Asakura Ten [Terminé]

Passe-partout.

On ne peut pas vraiment affirmer que Ten soit des plus impressionnants en termes de carrure. Son mètre soixante huit ne jouant sûrement pas en sa faveur. Vous l’aurez compris, l’Asakura n’était pas très grand malgré le fait qu’il ait terminé sa croissance. Et bien qu’il ne soit pas particulièrement petit, il dénotait pourtant avec la plupart des pirates qui chevauchaient les mers les plus dangereuses du monde. Ses vêtements étaient trop amples, son équipement quasi inexistant. Rien en lui ne laissait présageait un combattant auquel on aurait peur de se frotter. Ses cheveux, d’une couleur peu habituelle il fallait l’avouer, étaient bien souvent en bataille et coiffés en épi. Il n’y prenait aucun soin, mais s’en fichait. C’était une façon pour lui ; une de plus ; de se faire sous-estimer.

Désinvolte.

Si une chose était sûre, c’était que le pas de Ten était des plus légers, presque joyeux. Mais ne vous y trompez pas, le sourire qu’il affichait n’était qu’une façade pour mieux tromper et entourlouper les différentes personnes qui avaient le malheur de croiser sa route. A première vue il n’inspirait rien d’autre que de la confiance. De par son pas léger, son sourire éternel et ses yeux rieurs, l’Asakura renvoyait de lui une image plutôt décontractée, presque désinvolte par moment. Comme s’il croquait la vie à pleines dents à chaque bouffée d’air, comme s’il était le plus heureux des hommes. Mais tout cela, il en jouait, évidemment. Tout était calculé, de son accoutrement jusqu’à sa façon de marcher, tout laissait penser à un garçon qui ne ferait pas de mal à une mouche. Tout laissait penser à une personne à laquelle on voulait faire confiance.

Imperturbable.

Voilà bien un trait de caractère qui lui allait bien. Alors oui, vous me direz qu’on pouvait classifier ce paragraphe dans la section suivante ; mais là on parle bien de ses réactions corporelles auprès d’autrui. Car bien que d’apparence naïve et joyeuse, Ten s’efforçait toujours de se tenir alerte quant à son environnement. Ainsi, il ne laissait échapper que peu de réactions spontanées. Cela pouvait surprendre, mais au final il était ainsi… Froid, calculateur… Et attentif. Ainsi, vous pourrez vous considérer comme étant chanceux si vous parvenez à voir une réaction de sa part. Comme si son visage était constamment figé et qu’il ne connaissait d’autre position qu’un large sourire affiché sur ce dernier.

Menteur.

Voici le principal trait de caractère de Ten. Disposant d’une morale plus que douteuse, il n’hésite pas à utiliser le pouvoir des mots pour parvenir à ses fins. N’étant pas des plus impressionnants physiquement, il a toujours su tirer son épingle du jeu grâce à ses mensonges et ses roublardises. Tantôt l’épaule sur laquelle on pouvait pleurer, tantôt le valeureux défenseur des droits des femmes ou encore le preux chevalier… Vous l’aurez compris, devenir quelqu’un d’autre n’était pas un problème pour le jeune homme. Tant qu’il arrivait à ses fins.

Egoïste.

Qu’on se le dise, aucun être humain n’a les faveurs de Ten, hormis lui-même. Si la vie lui avait bien appris quelque chose, c’était que les autres passaient toujours derrière lui. Complètement ivre de sa propre bienséance, il n’était pas du genre à se sacrifier pour autrui. Chaque action, chaque geste qu’il faisait était calculé et tout reportait à son propre bien-être. Toutes ses actions menaient, plus ou moins directement, à un avantage personnel qu’il pourrait en tirer. Certains pourraient trouver ça triste, d’autres s’en offusquaient… Mais au final, l’Asakura n’en avait que faire. C’était lui avant tout.

Agréable.

