Fire in my Blood

J’ai survécu à mes blessures, une fois de plus. Dans les bouquins, on raconte souvent les histoires de héros se battant contre les forces du mal, des héros qui en prennent plein la tronche, laissés souvent à moitié mort et pourtant, qui font un retour triomphant et l’emportent. Je me sens un peu pareil, à peu de chose près que je ne tombe pas pour mieux me relever. Je me permets de m’effondrer une fois seulement que mon ennemi est mort et qu’il ne se relèvera plus jamais. Alors seulement, je peux me reposer.  
Cette dernière sieste aura été foutrement longue. Heureusement que j’ai réussi à retrouver Kaen en quittant Luvneelroom, ou plutôt heureusement qu’il est revenu jusqu’à moi pour me sortir de ce merdier. Une fois Bambana tué, ses hommes ont rapidement lâché l’affaire. Qui irait encore risquer la mort pour un type qui vient de se faire arracher la tronche ? Seulement les plus loyaux. Et ceux-là, je me suis assuré de les liquider avant de faire sauter la cervelle du Padre. J’ai quand même pris le soin de récupérer la bague familiale des Bambana qui ornait le gros doigt de leur chef, histoire qu’ils voient comment a fini leur grand patron.

L’empire Bambana effondré, les hyènes se sont jetées sur les restes, comme prévu. Deux avantages à cette merde, que les efforts des autorités locales se focalisent sur eux et pas nous, que ça détourne temporairement l’attention pour qu’on puisse fuir l’île et surtout, de m’assurer qu’aucun héritage de cette famille pourrie jusqu’à la moelle ne subsiste. On a même foutu le camp avec leur navire, merci à mes gars pour ça, ils ont assuré.
On a même pas cherché à comprendre et l’ordre a été donné de foutre le camp de North Blue, direction Grand Line. Comme me l’a assuré Boule de Billard avant que je lui règle son compte, toute la mafia locale va chercher à me faire la peau, impossible de rester sur les mers bleues. Notre meilleure option est de rejoindre la Mer de Tous les Périls, ça nous fera gagner du temps et me laissera l’occasion de me requinquer avant qu’ils soient sur nos miches. J’avais laissé mes instructions à Kaen au cas où sur Luvneelroom ça se passait pas bien, j’ai eu raison.

Peu de temps après avoir pris la mer, je me suis écroulé. De mes blessures, de la fatigue, du soulagement d’avoir mené à bien ma vengeance, de chagrin parce que ça ne m’a pas ramené Talia.
Un long sommeil, certains pourront qualifier ça de coma, qui m’a fait louper tout le trajet vers le Royaume de Drum. Parce que c’est là-bas que j’avais posé à l’avance mon ticket de sortie. Ayant payé un navigateur expérimenté de Grand Line à l’avance, on est passé le récupérer sur une île avant de filer faire Reverse Mountain et lui laisser la barre et les instructions de navigation. Avec ce que je l’ai payé et mes gars traînant autour pour s’assurer qu’il nous la mettait pas à l’envers, le fait que je sois inconscient n’a pas changé la donne, il a fait le boulot.
Les gars ont fait ce qu’ils ont pu pour me stabiliser et me maintenir en vie jusqu’à ce que je passe entre les mains expertes d’un vrai docteur. Vous vous doutez bien que j’ai pas choisi Drum par hasard. J’ai le den den personnel d’un excellent doc’ là-bas, un qui regarde pas qui tu es ni d’où tu viens pour te soigner.

Un cadeau d’une vieille connaissance suite à un service rendu, je savais bien qu’il me servirait un jour. Débarqué au Royaume Enneigé par la petite porte, en se faisant petit et discret, on est allé se planquer dans une grotte bien à l’écart de la population et suffisamment profonde et large pour y tenir de longs jours. L’attente a été le plus long. Entre le moment où Numéro 4 a été prévenu qu’on était sur place, qu’il trouve le créneau pour se libérer et qu’il se pointe ici sans se faire griller, on a eu de quoi se faire peur un moment. Parce que mon état s’il a pas empiré, ne s’est pas amélioré non plus et qu’on savait pertinemment que les familles mafieuses nous avaient suivi jusqu’à Drum. Ces pourritures sont comme des vautours, ils peuvent sentir l’odeur d’un corps qui se décompose à des kilomètres. Et un Peeter qui est en train de crever, c’est une odeur qu’ils ont enregistré depuis North et qu’ils lâcheront pas avant d’avoir ramené ma dépouille à l’enfoiré qui a pris les commandes de ma traque.
Tempiesta je suppose, vu l’autorité qu’il a sur les autres et les liens étroits qu’il entretenait avec Bambana, c’est plausible.

