Présentation Yubel

Bourrue...

L'air farouche, le visage fermé, le corps cabossé presque voûté... La faute à un travail acharné depuis l'enfance, tu montres une carrure impressionnante mais peu élégante, aussi rustre que le bruit métallique des machines qui s'entrechoquent. Grande, massive, d'une musculature forgée par l'effort, trempée par la sueur, tu pourrais toiser le monde de ton regard incandescent si tu n'étais pas occupée à fixer le sol, à supporter cette tête pleine de rancœur, de noirceur.

Chevelure flamboyante, personnification du chaos, elle rajoute à ton tout une hauteur supplémentaire, t'enlevant toute possibilité de passer inaperçu. Tes yeux reflètent la même idée, brillant d'un feu qui n'aurait su s'éteindre qu'à ta mort, d'un jaune rappelant la lumière pesant du soleil perçant les cieux. Il est compliqué de te regarder sans te dévisager, même dans un monde aux milles et une horreur génétique, tu parais bien différente, unique. Un mix étrange entre la fierté et l'abandon, la colère et la tristesse.

Ta peau d'ébène quant à elle ne fait que mettre en évidence ton corps sculpté pour l'effort. Véritable bête de charge, l'on ne t'a modelé que pour servir, que pour faire preuve d'une endurance à toutes épreuves au détriment du reste. L'on y décerne alors plusieurs cicatrices dû à des maladresses de jeunesses, aux coups d'un père pour te motiver, te dépasser à son bon profit.

Un travailleur modèle pour la grande île de Zaun, à qui l'on a enlevé la volonté de réfléchir pour l'empêcher de se plaindre, de rechigner à la tâche.

Pas brisée, mais jamais vraiment construite, ta démarche manque d'assurance, de vie. Tu essayes de croquer la vie sans prendre le risque de la savourer, et cela se reflète dans ta conduite de tout les jours. Voix cassées au même titre que le reste, elle se perd dans un écho distordu entre le grave et l'aigu, sans aucune once de raffinée, de grâce. Ta tenue quant à elle est souvent sale, d'un tissu juste assez robuste pour ne pas s'effondrer avant toi sous le poids de tes efforts.

En bref, il n'y a que peu de féminité en toi, voir même d'humanité. Les plus malsains voient en toi une mule et à juste titre, un bœuf traînant constamment le poids de son amertume sur son dos, seule charge que tu n'as jamais vraiment su supporter.

Rêveuse débutante...

Songeuse éveillée, qui n'a apprit qu'à espérer que depuis quelques mois. Autrefois esclave de ta propre inertie, tu as su briser quelques unes de tes chaînes mentales pour oser fixer l'horizon, prétendre pouvoir un jour le percer et trépasser les limites que l'on a établit à ta place.

Pas méchante, la frustration que tu as cumulée depuis des années te rend cependant proche de l'aigreur, parfois impulsive voir violente. Incapable d'assumer tes responsabilités dans ton malheurs, tu la reproche naturellement aux autres, comme un exutoire pour avoir à éviter de te confronter à toi même. Pleine de rancœur, tu n'en restes pas moins une personne agréable lorsqu'on se met dans tes bonnes grâces. Fidèle et loyale, encore plus qu'un animal dressé depuis l'enfance, tu ne saurait trahir ta parole même si ta vie en dépendait...

Il devient évident avec tout ça que tu ne penses que très peu à toi, ayant fait passer les aspirations des autres avant les tiennes pendant très longtemps. Même si tu te surprend à changer cela, la crainte de l'inconnue est bien présente, une peur viscérale capable de faire trembler même une grande gaillarde comme toi. Alors parfois il est préférable de baisser la tête plutôt que d'avoir à penser par soi même, mieux vaut écouter celui qui tient le bâton s'il te permet à l'arriver de manger... non ?

Travailleuse acharnée, tu fais à la fois la fierté et le désespoir de ton père, forte et plus tenace qu'une sangsue mais ayant eu le malheurs de naître du mauvais sexe. Zaun, cette terre de tout les possibles... Cependant il faut construire une montagne de corps pour oser arpenter les sommets, et il n'y a pas base plus solide que tes épaules, celle de Yubel la bonne poire.

