envie de boire un tonneau entier d'eau. Mais la primée ne pouvait rien laisser paraître, absolument hors de questions devant des hommes qui ne travaillaient d'ordinaire pas pour elle, et dont la tatouée avait démontrée à plusieurs reprises qu'elle se souciait guère de leurs propres vies.

- Allez ! Un dernier effort ! Remontez la pente !

Les mafieux s'observèrent l'espace d'une inspiration, et quittèrent leurs positions abrités derrière des rochers à flanc de volcan.

Des cibles faciles pour les marines en contrebas, signalant leurs positions à la demi-géante. Une grimace carnassière sur le visage de la libre pirate. Et les lames d'air criblent les roches les plus proches de sa position, utiliser son environnement. Savoir exploiter les ressources offertes par la nature, Izumi ne réagit que trop à un poing s'abattant contre son estomac, la bile qu'elle recrache n'est rien en comparaison de l'impact du coup. Une demi-douzaine de mètres plus haut, son corps atterrit, et les cailloux et la roches contre l'armure sous habits sont comme de la grêle lui tombant dessus.

Elle suffoque, déchirant les habits et retirant son plastron avec hâte. Un crachat de glaire plus tard, elle est debout tremblant des jambes. La vision un peu flou, la chevelure en bataille, moins de prestance plus de rage. En bond, Quételle s'élance sur elle.

Fuir ne sert à rien, il n'y a plus qu'à encaisser le coup. Son bras-droit se raidit, ses pupilles se dilatent et les nerfs de tous ses muscles se tendent, pour la première fois depuis son retour, Izumi hurle, comme une harpie, comme une banshee à en perdre la voix.

Rien, elle ne ressent aucune douleur. Son corps n'a pas reculé sous le choc adverse, lentement elle croise le regard du sexagénaire, avant d'observer son bras. Comme la roche volcanique, comme le charbon, il est aussi noir que la nuit, et son adversaire semble incrédule.

Maintenant.

Son bras empoigne le marine, et inversant les rôles le propulse avec autant de force possible. Un nuage de poussière et de petit morceaux de roches volent en éclat alors que s'écrase le Death Dog.

Au diable les mafieux, au diable cet affrontement futile. Il faut continuer à monter, et l'horizon ne semble plus si loin désormais. Son peuple l'attends, ses filles l'attendent, son équipage a besoin d'elle. Plus jamais, plus jamais paralysée par la peur ou une vision floue.

Pas à pas, l'Armure gravis le chemin. Pas à pas, elle délaisse la peur et l'impuissance, cette île se souviendrait de son passage. Ils parleraient d'elle aux prochaines générations, l'Immaculée laisserait son empreinte sur ce monde. Ce n'était pas un Commandant qui la vaincrait, le Gouvernement Mondiale ne l'arrêterait pas.

- Debout Harvey! Debout l'ancêtre! Viens chercher la mort héroïque que tu recherches!  

Une grimace de plus, elle rirait presque si ses côtes ne la piquaient pas. Un beuglement à sa droite, plus bas, confirme que le vieillard n'a pas encore rendu son dernier souffle.

Il était un de ses futurs possible, obsédé par une gloire passée, ne supportant pas de vieillir et de perdre en force avec l'âge. Ne cherchant qu'une fin glorieuse et que son nom s'inscrive dans l'Histoire, pauvre fou. Courir à sa perte, se jeter dans la gueule du loup, si la demi-géante ne s'était pas ressaisie, non si elle n'avait pas été soutenue.

- Izumi !

Elizia! Devant l'entrée du tunnel, et Sarah, et Strenght, et Rosa, et son clan. Elles l'avaient attendu, et visiblement, à mesure qu'elle arrivait à leur niveau, le tunnel était encore utilisé. Des caisses qu'on emmenait sur des épaules, des sacs ou des vêtements déchirés en guise de baluchon de première nécessité.

- On a un moyen de transport, Rosa ne voulait obéir aux instructions avant d'être sur que tu étais encore en vie...

- Pour le moment, je ne suis pas seule. Tout le monde au navire sauf Elizia et Sarah et il me faut quatre volontaires en plus, Strenght sur le navire assure toi que nos efforts soient justement récompensés.

Elle se tourne vers sa lieutenante qui semble aller mieux, des bandages autour de la taille, toutes les deux auraient besoin d'un peu de repos.

- J'ai déjà donné les pages que j'avais aux troupes de Glutonny, il fallait bien prouver que nous n'étions pas revenue les mains vides...

- Armure ! Viens m'affronter ! Je t'enverrai en enfer avant de rendre mon dernier souffle !

Les anciens étaient obstinés, cela venait sans doute avec l'âge, et moins de temps à perdre que dans leur jeunesse. Ou alors cet abrutis avait tellement ôté de vies, qu'il pensait réellement pouvoir vaincre la capitaine.

- Vous quatre, allez me chercher notre ami Sam, j'ai une idée. Elizia, Sarah, gagnons du temps.

