[Quête] Jurassic Fight

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海 軍

∆ Feat. Caramélie ∆


Les évènements ne cessaient de se succéder. Ambrosias souhaitait chasser des pirates, tel avait été le motif principal motivant son engagement dans la Marine. Aujourd’hui, on pouvait dire qu’elle était servie. Promue au grade de commandante et à disposition d’un immense vaisseau de ligne, le Béluga, elle s’était fait un petit nom sur Orange, l’île où elle était affectée. une fois encore, elle devait faire ses preuves pour montrer aux huiles qu’elle méritait la confiance qu’ils commençaient lentement mais sûrement à placer en elle. Le Colonel Shoga étant largement assez fort pour défendre le QG d’Orange et venant de le prouver suite à l’attaque des hommes de l’équipage du Chapeau de Fer, on avait fait comprendre à l’ancienne vétérinaire que ses jours sur East Blue étaient comptés. Ambrosias suspectait l’implication de la Commodore Hisoyashi de la division de la sous-marine. Quelque chose lui disait que cette jeune gradée souhaitait voir la grande brûlée rejoindre ses rangs. Grand Line l’appelait, elle le savait. Telle était la voie classique des officiers. Plus ils montaient en grade, plus ils avançaient sur les mers. La route de tous les périls était la suite logique, cela ne faisait aucun doute.


Contacté une fois encore par sa hiérarchie, le Colonel Shoga avait reçu l’ordre de faire naviguer la Commandante Ambrosias vers Logue Town. Sur place, elle était sensée prendre à son bord plusieurs centaines de prisonniers et les faire convoyer sur la route de tous les périls jusqu’Enies Lobby. Du moins, telle était la mission officielle. Les pirates remis aux soins de la militaire n’étaient autre que les membres de l’équipage du Houar. Quelques semaines auparavant, une opération conjointe de plusieurs corps de la Marine avait manqué de mettre la main sur leur capitaine, l’ancien Amiral Claes Gerritzon. Bien que leur navire ait été coulé, leur chef avait pris la soin avec une centaine d’hommes sur le Cimetière d’épaves. Feignant un énième convoi de petite ampleur, les huiles s’attendaient à voir le renégat attaquer le Béluga pour récupérer ses hommes. Connaissant particulièrement bien la force du capitaine pirate et souhaitant le voir périr une bonne fois pour toute, le Gouvernement avait mis sur l’agent d’Isigny sur l’affaire. escortée parla commandante Ambrosias, son rôle était de tuer gerritzon quand il viendrait libérer ses hommes. La militaire était l’appât et la membre du Cipher Pol le tireur d’élite embusqué.


En dehors de l’agent Minaro Alaaric, la brûlée ne connaissait pas de membre des opérations spéciales. Leur réputation légendaire avait cependant un peu pris du plomb dans l’aile à cause du pitre insupportable qu’était le pseudo-magicien. Se doutant que cet étrange énergumène devait être une exception, elle se fit un devoir d'accueillir Caramélie à bord de son bâtiment. Pour que personne ne puisse se douter de quoique ce soit, l’agent avait pris l’identité factice d’une jeune lieutenante arrivant sur sa première affectation. Une fois tous les prisonniers à bord et les consignes données, l’équipage avait pris la mer en direction de Reverse Mountain. Grâce au talent du navigateur, le sergent-chef Paracchini, la traversée n’avait pas été un problème et le Béluga était arrivé au Cap des Jumeaux en un seul morceau. Le soir venu, la capitaine avait proposé à l’agent d’Isigny de se joindre à elle pour un repas privé dans sa cabine. Les deux femmes n’avaient alors échangé que quelques mots et Ambrosias souhaitait en apprendre plus sur sa supérieure, tout comme sur ses consignes. À bord, la commandante était maître du navire, mais la réalité était bien que Caramélie pouvait disposer d’elle selon son bon vouloir. Non réfractaire à l’autorité, bien au contraire, l’ancienne vétérinaire était disposée à montrer patte blanche. Pour avoir rencontré personnellement Claes Gerritzon, elle savait ne pas faire le poids. L’aide de la membre du Cipher Pol serait inestimable. Quand cette dernière pénétra dans ses quartiers, elle attendit que la porte ne soit fermée pour la saluer.



« Je suis ravie que nous puissions enfin parler en privé. Souhaitez-vous que j’ouvre une bouteille de rouge pour aller avec votre pièce de veau ? »


S’il était vrai qu’Ambrosias était devenue végétalienne depuis qu’elle avait acquis les pouvoirs de son fruit, elle n’en était pas encore au stade du militantisme. pour le bien de ses hommes et le confort de son invitée, elle n’avait pas encore interdit la viande sur son bâtiment. Elle y pensait de plus en plus, mais elle ne pouvait pas se décider à passer le pas. Le moral en mer étant une chose particulièrement fragile, mieux valait faire en sorte de le garder intact. La discipline de fer du Béluga étant déjà source de tensions, mieux valait ne pas trop en rajouter selon elle.



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Dernière édition par Ambrosias le Ven 24 Juin 2022 - 18:35, édité 2 fois
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Cher journal,

Je repense souvent à ce qu’aurait pu être ma vie si j’avais poursuivi la voie dans laquelle m’avaient engagé mes parents, et si j’étais devenue l’officier de la marine qu’ils souhaitaient.
A défaut de commander moi-même des navires, j’ai pris l’habitude de voyager très régulièrement à leur bord, que ce soit pour me rendre sur le lieu d’une mission ou pour en exécuter une, et le statut privilégié d' « invitée de marque en dehors de la hiérarchie classique » est toujours très appréciable ! En plus, cette fois, je me paie le luxe de porter un uniforme ! J’ai toujours aimé les uniformes, ça donne un charme particulier aux gens et ça renforce l’esprit de groupe !  Je m’amuse à m’imaginer, officier sur mon bâtiment, à regarder ma petite main d’œuvre s’activer tandis que des sous-officiers plus au fait que moi de la manière dont on fait avancer un navire donneur leurs instructions en mon nom.

Outre le fait de ne pas avoir besoin de donner ou de recevoir trop d’ordres, le statut d’invitée et de « botte secrète » que j’occupe encore aujourd’hui m’apporte un avantage notable : l’accès à la table de la capitaine ! C’est un élément très important dans un navire, non seulement pour le confort qu’il procure mais également pour jauger des goûts et de la philosophie de vie du maître à bord.
J’ai connu de tout : des tables frugales aux festins orgiaques, de ceux qui font manger leurs convives assis sur des tatamis jusqu’à ceux qui confondent leur bâtiment avec le Baratie, en passant par les pires : ceux qui veulent montrer à quel point ils sont sévères et spartiates. Expérimenter les tables des capitaines de la marine, c’est comme effectuer un deuxième voyage dans le voyage, et découvrir des pratiques culinaires inattendues.

Je retrouve la commandante Ambrosias à l’heure du dîner. Je suis encore vêtue de mon seyant manteau de la marine blanc, posé sur mes épaules, contrastant de manière incongrue avec l’aspect chic, décontracté et résolument civil de ma robe patineuse bleue à la coupe chic et moderne. La commandante colle tout à fait avec l’idée que je me fais des membres de la marine d’élite, avec son assurance, son allure de baroudeuse et ses profondes balafres. Sa table est digne de louanges en revanche, tout comme ses manières si l’on oublie l’odeur persistante de tabac qui imbibe de manière discrète mais tenace ses appartements, et je constate avec plaisir qu’elle est une adepte de la cuisine des bonnes sociétés !
Je prends place face à elle, et la gratifie d’un de ces sourires charmants dont j’ai le secret :

« - Avec plaisir, je suis curieuse d’expérimenter vos goûts en matière de vin ! Qu’avez-vous à me suggérer ? »

Pas une grande viandovaure mais bien éduquée, la bonne tenue à table fait partie de l’adn de toute noble qui se respecte, et c’est même le lieu par excellence où l’on met en exercice ses bonnes manières ! A l’exception notable du thé et du chocolat que je suis capable d’engloutir en des quantités déraisonnables, je suis une gourmette plus qu’une gourmande et j’aime savourer la nourriture en petites portions, comme de précieuses découvertes.

Nous échangeons quelques banalités autour de nos assiettes, notamment à propos du navire atypique qu’est le Béluga. Puis nous dérivons sur le sujet qui nous a réunies pour cette mission.

« - Vous avez une certaine expertise à propos de l’adversaire que nous nous préparons à rencontrer J’en ai eu un portrait succinct via mes briefings, mais je suis certaine que vous pourrez m’en dire davantage. Quels sont ses atouts, notamment maintenant qu’il a perdu le navire qui faisait sa célébrité ? »
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∆ Feat. Caramélie ∆


Le moins que l'on puisse dire, c'était que la membre du Cipher Pol avait de bonnes manières. Elle rappelait Lord de Mistoltin à Ambrosias. Soucieuse de rester concentrée sur son travail, elle balaya aussi vite qu'elle le pouvait cette pensée de sa tête. Il était hors de question qu'elle pense à Althias en ce moment. Elle en avait, très envie, tout comme de le revoir, mais c'était hors de question. La simple vue de l'agente lui rappelait combien ses propres origines étaient modestes. Fille d'une bergère et d'un illustre marin inconnu, elle n'était personne. Même quand elle était une notable sur Tanuki après devenue vétérinaire, elle n'était personne. Aujourd'hui commandante de son propre bâtiment, elle s'estimait toujours assez insignifiante, particulièrement face à la crème de la crème du Gouvernement Mondial.


« Je crains malheureusement de vous décevoir si vous placez de trop grands espoirs concernant mes connaissances en œnologie. J'aime le vin, mais je tiens plus de la néophyte passionnée que de la spécialiste. Quoiqu'il en soit, je pensais à un Brelock millésimé 1621. Mon quartier-maître en avait acheté deux bouteilles lors de notre dernier passage sur South Blue et je l'avais particulièrement apprécié. J'espère que cela vous conviendra. »


Pendant que Caramélie prenait place, la militaire alla chercher ladite bouteille et se hâta de l'ouvrir. Avant que les deux femmes ne puissent apprécier le spiritueux, Ambrosias le transféra dans une carafe à décanter. Un peu de patience rendrait l'expérience bien plus agréable, du moins c'était ce que lui avait appris le sergent-chef Paracchini. Connaissant son amour pour le bon vin, la jeune femme lui faisait confiance à ce sujet. S’asseyant à son tour, la capitaine du Béluga commença par avaler quelques tranches de pain toasté avec du chèvre grillé. Cette recette, bien que très simple, faisait de loin partie de ses péchés mignons. La discussion s'engagea entre les deux femmes autour du repas et une fois le vin prêt, il ne manqua pas d'être servi. Lorsque l'espionne mentionna Claes, Ambrosias se redressa sur sa chaise. Elle regarda son assiette quelques instants, l'air pensive.


« Je ne pense pas qu'on puisse me qualifier d'experte en ce qui concerne les hommes du Houar et leur capitaine. Lors de l'opération au Cimetière d'épaves, je n'étais que le petit rouage d'une grande machine. Pour tout vous dire, je suis assez étonnée d'être ici à la place du Commodore Epinondas. Pour vous répondre, je pense que la force de Gerritzon et son statut d'ancien membre de l'amirauté sont les raisons principales de sa célébrité et de votre présence ici. »


Cherchant dans ses souvenirs, la commandante se lança à la recherche d'un élément qui pourrait aider l'agent d'Isigny. Tournant sa fourchette dans son assiette, elle se remémora mentalement les événements de l'attaque du Houar.


« Il y avait bien quelque chose... Quand le capitaine a bondi à l'eau pour défendre son navire contre le cachalot que j'avais convaincu de le couler, d'un coup d'un seul, il l'a mis hors combat. De la même manière, lorsque je me suis retrouvée face à lui, un simple coup de sa part a suffi à m’assommer. Son poing était étrange, comme s'il était devenu noir et dur comme l'acier, mais je n'en sais pas plus. »


Sans le savoir, Ambrosias décrivait à Caramélie les caractéristiques évidentes du Haki de l'armement. Pullulant sur le Nouveau monde et très répandu sur Grand Line, il était cependant presque inconnu des blues où la jeune femme opérait jusque-là. Il était donc normal qu'elle ne comprenne rien de l'attaque qui l'avait mise aussi facilement au tapis.