Le toubib Numéro 4 a fait un gros boulot. Les conditions étaient pas optimales, il avait pas tout le confort de travailler dans son bâtiment, mais ça a pas eu l’air de le déranger plus que ça. Ce gars est un professionnel, que ce soit en hôpital ou sur le terrain. Une bonne semaine après son intervention, je me sentais comme neuf, totalement remis sur pieds. Prêt à en découdre aussi, histoire de pas passer ma vie à fuir comme un clébard qui veut échapper au coup de bâton.
Sauf que cette fois, c’est la mafia qui nous a pris de court. Il faut bien que les rôles s’inversent un peu, je suppose. On a pas trop compris comment, mais ils ont trouvé notre planque. Possible qu’ils soient remonté jusqu’à Numéro 4, qui pour éviter de crever pour un salopard, nous a balancé. Ce qui est normal, je lui en veux pas pour ça. Mais ça nous met dans une merde assez monumentale.

Ils se sont pointés à l’entrée de la grotte, ont rapidement flingué les deux types qui surveillaient à l’intérieur et c’est là qu’on a senti que ça puait. Plutôt, qu’on a entendu. Le son des mitraillettes qui crachent la mort, ça résonne vachement fort dans une grotte, un détail auquel ils ont pas dû prêter attention ou duquel il se tamponne totalement vu ce qu’ils comptent nous faire.
Y’a eu deux réactions face à l’assaut surprise, ceux qui voulaient se tirer dans l’autre sens pour espérer leur échapper et avoir le temps de préparer la riposte, et ceux comme moi et Kaen qui voulions tous les éclater ici et maintenant. Sauf qu’après une discussion assez intense avec le reste du groupe, les survivants de Luvneelroom, ça a été convenu que c’était pas le moment de se taper.

Voilà pourquoi on est actuellement en train de courir comme des blaireaux, dans des couloirs de grottes qu’on ne connaît pas, à la lueur de lampes torches, en espérant qu’on termine pas dans un cul de sac ou face à un foutu ours polaire géant.
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Un regard échangé avec Kaen, tous les deux on se comprend. Si ça avait tenu qu’à nous, on aurait fait face quitte à en crever. Mais y’a pas que nous dans cette galère, certains ont pas forcément envie de mourir bêtement. Le plus gros du souci, c’est pas tant la force des types qui ont après nos miches, c’est leur nombre. Face à la marée, c’est toujours plus compliqué de pas se noyer. J’ai beau être bien plus puissant que tous ces enfoirés, si c’est un navire d’une soixantaine de tueurs armés qui a débarqué sur l’île, c’est finito pour moi.
Alors on va y aller différemment, on va pas foncer dans le tas et tout raser comme à mon habitude, on va la jouer plus fine. On fout le camp en fond de grotte, on décarre dans les tunnels et on disperse les troupes. Des petits paquets de dix, c’est du gâteau limite. On s’est séparés pour plus d’efficacité au plan, des groupes de deux ou trois et chacun qui fout le plus de bordel possible pour forcer les mafieux à scinder les rangs à leur tour.

Et ça rafale ses grands morts en long, en large et en travers. Y’a les balles qui ricochent dans toutes les directions, la roche qui éclate et un vacarme des enfers qui te fracasse les tympans.
Et y’a une espèce de course contre la montre qui s’installe, sans que je sache vraiment trop pourquoi. Mais j’ai la paille au cul, j’ai cette pression soudaine de devoir me bouger les miches, que je dois me sortir de ce merdier avant qu’il soit trop tard. Comme si mon temps était compté, comme si à trop traîner dans le coin, j’allais finir par y rester définitivement. L’impression que le temps est contre moi, que mon compteur personnel n’arrête pas de s’écouler et que lorsque la dernière seconde tombera, je m’écroulerai net. Le point à atteindre ? J’en ai aucune foutue idée, je sais même pas si j’en ai un vraiment.