La cohue général, les beuglements et les ordres fusant dans le tunnel derrière le trio de femmes. Sarah et le reste de son équipage se forçant un passage à coup d'épaules. Le train ne passerait pas deux fois, et si elles ne battaient pas le Commandant d'Elite, la colonne de bleus ne tarderaient pas à les rejoindre. Ils seraient témoins, non ils serviraient d'offrande. Un sacrifice nécessaire pour la survie de l'Iron Fleet, un rituel maudit que l'Amure avait en tête, réveiller la Salamandre Géante, transformant définitivement ce jour de fêtes, en une entaille qui jamais ne cicatriserait.

Le bouquet final, viendrait de sa part.


Dernière édition par Izumi le Jeu 30 Juin 2022 - 23:25, édité 1 fois
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Seul.

Quételle était seul, mais il n'avait jamais eu besoin de personne. Dans ses folles années, il était une armée à lui tout seul! Croupir sur les Blues l'avait ramolli, habitué à une fausse routine loin du fracas des combats, lui qui était si souvent en première ligne. Passant une majorité de son temps à patrouiller en mer, dans l'espoir de tomber sur des pirates, mais ce n'était pas les petites frappes des Blues qui le ferait sortir de sa zone de confort. Non, il lui fallait plus, l'excitation, les palpitations de son cœur, l'enivrement délicieux de l'action, quand Harvey partait au combat c'était pour donner le maximum de lui même.

Mais ses adversaires étaient de piètres amuses bouches, et finissaient le plus souvent par capituler ne souhaitant pas perdre la vie des mains du Death Dog.

Cette femme était dans une toute autre catégorie, il l'aurait battue dans sa jeunesse, et elle le savait pertinemment. Sans doute pour çà qu'elle le narguait, l'éloignant toujours de ses troupes, des incapables gémissant à la première difficulté. Mais Izumi continuait de lui échapper, refusant d'affronter le Commandant dans un duel comme il avait l'habitude. Mais les pirates n'avaient pas d'honneur, et désormais alors que son dos lui faisait mal, qu'il était presque certains d'avoir de la fièvre, il devait en affronter trois. Mais deux sur trois étaient déjà blessés, et la femme au katana ne semblait pas représenter une réelle menace. Trois pour le prix d'un, trois femmes qui ne connaissaient pas leurs place, ses subordonnés disaient de lui qu'il était fermé d'esprit, enfermé dans des concepts datant d'une autre époque, mais comme tout les gens de son âge, il se moquait éperdument de ce que pensaient des chiffes molles de lui.

- Je vous briserai une par une, et chacune d'entre vous me suppliera d'achever la vie de l'autre.  

Les insultes, ça devait les pousser à se jeter sur lui. Il n'eut en réponse que le silence hautain et dédaigneux des pirates, elles ne bougeaient pas, et la patience du marine avait depuis longtemps disparue.

Refuser ce qu'il demandait, un peu de challenge, ne pas jouer à son petit manège, cela le rendait fou furieux. Izumi encaissa de son avant-bras gauche la lame de Quételle, l'armement la protégeant. Elizia plongea son épée en direction du flanc droit du Commandant, qui de son autre bras contra l'attaque de l'ancienne tueuse à gages. Ce fut donc un coup de genoux qui déstabilisa Sarah.

Comme à la belle époque, enfin on lui offrait ce qu'il avait depuis une décennie espéré, des adversaires à la hauteur de qui il était. Les trois pirates reculèrent, et Harvey se prépara à répéter l'opération.

C'est à ce moment que Sam, chic type, choisit d'intervenir, lancé par les soldates de l'Armure directement sur Quételle, la lame s'enfonça dans le corps de l'artificier, mais aucun sang ne s'échappa de la blessure mortelle infligé par le Death Dog au plasticien.

Sarah retira Sam à temps, avant qu'il n'actionne par erreur la surprise prévue par la demi-géante, créant une ouverture pour la forgeronne. La lame d'air projeté depuis sa lame déchirant les pieds du Commandant, s'écroulant au sol de douleur en grognant. Si les mollets n'avaient pas été coupés secs, le marine ne pourrait pas marcher avant des semaines.

Mais il n'aurait plus jamais besoin de marcher.

- Elizia, et vous autre, trainez le jusqu'à l'entrée.

Les yeux écarquillés, Izumi fixait le sol, puis se redressa avec autant de fermeté que possible et se dirigea vers son adversaire blessé. Son premier réflexe fut d'enfoncer l'arme du marine dans sa main droite, provoquant un hurlement de douleur chez le sexagénaire.

Il vivrait, si Harvey pouvait se sortir de ce bourbier, et comment cela se faisait-il que l'homme n'était pas mort? Et qu'était-ce que cette plante sortant de son haut? Il se débattu avec bien de mal pour un homme dans sa position, sa main gauche cherchant à empoigner une jambe, un bras, saisir un otage était sa meilleur chance.

