L’histoire de Morgan, c’est avant tout l’histoire d’une famille intimement liée à l’armée depuis de nombreuses générations. Devenu au fil du temps un devoir moral, chaque homme portant le nom de Blake à l’obligation de s’engager sous le drapeau du Gouvernement Mondial.
Son enfance, comme celle de son père et du père de son père, fût entièrement dictée par cette obligation morale. Ressassant encore et toujours les récits de tel ou tel aïeul ayant fait la fierté de la famille en son temps lors d’une bataille d’histoire ou de la capture d’un redoutable pirate. La demeure familiale ressemble d’ailleurs plus à un mausolée qu’à un petit nid douiller. Garni du sol au plafond par d’innombrables objets ayant appartenu à d’anciens membres de la famille réduits depuis bien longtemps en poussières. Au milieu de tous ses vestiges, trône dans la pièce principal, l’emblème de la Marine d’Élite. Car les Blake ne sont pas de simples soldats, ils font tous partie à quelques exceptions près à la prestigieuse Marine d’Élite. Ceux qui ne parviennent pas à rentrer dans cette institution, malgré parfois une très belle carrière dans la régulière, sont relégués au second plan. Aujourd’hui, cette demeure sert de résidence au grand-père, ancien lieutenant d’élite, et gloire familiale. Devenu, depuis plusieurs année un semi-légume baveux passant ses journées le cul sur son fauteuil face à la porte d’entrée, Il garde toujours à proximité, son vieux fusil, persuadé que des révolutionnaires sont cachés dans le voisinage et veulent attenté à sa vie.
***
Le jeune Morgan évolua au fil des années dans cet univers gravitant autour de l’armée, bouffant matin midi et soir de ça. Son géniteur revêtant à merveille la casquette du formateur con et intransigeant, le sergent d’Elite, Sirius Blake. Véritable pourriture incarnée, sa réputation n’est plus à faire auprès des récentes recrues passées entre ses mains au QG du BAN. Il mit donc toute son expérience au profit de son rejeton pour le modeler afin d’en faire une véritable machine de guerre pour le Gouvernement Mondial. L’amenant d’ailleurs dès son plus jeune âge aussi bien sur les terrains d’entrainement afin de manier des armes ou bien assister à des exécutions publiques de criminels notoires pour lui apprendre la rudesse de la vie. Mais entre deux discours moralisateurs sur le bien et le mal, Sirius n’oubliera jamais de rabaisser l’armée régulière.
« Un ramassis de pleutres ayant vu de la lumière avant de pousser la porte du bureau du recrutement! Des sans couilles ! Incapable de survivre à une seule journée d’entrainement au BAN ! Ils ne méritent même pas le quart de leurs soldes ! »
Lorsqu’il n’était pas envoyé en mission à l’autre bout du Blue, le paternel se chargeait entièrement de l’éducation de son rejeton. Veillant à ce qu’il soit aussi performant sur les bancs de l’école, que dans les activités physiques. Pendant que sa mère, comme de nombreuses autres femmes de militaire, était reléguée au rang de bobonne. Avec comme tâches principales de maintenir le logement propre et de faire la popote en temps et en heure. Heureusement pour le jeune Morgan, son père était régulièrement envoyé en mission, parfois pendant de longues périodes. Il profitait de ses instants pour mener une vie de petit garçon presque normal, car il ne restait jamais longtemps au même endroit.
Balloter d’ile en ile aux rythmes des affectations de Sirius, il lui était très difficile de pouvoir tisser des liens d’amitié sur le long terme avec les autres enfants de son âge. Mais qu’importe, il s’en accommoda rapidement. Ne loupant jamais une occasion de parfaire son apprentissage, Morgan découvrit lors de ses nombreuses traversées les rudiments de la navigation militaire.
Arrivée à l’adolescence, il n’avait plus rien à voir avec le gamin innocent qu’il fût. Le travail acharné de son père avait finalement payé ! Morgan imbibé par la doctrine familiale, n’hésitait pas un seul instant à imposer ses idées et ses opinions, quelle que soit la manière. L’important c’était la finalité après tout, c’est ce que lui avait toujours enseigné Sirius.