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J’échange avec la commandante un regard complice :

« - Si vous voulez mon avis, vous êtes ici parce que vous avez un potentiel que le commodore Eponidas n’a pas. J’ai un grand respect pour cet homme que je ne connais pas personnellement, mais votre hiérarchie ne vous enverrait pas sans lui si elle n’était pas parfaitement sûre de vos capacités. »

Je lui adresse un sourire taquin :

« - C’est soit ça, soit nous sommes en train d’exécuter une basse besogne indigne de lui ! »

Je me laisse aller à un rire amusé ! Je suis bien obligée de redevenir sérieuse cependant, lorsque vient la question de la capacité « spéciale » de notre cible. Je reste un instant pensive, en essayant de mobiliser ma mémoire pour me souvenir où j’ai déjà eu affaire à des démonstrations similaires. Ça m’évoque ma mission sous-marine à Clock Work Island en particulier, où j’ai eu l’occasion de faire équipe avec un utilisateur d’une technique semblable, et pire encore d’affronter une sommité du monde pirate dont les coups dévastateurs -et noirs et durs comme l’acier- écrasaient ce qu’ils rencontraient, y compris les logias.

« - Mmmh. Mauvaise nouvelle. Si c’est ce à quoi je pense, notre amiral déchu sera un adversaire vraiment dangereux. Mais ce n’est pas non plus une si grande surprise : c’est un art martial très répandu dans les hautes strates de la marine et de la piraterie. Ce qui me contrarie, c’est qu’il faudra plus qu’un fruit du démon pour nous mettre à l’abri toutes les deux. »

J’ai un geste de la main, l’air de dire : on verra bien.

« - Poings noirs ou pas il ne faudra pas le sous-estimer, et ne surtout pas chercher à l’affronter seule que ce soit vous ou moi. Si nous en avons le temps pendant la traversée, et si vous le voulez bien, je serais ravie d’essayer de travailler un peu notre jeu d’équipe afin d’être capables de nous coordonner efficacement. »

J’ai un instant de silence le temps de me servir dans mon assiette et d’apprécier tranquillement une bouchée de l’accompagnement de légumes avant de reprendre, enthousiaste :

« - C’est décidé, je vous invite à un entraînement demain ! Y a-t-il un endroit qui conviendrait sur votre vaisseau ? »

♦♦♦♦

« - Vous avez encore bougé madame Rossi. S’il vous plaît, essayez de rester en place quand j’envoie mes attaques ! »

La première classe Rossi, qui a eu l’amabilité d’accepter de participer à notre entraînement -ou plus exactement de nous servir de mannequin d’entraînement- reprend sa place en gémissant. Elle a l’air de regretter son choix mais elle a tort : c’est en côtoyant les meilleures que l’on apprend !
J’adresse à ma partenaire à côté de moi un nouvel encouragement enthousiaste :

« - On réessaie ! Commandante, il faut que vous fonciez sur elle à travers mon nuage de gaz. Je ne peux pas vous immuniser à ses effets, mais je peux tâcher de l’écarter de vous pour vous en préserver si je m'habitue à votre vitesse. Ensuite on essaiera encore de s’entraîner à maintenir madame Rossi dans le nuage avec nos techniques combinées. C’est parti ! »

Aidée d’un grand mouvement de bras (autant pour la frime que pour faciliter la dispersion), je déploie un large nuage de gaz parfaitement inoffensif si ce n’est la délicate odeur d’eucalyptus qu’il dégage et qui, quand on en est inondée comme c’est le cas de la pauvre première classe Rossi, peut vite devenir incommodante.

« - Commandante ! »

Je jette un regard plein de reproches à l’importun qui vient de nous interrompre, un sous-officier aux cheveux longs qui serait plutôt mignon s’il n’avait pas la peau abîmée par l’abus d’alcool. Il me rend mon regard : visiblement je n’arrive pas à cacher que je suis une fraude dans cet équipage qui commence à bien se connaître. Tout en adressant le salut de rigueur à sa cheffe, il annonce :

« - Navire en vue. Ils viennent dans notre direction. »
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∆ Feat. Caramélie ∆


Une capacité connue des membres haut placés et des supernovas ? Ambrosias trouvait étrange qu'un tel art ne soit pas plus connu. Le maîtriser était une chose, le connaître en étant une autre. S'agissait-il d'une chose trop dangereuse pour être médiatisée sans risque ? Les réponses de l'agente d'Isigny restaient incomplètes mais la militaire savait devoir s'en contenter. Elle accepta bien sûr de s’entraîner en sa compagnie le lendemain et lui annonça que la chose aurait lieu sur le pont du navire. Le Béluga n'avait aucun autre endroit adapté à cela de toute manière. Le fait de pratiquer à la vue de tous ne manquerait pas de faire sauter la couverture de Caramélie, mais ce n'était pas très grave. Que l'équipage soit au courant une fois en mer ne posait pas vraiment problème. Dans le calme et la bonne humeur, le repas se termina un peu moins d'une heure plus tard et l'ancienne vétérinaire alluma un cigare, seule dans sa cabine. Le dos enfoncé dans son fauteuil, elle réfléchissait à tout cela. La raison de sa présence ici continuait de l'étonner. Pourquoi pas le commodore Epinondas ? Pour avoir fait ses recherches, elle savait à présent qu'il détenteur du logia du sang. Pourquoi un homme comme lui, plus gradé de surcroît, n'était-il pas présent ? Fallait-il y voir une tentative de la Marine de leurrer les pirates comme elle le supposait ? Le fait de devoir obéir aux ordres sans toujours les comprendre était parfois frustrant. Malheureusement, Ambrosias savait ne pas avoir le choix, elle ferait donc ce qu'on attendait d'elle sans poser de questions.


Après une courte nuit durant laquelle elle ne réveilla à de nombreuses reprises à cause de son inquiétude pour les événements à venir, la capitaine du Béluga prit un rapide petit-déjeuner et alla rejoindre la membre du Chiper Pol sur le pont. Les deux femmes commencèrent à s’entraîner, s'expliquant l'une et l'autre leurs pouvoirs respectifs. Ambrosias ne cacha pas son étonnement en apprenant que l'agente était détentrice des pouvoirs du fruit du gaz. Tout comme Epinondas, c'était une logia, ce qui la rassurait tout de même beaucoup. Caramélie avait beau dire que Claes était un adversaire trop puissant pour être affronté seul, le fait de savoir que l'espionne était si puissante était une vraie bénédiction. La militaire confia quant à elle sa capacité à parler avec tous les animaux et son aisance avec les cordes. S'en suivirent plusieurs mises en contexte durant lesquelles la pauvre première classe Rossi servit honteusement de cobaye. Il aurait été sot de dire que les deux femmes savaient déjà travailler ensemble, mais au moins, lorsque les choses sérieuses commenceraient, elles ne se décourageraient pas l'une et l'autre. La connaissance étant une arme redoutable, Ambrosias saluait l'initiative de l’agente d'Isigny.


Comme la chose était cependant à prévoir, le calme relatif dans lequel évoluaient le Béluga et son équipage ne tarda pas à disparaître. Le sergent-chef Paracchini interrompit ses supérieures pour annoncer qu'un navire entamait une manœuvre d'approche. Légèrement en sueur, l'ancienne vétérinaire enfila sa veste blanche et sortit sa longue-vue tandis qu'elle montait sur le gaillard arrière. Après quelques longues secondes d'observation, elle distingua en haut du mât principal de la frégate qui approchait le pavillon des hommes du Houar. Gerritzon ne cherchait pas se cacher, comme à son habitude, il évoluait à visage découvert. Ses intentions étant aussi claires que de l'eau de roche, Ambrosias rappela ses hommes au poste de combat. Tandis que Dario se mettait à la barre, le Béluga changea de cap pour anticiper l'approche du navire ennemi et offrir un bel angle de tir sur tribord. Dans les ponts inférieurs, les marins s’activaient pour préparer les canons. Rapidement, l'ennemi se retrouva à la merci des tirs du Béluga, mais sa capitaine ne donna pas l'ordre. Ambrosias ne voulait pas que Claes puisse fuir, elle ne voulait donc pas causer de trop lourds dommages à son bâtiment et le voir fuir avant que l'abordage ne commence. De longues minutes passèrent avant les bouches à feu ne fassent parler la poudre. Les détonations brisèrent le silence relatif tandis qu'un déluge de plomb s’abattait sur la frégate. Après trois salves, le navire ennemi avait déjà subi des dégâts non-négligeables. Virant lui aussi de cap, il tira à son tour. Sa puissance de feu était certes moins grande que celle du Béluga, mais elle demeurait dangereuse malgré tout et une dizaine de marins perdirent la vie avant que les deux navires n'arrivent au contact. Les grappins volèrent de part et d'autre.



« Restez à bord ! »


Ambrosias voulait que les pirates se lancent à l'abordage pour venir libérer les prisonniers. Comme il était à parier que Claes viendrait en personne, le piège se refermerait alors sur lui et Caramélie pourrait entrer en action. Dégainant Cœur d'Acier, la militaire attendit que les premiers forbans se lancent à l'assaut avant de se jeter dans la mêlée. L'affrontement était violent et les ennemis déterminés, mais leur infériorité numérique était écrasante. Pour un pirate, il y avait deux, voir même trois marins. Pour équilibrer le tout, l'ancien amiral Gerritzon ne tarda à monter à bord du Béluga, attira de suite l'attention des deux femmes. Reconnaissable à son cache-œil, Claes se retrouva bien vite nez à nez avec le sergent-chef Paracchini qu'il envoya au tapis d'un unique uppercut. Grimaçante, Ambrosias jeta un regard vers Caramélie.



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Cher journal,

L’affrontement est arrivé beaucoup plus vite que je ne l’aurais cru. Tant mieux sans doute : cela m’épargne tout le stress inévitable avant une situation dangereuse. Sans parler des salves de boulets, redoutables et meurtrières, que je redoutais un peu ! Affichant une sérénité qui ne reflète pas tout à fait mon état d’esprit intérieur mais que je sais parfaitement feindre, j’assiste à l’abordage aux côtés de la commandante Ambrosias ; en tant que pièce maîtresse secrète de notre plan, j’ai conscience d’avoir le rôle de rassurer mes compagnons de mission en ayant l’air sûre de moi et de nos chances de réussite. Ce qui n’est pas totalement faux après tout : rares sont ceux qui peuvent rivaliser avec les surhommes et les sur-femmes qui maîtrisent le rokushiki ! Même parmi la marine ! … A part les gros pontes comme les membres de l’amirauté évidemment… ou ex membres, merci de me le rappeler journal…

Bien contente en tout cas de ne pas être une véritable lieutenante qui aurait dû se retrouver en première ligne plutôt qu’ici, j’apprécie avec un œil de spectatrice curieuse et intéressée le début de l’abordage qui a ceci de singulier que les deux équipages font preuve d’une certaine discipline : même les pirates, commandés par un ancien officier expérimenté, procèdent à l’attaque dans un bon ordre qui ne facilite pas la tâche des nôtres !
Un frisson me parcourt lorsque je reconnais au milieu des combattants la grande silhouette de cet homme brun au regard froid et à l’œil unique, qui ressemble parfaitement à son portrait sur les avis de recherche. Le capitaine pirate Claes Gerritzon est à bord.

