Robina se retrouvait au Port des Jumeaux, la corvette des Avengers était dans un sale état, elle avait besoin de nombreuses réparations, cependant, elle pouvait encore lui servir, elle avait une vague idée de ce qu’elle allait faire, cependant, elle devait encore creuser, et elle avait quelque chose qui lui trottait dans la tête depuis son passage avec Arhye Frost. Elle allait devoir ralentir le retour sur Whiskey Peak pour quelques heures ou jours, le temps de voir si son idée était réalisable ou non, après tout, elle voulait devenir la meilleure cuisinière du monde et il lui fallait les meilleurs ingrédients pour cela.
En remontant la rampe d’accès de l’Iceberg au côté de Fang Shui, Wes ainsi que sa compagne Yuzu, la cuisinière se retourna, elle pouvait apercevoir au loin l’endroit où elle avait affronté les créatures marines, qu’elle voulait tant goûter de nouveau, pour la première fois. Sa volonté se renforçant, elle hocha de la tête pour elle-même avant de finir de remonter sur le pont principal du galion, elle avait changé depuis son premier passage ici, elle était quelqu’un d’autre, surtout avec sa nouvelle couleur de cheveux et d’yeux, mais elle avait aussi appris de ses échecs et erreurs, tout en prenant de l’assurance, elle était sûre d’elle.
Monsieur Lanch ! Monsieur Shui !
Oui, capitaine ?
Commandante ?
Nous allons nous aventurer dans la Flaque, j’ai une revanche à prendre sur ces maudits crustacés.
De quoi parlez-vous, capitaine ?
Vous n’y pensez pas ! Nous avons failli mourir la dernière fois !
La dernière fois, nous n’étions pas les mêmes, vous avez repris un peu plus la forme, et je me sens pousser des ailes en ce moment et la défaite des Avengers, j’ai envie de tester mes limites.
Mais de quoi elle parle ?
Vous vous souvenez des problèmes que nous avons eus quand nous sommes arrivés sur le Port des Jumeaux la dernière fois ?
Avec le homard géant que vous avez rapporté ?
C’est bien ça. La capitaine veut y retourner.
Vous n’y pensez pas ! Capitaine, c’est bien trop dangereux !
Cette fois, nous y allons tous, nous ne serons pas que trois avec un inconnu, qui ne nous a pas tant aidés que ça, de mes souvenirs.
C’est vrai, mais ils ont tout de même été dangereux.
Et nous sommes revenus à trois avec une de ces créatures, que pensez-vous que nous arriverons à faire tous ensemble ? Je suis certaine que nous allons y arriver, ce soir, dragomard au menu ! Monsieur Shui, cap vers l’endroit où nous avons affronté ces monstres marins la dernière fois.
Bien, commandante…
La mort dans l’âme, le samouraï de Wano Kuni monta à son poste, il ne voulait pas le faire, mais il n’avait pas spécialement le choix, surtout qu’elle était sa bienfaitrice, c’était elle qui l’avait sauvé, le ramenait chez lui en lui servant de taxi et elle était sa supérieure directe, son honneur le poussait à l’écouter, bien qu’il ne soit pas d’accord. Le grincement du bois résonna dans les airs alors que le bâtiment prenait de la vitesse, il fendait les flots lentement, de par son poids il ne pouvait pas aller à plus de quelques nœuds de vitesse, tout au plus huit de ce qu’ils avaient pu calculer, mais c’était bien assez pour la jeune femme qui n’était pas pressée de faire son voyage, elle voulait profiter et c’est ce qu’elle faisait.
Vous êtes sûre que c’est une bonne idée, capitaine ? Je veux dire, les hommes ne sont pas rassurés, et je dois admettre que je ne le suis pas non plus depuis que monsieur Shui a expliqué cette histoire.
Vous n’avez rien à craindre, ni vous, ni les Glaciers, nous étions trois sur un bateau, là nous y allons à plus de cinquante sur l’Iceberg, les cartes ont changés et clairement, elles ne sont pas en faveur des dragomards.
J’entends vos arguments, mais qu’est-ce que vous voulez faire exactement ?
Trouvez où ils vivent.
Pour en attraper un de nouveau pour le cuisiner ?
Non, ça n’est pas mon idée, Sergent Lanch. Mais vous verrez en temps voulu, je préfère garder ça pour moi pour le moment.