« Nous sommes dans le camp de bien, et bien doit être défendu par tous les moyens possibles. Même si nous devons utiliser les armes de l’autre camp face à eux, nous restons dans le camp de bien. »
Mais sa personnalité comportait aussi certaines zones d’ombres, notamment un attrait grandissant pour la violence physique. Chose dont il faisait de plus en plus usage sur ses camarades pour oui ou pour un non. Ce type d’écart ne resta pas impuni, son père furieux de se faire humilier de la sorte à cause d’un fils indiscipliné lui infligeât nombres de corrections pour le mettre dans le droit chemin, mais en vain.
Après tout qui l’avait endurcie au point d’en faire un homme avant l’heure ? Qui lui avait appris nombre de techniques de combats ?
La goutte d’eau arriva un jour, en rentrant des cours, lorsqu’une de ses victimes appela à l’aide des connaissances pour lui mettre une correction. Un petit groupe d’adolescents s’était mis en embuscade sur son trajet avec la ferme intention de lui casser la gueule. Pour son âge, Morgan était déjà impressionnant physiquement, il mesurait déjà une tête de plus que ses camarades et ses épaules étaient bien larges pour un adolescent de quinze ans.
Plongé dans ses pensées, il ne remarqua même pas que deux individus lui collaient le train depuis plusieurs minutes. Au détour d’un chemin, c’est cinq agresseurs lui tombèrent dessus dont un armé d’un bâton. D’abord surpris et totalement prit au dépourvu, Blake se mit sur la défensive en se protégeant tant bien que mal le visage des coups reçus. Acculée, et ne désirant pour rien au monde fuir, la colère monta en lui comme rarement. Il se rua sur ses adversaires au prix de nombreux coups, et déchaina toute sa rage et sa violence autour de lui.
Attrapant le premier venu devant lui, il lui brisa le nez avec son front avant de le jeter au sol et lui marcher dessus. Mais la priorité dans l’immédiat était surtout de se saisir de ce foutu bâton qui lui causait bien des soucis. Même s’il était seul face à quatre adversaires, les autres adolescents n’avaient absolument aucune technique de combats. C’était tout au plus que de vulgaires bagarreurs de rue, ils n’avaient jamais été confrontés à un adolescent entrainé dès son plus jeune âge aux techniques militaires. Morgan se saisit du bâton à l’aide de ses deux mains et utilisa toute sa force pour le faire pivoter et ainsi contraindre son propriétaire à le lâcher. Dans le même temps, un autre vaurien le percuta dans le dos et tenta de passer les bras autour de lui pour le neutraliser. Mais le rapport de force était totalement inégal, il se débarrassa aisément de ses liens, avant de venir saisir la tête du malheureux pour venir la bloquer sous bras en exerçant une strangulation bien virile. Voyant que leur expédition punitive virée aux cauchemars, l’un des protagonistes décida de prendre les jambes à son cou et s’enfuit dans les hautes herbes sans demander son reste.
Blake était à présent en prise avec deux individus, l’un sous son contrôle qui commençait à virer au rouge écarlate faute d’air, et l’autre qui se trouvait en grande difficulté. Il lâcha finalement son arme et se carapata comme son collègue loin d’ici. Morgan relâcha la pression et le dernier des merdeux s’écroula au sol en cherchant à tout prix de l’air. Mais la colère n’était pas pour autant redescendu, il regarda avec dégout les deux gamins au sol, en ne manquant pas de leur foutre quelques coups gratuitement, et se mit à la recherche des fuyards.
Les deux compères pensant surement que le danger était derrière eux à présent s’étaient retrouvés quelques centaines de mètres plus loin sur un chemin longeant le rivage. Essoufflés et terrorisés par ce qu’ils venaient de subir, ils s’en allaient maintenant quérir de l’aide des adultes pour mettre fin à tout ça.