A l’anxiété succède le soulagement, et même la satisfaction : notre piège a fonctionné ! Je sens le regard de la commandante se poser sur moi et je lui réponds avec un sourire satisfait :

«  - C’est à nous de jouer on dirait ! »

Je fais voler ma cape derrière moi dans un mouvement de bras alliant classe et élégance, et bondis sur la rambarde. Après une petite seconde le temps d’assurer ma posture (comment ça journal « je fais ma poseuse ?! » absolument pas ! C’est très important de soigner les apparences quand on veut faire les choses bien ! Il n’est pas question qu’après mon départ les occupants du Béluga puissent associer au Cipher Pol des qualificatifs tels que « étrange énergumène » ou « pitre insupportable » !!).

Bref, après qu’un journal importun ne m’ait interrompue, je génère entre mes mains une boule de gaz concentré. Une fois satisfaite de sa composition je la laisse doucement décoller, s’élever dans les airs, et je la guide en direction de la ligne de combattants d’où émerge toujours notre cible qui casse des figures avec entrain ! Le sous-amiral déchu est comme un démon qui bondit, se rue sur ses adversaires, les renverse, leur décoche des coups de poing d’une vitesse et d’une violence effrayantes, et change de cible avant même que la précédente ait eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait !

Soudain, je projette la boule de gaz dans sa direction avec une rapidité et une puissance décuplées : elle s’écrase au sol et se met à répandre un épais nuage de couleur jaune pâle qui sent bon le citron meringué, sans trop de considération pour les dommage collatéraux. Le mélange de gaz caradort aux effets soporifiques et parfumants a un effet presque immédiat sur quelques-uns des pauvres combattants qui se trouvent à sa proximité immédiate, mais Gerritzon est d’une autre trempe ! Ayant identifié la menace, il balaye l’air devant lui avec le bras et se couvre le nez et la bouche avec sa manche, tout en bondissant sur le côté pour essayer de se mettre à l’abri. Puis il commence à se déplacer à bonne vitesse pour s’écarter du nuage… qui se met à le suivre !

Dans le même temps, suivant notre plan d’attaque numéro un « Manœuvre Citron meringué », Ambrosias a rejoint le pont où se déroulent les combats et s’avance vers lui. Je prends soin d’écarter les gaz nocifs (mais qui sentent la délicieuse pâtisserie) sur son passage, et lui laisser le champ libre jusqu’à notre cible qui a d’autres soucis à considérer : mais pourquoi donc les volutes de gaz semblent s’acharner à vouloir contourner ses barrières et à s’engouffrer sans son nez ?! Hihihihi !
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∆ Feat. Caramélie ∆


Le duo formé par Caramélie et Ambrosias était loin de travailler en parfaite harmonie, malgré tout le fait d'avoir anticipé la chose en s’entraînant leur permettait de ne pas se découvrir mutuellement sur le tas. Parcourant l'écart la séparant de Claes, la vétérinaire l'attaque avec son meitou. Les mains noircies de l'homme attrapèrent la lame comme s'il s'agissait d'un vulgaire morceau de bois. Tentant tant bien que mal de retirer l'arme pour s'écarter de Gerritzon qu'elle trouvait trop dangereux, elle jurait intérieurement. L’œil unique de l'ancien militaire vint trouver le regard de la commandante. Il semblait froid et déterminé, bien plus que lors de leur dernière rencontre au Cimetière d'épaves.


« Commandante Ambrosias, vous avez quelque chose qui m'appartient. »


Tirant sur son arme de toutes ses forces, elle n'arrivait pas à sortir de l'étreinte de l'ancien amiral. Cela n'avait absolument aucun sens, comment pouvait-il être si puissant ? Fort heureusement, le gaz de l'agent d'Isigny trouva un chemin jusqu'au pirate et l'obligea à fuir. Plus précautionneuse, la militaire se lança à sa poursuite. À chaque fois qu'elle attaquait, l'homme esquivait ou contrait mais il ne cherchait pas à se débarrasser d'elle. Trop concentrée sur le combat, elle ne se rendit pas compte que l'homme ne faisait que gagner du temps. Voyant une ouverture quand Claes esquivait une nouvelle attaque de Caramélie, la grande brûlée se rua vers l'avant et sa lame effleura la joue du forban. Quelques gouttes de son sang tombèrent au sol alors qu'il s'arrêtait en tournant la tête vers la commandante. En un éclair, l'homme désarma son adversaire et lui balaya les jambes. Son dos heurtant le plancher avec fracas, Ambrosias chercha à se repositionner pour se relever, mais Claes était déjà sur elle, la toisant de tout son haut. Son poing se durcit à mesure qu'il s'assombrissait avant d'amorcer une attaque vers la militaire. La sauvant in extremis, Caramélie envoya ce qui semblait être un rayon de gaz explosif vers l'ancien membre de l'amirauté. Bien obligé de penser à sa protection, ce dernier se protégea plutôt que d'attaquer la commandante. Bras croisés face à lui, ses manches terminèrent en lambeaux, mais son sourire narquois était toujours bien en place.


« Je pense que la comédie a assez duré. »


Alors que l'agente secrète se lançait elle aussi dans la mêlée, Ambrosias, qui avait un peu de répit, remarqua enfin ce qui se passait réellement. Avec effroi, elle vit qu'Uluç Ali Pasa se trouvait sur le pont de la frégate. Comprenant que Claes n'avait fait qu'attirer l'attention sur lui pour permettre la libération de ses hommes, la commandante ordonna à ses hommes d'attaquer le navire ennemi. Malheureusement pour elle, les grappins n'étaient plus en place et la frégate commençait déjà à s'éloigner. Faussant difficilement compagnie à Caramélie, le capitaine pirate se jeta à bord de son bâtiment au dernier moment, après un magnifique saut digne des aventures de roman les plus folles.


« Bordel... Feu sur tribord ! Coulez-moi ce navire !!! »


Les bouches à feu ne tardèrent pas à faire pleuvoir une pluie de boulets sur l'ennemi. Après quelques salves dévastatrices, la frégate de Gerritzon commença à faire peine à voir. Malheureusement pour les représentants du Gouvernement Mondial, son navire était plus rapide et distançait comme il pouvait ses poursuivants. En sueur et le souffle court, Ambrosias se rendit aux côtés de Caramélie l'air dévastée.


« On s'est fait avoir comme des bleus. Nous avons échoué... »



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Lorsque les derniers tirs se perdent dans l’eau, nous regardons avec un air dépité le vaisseau pirate s’éloigner au loin. L’équipage du Béluga a été extrêmement réactif et a sévèrement canonné nos assaillants, avant d’entamer aussi sec une manœuvre pour prendre en chasse les fuyards. Je n’ai pas été en reste non plus, et mes tirs de gaz explosif ont littéralement soufflé la cabine du capitaine !!  Hélas, le temps d’effectuer notre demi-tour, le navire des pirates, plus petit et plus rapide, a déjà eu le temps de mettre une bonne distance entre lui et nous.
Bon, mission échouée je suppose ? On a plus qu’à rentrer à la base, et expliquer à nos supérieurs qu’ils auraient mieux fait d’envoyer le commodore Eponidas à notre place !

Je remonte le pont en tâchant de nettoyer mon bazar gazeux (mais au parfum agréable !). J’assène une double dose aux quelques pirates qui dorment comme des bienheureux sur le pont, ou qui ont simplement été abandonnés par leurs complices durant la fuite. Je m’efforce également de délivrer les quelques pauvres victimes collatérales de mes nuages soporifiques (mais qui sentent bon) que je disperse au-dessus de la mer. Autour de moi, les marins s’occupent des blessés et des quelques victimes.
Je suis finalement rejointe par la commodore Ambrosias, morose :

« On s'est fait avoir comme des bleus. Nous avons échoué... »
- Et on ne pourra même pas prétendre qu’on les as juste pas croisés et que le plan n’a pas fonctionné : ils nous ont même repris nos otages !

J’avoue que c’est fâcheux. Je sais que je n’en ai pas toujours l’air, mais j’aime le travail bien fait (ne t’avise pas de commenter cet aspect, journal !). Déjà que laisser échapper un groupe de criminels me déplait, si en plus ces criminels sont des déserteurs de la marine, ça tourne presque à l’affront ! J’essaie donc de me creuser les méninges pour trouver une solution. Hélas je ne suis ni marine ni navigatrice, et mes connaissances dans le domaine sont plus que limitées ! Mon domaine, c’est plutôt la traque en milieu urbain !

Tandis que je rumine mes pensées, nous sommes rejointes par les principaux sous-officiers du Béluga. Ils nous confirment que la situation n’est pas très brillante :

« - A cette vitesse, ils nous auront semés en quelques heures. Et ensuite… » le marin soupire « pour peu qu’ils changent de cap, on ne les retrouvera jamais.
- Avec ce qu’on leur a mis pendant l’échange de tirs, ils ne pourront pas aller loin. Ils vont être obligés de s’arrêter le temps de réparer leur navire. Ce serait de la folie de naviguer sur la Route de Tous Les Périls avec un bâtiment à demi détruit !
- Snick ! », commente le rat dont personne n’a l’air choqué de la présence parmi notre groupe d’officiers et sous-officiers, alors je fais semblant de trouver ça normal.
- Vous avez une idée de l’endroit où ils pourraient faire ça ? Préparés comme ils sont, j’imagine qu’ils ne fuient pas au hasard. »

L’officier déplie une carte beaucoup trop complexe à décrypter pour une novice de la navigation comme moi, et un log pose.

« - Il y a plusieurs îles cartographiées dans les environs, à quelques jours de navigation les unes des autres. En revanche, impossible de savoir précisément laquelle ils visent puisque notre log pose ne pointe pas sur la même cap qu’eux. On peut même supposer qu’ils comptent mettre en rade sur une autre île connue d’eux seuls. »

Je réfléchis un moment, et demande :

« - De toute façon, il n'est pas question d’abandonner sans essayer ! On doit les poursuivre, et cette fois on ne les sous-estime pas : on tire à vue. Qu’en pensez-vous commandante ?

♦♦♦♦

Cher journal,

Facétieuse et bien nommée, la Route de Tous Les Périls nous a gratifiés d’une tempête qui a soufflé toute la nuit ! A un moment, je crois même qu’il est tombé de la neige chaude !! Épuisée, j’ai réussi à dormir quelques misérables heures entre l’aurore et l’aube. Hélas à mon réveil une autre mauvaise nouvelle attendait notre groupe dépité : plus aucune trace de notre navire pirate ! La tempête nous a séparés !
Je continue de penser qu’on aurait dû laisser le commodore Eponidas venir à ma place. Il n’aurait surement pas été plus efficace, mais ce serait lui et pas moi qui aurait eu une son dossier écorné d’une mission échouée !

Notre conseil de bord envisage les quelques possibilités qui nous restent. Peut-être de faire le tour des îles une par une, dans l’espoir que nos cibles y seront encore quand nous les trouverons. Encore faudrait-il trouver les îles en question, sans log pose pour y parvenir !
Et puis soudain : j’ai une idée :

« - Pardonnez mon amateurisme en navigation, mais je me demandais : je sais que la tempête a soufflé fort et longtemps, mais elle n’a pas pu nous séparer à ce point ?
- Il se pourrait que si. Puisque la vigie ne voit rien à l’horizon, ils pourraient se trouver à des dizaines ou des centaines de milles dans n’importe quelle direction.
- Mais si on lui offrait un point de vue plus en hauteur, elle aurait peut être une chance de les voir ? »

Un sourire réjoui illumine mon visage et je leur demande :

« - Avez-vous déjà entendu parler des montgolfières ? Et question numéro deux : avez-vous déjà volé dans l’une d’elles ?
- Une mongol-quoi ?
- Snick ?

Je cache avec peine ma déception. Mon éclair de génie aurait mérité des hourras d’approbation !

« - Pour peu que vous ayez un câble assez long pour me relier au navire, je pourrais générer assez de gaz pour me transformer en un nacelle volante capable de transporter votre meilleur observateur jusqu’aux nuages !  
C’est décidé, on va faire ça ! »


Je désigne la sirène du groupe, et pas du tout parce que je suis curieuse d’en rencontrer une de plus près !