Courir, c’est tout ce que je sais.
Sauf que je connais pas cette grotte, pas aussi profondément en tout cas. Et on a tôt fait de se paumer, ou plutôt de plus savoir où on va. Parce que pour se perdre, de base, il faut connaître le chemin. Et ici, on sait rien. On sait juste qu’on avance, que la roche défile à grande vitesse sous nos yeux et que pour le moment, on s’est pas tapé de cul de sac.
Alors quand on tombe à un embranchement, sur plusieurs types armés et énervés et qui nous regardent de travers, mais l’air tout aussi con que nous de nous débusquer comme ça, par le plus grand des hasards, y’a rien à faire d’autre que de jurer un bon coup et sauter sur le côté pour éviter les balles. J’entends Kaen brailler qu’il déteste les armes à feu et le voit se donner du mal pour ne pas se prendre un plomb dans la tronche. Je riposte rapidement, allumant dans le tas avec mes flingues et offre à mon camarade l’occasion de sortir de sa planque pour me rejoindre et on file aussitôt en sens inverse.

C’est pas passé loin, ces enfoirés l’ont même pas fait exprès. Les couloirs de cette grotte sont dangereux quand on ne les connaît pas, ce qui peut autant jouer en notre faveur que le contraire. Et cette sensation que le temps manque s’accélère, parce que maintenant s’ajoute le fait que cet endroit censé nous protéger pendant mon rétablissement, est devenu un coupe-gorge géant qui pourrait devenir notre tombeau. Et crever comme un chien, dans cet endroit à la con, sur une île merdique, c’est mort. J’ai encore beaucoup de choses à faire, beaucoup de haine à évacuer et de choses à foutre en l’air.
Alors quand on tombe sur un groupe qui nous voit venir que trop tard, c’est un carnage. Deux fauves avec l’instinct brûlant de vivre qui alimente leurs tripes qui se jettent dans le tas, les autres en face ont aucune chance. Je casse un nez, brise la mâchoire dans la foulée. Propulse ce qui reste du malheureux contre un de ses camarades, fond sur un autre pour le désarmer et lui fracasser la crosse de son arme dans les burnes, avant de lui tordre le cou.

J’ai toujours été brutal dans ma façon de me battre, mais maintenant c’est différent. Je ne tuais pas si je pouvais l’éviter, maintenant je veux juste faire mal et tuer. Tuer, parce qu’ils ont tué Talia. Tuer, parce que d’avoir tué Bambana n’a au final rien changé pour ma poire. Je souffre toujours, Talia n’est pas revenu et me manque autant, ma colère ne s’est pas envolée. C’est même pire. Alors je veux faire mal, je veux faire couler le sang et semer la mort. Je veux expulser toute cette haine qui alimente mon corps, se mélange au sang dans mes veines et me parasite la cervelle.
Je tape pour faire souffrir, je tape pour ôter la vie, pour crever ces sales chiens qui ne méritent rien d’autre que d’être expédiés dans les recoins les plus pourris des enfers.
En attendant, ils sont en train de se vider de leur sang, allongés sur le sol rocailleux de la grotte, morts ou en train de le devenir. Je mire l’un d’eux qui agonise, Kaen lui a ouvert le bide en largeur, des spasmes le font s’agiter, ou alors c’est la panique de son dernier souffle.
Hm. Les deux.

D’un coup de panard, je lui écrase violemment la gorge et l’achève. Pas pour qu’il arrête de souffrir, mais parce que je pouvais pas voir sa gueule.
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Et la fuite reprend quand une nouvelle vague de criminels à la gâchette facile déboule dans le couloir d’en face, hurlant qu’ils nous ont trouvé et rameutant tous les enfoirés dans les parages. On serait bien allé les fracasser, mais le nombre nous pousse une nouvelle fois à foutre le camp plutôt que de foncer dans la masse. Mais de courir dans un couloir sombre où tu vois que dalle, ça peut pas forcément que bien se passer. Si on avait des torches jusque-là, elles sont tombées et se sont éteintes plus tôt lorsqu’on a buté les derniers enfoirés croisés.
Du coup, c’est à l’aveugle totale qu’on s’est élancés et le résultat est catastrophique, étonnement. Chaque fois que le chemin bifurque, c’est dans le mur rocailleux qu’on termine le front le premier. Chaque fois qu’une pierre un peu trop grosse traîne sur le chemin, c’est la chute assurée ou un rattrapage in-extrémis et une peur de se tordre le cou comme une merde. Et je crois pas qu’on ai fait beaucoup de mètres avant qu’une autre couille nous tombe dessus, ou plutôt qu’on plonge comme deux mongoles dans les emmerdes.