Mais c’était sans compter sur la détermination du jeune Blake à ne pas laisser ce crime impuni ! Il leur sauta dessus armé de son bâton et les passa à tabac sans pitié pendant de très longues secondes. Une fois satisfait du résultat plutôt sanglant, mais par gout du travail bien fait, il décida d’ajouter une note finale, en ficelant ses victimes comme du rosbif avant de les suspendre à une branche d’arbre. Une fois la tâche accomplie, il s’en retourner à son domicile comme si de rien n’était.
À peine avait-il franchi la porte d’entrée que son père lui tomba dessus, voyant son fils couvert d’ecchymoses et ses vêtements tachés de sang, il comprit immédiatement qu’il s’était battu de nouveau. Morgan laissa l’orage passé au-dessus de lui, ce n’était pas la première fois, ni la dernière fois que son père s’énerver contre lui.
Mais l’affaire n’en resta pas là, en effet, quelques heures plus tard, une foule de parents furieux se présenta au domicile des Blake accompagnés de leurs rejetons ensanglantés ! Tous étaient unanime, c’était le jeune Morgan qui avait provoqué l’incident ! Alors qu’ils étaient entrain de jouer tranquillement, l’adolescent était venu armé d’un bâton pour les passer à tabac sans aucune raison apparente. Il avait même poursuivi ses victimes sur plusieurs centaines de mètres ! Ce gamin était un véritable danger public qu’il fallait immédiatement mettre hors d’état de nuire.
Pour le chef de famille, ce fût la goutte d’eau qui fait déborder le vase, après avoir éconduit les civils loin de son domicile ! Car pour lui le linge sale se lave en famille et les civils n’ont absolument aucune autorité sur sa famille. Il envoya donc boulet ce petit monde en pointant sur eux son fusil ! Méthode militaire…
Ce fut surement la plus grosse rouste que lui inflige son paternel, qui n’écouta absolument pas sa version de l’histoire comme quoi, c’était lui la vraie victime dans l’histoire. Il termina sa journée à faire des tours de pistes jusqu’à épuisement, la gueule totalement de vrac à cause des coups reçus.
Toutefois, la plus grosse des punitions se profiler à l’horizon, car cette histoire ne pouvait pas en rester là. Morgan fût envoyé quelques semaines plus tard dans une école militaire spécialisée sur West blue, son père jouant de ses contacts dans l’institution pour lui dégoter une place là-bas le plus rapidement possible. Ce fut pour le jeune Blake, le plus grand chamboulement qu’il connut jusqu’à présent. Il avait l’habitude de déménager, mais toujours en famille, là il se retrouvait seul dans un endroit totalement inconnu qui avait comme seul et unique objectif de former le futur vivier de la Marine. Même si sur le papier, pour le paternel l’endroit pouvait paraitre idéal pour la formation de sa progéniture, il avait toujours montré une ferme opposition à cette option, qui était l’ultime recours. Car ce n’était pas sous l’égide de l’Élite, mais bien de la régulière que la structure se trouvait. Et donc, à ses yeux, ce n’était ni plus ni moins qu’un centre de vacances amélioré. Mais au dos au mur, il a dû se résigner à envoyer Morgan. Avec la conviction, que même si ce n’était que des branles-couilles aux manettes, son fils aurait tout de même une structure l’encadrant avec suffisamment de poigne pour éviter que ce renouvèle les récents évènements.
***
Pour Morgan, ce départ fut vécu comme une véritable trahison de la part de son père. Non seulement, personne ne l’avait cru dans cette histoire, après tout c’était lui la victime initialement. Et en plus, il se retrouvait dans un internat seul et loin de tout !
Peu enclin au dialogue, les premiers mois furent autant difficiles pour les formateurs, les autres élèves que pour Morgan. L’adolescent au caractère impulsif avait montré plus d’une fois qu’il ne fallait pas trop le contrarier. Toutefois, il se démarqua auprès de la direction pour autre chose, ses talents innés pour le combat.
« A croire que ce gamin à manier des armes avant d’apprendre à marcher »
S’exclama un jour le Capitaine Jules Ferry en charge de la formation en le voyant lors d’une séance de tir.
