Un larcin particulier

- On se les gèle hein Matsu ?

Dit avec un grand sourire Ten à son camarade de voyage. Cela faisait maintenant près de deux semaines qu’ils avaient quitté la petite île sur laquelle ils s’étaient rencontrés, voguant à travers les océans pour rejoindre le Royaume de Drum. Deux longues semaines durant lesquelles Ten avait montré patte blanche aux membres de l’équipage qui avaient bien voulu le prendre à leur bord. Lui, il n’avait tout simplement pas vraiment d’attaches. Il voguait sur les océans au rythme de ses aventures, et surtout au rythme imposé par les différents vols qu’il commettait.

Cette fois, ce fut sur un navire marchant qu’il embarqua. D’honnêtes marchands qui cherchaient à rejoindre le Royaume de Drum pour vendre le lot de viande qu’ils avaient en soute. En soit, rien de bien louche. Rien de louche, sauf la venue d’un matelot surprise, celui que personne n’attendait mais qui avait réussi à se faire inviter contre une bonne quantité de berrys.


Posant un pied à terre, Ten ne put s’empêcher de faire une grimace. Lui qui, d’ordinaire, ne quittait jamais son fameux sourire. Ce froid n’était pas des plus agréables, et il fallait dire qu’il n’était pas spécialement vêtu en conséquence. Mais bon, avant de poser pied à terre, Ten étant Ten, il n’avait pas oublié de faire le tour des différents quartiers pour voir s’il ne pouvait pas trouver de quoi subvenir à ses besoins. La récolte ne fut cependant pas fameuse, seule une poignée de berrys qui suffiraient à peine pour lui payer sa cape d’hiver.

Direction donc le premier magasin qu’il pouvait trouver. En entrant, il ne dérogea pas à sa règle habituelle et adressa son plus beau et innocent ; … ; sourire à la vendeuse qui le saluait d’une formule de politesse qu’elle devait sûrement répéter de nombreuses fois. Il trouva une cape de voyage blanche de bonne facture et décida d’y investir tous les berrys qu’il venait de subtiliser à ses anciens compagnons de voyage. Il rajouta même quelques berrys en guise d’avance pour la demande qu’il allait formuler.

- Merci beaucoup. D’ailleurs, je suis à la recherche d’informations… Sauriez-vous par hasard me guider dans la ville pour la découvrir ? Je ne suis qu’un humble civil de passage avec mon frère marchand. Ne connaissant pas les lieux, il me faudrait une petite visite si cela ne vous dérange pas.

Les yeux rieurs, le ton innocent et le sourire toujours omniprésent, Ten jouait de son innocence auprès de cette quadragénaire qui semblait trouver la demande « mignonne » selon ses mots et qui accepta de lui faire faire un tour une fois son service terminé.

L’Asakura n’eut pas à attendre bien longtemps et il emboîta ensuite le pas de la femme qui lui fit faire le tour des principaux quartiers de Bighorn. Il fallait dire que cette ville était immense et sans sa guide, Ten aurait sûrement pris du temps à se repérer. Elle lui conseilla un hôtel assez cher, mais il en avait les moyens. Puis, en finissant, après qu’il ait réservé sa chambre elle lui proposa d’aller boire un verre de vin chaud dans la taverne la plus réputée du coin, elle invitait !

Ravi de cette proposition, Ten la suivit alors jusqu’à cette fameuse taverne et lorsqu’ils pénétrèrent dedans, il s’aperçut que le plafond était très haut. Il comprit très vite pourquoi, car non lui du bar se tenaient une bande de trois géants, assis à une table mais faisant encore la taille de plusieurs hommes. Son sourire s’agrandit lorsqu’il vit leurs uniformes de Marine. Les saluant d’un signe de la tête ; comme le fit la femme qui le précédait ; il alla passer sa commande lorsqu’il entendit l’un des géants dire ces quelques mots à ses congénaires.

- … pour l’instant la lame est en sécurité dans une de nos planques de Gyasta mais je pars la récupérer dans … […] … sera avec moi et il n’y devrait pas y avoir de problème […] à ce qu’on dit elle est d’un rouge magnifique !

