Un Loup dans la Porcherie
Flashback
✘ Solo
✘ Solo
Sous l’immense plafond végétal, la température était agréable, chaude mais douce grâce à une petite brise qui venait faire voleter les mèches de cheveux qui dépassaient de ma casquette. Et, pour le paysage, c’était magnifique, une beauté sauvage et majestueuse. Et surtout, un endroit infiniment paisible. Le calme, la tranquillité, ça changeait du bordel habituel de la vie de pirate. Je me levais pour m’étirer, m’aidant du gros ventre de Borat à côté de moi pour me mettre debout. L’énorme pachyderme ronflait bruyamment, encore profondément endormit. Un sourire aux lèvres en l’observant quelques instants, je me détournais pour gagner la maison, pour une fois posée au sol.
C’était rare que la taverne soit aussi vide, il n’y avait pas Jack derrière le comptoir, pas de tontattas qui picolaient jour et nuit en riant grassement, ni de membres des Sandstorms qui jouaient aux cartes. Le calme, la paix, mais toujours de courte durée. Alors que j’avançais dans la salle principale, j’entendis un grattement proche et un poids qui me tombait sur une épaule. La petite boule de poil noir frotta sa tête contre ma joue en y laissant une traînée de bave, comme un escargot.
~ Meooow ! ~ miaula-t-il, apparemment content de me voir.
J’avais complètement oublié qu’il était resté dans la maison pendant tout ce temps. Il avait dû être secoué dans tous les sens lors de l’attaque des t-rex, mais il semblait aller bien et ne pas m’en tenir rigueur. Il se mit à me ronronner dans le cou et bondit sur le bar lorsque je passa derrière celui-ci.
« T’as faim petit monstre ? » lui demandais-je, accompagné d’une caresse sous le menton.
~ Meoooooow ! ~ fit-il, ce que je pris pour un oui.
« Ça marche mon pote, je vais voir ce qu’on a en stock. »
J’avançais jusqu’à un frigo, le petit chat noir me suivant sur le comptoir d’une démarche guillerette, sautillant à moitié à chaque pas. Je lui trouvais finalement un poisson que je posais sur le bar, m’armant d’un couteau pour l’évider comme me l’avait montré ‘Liuquor’ Jack, avant d’ouvrir le poisson en deux parties que je présentais à Morphéo. L’animal ne se fit pas prier et passa immédiatement à table. Je lui mis une petite coupelle d’eau avant de gagner l’étage. Gagnant ma chambre, j’ouvris mes malles pour m’équiper de quelques gadgets toujours utiles lors d’expéditions. J’avais décidé de rejoindre mon équipage à la plaine où je les avais laissés, et les guider jusqu’ici. Enfin, si cela ne dérangeait pas les cochons géants, car je sentais que le rouge, qui semblait être le chef de la garde, aurait vite fait de m’écraser.
Les poches pleines d’outils en tout genre, je montais au balcon pour me fumer une clope en admirant le paysage, accompagnée d’un petit café histoire de me réveiller correctement de ma sieste. Le paysage était magnifique, entre les arbres géants qui s’élevaient tels des champignons qui montaient haut dans le ciel, formant un plafond végétal qui n’obstruait pas la lumière, les animaux herbivores pacifistes qui déambulaient calmement. Et, surtout, ces pachydermes gigantesques, multicolores et plus hauts les uns que les autres, l’espèce était majestueuse, souverains de cette terre perdue au milieu d’un volcan. De nombreux arbres plus petits ou des buissons arboraient des fruits multicolores, brillants d’une lueur enchanteresse sous les rayons qui traversaient l’épais plafond végétal.
Le chat noir, ayant finit son repas, vint me rejoindre de sa démarche sautillante et chaloupée. Il grimpa sur la rambarde d’un bond agile pour venir se coller contre mon bras en y frottant sa tête. Je continuais d’observer le paysage paisiblement, consumant la cigarette dans une de mes mains et consommant mon café dans l’autre. Requinqué, je fis quelques caresses à Momo avant qu’il ne se mette à escalader mon bras pour se poser sur mon épaule, apparemment déçu de ne pas y trouver ma capuche dans laquelle il aimait bien se cacher.
« Je vais chercher Jack et les p’tits gars, t’es sûr de vouloir m’accompagner ? Ça pourrait être dangereux. » lui demandais-je de quelques caresses sur sa petite tête.
~ Meoooow!~ répondit-il, apparemment vexé, en gonflant ses joues.
« Très bien, je vais enfiler quelques chose pour que tu t’y installe tranquillement. »
~Meoow meow meow ~ miaula-t-il triomphalement en me remerciant d’un coup de tête.
De retour dans ma chambre, j’attrapais un sweat-shirt bleu foncé, assorti à mon short et ma casquette. Momo, qui s’était posé sur ma tête le temps que je l’enfile, bondit aussitôt dans la capuche pour s’y lover confortablement après avoir patouné quelques secondes. Sentir son poids dans mon dos avait ce petit quelque chose de réconfortant. Accrochant de nouveaux gadgets à ma ceinture, j’étais paré pour toutes les situations.
« En avant, petit pote. » m’exclamais-je en sortant de la taverne.
Je m’approchais alors de Borat, toujours ronflant bruyamment, me plaçant proche de sa grosse tête en enfonçant mes doigts dans son poil vert. L’animal géant se réveilla doucement en clignant des yeux, les posant sur moi en affichant un air interrogateur.
~Gruik?~
« Désolé de te réveiller, mon vieux. On va faire un tour avec Morpheo pour aller chercher les potes et les ramener ici, tu pourrais prévenir le Grand Rouge et le Roi Goldy ? » demandais-je en improvisant des surnoms aux deux cochons qui semblaient gérer le jardin perdu.
~ Gruik ! Gruik gruik!~
« Non, t’en fais pas pour nous, restes ici et parle avec les tiens. Qui sait, tes parents sont peut-être encore dans les parages, je suis sûr qu’ils seront heureux et soulagés de te voir, ils ont dû s’inquiéter depuis tout ce temps. » j’avais parlé en lui grattant l’oreille.
Pour toute réponse, Borat vint me lécher de la tête aux pieds, sa langue râpeuse et humide me trempant entièrement. J’étais toujours inquiet que mon camarade d’aventure ne décide de rester ici avec les siens, mais je souhaitais seulement son bonheur et respecterais son choix s’il prenait cette décision. Il serait ainsi bien mieux à m’attendre ici le temps que j’aille chercher les autres. Il pourrait alors renouer avec ses racines, et effacer ce sentiment de solitude qui le prenait par moments. D’une dernière caresse dans les longs poils verdoyants, je me détournais de Borat qui se levait doucement.
À parcourir le jardin perdu à pieds, je me rendais mieux compte de la vastité de l’endroit. Une plaine interminable que je remontais jusqu’à l’entrée que nous avions emprunté à notre arrivée. La trouée dans le gigantesque rempart naturel s’élevait devant moi et je croisais Rojo, le grand gardien des lieux qui se tenait assit à côté à surveiller. Il me lança un regard soupçonneux mais ne pipa mot à mon passage. Le soleil commençait doucement à décliner à l’horizon, et la nuit ne tarderait pas à tomber. J’avais hâte de voir quel genre de créature sortait à la nuit tombée, et de m’y confronter bien entendu.
Fiche par Ethylen sur Libre Graph'