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Le prix du fer.

- Huit cent milles berries une fois!

Le marteau frappe l'estrade du maître du commissaire priseur, le jeune homme derrière lui tremble. Enchaînés, sous bonne garde comme ses autres congénères, son destin se décide sans son accord. Et l'audience d'être humains, comme lui, semble indifférente à son sort. Personne n'est ici pour l'aider, et aucun miracle ne lui rendra sa liberté, alors que s'assène comme une épée le dernier coup de marteau, son humanité quitte son corps. L'acheteur est salué par ses pairs, et fait déjà signe à ses sbires de récupérer sa dernière acquisition.

- Pas encore.

Parmi la foule de clients potentiels, assise sur un tabouret à côté de riches investisseurs et représentants de familles de grands propriétaires terriens, la femme se tient tranquille. Il faut laisser venir les gros poissons, une pêche parmi ces enchères. L'appât est cette vente d'esclaves, le saumon du jour? Le plus fortuné de ces esclavagistes, la liberté est sans doute l'essence même de l'humain, l'en priver c'est le séparer de l'humanité, le reléguant à un rôle de bête, d'automate déprivé d'émotions. Donnez la mort à ces gens la, sur une île appartenant à la pire engeance existant sur les mers, aucune mauvaise conscience. C'était presque un travail révolutionnaire, sauf qu'à la différence de ces ahuris, l'Armure comptait bien garder l'emprise sur ces femmes qu'elle libèrerait.

- Pour notre prochain lot, les enchères débuteront à un million cinq.

Des murmures parcourant l'assemblée, la curiosité malsaine gagnant les rangs des acheteurs. Le rideau se lève, dix hommes et trois femmes, en haillons. Il est évident au premier coup d'œil que ce sont les hommes les plus intéressant parmi ce lot, des muscles saillants, des dents parfaitement blanche. L'excellente condition physique de ces spécimens sont le fruit d'un travail sur plusieurs générations. Nés en captivité, et n'ayant jamais connu la liberté ces brutes sont parfait pour le travail dans les champs, pour servir de garde du corps ou pour porter de lourdes charges explique le commissaire priseur. Les trois femmes incluse dans le lot offrent la possibilité à l'acheteur de continuer cet eugénisme sur plusieurs générations.

La main droite de la femme à la chevelure immaculée se crispe, son masque s'effrite, et elle se pince pour reprendre son déguisement et son rôle. La haine qui parcourt son corps ne doit pas l'aveugler et précipiter la mission ou risquer de la faire échouer. Elles seront libre, ils seront tous libre, même les hommes répudiés par l'Iron Fleet, il n'est plus question de sexe ou même de race, si Izumi n'est pas particulièrement dévouée à la lutte contre l'esclavagisme, Elizia l'est beaucoup plus.

- Cinq millions.

Deux rangées devant elle, une voix suave et pourtant emplie d'un agacement semblant naturel, vient d'enchérir. Et de nouveau, l'assemblée est dissipée, les murmures et les chuchotements vont bon train. Un sourire narquois sur le visage de l'ancienne tueuse à gage, et d'une voix fluette en levant son numéro elle se joint aux festivités.

- Six millions.

Cette fois c'est sur elle que se posent les regards, derrière son éventail et ses lunettes de soleil, le sourire ne disparait pas. L'appât est à l'eau, il n'y plus qu'à attendre, et pas très longtemps. Déjà une autre main se lève, et puis une autre, l'enchère monte. Et Elizia n'est ici que pour bluffer et forcer le plus riche de ces misérables à débourser une somme considérable.

- Dix millions.

Bingo. Le pigeon en chef, le riche le plus frustré de l'assemblée semble bien décider à remporter cette enchère. Le sourire s'agrandit encore plus sur le visage de l'ancienne noble. Il faut savoir se coucher, elle tente de repérer avec précision, l'acheteur.

- Trois fois, adjugé vendu à Archibald Growpsou!

Elle dispose désormais de l'identité du client, le poisson mords à l'appât. Mais pour s'assurer que ce paon ne soit pas juste entrain de pavaner, en dilapidant sa fortune, mais qu'il possède des fonds plus conséquent, la seconde de l'Iron Fleet enchérit la première sur le prochain lot.

- Huit millions.

De nouveau les chuchotements, mais ce bruit de fond ne la dérange nullement. Concentrée sur sa cible, elle aperçoit un des malabars du dernier acheteur, regarder vers sa direction. Parfait, maintenant qu'elle a son attention, ne pas lâcher la ligne et épuiser le poisson.

- Quinze millions pour vos lots restants.

Sander pouffe de rire, et se lève. Découvrant ainsi le visage d'Archibald, puisque lui aussi se lève et vu le ton rouge sur son visage, il ne semble pas très content. Le sourire hypocrite qu'il affiche ne peut cacher la frustration et l'ire du Growpsou.

- Vingt-cinq millions.
Une fortune en vérité pour les produits du jour, mais la sensation est la, et tout ce petit monde se retrouve subjugué par la manne financière que dépense l'homme. Déjà, l'on se presse pour féliciter le garçon de ses acquisitions, les femmes en rajoutent tandis que les hommes tentent de négocier quelconque affaires avec les plantations Growpsou, si Archibald peut dépenser autant, c'est forcément qu'il a bien plus! Jackpot, Elizia se couche, se rasseyant et s'inclinant face à la petite fortune dépensée par Archibald. Il est temps de partir, son éventail tombe au sol. Quelle sotte, et voilà qu'Archibald la remarque du coin de l'œil, un sourire mauvais se dessinant sur le sinistre visage du benjamin. Les sbires sont de sortie, et visiblement sont sur ses talons, à chaque croisement, elle se débarrasse un peu plus de son déguisement. A commencer par cette robe immonde qu'elle porte, pas du tout pratique pour se mouvoir. Son prochain détour est une impasse, et sans se retourner elle sait que les larbins de l'esclavagiste sont juste derrière elle.

- Il ne faut jamais suivre une femme, ça fait vraiment stalker.