Et tandis qu’il récupérait son breuvage et s’éloignait en compagnie de son guide, le sourire de Ten n’en fut qu’accentué et une petite lueur fut alors perceptible dans ses yeux… Il savait quelle serait sa future destination !

Son sourire ne le quitta pas de l’heure qui suivit. Occupé à échanger des banalités avec la quadragénaire l’ayant gentiment invité à boire un vin chaud, le jeune voleur ne pouvait détourner son attention de la conversation des géants se trouvant un peu plus loin. Malheureusement, il ne réussit pas à capter plus d’informations que ce qu’il avait entendu lorsqu’ils étaient arrivés dans le bar. Et tandis que la femme en face de lui voyait bien qu’il était ailleurs, il s’excusa poliment avant de quitter l’endroit que les géants avaient déjà déserté depuis plusieurs minutes.

- Désolé, je ne suis pas des plus agréables. Je crois que je vais rentrer, je pense que j’ai attrapé froid…

Après quelques excuses bien senties, il s’en alla donc de ce lieu dont la chaleur avait fait rosir ses joues. Il prit immédiatement la direction de l’hôtel qu’on lui avait conseillé et se dégota une chambre dans laquelle il alla derechef et s’allongea sur le lit ; les bras étendus, le regard fixé sur le plafond.

- Une lame d’une couleur majestueuse… Un trésor protégé par un géant de la Marine… Pfiouuuu !

Il en riait presque, trouvant la situation aussi excitante qu’insensée. Ten, qui avait toujours tout fait pour rester sous le radar, se prenait à rêver à une lame qui mettrait une cible sur sa tête à chaque instant. Il était, à l’instant même, en train de s’imaginer avec cette fameuse lame à la ceinture.



N’ayant pas dormi de la nuit, Ten passa son temps à se renseigner sur les moyens d’accéder à la ville de Gyasta. Apparemment, ce n’était pas la porte à côté et il fallait emprunter un moyen de transport pour s’y rendre ; du moins c’était fortement conseillé. Il avait donc deux options, soit le téléphérique ; auquel il ne faisait aucune confiance, avouons-le ; ou sinon le Dalton Express.

Seulement, il ne pouvait se permettre de choisir de son propre chef. Car il n’avait pas encore assez d’informations pour déterminer l’endroit exact de ce trésor. Et il ne savait clairement pas comment il allait se débrouiller pour dérober cette lame si belle au nez et à la barbe de ce géant qui semblait en charge de la ramener. Ce fut donc pourquoi il se décida à acheter 2 tickets, un pour le Dalton Express et l’autre pour le téléphérique. Ainsi, il aurait juste à attendre de voir quel moyen de transport serait utilisé par le géant pour s’y rendre.



Ce fut donc le téléphérique, évidemment.

Bien qu’il n’ait pas une énorme confiance dans le mécanisme ; surtout avec un géant à bord ; Ten ne pipa mot et s’installa dans la même cabine que le Marine. Ce dernier avait bien failli lui échapper, mais il avait finalement réussi à se hisser in-extremis dans la même cabine. Il ne fallait pas le lâcher d’une semelle, du moins pour le moment.

Silencieux, Ten avait salué les autres passagers de la cabine d’un signe de la tête et gardait toujours son fameux sourire. Il regardait par la fenêtre et semblait s’amuser d’un peu tout. C’était clairement le jeu de rôle qu’il aimait bien continuer à alimenter au fil de ses aventures. En agissant ainsi, il avait noté que les autres avaient plutôt tendance à lui faire confiance, ce qui arrangeait clairement ses affaires ! Et tandis que la cabine prenait son « envol », le jeune voleur passa la majeure partie du trajet à contempler les paysages enneigés du Royaume de Drum et les différentes manifestations de la faune et de la flore du pays… Le tout en rêvant de cette fameuse dont il n’arrivait décidément pas à détacher son attention.

- Jolie forêt n’est-ce pas ?

Annonça le géant à Ten lorsqu’il remarqua que ce dernier semblait fasciné par le lieu au-dessus duquel ils passaient.

- On y trouve les meilleurs champignons du Royaume de Drum. Je te les conseille si jamais tu cherches à impressionner tes proches lors d’un repas ! Accompagnés d’herbe et de légumes du potager, et tu auras là un repas de champion !

