Contrebande sous les Tropiques
Flashback
✘ Solo
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Le soleil disparaissait à l’horizon, laissant place à la lune, au ciel noir et à ses étoiles. La nuit était particulièrement belle et lumineuse sur Little Garden, avec peu de pollution lumineuse on pouvait admirer les beautés de la nuit sans se lasser. Une activité que j’aurais voulu vivre tranquillement posé dans le jardin perdu des cochons géants, allongé dans cette plaine immense avec mes camarades où nous aurions allègrement picolés en faisant la fête. Je nous y voyais déjà, il faut dire que ce jardin secret semblait être l’endroit idéal pour prendre une petite pause bien méritée. Une pause parmi les pillages et chasses au trésor qui berçaient à présent mon quotidien de pirate. Non pas que cela me dérangeait, je n’étais jamais contre un peu d’argent facile, mais parfois tout ce dont on a besoin, c’est juste un moment paisible avec un cocktail bien frais, et aucun autre soucis pour nous occuper l’esprit.
Toutefois, comme rien ne se passe jamais comme prévu, il avait fallut que ces contrebandiers débarquent et menacent Borat et ses congénères. Suite à la défaite de l’homme-loup, ses hommes n’avaient pas eus besoin de beaucoup d’encouragement avant de tout déballer. Leur plan, leur objectif et leurs effectifs. Jusqu’aux forces et faiblesses de chacun d’entre eux, sans que je n’ai rien demandé. J’avais ainsi appris où s’étaient dirigés l’autre équipe de leur équipage, mené par leur capitaine qu’ils appelaient tous ‘Puma Rouge’, dû au fait qu’il ait mangé un fruit du démon du zoan du puma et sa chevelure rouge qui donnait tout son sens à ce surnom assez peu recherché.
Nous avions alors remballé le camp, ligoté fermement le minks loup qui s’appelait Lou, s’assurant qu’il ne pourrait pas trancher ses liens en lui brisant ses griffes une à une. La question s’était posée de faire de même avec ses crocs, mais nous avions opté pour lui confectionner une muselière avec la peau écailleuse d’un des tyrannosaures tués lors de notre affrontement. Quelques tontattas avaient également péris dans leur combat contre les contrebandiers, et nous avions enveloppé leurs corps dans des draps pour les porter avec nous jusqu’au jardin perdu pour leur faire une sépulture décente qui ne serait pas dérangée.
Quant aux contrebandiers prisonniers, nous en avions emmené la moitié avec nous, ligotés et attachés les uns aux autres. La moitié restante, composée de ceux qui n’avaient pas voulus balancer le plan de leur capitaine, furent attachés au milieu de la grande plaine. Pour pimenter les choses, j’avais monté un petit feu de camp à côté d’eux, et placé un gros steak de t-rex à cuire, emplissant la plaine et les alentours d’une odeur de viande grillée qui saurait appâter les monstres des parages. Ils m’avaient suppliés, me promettant de me dire tout ce qu’ils savaient, mais nous quittions la plaine sans un regard vers eux, les laissant livrés aux dangers de Little Garden.
Après cela, les prisonniers que nous emmenions avec nous se montrèrent étonnamment calmes et serviles, aucun ne tentant de s’échapper de peur de finir comme leurs camarades. Je ne comptais pas leur faire de cadeaux, ils avaient essayés de s’en prendre à moi et mon équipage, et voulaient à présent s’en prendre à Borat et ses congénères. À mes yeux c’était impardonnable, et aucune supplique ne saurait être suffisante pour calmer mon courroux. Je gardais Lou à l’oeil, méfiant qu’il puisse se réveiller pour se jeter à nouveau sur moi et me mettre en charpie. Toutefois, dans son état actuel, il aurait été étonnant qu’il puisse ne serait-ce que bouger un doigt.
« T’es sûr de toi sur ce coup-là ? Les tuer aurait été plus simple, non ? » demanda alors Norbert inquiet, en tirant à l’aide d’une corde le corps de l’homme-loup.
« Ils ont voulus jouer au plus malin en se la jouant prise d’otage, on va leur rendre la monnaie de leur pièce. Ils regretteront de s’en être pris à nous. » fulminais-je en jetant des regards noirs au corps inconscient du minks.
« Arrêtes de bouger comme ça, Ren, ou tes sutures seront dégueulasses. » grommela Mirabelle sur mon épaule qui s’affairait à recouvrir mes blessures de bandages, recousant la chair à l’aiguille pour les plus graves.