Malgré les traits de caractères un peu inhabituels qu’on venait de citer, Ten n’en restait pas moins une personne agréable en apparence. Toujours souriant, il essayait toujours de se faire bien voir en société. Il l’avait bien compris, se faire bien voir en société était la pierre angulaire de toute relation qu’il pourrait exploiter. Les quidams étaient bien plus enclins à faire ce que vous désirez, à se laisser influencer s’ils vous prenaient pour quelqu’un se rangeant à leurs côtés, quelqu’un avec qui ils partageaient des points communs. Chose pour laquelle Ten se pliait souvent aux demandes et us en vigueur ; le tout en gardant en tête son réel objectif… Qui était bien moins noble que le comportement qu’il laissait transpirer.

Logue town – 1609

Ce fut lors d’une soirée d’hiver 1609 que le drame se produisit. Au détour d’une ruelle mal éclairée on entendait des cris. Si un malheureux se rapprochait, il pouvait alors voir une scène atroce se dérouler sous ses yeux. A terre, un homme, les cheveux d’un blanc immaculé, gisant sur le sol, une flaque de sang sous lui. A ses côtés, une jeune femme rousse d’une trentaine d’années semblant tenir un sac au niveau abdominal. Elle pleurait, mélangeant alors le sang et les larmes sur son visage meurtri par la douleur. Jusqu’à ce que soudain…

Les cris cessent. Elle venait de quitter le monde des vivants pour rejoindre son mari déjà parti plusieurs minutes auparavant. Tout ça pour une bourse qu’ils avaient refusé de céder. Tout ça pour quelques pièces d’or qui ne leur serviraient désormais plus à rien. Ayant abandonné leurs amis, leur famille… Leur bébé.

Car oui, c’est cette nuit que vint au monde le jeune Asakura Ten. Bien qu’encore dans le ventre de sa mère, les médecins de l’île avaient réussi la prouesse de sauver sa vie, intervenant seulement quelques instants après que sa mère n’ait rendu son dernier souffle. Et tandis que ses parents quittaient le monde des vivants, il venait d’y arriver. Portant sur ses épaules l’héritage qu’ils lui avaient laissé.

Logue town – 1618

Enfin, par héritage, on ne parlait pas ici d’argent. Car ses parents ne roulaient clairement pas sur l’or et ainsi, Ten passa de foyer en foyer sans vraiment trouver de famille que certains pourraient appeler d’accueillantes. Non, son héritage était la dette de sang qu’il avait envers celui ou celle qui l’avait privé de ses parents dès sa naissance. Bien que floues, certaines informations sur la mort de ses parents biologiques lui avaient été fournies au fil du temps. Il avait appris que le voleur avait été condamné à mort quelques temps après.

Bien que content que justice ait été faite, il serait mentir de dire que Ten n’ait pas ressentit une petite pointe de déception au plus profond de lui. Mais bon, on avait beau lui répété qu’il ne servait à rien de s’acharner et qu’il fallait qu’il passe à autre chose, il ne pouvait décidément pas détourner son esprit de cette soif de vengeance. Et c’est donc ainsi qu’il commença à réfléchir à son plan… Qu’il commença à réfléchir à la façon dont il étancherait cette soif.

Logue town – 1623

Ce fameux jour était arrivé. Désormais âgé de quatorze ans, le jeune Asakura avait fait de Logue town son fief. Il connaissait chaque ruelle, les mieux famées et les autres. Ayant réussi à fuir ce système de placement en foyers, il était maintenant le seul responsable de ses actes. Une décision pouvant être à double tranchant mais lui apportant une liberté sans pareille !

Déambulant dans ses habits amples, il portait désormais son large sourire sur le visage. Rien ne semblait le perturber et tout semblait insignifiant à ses yeux tant son sourire était constant. Mais aujourd’hui, il serait finalement sincère ! Car il l’avait trouvé, ce fameux garçon qu’il avait tant cherché. Tapi dans l’ombre, Ten attendait son heure. Cela faisait désormais plusieurs minutes qu’il le suivait à la trace, à la recherche de la moindre opportunité. Et tandis que la cible tournait vers la place centrale, l’Asakura réalisa que c’était le moment d’agir !

