-Est-ce que vous pouvez nous aider ?
-Ah ouais mais non mais… chais pas. Est-ce que j’ai l’air d’une folle furieuse qui lance des boules de feu et des éclairs et vomit des marées de chaînes carnivores depuis ses jupes ?
-JE SAIS QUE VOUS N'ETES PAS HAYLOR, MAIS LA PRINCESSE EST EN TRAIN DE SE FAIRE ENLEVER JE N’AI PAS DE TEMPS A PERDRE, ALORS EST-CE QUE VOUS NOUS AIDEZ, OUI OU NON ?
-
Woooouh. Tout doux, pardon. Ui ui. Mais y’a plein de marines qui sont en train de sortir de nulle part pour taper les pirates alors qu’ils ont pas le droit d’être là et du coup je sais pas si je suis nécessaire vu qu’ils ont l’air de charbonner contre la diversion des pirates en ignorant totalement la princesse qui va du coup pas être sauvée par eux eeeeet…
-...
-... ouais bon d'accord j'ai compris.
-Parfait! Montez!
Dans un élan de précipitation empreint de maladresse, Sigurd se laissa tirer par le milicien qui venait de l’alpaguer pour grimper à bord de son tapis volant. Le pilote s’était arrêté en plein milieu de la place pour récupérer Lucius Flydenburg, le principal garde du corps de la princesse, encore sonné par l’assaut de Mars mais trop tenace pour s’effondrer sur cette seule attaque. Pour lui, hors de question de laisser sa protégée disparaître comme ça. Il ne lui avait fallu qu’une seconde pour reprendre contenance et monter sur le véhicule improbable, prêt à poursuivre Matsuya même s'il savait parfaitement à quel genre de monstre il allait s'attaquer.
Mais en apercevant Sigurd toujours assis au premier rang, le milicien avait fait progresser sa monture jusqu’à lui pour essayer de l’enrôler également. Car même si le statut de protecteur de la ville revenait à sa compagne, il était connu pour l’aider très avantageusement avec ses armes à feu. Le meilleur tireur de North Blue, qu’on disait. Même s'il n'avait quasiment aucun fait d'arme à son actif, ça ne se refusait pas.
-‘Crrochez vous.
-Uh uh. Par contre j’préviens j’vais m’écraser à plat ventre en me cramponnant comme un méga déchet parce que j’aime vraiment vraiment pas ces trucs et que ça me donne un vertige et…
Comme si on allait le laisser débiter ses âneries. Le tapis décolla aussitôt, arrachant un grand hoquet de peur au blondinet qui se cramponna aux jambes du chevalier royal, visage collé contre sa cuisse, recroquevillé de manière à se tenir au plus près du tapis et surtout, à ne surtout surtout surtout pas regarder en bas.
-Vous pouvez le rattraper ?, aboya malgré lui Lucius en essayant d’ignorer la sangsue qui se collait à lui.
-C’est chaud j’ai jamais vu personne aller aussi vite, répliqua le pilote. Mais apparemment, il a du mal à négocier les virages et il évite la foule. Et les grandes artères sont blindées. Les autres arrivent à le suivre, à vol d’oiseau on pourrait le rattraper. S’il fait assez de zig-zag.
-Alors accélérez !
-Si je vais vraiment à fond vous allez pleurer comme lui. Vous voulez ?
-N’IMPORTE QUOI POUR LA PRINCESSE, FONCEZ !
-Ok alors accrochez-vous à cette sangle et gardez en tête que même si vous allez avoir l’impression de mourir, vous êtes bien attaché. Tant que moi je tiens en tout cas.
-D’accOOOOoooooooooooooooooooooooooooooAAAAAAAAAAAARHHHHHHHHHHHHHHH !!!!!!!!!!
Lucius ne put s’empêcher de hurler tandis que le milicien accéléra subitement : il venait de se soulever. Ses jambes, son corps avaient quitté le tapis et il se trouvait maintenant comme suspendu dans le vide tandis qu’ils se propulsaient à une vitesse décuplée par rapport à tout ce qu’il avait pu connaître dans sa vie. Un cheval lancé à triple galop ne représentait rien à côté de ça.