Un bond en arrière, une nuque qui craque, une lame séparant une tête d'un torse et déjà le sang tâche ses bottes. Une cigarette qu'elle allume, en tapotant du bout des pieds les corps inertes et encore chauds de ses poursuivants.

- Grand dadais, brun, bien habillé et connu des habitants, entouré de la majorité de ces charognes, sur la grande place. Une vingtaine de gardes en périmètre autour de lui, probablement autant dans les alentours.

Elizia se remet en marche, hors de question de stagner au même endroit. Il est plus que probable qu'Archibald envoie d'autre de ses sous-fifres à la poursuite de cette mystérieuse acheteuse, et cette curiosité déplacé causera sa perte, ça et la petite fortune dont il serait allégé.

- Quinze secondes.

Quinze secondes ou la vie bat son plein, ou tous vivent dans la paix et l'illusion d'une sécurité garantie. La protection des Saints, la présence de la marine. Qui oserait attaquer cet endroit? Deux ans après la dernière excursion de la Révolution, il semblait improbable que cela se reproduise.

- Cinq secondes.

Les feux de l'enfer, le rugissement de plus d'une centaine de canons, le bruit des explosions assourdissant. De nouveau, l'Armure fait signifier sa présence de la plus bruyante et destructrice des manières. De nouveau, l'Iron Fleet s'attaque au gouvernement.

- Lancement de l'opération : Le prix du fer.

Alors que la foule panique, alors que les gardiens abattent leurs matraques et bâtons sur les esclaves agités par l'attaque, alors que la marine engage les assaillants, l'espoir semble changer de camp. Et Izumi ajoute une nouvelle casquette à sa collection.

Ennemie des Saints.
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- Et voilà mon plan.

Aucune réaction immédiate, des sept lieutenantes de l'Armure, seul Rosa et Yui se regardent incrédules. Strenght est comme à son habitude mastiquant son cigare et astiquant son arme à feu, le sourire aux lèvres. Sara est aux côtés de Aera et Elizia, le trio de femmes regardant avec amusement les maigres protestations de leurs camarades. Mais aucune de ces femmes ne compte à l'instant autrement que la voix d'Eleanor, la longue jambes. Ses aventures passé et tumultueuse avec des esclavagistes et négriers, seraient en mesure de lui retirer l'envie de participer aux combats, et si c'est la volonté de la trentenaire, la Capitaine la respecterait.

- Saint-Uréa ne va pas apprécier, mais si c'est ce qu'il te faut pour passer supernova et entrer dans la cour des grands.

Eleanor se lève, la troisième lieutenante allume une cigarette et l'assemblée l'écoute, qu'importe les différents, dans le cercle intérieur de l'équipage, l'écoute de l'autre était l'un des éléments clés pour maintenir une bonne cohésion d'équipe et un sentiment d'appartenance à autre chose qu'un rassemblement de pirates. Whitedawn tire une bouffée de tabac, et souffle en direction du plafond.

- Alors assurons-nous que ces saintetés s'assurent de connaître ton nom, et celui de notre équipage.

Un maigre sourire apparaît sur le visage de la longue jambes, et dans ses yeux de jais une flamme s'embrase, la haine de l'esclavagisme, de ces îles et de ces royaumes maintenant cette pratique. Du gouvernement et des Dragons Célestes et la terreur accompagnant chacune de leurs apparitions.

***
Les dizaines de canons bardant les navires de l'Iron Fleet achèvent le premier bombardement sur la ville de Nouvelle Réa. Les habitations les plus avancées sur le port de la ville-île sont détruites, mais ce ne sont pas les cibles principales des frégates et de la pagode de guerre. Les navires de la marine baignant dans les eaux sont des cibles faciles et pris au dépourvus. Et pour cause, deux cuirassés pourpres bloquaient la vue des navires de la marine, ces modèles de cuirassés déclassés et à la couleur immanquable répandirent la mort et la destruction sur le port, le navire amiral de l'Armure restant en dehors du port de l'île, ils devaient sécuriser les côtes rocheuses de l'île le plus rapidement possible afin de permettre un corridor de sécurité pour évacuer.

- Eleanor se dirige sur ta position avec les filles du Serpent. Au point de rendez-vous dans deux minutes.

Le capitaine Red avait dépêché ces cuirassés, et Izumi comptait bien les utiliser, et puis Armada gagnerait de la main d'œuvre gratuite, c'était donnant-donnant. La demi-géante se refusait néanmoins à laisser la vedette à l'ancien marine alors qu'il n'était pas présent sur les lieux, aussi il était hors question de raser entièrement le port. Neutraliser les défenses de l'île, et éviter des pertes parmi les esclaves était non seulement judicieux, mais nécessaire. Repartir avec moins d'un millier de libérés était hors de question. Les pertes subis parmi la 69ème division de la marine, à l'aube de cet assaut, permirent aux troupes de la libre capitaine de débarquer sans rencontrer trop de résistance. Alors que la fumée retombait parmi les décombres et que le feu continuait de ravager le bois des bâtiments et de se répandre dans la ville, Strenght et son détachement d'Iron Troopers abattirent les quelques marines errants dans les ruines.

Dans leur suite, les Immaculées et Aera bloquèrent les artères menant à la zone de débarquement de l'équipage. De concert avec leurs camarades Iron Troopers, elles nettoyèrent les ruelles, réduisant au silence chaque potentiel menace. Izumi débarqua en dernière, flanqué de Sara et Yui et de cent guerrières en armure dorés. Le plan fonctionnait jusqu'à présent, il fallait s'y tenir. Encore une fois le nombre ne jouait pas en la faveur de l'Armure et de son équipage, pourtant comparé à Las Camp, ou seule elle avait du affronter le Mandarin et ses sbires, plus de deux années après, la bientôt supernova pouvait être fière de ce genre d'opérations. Plus besoin de quémander de l'aide à Red, cette indépendance, cette liberté, elle la partagerait.

