Luvneelroom, Royaume de Luvnel
Début 1628
Peu de temps après l’obtention du fameux graal, je trouvais enfin un pied-à-terre dans ce trou à rats, qu’on ose nommer Luvneelroom. Franchement, j’aurais préféré atterrir dans un bastion de la marine, plutôt que de côtoyer cette population de poiscaille, quelle horreur. L’espoir de trouver du boulot compensait fortement le fait d’être entouré de sous-hommes. C’est avec cette volonté que j’arpentais les environs.
Toujours tiré à quatre épingles, katana à la ceinture, flingue soigneusement dissimulé dans le holster, dans cet accoutrement il était fort difficile de passer inaperçu. Après tout, avais-je besoin de l’être ? Cette fois-ci, nulle besoin de fuir devant les forces de l’ordre, puisqu’à présent j’aide ces chiens du gouvernement à faire le sale boulot, en capturant les crapules. Paradoxale pour quelqu’un qui était dans l’autre camp, n’est-ce pas ?
Ce nouveau métier comporte certes d’énormes risques mais le jeu en vaut la chandelle. S’en mettre plein les poches sur les dos de diverses criminels, pirates, révolutionnaires, quel véritable plaisir. Cette nouvelle vie de luxure, je sens que je vais l’apprécier, oh que oui.
Ne connaissant pas le coin, je ne savais pas par où commencer. Procédons de manière classique dans ce cas. Dans l'expectative de dénicher un tuyaux ou deux, je me mis en route en direction d’un des bars les plus fréquentés. Qui sait, peut-être que je trouverais ce pourquoi je suis ici.
En passant le pas de la porte ma surprise fut grande, la taverne était à peine remplie, après tout ce n’était que le début de soirée et les spécialistes du commérage finiront bien par arriver.
« Servez-moi ce que vous avez de plus fort, s’il vous plaît. » commande adressée au tenancier du bar.
Le temps d’être servi mon regard de fouine scrutait l’assemblée à la recherche d’une place, ou du moins, du parfait informateur. Parmi toutes les têtes présentes, l’une d’entre elles m’était étrangement familière, le barbu attablé au fond à gauche de la salle. Wayne Macallan. Ce chien fou, je le reconnaîtrais entre mille, mais que pouvait-il bien foutre ici ? A première vue, il n’était pas accompagné de ces petits soldats.
Lui et moi on s’était déjà croisé par le passé, à l’époque je bossais encore comme collecteur de dettes auprès d’une organisation mafieuse, mais bon pas certain que mon visage lui ait laissé tant de souvenir que ça. C’est l’occasion idéale pour lui demander ce qu’un Marine fout ici. La boisson enfin servie, je me dirigeais tout droit vers cet homme.
« La place est-elle prise ? » dis-je d’abord en guise d’introduction, puis sans même lui demander son accord je pris place à sa table. Après avoir posé le verre, je me grillais une clope, qu’importe qu’il supportait ou non l’odeur de la fumée, ce n’était pas mon problème.
« Alors comme ça, ça se la coule douce ? T’en as eu marre du boulot du coup t’es venu profiter de la chaire fraîche ? Je ne pensais pas que tu avais ce genre de goût. »
J'attends avec impatience la future réaction du Commandant afin de l’analyser plus en détail. Au plus profond de moi, j’espérais que cette conversation mènerait à des pistes concrètes. En effet, depuis que j’ai entendu dire que la Food Chain s’était attaqué au roi de Bliss, ma région natale, je n’envisage qu’une chose : leur mettre la main dessus et leur faire payer.