Très bien, j’espère juste que ça n’est rien de dangereux.
Non, juste une préparation pour mon futur restaurant.
Une préparation ? Comment cela ?
Je viens de vous le dire, Sergent, vous le verrez en temps voulu.
Les mâts tanguaient de gauche à droite et d’avant en arrière avec les différentes directions du vent alors que le mastodonte se rapprochait lentement de la zone ciblée, ici, pas de traces des monstres marins, ils avaient disparu depuis bien longtemps, très peu de temps après l’altercation avec la Sanderrienne.
Aucun signe de vos créatures marines, capitaine. Qu’est-ce qu’on fait, commandante ?
On retourne au quai, on ne va sûrement pas les retrouver en une seule journée, ça serait trop facile. Nous chercherons des informations demain, pour l’instant, c’est l’heure du dîner.
Prenant Libertalia et Coupe-faim, la chasseuse de primes descendit dans les entrailles du navire pour se rendre aux cuisines, elle n’aurait pas son monstre marin au goût de homard aujourd’hui, mais elle comptait bien l’avoir dans les prochaines journées, et en avoir de façon illimitée plus tard. Utilisant ses meitous de façon experte pour la préparation du repas, elle éplucha des carottes, oignons, poireaux et pommes de terre, quelques œufs, environ cent cinquante suffiraient, en tout cas elle l’espérait, puis elle fit revenir et suer les légumes dans un gigantesque wok qu’elle posa sur les flammes de sa cuisinière.
Un fouet de grande taille, un saladier encore plus grand et des mouvements permettant de battre cette quantité astronomique d’œufs de poules, réussit à préparer la base de l’omelette, la jeune femme sala, poivra, quelques épices en plus, du fromage, deux kilogrammes, juste de quoi donner du goût, et quelques herbes de Sanderr, pour rappeler le pays. Le repas fut bien accueilli, en tout cas personne ne disait un mot en engloutissant son assiette, ce qui rassura la jeune femme, c’est qu’il restait encore de l’omelette à la fin du repas, de quoi nourrir les poules qu’il y avait dans le navire, Ema, Emi ou Emé s’en occuperait.
Elle rentra dans ses quartiers, sur l’Iceberg, elle souffla un coup en s’asseyant sur la chaise qu’elle avait prise pour aller avec son bureau, prit une des bouteilles survivantes de son affrontement contre la première pirate qu’elle avait affronté sur la route de tous les périls et se servit un verre. La journée avait été déjà largement mouvementée, elle ne voulait pas en rajouter plus, surtout que le crépuscule s’installait, les étoiles commençaient lentement à apparaître dans le ciel, elle commencerait les recherches demain.
La nuit fut courte pour la jeune femme qui se lova en entendant le chant d’un coq qui se trouvait quelque chose dans la cale, elle lui aurait bien tordu le cou, cependant, elle devait bien admettre qu’il était pratique de pouvoir se lever au lever du soleil pour préparer le petit-déjeuner de tout le monde. Quelque chose de léger pour commencer la journée, mais tout de même consistant, il fallait de l’énergie pour que tout le monde puisse chercher des informations sur les dragomards et ne pas avoir faim jusqu’au déjeuner, un jus de luminou, frais de l’exploitation dont Robina était la dirigeante, quelques pommes de terre rissolées, des tranches de lards et du pain légèrement grillé avec du beurre.
De quoi être plein d’énergie, pour toute la matinée, la capitaine des Glaciers se leva après avoir engloutis rapidement sa part et disparu dans le labyrinthe qu’était le Port des Jumeaux pour faire le tour des auberges et bar ouverts tôt le matin pour demander des informations. Malheureusement, à part dépenser quelques milliers de berries pour délier les langues, personne ne savait grand-chose, elle avait bien tenté de forcer, toutefois, la sécurité avait montré son visage alors que le patron avait fait signe un peu trop rapidement, et c’est manu militari que la cuisinière avait été raccompagnée à la porte, par le service qui s’occupait normalement des ivrognes et autres empêcheurs de tourner en rond.
Elle n’avait pas été jetée au sol, mais poliment pousser vers l’extérieur, elle n’avait donc pas atterri dans un tas d’ordures ni sur les fesses, elle avait jeté un regard noir aux deux hommes, qui avaient fait comme si de rien n’était, avant de retourner à leur poste, en faisant bien comprendre à la Sanderrienne de ne pas revenir avant quelques heures. Le moral dans les chaussettes, elle avait bien tenté de continuer à faire le tour des commerces, mais l’envie n’était plus là, les commerçants voulaient se débarrasser d’elle, elle nuisait au bon fonctionnement de leur boutique, elle avait vite arrêté les frais pour retourner à son galion.