Mais le destin est capricieux, et parfois ne donne pas ce qu'on demande. On le releva, et le plan sadique et pervers d'Izumi se mit véritablement en place à cet instant. Crucifié, on enfonça quatre épées dans ses mains et pieds, le plantant à la surface du tunnel. Les cris et les insultes n'y changèrent rien, en contrebas les marines pressèrent le pas, les plaintes et la douleur que subissait leur officier résonnant à leurs oreilles.

La demi-géante claqua des doigts et on plaqua Sam contre le Commandant, et pour la première fois de sa carrière depuis ses aventures sur le Nouveau Monde, un sentiment bien étrange envahis ses tripes. La bave du mort-vivant coulait sur ses habits, l'instant d'après c'était Harvey qui crachait du sang au visage du zombie. Et pour cause, afin d'unir pour toujours les deux hommes, Sarah avait enfoncé son katana dans le flanc gauche des corps. Quételle cherchait la force de se débattre, mais tout ce qu'il faisait c'était se fatiguer d'avantage. Il manqua d'éternuer quand la première de ses cibles, et qui semblait être la plus proche de l'Armure, ouvrit une de ses poches et soupoudra le sol d'une poudre.

La Grixendre, brisa l'homme d'habitude si froid et morne. Une larme, puis une autre s'écoulèrent le long de ses joues, muet, incapable de prononcer quelconque mots à l'égard de ses tortionnaires.

La tueuse de Woks leva sa main droite et sans un regard à l'attention du vieil homme, les complices de la primée commencèrent à marcher dans le tunnel. Izumi était encore la, doucement elle reculait, un pieds après l'autre, puis elle s'arrêta et sortie quelque chose que ne put voir le vieillard.

- Je pourrai perdre du temps à enfoncer le clou, mais je suis sur qu'un homme avec votre carrière a deviné la suite des évènements. Vos soldats n'auront pas besoin de chercher vos restes, n'importe quel tombe ou photo suffira pour qu'ils se souviennent de vous. Votre nom rentrera dans l'Histoire comme une tâche sur votre héritage, vous n'allez pas mourir en soldat mais en victime, entraînant avec vous une partie de vos troupes, et des innocents. Je suis le mal, mais vous défenseur de la veuve et de l'orphelin, vous avez échoué dans votre rôle. Et je suis sur que cette simple pensée sera suffisant pour vous hanter même dans l'au delà.

Elle alluma le poison à ses lèvres, toussa un instant avant de tenir entre ses deux doigts la cigarette. Elle s'avança avec hâte, et mit la cigarette entre les lèvres du plasticien.

- J'ai mentit, cette torture mentale m'a fait grand bien. Nous nous reverrons en Enfer, mais j'ai peur que vous m'attendiez un long moment.

Celle qui avait provoquée la chute du Mandarin se pencha à l'oreille du revenant, un murmure entre elle et Sam. Avant de tourner les talons. Les cris des marines pouvaient se faire entendre, ils n'étaient plus très loin, alors Izumi prit la fuite. Courir, à s'effondrer au sol de fatigue, sortir du tunnel avant la suite des évènements lui semblait impossible, mais plus loin elle se trouverait, plus de chances de survivre elle aurait.

Manquant de trébucher, deux bras l'empêchèrent de tomber, en portant son regard sur ses bienfaiteurs, elle ne put s'empêcher de laisser échapper un juron hors de ses lèvres. Sarah et une Primogéniture l'avait attendue, et passèrent les bras de leur capitaine sur leurs épaules. Izumi quittait Konaeshima avec l'aide des siens, seule, elle aurait périe. Seule, elle aurait finit comme le vieillard qui pleurait désormais à chaude larmes. Et alors que la distance faisait s'estomper les gémissements et délires du Commandant, Izumi manqua de rejoindre les limbes. Mais elle ne pouvait manquer le magnifique final qu'elle avait préparé pour tous les habitants de l'île.

- L'ArMuRe vOuS oFfRe Ce BoUqUeT FinAl!

Les paroles d'outre tombes vociférés par Sam et son rire de maniaque portèrent loin, le rire n'était pas prévu dans le script, mais sans doute une partie de lui appréciait l'ironie de la situation et le spectacle prévu. Peut-être qu'il était fière de partir dans un dernier coup d'éclat. Car ce fut lui qui ouvrit la porte des enfers.

Ce fut lui qui réveilla la Salamandre, la libre capitaine n'entendit que la première partie de sa phrase, avant qu'un souffle chaud émanant de la sortie menant à la ville-île, ne le tunnel. Sourde, elle se pensa sourde un instant, tellement ses tympans furent impactés par le bruit assourdissant de l'explosion. Projetées les trois pirates de l'Iron Fleet échouèrent inertes devant l'entrée du tunnel de l'autre côté de l'île. Elizia tira avec l'aide d'autres membres d'équipages leurs trois camarades contre la paroi du volcan. Il n'y eu pas de flammes s'échappant du côté des pirates, pas plus qu'il n'en échappa du côté de la ville.

