Eden Ueno, l'étoile montante.

" Très bien Monsieur Ueno, dans un premier temps, nous allons procéder à quelques examens physiques, histoire de pouvoir remplir votre dossier le plus précisément possible. Veuillez vous avancer vers la balance, dans un premier temps, nous prendrons vos mesures dans un second temps. "

J'avançais donc calmement jusqu'à l'endroit présenté par l'examinateur, quelque peu gêné par le fait qu'on m'eut retiré mon pantalon, je ne pouvais décemment pas mettre mes mains dans quelconque poches, et le fait de me trouver aussi peu vêtu, quand bien même c'eut été face à un professionnel, me mettait quelque peu mal à l'aise. J'avançais pourtant d'un pas décidé, et finissait par poser les pieds sur la balance.

Le docteur revenait alors à mon niveau, et une fois le chiffre de soixante-quinze kilos stabilisé, celui-ci griffonnait sur son carnet, rapidement, avant de relever le nez, et de m'indiquer le mètre se trouvant à proximité. Je descendais donc de la pesée, et poursuivait mon bonhomme de chemin dans cette salle blanche, entièrement faite de marbres, ou du moins c'est ce qu'il me semblait. Ma silhouette se reflétait sur le dallage, ma peau s'avérant quelque peu plus foncée que la couleur du marbre blanc, sans pour autant trop dénoter.

J'arrivais finalement au niveau du mètre, venait à caller mon dos contre le mur froid, pas spécialement dérangé par l'écart de température, et positionnait mes pieds de sorte à ce qu'ils soient perpendiculaire à celui-ci, le mur. Je relevais un peu la tête, moi qui avait pour habitude de la baisser quelque peu, généralement pour passer un peu plus inaperçu, et je regardais alors au loin, tandis que le médecin venait à abaisser le pieds.. la petite partie de bois qui pouvait être déplacé le long du mètre de sorte à prendre la mesure exacte.

" Un mètre quatre-vingt, ma foi, c'est noté. "

Celui-ci se remettait donc à avancer, vers quelques machines d'exercices de base, et il m'indiquait alors le tapis de course, dans un premier temps. Je le suivais rapidement, et venait à me poser sur celui-ci, avant de laisser les rouages commencer à tourner et de démarrer la course. Je me mettais à courir après quelques secondes, mes jambes étant assez longues pour palier à la vitesse en augmentant l'écart entre les pas avant ça.

Je n'étais pas le meilleur à la course, à vrai dire, je n'étais pas un poids plume, ni un mastodonte, d'ailleurs, et ma musculature relativement développée, ou du moins équilibrée, me permettait une efficacité claire, ou en tout cas, clairement suffisante pour les exercices demandés.

La batterie d'exercices physiques passés, mon corps quelque peu suant, le poil humide si on put le dire ainsi, notamment au niveau du torse, des bras et des jambes, étant dépourvu de pilosité faciale, le médecin venait à me tendre une serviette, et je me séchais alors tandis qu'il griffonnait de nouveau sur sa feuille, l'œil attentif.

" Voyons voir, dentition parfaite si ce n'est des canines quelques peu développées, les yeux noisettes, soit un mélange de brun et de vert, et les cheveux bruns -

- Châtains. " répondais je de ma voix grave, quoiqu'assez peu portante si je ne forçais pas tant dessus.

" Châtains. "

Avait-il repris, alors, semblant rayer quelque chose dans son carnet avant de gribouiller à nouveau. Par la suite, il m'indiquait les vêtements que j'avais laissé sur une chaise. Des vêtements sommes toutes assez basique, qui consistaient en une chemise blanche, sous un manteau foncé aux teintes bleutées, ainsi qu'un pantalon, et une casquette dans les mêmes tons. Je prenais soin de trifouiller les boutons de manchettes du manteau, avant de terminer  par nouer les lacets de mes chaussures, relativement classieuses. Finalement, je venais à récupérer ma montre à gousset, sur la table, avant de la glisser dans la poche supérieure droite de mon manteau. Le docteur terminait, lui, en venant m'ouvrir la porte de la salle.

" Vous avez des douches, au fond du couloir, si vous souhaitez en prendre plutôt que de vous contenter des serviettes. Vous retrouverez mon collègue demain, pour les tests psychologiques, mais je gage qu'on vous a déjà donné les renseignements nécessaires.

- En effet, docteur. Bon courage à vous. "

J'inclinais quelque peu du chef, un fin sourire au coin des lèvres, avant de m'éloigner, me dirigeant vers les fameuses douches.