Aujourd'hui, même si tu as osé franchir les frontières de l'interdit, à vivre par toi même, tu es évidemment encore tout ça, facilement exploitable pour des êtres malins et mal avisés. Tu te surprend cependant à sourire, à apprécier voir le monde sous des angles que tu ne connaissais même pas, à marcher sur ce sillage, avec ta maladresse, tes étourderies et ton sourire voilé...

Une âme déjà cassée avant même d'avoir pu se construire, tentant de reprendre son destin en main pour avoir à supporter les répercutions de ses propres choix.

Le libre arbitre vaut la peine de se battre pour être revendiqué.

Paradis vicié...

Pays de tout les possibles, de toutes les rêveries... Mais pour les moins prodiges, il n'y a que les cauchemars comme simple repas, qu'un buffet de tourment pour ceux voulant gravir les échelons mais n'ayant pas le talent. Pour ceux-là, ils ne restent plus que l'effort, la volonté de se tuer à la tâche pour faire partie des heureux élus... Et ceux n'ayant ni talent ni motivation se mettent alors à exploiter les esprits les plus dociles, les plus manipulables, pour galérer à leurs places...

Ainsi était l'histoire de ton père. Un homme médiocre, aux origines qui l'étaient tout autant. Prit dans les rouages de l'espoir Zaunien, l'homme s'est vu écraser par ses propres rêves, accablés par son incapacité à prendre son destin en main. Détruit, névrosé, il trempa dans quelques affaires louches qui ne le plongea qu'un peu plus loin dans son malheurs. La pollution de l'île mais aussi de son esprit, l'empêchèrent peu à peu de voir la lumière des cieux... Si seulement... Si seulement avait-il eu un peu de chance !

Et le destin frappa une nouvelle fois alors qu'au lieu d'un garçon, ce fut une fille qui vint à naître dans cet environnement vicié, putride. Tu étais le produit d'une mère malade, et d'un père détruit, dont la rancœur trouva enfin une personne plus faible mentalement que lui pour qu'il puisse se défouler sans risque.

Par la suite ton parcours fut classique, l'on te fit travailler à ton plus jeune âge dans les usines afin de rapporter le pécule au sein de la demeure familiale. Le Père celui dont tu n'avais même pas le droit de nommer le nom s'efforça de te modeler, de te meurtrir pour te débarrasser de toute innocence, de tout volonté de te rebeller. Il te fit redouter le monde, te dessina Zaun comme la seule et unique terre que tu ne verrais jamais. Il t'imposa une cage mentale toujours plus précaire afin de t'empêcher de t'épanouir pleinement, de développer une once d'indépendance.

Évoluant dans les environnements les plus chauds, les plus exténuants, tu te forgeas une carapace dur comme l'acier, bâtissant un physique à toute épreuve en échange d'un intellect diminué. L'on t'avait pas apprit à écrire ou à lire, simplement à écouter et obéir. Un être incroyablement banal en réalité, qui finirait certainement sa vie dans un effort trop grand pour lui.

Un avenir qui ravissait ton père, le seul qui récupérait les fruits de ton propre travail. Ainsi était Zaun, exploiter ou être exploité. Si l'on avait pas de talent alors il valait mieux ne pas avoir de moral en retour.

Ton destin bascula du tout au tout lorsque durant l'année 1627, l'usine où tu venais d'être affectée en tant que basse main d’œuvre vint à se faire totalement raser, engouffrée par les flammes et la tourmente du peuple. Tu n'y étais pas ce jour-là, et tu ne pus pas vraiment témoigner de ce qui s'y était passé mais tu vis en cet acte l'opportunité de toute une vie. Te ravissant aux griffes de ton père, tu ne revins jamais à la maison, profitant de l'occasion pour te faire passer pour morte dans ce même accident. Personne n'irait vérifier, personne n'irait prouver que tu n'étais pas présente ce jour-là...

De tes maigres économies sauvées des convoitises de ton paternel, tu embauchas un passeur qui t'extirpa de l'île, plongeant vers l'inconnu dans ta globalité. Sans argent, sans talent, sans connaissance... Simplement avec une volonté de changer de vie, de saisir les sommets et d'en faire tiens !