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Dans la bonne direction !

Hmmmm…
Monsieur, je vous assure que ces melons sont frais !
Je ne sais pas, quand je les secoue, ça fait un drôle de bruit. Comme une sorte de chuintement.
Le chuintement veut dire que le fruit est mûr !
Vous êtes sûr ? Pour les melon on m’a toujours dit qu’il fallait les sentir… Eurgh. Pourquoi il sent le poisson ?
… Parce qu’on est une ville en bord de mer, tout sent le poisson !

… Parce que… C’est un melon d’eau ?


Je peux voir votre licence commerciale ?


Je vous le fais à moitié prix ?

Commandant Raines !

Oui ? Je réponds en tournant la tête vers un de mes hommes qui m’appelle.
C’est urgent, venez vite !
Tsssk… Vous, ne bou… Je me retourne vers le vendeur ambulant, qui a déjà tout remballé et s’est sauvé. Je soupire, puis tourne les talons à toute vitesse pour rejoindre mon équipage. Une enseigne me guide alors que nous arpentons les rues de ce petit marché de village. Nous arrivons finalement devant une autre échoppe, bardée d’instruments de musique. Hein ?
Que… Quoi ?
Maintenant vous n’avez plus le choix ! Ça suffit vos excuses pour esquiver, à chaque fois ! Vous allez choisir un instrument et nous accompagner pour les soirées musique !
Soru !
Commandaaaaaaaaaaaaaaaant !
Où est-il passé ?
Il n’a pas pu partir bien loin, cherchons-le ! Il ne s’en tirera pas aussi facilement !


J’observe et j’entends mes hommes s’affairer dans la rue, depuis le toit de l’immeuble où je me suis instantanément déplacer pour esquiver leur lubie musicale. Depuis Zaun, les choses sont calmes. Le Sous-Amiral Niromoto m’envoie toujours vadrouiller à droite à gauche, mais sur des missions nettement moins… Palpitantes. Alors forcément, à bord, on s’ennuie un peu plus… Et les soldats redoublent d’inventivité pour trouver des activités plus ridicules les unes que les autres. Pourquoi avoir besoin de divertissement quand on peut s’entraîner ? Soulever de la fonte, il n’y a que ça de vrai ! Au moins, les gens du coin l’ont compris eux… Dédier entièrement leur île aux arts martiaux, en voilà une bonne idée !

Je bondis de toit en toit jusqu’à creuser la distance avec mes hommes. Il n’est prévu qu’on lève l’ancre que dans quelques heures… Alors j’ai tout mon temps pour me faire oublier. Je redescends finalement au niveau du sol dans une des rues. Tout ici porte l’estampille des arts martiaux, alors je prends un plaisir infini à simplement flâner entre les rues et à jeter des regards curieux ou admiratifs à travers les portes entrouvertes de la myriade de dojos qui parsèment l’île. Dans certains, qui n’aiment pas les regards étrangers, j’use de mon agilité et de mon Rokushiki pour m’autoriser une petite violation de propriété et observer depuis les toits. Quand je me fais pincer, on me met dehors, parfois en me menaçant de m’éliminer, marine ou pas. Mais comme nous sommes entre gens cultivés, après quelques échanges de coups bien placés où je leur fais mordre la poussière, je repars dans mes pérégrinations.

Je croise ainsi les amateurs de coups de pied, dont le seul entraînement semble être de faire les toupies. Je tombe ensuite sur des artistes martiaux qui imitent des animaux pour se battre et en en poussant les cris. Drôle de fantasme. Les prochains que je visite sont déjà un poil plus intrigants : ils frappent l’air et s’en servent pour frapper leurs cibles sans même les toucher. Je ne suis pas vraiment impressionné, pourquoi ne pas frapper directement ? Ils ne font même pas de vraies lames d’air… Il y a aussi ceux qui se battent avec leurs poils et leurs cheveux. Pas de commentaire, mais je trouve ça répugnant. On trouve vraiment de tout dans ce bas monde…

