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Le comptable touche ses liquidités.


- Le Comptable -



Le temps est une fois de plus maussade sur Manshon.
Farore parvient avec difficulté à lire le dossier fraîchement envoyé par son nouveau patron: Rilas. Du moins, ce dernier est son chef direct par le biais de l’emploi légal qu’elle occupe désormais, celui de « Super héros ». Un projet loufoque porté au bout du jour par Rilas l’entrepreneur loufoque au passé méconnu et synonyme d’échec.

La lueur des lampe à huile, chaude et ternie par leurs caches ont grand mal à parvenir sur le papier et éclairer convenablement le dossier si épais et complet. Alfred est lui aussi présent, veillant de manière fébrile à ce que la Dame ne manque rien. L’héritière du Récif Noir est un peu comme la petite fille qu’il n’avait jamais eu et sa volonté de bien faire ominiprésente vient compléter les qualités requises pour son métier de majordome.

Le premier élément qui interpelle Farore c’est son nom l’emprunt, un sobriquet bien trouvé, issu d’un dialecte de Manshon: « Fenice » le phénix, illustre ici le désir de rédemption de l’image donné par la description d’une ancienne criminelle souhaitant utiliser ses compétences à l’encontre du crime organisé et des malfaiteurs. Si l’idée est plutôt prenante, le nom lui est nettement moins accrocheur pour la belle cendrée et son épaisse natte. Soucieuse des moindres détails, elle se met à fouiller dans la bibliothèque familiale pour relire la légende du phénix. Cet oiseau de malheur. Il n'existait qu'un seul phénix à la fois, qui vivait de cinq cents ans à des milliers d'années selon les auteurs.

Il se reproduit lui-même à l'identique : sentant sa fin venir, il construit un nid d'aromates, cannelle, encens et autres, où il se consume. Des cendres renaît un oisillon. Mais la tradition la plus ancienne est moins poétique : il y renaît de son cadavre.

Si le choix lui semble de plus en plus déplacé, il lui reste bien sûr l’ouverture du mystérieux colis. Elle le déballe avec soin, précaution, sermonnant au passage Alfred qui voulait irrémédiablement l’aider à ouvrir l’épais carton pour en extirper un costume.

Un long soupir s’échappe dès lors de Farore qui contemple l’accoutrement avec dégoût. D’aucun dirait qu’il s’agissait d’une erreur de style et de mode indéniable, d’autres diraient bien au contraire qu’il s’agit ici d’une pièce indémodable.

La tenue de Fenice se compose d'un costume entièrement noir avec des accents blancs et des lunettes noires. Il est à la fois moulant et pratique tout en étant également légèrement blindé. Les gants blindés de son costume forment des griffes métalliques rétractables au bout des doigts, ce qui lui permet de déchirer la plupart des surfaces. Un attrait intéressant en soit mais dont elle devrait allier l’utilité à ses méthodes de combat. Le costume est livré avec une combinaison en polyester et élasthanne afin qu'il soit toujours bien ajusté mais qu'il ait toujours du mouvement. La combinaison est livrée elle aussi avec une fermeture à glissière sur le devant ou facile à mettre et à enlever et vous pouvez décider de cette manière de la quantité de fermeture à glissière avec un cercle de traction. Le col en V a une bordure en véritable fourrure le long du bord. Le bas du pantalon et les avant-bras ont également des patchs en fourrure blanche. Les Gants assortis à enfiler avec une épaisse bordure en fourrure la aussi. Le tour de cou est sur une fine mousse avec un tissu assorti sur le dessus. Il a un pendentif en argent attaché à l'avant. Le masque est un plastique dur formé et se présente en pointe à chaque extrémité. Il reste en place grâce à un élastique fermé par velcro puissant. Le sens des détails n’avait donc pas échapper à Rilas.

Bien que l’homme en question reste nimbé de mystères et d’une santé mentale douteuse, Farore s’était laissée prêter au jeu pour assurer la domination totale de sa façade légale sur celles qui le seront bien moins. Elle incarnerait donc l’équilibre parfait, le Yin et le Yang. La terre et l’eau. Ayant compris que Farore aurait le rôle de Fenice sur leur prochaine mission sur l’îlot flottant, elle décide de s’entraîner un peu plus tard dans la soirée pour tester la combinaison et ce nouvel attirail. Au fond de la boîte, il y a un nouveau dossier où l’on pouvait lire « Élément de langage ». Une sorte de glossaire biblique super héroïque afin de pallier aux questions dès la presse. Comment s’adresser aux civils mais aussi a l’adversité. Des phrases préfaites avec des positions claires et redondantes pour endormir le chaland. Rilas ne devait pas en être à son premier coup d’essai ce qui soulève donc d’autant plus de questionnements autour de son personnage haut en couleur.