Idole, elle deviendrait un modèle pour une génération entière de femmes. Une lame de vent dégageant le chemin, la vie quitte chaque marine sur son chemin. Forte, Izumi l'est presque trop pour les Blues, se frotter à des ennemis de son niveau, ou continuer d'abuser de sa position et de sa force? Sourire taquin, mais comment résister? Ce serait mentir de dire que les îles et royaumes esclavagiste étaient dans une toute autre catégorie, mais bientôt, oui bientôt l'Armure délaisserait pour de bon ces escapades sur les Blues.

- Vous êtes libre! Courez au port, embarquez pour une nouvelle vie! Loin de la misère et des chaînes, loin des fers et de la servitude.

Les bras en croix, à en perdre la voix, un rire cristallin s'échappant de sa gorge, parmi les flammes et la désolation. Faisant fi du chaos ambiant, des cris, de la panique, la demi-géante baigne dans son élément.

- Libérez-les!

Les visages s'illuminent, des sanglots, des cris de joie et les louages de la pirate, on chante le nom de la libératrice. Et Izumi un instant, bénie cette masse ignorante des véritables enjeux. Rien n'est gratuit, tout a un prix, et chacun se vends comme il l'entend. L'Iron Fleet est ici pour récupérer de la main d'œuvre gratuite, loyal qui viendrait trahir le bienfaiteur ayant tendu sa main au moment ou vous en aviez le plus besoin? Le crachat des canons reprend, mais cette fois l'artillerie de la garnison local donne également du ton. Un millier de soldats de la marine convergeant vers les positions des pirates, les artères se vident, les rues aussi et la population civil se rue avec frénésie et la mort aux trousses. Et les cages se vidaient, et les entraves tombaient, et alors qu'une partie de l'île cédait au désarroi, l'autre célébrait déjà, avant même d'avoir quitté les lieux.

- Suivez les instructions! Les hommes à droite avec ma collègue, les femmes derrière moi.

Un regard en direction d'Izumi et Yui serre les poings, ignorant le danger et le nombre d'opposants, l'Armure s'éloigne seule, en direction des rangs adverse. Menteuse faisant ripailles au cœur des combats, inarrêtable. Qui pour arrêter définitivement l'avancée de la pirate?

- Izumi, l'Armure, votre infamie prend fin ici.

La prochaine chose que ressent la demi-géante, c'est une sensation de chaleur sur son épaule gauche. Ses yeux s'écarquillent, et la douleur qui apparait. Un tireur expérimenté, Menteuse bloque une attaque sournoise d'une mouette, et finit par s'enfoncer dans la gorge du misérable. Et Izumi n'a même pas sortie un doigt en entier que le sniper tire de nouveau, la balle claque sur le mur du bâtiment derrière lequel s'abrite la forgeronne, et la frustration qui gagne son esprit ne disparait pas. Pourtant, elle ne regrette pas un seul instant d'être seule, entourée d'ennemis alors que les suppliques des esclaves couvrent le bruit des canons, que les mains tendus à travers les barreaux tentent de toucher l'Armure.

Tellement loin de son misérable passé, le visage de ses géniteurs, de ses parents si flou. Devenir quelqu'un, si connue et prouver que sans être maudit, il est plus que possible de se tailler une part du gâteau. Son emprise sur la garde de Menteuse se renforce, un bond et la balle lui arrache une mèche, une roulade et de nouveau s'élancer dans les airs. Vaincre, qu'importe le nombre de cicatrices, une gueule cassée vaut mieux que trépas.

Menteuse fait voler l'arme à feu du tireur d'élite. L'homme recule de deux enjambées, et se met instantanément en garde. Le bruit d'une vingtaine de fusils braquant Izumi ne provoque qu'un haussement de sourcil de la pirate en direction de son adversaire. Un vieillard. Un de plus, ne jamais juger un livre à sa couverture? Foutaise, et si ce n'était pas la raison de la facilité des attaques sur les îles des Blues? L'incompétence des officiers en charges des différentes divisions, faible se complaisant dans une facilité de vie ne les rendant pas à apte à arrêter des pirates un tant soi peu au dessus de la moyenne.

Colonel Jess Späre son adversaire, un homme âgé guère impressionnant. Avait-elle réellement atteint les limites de ce que pouvait lui offrir le vivier des Blues? L'espace d'un instant elle repensa à Sissy, à cette femme lui ayant poser de vrais problèmes sur Las Camp, le chemin parcouru depuis, si le chemin de l'Armure rencontrait à nouveau celui de la commandante, Izumi gagnerait-elle?

- Vous êtes en état d'arrestation! Déposez les armes!

Le temps de réaction de Späre lui coute une nouvelle arme à feu, fendue par la lame de vent projetée par l'Armure. Son poing gauche se projette vers Izumi qui chargeant la position du Colonel encaisse le coup avec une vilaine grimace, la bile qu'elle crache ne l'empêche pas de frapper l'épaule droite de l'officier avec son propre poing recouvert du fluide de l'armement. Et c'est au tour de Jess de reculer, soutenu par ses hommes, la douleur se propageant le long de son bras droit lui fait fermer les yeux l'espace d'un instant.

- Debout Colonel, nous commençons à peine.


Dernière édition par Izumi le Sam 16 Juil 2022 - 2:23, édité 1 fois
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Archibald n'avait jamais eu aussi peur de sa vie, entouré de sa garde il avait chassé l'attroupement dès les premiers bruits d'explosions. Congédiant tout les parasites mais certainement pas ses acquisitions, et tant pis si cela devait le ralentir, et ou était son argent d'ailleurs? Le commissaire-priseur! Il devait le retrouver! Les esclaves étaient avec lui, hors de question d'être le dindon de la farce! La marine ferait bien son travail non? Après l'odieuse attaque des rats de la révolution, le royaume de Saint-Uréa ne pouvait certainement pas laisser passer ça! Et tant pis pour ses deux colosses disparus, tant pis pour cette mystérieuse femme, s'éclipsant juste avant l'attaque. Elle était très certainement complice de ces assaillants! Mais dans les terres, dans sa ferme, loin des tumultes ravageant la ville, la sécurité était garantie.