" Très bien Monsieur Ueno, aujourd'hui je vais vous poser quelques questions afin de dépeindre au mieux votre profil psychologique. Il est certain que vous avez déjà dû y passer, mais nous aimons tenir nos fichiers à jours.

- Aucuns problèmes ! "

Je me tenais donc là, allonger sur ce fauteuil rouge, molletonné, alors qu'un nouveau docteur se trouvait assis sur une chaise, derrière le dossier de mon propre fauteuil, un calepin à la main comme son prédécesseur des tests physiques. Je venais à poser les mains sur mon ventre, un fin sourire aux lèvres. Ce n'était pas la première fois que je passais par là, et même si les tests psychologiques pour entrer dans la Marine étaient plus light, je n'étais pas effrayé par cette nouvelle épreuve qui ne tarda pas à débuter.

" Vous vous appelez donc Eden Ueno, vous avez vingt-cinq ans. Vous avez gravis les échelons de la Marine jusqu'au grade de Commandant, ou il a finalement été décidé que vous seriez transféré au Cipher Pol, ceci collant mieux avec votre profil. C'est ça ?

- C'est juste, en effet. J'ai été remarqué par des formateurs du Cipher Pol qui m'ont ensuite contactés pour me faire cette proposition.

- Et comment vivez vous ce changement, en ce cas ? Vous est-il bénéfique, selon vous ? Peut-être voyez vous ça d'un mauvais œil ?

- Plutôt bien, je dois dire ! Si ils ont jugés que je serais davantage utiles au sein de l'organisation, alors je leur fais confiance. La vie de marine promettait d'être palpitante et pleines de rebondissements, mais je gage que celle de membre du Cipher Pol ne l'est pas moins.

J'haussais quelque peu les épaules. Il m'était relativement égal d'être dans la Marine ou au Cipher Pol, à vrai dire. J'avais choisi de m'enrôler pour faire la fierté de mes parents, et tant que je ne dérogerais pas du droit chemin, je savais qu'ils ne m'en voudraient pas, peu importe la Marine ou le Gouvernement Mondial au final, pour peu qu'on sépare vraiment les deux.

" Bien, bien. Et selon vous, qu'est-ce qui a amené la hiérarchie à prendre cette décision ?

-  Je suis on ne peut plus réfléchis qu'un homme d'action, à dire vrai. Je n'aime pas me plonger dans la gueule du loup, sauf si bien évidemment la situation l'exige. J'ai toujours été relativement discret de nature, et n'aime que très peu être au devant de la scène. Je gage que c'est pour ses raisons que j'ai attiré l'attention de l'organisation ?

Le psychologue opinait simplement, tout en griffonnant dans son carnet. Il enchaînait alors :

" Et donc, poursuivons là-dessus, je vous prie. Comment vous décririez vous ? "

Je soufflais un léger rire, un brin pensif, pendant un instant.

" Question difficile, à vrai dire. Comme je l'ai dis, je suis plutôt calme et réfléchi de nature, je n'aime que peu les risques non mesurés. Je dirais ensuite que je suis relativement cultivé, assez pour connaître des choses diverses et variées, et pour passer inaperçu dans bon nombres de situations. J'ai tendance à être assez froid, aux premiers abords, mais c'est certainement par sécurité, pour ne pas me lier à n'importe qui, ou au premier venu, et m'assurer un peu de sécurité et de répit, car sinon, je pense être plutôt agréable à vivre. Je suis curieux, également, j'aime apprendre de nouvelles choses, dormir moins con, si je puis le dire ainsi, le soir.

- Mh, mh. Continuez, continuez. Qu'est-ce que vous aimez, et exécrez dans la vie, par exemple ?

- Il y a peu de choses que je n'aime pas, à vrai dire, si ce n'est le fait d'avoir les regards sur moi, par ma propre faute ou par le biais des personnes qui peuvent m'entourer et se faire remarquer. J'entretiens des rapports assez difficiles avec mon petit frère, qui est incapable de comprendre mon choix d'avoir rejoins la Marine, mais j'imagine que nous pourrons y revenir plus tard. Mis à part lui, avec qui ça cafouille un peu, j'aime ma famille, et je souhaite les rendre fiers avant tout. Après tout, ils m'ont élevés, et m'ont tout donnés pour me permettre de réussir, ça ne serait que leur renvoyer l'ascenseur.

- Bien, bien, et dans le cas où, pour une raison X ou Y, vous seriez amener à devoir neutraliser votre frère, vous en sentiriez vous capable ?