« - Lieutenante Constance, vous voulez monter avec moi ?
- C’est-à-dire… je suis plus dans mon élément dans l’eau que dans les airs…
- Docteur Loréada alors ? Je suis sûre que vous seriez d’une aide avisée !
- Eh bien… mes patients ont besoin de moi en bas. Et si jamais nous venions à tomber, ou à nous retrouver séparées du navire…

Il me reste qui ? La ninja effrayante ? Le robot ? L’alcoolique ? Le rat ? Lui au moins, il ne me dira pas non !

« - Snick snick ! »

Je soupire. Puis, l’air de rien, j’adresse mon plus charmant sourire-auquel-on-ne-peut-pas-dire-non à la dernière membre du groupe :

« - Bon… il ne reste plus que vous commandante ! »
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∆ Feat. Caramélie ∆


L’impossibilité de mettre la main sur les forbans ayant pris la fuite peu avant la soirée faisait littéralement enrager Ambrosias. La jeune femme avait bien tenté de se servir des pouvoirs de son fruit pour traquer les pirates, malheureusement, une impressionnante tempête avait rendu la chose impossible. Les oiseaux étaient trop secoués et les mammifères marins avaient du mal à poursuivre la frégate. Résultat des comptes, la mission semblait se transformer en échec cuisant qui ferait oublier la capture du second de Glutonny. Il était moche de se focaliser à ce point sur sa carrière, mais la commandante n’était pas dupe. S’il était parfois facile de monter les échelons de manière fulgurante, la chute n’en était toujours que plus dure. Au moindre échec, l’ascension se transformait en plafond de verre indestructible et l’État-major pouvait devenir la pire des garces. Les exemples ne manquaient pas et Ambrosias n’avait aucune envie de finir sa carrière sur une île minable de laquelle elle ne pourrait plus jamais sortir.


Attentive aux paroles de l'agent d’Isigny, la vétérinaire haussa un sourcil quand elle lui proposa de l’accompagner. La militaire hésita quelques secondes en levant les yeux au ciel. Sa maîtrise du rokushiki était encore balbutiante, particulièrement en ce qui concernait la technique permettant de se déplacer dans les airs. Le geppou était particulièrement complexe à maîtriser et Ambrosias était loin d’être une experte en la matière. Si les femmes venaient à tomber, la commandante avait peur de ne pas vraiment savoir contrôler la chute. Quoiqu’il en soit, elle savait ne pas avoir réellement le choix.



« Très bien, allons-y. »


Un brin dans l’expectative, le sergent-chef Paracchini observa les deux femmes avant de hausser légèrement les épaules. En peu de temps, les hommes sortirent une longue aussière d’environ trois cents mètres qui ferait office de lien entre les voltigeuses et le Béluga. S’approchant de Caramélie, Ambrosias noua la corde entre elles avant que plusieurs marins ne l’attachent autour du mât principal. Quelques instants plus tard, la vétérinaire sentait son corps décoller. S'agrippant fermement à l’agent d’Isigny, elle ferma les yeux quelques instants le temps de retrouver son calme. L’expérience était particulièrement dérangeante et la militaire n’était pas sûre du tout d’aimer voler. Malgré tout, le fait de se trouver si haut dans le ciel permettait effectivement d’avoir un champ de vision extrêmement élargi. Sortant sa longue-vue tandis que sa consœur s’occupait de l’altitude, Ambrosias fit le tour de l’horizon durant de longues minutes. En s’abîmant les yeux au maximum, elle distingua au loin une île se dessinant en limite de vision. Détaillant les alentours durant un moment, elle vit qu’un navire y avait fait naufrage. Comprendre qu’il s’agissait de la frégate traquée par le Béluga ne prit que quelques instants.


« On les tient ! »


Quand les deux femmes redescendirent, Dario ne tarda pas à comprendre que l’île en question n’était autre que Little Garden. Ambrosias en avait déjà entendu parler quelques années plus tôt, mais jamais elle n’avait eu l’occasion de s’y rendre. Se tournant vers Caramélie, la vétérinaire semblait plus déterminée que jamais.


« Nous débarquerons en compagnie de la section Tanuki, le reste de l’équipage restera à bord pour faire face à une riposte de leur part s’il s’agissait d’un piège. »


Prenant Snick dans sa main, Ambrosias prit la direction de ses quartiers pour le mettre à l’abri. S’habillant pour le combat, elle ne tarda pas à rejoindre les troupes prévues pour partir en expédition. Une fois les chaloupes à l’eau, les militaires prirent la direction de l’épave couchée sur le flanc en se demandant bien sur quoi ils allaient tomber.



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Les chaloupes avancent à bonne vitesse en direction du rivage. Nous empruntons une trajectoire détournée pour ne pas nous faire remarquer par l’ennemi, et éviter de nous présenter sous le feu des pirates si jamais ils nous attendent.

La force de la plupart des passagers est mise à contribution pour actionner les rames, et je fais partie des rares privilégiés à en être dispensés. C’est l’occasion d’admirer un moment l’étendue de mer azurée dont le calme contraste avec les épreuves qu’elle nous a fait subir cette nuit, et la beauté de l’île couverte de jungle sauvage qui s’étend devant nous. Avisant la commandante à côté de moi qui est dispensée de rames elle aussi, et qui scrute le rivage avec un air déterminé, je l’informe :

« - Vous savez, j’ai déjà eu l’occasion de séjourner sur cette île par le passé et je la connais un petit peu. La jungle qui la recouvre est encore plus belle vu de près, et c’est un véritable trésor qui regorge d’espèces uniques comme il n’en existe nulle part ailleurs. C’est un paradis pour les botanistes, zoologistes, et même les historiens. »

M’empressant de dissiper le peu d’enthousiasme que pourrait provoquer cette affirmation, je poursuis :

« - Enfin ça le serait si elle n’était pas également l’une des îles les plus dangereuses de la Route de Tous les périls ! Elle est peuplée presque exclusivement de dinosaures, dont beaucoup ne demandent qu’à croquer les imprudents qu’ils croisent. Je pouvais déjà compter sur le pouvoir de mon fruit du démon la dernière fois, et pourtant j’ai manqué de m’y faire tuer ! Nous aurions réellement intérêt à ne pas nous y attarder plus que nécessaire, car les pirates ne sont pas la pire menace ici.
Cela dit, nous disposons également d’alliés ici. La population humaine de l’île s’élève à trois personnes, trois naufragés volontaires, et tous les trois sont mes employés. En admettant qu’ils aient survécu bien sûr. Je suis contente d’avoir l’occasion de les retrouver ! Ils pourront nous être utiles, non seulement si nous avons besoin d’explorer l’île et de nous ravitailler, mais surtout pour nous procurer un nouveau log pose étant donné que ces derniers mettent une année entière à se recharger ! »


Le moment de se préoccuper de navigation et de dinosaures viendra plus tard sans doute, mais pour le moment c’est l’heure de la fête aux pirates ! Notre chaloupe s’échoue sur la plage et nous nous empressons de la tirer sur le sable, à l’abri de la marée. Moins d’une minute plus tard, un appel de l’équipe numéro deux nous informe qu’eux aussi ont débarqué. Toujours efficacement et silencieusement, nous formons une colonne qui s’enfonce à la lisière de la jungle, afin de nous approcher du navire pirate échoué en restant dissimulés.

Même si nous n’avions pas fait d’efforts pour être discrets, il y a peu de chances que nous ayons pu être repérés étant donné la cacophonie qu’il règne sous les arbres ! Des cœurs entiers d’oiseaux se livrent à des chants qui semblent tantôt nous saluer, tantôt nous réprimander. Des insectes, rongeurs, et autres créatures indéterminées -mais vraisemblablement sauriennes- se joignent au concert le plus étrange qu’il nous ait été donné d’entendre !

Je jette un regard amusé vers Ambrosias, dont j’ai pu découvrir l’étonnante (mais génialissime !) faculté de parler aux animaux.

« - Que disent-ils à votre avis ? Ils nous souhaitent la bienvenue, ou ils se moquent de nous parce qu’on est les bêtes les plus bizarres qu’ils aient jamais vues ? »

Les pirates ne sont pas beaucoup plus discrets que la faune locale. Une odeur de feu de bois retient rapidement notre attention, suivie de bruit de haches qui s’abattent sur les arbres et de scies qui les découpent. Ils n’ont pas perdu de temps, et semblent déjà s’activer à réparer leur navire !
Nous repérons ce dernier assez facilement, simplement en suivant les bruits. Nous prenons position à l’abri derrière un épais feuillage, et informons la seconde équipe. Je mets à profit le temps d’attente qui suit pour commencer à générer autant de gaz que je peux, et à le stocker en parquets nuageux prêts à être expédiés sur la plage. Peu de temps après, l’officier chargé de la seconde équipe nous informe que eux aussi sont en place.

« - Quand vous voudrez commandante ! Et cette fois si on ne plaisante pas : a votre signal je transforme tout ça en feu d’artifice, et on aura plus qu’à ramasser les morceaux des survivants ! »
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∆ Feat. Caramélie ∆


Ce que Caramélie prenait pour de la détermination sur le visage de son alliée était en réalité de la concentration. Outre le fait qu’elle se prépare au prochain assaut, elle était perturbée par les innombrables voix qu’elle entendait. L’île qui faisait face aux deux gouvernementales était un immense repaire à animaux et autres insectes. Ils pullulaient littéralement. Fronçant légèrement les sourcils pour écouter les informations données par l’agent d’Isigny, la commandante ne répondit pas, se contentant d’observer autour d’elle. Les forces de la section Tanuki, qui s’étaient divisées en deux avant de monter dans les barques, convergeaient vers le même point mais en passant par deux chemins opposés en formant un arc de cercle de part et d’autre. Quand Ambrosias posa le pied à terre, les divers cris, chants et autres bruits produits par la faune locale s’amplifièrent à tel point qu’elle fut contrainte de fermer les yeux quelques instants pour réussir à rester concentrée sur la mission. Son meitou dégainé, elle s’en servait pour avancer à travers cette jungle épaisse en coupant ce qui l’empêchait de progresser.


« Ils ont peur. De nous, mais pas que, d’autres hommes non loin les ont chassé. Ils ont utilisé leurs armes pour en tuer certains avant de les passer à la broche. Nous ne sommes pas les bienvenus. »


Malgré elle, la jeune femme était plus sinistre qu’elle ne l’avait voulu. En pensant à l’agréable Caramélie et son grand sourire, elle se disait qu’il faudrait peut-être qu’elle fasse quelques efforts, mais la situation ne s’y prêtait pas et elle resterait professionnelle. Une fois le piège refermé sur les pirates, plusieurs membres de la section Tanuki montèrent en haut des branches pour acquérir de meilleurs positions de tir, les autres iraient à l’assaut, mais pas avant que le signal ait eu lieu. Respirant longuement, les doigts fermement agrippés au manche de Coeur d’Acier, Ambrosias fit un léger mouvement de la tête en direction de Caramélie. Ne perdant pas une seconde, la membre du Cipher Pol libéra les gaz qu’elle avait accumulés. Les pirates comprirent bien sûr que quelque chose n’allait pas quand des volutes de toutes les couleurs commencèrent à les rejoindre, mais malheureusement pour eux, il était déjà trop tard. Une fois les préparatifs terminés, une succession d’explosions retentirent sur place, causant la mort de nombreux pirates. Tandis que les abords de la frégate étaient encore recouverts par de la fumée, les marins effectuèrent en premier lieu un tir de suppression. Vidant deux chargeurs par hommes, ils attendirent ensuite que les survivants ne répliquent pour continuer à tirer. Ambrosias, l'Adjudant Thacker et une dizaine de soldats se lancèrent à l’assaut sabres à la main. Épargnés par les tirs de leurs alliés, ils arrivèrent bien vite au contact pour mater ce qui restait de résistance après l’attaque dévastatrice de l’agent spécial d’Isigny. Quand les détonations cessèrent enfin, la fumée des armes à feu remplaça naturellement celles des gaz de Caramélie. Les animaux ayant presque tous pris la fuite, il ne resta plus rien d’autre à entendre que les râles des rares pirates toujours en vie mais agonisants. Ne voyant nulle part ni le capitaine Gerritzon ni son second et refusant de croire qu’ils étaient morts si facilement, la commandante retourna un forban de sa botte avant d’appuyer de l’autre sur une plaie particulièrement moche qu’il avait à la cuisse.