Et le milicien avait l’air de très bien le vivre, lui. Soit c’était un monstre, soit l’entraînement permettait des merveilles.
Le bouffon local, par contre, ne faisait plus un bruit, comme s’il était mort mentalement. Mais il s’accrochait bien. En témoignait la bave qui coulait sur les bottes de Flydenburg.
*
* *
*
Et à un kilomètre de là se trouvait… Pépé Nestrelle. Un sympathique vieux bonhomme rabougri, au timbre noble et érudit, qui était une petite figure locale. Pas du genre dont on parlait pour alimenter la machine à ragots, mais de celles qu’on apercevait régulièrement pour les saluer volontiers à chaque fois. Ce qui, dans une ville qui brassait quotidiennement cinq cent milliers d’âmes, n’était pas sans mérite. C’est qu’il en connaissait, des choses, et partageait volontiers ses anecdotes pas toujours véridiques, mais si bien narrées qu’on ne lui en voulait pas. Même à son âge fort avancé, il avait encore un certain charme tel qu’on aimait juste l’entendre.
Un talent qu’il exploitait encore à diverses occasions pour arrondir ses fins de mois en se livrant à quelques petits boulots d’appoint qui avaient également l’avantage de le distraire de son morne quotidien. Et aujourd’hui, il promenait les chiens, comme bien souvent. C’était quelque chose qu’il aimait. L’occasion de sortir pour croiser du monde, s’arrêter pour discuter avec certains, recruter quelques amis qui partageaient son âge pour passer le temps ensemble…
… se promener naturellement dans la ville pour glaner des informations par pelletés, fureter à gauche à droite pour étayer ces rumeurs, et finalement passer quelques messages et tuyaux aux sbires du Cipher Pol avec qui il échangeait moyennant contrepartie.
En son temps, il avait été agent au sein du second bureau, sans dépasser le grade de catégorie III. Ce qui lui convenait parfaitement : il pouvait faire son petit espionnage industriel pour le compte de Marijoa et vivre confortablement, tout en veillant à ne pas remonter de secrets qui seraient trop dommageables pour son pays natal. Le meilleur des deux mondes. Et maintenant, il poursuivait son office en servant d’appui à l’équipe qui avait remplacé la sienne. Pépé Nestrelle les connaissait bien, pour avoir lui-même recruté la majorité de ses successeurs parmi des gens de confiance, dont l’une de ses filles, ainsi que quelques crétins trop incompétents pour être dangereux. Dont l’une de ses filles.
Et en cet instant, toute l’attention de ce fin limier et de ses cinq compagnons canins se tourna naturellement vers le grand fracas retentissant qui éclata au coin de la rue, là où se tenait maintenant un grand nuage de poussière, haut de cinq mètres et large du double, dont plusieurs personnes s’extirpaient précipitamment en criant de surprise.
-RHAA PUTAIN MAIS ELLES ME GONFLENT CES RUES DE MERDE !
-REPOSEZ MOI IMMEDIATEMENT, PIRATE ! JE VAIS VOMIR !
-Teh. Eh bien excusez-moi, princesse. Ca n’est pas confortable ?
-BIEN SUR, QUE CA N’EST PAS CONFORTABLE ! JE ME FAIS TRIMBALLER COMME UN TAS DE GRAVATS EN AYANT L’IMPRESSION D’ETRE SUR LE TOIT D’UN TRAIN.
-Hééééé, vous êtes pas gentille avec moi là. Je suis
beaucoup plus rapide qu’un train d’abord, se vexa Matsuya avant de fanfaronner. J’ai même déjà fait le test à l’occasion d’un braquage, et j’ai gagné la course en explosant le record de vitesse Sekan - Hand Island! C’était le train des mers.
-… vantard et matamore. Je suis déjà montée à bord de plusieurs trains, vous n’êtes pas plus rapide.
-Ecoute, enfin, écoutez, là je peux pas être à fond, me faudrait plus d’espace pour faire une belle ligne droite et casser le mur du son. Mais j’vous montrerai plus tard d’accord.