Avoir cette nouvelle identité arrange bien les affaires de la Dame de cendres. Si certains en ce monde veulent rayonner par la puissance et les primes aux montants exorbitants, elle, préfère la puissance de la discrétion et de l’anonymat. Être personne en étant tout, voilà le but ultime de Farore qui va devoir jongler dans un équilibre qui devra être millimétré, le moindre faux pas, le moindre écart avéré de sa personne lui vaudra un aller simple vers les méandres de la célébrité. Attirer l’attention, ce n’est pas bon pour les affaires, preuve est faite, le dernier à avoir attirer l’attention sur Manshon avait déclenché le blocus de la Marine et de cet embargo découlent la plupart des problèmes actuels.

Farore met un terme au silence, le déchirant par sa voix doucereuse en s’adressant à son serviteur et mentor.

« Bien Alfred, maintenant que nous avons vu ce dont maitre Rilas retourne, il est temps de parler de mes affaires. Et plus particulièrement du Récif noir. De quoi vous souvenez vous au sujet de l’organisation? »

Alfred arque un sourcil, l’organisation s’était éteinte dans son prime âge, il ne devait avoir qu’une vingtaine d’année tout au plus. L’organisation avait été fondée par le grand père de Farore qui voulait que le hasard le prénomme lui aussi Rilas. C’était un prénom on ne peut plus commun a l’époque. Rilas S. Corsandre avait donc pris l’initiative de créer une organisation mafieuse tentaculaire sur l’île. Et ce bien avant l’émergence des grandes familles, il aurait pu devenir le roi de l’île si ce dernier n’avait pas eu tous les vices. Alcool, femmes de petite verrue, cartes…

« Si je me souviens bien Madame, le but de l’organisation était d’osciller entre l’égalité et illégalité afin de ne pas se faire pincer par la Marine qui était sur le qui-vive avec le banditisme. Le but était louable mais il n’est pas aller au bout des choses, reléguant votre famille à celle de… laquais des autres familles si je puis m’exprimer ainsi. »


Farore encaisse sans mal les propos d’Alfred et pose ses deux mains sur le bureau, pensive.

« Tout ce que vous dites ici est juste. C’est la raison pour laquelle je souhaite refaire cette organisation. En dépit de la popularité de l’époque, sa création est encore sujet à controverse. C’est bien normal vu le personnage atypique qu’était mon ancêtre. La première hypothèse raconte que les membres du Récif étaient des joueur professionnels qui contrôlaient l’industrie du jeu sur Manshon et d’autres îles. La seconde hypothèse dit que mon grand-père aurait rallier un syndicat de colporteur et qui, grâce à leurs nombreux déplacements, arrivaient à masquer leurs exactions. Au départ, mon ancêtre avait recruté des gens dans le milieu agricole. Manshon était une terre de contraste.

Je connais la véritable histoire pour ma part. Mon grand-père avant d’être un mafieux répugnant, était un fonctionnaire de la ville. Il y a une époque où l’île s’est démilitarisée de la Marine pour une raison que j’ignore. Beaucoup de soldats à l’époque avaient un lopin de terre et ont décidés de quitter la Marine pour vivre ici. On raconte que les soldats de la Marine étaient rongés par un mal de l’esprit et que le souvenir de leurs batailles passés les as changé à tout jamais. Les rendants violents et arrogants. Aussi, les fonctionnaires ont décidés de s’unir pour défendre les territoires piller et brûler. Ces associations de défense fleurissent un peu partout, formant des groupuscules. Voyant leurs argent disparaître sous la violence de ces anciens soldats, mon grand père forme le Récif noir. »