Ah, capitaine ! Vous tombez bien !
Oui, je sais, c’est bientôt l’heure du déjeuner, j’arrive.
Non, ça n’est pas ça, nous avons eu les informations que vous cherchiez.
Ah bon ? Comment avez-vous fait ? J’ai cherché pour ainsi dire dans toute la ville et je n’ai rien trouvé !
Deux marins sont passés quelques minutes après que vous soyez parties comme un boulet de canon et ils étaient en train de discuter d’un évènement qui se passe en ce moment dans la Flaque.
Et c’est quoi ?
Je n’ai pas tous les détails, mais il semblerait que des monstres marins de couleur orange, munis d’une cuirasse épaisse soient en train de faire un festin là-bas.
Quoi ?! Et ils vous ont dit où c’était.
Bien sûr, c’est à environ deux heures de navire, même avec l’Iceberg nous pouvons y aller, les chemins sont encore très larges là où ils m’ont indiqué.
Parfait ! Merci.
De rien, capitaine !
Monsieur Shui ! Monsieur Lanch ! Prenez les indications de ce moussaillon, nous nous dirigeons dans la Flaque pour trouver ces fameux monstres marins à cuirasse orange.
Bien reçu, capitaine !
Nous vous écoutons, soldat !
Les ordres étaient donnés, déjà les cordes se mettaient à bouger dans leur emplacement, on les défaisait, les attachait, tout ce qu’il fallait pour que le navire de ligne qu’était l’Iceberg se mette de nouveau en mouvement, lent, mais inarrêtable, inexorable. Toujours était-il que le bois grinçait, et l’eau de mer bien que puissante s’écrasait sur la coque épaisse de bois Sanderrien qui la composait, le voyage se fit à tâtons, l’homme d’équipage avait eu des informations très morcelées et bien qu’importante, elles n’aidaient pas totalement les Glaciers qui devaient parfois faire demi-tour pour revenir sur leurs pas.
Puis, après plusieurs heures de recherche, et une collation bien méritée qui consistaient en un sandwich au beurre et au jambon avec un peu de fromage fondu à l’intérieur, les hommes et femmes du bâtiment purent entendre des éclaboussures, des mouvements de créatures dans l’eau qui se frappaient, qui percutaient les murs de roches. La chasseresse de primes pouvait sentir qu’elle touchait au but, elle pouvait presque discerner des bruits de pinces au loin, les dragomards étaient à quelques mètres et elle en avait l’eau à la bouche, mais elle n’était pas là que pour ça.
On s’arrête ici, restons discrets, je ne veux pas que les monstres marins nous découvrent.
Et que voulez-vous faire alors, capitaine ?
Je vais aller voir pourquoi ils font tout ce bruit, le but ici, n’est pas de les combattre, mais de les emprisonner, si nous le pouvons.
Les emprisonner ? Mais comment voulez-vous faire ça ?
Je n’en sais encore rien, mais nous allons trouver.
Prenant ses deux meitous, la jeune femme aux longs cheveux blancs prit l’échelle de corde que les hommes descendirent pour mettre le pied sur la roche qui composait Red Line, ainsi que l’intérieur de la Flaque, elle marchait lentement, faisant attention à faire le moins de sons possible, elle respirait à peine. Au détour d’un mur de pierre, elle put voir la queue d’un dragomard plongeant dans l’eau boueuse de la mer intérieure du mur de pierre qu’était la Ligne Rouge, l’endroit sentait fort, il était rempli de bigorneaux, de moules, de déchets en tout genre, de poissons morts ou autres joyeusetés qui donnait envie de vomir.
Pourtant, dans ce cas-là, un grand sourire s’affichait sur le visage de Robina, elle avait atteint son but, celui de trouver les monstres marins, il lui fallait maintenant un moyen pour les garder captifs, pour les élever et les avoir à son menu dans son futur restaurant. En analysant les lieux, elle put voir qu’environ une centaine de spécimens se trouvaient là, de quoi avoir un beau vivier, elle passa la tête un peu plus à l’extérieur pour voir que les bêtes s’étaient enfermées dans un cul-de-sac, ici, l’eau entrait par un goulot d’étranglement, mais peu de choses en ressortait, d’où l’amoncellement de déchets.
