Eva [En cours] de biologie

Description physique

Description psychologique

Biographie

– Ben lors, qu’est-ce qui ne va pas Eva ? Ta page est toujours blanche ?

L’homme qui venait de prendre la parole avait les cheveux châtains clairs, les prunelles marrons, un début de bouc et des lunettes discrètes. Il portait des vêtements ni trop chics ni trop misérables, modestes pourrait-on dire. De son attitude se dégageait une forme de tranquillité apaisante. Il s’adressait au protagoniste de cette histoire. La paume de cette dernière pressait son front tandis que sa posture s’affalait pour moitié sur la table d’où des notes devaient probablement être prises. Le signe sans doute d’un découragement quant à l’exercice qui se profilait devant ses yeux.

– J’y arrive pas… Depuis qu’on a déménagé ici… j’arrive à rien !

S’approchant de quelques pas de sa fille démunie, l’homme se gratta le menton un moment. Sur le visage, un léger sourire s’ouvrait. Il avait toujours eu ce côté psychologue avec les gens. Un talent qui pouvait briller dans l'intimité du cocon familial.

– J’entends bien que l’île de Zaun ne soit guère vraiment l’environnement le plus idéal pour s’épanouir lorsqu’on arrive à ton âge… encore que, tu serais surprise je pense si d’aventure tu grattais un peu plus sur la surface pour découvrir l’envers du vernis. Mais est-ce seulement le lieu, le problème ?

Un court silence soulignait la grimace de dépit sur la figure de la première intéressée. Dans sa pose négligée, ses lunettes s’étaient un peu mises de travers sur son nez, de quoi justifier de les remettre mollement à leur place.

– Je sais pas, si on part là, c’était pas beaucoup mieux à Manshon… Mais là-bas, au moins, j’y avais mes repères, mes amis. Mes notes à l’école n’étaient pas trop mauvaises.
– Hm, c’est étrange, j’ai le souvenir d’un autre son de cloche quand on y vivait.
– C’est pas ma faute si tout foutait le camp à cause du travail de maman…

Une conversation qui revenait souvent. Cela n’avait rien d’étonnant lorsque l’on connaissait les démêlés entre les criminels sur place et la marine. Une situation qui avait vite dégénéré pour contraindre les seconds et leur famille à s’installer autre part. Bien sûr, pour de jeunes esprits, les complexités amenées à l’occasion de la Révolution de Chrysanthème parlaient peu, d’autant plus lorsqu’ils avaient été tenus à l’écart de ces conflits. S’asseyant à table, l’homme jetait une œillade chaleureuse vers la jeune fille qui détournait les yeux avec une moue boudeuse.

– Les choses sont allées vites. Il est normal d’être un peu perdue et de prendre du temps à relancer la machine. Écoute, laisse un moment de côté tes devoirs. Est ce que ça te dit d-…
– Tu es trop laxiste, Thomas.

Revenait de son espace de travail une femme aux traits froids qui contrastaient avec la couleur chaude de sa chevelure soigneusement coiffée. Ses prunelles avaient un quelque chose d’anormal, comme si elles dessinaient une cible. Même à la maison, sa tenue se révélait intransigeante, de quoi indicer sur une psyché on ne peut plus perfectionniste. Entendre la voix sèche et glaciale de sa mère encourageait Eva à se tourner sur la table pour éviter que se rencontrent leurs regards.

– Ne sois pas aussi sévère, Sara.
– Et pourquoi ça ?
– Elle n’a encore que 12 ans…
– Un âge où le cerveau atteint son meilleur rendement d’apprentissage pourvu qu’on ne le laisse pas se ramollir.
– Quand bien même, ce n’est pas sain. Tu veux lui voler son enfance ?
– Je ne souhaite pas que notre fille compte parmi ces déchets bons qu’à se trouver de bonnes excuses à leurs échecs. Si elle veut un avenir, c’est maintenant qu’elle doit s’investir.
– … Et quand cela s’arrêtera-t-il ?

À cette interrogation, Sara cligna plusieurs fois des yeux d’incompréhension. Le sujet de l’éducation de leur enfant avait toujours été le terreau fertile des disputes. Thomas et Sara s’étaient à l’origine rencontrés dans une prestigieuse école de biologie. Le premier était devenu un médecin apprécié de ses patients. La seconde s’était gagné une place haut placée dans la recherche au sein d’un département secret de la marine. Si à l’origine, leurs intérêts communs les avaient réunis, à présent que leur parcours se distançaient à ce point, depuis un certain temps, le couple ne se trouvait plus sur la même longueur d’onde.

– Il faut battre le fer tant qu’il est chaud. Eva aura tout le loisir de se reposer à la relève des asticots. S’arrêter pour se reposer, c’est autant de retard pris par rapport à tous les autres. S’il y a une place à prendre, ils n’attendront pas. Il ne restera plus alors que les miettes à ramasser. Souhaites-tu que la vie de notre fille ait si peu de sens ? Sois sérieux, un peu.
– Sa carrière… n’y a-t-il que ça qui doive compter ? Lui as-tu porté de l’attention ne serait-ce qu’une fois ?
– C’est censé être une mauvaise plaisanterie ? Pendant que tu végètes dans ta routine, je me suis coupée en quatre afin de lui gagner les contacts qui en viendront à favoriser sa candidature au QG du BAN. Seulement, je ne peux faire tout le travail. Eva sera sélectionnée à profils égaux. Mais encore faudrait-il qu’elle atteigne les dix meilleurs qui ne verront que l’un d’entre eux admis. Tu la vois réussir à son niveau ?
– Et si elle ne voulait pas rejoindre la marine, tu y as pensé ?
– Alors, elle n’y restera que dix ans. Après quoi, toutes les portes lui seront ouvertes. J’ose espérer qu’à l’issue de ces expériences, elle ne choisisse pas de régresser en un médecin de campagne sans intérêt.