- Trouvez moi le commissaire priseur ou je vous jette aux molosses!

Sa canne au bout métallisé fendait les airs, s'abattant sur son entourage. La colère avait prit possession de l'esprit vicié du noble esclavagiste. Et si les Southern étaient également dans le coup? Après tout il n'avait vu aucun représentant de cette famille de dégénérés! Avançant parmi les fuyards, autour de l'estrade de vente, insensible aux marines courant en direction de la ligne de front. Chacun son travail! Le leurs étaient de mourir pour des gens comme lui! Il était important, et les gênes supérieur qu'il portait en lui, l'héritage d'un eugénisme pur et de mariages arrangés, le nec le plus ultra de l'Île aux esclaves.

- Avancez! Plus vite!

Un officier debout sur l'estrade martelait ses ordres aux civils. Grognant, il ordonna à sa suite de l'escorter en direction du sergent.

- Avez-vous vu le commissaire priseur?

Le visage du soldat manqua d'exploser tant il devint rouge, mais en présence des dizaines de gardes du corps du Growpsou, il avisa rapidement qu'il devait s'agir de quelqu'un d'important, et se passant de remontrance de la part du colonel manchot il se calma.

- Lui et les esclaves ont été escortés par mon lieutenant il y a seulement un instant...

Une nouvelle explosion, toute proche. Le bois de l'estrade tremble, et les coups de feu se rapprochent. Ils sont tout proche, le militaire se ressaisit et son ton se refroidit.

- Ils sont escortés par mon lieutenant et cent de mes camarades, avec cinq cents de vos esclaves. Prenez à droite, jusqu'à l'hôtel de vente. La place est fortifiée, vous y serez à l'abris, maintenant déguerpissez!


Le sergent dégaine son sabre, et Archibald se retient de le pousser hors du promontoire, mais il a obtenu ce qu'il voulait. Montant sur le dos d'un de ses gorilles, sa milice se met en direction de l'hôtel de vente.

- Ici! Ils sont ici!

Il se retourne à temps pour voir la place prit d'assaut par des dizaines d'humanoïdes aux masques de serpent. Et les fusils qu'ils mettent en joue pointent sans distinction en direction de la foule, sa suite et les marines. Du tir aux pigeons, et c'est la première fois que le riche jeune homme ressent la peur et la panique s'emparant des oiseaux face à la lunette d'un fusil. Les corps s'effondrent comme des poupées de chiffons, par dizaine, passants, marchands, soldats du gouvernement. Faible, Archibald dépourvu de l'utilité de sa richesse se retrouve face à lui même, dépendant d'hommes qu'il prive de leurs libertés, sa vie dépends de ceux qu'il oppresse et exploite. Quand cinq d'entre eux s'écroulent, que deux autres tombent au sol en criant, quand la panique s'empare de ses troupes, le Growpsou utilise la méthode qu'il connait le mieux pour éviter de se retrouver dans une situation délicate.

- Avancez! Laissez les! J'offre la liberté à tous ceux qui m'auront aidés!

L'hypocrisie, quand le vent change autant mettre les voiles dans sa direction, qu'importe le cap. Bien sur qu'aucun de ces malheureux ne serait affranchis, mais en cet instant de chaos pur, pour rassembler ces misérables, des fausses promesses ne coutent rien. Comme investit d'une force nouvelle, la milice se remet en route abandonnant les blessés et agonisants sans une once de regrets, s'engouffrant dans les rues fuyant les troupes de l'Iron Fleet.

- Archibald Growpsou!

Son nom résonne partout depuis les airs, de plusieurs endroits au même moment, les yeux exorbités, loin de l'image prestigieuse et superbe de d'habitude, la chevelure trempée de sueur, ses habits collants, l'esclavagiste presse l'esclave faisant office de monture. Des mouvements, il est presque sur d'avoir vu des formes sur les hauteurs, combien de temps avant d'atteindre l'hôtel de vente? Combien de démons à ses trousses, combien de vies peut-il sacrifier pour sauver la sienne?

- Abandonnez votre maître et vous aurez la vie sauve.

Une chorale, une phrase répétée des dizaines de fois. Et elles sont toutes proches, un coup de feu, un esclave pressant la gâchette avec hâte et la balle qui érafle la peau de ces ombres. Et lorsqu'elles sautent, que le benjamin Growpsou distingue désormais clairement l'or servant d'armure à ces humains sans visages, sa surprise est moins grande lorsqu'il reconnaît la dernière personne qui saute en face de lui. Même sans déguisement, le visage la taille, la forme, tout concorde.

- Je ne vais pas réitérer mon offre.

Les regards se croisent, lentement sans aucun mots, une synchronie s'opère dans les rangs des miliciens. Les armes qui se baissent, tombant au sol, les mains se lèvent et un recul qui s'opère de la part d'une partie des gardes d'Archibald. Il enrage, et descend de son porteur, sa canne frappe le torse d'un des fuyards de toute sa force, défiant quiconque de l'abandonner.

- Qui croyez-vous ...

Il perd l'équilibre, et le souffle, autour de son cou une seul main le levant hors du sol. Deux iris brulant d'une haine supérieur à celle qu'il éprouve pour la famille rival, une haine dépassant celle qu'il éprouve envers les faibles et ceux n'étant pas de sa race, de son sang. Il s'étouffe, il manque d'air, ses mains tapent avec autant de forces qu'il rassemble, mollement sur celle de son agresseur. Il respire enfin quand il tombe avec violence au sol, inspirant à bout de souffle, ses yeux s'humidifient et ses mains se portent sur son dos.

- Il est à vous. Regardez le, observez le comme il est vraiment.


La quasi-centaine de soldates en armures dorées se mirent en marche en direction de l'hôtel de vente, Elizia en tête.

- Aidez-moi! Aidez-moi misérables! Je vous ferai pend...

Une bonne action.

- Je veux dire, le premier qui me porte à la ferme je le couvre d'or! Son poids en or! Il sera riche sur des généra...

Izumi avait fait une bonne action en attaquant cette île.

- Kao... Kao mon fidèle compagnon je savais que tu m'aiderais!