Ca fait un méga bang à Mach 1 c’est toujours grave la classe.-… je crois que je vais mourir broyée par les lois de la physique si vous faîtes vraiment ça. Rien que maintenant, j’ai déjà l’impression que je vais…
rendre mon ventre déjà…-Ouais bah je peux pas faire mieux pour le confort de votre petit séant, déso’ princesse. Et entre nous, arrêtez d’essayer de me frapper les grelots, ça me fait très bizarre que vous…
que vous me tapiez les fesses, non pas que je sois contre à un autre moment parce que vous êtes absolument canon, mais je pense pas que ça serait vraiment ce que vous... AAAAAAAH ! PUTAIN CA FAIT MAL !
Jusque-là portée par-dessus l’épaule les fesses à hauteur du visage de son ravisseur, Elastasia se retrouva brusquement balancée à terre, chutant tête la première en se couvrant des mains pour se vautrer lamentablement.
Malgré sa chute, elle ne lâcha pas la petite dague avec laquelle elle venait de frapper l’ex-corsaire en le prenant par surprise d’un grand coup dans le creux du dos. Il avait vu bien pire, ça ne le gênerait même pas. Mais putain que ça piquait... et il pissait le sang, à en croire son doigt maculé.
-Eeeeeet évidemment la princesse a un pique couilles sur elle et j’ai pas vérifié. Crétin.
Au moins, son appareil à Matsuya juniors était resté indemne, lui. Non pas qu’avoir une descendance fasse partie de ses objectifs de court terme, mais il y tenait quand même.
-Ok mamzelle, t’as d’autres jouets que je dois te faire cracher ou tu vas te laisser faire ?
-GARDES ! A L’AIDE, ON ENLEVE LA PRINCESSE, ON EST EN TRAIN DE M’ENELEVER ! GAAAARDES !
-Ouais ouais ouais je connais la chanson.
Elle eut beau se débattre de toutes ses forces, Elastasia se retrouva soulevée comme une brindille dont les coups s’écrasaient sur Envy sans lui faire quoi que ce soit. Et bien vite, elle s’arrêta, à force de se fracasser les poings contre sa peau de pierre. Par précaution, le pirate s’était recouvert d’une fine couche de haki pour ne pas répéter son erreur.
-Maintenant si tu pouvais éviter de me beugler dans les…
-GAAAAAAAAARDES !!!
-Rhaaaaaa fait chier mais ta gueule…-Monsieur, si je peux me permettre ?
Cette dernière phrase avait été prononcée par le timbre digne et succulent de Pépé Nestrelle, qui venait de se matérialiser sous les yeux de l’ex-corsaire d’un vif pas de soru. C’est qu’il avait des restes, le vieux. Matsuya le considéra un bref instant, lui et son costume impeccable, sa moustache gigantesque et sa maigre carrure. Même s’il avait des talents, il n’était rien du tout, jugea-t-il.
-Pitié le vieux. Je suis infiniment trop fort pour qui que ce soit ici et j’ai pas envie de tabasser des papys alors j’ai pas besoin que quelqu’un s’improvise en héros.
-Je voulais juste vous prévenir.
-Et j’ai pas de temps à perdre, ciao bye.
-Des ninjas, derrière vous.
-Ouais, je sais. Allez, tchouss.
L’ex-Envy s’élança à nouveau, disparaissant au loin. Il le savait d’entrée de jeu, que les révolutionnaires du coin étaient du style à agir au grand jour pour aider les locaux. Des ninjas, apparemment. Dans le genre pyjama bruns, cagoules, kunai et kusarigamas, à bondir de toit en toit comme des écureuils de la ville. C’était dans le plan. Ils pouvaient courir autant qu’ils voulaient, ils ne feraient que se fatiguer. En fait, ça l’amusait beaucoup de les voir essayer de le poursuivre. Pareil pour les tapis volants qui flottaient au-dessus d’eux. Comme la topographie des lieux l’empêchait de taper au maximum de la vitesse qu’il pouvait atteindre, ça lui faisait du défi. Et il adorait ça.