Sautant agilement et sans faire trop de bruit, il se retrouva alors devant l’homme tenant un sachet de provision dans la main et une sucette dans l’autre. Ses yeux ronds et son air béat laissaient alors penser qu’il n’avait aucune idée de qui se trouvait en face de lui. Ten, quant à lui, ne se débarrassa pas avec des paroles inutiles et se mit directement en mouvements. Il n’était pas de ceux qui en faisaient des caisses, mais plutôt de ceux qui se trouvaient être efficaces !

D’un coup finement maîtrisa, il trancha alors l’air avant de rencontrer une légère résistance. Enfin, rassurez-vous, rien qui ne puisse résister à la lame affûtée qu’il possédait. Ainsi, les pommes contenues dans le sac en plastique roulèrent sur le sol, accompagnées d’un bruit sourd. L’homme venait de tomber à genoux par terre, se tenant l’abdomen. Mais un liquide chaud en coulait, prenant peu à peu les forces qui l’animaient généralement. Mais malheureusement pour lui, ce n’était pas tout. Car, se tenant au-dessus de lui, Ten le regardait avec son sourire habituel mais des yeux qui eux ; ne riaient pas du tout. Et sans un mot, il termina alors son travail, tranchant la carotide du pauvre homme qui était sorti faire ses courses dans le froid de Logue town.

Royaume de Drum – 1628

Nous voilà désormais au présent ! Vous vous demandez sûrement pourquoi Ten avait agi de manière si brutale et directe alors qu’en général il préférait dérober les plus vieux, les plus faibles et ceux qui risquaient de ne jamais le reconnaître. Mais surtout, pourquoi vivre désormais sur cette maudite île qui habitait le Royaume de Drum ? Les hivers y étaient les pires, mais pourtant l’Asakura s’y sentait bien. Il y trouvait une sorte d’apaisement, le froid aidant.

Car l’homme qu’il avait tué à Logue town il y avait déjà cinq années de cela n’était autre que le rejeton du coupable de la mort de ses parents. Il avait alors payé le prix fort pour les actes de son père, délivrant alors Ten de chaînes qui semblaient le retenir dans cette cité pourrie qu’était Logue town. Une fois son travail effectué il avait beaucoup voyagé, rejoignant des pavillons pirates tous plus quelconques les uns que les autres ; cherchant un but à sa vie.

Et finalement, quelques mois plus tard, tout prit son sens. Il comprit ce pour quoi il était déstiné. Il n’était pas un grand navigateur, n’avait clairement pas l’âme d’un Marine et ne pouvait pas blairer les chasseurs de primes. Non, lui, ce qu’il voulait faire, c’était pouvoir agir tel qu’il le voulait, en toute impunité. Ce fut pourquoi il s’était apparenté aux pirates, tout en prenant bien soin de tous les dérober une fois qu’il s’était servi d’eux.

Le dernier équipage venait d’amarrer au Royaume de Drum et devait recharger le log pose pendant un certain temps. Toujours armé de son sourire, Ten posa alors pied à terre et commença à déambuler au sein des rues de la ville. Ici vivaient des créatures à ce que l’on racontait, chose qui ne manquait pas de l’amuser. Cherchant les histoires locales, il ne pouvait s’empêcher de dérober quelques objets par ci par là, tout en restant souriait comme toujours. Qui irait le suspecter, franchement ?

Et tandis qu’il continuait ses petites affaires, il se dit alors qu’il en avait marre de ces petits larcins. Cela ne l’amusait plus vraiment. Il voulait désormais passer à la vitesse supérieure.

Il était temps de s’attaquer à de vrais pirates !