Les mois passants, il n’avait que de rares nouvelles de sa famille, et cela ne lui posait pas le moindre souci. Car même s’il avait finalement trouvé sa place ici, au milieu d’autres jeunes aspirants tout comme lui à servir. Il n’avait toujours pas digéré la pilule, après tout ce qu’il avait dû endurer, il s’était fait bazarder comme un vulgaire clébard !
Possédant déjà de solides bases dans le combat au corps à corps ou le tir, Morgan se découvrit une nouvelle passion, qui surplanta tout le reste, le maniement du sabre ! Il avait eu l’occasion à quelques reprises de s’essayer avec son géniteur, mais ce dernier n’était pas du tout adepte de cette méthode de combat.
« C’est pour les fiottes qui aiment brasser de l’air devant eux de façon artistique ! Si je voulais faire ça, j’aurais fait de la danse et non la guerre ! Prends donc ce fusil, au moins tu n’auras pas l’air con avec ça dans les mains ! »
Il découvrit aussi une instruction militaire, mais bon moins extrémiste qu’à la maison. Même s’il était toujours question d’un monde diviser en deux parties distinctes, avec d’un côté les civils à protéger et de l’autre les méchants à taper et emprisonner. La nuance était plus sur les moyens utilisés, il était surtout question ici de faire régner la loi en préservant si possible la vie du malfaiteur. Mais qu’importe, Morgan gardé pour une fois ses convictions pour lui, notamment qu’un bon criminel, c’est un criminel mort ! Pourquoi perdre du temps, de l’énergie et de l’argent à devoir juger les pires raclures ? Prenaient-ils eux le temps de juger leurs victimes ? Certainement pas.
Conscient de l’énorme potentiel que receler le jeune Blake, le Capitaine Ferry décida de le prendre sous son aile. Il avait de nombreux points communs avec lui, en particulier le fait d’être issu d’une famille entièrement militaire. Mais contrairement à Morgan, c’était dans la régulière que les Ferrys servaient, tandis que la Marine d’élite avec une très mauvaise réputation. Celle de tenir le drapeau de la Marine par leurs agissements franchissant bien souvent la ligne rouge. À quoi bon vouloir combattre les pirates si, au final, on se comporte exactement comme eux ? Usant des pires techniques pour arriver à leurs fins, bon nombre ont leurs places derrière des barreaux et non vêtues de ce prestigieux uniforme.
Morgan ne cachait à personne sa ferme intention de faire un pied de nez à la régulière pour rejoindre les rangs de l’Élite. Pour les autres mousses, il s’agissait là d’une folie de sa part. Car même s’il est surclassé dans de nombreux domaines le reste de ses camarades, la funeste réputation de cette branche éclipser ses talents. D’autant plus que le Capitaine s’était fixé comme objectif de l’envoyer une fois son cursus terminé dans une école d’officiers. Il fallait juste donner à ce gamin un encadrement aussi strict qu’intelligent, pour éviter qu’il ne sombre dans ses travers. Mais avec le bon mentor, il en était persuadé, Blake avait toutes les cartes en main pour devenir à terme un grand officier de la Marine.
Arriva finalement aux termes de deux longues années, la fin de sa scolarité marquée par la fameuse remise de diplômes. Cérémonie hautement symbolique pour les élèves ayant travailler s’arrache pied pour parvenir à se positionner le mieux possible. Les trois premiers avaient l’immense privilège de pouvoir directement intégrer une école d’officier à leur sortie. Au prix d’une grande remise en question, et surtout d’effort conséquent, Morgan avait réussi à se hisser à la première place du classement. Pour le Capitaine Ferry, c’était qu’un juste retour des choses pour son protégé, il éprouvait une grande satisfaction du résultat qu’il avait obtenu avec lui.
Pour l’occasion, ses parents avaient d’ailleurs fait le déplacement, l’occasion pour le géniteur de revêtir sa tenue d’honneur avec le placard de médailles bien visible.
Une fois la cérémonie clôturée, les jeunes diplômes avaient le droit à bref moment avec leur famille avant de se réunir afin de signer leur future affectation.