J’arrive finalement au dojo le plus connu de l’île, le Dojo Hinata, qui m’intéresse tout particulièrement. Il est connu pour avoir formé un des plus grands artistes martiaux au monde : un certain Rey Baka, dont les prouesses physiques auraient rivalisé avec le Rokushiki. Pour un jeune marine comme moi avide de parfaire ses compétences, c’est la situation rêvée, et peut-être qu’en fouinant dans les parages je pourrai apprendre un truc ou deux. Je maîtrise déjà très bien le Geppou, le Soru, le Tekkai et le Kami-E. Mon Rankyaku manquait jusqu’alors d’un peu de punch, et c’était la même chose pour mon Shigan. Mais mes derniers entraînements se sont montrés plutôt probants, alors dans l’impossibilité de faire vérifier ma forme par quelqu’un au G-3… Peut-être que je vais trouver quelqu’un qui fera l’affaire ici !

Je me poste en silence sur un des toits, et observe un groupe d’étudiants faisant des exercices dans la cour. Ils s’entraînent à bloquer les coups, les bras croisés devant leur visage. Étonnamment, ils encaissent plutôt bien, au vu des coups qu’ils reçoivent. Mais la forme qu’ils adoptent pour réaliser ce simili-Tekkai est… Clairement à retravailler. Ils mettent tout dans les bras, et ont le tronc qui vacillent et les jambes qui tremblent. C’est pas ça. Le Tekkai, ça vient du centre du corps, des abdominaux et des lombaires. Il s’agit d’oublier ses jointures, ses articulations, ses tissus mous… Et devenir un bloc de métal complètement lisse. Je repense avec une certaine nostalgie à tous ces coups dans le ventre que j’ai pu recevoir durant mon entrainement.


Dernière édition par Alex Raines le Lun 18 Juil 2022 - 20:33, édité 2 fois
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Cet instant, un peu hors du temps, est perturbé lorsque les lourdes portes en bois de la cour du monastère s’ouvrent dans un vacarme fracassant. Je suis happé hors de mes pensées nostalgiques par la voix rauque d’un homme.

Yo les prêtres !
Ce sont des moines, Capitaine. Une voix plus nasillarde le corrige. Capitaine ?
C’est pareil, on s’en fout !

L’homme sort du pas de la porte et je peux à présent l’observer. C’est un grand gaillard à la peau mate et dont la chemise ouverte laisse entrevoir une musculature impressionante. Ses cheveux, qui rappellent ceux de certaines peuplades insulaires de South Blue sont attachés en arrière. A sa ceinture ceignent deux sabres, et son visage est dissimulé vers un masque de démon tout blanc. Un capitaine avec une pareille dégaine… Cent mille berries que c’est un pirate.

On m’a dit qu’il y avait un vieux sage ici, il est où ?
Je ne sais pas ce que t’es venu faire ici, étranger, mais ce n’est pas si simple de rencontrer le maître Shimousi. Un des élèves du dojo commence à lui parler en s’approchant de lui. Logique. J’imagine qu’il faut remporter toutes sortes de défis, ou affronter ses meilleurs élèves, ou avoir un potentiel secret à révéler… Il reprend. Il faut prendre rendez-vous à l’accueil et payer un forfait pour les selfies ou les cours particuliers ! Si c’est un autographe ou d’autres goodies qui vous intéresse, il y a également une boutique de souvenirs !

Ah. C’est un peu décevant. L’industrie touristique et le capitalisme auront fini d’achever les derniers mystères de ce monde !

Ouais, haha, c’est ce que la grognasse à l’entrée à essayé de m’expliquer… Il commence en rigolant de sa voix grasse… Alors je l’ai crevée !

L’ambiance change subitement. Mes yeux se portent sur ses bottes tachées de sang. Sa voix était calme, froide. Il ne ment pas. Je me relève doucement de la toiture où j’étais à moitié allongé, sans le quitter des yeux. L’élève à qui il parlait semble avoir compris au même moment.

Enfoiré !