« ARRRRRGH ! Arrêtez !!!

- Ton chef, où est-il ?

- Pi... Pitié...

- Où est Gerritzon ?!

- AHHHHH ! D’accord, d’accord. »



Voyant que l’homme semblait raisonnable, Ambrosias relâcha la pression qu’elle exerçait sur sa blessure. L’air particulièrement mauvaise, elle lui fit signe de parler d’un coup de menton vif.


« La forêt. Les boss sont partis il y a plusieurs heures. Ils voulaient chasser et trouver de l’eau potable.

- Quelle direction ?

- Au nord, au nord j’en suis sûr !

- Bien.

- Aidez-moi, j’ai besoin d’un médecin. »



Le regard sombre de la militaire fixa celui du pirate pendant quelques instants avant qu’elle ne plante la pointe de son meitou droit dans son cœur. Il n’y avait personne pour le soigner aux alentours et quand bien le docteur Loréada aurait-elle été là qu’il aurait connu la même fin. Pensait-il réellement qu’elle allait gaspiller des ressources pour une vermine de pirate ? Quelle idiotie, c’était mal la connaître. Après avoir séché le sang sur sa lame avec les vêtements de sa victime, la commandante s’éloigna pour rejoindre Caramélie.


« Au nord donc. »


Ne laissant que la mort derrière eux, les hommes du gouvernement se remirent en position. Avancer dans une forêt tropicale aussi dense n’était pas une mince affaire. Il y avait de nombreux insectes, la végétation rendait la progression complexe et pour ne rien arranger, la chaleur était étouffante. Pour être plus exact, il faisait surtout très humide. Loin d’être habituée à un tel climat, Ambrosias suait à grosses gouttes et sentait que le simple fait d’avancer lui demandait de gros efforts. Il n’était guère étonnant que personne ou presque, à en croire Caramélie, ne vive ici. Bien vite, la commandante trouva le corps d’un dinosaure. Son crâne avait été en partie explosé et une grande marre de son sang tâchait l’herbe. Il ne fut pas le seul. C’était comme si quelqu’un les attaquait à vue, ou bien qu’il se défendait de ces derniers. Elle n’en savait rien pour le moment. Force était cependant de constater que cela traçait un chemin vers le nord, semblant indiquer que Claes et son second en étaient la cause. La présence d’impacts de balles sur le corps de plusieurs spécimens persuada Ambrosias que cette théorie était la bonne. Prudente, la militaire avançait en écoutant les pensées des animaux, oiseaux, insectes et dinosaures alentours. Cela permit au groupe de marins d’avancer sans réellement croiser grand monde. Au bout d’une longue heure à progresser de la sorte, elle capta la détresse d’une créature proche. Agissant par instinct, elle se rua vers cette dernière et tomba sur une sorte d’immense dinosaure volant en train de se faire malmener par des sauriens de la taille d’un humain juchés sur deux pattes et avec un plumage particulier (des raptors).


« Kssss ! Du vent ! À nous ! À nous ! KSSSS !!!

- Du calme, je ne vous veux aucun mal
, dit-elle en levant ses paumes vers eux en signe de paix.

- Humaine ? Ksss, humains mauvais. Du vent !

- Laissez-le tranquille, ne m’obligez pas à intervenir...

- À nous ! KSSS KSSS !!! »



Comprenant qu’elle était dans une impasse, la militaire dégaina son arme par dépit. Elle n’avait aucune envie de leur faire du mal, mais il était hors de question qu’elle les laisse tuer cette pauvre créature seule sans rien faire. Les quatre sauriens comprenant que l’humaine était belliqueuse l’encerclèrent.


« Ne faites pas feu, laissez moi faire. » ordonna-t-elle à ses hommes.


Se ruant sur elle tel un seul être, les dinosaures n’avaient visiblement pas la même clémence que l’humaine. Bloquant une morsure avec son arme, la jeune femme sauta ensuite avant de se déplacer dans les airs pour se positionner derrière l’animal qui venait d’attaquer lui fracasser le crâne avec le manche de son arme. Elle paralysa ensuite un second en lui bloquant les jambes avec ses cordes et se retrouva face à deux autres sauriens. Bien que vaillante, la militaire n’échappa pas plusieurs blessures. Les griffes des animaux étant particulièrement longues et effilées, elle se fit lacérer le bras droit et la cuisse gauche. Forcée de se donner plus à fond pour ne pas se faire mettre en charpie, la militaire utilisa le shigan sur le premier et trancha les écailles du second de sa lame. Mis en échec, ils prirent la fuite et la commandante se laissa tomber fesses contre sol en grimaçant.




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Comme les autres, je me conforme aux instructions d’Ambrosias de la laisser faire, et la regarde avec un mélange d’admiration et d’appréhension s’occuper des quatre dinosaures. Même si ça aurait été plus rapide de gazer tout le monde, voire de simplement passer notre chemin, j’admets que sa performance mérite d’être saluée ! En plus, ses nouvelles balafres se verront à peine par-dessus les anciennes.
En tout cas nous voilà avec quatre dindons géants en fuite, une commandante égratignée, et un nouvel ami dinosaure( semblable à ce que pourrait être l’ancêtre commun de la cigogne et de la chauve-souris) gisant dans une mare de sang.
Entre nous journal, je n’ai rien contre le fait de le secourir, mais d’habitude les oiseaux que je recueille parce qu’ils sont tombés du nid font quelques centimètres, pas plusieurs mètres !

J’ose malgré tout m’approcher de l’animal, quoique toujours en restant hors de portée de bec. Effrayant ou pas, c’est une occasion rare d’admirer d’aussi près un tel spécimen ! Visiblement apaisé par les paroles de l’officière de la marine, la bête se laisse faire quoique au prix d’un certain effort de volonté. J’ai la surprise de constater qu’Ambrosias possède, parmi tous ses talents, ceux de vétérinaire, ou en tout cas qu’elle semble habile à dispenser les premiers secours. Ce qui me fait dire qu’elle exagère vraiment d’avoir dit à ce pirate de tout à l’heure qu’on avait pas de médecin !

Pendant qu’elle procède, je dispose nos quelques soldats pour continuer le repérage, et surtout se préparer à tendre une embuscade aux pirates s'ils reviennent. Pourtant, après plus d’une demi-heure de soins vétérinaires -agrémentés de nombreux « Kssss ! » et autres « Du calme, ça va aller »- nous n’avons repéré aucun signe de nos cibles. Soit ils ont pris un autre chemin pour rentrer, mais dans ce cas nos hommes restés sur la plage nous auraient averti par escargophone, soit ils ont rencontré un imprévu en route. Un imprévu avec la forme d’une gueule remplie de crocs peut-être ? Ça m’arrangerait bien ! Nous n’aurions plus qu’à récupérer un bout de cache œil ensanglanté, de morceau d’uniforme usé par les sucs digestifs, ou tout autre preuve, avant de rentrer et d’annoncer fièrement que notre plan a parfaitement fonctionné et qu’il s’est passé exactement ce que nous voulions !

« - Que faisons-nous de votre nouvel ami ? Je peux toujours essayer de produire du gaz léger pour l’aider à se soulever, mais je ne pense pas qu’il faille l’emmener avec nous, encore moins si ça combat !

Comme pour répondre à ma question, le dinosaure se relève, titube, plie et déplie ses ailes blessées en coassant. Puis il fait quelques pas de sa démarche branlante et maladroite, et vient se poster résolument aux côtés de sa sauveuse, l’air fier et protecteur.

« - Hihihi, message reçu ! En avant toute, j’imagine ?

Notre troupe se remet donc en marche, accompagnée de notre étrange compagnon qui attire tous les regards.
Étrangement, la faune de la jungle se fait plus discrète à notre passage. Les insectes criquettent tout bas, les oiseaux semblent estimer que leur chant peut bien supporter une pause de quelques minutes, et tous les petits dinosaures qui jusque là nous épiaient discrètement voire faisaient leur vie dans leur coin sans se soucier de nous gardent sagement leurs distances !

L’avantage de la traque dans une jungle aussi dense, c’est que nos cibles, qui ignorent qu’elles sont suivies, ont laissé des traces évidentes de leur passage. Elles ont taillé leur route entre la végétation à grands coups de sabre et de machette, dessinant un chemin qu’il nous est à peu près aisé de suivre et qui facilite grandement notre progression !
Et puis soudain :

ROOOOAAAAARRRHH !!

Nous échangeons des regards, et nous faisons instinctivement plus petits. Nous guettons en silence le moindre bruit de pas ou de déplacements de feuillages, mais sans effet. Et alors que je suis sur le point d’oser braver le silence, la voix se fait entendre de plus belle :

ROOOOAAAAARRRHH !!

« - Saleté de dino ! Il s’approche de nous, vous croyez ?
- Ce n’est pas un dino je te dis, c’est un des volcans.
- N’importe quoi. Je sais quand même faire la différence entre le cri d’un animal et celui d’un… »
ROOOOAAAAARRRHH !!

Le plus curieux c’est que les voix ne proviennent d’aucun des membres de notre groupe. Ce qui veut dire… que les pirates sont tout près de nous !
Toute notre colonne semble avoir fait la même déduction, et nous nous mettons en formation. Effectivement, maintenant que je tends l’oreille je perçois sans mal le bruit que fait un petit groupe d’individus qui s’approchent dans notre direction.
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∆ Feat. Caramélie ∆


Le ptérosaure s'appelait Kroak. Spécimen solitaire de son espèce, il n’aimait visiblement pas se mêler aux autres. Tandis qu’il se reposait, il avait été attaqué par surprise par les sauriens et avait manqué de peu d’avaler les pissenlits par la racine. Extrêmement reconnaissant envers Ambrosias et plus encore lorsqu’elle s’occupait de son aile abîmée, le dinosaure déclara qu’il avait une dette envers elle. Il souhaitait rester à ses côtés et le fit comprendre au reste de la bande. La commandante n’avait rien contre l’idée, mais elle savait qu’emmener un tel animal avec elle ne laisserait pas les membres de son équipage indifférents. Haussant les épaules, elle se remit en route après avoir désinfecté ses propres blessures.


Ce qui semblait être un cri strident et puissant pour les autres fut traduit par l’amie des bêtes comme un avertissement très clair formulé aux humains empiétant sur le territoire d’un individu qui ne comptait pas se laisser faire. À plusieurs reprises, il demanda aux intrus de rebrousser chemin, mais ils ne comprenaient rien à ses paroles. Dégainant Coeur d’Acier, Ambrosias se mit en position en même temps que ses hommes et Caramélie. Après ce long périple à travers la jungle, les cibles étaient finalement en vue. Affolé par les cris du dinosaure non loin, le groupe prit ses jambes à son cou en faisant route sans le savoir vers les militaires. Se positionnant en arc de cercle, ils tendirent naturellement un piège aux pirates. Une fois ces derniers à portée de tir, les hommes de la section Tanuki firent parler la poudre. Au centre du dispositif, la commandante se rua vers l’avant en lançant une lame d’air droit vers elle. Plusieurs forbans la prirent de plein fouet et s’écroulèrent à terre avant d’être achevés par plusieurs coups de feu. Dans la masse, deux silhouettes se distinguèrent sans mal. L’une d’elle, armée d’une épée, envoya plusieurs lames vers les marins pour les empêcher de tuer les rares pirates encore en vie. Sans grand mal, Ambrosias reconnut le second des hommes du Houar. Il avait troqué son uniforme de prisonnier pour une tenue plus agréable, mais on était encore assez loin de ses vêtements grandiloquents d’antan.