Mais le feu fut le dernier soucis de quiconque se trouvait du côté de la détonation. La bête dans son éveil allait marquer à jamais l'histoire de l'île, comme dans les temps anciens. Montrer à tous que l'insolence de l'espèce humaine ne pouvait rencontrer que la punition de la nature. Après le bruit sourd vint le déluge de roches, de toutes tailles, projetées par l'explosion, tombant sans distinction sur les habitations, les marines, civils et mafieux bloqués sur l'île. Le toit de l'Université fut traversé par de multiples morceaux de roches volcaniques, alors que le feu s'éteignait doucement, cette nouvelle calamité força la marine à évacuée les lieux dans le chaos.

Le crachat de la Salamandre n'était que le premier acte de feu d'artifices version nature, le tunnel s'effondrait sur lui même, et le volcan même semblait bouger. S'écroulait-il sur lui même? Pas vraiment, les éboulements, les avalanches de roches volcaniques en revanche emportèrent dans leurs passages d'innombrables vies, et des dizaines d'habitations. Les quartiers en hauteur, plus proche du point d'entrée et d'extractions des troupes du Glouton finirent ensevelis, disparaissant sous la roche.

1628 - La Salamandre s'éveil.


Dernière édition par Izumi le Jeu 30 Juin 2022 - 23:25, édité 1 fois
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Un léger picotement. Des voix étouffées. L’impression d’être immergé dans des eaux glacées. Je ne sens absolument rien, si ce n’est l’immensité du vide. C’est toujours l’obscurité la plus totale. Et j’ai si froid. Est-ce que je rêve ? Est-ce que je suis mort ? Que s’est-il passé quand je suis tombé inconscient ? J’ai envie de crier, mais aucun mot ne sort de ma bouche. Décharge électrique.

Il revient à lui !

J’entends quelqu’un. Un ange de la mort ? Où est la fameuse lumière au bout du tunnel ? Pourquoi n’ai-je pas vu ma vie flasher devant les yeux ? C’était des mensonges ? Une dernière décharge électrique parcourt mon corps, réveillant mes multiples blessures. J’ai mal partout. Ma tête, mes bras, mon torse… Ma joue, également ? J’ouvre les yeux d’un coup, et c’est comme si mon corps se réchauffait soudainement. Comme s’il se remettait à fonctionner. Mon corps se débloque.

Comme si mon cœur se remettait à battre.

La première chose que je fais est de prendre une grande bouffée d’air, à m’en crever les poumons. Mes sens me reviennent, et sont tous en alerte et je comprends bien vite que j’étais en arrêt cardiaque et en hypoxie. Je me redresse et regarde paniqué tout autour de moi. Je suis couvert de bandages et alité, avec des électrodes attachés sur le torse. A côté de moi se tiennent deux hommes en uniforme de médecine militaire.

Je vous l’avais dit que les gifles fonctionneraient !
C’est surtout la défibrillation qui a fait le taff… Il se tourne vers moi. Commandant Raines, comment vous sentez-vous ?


Je reste figé, balbutiant quelques mots, toujours incapable de traiter l’augmentation soudaine du flux d’information que mon cerveau reçoit.

Bon, je vous le laisse… Je vais gifl... Euh, m'occuper d’autres patients.

Je le regarde s’éloigner et slalomer entre des lits où sont allongés d’autres personnes couvertes de bandages. C’est là que je me rends compte de l’endroit où je me trouve. Je suis dans un bâtiment de grande taille, visiblement pas construit pour y soigner des blessés, mais qui a été converti en hôpital de fortune en toute hâte. Je me rends également compte du brouhaha ambiant. Il y a des cris de douleur, il y a des pleurs, il y a des tons qui se haussent.

Qu’est-ce que… Où suis-je ?
Dans un des gymnases du campus de l’université Figura. C’est assez excentré par rapport aux bâtiments principaux et… Il marque une pause en soupirant, comme pour se ressaisir. L’émotion est palpable dans sa voix. … L’endroit à été relativement épargné par l’attaque et le glissement de terrain.

Les pièces du puzzle s'emboîtent progressivement, et le tableau prend sens.

Je me souviens de l’attaque… Des explosions. De la horde de pirates qui a attaqué l’université… D’Izumi et de Tempiesta. Mais pas d’un glissement de terrain. Qu’est-ce qui s’est passé ?

Il prend un instant, comme pour se souvenir de choses qu’il aurait préféré oublier.

Il y a eu une énorme explosion… Je… Laissez-moi commencer depuis le début. Nous avons entendu de multiples explosions venant des pentes menant à l’université, alors une unité a été envoyée sur place. Ils vous ont trouvé inconscient.
Et TNT ?
Il gisait à côté de vous, en sale état mais vivant. Il a été appréhendé.


Je soupire de soulagement. Je l’avais frappé avec tout ce que j’avais, pour ne pas qu’il se relève et rejoigne ses hommes. Du bref aperçu que j’avais eu de lui durant notre combat… Je m’étais juré de l’empêcher à tout prix d’obtenir de la grixendre. La ville de Manshon ne le sait pas, mais elle l’a échappé belle… Et puis, comme dans un flash, un visage me vient subitement à l’esprit.

Et le Commandant d’élite Quételle ?