Elle marque une pause avant de développer plus ardemment le sujet. Elle avait du faire le tour des rares maisons de retraites pour retrouver des archives et des témoignages et de les recouper avec ceux des journaux de son père pour enfin faire jaillir la vérité.
« En parallèle des bouleversements sur l’île, le statut des mafieux évolue. Les activités des Mafieuxvont s'intensifier, grâce à des couvertures légales (autorisées par les liens tissés avec le gouvernement en grande partie et la corruption permanente, qui leur assurent une totale légalité de la partie émergée de leurs activités. De plus, la pratique de recrutement va s’intensifier grandement, fournissant aux organisations de plus en plus de main d’œuvre permettant d’étendre leurs pouvoirs. Du fait de l’importance grandissante des mafieux, les trafics s’intensifient, on assiste au développement du marché noir et du commerce du sexe.

demeurant très attachés aux traditions, ils vont refuser tous contacts et actions bienveillantes à l’égard des Etrangers. Ils organisent des actes terroristes visant des personnages politiques favorables à une ouverture du pays. Après plusieurs guerre de famille particulièrement violentes, la paix s’installe. Les mafieux s'occupent de la prostitution, devenue illégale sur ordre du gouvernement mondial et de la Marine. Ils profitent également du chaos généralisé pour s'approprier des terrains en toute illégalité, dans la villes où les plans cadastraux ont brûlé. Dans une Manshon

ravagée par la guerre et privé de tout. Le pouvoir des mafias va donc se faire double : d’un côté ils bénéficient dans l’ombre de l’appui des hommes politiques et de la Marine parfois, et sont en plus nécessaires à la société d’après-guerre, le marché noir restant le seul moyen de survie pour la majorité des Habitants. L'organisation criminelle devient donc un des piliers de Manshon avec l'assentiment des forces d’occupation, qui voyaient en elle une « force régulatrice ». La suite nous la connaissons tous. »


Alfred écoute avec attention chacun des mots de sa patronne, apprenant au paysage certains éléments de l’histoire qui le laisse perplexe. Ainsi donc elle comptait réellement remettre au goût du jour le Récif noir. La soirée s’étale, Alfred fatigue et se retire dans ses quartiers. Faire elle, enfile sa nouvelle combinaison avant de se promener en ville dans une brume opaque et glaçante. Sa cible? Rien de plus et rien de moins qu’une activité criminelle, un contrat est un contrat elle se devait de le respecter. Et elle compte ni plus ni moins s’en prendre à la famille Tempiesta sous couvert de sa nouvelle identité. L’avantage d’être née sur Manshon, c’est que vous savez pertinemment qu’elle famille dirige quoi et comment, ce qui vous laisse le choix des cibles si vous êtes assez fou pour le faire cependant.

D’une démarche féline et assurée la belle cendrée réajuste ses cheveux, il serait regrettable d’être confondue a cause de sa coupe. Elle décide donc de défaire la gigantesque tresse qui d’accoutumée ne la quitte jamais pour défaire ses cheveux et les laisser en bataille lui donnant un charisme et un air différent.

Sa première cible serait donc le Casino MonteCristoPiccoBello. Pourquoi ce lieu? Pour la simple et bonne raison que les gens ici se font plumer. Tout d’abord, on vous alpague en pleine rue pour vous faire croire que vous êtes un invités ou le gagnant d’un concours. On vous fait croire que vous pouvez consommer, jouer à l’œil. Puis de manière générale on vous drogue, vous incitant à à payer davantage. En fin de soirée votre esprit embrumé refait surface et la mafia vous demande de payer la note salée. Faute de quoi…
Farore comptait donc mettre un terme définitif aux activités de ce casino qui représente un atout stratégique majeur pour la famillle Tempiesta au vue des ressources financières qu’il génère. Un coup d’éclat avant de partir sur Manshon pour laisser la situation se tasser.  Elle se présente donc devant le casino et s’adresse directement au videur. Là aussi, l’avantage d’être née et d’avoir vécu toute sa vie ici vous autorise à savoir quelle activité mène une famille et pas une autre.

« Je suis la nouvelle fille de Renato Da Villa. Il a exigé que mes compétences servent ici ce soir. »

Renato Da Villa. Parrain de la famille Gravia, bras droit des Tempiesta. Spécialiste du trafic humain et amateur de jolies filles. Citer son nom vous vaut un passé droit, surtout lorsque vous êtes l’une de ses filles, et surtout lorsqu’on sait comment elles sont « formées ». Le garde ne sourcille même pas un instant, jaugeant la dame comme une pièce de viande des plus comestible. Elle entre donc par l’entrée de service que lui indique le molosse sans la moindre amabilité. C’est aussi ça Manshon… Elle n’avait pas informée Rilas de son opération de ce soir, à quoi bon? Elle comptait rafler suffisamment de preuve pour pouvoir appuyer son coup et montrer à l’ensemble de la population et des honnêtes gens ce qu’il se passe réellement ici.