De ce qu’avait appris la cuisinière, après son premier affrontement contre les homards géants, était que les monstres marins raffolaient des déchets, bois, poissons, crustacés, tout ce qui se trouvait dans l’eau et qui pouvait avoir une mauvaise odeur se retrouvait dans leur estomac, ils avaient oublié de compter les fruits de mer aussi dans le régime alimentaire. Les bêtes avaient réussi à sortir en sautant par-dessus une corniche de pierre, néanmoins, elles n’avaient pas assez de vitesses ou assez de places pour prendre de l’élan pour réussir à récupérer leur liberté, cela faisait les affaires de la jeune entrepreneuse.
Toutes les pièces se mirent en place rapidement, il lui faudrait une entreprise pour construire un enclot pour garder en sécurité son entreprise, quelques hommes pour maintenir le bon déroulement de son élevage pendant son absence, ainsi qu’un système d’écluse, sauf qu’au lieu de permettre de monter et descendre les navires, elle emprisonnera un monstre marin pour le faire sortir, en toute sécurité pour les hommes de l’entreprise. Retournant à l’Iceberg, la jeune femme fit faire demi-tour à ses hommes, personne ne comprenait ce qui se passait, la Sanderrienne s’était enfermée dans son bureau, travaillant sur des plans que personne ne pouvait voir.
De retour au Port des Jumeaux, la femme fit les préparatifs, en quelques jours cela serait fini, le système pour emprisonner les dragomards serait même mis en place, le constructeur la félicita même pour avoir réussi à attraper toutes ces créatures, ils ne causeraient plus de soucis, comme avec les zuytres. Pour gérer les bêtes, une agence de recrutement aida la jeune femme à trouver chaussure à son pied, une bande de joyeux pêcheurs qui avaient aimé l’idée d’élever des dragomards dans la Flaque, les Durs du Lock, ainsi que leur chef, Murgle Turgle.
En quelques papiers bien remplis, la jeune femme acheta le terrain autour du piège à dragomards, fit construire la sortie pour attraper les monstres marins dont elle aurait besoin pour son commerce, ainsi qu’une barrière pour qu’ils ne puissent pas sauter par-dessus le mur de roche, éventuellement. Elle était maintenant l’heureuse propriétaire de sa troisième entreprise, le Drague aux Homards.
En remontant la rampe d’accès de l’Iceberg au côté de Fang Shui, Wes ainsi que sa compagne Yuzu, la cuisinière se retourna, elle pouvait apercevoir au loin l’endroit où elle avait affronté les créatures marines, qu’elle voulait tant goûter de nouveau, pour la première fois. Sa volonté se renforçant, elle hocha de la tête pour elle-même avant de finir de remonter sur le pont principal du galion, elle avait changé depuis son premier passage ici, elle était quelqu’un d’autre, surtout avec sa nouvelle couleur de cheveux et d’yeux, mais elle avait aussi appris de ses échecs et erreurs, tout en prenant de l’assurance, elle était sûre d’elle.
Monsieur Lanch ! Monsieur Shui !
Oui, capitaine ?
Commandante ?
Nous allons nous aventurer dans la Flaque, j’ai une revanche à prendre sur ces maudits crustacés.
De quoi parlez-vous, capitaine ?
Vous n’y pensez pas ! Nous avons failli mourir la dernière fois !
La dernière fois, nous n’étions pas les mêmes, vous avez repris un peu plus la forme, et je me sens pousser des ailes en ce moment et la défaite des Avengers, j’ai envie de tester mes limites.
Mais de quoi elle parle ?
Vous vous souvenez des problèmes que nous avons eus quand nous sommes arrivés sur le Port des Jumeaux la dernière fois ?
Avec le homard géant que vous avez rapporté ?
C’est bien ça. La capitaine veut y retourner.
Vous n’y pensez pas ! Capitaine, c’est bien trop dangereux !
Cette fois, nous y allons tous, nous ne serons pas que trois avec un inconnu, qui ne nous a pas tant aidés que ça, de mes souvenirs.
C’est vrai, mais ils ont tout de même été dangereux.