« Visiblement on n’y coupera pas.


- Il faut croire que non. »
répondit son capitaine en s’avançant.


Déterminé, le traître borgne frappa ses deux poings noircis au Haki devant lui. Cette fois-ci il ne comptait pas se montrer clément ou faire dans la dentelle. La situation sur l’île lui échappait et il n’avait plus l’occasion de se montrer grand seigneur. Seul un groupe repartirait de là vivant et tous le savaient pertinemment. Faisant signe à Kroak de se mettre à l’abri, la militaire se jeta vers Ali Pasa tandis que le ptérosaure décollait péniblement. Arrivant au niveau du bretteur, la commandante engagea une passe d’armes avec lui. Quand le forban trouva une faille dans sa défense et parvint à lui effleurer la cuisse droite, la jeune femme réagit avec colère en se déplaçant à l’aide du soru pour ensuite enchaîner par un shigan dans l’épaule de son adversaire. L’homme grimaça avant de projeter Ambrosias quelques mètres derrière en frappant dans son arme avec toute l’étendue de sa force.



« Tu ne gagneras pas cette fois !


- On verra ça. »



Tandis qu’elle retournait au contact, la vétérinaire n’avait pas l’occasion de voir comment se passait le combat entre Caramélie et Claes Gerritzon. Elle entendit cependant de nouveaux les cris de colère du dinosaure inconnu. Alors qu’elle contrait un nouveau coup du pirate, quelle ne fut pas surprise de voir un immense Indominous Rex faire irruption dans la bataille. Les yeux exorbités par la surprise, elle s’écartait et Uluç fit de même. Le carnivore se jeta vers un pirate de l’équipage du Houar et le prit tout entier dans sa bouche comme s’il venait d’avaler un amuse-bouche. Ambrosias, qui croyait déjà que la situation devenait chaotique, sursauta quand une immense explosion sonna le début d’une éruption volcanique non loin. Où diable venait-elle d'atterrir ?



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Presque indifférente au combat qui s’engage autour de moi et à la jungle qui s’emplit du chaos du fracas des armes et des tirs, je vois le capitaine des pirates, Claes Gerritzon me faire face. Il m’a identifiée comme son adversaire privilégiée, et je l’ai identifié comme le mien. Nous nous toisons du regard, nous jaugeant, nous provoquant silencieusement, nos corps tendus à l’extrême, encourageant l’autre à faire le premier pas.

Nous agissons au même moment : lui en dégainant son sabre, moi en dégainant ma jambe. Sa lame d’air et mon rankyaku s’entrechoquent à mi-distance en sifflant, et je remets ça en en expédiant un second, puis un troisième rankyaku qui rencontrent eux aussi le tranchant de son sabre ! Le pirate s’avance résolument vers moi, parant chaque attaque et rendant coup pour coup ! Sa lame, recouverte d’un enduit noir et luisant, brille d’un éclat inquiétant alors qu’elle détruit sans difficulté toutes mes attaques !
Je change de tactique : en un instant, je génère un vaste nuage coloré qui se disperse tout autour de moi. Puis, changeant la composition de mon corps en un gaz caravole extrêmement léger afin de me propulser en hauteur.

Mais le pirate a anticipé mon mouvement ! Ignorant le gaz, se contentent visiblement de charger en apnée, il se rue sur moi et me décoche un rapide coup de sabre ! Prise de surprise, je n’ai pas le temps d’esquiver ni de me disperser et je pare instinctivement avec mon tekkai.
Chlac ! La lame vrille sur mes avant-bras, y laissant une estafilade rouge où perlent quelques gouttes de sang. Je fais mine de ne pas ressentir la douleur pour ne pas lui donner cette satisfaction, mais quelle horreur ! De toute manière sa mine réjouie est sans équivoque :

« - Alors la logia, ça faisait longtemps que tu n’avais pas saigné ?
- Ça m’arrive juste une fois tous les mois, gros malin. »

Il ricane, et je lui réponds par un sourire avantageux digne d’une héroïne affrontant sa terrible némésis ! En même temps que quoi j’attire à moi tout le gaz dispersé au sol, et le propulse dans sa direction ! Le pirate ne me fait cependant pas le plaisir de réitérer son attaque, et de me laisser la contrer, et il s’élance sur le côté tout en ripostant : deux lames d’air fusent dans ma direction, et me découpent le visage et les jambes !
Mon corps se reconstitue sans dommages, mais l’attaque à suffit à causer la seconde d’inattention qui me fait perdre l’initiative. Déjà le pirate est sur moi, son sabre et son poing noirs et luisants ! Il m’imagine sans doute démunie grâce à sa technique anti-pouvoirs, mais ma riposte se charge de lui prouver le contraire ! J’étais une combattante redoutable avant de manger mon fruit, et il aurait tort de sous-estimer une adepte du rokushiki !
Alliant kamie, l’art de se contorsionner de manière surnaturelle, et la structure de mon corps gazeux, j’évite son coup de sabre puis son poing. J’enchaine avec un shigan dirigé droit sur son épaule laissée vulnérable, mais celle-ci se recouvre de ce même enduit noir, luisant et contrariant que son poing et son arme, et mon doigt tendu y rebondit en faisant un « ploc » assez ridicule.

Tsss ! Je m’éloigne de quelques bonds. Visiblement je perds mon temps avec les attaques physiques, et je vais devoir me rabattre sur mon plan B.
Heureusement, mes alliés ont pris soin de garder leurs distances. Ils ont été avertis que je comptais me battre en tapissant le champ de bataille de gaz nocifs, et je ne me gêne pas ! A chaque seconde je génère un peu plus de gaz caradort qui se diffuse insidieusement tout autour de moi, et qui me rend toujours un peu plus maîtresse du terrain. L’important maintenant, c’est surtout de l’occuper assez longtemps pour qu’il y succombe… et de tâcher de survivre jusque-là !

« - ROOOOAAAAARRRHH !! »

Le cri était beaucoup plus près que ce à quoi je m’attendais !
A l’instant où cette réflexion me traverse l’esprit, je vois un dinosaure à l’aspect odieux et redoutable débouler à travers les arbres ! Le saurien de grande taille à la peau blanchâtre, recouvert de piquants, des griffes et de crocs, bouscule tous ceux qu’il croise et attaque, aussi bien mes alliés que mes ennemis !
Peu importe ce dinosaure. Qu’il me piétine si il veut, qu’il essaie de me manger si il ose, mais je suis bien la seule ici qu’il ne pourra pas tuer ! Quant à mes compagnons, ce sont de grands garçons et de grandes filles, ils sauront se débrouiller.

Le capitaine du Houar s’est visiblement fait la même réflexion à propos de ses hommes. Encore moins impressionné que moi par la venue du monstre, il a immédiatement repris sa posture d’attaque et se rue sur moi !

BRAOUM !!!!

Tout mon corps transformé en gaz explosif détonne d’un seul coup ! L’explosion de flammes enveloppe en un instant la portion de chemin où je me trouve ainsi que les arbres, les feuillages, et les méchants pirates borgnes ! Les arbres à proximité sont carbonisés, le sol est défiguré par une vilaine traînée noire, et l’air s’emplit d’un mélange d’odeur de brûlé et d’un délicat parfum de vanille.

Je me reconstitue au centre de la zone de l’explosion, et me prépare aussitôt à contre-attaquer. Bien m’en prend car le pirate s’est protégé du plus gros de la déflagration ! Ses bras, croisés et tendus en avant, entièrement noirs et luisants, ont protégé su visage et le plus gros de son corps qui s’en sort avec seulement quelques brûlures superficielles, et des vêtements un peu roussis. Je note avec plaisir que son revêtement n’est pas intégral, et c’est une faiblesse que je compte bien exploiter ! Il a néanmoins été légèrement soufflé par l’explosion, et c’est ce qui me sauve car je n’ai pas fini de me reconstituer qu’il s’élance déjà vers moi !

Je lui projette un rankyaku pour le ralentir, tandis que mes mains génèrent un nouveau nuage explosif à lui asséner. Mon adversaire dévie la lame d’air avec son sabre sans même paraître la prendre en considération (ce qui est assez vexant : c’est pourtant du si bel ouvrage ! A la fois fluide et élégant, c’est clairement ce qui se fait de mieux en matière de lame d’air esthétique !). Il traverse en quelques enjambées la distance qui nous sépare, et m’assène un redoutable coup de lame ! Son tranchant fait siffler l’air dans mes oreilles mais j’ai heureusement le temps de le voir venir et de l’esquiver ! Je m’apprête déjà à prendre mes distances quand je ressens une contrainte au poignet.

« - Je te tiens ! »

M’agrippant fermement avec sa main enduite de son fluide noir, le pirate m’entraine de toute sa force et me projette au sol ! Il brandit alors son sabre meurtrier… et je l’asperge avec tout ce que j’ai dans mon répertoire de gaz salement nocif et odorant !!!

« - Argh !!
- J’appelle ça le parfum « vestiaires de la marine après une journée de travail » ! Vous aimez ? »

Son fluide offensif lui permet de me toucher, mais pas d’annuler mon pouvoir. Aussi je disperse mon bras sous la forme d’un mince filet de gaz qui s’échappe de son emprise ; je ne prends même pas le temps de le reconstituer que je l’inonde une nouvelle fois avec mon caraspray : « odeur des bottes du sergent-chef Paracchini et son délicat zeste de gaz Caradort » !

Le pirate tousse, grogne, crache de dégout et réplique par plusieurs violents coups de sabre, mais aucun ne porte cette fois. Lui-même doit commencer à le sentir : ses attaques se font de moins en moins précises, ses yeux commencent à devenir rouges et ses paupières lourdes. Cela fait plusieurs minutes qu’il se bat dans mon « arène » saturée de gaz soporifiques, et ses effets sont progressifs mais implacables !

« - Saleté… *tousse* … mais tu vas voir, j’ai trouvé la parade à tous tes gaz ! »

Il dénoue le foulard accroché autour de son cou, et le noue devant son visage à la manière d’un braqueur de diligences.

« - Ha ha ! Tu ne l’avais pas vue venir celle-là ?!
- Vous savez que ça ne sert absolument à rien … ?
- C’est ce que tu voudrais me faire croire !
- C’est la vérité, je peux largement passer autour et même à travers. Par contre je reconnais que ça vous va très bien.
- Ah oui ? C’est gentil.
- Absolument ! Je dirais même que vous avez manqué votre carrière dans le grand banditisme !
- J’avoue que j’ai un peu hésité, mais avec mon cache œil la piraterie semblait plus indiquée.
- Oui c’est vrai. »
♦♦♦♦

# Rankyaku esthétique:
# Tekkaï Raffiné:
# Kami-E élégant:
# Shigan artistique:
#Gaz Caraboum:
#Gaz Caradort:
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海 軍

∆ Feat. Caramélie ∆


Après les explosions du volcan virent s'ajouter celles produites par la puissante agente du Cipher Pol. Ambrosias avait l'impression d'être au beau milieu de l'enfer tant tout partait dans tous les sens autour d'elle. Usant de ses pouvoirs, elle tenta de raisonner l'immense saurien qui venait de faire irruption, mais ce dernier n'était pas un spécimen facile. Comprenant que la jeune humaine le comprenait, il se mit en tête de l'attaquer. Gueule grande ouverte, il lui fonça dessus. Avant qu'il n'arrive à son contact, Kroak, le ptérosaure, fit irruption et lui lacéra la tête de ses serres affûtées. Sachant pertinemment qu'il n'avait pas la supériorité sur son adversaire, le dinosaure volant tourna autour du Rex avant de s'en aller pour qu'il laisse Ambrosias en paix. Son plan fonctionnant à merveille, la commandante reporta son attention sur le second des hommes du Houar. À présent, seuls Uluç Ali Pasa et Claes Gerritzon tenaient encore debout du côté des forbans. Prudents, les hommes de la section Tanuki encerclaient la zone sans trop s'approcher. Ils étaient au courant que leur présence pourrait gêner plus qu'elle n'aiderait. Leur but était finalement de verrouiller à présent la zone comme ils pouvaient pour éviter l'arrivée de renforts ou la fuite de quelques pirates pris au piège.