La vitesse, c’était toujours relatif. Et beaucoup plus marrant quand on laissait les autres loin, loooiiiin derrière.
*
* *
*
« On y est, vous le voyez ? »
C’est du moins la phrase que Lucius aurait voulu prononcer. Mais à la vitesse à laquelle ils étaient propulsés, avec tout l’air qui lui frappait le visage, il n’avait même pas été capable de comprendre ses propres paroles. Au lieu de ça, l’afflux d’air dans sa gorge lui souleva les entrailles, déjà bien malmenées. Non, mieux valait ne pas parler.
-Il est juste en bas, s’exclama sans difficulté le pilote.
Talonné par deux autres tapis qui se contentaient de le suivre sans attaquer. Parce que bon, tout le monde l’avait reconnu. Et personne n’avait la prétention de pouvoir s’en prendre à un ancien corsaire. A part-peut être un chevalier de la couronne, élite parmi l’élite du royaume, dont le vœu suprême était de protéger et servir la princesse Flemingo. Au péril de sa vie, si besoin.
Lucius tendit un bras en direction de Matusya, déjà en décélération devant un virage en fourche qui lui faisait angle droit. Le moment idéal pour frapper.
Un avis partagé par la bande de ninjas environnants : ils apparurent subitement de toutes parts, tant des toits que de plusieurs tonneaux et étals environnants – trois figures cagoulées émergèrent même du dessous d’une charrette. Et pour la seconde fois, Matsuya se retrouva en plein cœur d’un énorme nuage de fumée. Artificiel, cette fois. Par pur réflexe, il s’en dégagea aussitôt en fusant sur dix mètres à sa gauche, avant même d’avoir été affecté par les gaz de combat, en posture martiale, prêt à tataner quelques visages pour convaincre l’ensemble de ses poursuivants que leurs idées puaient. S'ils avaient besoin de ça, il pouvait distribuer.
Mais personne n’osa s’approcher de lui, maintenant. Tous se contentaient de le toiser en restant sur la défensive, resserrant légèrement les rangs comme s’ils s’attendaient à ce qu’il charge dans le tas comme un crétin au lieu de continuer sa fuite.
Le pirate voyait le genre, mais ne tomberait pas dans le piège. Son objectif était avant tout de fuir avec la princesse entre ses bras, et tant qu’il l’avait en sa possession, il n’avait aucune raison de…
-ILS ONT SAUVE LA PRINCESSE ! FELICITATIONS, GUERRIERS DE L’OMBRE ! LA COURONNE DE LUVNEEL VOUS RECOMPENSERA AMPLEMENT POUR VOTRE LOYAUTE!
Matusya leva les yeux. Un chevalier sur un tapis volant, qui venait de beugler ça. Ce qui était débile, puisque la princesse se trouvait toujours coincée sous son bras dr…
Nan.
Elle avait été remplacée par un épouvantail, fait de bois et de paille, affublé d’une longue robe bleue et d’un large sourire crayonné par ce qui devait être un enfant de quatre ans. Elastasia se trouvait maintenant sur un balcon à l’autre bout du carrefour, escortée par deux ninjas qui l’aidaient à escalader l’immeuble.
Pendant qu’il était sous le nuage ? Aussi vite, sans qu’il ne sente rien ?
-Nan mais…
vous vous foutez de ma gu… ATTENDEZ QUE JE VOUS ATTRAPE VOUS ALLEZ VOIR SI JE PEUX PAS VOUS SUIVRE A GRIMPER MAINTENANT QUE J’AI LES MAINS LIBRES !
D’un bond, Envy sauta sur une caisse, puis le toit d’un étal, puis attrapa un balcon, se hissa de cinq mètres d’une simple traction de bras, pour enfin se projeter vingt mètres plus loin en plein vers ses victimes. Quatre ninjas essayèrent de le bloquer lors de son ascension. Et tous rebondirent contre lui pour s’écraser en contrebas sans qu’il n’affiche le moindre effort conscient pour les écarter de lui.