Euh… Et la viande mec ? Un géant comme lui ne mangeait donc pas de viande ? Cela étonna Ten, mais il ne dit mot et tourna son attention vers le géant de la Marine, son éternel sourire un peu plus large que d’habitude.

- Oh c’est gentil, je me le note pour le futur ! Je vois que vous êtes un membre de la Marine ! Vous êtes impressionnant monsieur, je n’avais jamais vu de géant avant…

Complètement faux… Mais on y reviendra dans une autre aventure.

- Je m’appelle Sobito, je viens d’arriver sur l’île et on m’a conseillé de visiter Gyasta. Vous y allez souvent vous ?
- Enchanté Sobito, je m’appelle Gunvor, mais tu peux m’appeler Timide. Eh bien non, à vrai dire j’y vais pour une mission spéciale. Mais dans mes souvenirs, cette ville possède un charme particulier !

Répondit le géant en dévoilant une rangée de dents énormes, comme s’il voulait faire un sourire. Cela donnait plutôt l’effet inverse, mais l’habitude faisait que Ten pouvait maintenir son sourire et ses yeux rieurs, faisant de ce dernier quelque chose de sincère et d’amical.

Une mission spéciale hein ? Les yeux de l’Asakura brillaient désormais d’une intensité étrange, d’une avidité sans fond.

Le reste du voyage se déroula plutôt bien, le géant et Ten échangeant quelques banalités. L’Asakura put alors découvrir que celui qui se faisait appeler « Timide » ne l’était pas du tout. Et la hache qu’il portait à la ceinture prouvait qu’il n’était clairement pas à prendre à la légère. Bien que gentil dans le fond, le géant s’offusquerait sûrement s’il se rendait compte que son compagnon de trajet avait pour objectif de voler le trésor qu’il était allé chercher dans le cadre de sa mission.

M’enfin, Ten n’avait pour l’instant pas de plan particulièrement défini, il se devait juste de rentrer dans les bonnes grâces de son interlocuteur en se montrant le plus courtois et poli possible. Son sourire aidant, Ten n’eut alors aucun mal à se faire bien voir de par sa politesse et son apparence gentille et innocente. Et Gunvor semblait tomber dans le panneau car une fois le téléphérique arrivé, il prononça ces quelques paroles avant de prendre la direction de son hôtel, la nuit étant déjà tombée.

- Ce fut un plaisir de te rencontrer Sobito-kun. J’espère que tu sauras profiter de cette ville comme elle le mérite ! Je te souhaite bon vent, et n’hésite pas à venir me voir si l’envie te dit de t’engager comme Marine un jour…

Finit-il sur une note humoristique, dévoilant une nouvelle fois la rangée de dents immondes qui peuplait sa bouche.

- Je n’y manquerai pas Gunvor. Merci d’avoir partagé votre connaissance de la région et bon courage pour votre mission, j’espère qu’elle sera une réussite !

Tu parles…


En sortant, le jeune voleur resta un peu devant l’établissement d’où sortaient les téléphériques. Il faisait mine de contempler le paysage, mais gardait surtout un œil sur Gunvor. Mais ce dernier ne fit rien d’autre que de prendre la direction de l’hôtel dans lequel il allait séjourner. Il fallait dire qu’il n’y en avait pas 10 000 qui pouvaient se targuer de pouvoir accueillir des géants et d’avoir des meubles adaptés.

Ten, quant à lui, trouva une pièce miteuse dans l’hôtel se trouvant non loin. Il n’était pas confortable, ne proposait pas les services auxquels l’Asakura était habitué, mais il avait le mérite de se trouver sur la rue principale et avec une vision sur l’hôtel de Timide. Ainsi, il serait sûr de ne pas le louper lorsque ce dernier prendrait la direction de sa « mission ».



Assis sur son lit, le jeune garçon repassait alors en revue ses différentes options. Il en voyait plusieurs et aucune ne lui convenait totalement. La première serait de demander à Timide de l’emmener avec lui. Cependant, ils n’avaient pas encore assez échangé et le géant refuserait sûrement poliment. Mais il serait sur ses gardes par la suite.