« Ouais, t’en fais pas Mirabelle, j’ai encore à faire, tu pourra t’en donner à cœur joie après ça. » déclarais-je, faisant bouger mes muscles et mes membres pour vérifier mon état général.
Le combat contre l’homme-loup avait été brutal, mais j’étais parvenu à le maîtriser avant que mes blessures ne soient trop graves. Les siennes, en revanche, étaient des plus sérieuses et j’avais empêché la femme de Norbert de s’en occuper, s’il devait mourir alors ainsi soit-il. La seule raison pour laquelle je l’avais laissé en vie était simplement pour m’en servir comme otage auprès du reste des contrebandiers. Fort comme il était, il aurait bien plus de valeur à leurs yeux que les quelques péons que nous emmenions avec nous.
La route était assez longue jusqu’au jardin perdu, et je savais que l’on nous attendait. À moins qu’ils ne croient que le minks avait eut raison de moi, ce qui était également une possibilité. Ainsi, nous avancions sous le couvert des arbres, au cas où l’homme-chouette patrouillerait dans les airs. Attentif au moindre bruit, je guidais ma petite troupe, Morpheo de retour sur mon épaule, ses grands yeux verts balayaient la semi-obscurité de la jungle. Les tontattas étaient également aux aguets, leurs lances, lames et autres armes pointées vers l’inconnu.
De petits yeux jaunes apparaissaient par moments dans la forêt, nous fixant intensément pour déterminer s’il fallait nous attaquer ou non. Sûrement grâce à notre nombre, les créatures de l’île semblaient nous éviter. Ou bien était-ce dû aux raptors à qui j’avais donné une leçon, mortelle pour certains. Mais, au nombre d’yeux de reptiles qui apparaissaient dans l’obscurité, je me mis à douter de l’efficacité de mon intimidation. Comme de petites lumières, ils apparaissaient les uns après les autres tout autour de nous. Le chat noir sur mon épaule se mit à feuler de tous côtés, ses poils se hérissant sur son dos.
« On dirait bien qu’on a de la compagnie. » soufflais-je à mes camarades, m’arrêtant pour me mettre en garde en levant une main afin qu’ils fassent de même.
Les fourrés bruissaient de toute l’activité qui s’y accumulait, un raptor apparaissant de derrière un tronc d’arbre pour s’arrêter devant nous en sifflant. Tout autour de nous, d’autres reptiles à plumes apparurent, claquant des mâchoires en nous observant de leurs grands yeux jaunes fendus. Ils gardaient une petite distance de sécurité avec nous, se déplaçant latéralement pour nous tourner autour en continuant de claquer de leurs crocs acérés. Ils caquetaient pour communiquer entre eux, griffant l’air afin de nous intimider, ce qui semblait plutôt bien fonctionner sur Jack et les tontattas.
« Euh...Ren ? On fait quoi maintenant ? » demanda un ‘Liquor’ Jack de plus en plus inquiet.
Les prisonniers non plus n’étaient pas rassurés, se collant les uns les autres en abandonnant toute camaraderie au profit de leur survie, se bousculant et se poussant. Je trouvais ça plutôt pitoyable, les contrebandiers ne faisaient preuve d’aucun travail d’équipe. En comparaison, mon équipage mettait la barre bien plus haut, se serrant les coudes et se plaçant devant les plus faibles pour les couvrir, ces derniers profitant de l’espace par-dessus ou sous leurs épaules pour faire passer des lances. Nous formions alors un cercle qui se rétrécissait doucement tandis que les monstres préhistoriques s’avançaient prudemment, feulant et crachant comme le faisait Momo sur mon épaule.
« J’ai une idée, servez-vous des prisonniers comme bouclier, aucune perte dans nos rangs ne sera tolérée ! » soufflais-je d’une décision qui glaça d’effroi les contrebandiers qui se dandinaient mal à l’aise dans une tentative désespérée de se débarrasser des cordes qui les enserraient.
Bâillonnés, les prisonniers ne purent défendre leur cause et les tontattas les placèrent à l’extérieur du cercle que nous formions, entre nous et les dinosaures. Les tireurs, armés de petites armes à feu se placèrent sur leurs têtes ou leurs épaules pour avoir un meilleur point de vue. Les autres se mirent entre leurs jambes, pointant leurs lames vers nos assaillants reptile préhistorique.
« Ça va chier ! » dis-je doucement, un rictus s’inscrivant sur mon visage.
Fiche par Ethylen sur Libre Graph'