Sans hésiter, il envoie un coup de poing en direction du visage de l’homme masqué. Ce dernier esquive sans problème, et porte la main à la garde d’un de ses katanas. Merde, je devine la suite. Je me propulse du toit avec un Soru qui explose quelques tuiles alors que je fuse dans leur direction. Il dégaine un de ses sabres, et assène une taillade à son adversaire de bas en haut dans un mouvement vertical et circulaire d’une grande rapidité et d’une grande élégance. Je suis pas un sabreur, mais j’en ai vu suffisamment pour savoir reconnaître le talent d’un bon épéiste. J’arrive de justesse pour tirer l’artiste martial par le col de son kimono et lui éviter de se faire éventrer. La lame entame très légèrement sa chair au niveau de l’abdomen.
L'épéiste donne un coup de sabre en l’air pour projeter à terre le sang sur la lame, avant de le rengainer. Voilà qui confirme mes craintes : c’est un geste qui montre que ce n’est pas juste un rigolo qui a trouvé deux sabres par terre et s’amuse à les faire mouliner dans les airs.

Oh, d’où tu sors, toi ? En tout cas t’as de meilleur réflexes que ton pote ! Alors comme ça, il y a même des marines qui sont élèves de ce dojo ?
Euh, non, pas vraiment… Je…
Je suis Trembol “The Duke “Black ! Capitaine des pirates de Duke ! Primé à 10.000.000 de berries ! Je suis venu ici parce qu’on m’a dit que c’était le meilleur dojo de l’île ! Je vais crever les hommes les plus forts de ce dojo et être craint sur tout South Blue !

Le fait que j’avais raison concernant son identité ne me réjouis qu’à moitié. 10.000.000 de prime ? Cela fait pâle figure en comparaison des 200.000.000 que valait TNT. Et puis, même si son coup de sabre m’avait arraché un sifflement admiratif, il n’y avait pas non plus de quoi s’en réveiller la nuit. Le coup était lent, et manquait de force. Le simple fait que j’ai pu parcourir la distance jusqu’à eux et enlever l’artiste martial du milieu en le tirant par le col alors que le coup était déjà parti en est la preuve. Ce qui me fait m’interroger d’autant plus sur les motivations de ce pirate. Il attaque le dojo le plus réputé d’une île où tous les habitants savent plus ou moins se battre, et espère s’en tirer comme ça ? Curieux.

Contre eux ? Je désigne du doigt les disciples qui se sont rapprochés derrière moi. Ça ne vous apportera pas des masses de prestige, ils ne sont pas particulièrement dégourdis.
Eh ! Ils s’écrient en unisson.
Essayez de me tuer moi, là y’a déjà plus de challenge !

Tant qu’à le mettre au fers, autant en profiter pour essayer dans une situation réelle et relativement sans danger les nouvelles techniques que je développe. Black m’analyse de haut en bas puis de bas en haut, s’attardant sur les barrettes de mon uniforme. Je devine une moue dégoûtée derrière son masque.

Un simple Commandant ? Eurgh, non merci, je ne suis pas venu pour me battre contre le menu fretin !

Ah. Moi, du menu fretin ? Je souris de manière sarcastique, plus qu’agacé, et lui décoche un formidable coup de poing en plein dans le ventre. Il est propulsé en arrière, jusque dans le mur d’enceinte du dojo, fracassant la roche sous l’impact. Certains de ses hommes, qui l’accompagnent, foncent à son secours. Les autres se jettent sur moi, dégainant sabres et pistolets.
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Rankyaku.

Je concentre toutes mes forces dans ma jambe droite, et, prenant complètement appui sur la jambe gauche, envoie un puissant coup de pied dans les airs, avec la force et la vitesse dont je ferais preuve si je réalisais un Soru ou un Geppou. L’air se compacte autour de ma jambe, et fuse à toute vitesse vers les pirates sous la forme d’une lame d’air. J’en ai réalisé de bien plus puissantes et tranchantes à l'entraînement, en tendant la jambe et en fendant l’air avec la pointe du pied… Mais mon but ici est de neutraliser ces criminels, pas de les trancher en deux. La lame d’air a donc plutôt l’effet d’une batte qui frappe en plein ventre et envoie valser les pirates.