La seconde était de faire semblant de prendre la même direction que lui et de ne pas être discret. Cela pourrait marcher s’il jouait correctement la comédie. Mais encore une fois, Timide pourrait devenir suspicieux. Ten ne le connaissait pas assez pour être sûr qu’il ne se doute de rien.

La troisième, et dernière, option qu’il avait en tête était de jouer sur un terrain qu’il connaissait bien. Celui de la furtivité. De par son expérience et ses années passées à détrousser nombre de malfrats, Ten était devenu très discret dans ses déplacements et dans sa façon de se déplacer. Ainsi, il pourrait essayer de filer en douce le géant, en priant pour qu’une fenêtre de tir lui soit présentée…

Car une chose était sûre, il n’avait aucune envie de goûter à cette hache que trimballait le géant de la Marine !

Ce qui nous amena donc au lendemain matin.

Après une courte nuit, il fallait l’avouer, le jeune garçon aux cheveux cendrés avait finalement élaboré un plan. Il savait qu’il n’était pas parfait. Il savait qu’il comportait des risques inconsidérés. Il savait que sa puissance actuelle ne lui permettrait sûrement pas de rivaliser avec celui qui se faisait appeler « Timide ».

Et pourtant. Le voici désormais sur les traces de Gunvor. Le géant, ne souhaitant certainement pas attirer l’attention, était parti avant même que les premiers rayons du soleil ne viennent caresser la peau des habitants de cette région reculée du Royaume de Drum. Son impressionnante hache attachée à sa ceinture, une lampe au bout du bras il prenait la direction du lac gelé.

Ten, quant à lui, était sorti aussi discrètement que possible de son propre hôtel et avait commencé à suivre le géant. Il ne savait pas vraiment comment il allait s’y prendre, mais il savait que la première étape était de découvrir où se trouvait cette fameuse lame. Afin de le découvrir, il avait donc décidé de suivre Gunvor tout en gardant une très bonne distance entre eux ; chose pas très difficile grâce à la lumière que produisait sa lame à huile. Tout comme ses traces de pas typiques aux géants.

Il fallait l’avouer, Ten devait hâter le pas et il ne voyait pas vraiment où il mettait les pieds. Ne souhaitant pas mettre en alerte le géant, il n’avait pas allumé sa propre lampe à huile et se contentait de sa mémoire pour ne pas tomber dans un trou ou ne pas se faire attraper par une branche qui traînait dans le coin.

- Bon… Il en a encore pour combien de temps là… ?

Maugréant sur le chemin, Ten commençait à avoir le bout des doigts de pieds gelé. Il commençait à s’impatienter tandis que le ciel devenait de plus en plus clair, annonçant que la journée n’allait pas tarder à commencer pour la plupart des habitants du pays de Drum.

Par chance, ou par opportunité de celui étant en train d’écrire, il semblait que le géant ait enfin atteint le lieu qu’il recherchait. Car la lumière de la lampe s’était estompée tandis que le géant avait atteint sa destination, aux pieds d’une petite colline. Ten prit quelques minutes à rejoindre le repaire dans lequel Gunvor venait de s’enfoncer. Là où les traces de pas disparaissaient, Ten put apercevoir une grande porte entrouverte, menant vers un tunnel d’où on pouvait percevoir de la lumière au bout.

Prenant son courage à deux mains, le jeune voleur pénétra à son tour et s’avança le long du tunnel pour arriver jusqu’à la source de la lumière. Une petite salle baignée de lumière, dans laquelle on pouvait voir des ombres bouger au rythme des mouvements des deux personnes se trouvant à l’intérieur.

- … Merci Oba, je te revaudrai ça ! Tiens, d’ailleurs, tu m’indiques où sont les toilettes ? J’ai besoin de vidanger la bière d’hier soir… Si tu vois ce que je veux dire, ha ha ha… !

Classe…

Mais au moins, c’était l’occasion qu’attendait notre jeune voleur. Le moment où il devait se mettre en action. L’occasion de prouver qu’il avait ça en lui, qu’il n’était pas qu’un voleur de pacotille… Le moment de prouver sa valeur, et de dérober un objet d’une valeur encore plus grande !