Il était maintenant sur les hauteurs, à cinq mètres de sa captive. Les ninjas brandirent leurs armes, et...
-POUR LA COUROOOOOONNE, TAYAUUUUUT ! CHARGEZ LE FELON ! MORT AUX PIRATES, VIVE LE ROI !
Avec la délicatesse d’un boulet de canon, l’équipage fort restreint de Lucius Flydenbourg se fracassa de toutes ses forces contre le kidnappeur, dans un fracas prodigieux où tout le poids du véhicule, en tête duquel se trouvait maintenant le chevalier cuirassé lancé à pleine puissance, se confrontèrent au tout puissant haki combatif du pirate.
Qui s’en tira indemne, quoique surpris et extrêmement contrarié. Aux portes du pétage de câble, pour être plus précis. Il avait eu le temps d’ériger une armure intégrale, mais pas de camper sur ses appuis pour attraper le missile. Le tapis l’avait fauché net et poursuivi sa course en ligne droite avant de redresser la barre pour prendre de la hauteur, et continuer à mettre autant de distance que possible entre le pirate et la princesse. Verticale, tant qu’à faire, dans l’espoir qu’il prenne extrêmement cher au cas où il chuterait. Et coincé comme il l’était, le tapis coincé en plein torse, les jambes battant dans le vide, avec un chevalier qui faisait de son mieux pour lui coincer les bras (ça n’allait pas durer), Matusya enrageait de plus en plus.
-Lucius !, s’exclama Elastasia en contrebas. LUCIUS!
Des mots qui eurent l’effet d’un rayon de soleil dans le cœur du preux chevalier, qui redoubla d’ardeur face à son adversaire infiniment plus fort que lui. C’était un bras de fer qu’il ne pouvait pas gagner, mais chaque seconde qu’il tenait correspondait à plusieurs mètres qu’il espérait mortels pour le pirate.
-JE TIENDRAI, POUR LUVNEEL ! SUR MON HONNEUR DE FLYDENBURG !
-JE VAIS TE CREVER COMME UNE MERDE ET TU FERAS PLUS LE MALIN !
-SILENCE, MARAUD ! POUR CITER LA DEVISE DE MON MAÎTRE D'ESCRIME :
JAMAIS LE MAL NE TRIOMPHERA!-RHAAA MAIS TA GUEULE POMPEUX DE MERDE !
Et très loin de cette lutte désespérée… Sigurd. Qui avait chuté du tapis lors de sa collision avec l’ex-corsaire, avait été rattrapé de justesse par un des acrobates de l’ombre, mais maintenait toujours une position fœtale de sécurité à côté d'Elastasia et de son escorte d’espions-saboteurs. L’un d’eux, le voyant vraiment vraiment mal suite à sa mauvaise chute, se pencha à sa hauteur pour prendre sa mesure.
-Monsieur ? Dogaku ? Pouvez aider ? On aurait besoin de vous ?
-OooooOoOoooOooooh…
-Allo ? Vous allez bien ?
-Eeeeeeeeeeeeeeerrbbbbbb…
-Z’êtes vivant ?
-
Oh putain… plus jamais… p’tôt mourir… je déteste ces tapis… oh putain…Il roula pour se mettre à plat ventre, les yeux toujours fermés, tâtant longuement et presque amoureusement le sol de ses doigts pour en apprécier la formidable consistance et la paisible immobilité qui ne lui avaient jamais apparues aussi sûres et accueillantes qu’aujourd’hui. Plus jamais, se répéta-t-il. Que ce soit les tapis, les balais ou la prochaine farfeluerie volante qu'ils créeraient juste pour rire, jamais à cette vitesse.
-Il va bien ?, demanda une autre en le voyant se mettre à bécoter la toiture.
-Je crois qu’on peut le laisser, à part se noyer dans son vomi il ne risque pas grand chose. On se concentre. L’objectif.
-Essayez de rattraper Lucius s’il venait à tomber, commanda Elastasia. Je vous en conjure.
-D’accord. Mais vous, suivez-nous, nous allons vous cacher. Le temps que ça se calme.