Le menu fretin, ici, c’est toi, Black. Je m’adresse directement à lui en faisant craquer mon poing alors qu’il se relève péniblement. Tes petits copains et toi, je vais vous tous vous coffrer, c’est inéluctable. Mais défendez vous un peu et vous pourrez au moins frimer en cabane que vous avez tenu plus de quelques secondes contre le Commandant Raines !

J’entends les karatékas s’échanger des murmures à l’écoute de mon nom. J’entends certains parler de mon frère, se demander s’il y a un lien entre le pirate sanguinaire et ce marine qui vient de débarquer dans leur dojo. Et puis, j’en entends quelques-uns dire qu’ils ont lu des choses sur moi dans les journaux, récemment. Il semblerait que les événements de Koneashima et Zaun se soient ébruités, et me fassent de la bonne publicité. Je serre le poing. Bientôt, quand on parlera de Raines, les gens n’auront en tête que le défenseur de l’ordre et de la justice, et pas le renégat qui a trahi la confiance qui avait été placée en lui.

Bordel… Du sang et de la bile coulent sous son masque. Putain ! Des Commandants de la marine, j’en bouffe tous les matins au petit déj !

Il dégaine ses deux sabres en même temps et se jette sur moi. Ce sera parfait pour ma petite expérience. Je bloque ses sabres sans effort en visant ses poignets : les épées s’arrêtent net, et j’esquisse un sourire. Black est, de son côté, partagé entre la surprise et le choc. Il attaque à nouveau, et je pare encore une fois. S’en suivent une série d’attaques que je dévie du bout de mes mains. Ses patterns sont intéressants, mais ne sont malheureusement pas assez rapides pour que je puisse réagir. Et puis, sur un de ses coups d’estoc, je me décale sur le côté et dégageant son bras, je raidis l’index et le majeur de ma main, et…


Shigan.

Le coup part avec une telle vitesse que je jurerais entendre un coup de fusil. Mes doigts mordent sa chair au niveau de l’épaule, juste en dessous de la clavicule, et s’enfoncent jusqu’à toucher l’os. J’esquisse un sourire. C’est encore plus efficace que je le pensais, utilisé en situation réelle. Entre ça et mon Rankyaku de toute à l’heure… Mes durs entraînements payent, et cette sensation de progression est particulièrement grisante. De son côté, Black lâche immédiatement un de ses deux sabres. Et recule en titubant.

J’ai touché le tendon du muscle sous-scapulaire. Je lui explique calmement en lui montrant en miroir sur mon propre corps. Ça va être compliqué de manier un sabre de cette main !

Putain, tu vas voir quand je vais te toucher je vais te découper en morceaux ! Il peste et m’insulte. Je me redresse et tends mon bras droit devant moi, plutôt confiant.
Non… Mais si vous voulez essayer, allez-y, je vous offre ce bras !


Il hurle de rage et se propulse sur moi, se préparant à frapper mon bras de toutes ses forces. Le sabre traverse mes vêtements et… S’arrête net sur mon avant-bras, dur comme le métal. Je me tourne vers les karatékas.

Vous voyez, ça c’est un bon Tekkai ! La force vient des abdos !

En me retournant vers Black, je me rends compte que sa lame ne vole pas en éclats, à ma grande surprise, et s’est simplement contentée de bien s’ébrécher en son centre. Les katanas ne sont pas, par conception, des sabres faits pour pénétrer des surfaces trop dures : ils tranchent bien mais se cassent facilement. Alors pour que le sien ne se brise pas en mille morceaux, étant donné que la lame me paraît être tout ce qu’il y a de plus normal… Il faut reconnaître qu’il a une certaine force. Effectivement, je le vois facilement n’avoir aucun mal à vaincre un bon nombre de mes collègues de grade.