Une cigarette en bouche, le son diminue, bruit des bottes métalliques des guerrières de l'Iron Fleet couvrant progressivement la scène en arrière plan.

- O... non! P... Nooo....

Un coup de feu, une bouffée de fumée qu'elle recrache en direction du ciel.

- Eleanor, hôtel de vente.

L'ancienne tueuse à gages jette le mégot au sol et l'écrase d'un revers de botte.
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Un manchot.

Un vieux colonel manchot. Comment elle ne l'avais pas remarquée avant, et pire encore comment était-il encore en vie? L'Armure avait elle prit trop d'égo et de confiance? Une enjambée et elle mutile le premier marine se dressant sur sa route, entre elle et son adversaire. Avis de tempête à la météo, l'ouragan de fer et d'acier s'abat sur le grenier de Saint-Uréa. La prétention de la pirate rencontre les limites de son arrogance, admettre qu'elle avait sous-estimée l'officier, ça faisait mal, mais contrairement à ses débuts, la libre capitaine apprenait de ses erreurs, de ses échecs. Menteuse transperce un troisième-classe, sans s'attarder sur sa dernière victime, le malheureux agonisant lui sert de bouclier, il lui faut plus d'espace, même avec un bras en moins le faux sourd vise encore extrêmement bien, et ses tirs précis posent problème à l'armure. De l'air, elle étouffe, comme si le poids de l'Armure qu'elle portait intégralement auparavant, de nouveau ralentissait ses mouvements.

Ils commençaient à peine hein? Qui se retrouvait sans issue au final? Un de ses hommes lui remet l'épaule en place, et dans un grognement de douleur il se relève, sautillant sur place, réminiscences de ses années de boxeur. Combien vaudrait son futur? Combien d'autres pirates de la trempe de la femme avant qu'il n'y passe pour de bon? Combien de temps pourrait-il donner l'illusion à sa hiérarchie et ses hommes, que le poids de l'âge n'affecte pas ses capacités martial, qu'un bras en moins ne ferait que l'affaiblir les années passants. Ce déni, cette rage, ce sens du devoir, ce refus de pourrir dans un bureau, dans une retraite à attendre que la mort ne vienne enfin le libérer.

Ils combattraient à mort, l'aura de mort des deux individus parcouru l'échine des marines présents. La jeune femme et le vétéran, chacun brulant d'un feu différent, chacun ses raisons de ne jamais s'arrêter et abandonner. Une colère dans le regard de Späre, réparer les pots cassés ne suffirait pas. Arrêter la pirate, ici et maintenant pour de bon, et peut-être apaiser la colère légitime de Saint-Uréa et la déception de ses supérieurs. La haine dans les iris pourpre de la demi-géante, combien de temps, combien de fois faudrait-il répéter l'opération pour qu'enfin elle sente une réelle différence de force entre ces planqués dans les Blues et elle, qui bravait bien plus la mort que ces sbires du gouvernement.

Insolente, elle le serait encore. Un crachat, un glaire au sol et la capitaine de l'Iron Fleet se jette en hurlant sur le manchot.

- Non!

Ses hommes se jettent sur le chemin de la pirate, tandis qu'un autre le traine hors de la scène.

- Colonel, vous ne pouvez pas mourir! Il n'y a pas que cette pirate! La défense de ...

La lame d'air scalpe le soldat qui s'effondre en arrière au sol. Jess tourne son regard en direction de l'attaque,

- Späre!


Les habits éclaboussés par le sang, déchirés et révélant le plastron sous ses habits, les cheveux tombant le long de son visage. Ses pupilles dilatées, elle lâche le col de sa dernière victime, et marche en pointant Menteuse en direction de l'officier. Contrairement à ce qui ressort de ce massacre, Izumi est très calme, méthodique, si il n'est pas question pour sa proie de lui échapper, s'occuper des sbires du Colonel était une étape obligatoire. Canaliser ses forces, sa colère, guider son bras armé vers l'ennemi. Méticuleusement, elle avance, reprenant son souffle, à défaut d'être sereine, l'Armure peut toujours faire semblant. Essuyant le sang sur son meitou d'un coup sec de la lame, la jeune femme s'arrête à quelques mètres de l'Officier toujours immobile.

- Vous allez les revendre?

Hein? Malgré la surprise de la question de Späre, Izumi ne baisse pas sa garde.

- Les esclaves, vous allez les revendre?

Elle n'est pas obligée de lui répondre, il représente le gouvernement, ils sont ennemis. Elle tue ses hommes, les siens font pareil avec les guerrières de l'Iron Fleet.

- Non.

Pas besoin d'expliciter, l'ancêtre hoche la tête, comme satisfait de la réponse de son adversaire. Sa seule main passant dans sa barbe plus sel que poivre. Le silence n'est rompu que par un murmure provenant des lèvres du Colonel. Et la pirate regarde son adversaire, il n'y a pas de pitié pour les ennemis, mais qui ici est l'agresseur et qui est le défenseur? Même sans un bras, il n'en reste pas avant d'être un handicapé, avant d'être un mutilé, il était un soldat aux ordres du gouvernement. Convictions ou non, il obéissait les ordres, sensible à la cause des esclaves ou non, le non choix en était un. Pour une carrière, pour maintenir une vie tranquille, pour d'autre raisons, il n'avait jamais agit. Depuis l'attaque des révolutionnaires, c'était encore pire, Späre ne pouvait même plus supporter les regards suppliants des nouveaux arrivants, à chaque arrivé, à chaque fois que les négriers vidaient leurs cales, ou qu'ils partaient, sous sa peau un millier de cafards, le sentiment de malaise extrême, le déni. Il était autant coupable que ceux qui attrapaient les esclaves, il était dans le même sac que les humains achetant leurs congénères.

- Späre.