Il hoche lentement la tête de gauche à droite, et je comprends. Je serre les dents et les poings. La douleur de mes blessures est intense, ravivée par la contraction de mes muscles. Mais c’est tant mieux ainsi. Cette douleur, je me dois de me l’infliger. C’est ma punition. Putain. Si j’avais été plus fort pour régler son compte à Tempiesta plus vite, si j’avais subi moins de dégâts durant ce combat…

Que s’est-il passé ? Je relève les yeux vers lui, en état de choc.
Le Commandant d’élite est intervenu à l’Université Figura et a réussi à repousser les pirates. Des soldats l’ont vu se battre avec l’Armure et la poursuivre vers le tunnel que les pirates ont creusé pour infiltrer la ville.
Un tunnel ?
Oui, le Commandant Popov pense qu’ils ont accosté du côté des falaises escarpées de l’île, à priori inaccessibles. Puis ils auraient détonné des explosifs au rythme des feux d’artifice et creusé un tunnel au travers du volcan.


Je ne réponds pas et me perd dans mes pensées. Avec des experts en explosifs comme Tempiesta, c’est tout à fait plausible. C’est même une excellente idée. Si la 21ème d’élite avait patrouillé la mer comme à son habitude, ils auraient sans doute fait le tour de l’île et seraient tombés sur les navires qui ont transporté les hommes de Gluttony. Mais en ce jour de fête, avec une sécurité renforcée au port, le seul réel accès de l’île et les bruits de détonation des feux d’artifices… Les conditions étaient réunies.

Et donc ? Poursuivez.
Des témoins affirment que Pulp Dog s’est vaillamment défendu mais à fini par tomber sous les coups de l’Armure. Et cette dernière a ensuite… Elle a… Il marque une pause. Il a la voix tremblante, le regard fébrile. Il renifle et se reprend, masquant de manière très maladroite son ressenti. Elle a fait exploser de la grixendre dans le tunnel, provoquant la mort du Commandant d’élite, une percée de lave et un éboulement du flanc du volcan qui a enseveli une partie de la ville.

Mes poings se serrent à nouveau. Cette fois, c’est à mon tour de peiner à me contenir.

Combien de victimes ? La question est courte, non pas parce que j'économise mes forces. Elle est courte parce qu'elle est lourde de sens, parce que ces mots sont si douloureux que je les prononce à contrecœur. C’est pour que personne ne prononce ce genre de phrases que je suis devenu marine. Alors qu'elles sortent de ma propre bouche… J’en suis malade.
Trop. Beaucoup trop. Et encore, ça aurait pu être pire. Cela fait des années que Koneashima abrite le QG de la scientifique sur les blues et qu’ils développent des explosifs à flanc de volcan… Alors ils ont prévu tout un protocole à base de Pacifistas secouristes en cas d’accident. Ils ont pu isoler la coulée volcanique, déblayer les gravats et secourir ceux qui étaient coincés dans les décombres.

Quelle maigre consolation. Je peste intérieurement. Anticiper l’échec, c’est déjà échouer. Alors se réjouir de l’avoir fait… ? Quel dégoût ça m’inspire. Je n’ai pas que la mort du Commandant d’élite Quételle sur la conscience. J’ai celle de tous les habitants qui comptaient sur la marine pour les protéger, et à qui j’ai failli. Je pensais que TNT était le pirate le plus dangereux, pendant l’attaque… Mais aurais-je dû me concentrer sur Izumi ? Difficile d’estimer qui est le plus taré des deux et il est très possible que le Tempiesta, si laissé en liberté, aurait pu causer autant de dégâts. Je comprends également, par ses explications, que les pirates du Glouton sont parvenus à mettre la main sur la grixendre. Après tout, il est peu probable qu’ils aient tout utilisé simplement pour réaliser ce triste coup d’éclat. Non, malheureusement, s’ils se sont permis de le faire… C’est qu’ils ont justement du dévaliser l’université.

Ça ne sert à rien de vous en vouloir, Commandant. Vous avez fait ce que vous avez pu.

Justement. Je sais que ce touillage de couteau dans la plaie n’est pas son intention… Alors pourquoi ça fait si mal ? J’ai effectivement fait ce que j’ai pu. Je n’ai pas fait ce que j’aurais dû.

Désolé, tout le monde. Désolé de ne pas avoir été à la hauteur.


Dernière édition par Alex Raines le Dim 28 Aoû 2022 - 8:58, édité 1 fois
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A mon enterrement ne pleure pas, encore moins si tu n'étais pas mon ami.

D'aussi loin qu'elle se rappelait, ils n'avaient rien fait pour elle. Entre ceux voulant sa tête et ceux priant pour elle, les noms oubliés, le ressentit du temps n'était plus le même pour l'Armure depuis son retour des limbes. La plupart la prenait pour une idiote, mais elle avait bosser, plus d'une fois faillit y passer. Et Izumi était encore là, et Koneashima se souviendrait d'elle dans la postérité.

- De l'eau ! Strenght trouve moi de l'eau !
- Sarah, à tribord !