Je fronçais légèrement les sourcils à l'idée, qui ne m'avait jusque là jamais traversée l'esprit. Et pourtant, celle-ci n'était pas complètement dénuée de sens. Quand bien même j'aurais imaginé qu'ils écartent les agents d'affaires qui concerneraient les membres de leur famille, il était certain qu'il ne fallait pas faire de remous le cas échéant. C'est donc après quelques instants de réflexion, que je venais à répondre :

" Si il doit être neutralisé, alors je le neutraliserais si nécessaire. J'ai confiance en la Justice du Gouvernement Mondial, et si mon petit frère devait être d'une quelconque manière une nuisance, alors le livrer à la justice serait normal, du moins c'est ce que je crois. "

Je ne savais pas vraiment où il voulait en venir, par neutraliser, et à vrai dire, j'espérais qu'il ne voulait pas dire "tuer", car pour le coup, j'en serais clairement incapable. Même si il s'avérait très désagréable, il restait mon frère, et imaginer avoir à l'enterrer, était une idée insupportable. Je me contentais néanmoins de chasser rapidement cette idée de mon esprit, alors que l'examinateur enchérissait :

" Soit, soit. Auriez vous des choses à rajouter avant que nous passions aux exercices pratiques ? "

Je réfléchissais à nouveau, après tout, il ne servait à rien de leur cacher quoi que ce soit, car ils finiraient par le savoir bien assez tôt.

" J'aime parfois à trifouiller ma montre à gousset, c'est un simple tic, rien de bien méchant, mais si vous voulez le noter, je vous en prie. "

" Nous allons donc pouvoir passer à votre historique, M. Ueno. Je vais tâcher de m'arrêter point par point sur ce que nous savons de votre histoire, et si besoin d'éclaircissements il y a, alors, je vous poserais quelques questions. Tout cela vous va ?

- Je vous écoute, oui. "

Je n'avais rien à cacher. Depuis mes jeunes années, j'avais été un enfant et une personne plutôt sage, qui s'écartait rarement du droit chemin. Mes parents m'avaient éduqués correctement, et je n'avais jamais manqué de rien, j'avais eu accès à la culture, à divers loisirs, et à une éducation lambda, mais tout à fait correcte.

" Vous êtes donc né le 12 Juin 1603, dans un hôpital de la capitale de Bliss, Portgentil. Vous êtes le fils d'Hayate Ueno, originaire de l'île de Koneashima d'East Blue, et de sa femme, Natalia Ueno, de son nom de jeune fille Levasseur, originaire du Royaume de Bliss. Votre père occupe actuellement le poste de mécanicien sur le chantier naval Blissois, quand à votre mère, elle tient une boutique de fleurs au cœur de Portgentil. Vous avez passé toute votre scolarité, du moins de votre plus jeune âge, jusqu'à votre quinzaine d'années au sein des établissements de la capitale Blissoise, et celui était d'ailleurs plutôt prometteur.

Vous êtes présentés, au fil de vos bulletins scolaires, comme un élève discret, qui ne fait pas de vague, et qui est plutôt brillant et appliqué. Vous avez passés vos examens de fin de parcours avec brio, et ce, pour ensuite intégrer la base de la 54e division de la Marine, dès votre seizième année. "

Pour l'instant, tout était correct dans ce qui était énoncé par le psychologue. Il n'y avait rien à redire, aussi, je restais simplement allongé sur le fauteuil molletonné, écoutant attentivement la suite.

" Il est toutefois bon de noter qu'au cours de votre cinquième année, il y eut l'arrivée de votre jeune frère, Bako Ueno, qui désormais âgé de vingt ans, soit cinq ans de moins que vous, est devenu un musicien et chanteur relativement renommé sur votre île d'origine. Il appartient d'ailleurs au groupe "Saints Doom". Je me trompe ? "

Je soufflais un léger rire, quelque peu jaune, je ne pouvais pas m'en empêcher, dès que je pensais au parcours de mon frère. Il avait reçut la même éduction que moi, si ce n'est un poil plus laxiste, peut-être, et il avait donc décidé de vivre de sa passion pour la musique. C'était tout à son honneur, mais le nom de son groupe était quelque peu problématique, à vrai dire.

" Non, non, c'est bien cela. Nous avons bien essayé de lui faire comprendre, et ce à maintes reprises, que le nom de ce nouveau groupe serait peut-être un poil mal vu, mais comme souvent, hélas, il n'a rien voulu entendre.

- Très bien, très bien. Je prends bonne notes, ma foi. Cela pourrait être important, pour votre dossier. "

Oh ça, je n'en doutais guère. Il est vrai que mon petit frère n'était qu'un jeune amateur de rock, mais le nom de son groupe n'était pas anodin : " La ruine des Saints ". Il y avait de quoi tiquer, pour n'importe quel membre du gouvernement, étant donné que ce fût une appellation qui était, et l'est encore, donnée aux Dragons Célestes.