Il sort de ses songes, et observe Izumi les bras croisés, le Meitou rangé dans son fourreau. La pirate fume une cigarette, malgré le chaos, malgré les explosions, et le colonel n'est pas entrain de profiter de la situation. L'un au crépuscule de sa vie, l'autre à l'aube. Avait-il abusé de son pouvoir? Lui que ses hommes aimait, lui respecté par plus d'un millier de soldats dépendant de ses décisions se retrouvait hagard, vidé de quelconque forme d'émotions. La culpabilité le frappe, pourquoi ici et maintenant? Parce que si l'arme est à la ceinture de la pirate, il ne se fait pas de doutes.

- Je n'ai pas besoin de prendre votre vie, et je ne suis pas encore assez cruel pour vous estropier de votre bras ou d'une jambe.

Cet homme était rongé par des regrets, par l'inaction, il n'y avait pas besoin de faire plus. Le poison que produisait son cerveau, le temps et les souvenirs auraient raison de lui, Jess Späre était l'opposé de Quételle, parce que contrairement à Wayne, le colonel semblait douter, de ses actions. S'entêter ou vivre assez vieux pour être rongé par les regrets, les non dit, les non fait.

- Mais je vais la prendre. Votre mort marquera la fin d'une époque, la colère grondera, vos hommes vous pleureront et jurerons d'avoir ma tête. Et sans doute que quiconque venant après vous sera d'une autre trempe, d'une autre génération, mais...


Elle écrase le mégot à terre.

- Mais le cycle se répétera autant de fois qu'il existera un fond d'humanité, un fond de convictions dans le cœur des hommes chargés de défendre ceux oppressant leurs semblable.

Non Izumi n'est exempte de tout reproche, et en retirant deux trois mots dans sa phrase, elle peut l'adapter pour sa propre personne. Ôter des vies ne lui pose aucun problème, mais soudainement son prochain enchaîné la met hors d'elle? Allons, allons, l'Armure ne peut plus agir avec autant d'hypocrisie, opportuniste, n'agissant que lorsqu'elle a quelque chose à gagner.

- Et quelqu'un d'autre viendra, libérer le noble soldat de la culpabilité le rongeant, quelqu'un d'autre viendra lui offrir la mort la plus noble : au combat.

La demi-géante s'approche.

- Quelqu'un d'autre viendra encaisser cette réputation, quelqu'un d'autre verra sa tête mise à prix pour avoir libéré des innocents, ou non.

Timide sourire sur les lèvres de l'Armure. Il n'est plus question de camp, de loyauté, de conviction, mais de respect. Quelque chose que n'a pas ressenti Izumi sur Koneashima, après tout personne n'est obligé de respecter son ennemi. Mais entre un dégénéré comme Wayne, et un type lambda comme le faux sourd, Izumi ne ressent plus aucune haine envers son ennemi.

- Finissons-en Colonel.

Presque chaleureuse, comme une enfant visitant son grand-père en soin palliatif. Partir sur une bonne note, Späre ne peut pas gagner, et fuir n'est pas concevable pour quelqu'un ayant toujours combattu en première ligne. Une ultime expiation, souffler une dernière fois, et laisser derrière soit tous ses péchés, toutes ses fautes, cette pirate mélancolique, lui offre une mort convenable, il s'agirait de ne pas lui faire honte. De ne pas se faire honte à soi même, de partir en vidant son esprit, laissant les pulsions guerrières prendre possession de son corps, comme avant, comme dans sa jeunesse.

Et au milieu du chaos, des débris, des cris, des cadavres, le vétéran et la nouvelle venue dansent. Un balais, en total synchronisation, et sans s'en rendre compte, ils avancent, finissant par revenir plus proche du port et donc des affrontements entre leurs troupe. Obnubilés, faisant fie des spectateurs, de la bataille, des enjeux derrière cette attaque, les deux combattants se rendent coup après coup. Et tous deux ont le sourire aux lèvres, sincère, pour l'Iron Fleet c'est une première. D'habitude si froide, renfermée et investie d'un esprit paramilitaire, jamais Izumi n'a montré autre chose que des émotions négatives lors de chacune de ses apparitions. Pourtant elle sourit dévoilant ses dents, et ses attaques sont fluides, réfléchies et pourtant elles ne font pas mouche, comme si Izumi ne cherchait pas réellement à tuer Jess.

Et pendant encore une minute ou deux, personne n'ose interrompre les deux chefs. Et le protagoniste ce n'est pas Izumi mais Späre, et sans savoir pourquoi, en suivant les intuitions de son cœur, presque avec douceur et gentillesse, Menteuse pénètre dans la jambe droite du colonel. Entre les deux camps, l'officier tombe au sol, un sourire aux lèvres, Izumi mord ses lèvres. Et Yui, et Aera et Rosa remarquent toute le voile d'émotions se posant sur le visage de leur capitaine.

Mais l'Armure ne fait aucune pitié, l'Armure est une pirate, l'Armure ne laisse dans son sillage que des orphelins.

Mais Izumi laisse une unique larme couler le long de sa joue gauche, mais Izumi continue d'être assaillie par les incertitudes, douter c'est échouer. Une autre vie, elle aurait surement été sous les ordres du manchot, une autre vie elle aurait sans doute haïe l'Armure. Parce que c'est tellement plus simple, simple de vivre en posant une étiquette bien ou mal sur chaque être vivant, tellement plus simple avec des œillères, tellement plus simple de se dévouer à une cause jusqu'au zèle frénétique. Tellement plus simple de rien avoir à se reprocher, d'être beau dans le miroir, d'être grand dans la glace.

Mais la vie n'est pas simple, et tôt ou tard une fissure dans ce rôle modèle, tôt ou tard une craquelure dans cette armure, dans ce cocon que toute sa vie on se tue à construire. Et il est trop tard, trop tard quand on s'en rend compte pour changer quoi que ce soit.

Mais il n'est pas trop tard pour Izumi, accepter de paraître pour un monstre, pour permettre à un vieillard de partir l'esprit tranquille. Pour autoriser son ennemi à connaître la paix et le repos éternel. Mais elle, mais elle qui l'aidera? Ses filles dépendent d'elle, et juste une seconde, les deux échangent de rôle, de vie, de responsabilités. Il n'y a pas d'issue, la mort de l'un ou de l'autre doit conclure cette journée.