Sirius s’empressa d’aller à sa rencontre, sans même prendre le temps de le féliciter pour avoir terminé premier de sa promotion. Pour lui, qu’une seule chose n’avait de sens à ses yeux, que son fils rejoigne l’Élite afin de faire perdurer la tradition familiale. Mais Morgan voyait, dans cette occasion, un moyen de lui rendre la monnaie de sa pièce. Pour l’ensemble de son œuvre, les roustes mémorables, le fait de ne l’avoir pas cru avant de l’envoyer à perpette en internat. Depuis, il se sentait au final plus proche du Capitaine Ferry que de son propre père.
En tant que major, il fût le premier à exprimer clairement son choix :
« Morgan J. Blake, école des officiers de la Marine ! »
« QUOIIIII ???!!! »
Débuta alors une nouvelle vie pour Morgan qui entrait maintenant dans sa majorité, ayant coupé tous les ponts avec sa famille depuis. Il découvrit un monde qui lui était totalement inconnu, fréquentant dorénavant principalement de jeunes hommes issus de classes sociales plus élevées que la sienne, il a eu le plus grand mal à s’y faire une place. Le niveau général était bien évidemment bien plus relevé ici, et même s’il restait l’un des tout meilleurs en combat ou dans l’usage des armes. La concurrence était rude à tout niveau. Il découvrit par la force des choses ce que voulait dire l’humilité, plus question de martyriser ses camarades ici. Il ramassa nombre de corrections durant les séances de combats qui lui rappelèrent amèrement son enfance.
Durant trois années, au prix de nombreux sacrifices et efforts, l’adolescent turbulent se mua en un officier de la Marine, gagnant en assurance, en réflexion, en sang-froid, sans oublier en techniques de combats.
Terminant sa formation, la cérémonie fut totalement anecdotique pour lui, peut-être car il était l’un des rares à n’avoir aucun membre de sa famille pour le féliciter. Qu’importe, pour le jeune sous-lieutenant de la Marine. Il avait soif de mettre toutes ses connaissances à l’œuvre, notamment pour aller se frotter à la piraterie. C’était bien beau les combats encadrés avec ses camarades, mais cela le laisser sur sa faim. Il voulait connaitre, ce que cela faisait de mettre sa vie en jeu lors d’un affrontement, savoir ce que cela procure de pouvoir ôter la vie d’une pourriture de criminelle. Il n’avait jamais perdu sa vision manichéenne du monde, persuadé plus que jamais qu’il agissait pour le camp du bien. Et de ce fait, il avait la totale liberté dans ses actions.
Toutefois, le début de sa carrière fut marqué par une série de désillusions sur l’idée qu’il se faisait de son métier. Affecté dès la fin de sa scolarité sur East Blue, en tant que second d’un Lieutenant en fin de carrière. Il ne tarda pas à se faire horriblement chier, les journées s’écoulaient de plus en plus lentement et il ne se passait strictement rien. Leur activité principale consistait à des missions de patrouilles côtières et de la prise de contact avec la population locale. Blake fulminait intérieurement, il a dû attendre plusieurs mois avant d’avoir enfin son premier accrochage avec des bandits. Mais là encore ce fût une terrible déception, loin de la confrontation à laquelle il avait tellement espérer jusqu’à lors. Les criminels détalèrent à leur simple vue, pour finalement déposer les armes quelques heures plus tard sans avoir opposé de plus amples résistances.
Sa première rencontre avec un équipage pirate quelque temps plus tard fut un peu plus mouvementée et intéressante. Car au moins eux, avaient décidés d’offrir un soupçon de résistance face aux soldats ! Morgan ne se fit pas prier pour faire partie de la première ligne lors de l’assaut du navire battant pavillon noir. Remonté à bloc à l’idée de pouvoir enfin se mesurer à un adversaire dans un combat à mort, il se rua comme une bête dans la masse d’ennemies. Malheureusement pour lui, les forbans n’étaient qu’un ramassis de seconds couteaux, incapables d’offrir la moindre résistance. Ils capitulèrent quelques minutes plus tard. Morgan ne comptait pas en restait là, frustrer du combat, malgré qu’il avait envoyé trois adversaires au tapis. Il était bien décidé à balancer les survirant par-dessus bord, mais c’était sans compter l’intervention de son lieutenant, qui coupa court à toute exaction dépassant le cadre légal. Après avoir reçu un sermon mémorable, Morgan regagna sa cabine avec un gout de travail inachevé !