Du bruit, le calme de l'obscurité était troublé par un bruit sourd perçant, le voile de la nuit disparaissait lentement et avec la réalité, la douleur réapparue. Le cri perçant et cristallin de la demi-géante transperça les cieux, couvrant presque le bruit des canons.

- Un baillon ! Strenght elle vient cette eau?

Perdues, un poulet sans tête. Sa tête allait exploser, et pourtant elle ouvrit un œil, son index touchant en tremblant l'épaule de Rosa. Le regard paniqué de la Médecin se heurta à la froideur et la colère de sa Capitaine, à cet instant, Strenght déposa un seau d'eau aux pieds de l'ancienne Avengers. Les compresses et l'eau glacée atténuèrent la chaleur qui avait envahit le corps de l'Armure.

- Eli...

Le reste des lettres s'étouffent comme des murmures, lentement Izumi inspire par le nez. Doucement, l'emprise sur Menteuse, qu'elle n'a jamais lâchée des mains, devient plus ferme. Les larmes qu'elle chasse renforce sa détermination, un Capitaine n'abandonne pas son équipage. Ses filles, elle ne peut rester spectatrice, s'effondrer pathétiquement attendrait.

- Elizia.

Rosa s'arrêta un moment, pansant les plaies ouvertes et arrêtant le saignement du mieux qu'elle pouvait. Un tir de canon, dont l'origine devait appartenir aux navires de la marine devinait la primée, secoua le navire sur lequel elles se trouvaient.

- Je suis là, pas la peine de terroriser la seule médecin de l'équipage.

Intérieurement, Izumi hausse les yeux. Dans la réalité, elle affiche une dizaine de grimaces différentes en l'espace de dix secondes, avant de se retrouver épaulée de Rosa maintenant une main sur un bandage au niveau de son flanc, et de l'autre Elizia beuglant des ordres. Le fer se tord mais jamais ne se brise, malléable, alliage sacré, à l'instar de la libre capitaine, accrochée à la barre aux côtés de ses guerrières. Une analyse de la situation, le temps presse, le premier bon point c'est que l'équipage du navire est entièrement composé de ses troupes. Pas besoin donc de perdre du temps à convaincre de gré ou de force une autre faction de suivre les directives de l'Iron Fleet.

Et elles ne sont pas en fin de cortège mais au milieu, la position parfaite. Enfin si elles sortent de cet enfer, le temps entre les tirs de boulets et leurs explosions dans une gerbe d'eau se fait de plus en plus proche. La fièvre pourrait l'emporter que l'Armure ne s'arrêterait pas. Un plan, une idée.

La nature semble la favoriser, une nouvelle explosion provenant des profondeurs du volcan, et ce qui semble être un rugissement d'outre-tombe? Comme si la foudre avait parlé.

- Attention, navire de queue! Changez votre cap!

Fut le cri d'attention à destination des troupes de Glutonny. La roche noire fut expulsée du Volcan à une vitesse anormale, forçant la flottille de la Marine à changer de cap. Les larbins de l'ancien corsaire eurent moins de chance, touché à la proue, au fur et à mesure que le temps passait. Dans leurs fuite, il semblait évident que le troisième navire moyen semblait prendre l'eau. Et il était hors question de faire demi-tour.

- Les pages et la majorité de la cargaison de Grixendre est dans celui devant. C'est également pour ça qu'on reste à bonne distance, aucun envie d'exploser en cas de soucis.

Izumi grommela, et on l'aida à s'assoir à côté de la barre. Un autre bruit sourd, mais Izumi ne tenta pas de se relever. Les navires du Gouvernement Mondial, comme des charognards avaient entourés le navire qui lentement prenait l'eau. Le sort de ces âmes damnées ne l'intéressait pas le moins du monde. Ils étaient encore prit en chasse, et il fallait gagner du terrain. En scindant leurs forces, ils auraient plus de chance de survivre. L'horizon n'était pas si loin, encore fallait-il s'en rapprocher.

- Ici l'Armure, nous changeons de cap. Le Noble Glutonny a eu ce qu'il souhaitait, qu'il sache que c'est à l'Armure qu'il doit cette réussite.

Une pause.

- Nous prenons ce navire et ce que nous avons trouvés de poudre comme paiement pour travail accomplit. Ce qui est dérisoire, au vu des découvertes que pourra faire votre patron avec les pages arrachés à l'Université.

Et le den-den mushi est jeté en direction des profondeurs. Et alors que le soleil se couche lentement, irradiant d'un ton oranger le lointain, Izumi se laissa tomber dans un sommeil qu'elle avait largement méritée. Le navire réquisitionné par l'Iron Fleet partant à bâbord en ignorant toute protestations, tandis que le dernier navire de l'ancien corsaire partait à droite. Exsangue et privée d'une partie de ses troupes, occupés à aider la population civil de l'île, privé de leur officier. La Marine partie après les sbires du scientifique fou, sans jamais faire plus que d'éclabousser l'équipage et troué une voile du navire.