Et nous sommes revenus à trois avec une de ces créatures, que pensez-vous que nous arriverons à faire tous ensemble ? Je suis certaine que nous allons y arriver, ce soir, dragomard au menu ! Monsieur Shui, cap vers l’endroit où nous avons affronté ces monstres marins la dernière fois.
Bien, commandante…
La mort dans l’âme, le samouraï de Wano Kuni monta à son poste, il ne voulait pas le faire, mais il n’avait pas spécialement le choix, surtout qu’elle était sa bienfaitrice, c’était elle qui l’avait sauvé, le ramenait chez lui en lui servant de taxi et elle était sa supérieure directe, son honneur le poussait à l’écouter, bien qu’il ne soit pas d’accord. Le grincement du bois résonna dans les airs alors que le bâtiment prenait de la vitesse, il fendait les flots lentement, de par son poids il ne pouvait pas aller à plus de quelques nœuds de vitesse, tout au plus huit de ce qu’ils avaient pu calculer, mais c’était bien assez pour la jeune femme qui n’était pas pressée de faire son voyage, elle voulait profiter et c’est ce qu’elle faisait.
Vous êtes sûre que c’est une bonne idée, capitaine ? Je veux dire, les hommes ne sont pas rassurés, et je dois admettre que je ne le suis pas non plus depuis que monsieur Shui a expliqué cette histoire.
Vous n’avez rien à craindre, ni vous, ni les Glaciers, nous étions trois sur un bateau, là nous y allons à plus de cinquante sur l’Iceberg, les cartes ont changés et clairement, elles ne sont pas en faveur des dragomards.
J’entends vos arguments, mais qu’est-ce que vous voulez faire exactement ?
Trouvez où ils vivent.
Pour en attraper un de nouveau pour le cuisiner ?
Non, ça n’est pas mon idée, Sergent Lanch. Mais vous verrez en temps voulu, je préfère garder ça pour moi pour le moment.
Très bien, j’espère juste que ça n’est rien de dangereux.
Non, juste une préparation pour mon futur restaurant.
Une préparation ? Comment cela ?
Je viens de vous le dire, Sergent, vous le verrez en temps voulu.
Les mâts tanguaient de gauche à droite et d’avant en arrière avec les différentes directions du vent alors que le mastodonte se rapprochait lentement de la zone ciblée, ici, pas de traces des monstres marins, ils avaient disparu depuis bien longtemps, très peu de temps après l’altercation avec la Sanderrienne.
Aucun signe de vos créatures marines, capitaine. Qu’est-ce qu’on fait, commandante ?
On retourne au quai, on ne va sûrement pas les retrouver en une seule journée, ça serait trop facile. Nous chercherons des informations demain, pour l’instant, c’est l’heure du dîner.
Prenant Libertalia et Coupe-faim, la chasseuse de primes descendit dans les entrailles du navire pour se rendre aux cuisines, elle n’aurait pas son monstre marin au goût de homard aujourd’hui, mais elle comptait bien l’avoir dans les prochaines journées, et en avoir de façon illimitée plus tard. Utilisant ses meitous de façon experte pour la préparation du repas, elle éplucha des carottes, oignons, poireaux et pommes de terre, quelques œufs, environ cent cinquante suffiraient, en tout cas elle l’espérait, puis elle fit revenir et suer les légumes dans un gigantesque wok qu’elle posa sur les flammes de sa cuisinière.
Un fouet de grande taille, un saladier encore plus grand et des mouvements permettant de battre cette quantité astronomique d’œufs de poules, réussit à préparer la base de l’omelette, la jeune femme sala, poivra, quelques épices en plus, du fromage, deux kilogrammes, juste de quoi donner du goût, et quelques herbes de Sanderr, pour rappeler le pays. Le repas fut bien accueilli, en tout cas personne ne disait un mot en engloutissant son assiette, ce qui rassura la jeune femme, c’est qu’il restait encore de l’omelette à la fin du repas, de quoi nourrir les poules qu’il y avait dans le navire, Ema, Emi ou Emé s’en occuperait.
Elle rentra dans ses quartiers, sur l’Iceberg, elle souffla un coup en s’asseyant sur la chaise qu’elle avait prise pour aller avec son bureau, prit une des bouteilles survivantes de son affrontement contre la première pirate qu’elle avait affronté sur la route de tous les périls et se servit un verre. La journée avait été déjà largement mouvementée, elle ne voulait pas en rajouter plus, surtout que le crépuscule s’installait, les étoiles commençaient lentement à apparaître dans le ciel, elle commencerait les recherches demain.