Dans l’antre du diable, elle croise d’autres femmes, certaines sont jeunes, bien trop jeunes. Son accoutrement ne dénote pas le moins du monde avec ces filles de joies. L’une des plus anciennes semblent diriger ici, et intime l’ordre à Farore de repasser devant la maquilleuse. Elle s’assoit confortablement sur le fauteuil usé encore couvert de transpiration, la femme, sans même l’estimer, lui octroie un maquillage grossier et provocant avant de la recoiffer un peu mieux, lui lissant davantage sa chevelure.

« Tu seras parfaite chérie! »

Après une brève analyse, elle peut voir que la maquilleuse offre la même réplique à toutes les filles. Un système de parole qui indirectement, en plus du reste, sert non plus moins qu’à rajouter de l’asservissement sur les femmes. La cheffe lui indique ensuite d’entrer sur scène, mais avant cela elle lui abaisse la fermeture éclaire juste au-dessus du nombril pour que Farore dévoile sa poitrine, elle est ici pour séduire pas exhiber les habits bons marché fait par des enfants couturiers sous-payés dans le sous-sol d’un bar Tempiesta.

La super héroïne de fortune se fonde parfaitement dans le décor et entre dans un box ou des hommes assoiffés de beau spectacle à la libido exacerbée prennent un malin plaisir à dévorer du regard la jeune femme. Des pervers, vicieux, et des étés sans moral. Le repas parfait pour une Farore en quête de justice, mais elle se prête au jeu, agitant son cors avec élégance et délicatesse sur la barre centrale tandis que des serveuses leurs disposent des verres d’alcool très fort et puants. Elle les écoute, ils font des commentaires sur sa plastique. Elle les gratifie d’un simple sourire, attendant d’en entendre davantage sur les activités. Après un instant elle apprend qu’ils sont tous des hommes de mains Tempiesta. Elle pourrait bien sûr, attendre ici qu’ils se lassent puis prendre la tangente. Mais elle avait entendu de nombreuses histoires sur le comportements de ces sacs à hormones ambulants. Sans même réfléchir, elle agite avec violence sa jambe qui s’enflamme sous la vitesse avant de distribuer une série de coup qui met au sol ses adversaires.

« Mes amis m’appellent Fenice. Mes ennemis appellent au secours! Roh je dois vraiment dire ça?! »

Le premier élément de langage décrit dans le dossier de Rilas venait d’être placé devant un publique inexistant, mais il fallait la aussi bien s’entraîner à faire tout ce qui est contractuel. Désormais plus libre dès ses mouvements, elle sort du boxe pour arriver dans un couloir exigu qui conduit à deux escaliers. Le premier redescend clairement sur les scènes principales et les salles de jeux tandis que le second qui semble bien moins bruyant et plus sobre pourrait potentiel conduire à la partie administrative.

Farore a le cœur qui bat la chamade, elle sait qu’elle n’est pas suffisamment puissante pour affronter de manière frontale les Tempiesta, un sentiment bien humain lui parcours l’échine, celui de la peur. Elle est tétanisée par l’idée d’avancer plus mais si elle ne le fait, elle restera à tout jamais bloquée dans une boucle sans fin.

Elle avance d’une démarche féline, comme si elle était prête à se jeter sur une souris pour la mettre à mort !

Elle parvient donc en haut des escaliers avant de tenter sa chance sur la première porte, elle y appose son oreille et n’entend rien elle décide donc d’entrer et la voila dans un bureau rempli de dossier, de machines à écrire et surtout de… livres de comptes !  Bingo?
Elle prends le temps de lire les livres ne sachant pas par où commencer mais un livre lui attire l’attention « dépenses du casino ».