Armada c'était pas si loin que ça ... si ? A son arrivée, les journaux ne parleraient que d'elle. Et avec la reconnaissance de ses exploits, viendrait l'ascension dont elle rêvait tant.
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Plusieurs jours se sont écoulés.

Je parcours les ruines de l’université, claudiquant en m’appuyant sur une canne, tentant d’aider les équipes de marines qui déblayent les débris comme je peux sans rouvrir mes blessures. Je me fais jeter par la plupart des groupes, ils me disent qu’il faudrait que je me repose… Mais j’ai suffisamment attendu sans rien faire. Pire, même, chaque instant que je passe les bras croisés à me tourner les pouces est une occasion de ressasser ce qui s’est passé, de m’en vouloir de ne pas avoir fait mieux.
J’entre dans le grand atrium, et tombe nez à nez avec une équipe affairée à collecter les morceaux de l’imposante statue du 5 étoiles Mint Figura, détruite pendant l’attaque. Il est vrai qu’il s’agit de son île natale, alors l’affront fait au gouvernement mondial est d’autant plus grand. En plus de le trahir, Gluttony frappe là où ça fait mal et parvient à faire saigner.
Les journaux ne parlent que de ça. Et avec l’exposition de notre échec, viendront les remontrances que je crains tant.

Bordel. Ma carrière est fichue. Je me parle tout seul, à voix haute.
Allons, il ne faut pas dire ça.

Je me retourne subitement, surpris que quelqu’un soit présent dans la pièce. Je me pensais seul. Quand est-elle arrivée ? Pourquoi je ne l’ai pas entendue ? Mes yeux observent avec attention cet homme, grand, aux cheveux blancs et aux habits richement décorés. Je le reconnais immédiatement. Il faudrait avoir été élevé par des sauvages dans le trou de balle des Blues, c’est-à-dire en Amerzone, pour ne pas le reconnaître. C’est Ike Basara, membre des cinq étoiles. Je panique, j’hyperventile, je ne sais pas quoi faire. Me mettre au garde à vous ? Ce n’est pas un militaire, alors est-ce bien approprié ? Faire une révérence ? Me mettre à genoux et lui baiser les pieds ? Merde, personne ne m’a appris le protocole à respecter quand on rencontre un des hommes à la tête de l’organisation qui fédère les hommes à la tête de l’organisation à laquelle j’appartiens !

Euh… Je… Euh… Je balbutie et perds mes mots, comme un enfant. Puis, finalement, après avoir galéré pendant ce qui m’a semblé être une éternité, je me reprends. Monseigneur Basara, je suis le Commandant Raines, du G-3. C’est un honneur. J’aurais aimé vous rencontrer dans d’autres circonstances.

Je sais très bien qui vous êtes. C’est mon boulot de tout savoir, de garder un œil sur tout ce qui se passe. Il marque une pause, faisant rouler son pied sur un des gravats. Ces chiens de pirates n’y sont pas allés de main morte.
Je suis sincèrement désolé, votre honneur. Cet échec est inacceptable, et j’en assumerai les conséquences.

L’escargophone du 5 étoile se met alors à sonner. Ike Basara me fait un signe de la main, pour me faire comprendre de patienter, et décroche. L’animal prend alors la forme de son interlocuteur. Malgré le fait que ce soit un escargot, la ressemblance et les mimiques sont suffisamment frappantes pour que je le reconnaisse immédiatement. Après tout, il y a des fragments de son visage au sol. Je reste planté là, assistant, immobile, à une discussion dont le nombre d’étoiles dépasse largement le nombre que je pensais en rencontrer dans ma vie. La situation est lunaire.

BASARA ! Il est furieux.
Figura, quel plaisir de vous avoir. La voix de Basara change par rapport à quand il me parlait, passant d’une voix ferme et posée à un ton mielleux à la limite du sarcasme.
Je viens d’apprendre que vous étiez à Koneashima. Vous savez très bien que c’est mon île ! Vous essayez de me couper l’herbe sous le pied ?
Pas du tout, enfin ! Je suis le responsable média et image du Gouvernement Mondial, il est normal que je me déplace sur les lieux d’une telle catastrophe.


L’escargophone peste.

Quelle honte… L’île où je suis né, défigurée par ces animaux !
Vous ne croyez pas si bien dire, on dirait qu’ils vous ont fait passer un message ! Je suis à l’université, devant votre statue, elle est en mille morceaux !


L’escargophone vire au rouge. Mint Figura doit être dans une colère noire. Si Basara pouvait arrêter de jeter de l’huile sur le feu, je ne dirais pas non… Mais on dirait qu’il prend un malin plaisir à lancer des piques à celui qui est pourtant son homologue.

Des milliers d’hommes, une division de la scientifique, une division d’élite et des renforts de West Blue… Et pas fichus de protéger l’université alors qu’il s’agit d’un point de la plus haute importance stratégique ! Et pas fichus de protéger ma statue !
De nombreuses pertes civiles ont pu être évitées, ceci dit.
C’est dérisoire ! Une fois de plus, vous manquez de recul pour voir le tableau en entier, Basara ! Gluttony qui récupère la formule de la grixendre c’est une catastrophe qu’il aurait fallu éviter à tout prix ! A. Tout. Prix.