J’ouvrais la voie, pas franchement serein de où je foutais les panards, jusqu’à ce que les panards pédalent dans le vide. Bordel. Comme quand tu rates une marche dans les escaliers, sauf que là y’a pas de suite à l’escalier. Et tomber dans le vide alors que t’es privé de la vue, c’est comme se noyer dans un océan de noirceur, se faire aspirer par les ténèbres. Moi qui ai toujours su que ça finirait par arriver, j’étais pas préparé pour que ça arrive juste maintenant. Du coup j’ai hurlé un truc à la con avant de tomber, puis de heurter une surface solide tête la première et d’enchaîner les cabrioles à en avoir la tête complètement retournée.
Le braillement d’un ours croisé d’un dragon qui provient de la gorge de Kaen, m’alerte durant ma chute qu’il s’est pas mieux démerdé que moi et qu’il a chuté aussi.
De mon côté, je me fracasse les os et articulations contre à peu près tout ce qui traîne dans cet énorme toboggan de la mort, avant de finalement être expulsé et de m’écraser sèchement au sol. Si j’avais encore une mère, je lui passerai un coup de den den mushi pour lui dire que j’ai bobo.
Kaen déboule peu de temps après, alors que je parviens à me redresser sur mes guibolles, grommelant des insultes à l’encontre de cette grotte merdique. Deux sales enfoirés qui insultent à peu près tout et n’importe quoi, à défaut d’avoir quelqu’un sous la main sur lequel passer leurs nerfs.

– C’est encore plus sombre ici que dans le fiacre d’un phacochère. Bonne analyse de l’ancien sauvage, on y voit toujours que dalle. Mais l’impression que c’est encore plus sombre que tout à l’heure. Pourquoi ? Pourquoi je le saurai ? C’est comme ça. La bonne question à poser étant plutôt : On est où là ? Je me doute que c’est un endroit un peu à part dans la grotte, vu la chute qu’on vient de se payer, mais j’aimerai bien savoir ce qu’elle renferme. Pour ça, faut que je trouve de quoi faire flamber pour nous éclairer, mon briquet fera ensuite le reste.
Briquet qui va servir tout de suite, une fois allumé, le halo lumineux qu’il m’offre me permet un poil mieux de me situer. Y’a beaucoup d’espace ici, mais c’est entièrement vide. Du moins, si on compte pas les débris naturels et autres conneries du genre. En faire le tour me prend quelques minutes, vu la situation. Kaen qui suit de près, la seule source de lumière se trouvant entre mes mains.

Mon pied fini par heurter un truc au sol, quelque chose d’assez solide pour me le faire sentir passer au bout des doigts. Comme le fameux orteil qui cogne contre le pied du lit, mais en moins douloureux.

Je baisse instinctivement la dextre tenant le briquet et la lueur révèle une sorte de coffre en bois, rempli de rondins de bois. Dedans, rangé sur le côté, un peu d’huile. – Eh. Y’a quelqu’un ici qui était prévoyant. Me demande bien pourquoi un type s’est fait chier à ramener du bois jusqu’ici. Visiblement, il a besoin de lumière sous la main à chacune de ses visites, ce qui veut dire que cette pièce est pas si inutile que ça. L’espèce de toboggan de tout à l’heure en est probablement d’ailleurs la seule entrée, ou un accès caché, je sais pas. Une torche chacun qu’on allume en s’aidant de l’huile et du briquet et déjà, on y voit plus clair. Et il me faut pas bien longtemps pour remarquer le couloir creusé à même la roche, tout juste assez large pour y laisser passer un homme debout, qui s’enfonce dans le mur. Je suis pas explorateur, mais quelque chose me dit que c’est par là.