Peut-être qu’il faut que j’arrête de jouer avec lui, et que je le coffre avant qu’il n’ait l’occasion de faire des dégâts. Et puis… Pourquoi ? Pourquoi est-ce que je me comporte comme ça ? Ce n’est pas mon genre. Je respecte mes adversaires et les protocoles, les règlements. Je fais mon travail avec efficacité, sans actions superflues. Alors pourquoi ce besoin de dominer un adversaire que je pourrais sans doute terrasser en quelques secondes, en m’y mettant sérieusement ? Je crois que mes dernières missions, à Zaun et à Koneashima, ont un peu égratigné mon ego. Allez, Raines. Tu vaux mieux que ça.

Sans un mot, je me remets dans le combat alors que Black est en train de pester et continue de m’assaillir. Me servant de mon Kami-E, j’esquive ses attaques avec souplesse, sans m’éloigner du corps-à-corps. Avec un seul sabre et un seul bras, même s’il fait preuve d’une remarquable dextérité, il n’a aucune chance. Je lui assène plusieurs coups de poings, et deux nouveaux Shigans en plein dans le sternum. Il finit par lâcher sa deuxième arme et s'effondre au sol, sombrant dans l’inconscience.


Dernière édition par Alex Raines le Mer 13 Juil 2022 - 16:06, édité 2 fois
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Depuis le début du combat, ses sbires qui étaient allés l’aider à se relever sont restés à bonne distance, sans oser s’approcher après ce que j’avais fait subir à leurs camarades. Lorsqu’ils me voient m’avancer vers eux, cependant, ils n’hésitent pas à tourner les talons et à s’enfuir en courant. J’utilise mon Kamisori pour me rapprocher d’eux à toute vitesse et les frapper entre chaque déplacement, les mettant K.O. sans grand effort.

Ils ne devraient pas se relever avant quelque temps, mais je peux compter sur vous pour les garder sous contrôle au cas où ? Je m’adresse aux artistes martiaux qui se tiennent derrière moi. Je vais aller chercher mes hommes pour emmener tout ce beau monde en prison. Je tourne les talons puis m’arrête à nouveau. Nous sommes bien évidemment d’accord que si quoique ce soit leur arrive pendant mon absence, le dojo dans son intégralité sera tenu responsable et déclaré criminel, m’obligeant à vous appréhender et à saisir le lieu. Ai-je été clair ?

Ils hochent la tête dans un silence religieux, et je pars. Je traverse le vestibule, et disperse des passants qui ont pénétré l’enceinte du dojo par la porte éventrée par les sabres des pirates et s’agglutinent autour du cadavre d’une femme qui gît dans une mare de sang. Je m’agenouille auprès d’elle et cherche son pouls. Il n’y en a aucun. Je peste intérieurement en serrant le poing, et passe mes doigts sur ses paupières pour lui fermer les yeux. J’enlève ma veste et recouvre son corps et son visage. Encore une vie perdue inutilement, parce que les pirates comme Black existent. Parce que la société dans laquelle nous vivons raconte les histoires des libres pirates, de leurs aventures, de leurs trésors… Mais oublient de parler des cadavres qu’ils empilent et dont ils se servent comme piédestaux.

Je rejoins une partie de mes hommes, contacte les forces marines locales et les ramène avec moi au dojo, où les pirates sont enchaînés et le corps de la responsable de l’accueil est évacué. J’ai mauvaise mine, et suis d’humeur maussade. D’habitude, capturer un pirate avec les techniques que je travaille sans relâche à l'entraînement me réjouit. Mais devoir enterrer un civil innocent est un prix bien trop lourd à payer. Je veux sauver des vies, arriver suffisamment tôt pour ne même pas avoir à défendre la veuve et l’orphelin : je veux directement sauver le mari, le père. C’est pour cela que je suis marine. Pour cela que je suis médecin. Et pourtant, cela ne suffit pas. Finalement, la seule chose qui compte, c’est la force. Une force absolue et écrasante, pour servir une justice totale. Il m’en faut toujours plus.

Nous laissons les hommes du Colonel Leke de la 132ème et retournons vers notre bateau, avec Black et son équipage pour prisonniers.