Tandis qu’il entendait la porte claquer, il savait que c’était le moment. Il n’aurait pas d’autres occasions, il ne pourrait pas vraiment la subtiliser une fois en possession du géant… Il était donc impératif qu’il n’agisse que maintenant, car ensuite il aurait loupé sa fenêtre de tir.

Prenant son courage à deux mains, le jeune voleur se mit alors en action. Usant de ses capacités en tant que voleur expérimenté, il réussit alors à se faufiler dans la pièce sans se faire remarquer. D’un pas feutré, il pénétra alors en pleine lumière, remarquant alors qu’Oba n’était qu’une petite vieille assise dans un fauteuil à l’aspect miteux.

Ten sourit alors encore plus largement, il se dit qu’elle ne serait pas un problème au cas où il aurait besoin d’en venir aux mains avant que le géant ne revienne. Et c’est ce qui le décida alors d’agir à découvert, il n’avait pas vraiment le temps de rester discret, il se devait d’agir dans un laps de temps inconnu, mais qui était sûrement très court.

- Désolé l’ancienne…

Soupira-t-il tandis qu’il passait devant elle tout en la bousculant, la faisant alors tomber en arrière. Il ne se retourna même pas, préférant se concentrer sur la lame qu’il avait vu dans le sac du géant à côté du fauteuil. Il ne prit pas le temps de vérifier le contenu du sac et s’en saisit et tenta alors de le balancer au-dessus de l’épaule.

Grave erreur. Il n’avait clairement pas la même force qu’un géant et se ramassa donc à la renverse immédiatement. Grommelant, il se releva cependant aussi vite qu’il le put et ouvrit le sac. Se saisissant de la lame et de quelques liasses de berries, le jeune voleur tenta alors de prendre la poudre d’escampette tandis que la chasse d’eau se faisait entendre.

- Tu ne bougeras pas d’ici sale voleur !

Oba venait d’attraper Ten au niveau de sa cheville gauche. Bien qu’à terre, la vieille peau ne semblait pas vouloir le laisser partir avec le butin qu’elle venait de rendre au géant de la Marine. Sans doute craignait-elle qu’il l’associe avec elle et en fasse alors une criminelle alors qu’elle cherchait à avoir l’approbation de la Marine.

- Lâche-moi vieille peau !

Fit-il en tentant de se détacher de l’emprise d’Oba. Mais elle avait plus de mordant qu’on aurait pu le croire car il n’arrivait pas à bouger sa jambe gauche. Il commençait à sentir les griffes s’insérer dans sa chair, le tailladant toujours plus profondément alors que la porte des toilettes était désormais ouverte et que le géant passait par l’entrebâillement de la porte ; levant alors les yeux sur la scène qui se déroulait.

- Oba .. ?

Il ne comprenait pas ce qui se passait, mais ses yeux étaient désormais portés sur le jeune voleur, qu’il reconnut alors directement.

- Toi !

Son visage trahit alors la colère qui s’emparait de lui tandis qu’il commençait à détacher sa hache de sa ceinture. Le sang monta alors aux tempes de notre jeune voleur qui se dit qu’il fallait qu’il parte dès maintenant. Usant du peu de force qu’il avait, il envoya alors un coup de pied en pleine figure d’Oba qui lâcha alors son emprise sur le jeune garçon.

Désormais libéré, il se précipita alors vers le tunnel et se mit alors à courir à grandes enjambées. Il était bientôt arrivé au niveau de la sortie, après le petit tunnel, lorsqu’il entendit un siffflement au niveau de son oreille. Le tout accompagné par une énorme hache qui vint se planter dans la pierre devant lui.

Il venait d’échapper à la décapitation… Mais pour combien de temps ?!

Entraîné, bien malgré lui, dans une course face au voleur, le géant ne se retenait pas et ses pas lourds faisaient trembler le sol à chaque impact. Il n’était pas des plus agiles, mais ses grands pas permettaient de couvrir une large distance tandis que Ten devait s’employer à plusieurs mini pas pour tenir la cadence.

D’ailleurs, c’était lui qui imposait son rythme. Bien sûr, il n’était pas un habitué de l’environnement et le jour étant désormais levé, il était difficile de passer inaperçu. Surtout lorsqu’un géant de la Marine vous collait au basque, hurlant à tue-tête des injures envers le voleur, qu’il croyait connaître sous le nom de Sobito.