L’ensemble des dépenses sont liées à un mystérieux marchands d’épices du Golden port, en comparant les chiffres avec les gains truqués, elle peut y voir les mêmes sommes. Les Tempiesta s’utilisent donc une plateforme de blanchiment d’argent sur le port, voila qui soulève de nouvelles interrogations. Serait ce lié de près ou de loin à la rumeur qui affirme que grâce à plusieurs alliances et à des coups de pouce de puissants notables de North Blue, que le parrain de Tempiesta aurait acquis une flotte de caravelles bien armées ainsi qu'une poignée de vieux cuirassés Sengoku. On dit aussi que pour compenser la perte des siens, il aurait organisé un "draft" où plusieurs pontes de petites mafias alliées aurait été parachutés à des postes stratégiques. Ça expliquerait l’échappée rocambolesque des finances du Casino? Farore était définitivement persuadée d’être sur une piste de la plus haute importance, elle pourrait peut-être remonter jusqu’à la fameuse flotte.

Dans le couloir, des bruits se font entendre, consciente que la proximité entre le bureau et l’escalier est trop court pour tenter la moindre fuite. Il faut donc agir et improviser !
La porte s’ouvre dévoilant deux personnes en costume et avec des chapeaux haut de forme. Le premier s’exclame.

« Toi quoi être? Toi pas avoir être ici là bas! Moi devoir compter régler toi! »

Si la situation semble sans issue et propice au combat, le second protagoniste qui semble plus cultivé et sage, pose avec délicatesse sa main sur l’homme à côté de lui.

« Allons allons Haudaure ! Je n’ai encore rien dit. Mais si tu regardes bien, cette dame a pris ses aises dans notre bureau d’une manière bien sûre d’elle. Alors, qui êtes vous donc? »


Farore avait placé ses pieds bottés sur le bureau de l’homme en question, sa main gauche était posé sur l’accoudoir tandis que sa main droite était en train de s’amuser avec la fermeture éclair de son costume, n’ayant de cesse que de remonter et de redescendre dévoilant ou cachant la poitrine de Farore. Elle avait l’air sûre d’elle, elle avait appris d’expérience qu’il fallait croire en son propre mensonge si l’on voulait pouvoir convaincre l’adversité ! Et c’était le cas, ces deux hommes étaient déjà venus par le passé dans le Manoir Corsandre, il s’agit de Haudaure et Lawrence. Haudaure n’est ni plus ni moins qu’un puissant tas de muscle a l’activité cérébrale limitée, tandis que Lawrence était le plus chétif mais surtout, le comptable principal des Tempiesta. Il était le cerveau financier de toutes les opérations du parrain. Une aubaine pour Farore ou une malédiction…

« Je suis Fenice. Renato m’envoi. Il estime que je dois prendre soin de vous en gage de remerciement pour vos précieux service financier a t’il dit. J’espère être parfaitement à votre goût. Et si ce n’est pas le cas, soyez sûr que je saurai me faire pardonner. A moins que vous ne préfériez avoir affaire à une méchante fille. »


Farore est totalement plongée dans son rôle. C'était en soit le moment de vérité, elle connait la puissance de Haudaure et sait d'ores et déjà que ses minutes sont comptés.  Lawrence affiche un sourire satisfait et réajuste le col de sa cravate avant de faire un signe de main à Fenice.

"Haudaure, garde la porte la suite. Moi, je vais parler de GROS chiffres avec madame."

"Haudaure se met devant porte pour devoir toi compter."

Fenice se lève d'un bond avec un sourire remplit de sensualité et d'attention avant de passer devant les deux hommes d'une marche assurée et au déhanché provocateur au possible. Amusée par son rôle, elle patiente sagement que Lawrence lui indique le chemin de la suite ou elle entre. L'endroit est vaste, Haudaure reste à l'extérieur, toute fuite ici est impossible, surtout depuis cette hauteur mais un idée avait subitement jailli de l'esprit de Farore. Après un bref coup d’œil elle pouvait voir des escargocaméras aux quatre coins des différentes pièces.

"Je vais aller sous la douche. Je vous y attends."

Lawrence vire au pivoine tout en dégrafant son faux col et sa cravate. Farore s'aventure dans la salle de bain et faire déjà couler l'eau pour faire croire qu'elle est prête à assouvir les besoins les plus primaires du comptable Tempiesta. L'homme ouvre à son tour la porte de la salle d'eau, entièrement nu.

"Me voilà ma belle. Crois moi, tu vas payer cher ton intrusion. C'est à moi de m'introduire maintenant !"