Reste à savoir où mène ce couloir.
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– Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Je comprends la surprise de Kaen, je m’attendais pas non plus à trouver une pièce pareille au fin fond d’une grotte de Drum. Et en même temps, si tu prends le temps d’y réfléchir trente secondes, c’est quand même l’endroit idéal pour ça.
En suivant le couloir, ça a débouché sur une vaste pièce elle aussi plongée dans le noir. Plusieurs torches incrustées aux cloisons via support en bois nous ont permis d’illuminer le tout pour nous rendre compte sur quoi on avait mis les mains. Une espèce de cachette secrète, de pièce aux trésors, de coffre fort sauvage. Appelez-ça comme vous voulez, mais cet endroit regorge de breloques en or, de sacs de pièces d’or et de bijoux. Y’a un type qui est venu planquer sa fortune ici, probablement le travail de toute une vie. J’ai déjà vu plus de thunes amassées en une seule chambre avec Bambana, mais je dois avouer qu’ici c’est pas mal non plus.

Kaen est comme un fou, passe d’un coin à un autre, analysant à la va vite ce que renferme chacun des tas. L’or monterait à la tête de n’importe quel type, moi-même à un moment je courais après, rêvais d’être milliardaire à ne plus savoir quoi foutre de tous mes berrys. Je suis pas aussi emballé que lui, déjà parce que je suis pas sur Drum pour ça à la base, que j’ai d’autres choses en tête maintenant que le pognon et surtout, parce que j’ai déjà calculé une chose que lui pas visiblement. - Fraktur, on pourra jamais sortir tout ça d’ici. Il se bloque, réfléchit à ce que je viens de dire, cogite un instant et je vois au changement d’expression sur sa fiole qu’il a compris. Et oui, y’en a trop et nous on est que deux, sans sac, sans rien pour transporter et surtout, avec des types à nos trousses. On peut ni se permettre de s’alourdir, ni de se casser le fion à chercher comment ramener l’ensemble au navire. – Prends seulement un truc.

Il jure dans son patois natal, je sais ça fait mal mon frère, mais on a pas le choix.
Je sillonne entre les objets de valeur, les liasses de billets et les montagnes de pièces. Je sais d’expérience, pour avoir servi un enfoiré plein aux as pendant des années, que le meilleur d’une fortune se trouve généralement bien au chaud au fond d’un coffre. Je sais aussi une chose, c’est que la taille du coffre compte, mais pas comme on le penserait. Pas la peine de se jeter sur le plus gros coffre, qui sera rempli de pièces ou autres conneries. Viser le plus petit, le plus précieux, qui contient une unique chose, mais avec bien plus de valeur que la quasi-totalité du trésor enfermé dans cette pièce. Alors je cherche, déplaçant çi et là des coffres, faisant le tri, m’assurant de ne rien rater.
Jusqu’à tomber sur ce coffre, moitié moins gros que la plupart ici, mais totalement différent dans son style. Triple cadenas pour en assurer le scellage, là où les autres n’en ont qu’un seul. Coffre en bois, peint d’un noir profond aux contours orangés. Entre mes mains, il ne pèse pas bien lourd, semblerait presque vide.

Mais une fois m’être cassé le derche à faire sauter les trois cadenas, ce qui se trouve à l’intérieur m’arrache un sourire mauvais. Celui du diable, du mauvais esprit fier de sa trouvaille et qui s’imagine comment il va l’exploiter au mieux pour faire le mal. Je bloque dessus un moment, devant ce fruit qui pour beaucoup ne serait qu’un simple fruit, mais qui pour moi représente tout autre chose. Je bloque si longtemps que Kaen fini par s’en apercevoir et me sort de mes pensées. – Peeta, je connais cet air… il me fait flipper… T’as trouvé quoi ? Il se rapproche, curieux. Ses yeux s’élargissent en tombant sur le fruit. – Putain… c’est ce que je pense ? Oui mon frère, c’est ce que tu penses.
Un fruit du démon.