- Sobito, je te jure que ma hache se délectera de tes entrailles une fois que j’en aurai fini avec toi… !

Lâcha-t-il entre deux respirations tandis que Ten sautait une barrière en bois et s’enfonçait dans la forêt en direction de Gyasta. Peu de distance les séparait de la ville, mais Ten fit quelques détours plutôt que de se rendre directement dans la cité. Déjà, il avait bon espoir de pouvoir semer le géant dans la forêt luxuriante se trouvant à côté, espérant qu’il se prenne une ou deux branches solidement fixée(s) à un arbre.

Mais c’était peine perdue, il se rendit alors compte qu’il ne serait pas capable de le semer ainsi, il faudrait alors ruser d’avantage. Chose pour laquelle il accéléra le pas, donnant les quelques forces qu’il lui restait dans la course afin de mettre le plus d’écart entre lui et le géant. Surtout qu’ils arrivaient aux abords de la ville, il était donc important pour que son plan fonctionne qu’il ait une petite longueur d’avance.

Il réussit, après avoir dépensé pas mal d’énergie, à avoir une bonne longueur d’avance au moment d’arriver dans la ville. Moment dont il profita pour sortir la nouvelle lame qu’il venait de faucher et attacher le fourreau à sa ceinture. Une fois fait, il dégaina la lame et se fraya alors un chemin en pleine ville alors que les habitants les moins bien réveillés purent alors simplement voir un flash rouge devant leurs yeux.

D’ailleurs, un maître d’hôtel ; celui où avait séjourné Ten ; l’aperçut et se rendit alors compte qu’il courrait dans la rue sans avoir réglé sa chambre. Il tenta alors de s’interposer en lui faisant barrage avec son corps et son air grognon.

- Arrêtez-vous jeune homme, vous me devez au moins …

Il n’eut alors pas le loisir de finir sa phrase, car Ten venait de le dépasser. Sa lame était désormais empruntée d’une couleur toujours aussi rouge, mais légèrement plus terne. Un filet de sang coulait le long de cette dernière et marquait alors l’itinéraire que le jeune voleur empruntait… Il se dirigeait vers le Dalton Express !

Mais désormais, il se retrouvait coincé, pouvant être pisté par le plus bête des chasseurs à cause du sang qu’il avait fait verser. Les cris du maître d’hôtel alertèrent alors les autres habitants qui s’écartèrent du chemin de l’Asakura tout en le regardant avec peur et indignation. C’était là l’occasion qu’il lui fallait !

Il fit donc un virage en épingle pour rejoindre une rue beaucoup moins fréquentée tout en s’assurant d’essuyer sa lame avec l’intérieur de sa cape de voyage. Ainsi, plus de goutte de sang ne coulerait de la lame baptisée Phénix ; ainsi, il redeviendrait le fantôme qu’il avait toujours été.

- Bien, il faut faire vite maintenant…

Murmura-t-il tandis que le géant venait de passer devant lui, courant à en perdre haleine vers le Dalton Express pour sans doute tenter de l’arrêter. Ten, quant à lui, prit une rue parallèle et se dirigea à grands pas vers le téléphérique. Il savait qu’il prenait des risques de se faire reconnaître, des risques d’avoir un comité d’accueil à l’arrivée… Mais c’était le meilleur plan qu’il avait pu élaborer.

Et ce fut donc un soulagement pour lui lorsqu’il arriva dans la cabine du téléphérique où se trouvaient un vieux monsieur et une petite fille. Ten les salua de son sourire habituel avant de prendre place sur la banquette, tandis que la cabine commençait à se faire tracter… Direction Bighorn !

- Pfiou… C’était pas simple.

Soupira-t-il tout en observant Phénix, sa nouvelle lame qu’il tenait encore dans ses mains… A la grande peur de la petite fille qui était aux bords des larmes ; et du grand-père qui serrait l’enfant contre lui pour tenter de la rassurer.

- Oups, vous avez pris la mauvaise cabine.

Annonça le voleur avec un sourire et des yeux perçants.