Les mois, puis les années passèrent sur le même rythme, la frustration s’accumulant au fur et à mesure des différentes missions. Toujours cantonné à des missions de seconde zone, quand ce n’était pas un rôle d’observateur, Blake ne voyait pas le bout de ce chemin de croix. Nommé vice-lieutenant puis enfin lieutenant avec son propre navire et équipage, il pensait enfin pouvoir avoir le champ libre de ses agissements. Mais il se rendit compte, que la réalité était tout autre, plus il gravissait les échelons, plus les tâches administratives prenaient de l’ampleur. Sans parler de la hiérarchie, omniprésente, il devait suivre à la lettre le plan de route fixé par ses officiers. Il était à présent totalement bloqué dans une institution lourde et rigide, comprenant qu’il devait encore se farcir de ce pain noir encore bien des années avant de pouvoir envisager une mutation sur le Grand Line. Endroit qui abritait une partie des pires crapules de ce monde. Totalement désabusé et perdant foi dans son métier, le lieutenant Blake était tel un lion dans une cage, tournant en rond, toujours à l’affut du moindre signe de piraterie. Mais son secteur était aussi calme qu’un foutu cimetière, il ne se passait strictement rien ! Ce fût l’occasion pour lui de découvrir la face cachée de la Marine, avec notamment, le système de piston. Ceux qui connaissaient les bonnes personnes avaient généralement les meilleures affectations. Nombre de ses camarades, pourtant moins bien classé que lui durant leur scolarité, avait réussi à obtenir directement un poste sur South Blue.
Cette situation latente provoqua de vives tensions entre lui et sa hiérarchie. Ne comprenant pas pourquoi un élément aussi volontaire et déterminé que lui devait se taper un secteur idéal pour la préretraite ? ! Il ne demandait ni promotion ni moyens supplémentaires, juste de l’action ! Était-ce son ancien lieutenant qui lui avait mis des bâtons dans les roues ? Voyant que Morgan avait un penchant pour la violence ? Peut-être, quoiqu’il en soit, il se sentait mourir ici.
***
Tout bascula, alors qu’il rentrait dans sa vingt-huitième année, alors que la journée s’annonçait comme les précédentes. Chiant et dépourvu de tout intérêt, son Den-Den sonna l’alerte ! Un message prioritaire de l’état-major d’East blue à tous les effectifs disponibles. Un capitaine pirate, identifié comme Rekan le Rouge, primé 10 millions et son équipage. Venait d’attaquer un navire de plaisance avec à son bord plusieurs personnalités locales. Les ordres étaient clairs, établir un périmètre de sécurité, en attendant l’intervention de la Marine D’élite. Il ne fallait surtout pas tenter quoique ce soit pouvant mettre en danger la vie des otages !
Morgan ordonna à son équipage de faire route vers la zone de l’incident toutes voiles dehors. L’objectif était d’arriver le plus vite possible sur la zone pour avoir l’initiative. Pas question pour lui de jouer une nouvelle fois un rôle de second plan. Il connaissait plus que bien ce genre de scénario, devoir se coltiner la surveillance du périmètre pendant des heures pour au final regarder la Marine D’élite s’éclater. Faisant totalement abstraction des ordres de sa hiérarchie, il fonça droit vers le navire actuellement sous le joug des pirates de Rekan. Plusieurs autres caravelles de la Marine étaient déjà présentes sur zone, alors sa manœuvre ne passa pas du tout inaperçue. Son Den-Den ne tarda pas à sonner de façon ininterrompue, signe que sa hiérarchie était déjà au courant qu’il s’apprêtait à faire une une folie.