« Finissons en. »


Parfaitement en accord avec son adversaire, la militaire se baissa sur ses appuis en attendant qu'il ne vienne à elle. Son épée à la main, l'homme privé de l'usage d'un bras ne déméritait pas pour autant. Vif, rapide, agile et puissant, il faisait reculer la jeune femme. Choisissant de bondir en arrière, Ambrosias leva son meitou vers Uluç et lui tira dessus à plusieurs reprises, jusqu'à vider entièrement son chargeur. Seule la première balle fit mouche, malheureusement, elle toucha le bras déjà handicapé du pirate. Arrivant au contact, le forban trouva une faille dans la défense de l'officière et parvint à la désarmer. Coeur d'Acier voleta dans les airs avant de se planter dans le sol, quelques mètres plus loin. En position de faiblesse, Ambrosias banda tous les muscles de son corps, anticipant l'attaque à venir. Grâce à la dureté offerte par le tekkai, les bras de la jeune femme croisés devant elle parvinrent à arrêter la lame de l'ennemi. Sa puissance étant plus grande que prévu, il entailla malgré tout la peau de la jeune femme. Voyant là une magnifique occasion de frapper un grand coup, Ambrosias attrapa le manche du sabre du pirate d'une main et sa gorge de l'autre. Bondissant dans les airs grâce à sa maîtrise encore balbutiante du geppou, elle prit de l'altitude et tourna sur elle-même pour envoyer l'homme s'écraser durement au sol. Retombant ensuite à son tour, elle avait à présent l'arme du pirate entre les mains.


« B... Bordel... »


Tandis que l'homme se relevait difficilement, Ambrosias lui fonça dessus et enfonça la pointe de son arme dans la cuisse de l'homme pour le clouer au sol. Hurlant de douleur, il réagit violemment en écartant la jeune femme d'un puissant coup de poing. Récupérant par le fait son sabre, il l'extirpa de sa chair en grognant de douleur. Malheureusement pour lui, Ambrosias ne comptait pas le laisser faire en attendant sagement. Tendant les bras, elle envoya plusieurs cordes saisir les membres de l'homme. Une fois le pirate entravé, une dernière vint se nouer autour de son cou et trouva une branche pour soulever son corps. Pendu, Uluç Ali Pasa commença à manquer d'air. Même s'il luttait admirablement, il n'arrivait pas à se sortir de là. Alors que tout semblait joué, le volcan éclata une fois encore et un morceau de roche en fusion vint frapper l'arbre sur lequel était accroché le second des hommes du Houar, le libérant in extremis.


« Feu ! »


Faisant signe aux hommes de la section Tanuki, Ambrosias leur intima l'ordre de tirer sur le pirate qui n'avait pas encore pleinement repris ses repères. Malgré sa supériorité individuelle face aux marins vétérans, Uluç se fit toucher un bon nombre de fois avant de parvenir à se ruer vers l'officière pour empêcher les soldats de continuer à faire feu. Le corps couvert d'impact de balles, il commençait à saigner de plus en plus abondamment.


« Pou... Pourquoi vo... Vous ne nous lai.. Laissez jamais en paix...


- Parce que les pirates sont des vermines et que mon travail est de les éradiquer.


- Si... Si seulement tu savais... »



Animé par l’énergie du désespoir, le second se rua sur Ambrosias. Un pugilat éclata alors entre les deux opposants. Plus fort que la jeune femme, le pirate avait l'avantage sur le papier, malheureusement pour lui, l'état dans lequel il était redistribuait les cartes. Malgré tout, il fit passer un sale quart d'heure à Ambrosias qui luttait péniblement pour ne pas se faire submerger. Usant à plusieurs reprises du shigan, elle perça plusieurs trous dans le torse de l'homme jusqu'à finalement effleurer son cœur. L'organe endommagé fit perdre en intensité à Uluç qui commença à vaciller. Le nez en sang et le visage en partie tuméfié, Ambrosias recula lentement, complètement essoufflée. Crachant un glaire de sang, elle s'écarta pour reprendre son meitou. Tandis que son adversaire tombait à genoux, elle revint vers lui, le canon de l'arme tendu droit vers sa tête. Le pirate semblait résigné.


« V... Vous n'êtes p... Pas plus à l'abri qu'il ne l'était. »


Non désireuse d'en apprendre plus sur cette énigme relative aux origines de la désertion de l'ancien amiral Gerritzon, Ambrosias fit feu. La détonation retentit dans la forêt et le corps du pirate s'écrasa dans l'herbe, signant la fin de l'affrontement. Passablement épuisée, la jeune femme posa elle-même un genou à terre avant que l’Adjudant Thacker ne vienne l'aider à se relever. Tournant la tête, la jeune femme s'intéressa à la fin du deuxième combat, bien plus important que ne l'avait été le sien.



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« - Nooon ! »

Le cri de Gerritzon retentit avec une tristesse et une rage qui tranchent radicalement avec l’assurance qu’il arborait jusque-là. Le pirate jette un regard désespéré vers son second au moment où le corps de ce dernier tombe au sol, inerte et sans vie, avant de me faire face à nouveau.

« - Bande d’ordures… vous m’aurez vraiment tout pris… »

Son visage se durcit, et son œil unique me foudroie :

« - Aucun de vous ne repartira vivant. Je vous massacrerai tous, tout votre équipage, tous ceux qui vous ont envoyé, et ensuite tous ceux qui auront eu le malheur de se croire protégés par la marine ! »

Je le laisse dire, autant pour reprendre mon souffle que pour continuer de l’asperger de gaz soporifique. Hélas l’ouverture dont je profite ne dure pas : brandissant son sabre et son poing recouverts de ce revêtement offensif si contrariant, le pirate s’élance… en direction de mes alliés !

« - Feu ! »

Les soldats de la marine, me sachant immunisée aux balles perdues, envoient une salve de tirs dans notre direction. Mu par sa grande vitesse, Gerritzon en évite la plus grande partie et pare le reste de la même manière qu’il a contré mon attaque explosive, sans subir de dommages significatifs. Il se précipite vers le premier soldat à sa portée, le désarme avec son sabre et lui assène un coup de poing rageur, d’une puissance démultipliée par la violence de sa rage !
Avec la rapidité d’un fauve, l’amiral déchu se jette ensuite sur un second marin. Il saisit son arme dont il broie littéralement le canon, brandit son sabre… et le dévie de sa trajectoire au dernier moment pour lancer un coup de taille dans ma direction alors que je m’interpose ! Hélas pour lui, sa vitesse et ses réflexes ont diminué depuis le début du combat, et continuent de décroitre alors que je lui fais respirer insidieusement mon gaz préféré. Alors qu’il ne m’aurait laissé aucune chance il y a encore quelques minutes, j’arrive à l’éviter d’un simple bond de côté, et riposte avec un tir de caratrillerie, semblable à un tir de feu d’artifice de gaz qui vient lui exploser en pleine figure, à lui et au marin dont il tient toujours fermement le fusil brisé ! Le gaz soporifique se déploie en un nuage qui les enveloppe tous les deux, et le marin tombe au sol, endormi, en à peine quelques secondes, tandis que le pirate s’en dégage, rapidement mais trop tard pour ne pas en avoir subi les effets une nouvelle fois.

Je lui lance un sourire suffisant où je distille une pointe de cruauté, pour faire bonne figure :

« - Vous pensiez que je me retiendrais si vous vous battiez au milieu de mes alliés ? Désolée, mais je me moque éperdument des dommages collatéraux. »

… principalement parce que j’utilise un gaz non létal, mais ça il n’est pas obligé de le savoir ! On a une réputation à alimenter au Cipher Pol !

Profitant de cette interruption, les autres soldats ont pris soin de creuser l’écart entre eux et notre ennemi, dangereux comme une proie acculée qui n’a plus rien à perdre. J’en profite pour chercher du regard et trouver la commandante Ambrosias, dont je m’assure avec soulagement qu’elle est vivante, même si le combat à eu l’air de l’amocher un peu.

BROOOOOOOM !

Cette fois ce n’est pas un cri, mais bien le bruit de la montagne non loin qui gronde ! Je peux même sentir une odeur de souffre qui vient se mêler à la composition de l’air ambiant. Si j’apprécie cette sympathique contribution à la tension globale de notre affrontement, cela me rajoute une difficulté supplémentaire. Si le volcan décide d’entrer en éruption, nous devons quitter cette partie de l’île sans tarder ! Sans parler du danger de naviguer avec une telle menace !

Un sifflement déchire l’air en même temps que deux lames d’air qui fusent vers moi, devançant la course de l’ex-amiral qui se rue dans ma direction, arme à la main !
CARABOOOOUUUM ! Cette fois je n’ai aucun scrupule à encaisser son attaque, libérant devant moi une explosion de gaz inflammable qui semble vouloir concurrencer en nuisances sonores le volcan lui-même ! Je ne m’accorde même pas un instant pour finir de me reconstituer, ni pour m’assurer de la position de mon adversaire, et je réitère mon attaque : CARABOOOOUUUM ! Puis CARABOOOOUUUM ! Et CARABOOOOUUUM encore !
La terre tremble, la poussière vole et se mélange aux morceaux de végétaux carbonisés qui se font happer et repousser par les déflagrations. Lorsque la fumée se dissipe, c’est pour révéler un Claes Gerritzon dont les vêtements en lambeaux ont été copieusement carbonisés, de même que toutes les parties de son corps qu’il n’a pas pu protéger malgré ses bras renforcés par le revêtement noir et luisant, ballotté par les explosions. Son cache œil lui-même a été arraché, révélant une vilaine balafre blanche sur une paupière close et légèrement difforme.

Le pirate se relève en soufflant et en chancelant, le visage grimaçant. Son sabre lui a été arraché par une des explosions, mais il lui reste assez de forces pour enduire une nouvelle fois ses poings de fluide offensif ! De mon côté je fanfaronne, mais c’est uniquement pour donner le change car je sens que je puise dans mes réserves. Je produis néanmoins un nouveau nuage de gaz, toujours chargé en caradort mais presque entièrement opaque cette fois, et l’envoie s’abattre sur mon adversaire !
Je ne bouge même pas pour garder mes distances et Gerritzon ne fait même pas l’effort d’esquiver. Il se contente d’avancer résolument vers moi, chancelant, traînant de la patte, blessé et l’œil gonflé par la fatigue, mais transcendé par sa sourde envie de vengeance. Le nuage le recouvre intégralement à l’exception d’un mince couloir dans son dos que je maintiens ouvert et dégagé, que seuls ceux qui sont derrière lui peuvent voir.
Allez commandante, comme à l'entraînement !
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∆ Feat. Caramélie ∆


La détresse de Gerritzon était sincère, tout comme l'était également sa colère. Son second et ami venait de perdre la vie et il enrageait d'en avoir été témoin sans pouvoir l'empêcher. C'était bien Uluç qui s'était trouvé présent le jour où sa famille avait péri par la faute d'un cruel Dragon Céleste. C'était lui qui avait permis à l'homme de reprendre pied et de surmonter sa peine. Le voir périr ainsi, entre les mains d'une pourriture comme Ambrosias le révoltait. Malheureusement pour lui, Caramélie était décidée à en finir avec son adversaire. Leur combat s'intensifia et Claes se retrouva dans un piteux état, bien pire que celui de la vétérinaire. Épaulée par le chef de la section Tanuki, la militaire remarque alors que la membre du Cipher Pol lui ouvrait la voie vers l'ennemi. Entourant le membre déchu de l'amirauté et captant son attention, elle n'avait laissé qu'un très mince couloir dans son dos. Immédiatement, Ambrosias se souvint du début de la journée et de l’entraînement auquel Caramélie l'avait soumise. Son cerveau faisant un tour dans sa tête, elle comprit quelle était l'intention de sa collègue. C'était elle qui viendrait à bout de Gerritzon.