Le pied botté de Farore vient percuté le plexus solaire de Lawrence qui tombe au sol, avant même qu'il ne touche le sol, elle se rue sur lui pour fourrer un gant de toilette dans sa bouche, étouffant le moindre cri.

"Tu as le bonjour de Don Corsandre."


Elle se met alors dans une position saugrenue lui permettant de placer sa jambe autour de son cou et de l'étouffer progressivement. L'homme agonisant devient rouge, violet, puis bleu. Elle vérifie dès lors l'état de son poul et s'assure de sa mort avant de placer le corps sous la douche fumante. Elle arpente la suite, il est clair qu'il ne s'agit ici que d'un simple endroit de convenance mais elle repère un buffet avec des mets délicats. Elle s'empare de tout le poisson qu'elle trouve avant de les laisser glisser dans la douche. C'est un message typique des guerres de Manshon, une famille dépose du poisson autour du cadavre d'un homme important pour faire comprendre que le reste de la famille reposera bientôt "parmi les poissons". C'est plus un signe symbolique de respect qu'un réel intérêt utilitaire. Farore comprends qu'il faut maintenant duper Haudaure et prendre le large mais avant cela, elle fouille le costume de Lawrence et y trouve une note: "Notre Dame du Crime. Dans un mois." le papier est daté de ce jour précisément.  Voilà une seconde piste pour son enquête. Elle décide de prendre son courage à deux mains et sort de la chambre d'hôtel en ayant désormais sur ses mains le sang du comptable principal des Tempiestas.

"Pourquoi toi sortir de chambre déjà. Devoir toi compter encore! Ou moi toi casser!"


Farore hoche la tête en guise d'approbation avant de répondre du tac au tac.

"Oh oui pardonnez moi Monsieur. Maître Lawrence a très chaud au cerveau à force de compter. Il m'a demandé d'aller en bas chercher davantage de glace, le stock ici n'est en aucun cas suffisant. Il a aussi dit que vous deviez vous restaurer sur le buffet dans la chambre. Souhaitez-vous quelque chose?"

Haudaure laisse son regard rageur se poser sur Farore, ses poings se serrent et son visage se cripse.

"Moi  défoncer devoir serveur! Eux compétences zéro. Dix fois moi dire plus de glace. Moi manger d'abord puis tuer après."

Le colosse entre dans la pièce et se rue en direction du buffet sans prendre le temps de fermer la porte. Farore s'assure qu'il soit assez loin pour fouiller tour à tour les autres pièces, elle tombe sur l'escargoserveur, il est immense et enregistre l'intégralité des activités du Casino. Il fallait par ailleurs une diversion pour que Farore quitte les lieux sans embûches.
Elle s'approche suffisamment près de l'escargot avant de débranché un par un les câbles qui y sont reliés, un peu plus loin sur la table de maintenance, elle s'empare du chalumeau et s’évertue à mettre le feu. La pièce devient rapidement un véritable brasier, desséchant la pauvre créature et la mettant peu à peu à mort avec la chaleur et les flammes.
Fenice sort en courant de la pièce avant de descendre les escaliers le plus vite possible et elle se met à hurler.

"Au secours ! Haudaure a mis le feu ! Il est en grande colère ! AU FEU !"

Dans les salles de jeux et les tripots, c'est la panique générale. D'un côté les troupes Tempiestas tentent de venir à bout du brasier qui n'en fini plus de s'étendre, tandis que d'un autre côté les clients horrifiés s'échappent du lieu de loisir en hurlant. La panique générale s'empare même de l'extérieur des lieux, Farore parvient à sortir indemne non sans mal, parfois piétinée par la foule.

Elle contemple le feu qui dévore le Casino ainsi que le bureau de Lawrence et son oeuvre de comptabilité. Elle porte son premier coup à la famille Tempiesta, un coup majeur mais insuffisant pour faire basculer la vapeur.  Bien sûr, il sera remplacé, mais son travail est en feu c'est tout un pan du blanchiment d'argent qui est l'arrêt. Ce même incident va fragiliser la famille auprès de la Marine et des autres familles mafieuses. Farore a abattu sa première carte avec brio, elle dispose désormais de deux indices. Le port puis l'église. Il faut d'abord laisser se tasser l'affaire, son départ dans les prochains jours pour l’îlot flottant devrait lui apporter ce répit.