L’ambiance à bord était archi pesante, ses subalternes connaissaient bien l’oiseau, quand le lieutenant Blake avait une idée en tête, il ne l’avait pas ailleurs…
Pour Morgan c’était l’occasion rêvée de pouvoir enfin en découdre avec un véritable pirate, et pour rien au monde il ne voulait louper ce moment-là. Et certainement pas, l’embarcation du lieutenant d’Elite Haas qui fonçait lui aussi en direction du même objectif. Le temps jouait contre lui, il n’avait pas le temps de mettre en place un plan d’action, il devait être coute que coute le premier à poser le pied sur le pont.
« Putain de hiérarchie de merde !! »
Il ordonna à son timonier de venir percuter le bateau de plaisance sur son flanc, qu’importe les conséquences et dommages causés. Le choc fut sacrément rude, secouant les deux embarcations.
Une fois stabilisé, sans perdre un seul instant, Blake lança un grappin sur le bastingage au-dessus de sa tête et commença l’ascension en hurlant à l’attention de ses hommes :
« EN AVANT TAS DE MERDE ! C’EST L’HEURE DE JUSTIFIER SON SOLDE ! »
Jamais il n’avait senti autant d’excitation et d’adrénaline en lui ! Faisant totalement abstraction du monde autour de lui, Morgan était entré dans un état de transe. Jamais, il n’avait ressenti quelque chose d’aussi fort en lui. Il débarqua sur le pont à la surprise générale, les pirates ne s’attendaient absolument pas à voir débarquer un officier et ses truffions dans une mission suicide. Il faut dire que le Capitaine en avait vu d’autres dans sa carrière de forbans, la Marine il l’avait assez pratiqué en long, en large et en travers.
Le lieutenant Blake totalement grisé par la situation se lança corps et âme dans la bataille, ne réalisant pas un seul instant qu’il mettait en danger la vie de dizaines d’otages. Ce fût un combat comme jamais il n’en avait vécu jusqu’à présent. Chaque centimètre, gagné sur le navire, se payait au prix fort pour les hommes de Blake. Dans sa précipitation, il n’avait pas même pas pris le temps d’évaluer les forces ennemies. En infériorité numérique, les militaires devaient se battre à un contre deux, ce qui n’était pas du tout prévu au programme. Jetant régulièrement des coups d’œil derrière lui, Morgan ne pouvait que constater que ses rangs se clairsemer à une vitesse inquiétante.
Rapidement ils n’étaient plus qu’une poignée d’hommes encore en état de se battre, ce qui décuplait la rage du lieutenant. Tel un animal pris au piège, il fendait l’air avec son sabre comme une bête féroce. Son fer trouvant à de nombreuse le chemin dans ses ennemies, plusieurs corps gisaient en arc de cercle face à lui. C’est à ce moment-là que le Capitaine Rekan entra en scène, c’était un sacré morceau qui mettait facilement une bonne tête à l’officier Blake. Couvert de cicatrices sur tout le corps, ce type en avait connu d’autres, et ce n’était pas un lieutenant avec les galons encore neufs qui allait lui poser problème.
Un duel s’engagea entre les deux hommes, le fer s’entrechoqua à de nombreuses reprises. Mais le rapport de force tourna très rapidement à l’avantage du Capitaine. L’expérience, la force, la maitrise était de son côté, et il avait la ferme intention de couper court à ce combat qui était une réelle perte de temps. Il décida donc d’envoyer sa botte secrète pour crever son adversaire. Morgan par chance plus que par adresse, réussit à éviter de justesse le coup mortel, la lame de son adversaire creusant tout de même un sillon sanglant le long de son œil droit. La douleur, mêlée à la surprise, lui fit lâcher son arme et basculer en arrière. Se retrouvant bien malgré lui le cul par terre. Le visage couvert de sang, il avait le plus grand mal à distinguer avec netteté son bourreau.
Blake venait de comprendre seulement maintenant qu’il avait commis la pire folie de sa vie, une folie le conduisant lui et son équipage dans l’autre monde.