La nuit fut courte pour la jeune femme qui se lova en entendant le chant d’un coq qui se trouvait quelque chose dans la cale, elle lui aurait bien tordu le cou, cependant, elle devait bien admettre qu’il était pratique de pouvoir se lever au lever du soleil pour préparer le petit-déjeuner de tout le monde. Quelque chose de léger pour commencer la journée, mais tout de même consistant, il fallait de l’énergie pour que tout le monde puisse chercher des informations sur les dragomards et ne pas avoir faim jusqu’au déjeuner, un jus de luminou, frais de l’exploitation dont Robina était la dirigeante, quelques pommes de terre rissolées, des tranches de lards et du pain légèrement grillé avec du beurre.
De quoi être plein d’énergie, pour toute la matinée, la capitaine des Glaciers se leva après avoir engloutis rapidement sa part et disparu dans le labyrinthe qu’était le Port des Jumeaux pour faire le tour des auberges et bar ouverts tôt le matin pour demander des informations. Malheureusement, à part dépenser quelques milliers de berries pour délier les langues, personne ne savait grand-chose, elle avait bien tenté de forcer, toutefois, la sécurité avait montré son visage alors que le patron avait fait signe un peu trop rapidement, et c’est manu militari que la cuisinière avait été raccompagnée à la porte, par le service qui s’occupait normalement des ivrognes et autres empêcheurs de tourner en rond.
Elle n’avait pas été jetée au sol, mais poliment pousser vers l’extérieur, elle n’avait donc pas atterri dans un tas d’ordures ni sur les fesses, elle avait jeté un regard noir aux deux hommes, qui avaient fait comme si de rien n’était, avant de retourner à leur poste, en faisant bien comprendre à la Sanderrienne de ne pas revenir avant quelques heures. Le moral dans les chaussettes, elle avait bien tenté de continuer à faire le tour des commerces, mais l’envie n’était plus là, les commerçants voulaient se débarrasser d’elle, elle nuisait au bon fonctionnement de leur boutique, elle avait vite arrêté les frais pour retourner à son galion.
Ah, capitaine ! Vous tombez bien !
Oui, je sais, c’est bientôt l’heure du déjeuner, j’arrive.
Non, ça n’est pas ça, nous avons eu les informations que vous cherchiez.
Ah bon ? Comment avez-vous fait ? J’ai cherché pour ainsi dire dans toute la ville et je n’ai rien trouvé !
Deux marins sont passés quelques minutes après que vous soyez parties comme un boulet de canon et ils étaient en train de discuter d’un évènement qui se passe en ce moment dans la Flaque.
Et c’est quoi ?
Je n’ai pas tous les détails, mais il semblerait que des monstres marins de couleur orange, munis d’une cuirasse épaisse soient en train de faire un festin là-bas.
Quoi ?! Et ils vous ont dit où c’était.
Bien sûr, c’est à environ deux heures de navire, même avec l’Iceberg nous pouvons y aller, les chemins sont encore très larges là où ils m’ont indiqué.
Parfait ! Merci.
De rien, capitaine !
Monsieur Shui ! Monsieur Lanch ! Prenez les indications de ce moussaillon, nous nous dirigeons dans la Flaque pour trouver ces fameux monstres marins à cuirasse orange.
Bien reçu, capitaine !
Nous vous écoutons, soldat !
Les ordres étaient donnés, déjà les cordes se mettaient à bouger dans leur emplacement, on les défaisait, les attachait, tout ce qu’il fallait pour que le navire de ligne qu’était l’Iceberg se mette de nouveau en mouvement, lent, mais inarrêtable, inexorable. Toujours était-il que le bois grinçait, et l’eau de mer bien que puissante s’écrasait sur la coque épaisse de bois Sanderrien qui la composait, le voyage se fit à tâtons, l’homme d’équipage avait eu des informations très morcelées et bien qu’importante, elles n’aidaient pas totalement les Glaciers qui devaient parfois faire demi-tour pour revenir sur leurs pas.