- Jess Späre, faible vieillard incompétent, moi l'Armure, moi l'ennemie de Saint-Uréa, réclame ta tête pour orner la proue de mon navire.

Le ton est froid de nouveau, de nouveau mettre l'armure, de nouveau prétendre être quelqu'un d'autre.

- Moi Izumi, avec ta tête m'offre un titre de supernova, ta mort sbire du gouvernement, devrait dissuader le gouvernement de placer des handicapés à la tête des garnisons.

Odieuse, jusqu'au bout, il y en a marre. Ses poings se referment, la méchanceté gratuite, l'humiliation, quand le seul tort de cet homme est d'avoir croisé son chemin, mais il faut. Il faut tenir ce rôle, les marines enragent, ça pousse des coudes. La tension est à son maximum, et une seule étincelle suffira à allumer ce feu, alors le brasier que va enflammer l'Armure ne lui fait pas peur. Ses lieutenantes sentent l'épilogue, Sara arrive flanquée des Primogénitures, vingt d'entre elle.

Menteuse s'élève.

- Colonel!

Et réclame le prix du fer. Et les sept portes de l'enfer s'ouvrent de nouveau, et le cauchemar reprend, et la mort d'un homme entraîne celle de dizaines de dizaines d'autres, mais Späre part en vainqueur, libéré d'un fardeau.

Izumi vient d'en récupérer un autre, un autre boulet à traîner.

- Capitaine, c'est l'heure de filer!

Mais pas seule, plus jamais seule, qu'importe les épreuves l'attendant, qu'importe son destin et ce que le sort lui réserve, Izumi ne sera plus jamais seule à encaisser les uppercut de la vie. Et puis, qu'est ce que le regard des gens? Sa vie ne dépend pas de ça, elle est déjà pirate, ce n'est pas en épargnant une vie, ou en sauvant des bambins dans un immeuble en feu que le monde lui pardonnerait tous les crimes qu'elle a commis.

Alors autant continuer d'être un monstre en publique. Autant embrasser cette réputation, et savoir se confier aux siennes, à son peuple.

Et c'était son peuple qu'elle était venue libérée.
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Près de deux cents vingt guerrières face à l'hôtel de ventes.

L'énorme lot d'esclaves, les invendus et les geôles remplit d'âmes, d'être humains attendant la liberté. Combien parmi eux ayant eu pour seul tort d'être né dans ce système, sous le régime de Saint-Urea. Les pauvres, les miséreux, les endettés et qu'importe les crimes de sang, l'Iron Fleet trancherait. Izumi quitterait les Blues par ce ce dernier coup, la faiblesse des garnisons locales laissant à la merci les êtres au deca de la moyenne, car sur Grand Line et le Nouveau Monde, l'Armure n'était personne.

La renommée n'était pas tout, il fallait de quoi s'en monter digne, et à la hauteur. Entrer dans les rangs des SuperNovas, ça voulait tout et rien dire, tant l'écart était abyssale entre le haut du panier et Izumi. Plus de puissance, il lui fallait plus de confrontations avec des gens de son niveau, il ne fallait pas non plus braver la mort. Assidument désormais procédait la demi-géante, un objectif après l'autre.

Et ça toute ses lieutenantes l'avaient remarqués, depuis le retour de ces années sabbatiques, il en fallait plus désormais.

Un bataillon de trois cents marines protégeaient le bâtiment désormais converti en petite place forte de fortune. Pourtant l'Iron Fleet n'était pas impressionnée, le bruit des canons dans la baie de l'île retentaient comme un feu d'artifice brutale non loin.

- Maintenant. Vous n'aurez qu'une seule chance, pas de folie!  

L'avertissement résonna sur les deux escargophones d'Elizia et d'Eleanor, les tirs frétillant sur la ligne. Il était plus que temps.

- Chargez!

Enfonçant les barricades, Elizia ouvrit le passage en fracassant le bois en deux. D'un bond l'ancienne tueuse à gages atterrit au milieu des premiers défenseurs. Immédiatement les guerrières du Golden Order sautèrent dans la brèche et engagèrent les marines.

Eleanor et les filles du serpent en arrière se mirent en rang dans la cour de l'hôtel de vente. La longue-jambe repéra les premiers esclaves enchaînés ci et la aux murs ou aux arbres. Ses jambes détruisirent le fer des chaînes, sa main pointa la sortie et une escouade de ses guerrières commencèrent à rassembler les rescapés. Pour les soldats du gouvernement pas d'issue de secours, et tandis que l'Iron Fleet pacifiait la cour, aux fenêtres d'autres marines se mirent en joue.

- Feu!

Les premiers échanges de tirs entre les deux camps débutent, mais Elizia presse le pas. La haine coulant dans ses veines, la froideur accompagnant chacune de ces attaques, pas de sang pas de révolution. Avec un cri elle se projette en avant vers les portes fermés du bâtiment. Les balles font la loi, mais la bras droite de l'Armure n'a pas besoin de grigri contre les balles. Aux côtés d'Izumi, elle aussi gagne en force, et le point de vue paramilitaire de la capitaine vis à vis de son équipage, exploite à merveille les talents développés par l'ancienne noble. Ses sens exacerbés, à ses capacités d'assassin s'ajoutent désormais l'entraînement draconien de l'Iron Fleet.

- Avec moi! Nos sœurs ont besoin de nous!  


Avec ses guerrières, le bois est arraché, avec les lames et les poings d'Elizia, les portes du principal point de rassemblement de la population esclavagiste de l'île, s'ouvre à la colère de Elizia Sander. Le comité d'accueil est la, et lorsqu'une guerrière d'or s'effondre, l'armure perforée, lorsque le sang s'écoule, maculant l'armure de la malheureuse de liquide carmin, les tempes de la numéro deux de l'équipage manquent d'exploser.