Commandaaaaaaaaaaaaaaaant Raines ! Mon enseigne m’interpelle alors que nous approchons. Merde. J’avais oublié que la dernière fois que nous nous étions vus, je les avais plantés pour ne pas devoir jouer d’instrument. Je me prépare à utiliser un Soru pour m’enfuir. Le Sous-Amiral Niromoto a appelé pendant votre absence !
Ouf... Nous avons de nouveaux ordres ? Je hausse le sourcil, intéressé et rassuré de ne pas me faire incendier pour cette histoire d'instruments de musique.
Oui ! Le Cipher Pol est quasi sûr qu’une grosse transaction d’esclaves pour le régime Rhétalien va avoir lieu dans à la fin du mois ! On parle en centaines !
A la fin du mois ? Il s'y prennent en avance...
Pour une transaction de cette envergure, ce n'est pas étonnant qu'ils laissent des traces qui puissent être remontées. Il y a toute une logistique à mettre en place.
Je marque une pause.

Dans tous les cas, il faut intercepter un négrier dans les eaux Rhétaliennes ? Selon d’où proviennent les esclaves, nous aurions les mains liées. Et même s’il est avéré que ce sont des citoyens du gouvernement mondial… C’est une zone de guerre, si on y mouille le navire on sera coulés en moins de deux. Je siffle et serre les poings. Les marchands d’esclaves me rendent furieux, et le royaume de Rhétalia en est la quintessence. Et autant Zaun est une île de non-droit et un repaire de criminels crasseux, autant si je pouvais donner l’ordre de déclencher un Buster Call, je le lancerais sans aucun doute sur Rhétalia. Une île de zélotes religieux qui ont forcé la main du gouvernement pour autoriser l’esclavage et qui depuis la Lotherie lui ont carrément déclaré la guerre…
Justement, la transaction serait gérée par un gang de criminel originaire de Rokade, le cartel Medelin.
Jamais entendu parler d’eux, mais je connais Rokade c’est pas bien mieux que Rhétalia. A croire que South Blue attire la racaille. L’île est sur-défendue, on n’arrivera jamais à approcher.
La transaction est encadrée par des Rokadiens, mais qui vous a dit qu’elle se passerait à Rokade ?

Mes yeux s’écarquillent et j’esquisse un large sourire.

Où ça ?
L’Amerzone.
Je souris de plus belle. De ce que j’en sais, c’est un trou à rats. Mais un trou à rats désert. C’est effectivement l’endroit rêvé pour y faire une pareille transaction en toute discrétion. Et c’est également l’endroit parfait pour leur tendre un piège, libérer les esclaves, capturer tout ce beau monde et d’une pierre frapper Rhétalia et Rokade là où ça fait mal. Il reprend. Ah, autre chose…
Oui ?
Le Sous-Amiral vous adresse également ses félicitations… Lieutenant-Colonel Raines.


Hein ? Comment peut-il encore se tromper sur mon grade ? Je suis Comm... Je manque de tourner de l'œil. Quoi… Quoi ?

Pardon ?
Votre succès à Zaun vous a valu une promotion ! Félicitations !


Je souris à pleines dents et explose de joie. Les choses ne sont peut-être pas si terribles après tout. Nouvelle mission qui me permettra de continuer de briller, nouveau grade qui marque mon entrée chez les officiers supérieurs. Je ne suis peut-être pas encore suffisamment fort, mais il n’est pas forcément nécessaire de faire des pas de géants à chaque fois. Avancer dans la bonne direction et à bon rythme me conviennent parfaitement. Je saurai être patient, implacable, déterminé.

Que fait-on de ceux-là, Lieutenant-Colonel ? Demande un des soldats en désignant Black et sa bande. Oh, Lieutenant-Colonel Raines. Douce mélodie à mes oreilles !
On les enchaîne à fond de cale, on va faire un crochet par le QG de South Blue. Je marque une pause, monte sur le bateau, et remplis mes poumons d’air.

Soldats, levez l'ancre… Cap sur l’Amerzone ! Et faites-moi passer un instrument, n’importe lequel, on y va en musique !
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