Puis, après plusieurs heures de recherche, et une collation bien méritée qui consistaient en un sandwich au beurre et au jambon avec un peu de fromage fondu à l’intérieur, les hommes et femmes du bâtiment purent entendre des éclaboussures, des mouvements de créatures dans l’eau qui se frappaient, qui percutaient les murs de roches. La chasseresse de primes pouvait sentir qu’elle touchait au but, elle pouvait presque discerner des bruits de pinces au loin, les dragomards étaient à quelques mètres et elle en avait l’eau à la bouche, mais elle n’était pas là que pour ça.
On s’arrête ici, restons discrets, je ne veux pas que les monstres marins nous découvrent.
Et que voulez-vous faire alors, capitaine ?
Je vais aller voir pourquoi ils font tout ce bruit, le but ici, n’est pas de les combattre, mais de les emprisonner, si nous le pouvons.
Les emprisonner ? Mais comment voulez-vous faire ça ?
Je n’en sais encore rien, mais nous allons trouver.
Prenant ses deux meitous, la jeune femme aux longs cheveux blancs prit l’échelle de corde que les hommes descendirent pour mettre le pied sur la roche qui composait Red Line, ainsi que l’intérieur de la Flaque, elle marchait lentement, faisant attention à faire le moins de sons possible, elle respirait à peine. Au détour d’un mur de pierre, elle put voir la queue d’un dragomard plongeant dans l’eau boueuse de la mer intérieure du mur de pierre qu’était la Ligne Rouge, l’endroit sentait fort, il était rempli de bigorneaux, de moules, de déchets en tout genre, de poissons morts ou autres joyeusetés qui donnait envie de vomir.
Pourtant, dans ce cas-là, un grand sourire s’affichait sur le visage de Robina, elle avait atteint son but, celui de trouver les monstres marins, il lui fallait maintenant un moyen pour les garder captifs, pour les élever et les avoir à son menu dans son futur restaurant. En analysant les lieux, elle put voir qu’environ une centaine de spécimens se trouvaient là, de quoi avoir un beau vivier, elle passa la tête un peu plus à l’extérieur pour voir que les bêtes s’étaient enfermées dans un cul-de-sac, ici, l’eau entrait par un goulot d’étranglement, mais peu de choses en ressortait, d’où l’amoncellement de déchets.
De ce qu’avait appris la cuisinière, après son premier affrontement contre les homards géants, était que les monstres marins raffolaient des déchets, bois, poissons, crustacés, tout ce qui se trouvait dans l’eau et qui pouvait avoir une mauvaise odeur se retrouvait dans leur estomac, ils avaient oublié de compter les fruits de mer aussi dans le régime alimentaire. Les bêtes avaient réussi à sortir en sautant par-dessus une corniche de pierre, néanmoins, elles n’avaient pas assez de vitesses ou assez de places pour prendre de l’élan pour réussir à récupérer leur liberté, cela faisait les affaires de la jeune entrepreneuse.
Toutes les pièces se mirent en place rapidement, il lui faudrait une entreprise pour construire un enclot pour garder en sécurité son entreprise, quelques hommes pour maintenir le bon déroulement de son élevage pendant son absence, ainsi qu’un système d’écluse, sauf qu’au lieu de permettre de monter et descendre les navires, elle emprisonnera un monstre marin pour le faire sortir, en toute sécurité pour les hommes de l’entreprise. Retournant à l’Iceberg, la jeune femme fit faire demi-tour à ses hommes, personne ne comprenait ce qui se passait, la Sanderrienne s’était enfermée dans son bureau, travaillant sur des plans que personne ne pouvait voir.
De retour au Port des Jumeaux, la femme fit les préparatifs, en quelques jours cela serait fini, le système pour emprisonner les dragomards serait même mis en place, le constructeur la félicita même pour avoir réussi à attraper toutes ces créatures, ils ne causeraient plus de soucis, comme avec les zuytres. Pour gérer les bêtes, une agence de recrutement aida la jeune femme à trouver chaussure à son pied, une bande de joyeux pêcheurs qui avaient aimé l’idée d’élever des dragomards dans la Flaque, les Durs du Lock, ainsi que leur chef, Murgle Turgle.
En quelques papiers bien remplis, la jeune femme acheta le terrain autour du piège à dragomards, fit construire la sortie pour attraper les monstres marins dont elle aurait besoin pour son commerce, ainsi qu’une barrière pour qu’ils ne puissent pas sauter par-dessus le mur de roche, éventuellement. Elle était maintenant l’heureuse propriétaire de sa troisième entreprise, le Drague aux Homards.