Et toutes ses troupes partagent la colère de leur supérieur, la lame d'Elizia s'abat sur la hache d'un sergent. Ses filles déciment les défenseurs, le nombre supérieur de marines ne fait qu'enliser les guerrières dorés. Hors de question de se laisser submerger, opérant en escouade de dix, dos à dos, l'élite de l'Iron Fleet repeignent lentement mais surement leurs armure d'une nouvelle couleur, au détriment des rangs des soldats du gouvernement mondial.

- Chiens de pirates!

Les cordes sortant des manches d'Elizia étouffent rapidement les jurons du sergent, autour de sa nuque, la femme à la chevelure immaculée et au regard bleuté se rapproche de sa proie. Le bras armé de son adversaire mais Elizia se jette sur la droite, puis charge d'un coup de genou l'homme, maintenant la pression sur la gorge de sa cible, le manque d'air commence à se voir sur le visage tournant au rouge du marine.

Une perte de temps, un coup de pied pour faire basculer son adversaire et la hache tombe au sol. Parmi les combats alentours, Elizia tire de toute ses forces sur les cordes, et c'est au tour du sergent de tenter d'étrangler le quartier maître de l'Iron Fleet.

- AaAaAAh!

La gueule ensanglanté d'Elizia et son regard vide sont la seule réponse au cri de souffrance de sa proie. Elle crache un doigt et serre les dents. Un coup sec sur une corde et il tourne des yeux, et cesse de respirer, une, deux secondes et elle enfonce la hache en beuglant dans le corps de l'officier.

Elle se relève, une main pour essuyer sa bouche. Et c'est maintenant qu'elle entends les cris de joie couvrant petit à petit le fracas des combats.

A droite, à gauche, dans des cellules, entassés, des centaines d'esclaves. Un escalier montant en haut, d'où descendent d'autre soldats.

- Couvrez l'entrée!


La horde, flingue à la main, Eleanor fait parler la poudre. Ils honorent le mauvais drapeau, le gouvernement ne fait que trahir ceux donnant sa vie pour cette organisation mafieuse monstrueuse. Une mafia mondial, et la dictature de l'histoire et des principes qu'ils véhiculent. Comme du bétail, l'espèce humaine est considérée comme tel par le GM et les Dragons Célestes. Comme du bétail, chacun est traité, personne n'étant à l'abris de finir aux fers pour servir ce que l'humanité avait créer de pire.

A genoux, ils mettraient l'île aux esclaves à genoux. La centaine de soldats de la longue jambe firent exploser les cadenas et les barreaux des cellules, libérant une masse, une horde d'esclaves, une foule prit d'une colère noir. Comme des fourmis terrassant un adversaire plus fort, femmes et hommes libérés du fer nettoyèrent rapidement la zone, et tandis que les marines de l'étage descendaient, ils se heurtaient désormais à un ennemi supérieur en nombre.

- Tous au port!

La voix de Whitedawn couvrant la retraite de l'Iron Fleet et des damnés. Elizia cracha au sol, et monta les marches trois par trois, d'un coup d'estoc elle fit passer par la fenêtre le premier marin se jetant sur elle. Ses guerrières la rejoignirent rapidement, et la cinquantaine de femmes, couloir par couloir, salle par salle, pacifièrent l'étage, libérant autant de groupes d'esclaves que possible. Et lorsqu'il ne resta plus de pauvre hères, ce fut l'heure de courir à cracher ses poumons.

- Nous sommes dehors. L'opération barrage de feu peut commencer.

Parmi les rues, parmi les ruines, dans une ville portuaire vidée de ses habitants, le feu consumant le toit des habitations, les esclaves se ruant vers les navires, les artères menant aux bateaux, submergés par une foule de pauvre gens prêt littéralement à mourir pour quitter cet endroit maudit.

***

Yui bailla, sur l'une des frégates de l'Iron Fleet amarrée, les canons n'avaient pas cessés de beugler, pendant que l'Hagane No Nami et les deux cuirassés de Red avaient envoyés par le fond marins et bâtiments de guerre du gouvernement mit à disposition de la garnison pour défendre l'île.

Et désormais les frégates faisaient des aller retour à un rythme frénétique entre les cuirassés de Rossignol et le port, séparant hommes et femmes sans aucun remord. Qu'importe les larmes, les séparations, personne n'était forcé de monter et d'embarquer. Depuis la droite, dans sa vision périphérique, la sixième lieutenante et charpentière de l'équipage observa la majorité des forces de l'Iron Fleet se rapprochant du port, avec elle encore plus d'esclaves, Izumi continuait d'envoyer lame de vent sur lame de vent, tandis que les Iron Troopers prenaient abris derrière des caisses, des mâts tombés sur le port, et autre couvert de fortune. Les tirs des troupes de Strenght couvrirent la retraite de leurs camarades.

- Yu... Bou... Nal!


Elle écarquilla des yeux et la balafrée passa un doigt dans ses oreilles. Strictement rien comprit, et alors que les centaines de soldats encore vivant de la marine poussait sur les talons des pirates, une ampoule s'alluma dans le cerveau dans la native du pays de Wa. Mais c'est bien sur, le bouquet final! Les trois frégates se mirent au diapason, et les canons s'élevèrent légèrement avant de cracher une salve, puis une deuxième.

Les bruits d'explosions reprirent et même Izumi et ses troupes durent se couvrirent les oreilles l'espace d'une seconde, manquant de se jeter à terre par réflexe. A gauche, Yui aperçu Eleanor et Elizia, guidant leurs guerrières survivantes et une chiée d'esclaves.

Enfin ex-esclaves, il restait encore la question de l'escapade.

- Allez tout le monde à bord! Larguez les amarres!

Ca se poussait, des coups d'épaules, si bien que dans le chaos naissant, Izumi du de nouveau asseoir son autorité, et alors que les tirs des marines et de leurs fusils transperçaient le bois de l'Usure et du Volcanique, sans jamais passer à travers, Izumi se laissa tomber sur le sol de l'Eveillé.

Et alors que le trio de navires fonçaient parmi le feu et les épaves coulant lentement dans les eaux de l'île aux esclaves, l'Armure leva le regard au ciel.

Elle avait fait une bonne action.
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