– Je prends ça. Evidemment que je le prends. Hors de question de laisser ça à quelqu’un d’autre, encore moins à l’abruti qui a préféré le conserver ici plutôt que de le grailler et bénéficier de ses pouvoirs. Je suis encore sûr de rien, si ça se trouve c’est rien qu’un fruit à la con et je vais m’apercevoir qu’il ne m’a rien donné. Mais si j’ai raison, si c’est bien ce que je crois, j’ai tout gagné.
– Peet’, regarde ça. Le sauvage me tend une lettre, abîmée et jaunie par le temps, froissée par des mois, probablement des années à prendre la poussière ici. Une lettre qui semble avoir été écrite par le propriétaire de ce trésor.

Si vous trouvez cette lettre, c’est que vous avez aussi mis vos sales pattes de fouinards sur mon trésor. Eh bien je ne vous le laisse pas ! Si vous y touchez, craignez la fureur du célèbre et sanguinaire Capitaine Auguste le Premier ! Je vous retrouverai et vous arracherai les tripes pour vous pendre avec à l’entrée de ma cachette !

Non sérieusement, bas les pattes foutrebleu !

Capitaine Auguste le Premier, Capitaine de l’équipage des Sabliers.

– C’est qui ce connard ?
– On s’en cogne.
Mon avis qu’il est déjà plus de ce monde, celui-là.

– Quelqu’un a de quoi éclairer un peu ? j’y vois absolument que dalle ici !
– Johnny ! Rends-toi utile un peu !
– Vous pensez vraiment qu’ils ont été s’enterrer ici ? Ce serait complètement stupide…
– Johnny ! Tu éclaires ou t’attends qu’une chauve-souris géante vienne nous bouffer ?
– Deux secondes, la lampe a dû prendre un coup quand on a glissé jusqu’ici.


Les voix proviennent de la pièce d’à côté, ils nous ont pas encore trouvé. On se lance un regard avec mon partenaire et ses yeux glissent jusqu’au fruit que je tiens entre mes mains. Je grimace. Il insiste. J’ai pas envie de le bouffer maintenant, foutu mafia à la con. Bambana continue de me chier dessus même après sa mort. Mais je sais très bien ce que veut dire Kaen, qu’importe la capacité magique que ce bordel va me filer, on va en avoir besoin maintenant. On est coincé ici, la seule sortie c’est aussi l’entrée par laquelle ils vont finir par débouler, ils sont armés et sans doute nombreux, c’est pas trop le moment de faire la fine bouche.

‘Fait chier putain. Je voulais prendre le temps de me renseigner dessus, de l’identifier au moins. – AH c’est bon ! V’là la lumière messieurs !

Putain. Dans une dernière grimace, je commence à croquer dans le fruit. Il me servira à rien si je crève ici.
Pas le fruit des odeurs… pas le fruit des odeurs… pas le fruit des odeurs…
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Tout juste le temps d’éteindre toutes les torches de la salle, qu’on entend les bruits de pas des mafiosos résonner dans le couloir, avant de rapidement se rapprocher. Silencieux, immobiles, chacun se planque à un endroit et attend. Le plan est simple, régler le problème ici et maintenant. J’ai même pas terminé de bouffer le fruit, c’était trop dégueulasse. De toute, je me suis déjà renseigné dessus, y’a pas besoin de le grailler en entier pour bénéficier de ses pouvoirs. Par contre, ce que j’ai lu nulle part, c’est cette foutue envie de gerber qui te prends après y avoir goûté. Crois-moi, c’est si violent que ça peut être un facteur déterminant sur ta décision de le manger ou pas.
Je suis en train de me retenir de tousser quand les faisceaux de lumière balaient le coin, y’en a que trois qui ont des torches. Kaen sait ce qu’il doit faire. J’en entends deux qui se rapprochent, un peu trop imprudents. Ils devraient pas se séparer des spots lumineux qui leur sont offerts, on sait jamais ce qui se cache dans l’obscurité.

Je me faufile dans leur dos, lames en mains et les égorge dans la foulée. Perçois le son du sang qui gicle des ouvertures créées alors que je me déplace, genoux fléchis, sournoisement, jusqu’à une autre planque.
Une douleur à l’estomac me tord une première fois de douleur, me fait vaciller.
Une deuxième plus violente me fait trébucher et m’écraser contre un tas de trésors, provoquant assez de bordel pour braquer les trois lampes dans ma direction. Si c’était pas suffisant pour me repérer, le cri que je lâche ensuite suivi du nuage de flammes qui s’échappe de mon corps le sont. Je sais pas trop ce qui se passe exactement, mais j’en ai une petite idée. Le fruit entre en action, involontairement, mais il le fait. Le bordel se déclenche aléatoirement, propulsant des gerbes enflammées dans tous les sens.