Faisant au mieux abstraction de son état, elle resserra son emprise sur le manche de Coeur d'Acier et délaissa l’adjudant Thacker. Le cœur battant la chamade, elle prit une grande inspiration en posant les yeux sur le dos de sa cible. S'élançant à toute vitesse, elle s'aida du soru pour arriver en toute hâte au contact de Claes. La lame tendue, elle tendit le bras vers l'avant, malheureusement l'homme se rendit compte de son arrivée et tourna prestement sur lui-même. Sa main noircie envoya le meitou voler quelques mètres derrière la militaire tandis qu'un direct du gauche l'envoya au tapis. La mâchoire presque brisée, Ambrosias roula à terre avant de cracher un glaire de sang. Le capitaine pirate semblait vouloir s'occuper d'elle personnellement. Son œil haineux se posa sur elle alors qu'il avançait pour en finir. Fort heureusement, Caramélie était toujours présente et l'obligea à faire attention à elle, sauvant l'officière au passage. Claes Gerritzon tournant de nouveau le dos à la vétérinaire, cette dernière tendit ses bras pendant que des cordes virent éloigner les bras de l'homme en lui faisant prendre une pause évoquant un «T». La force prodigieuse du pirate était telle qu'il parvenait en partie à résister à l'entrave exercée par Ambrosias, malheureusement pour lui, l'agente d'Isigny ayant largement le champ libre, elle envoya une puissante attaque explosive vers lui. Touché de plein fouet, le forban s'écroula au sol et la capitaine du Béluga envoya de nouvelles cordes l'entraver. Attaché comme une pièce de viande et terriblement affaibli, le pirate ne pouvait plus faire grand-chose pendant que le gaz caradort terminait de l'achever.


Rendue folle de rage par la situation, la douleur et la résistance de l'ancien membre de l'amirauté, Ambrosias se jeta sur lui. Grimpant au-dessus de l'homme attaché, elle écrasa si fort ses phalanges sur son visage qu'elle se les ouvrit. Faisant fi de la douleur, elle continua de frapper encore et encore jusqu'à ce qu'il devienne de plus en plus méconnaissable. Hurlant comme une démente, elle enfonça finalement deux doigts dans son torse. Le shigan trouva son cœur et lui ôta finalement la vie. Fort heureusement pour Gerritzon, le gaz ayant été efficace, il ne ressentit presque rien lors de ses derniers instants. Tristement, le martyr de la Marine s'éteignit. À bout de forces, la vétérinaire s'écroula sur le côté. La respiration haletante, elle avait du mal à se calmer. S'approchant avec quelques hommes, Thomas regarda sa supérieure avec impassibilité.



« Mission accomplie, je suppose. Portez la commandante, je doute qu'elle ait la force de marcher seule. »


Silencieusement, deux soldats hochèrent la tête avant d'avancer pour aider leur cheffe. La posant un bras par-dessus une épaule chacun, ils la remirent debout et commencèrent à avancer. Ambrosias semblait absente, comme éteinte. L’adjudant Thacker s'approcha de Caramélie et posa son regard rouge et mécanique sur l'agente.


« Je pense qu'on devrait se tirer de là en vitesse. Ce volcan ne me dit vraiment rien qui vaille. »



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Cher journal,

Il m’aura fallu un certain effort sur moi-même pour ne pas manifester mon horreur quant au traitement réservé au capitaine pirate.  Après tous les efforts pour le capturer vivant, que gâchis… Je sais bien qu’il aurait été condamné à mort, mais pas ici et pas comme ça ! Je savais qu’il existait un passif entre eux deux, mais je regrette vraiment que mon briefing n’ait pas été plus détaillé sur ce point, et également de ne pas avoir interrogé davantage la commandante à ce sujet.
Bon, le mal est fait de toute manière…

Après avoir ramassé les armes des pirates, la réserve d’eau douce qu’ils apportaient avec eux et surtout nos blessés, notre petite équipe prend le chemin du retour. Enfin ce qu’ils pensent être le chemin du retour, car je mène la colonne et les dirige par un chemin de traverse que je connais et qui est, comme je le leur ai annoncé « plus simple, plus rapide pour rejoindre la côte et nous éloigner des volcans, et où nous pourrons trouver un abri et de l’aide » ! Afin de préserver mes forces je me déplace en flottant en l’air, à la manière d’une fantôme qui serait simplement poussée par le vent.

Malgré le chargement et les blessures, nous avançons vite. La colonne de fumée noire qui émane de la montagne derrière nous, et le rugissement semblable au tonnerre que pousse le volcan à intervalles réguliers, suffisent à nous encourager !
Finalement nous arrivons dans une zone de l’île que je crois reconnaître. La jungle ici est moins dense, les arbres plus hauts et plus épais. Et surtout, les indices quant à la présence de gros dinosaures sont quasiment inexistants. Et puis soudain, un élément parfaitement incongru dans le décor attire notre attention : une grande affiche illustrée et colorée, placardée sur le tronc d’un arbre, dont la réclame annonce :

"Vous voici arrivé sur la seconde étape de votre voyage. Courage ! Le plus difficile commence ici avec Little Garden et ses dinosaures énormes, ses dinosaures monstrueux, ses dinosaures carnivores, son année entière d'attente pour recharger votre log pose... ou bien peut-être pas ?

La firme Sirena[Quête] Jurassic Fight Wx7h se fait le plaisir de vous proposer sa boutique de souvenirs sur cette île exotique unique afin de vous permettre de ramener à vos proches tous les cadeaux dont vous aurez besoin, et de décorer votre navire avec des accessoires aussi indispensables qu'une carte de l'île, une maquette de navire, un crâne de dinosaure plus vrai que nature, une gourmette à votre nom estampillée "Little Garden"[Quête] Jurassic Fight Wx7h, un coffre au trésor en bois exotique avec une armature en acier trempé, et toutes les merveilles dont un aventurier comme vous peut rêver !

Mais surtout !!!!
Un an c'est long. Vous pouvez les mettre à profit pour vous entraîner, faire du braconnage, explorer l'île dans ses moindres recoins, faire disparaître votre prime, économiser un an de salaire... ou bien vous pouvez éviter tout cela d'une simple transaction: à la boutique Sirena[Quête] Jurassic Fight Wx7h, nous vous proposons en exclusivité d'acquérir un log pose déjà chargé qui vous permettra de faire immédiatement route vers l'île de Sakura !

A vous les joies de l'aventure !"


Mes compagnons regardent tour à tour cette affiche sortie de nulle part puis mon visage rayonnant. Et je leur dis innocemment :

« - Je vous avais dit que je vous emmenais vers un endroit sûr ! »

Il ne nous faut que quelques minutes de marche pour rejoindre la boutique. Il s’agit d’une vaste cabane située très en hauteur dans les arbres, bien hors de portée des affreux monstres et de toutes leurs dents. De nombreuses petites sœurs de l’affiche que nous avons croisée font tout leur possible pour attirer notre attention, vantant les mérites des produits et de l’abri que propose la boutique !

Alors que nous nous approchons, nous croisons une jeune femme vêtue de tongs et d’un débardeur, revenant de la côte qui se trouve non loin d’ici avec un seau rempli de coquillages.

« - Bonjour ?
« - Bonjour. … oh, vous êtes des clients ? »

Il faut quelques temps à la femme pour sembler réaliser ce que ça implique, et se laisser guider par son professionnalisme tout relatif.

« - Euuuuh… bienvenue à la boutique de souvenirs Sirena ! Je vous en prie, entrez ! Nous avons tout ce qu’il vous faut ! »

Les marins se regardent entre eux, assez déconcertés par ce qu’ils vivent, mais je les encourage :

« - Allons-y, ça a l’air trop bien ! En plus on y sera à l’abri le temps de soigner tout le monde et de faire venir le navire ! »

Nous grimpons donc à l’échelle (sauf le dinosaure qui reste dehors) et parvenons dans une grande cabane sur pilotis, entièrement faite de bois et de cordages. Le contenu des rayonnages qui débordent de toutes parts semblent sortis d’un autre univers avec leurs rangées de bibelots, de cartes postales, de vêtements à collectionner et autres cadeaux à acheter.

Tandis que ceux qui en ont la compétence commencent à soigner sommairement leurs compagnons (en utilisant des trousses de secours estampillées Sirena – Souvenirs de Little Garden[Quête] Jurassic Fight Wx7h) les autres, faute de mieux, flânent un peu parmi les rayonnages. Après quelques minutes j’ai la satisfaction d’en voir deux ou trois sortir leurs porte monnaies et se diriger vers la caisse.

Après un moment tout de même, la vendeuse revient vers moi et me chuchote, l’air perplexe :

« - Vous ressemblez drôlement à ma patronne. Vous ne seriez pas madame Sirena ?
- Chuuuut. »
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海 軍

∆ Feat. Caramélie ∆


À bout de forces, la commandante portée par ses hommes avait bien du mal à rester éveillée. Elle ne comprenait pas pourquoi le groupe fit halte dans une boutique. Pour tout dire, le simple fait qu'un tel endroit existe sur une île pareille la laissait avec bien plus de questions que de réponses. Que diable faisaient-ils ici ? Comment survivaient-ils entourés de dinosaures si agressifs ? Cela sans prendre en compte les éruptions volcaniques. Rien de tout cela n'avait beaucoup de sens et la militaire se demandait si elle n'avait pas perdu connaissance. Le fait qu'elle se trouve dans un rêve rendrait tout cela plus logique et facile à assimiler.


Après un temps d'arrêt sur place qui dura près d'une heure, les hommes d'Ambrosias lui prodiguèrent les premiers soins à elle et aux blessés pendant que le Béluga levait l'ancre pour se rapprocher en logeant la côte. Quand le groupe repartit, la capitaine était toujours incapable de marcher seule. Un brancard de fortune ayant été fabriqué sur place, ses subordonnés eurent plus de facilité à la ramener à bord. Dans un état comateux, Ambrosias parlait mentalement avec Kroak, le ptérosaure qu'elle avait sauvé. Ce dernier affirma vouloir la suivre tandis qu'il volait en arc de cercle autour des marins.


Les hommes restés sur le Béluga eurent bien sûr beaucoup de mal à comprendre ce qu'un immense monstre préhistorique faisait avec la capitaine. Fort heureusement, il n'était pas agressif et se contenta de se poser sur le mât le plus haut, chassant malheureusement la vigie au passage. Le pauvre matelot ayant eu la peur de sa vie passa toute l'heure suivante à trembler comme une feuille au vent. Transportée dans sa cabine pour y être allongée, Ambrosias ne tarda à pas à recevoir la visite du docteur Loréada. Quand cette dernière eut fini de s'occuper d'elle, elle laissa la capitaine se reposer. Avant de tomber dans les bras de Morphée, la commandante ordonna que le navire fasse cap vers les jumeaux. Grâce au gyropose de la seconde, naviguer sur Grand Line était bien plus simple. Il était ainsi possible aux hommes du Béluga d'aller en avant et en arrière ou même de changer de voie, ce qui était pour le moins pratique.


Dans la nuit, quand Ambrosias se réveilla à cause de la gîte importante, elle avait mal partout. Après avoir pris un médicament pour la douleur et bu toute une carafe d'eau, elle fit mander l'agente d'Isigny pour la remercier. Rien de tout cela n'aurait été possible sans elle, c'était un fait. Elle lui était extrêmement reconnaissante. Claes Gerritzon lui avait échappé à elle et la Marine sur le Cimetière d'épaves, rendant sa traque très personnelle. Savoir que ce traître était enfin défait l'emplissait de joie. Reconnaissante elle ouvrit sa meilleure bouteille pour célébrer cette victoire avec Caramélie. D'ici quelques jours, les deux femmes se quitteraient mais Ambrosias espérait qu'il ne s'agisse que d'un au revoir.




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