Que mûrissent les échanges, Thomas perdait progressivement de sa contenance dans le ton de sa voix. À l’inverse de Sara qui ne faisait que soumettre des réflexions logiques et déparées d’émotions, son mari n’était pas indifférent à ce que des mots machinistes décident si arbitrairement de l’avenir de leur enfant. Au passage, il lui fallait avaler les couleuvres des remarques passives-agressives qui ne manquaient pas de corroder sa patience. De cette manière, un homme se caractérisant par son calme en arrivait à perdre son sang froid et brusquement hausser la voix. En parallèle, le bruit d’un claquement de porte résonna dans l’habitat. Ce lieu ne pouvait décemment pas être appelé un foyer. Cet endroit n’était qu’une collection de ruptures.

***

Pourquoi as-tu gardé cette vieille photo ? Cette fille… c’est ton amie d’enfance, non ? Tu as peur de l’oublier ? Tu dois bien savoir que les chances de la revoir sont infimes. Et quand bien même, combien d’années faudra-t-il attendre ? D’ailleurs, qui te dit qu’à vos retrouvailles, elle ne soit pas passée à autre chose ? Dans le pire cas de figure, elle pourrait même t’avoir totalement oubliée. Alors quoi ? Ça te rassure tant que ça de l’avoir en main pendant que tes parents se disputent une énième fois sur la question de ton futur ? Attends, t’es en train de pleurer ?

Quel est le problème ? Oui, tu n’es qu’une moins que rien. En tout cas, c’est ainsi que ta mère te voit. Tu aimerais te dire que son attitude n’est qu’une façade pour te stimuler. Sans doute, n’est-ce pas entièrement faux. Mais tu dois bien l’avoir en mémoire, non ? Ce regard. Tout ce qui en est ressorti, ça n’a toujours été que de l’indifférence, pas vrai ? Encore que ce n’est pas exact. On peut lire quelques variations. Tu sais ? Toutes les fois où tu lui donnes une raison de la décevoir. Tu aimerais être à la hauteur. Après tout, au fond, tu l’admires. Tu l’admires autant que tu la crains, même si avec les années, ce second sentiment prend le dessus. Ça crève les yeux.

Est-ce que ça te fait du bien d’être défendue par ton père ? Lui t’écoute déjà plus. C’est agréable, n’est-ce-pas ? Ne te leurres pas. Tu n’es pas à plaindre. Tu n’as jamais vraiment souffert. Pour un peu, tu agis comme une princesse. Tu râles quand tu le peux. Tu te convaincs que le mal, ce n’est pas toi, ce sont les autres. Tu veux te dire que ta mère t’a arraché tout ce qui t’était cher. Avec Pietra, vous êtiez inséparables, hein ? Il serait aventureux d’avancer que dans la belle époque, ta vie faisait plus de sens que maintenant. Mais d’être regardée sans jugement particulier, appréciée comme une amie, ça permettait de soulager le poids qui s’abattait sur toi sitôt le seuil de ton chez-toi passé.

Tu peux bien pleurer, finalement. Même si tu n’as jamais vraiment souffert, tu as de quoi être effrayée. Ton devenir est comme tenu en otage et dans cette histoire, ton libre arbitre apparaît bien dérisoire. Si tu l’ouvres, ton père pourrait s’impliquer encore plus avant et qui sait quelles conséquences seraient engendrées. C’est là une position délicate. Et tu n’es encore qu’une gamine. Pourtant, ce n’est pas comme si comprendre cela allait effacer les émotions qui te tourmentent. Tu manques d’expérience. Tu es fragile. À fleur de peau. Malgré tout, tu dois être forte. Peu importe que tu te retrouves à jouer de la flûte. Ce pourquoi, à cet instant, tu saisis cette allumette et l’utilises pour brûler ton trésor.

Cette faiblesse qui te retient de grandir, tu t’en débarrasses. Tu la regardes se faire consumer dans ce feu insignifiant à ce monde mais dévastateur au tiens. Laisses moi deviner ta pensée… Tu te dis qu’ainsi, le regard que ta mère te rendra sera moins tranchant. C’est une aspiration pleine de candeur et tu en as bien conscience. Preuve en est, de t’observer chercher brusquement à éteindre ce petit feu pour sauver ce qui peut l’être de cette vieille photo. Alors, tu en viens à serrer ses ruines contre toi pour céder de plus belle avec les cris de ton père en toile de fond de la pièce voisine. Ne viens-tu pas d’échouer à devenir ce monstre d’humanité capable de repousser loin derrière toi ceux qui en viendraient à menacer le trône que ta mère t’a promise ? Tu n’es pas une héroïne tragique, Eva. Tu es pathétique.

Informations IRL

• Votre prénom / pseudo : Fuan
• Êtes-vous majeur ? oui
• Vous aimez / n'aimez pas : J'aime me sentir bien et je n'aime pas me sentir mal. Dingue !
• Votre personnage préféré (de One Piece) : Crocodile !
• Vous vous définiriez comme : Une personne assise sur une chaise devant un écran. *pokerface*
• Vous faites du RP depuis : un petit moment.
• Vos disponibilités (approximatives) : J'ai pas beaucoup de temps pour être honnête.
• Comment avez-vous connu le forum ? topsites.