Oui, c’est effectivement épineux… Il continue avec sa voix de fausset, ce qui semble irriter un peu plus Figura. Ne vous inquiétez pas, je vais justement à la rencontre d’un des officiers qui a été en charge. Il tourne la tête vers moi, et tout en souriant me fait un coucou de la main. J’ai envie de crever. Quelles options me reste-t-il ? Déserter et devenir pirate ? Faire seppuku ? Deux options aussi attirantes l’une que l’autre et tout autant envisageables.
Assurez-vous qu’ils soient punis en conséquence. On en reparlera.

Il raccroche aussi sec. Je déglutis lentement, et je me mets à suer à grosses gouttes. Basara se rapproche de moi, et reprend son expression et sa voix d’avant.

Rassurez-vous, je ne suis pas venu ici pour vous faire envoyer à Tequila Wolf. Les vieux politiciens comme Figura pensent qu’ils ont une vision globale, mais en réalité ils manquent de perspective. Il marque une pause. Ce qui s’est passé est bien sûr désastreux, et cela me rend furieux de penser que ce gros porc de Gluttony puisse désormais se balader avec de quoi faire exploser la moitié de Grandline… Mais il a doublé tout le monde, nous les premiers, et nous n’avions pas anticipé une attaque d’une telle ampleur. Après tout, même un Commandant d’élite, bien que plus exactement dans la fleur de l’âge, n’a clairement pas fait le poids. Le Commandant Popov, de son côté, a également souffert en tentant de défendre l’université, sans grand succès. Alors je ne m’attendais pas à ce qu’un jeune Commandant de West Blue sans faits d’armes particuliers, placé en renfort pour empêcher d’éventuels troubles à l’ordre public, ne réussisse à s’illustrer sur champ de bataille.

Il marque une nouvelle pause.

Pourtant, vous êtes parvenus à appréhender TNT, un pirate dont la force et la réputation ne sont plus à prouver. Et ça, non seulement ça m’intrigue, mais ça me donne également une raison de vous féliciter. Quel intérêt de blâmer une jeune recrute capable de capturer une Supernova ?
Merci votre sainteté, mais… Je ne mérite pas vos félicitations. Monsieur Figura a raison. La priorité, c’était la grix…
Vous pouvez le tourner comme vous le voulez. Dans un monde idéal, tout le monde aurait été sauvé, la grixendre protégée et les pirates capturés. Mais nous ne vivons pas dans un monde idéal. Nous vivons dans un monde pourri, dans lequel pullulent d’innombrables raclures comme Gluttony, Izumi ou TNT. Et vous avez contribué à le nettoyer un petit peu, un déchet après l’autre. Petit pas par petit pas.
Monsieur Basara, où étiez-vous passé ! On vous cherche depuis tout à l’heure ! Un groupe de soldats paniqués que je devine être l’escorte du 5 étoiles, sans doute des Cipher Pol déguisés, débarque en trombe.
Oh, j’imagine que je me suis perdu. Voix de fausset à nouveau. Je commence à cerner le caractère d’Ike Basara, et pourquoi il excelle autant dans sa mission de chargé des relations publiques du gouvernement mondial. Intelligent, calculateur, à l’aise avec les gens comme avec les mots… Il renvoie l’impression de quelqu’un capable de mener le monde à la baguette. J’aurais imaginé quelqu’un dans sa position avec légèrement plus de noblesse… Mais pour le reste, c’est exactement comme on l’imagine.

Commandant Raines… Encore toutes mes félicitations pour la capture de Tempiesta. Continuez à être exigeant et ambitieux, la marine a désespérément besoin de jeunes officiers comme vous. Il tourne les talons et s’en va, entouré de ses gardes du corps.

Je reste planté là, me tenant toujours devant les morceaux de la statue du Mint Figura, pensif. Ses mots résonnent dans ma tête, me font réfléchir. Me poser des questions. Est-ce que je peux vraiment me contenter d’un résultat aussi médiocre ? Je n’ai pas vraiment le choix, car c’est un résultat à la hauteur de mes compétences. Dois-je pour autant me morfondre ? Non, effectivement. Si je n’avais pas été là, le bilan aurait été bien pire. Et c’est à ça que je dois me raccrocher. C’est la tristesse et la rage que me provoquent cette situation que je dois garder en tête quand je m’entraîne. Pour ne plus avoir à les ressentir à nouveau.

La défense de Koneashima aura été un fiasco pour la marine et les valeurs que je défends, avec pour seule mince lumière dans ces ténèbres l’arrestation d’une pointure de la piraterie. Une chose est sûre, c’est qu’il y a eu un Alex Raines pré-Koneashima et un Alex Raines post-Koneashima. Mes erreurs et mes défaites d'aujourd'hui forgeront mes victoires de demain. Izumi… Gluttony… Le mal incarné, qui erre sur ces mers en toute impunité.

Ma traque ne fait que commencer.
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