Mais c’est alors qu’un miracle se produisit, l’arrivée des renforts, et plus exactement du Lieutenant D’élite Hass, véritable machine de guerre. Son arrivée et celle de ses hommes changèrent totalement la physionomie du combat. Chaque soldat d’élite, valait au moins 5 pirates, le rapport de force s’inversa en quelques minutes. De son côté le lieutenant était en prise avec le Capitaine Rekan, qui avait pour le coup trouvé un adversaire à sa mesure et plus encore.
Au milieu du champ de bataille, Blake réussit tout de même à trouver assez d’énergie pour se remettre debout et récupérer un sabre. Toujours amputé d’un œil à cause du sang dégoulinant, il voulait montrer qu’il était encore apte à se battre. De toute façon, il s’agissait certainement de son dernier combat sous les couleurs de la Marine. Après un tel fiasco, il était bon pour la Cour Maritale, et dans le meilleur des cas, il finirait sa vie dans un bagne du gouvernement à casser des cailloux douze heures par jour.
Alors le lieutenant Blake joua le tout pour le tout, autant sortir par la grande porte. Il se dirigea dans le dos du Capitaine Rekan qui était engagé dans un duel à mort contre l’officier Haas. Morgan, empoignant son arme à deux mains, plongea sa lame dans le bas du dos en y mettant toute sa rage et sa détermination.
Le pirate hurla de douleur et se cambra avant d’effectuer un revers avec son sabre pour se débarrasser de ce gêneur. Mais son sort était déjà scellé, son rival lui planta à son tour son épée dans le corps, le traversant de part en part. Le pirate primé 10 millions, effectua quelques pas de côté avant de s’effondrer raide mort.
Blake quant à lui était resté debout le souffle court, exténué par ce qu’il venait de vivre. Mille-et-une pensées défilées dans sa tête, qu’allait-il devenir ? Pourquoi n’avait-il pas écouté son paternel ?
Le Lieutenant d’Elite Haas se dirigea vers lui, et lui posa la main sur l’épaule.
« Tu ne manques pas de courage mon gars, mais tu te rends compte dans quel merdier tu viens de te foutre ?! »
Quelques semaines plus tard, le lieutenant Morgan était à présent face à la Cour Martiale de la Marine en tant que coupable idéal. Il avait désobéi à plusieurs reprises à des injonctions de sa hiérarchie. Provoquer la mort de la quasi-totalité des hommes sous son commandement et mis en danger de la vie d’une centaine de civils pris en otage sur le navire.
Les charges retenues étaient extrêmement lourdes, il s’était résigné depuis un moment à son sort. Alors que les témoins se succédaient à la barre, officiers, soldats, tous l’accablaient. Sauf une personne, le lieutenant d’Elite Jack Haas qui à sa grande surprise, fit l’éloge de sa bravoure, de son courage face à des adversaires supérieurs en nombre et en puissance. Martelant le fait qu’il s’agissait d’un élément doté d’un gros potentiel, ce serait une véritable erreur pour l’institution de l’envoyer au bagne. Certes, il n’avait plus sa place dans la régulière, mais la Marine d’Élite était l’endroit idéal pour accueillir se genre de profil. Un autre officier était venu lui aussi plaider sa cause, il s’agissait du Capitaine Ferry, son ancien mentor lors de sa formation.
Au terme d’une journée longue et éprouvante, le verdict tomba.
Morgan J. Blake était démis de ses fonctions de lieutenant, il avait le choix, entre continuer sa carrière en tant que Caporal dans la Marine, en ayant interdiction de servir à bord d’un navire durant les cinq prochaines années. Ou bien, tenter sa chance du côté de la Marine d’Élite en se présentant aux sélections d’entrées. La dernière option consistait à démissionner purement et simplement.
Le choix fut rapidement fait pour l’ancien officier, il rejoignit le QG du BAN et tira un trait sur son ancienne vie. Ainsi commença pour lui, l’expérience la plus éprouvante et la plus enrichissante qu’il connut…
Ainsi commence la nouvelle vie du Caporal d’Élite Morgan J. Blake