Je me relève tant bien que mal et les gars en face, qui restaient sur le cul un moment devant ce spectacle, se bougent enfin les miches quand ils comprennent que ça pue pour eux. Kaen, lui, a pas perdu l’occasion d’en abattre deux durant que je faisais distraction contre mon gré. Lui dans leur dos, je suis la seule cible totalement gratuite sur laquelle déverser leurs chargeurs, leur haine et aussi leur peur. Et accessoirement, je suis l’enfoiré de fils de chien qui a buté le Padre, c’est moi qu’ils veulent flinguer. C’est donc moi qui prend la salve de plombs, le tonnerre des flingues et mitraillettes qui pétarades dans la pièce assourdissant les oreilles de tous les clampins présents.
Kaen échange des mandales avec un binôme de gangsters, les autres ricanent, ils ont réglé le compte de l’ennemi numéro un de la mafia de North.
Ou pas.
Mon corps criblé de bastos auparavant, commence déjà à boucher les trous, du feu grignotant les plaies pour reconstruire le corps originel. C’est à mon tour d’être sur les miches. Je sais pas quel pouvoir j’ai bouffé, mais c’est foutrement efficace. Je lâche un sourire carnassier. Les autres deviennent blancs, certains commencent déjà à réciter des prières salvatrices.

Malheureusement pour eux, y’a aucun dieu sur terre capable d’empêcher le diable de vous détruire la fiole. Si les balles ne peuvent rien contre moi ? Qu’est-ce qui pourrait m’arrêter hein ? Absolument rien.
Chancelant, fatigué et pris de douleurs internes, je m’avance vers eux, le regard haineux. La mort dans les yeux, leurs morts. Et sans vraiment comprendre comment, je relâche une première vague de flammes qui balaie la pièce et tout ce qui tenait debout, mon propre frère d’armes y compris. Je ne cherche pas à contrôler le phénomène, m’en cogne de qui crève dans cette pièce tant que je tue et détruit tout. Ces enfoirés en ont après mon cul depuis des semaines, je vais terminer ça maintenant. La première déflagration en a cramé la moitié, ceux-là perçoivent déjà les portes des enfers maintenant. Quant aux plus robustes, ils se relèvent en tentant d’oublier que les flammes dévorent leurs fringues, leur chair et bientôt les os.

Des hurlements, de la confusion, de la peur et beaucoup de colère. La mienne, qui me consume entièrement, se répand dans mon sang, envahit mon esprit et se déploie sous la forme d’un manteau de flammes qui recouvre mon corps comme un halo de feu. Crevez tous. Crevez comme la dernière sous-espèce de raclures que vous êtes, qui ne mérite pas de respirer cet air que vous rendez vicié, vous et vos familles mafieuses, ce fléau mondial. Crevez d’abord, j’enverrai les autres vous rejoindre bien assez tôt.
La mafia disparaîtra dans les flammes, mes flammes, celle de ma haine, de ma colère, de ma vengeance. La mort de Talia ne peut pas être oublié avec seulement la disparition de Bambana, tous les gros bonnets dans son genre doivent y passer, eux et leur empire illégaux. Débarrassez cette terre de pourritures et leurs trafics immondes, leurs crasses et coups foireux, c’est ma mission.

Seul un monstre peut en chasser d’autres.
Une nouvelle déflagration secoue la pièce, empêchant les plus courageux de fuir par le couloir, brûlant ce qui leur restait de volonté. Une ultime déflagration, puis plus rien. Le calme plat, l’obscurité totale.
Mon corps me lâche, ma vision se trouble et je m’écroule, épuisé.

Kaen viendra ramasser le corps de son patron, mais avant tout ami de longue date. Touché par la première attaque, il est resté au sol sous les corps de deux cadavres pour se protéger de la suite et attendre la fin de la tempête pour sortir. C’est lui qui aidera une fois de plus Peeter à se relever et sortir de cette grotte, tous les deux regagneront l’extérieur par un passage secret taillé dans la pierre et prévu pour évacuer cette pièce en cas de besoin.

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