" Reprenons donc, voulez-vous. Vous avez donc intégré la Marine à l'âge de seize ans, au sein de la Cinquante-Quatrième division de Bliss. Vous avez donc été formés aux arts martiaux, à l'usage des armes, et toutes les compétences nécessaires à faire de vous un membre à part entière de la Marine, et ce pendant une année complète. Après quoi, vous avez doucement gravis les échelons en vous montrant intègre, appliqué, et en ne rechignant pas à faire de la paperasse quand cela s'avérait nécessaire.

Pas vraiment de coups d'éclats à dénoter, à vrai dire, durant vos jeunes années dans la Marine. Vous êtes exemplaires, et n'avez rien à vous reprocher, vous participez à l'arrestation de nombreuses personnes recherchées, et ne rechignez pas lorsque vous êtes appelés pour des raids au sein des Everglades. "

Il n'y avait pas grand chose à redire sur cette période, à vrai dire. Je me contentais de suivre les ordres, et ma situation me plaisait, voilà tout.

" Ce n'est que l'année dernière, que votre nom ressortira, à priori. Lors du raid de la coalition pirate qui s'en est pris au Royaume de Bliss. Vous étiez présent pour assurer la défense de l'île, sous la houlette du Colonel Godric Orbea, et avec l'assistance de la Cinquante-Troisième d'Elite. Vous étiez alors gradé en tant que Commandant, et si les pirates responsables de cet affront ont pu s'échapper, vous avez néanmoins réussit à réduire les pertes, et faire en sorte que ceux-ci ne rejoignent pas, et n'alimentent pas les Everglades de nouveaux hommes. Une opération relativement bien menée, il faut croire, après tout, vous ne faisiez qu'écouter les ordres.

- Nous avons simplement fait du mieux que nous pouvions. Le but était avant tout de limiter la casse, à ce moment là,
et c'est ce que nous avons fait, tout simplement. "

Celui-ci notait la moindre de mes réponses, après tout, elles permettaient d'apporter certains éclaircissements certainement.

" Néanmoins, et suite à ces exactions, vous avez demandé une mutation vers l'île du Karaté, au sein de la Cent Trente-deuxième division de la Marine, de sorte à pouvoir poursuivre votre entraînement dans un lieu qui vous permettrait de rencontrer des combattants de toutes trempes, plus aisément que sur l'île Blissoise. Est-ce exact ?

- C'est ça, effectivement. Même si nous pouvons considérer le raid Blissois comme une victoire de la Marine, il est certain que nous n'avons fait qu'essuyer des pots cassés, ou en tout cas les limiter, aussi, j'ai désiré approfondir mon expérience peut-être plus rapidement que ce qu'aurait pu m'apporter la Cinquante quatrième, en rejoignant la Cent Trente-deuxième et l'île du Karaté.

- Compréhensible, effectivement. C'est en forgeant que l'on devient forgeron, après tout. Enfin, c'est suite à votre arrivée sur l'île du Karaté, et votre entrée au sein du Dojo des Dragons Blancs, que vous avez été remarqué par le Cipher Pol. Vous avez suivi les enseignements de notre agent, Doragon, avant qu'il ne vous confie au bon soin de Tanko et Shibu. Vous avez eut le droit à une première série de questionnaires, et de paperasse, de sorte à vous tester, vous et votre allégeance, ce qui nous amènera finalement à notre discussion.

- C'est bien cela, oui. "

Je venais à redresser ma casquette, qui était tombé sur mon nez depuis quelques minutes maintenant, alors que la discussion allait bon train avec le personnage en charge de toute la batterie de tests que j'avais passé.

" Soit, en ce cas, j'ai toutes les informations nécessaires à la mise à jour de votre dossier. Je vous remercie pour votre coopération, Eden, et j'espère que nous nous reverrons bien assez tôt. Vous pouvez vous redresser, notre séance est terminée. Je vais faire parvenir votre dossier mis à jour aux grandes instances, et ils devraient certainement vous contacter prochainement pour un premier ordre de mission. "

Je me redressais alors, un sourire satisfait aux lèvres. La procédure pour intégrer le Cipher Pol s'avérait plutôt longue et complexe, mais c'était un organisme d'élite, après tout, et toutes les recrues n'avaient pas la trempe de devenir des agents de terrains. Je venais à serrer la main de mon interlocuteur, tout en abaissant légèrement ma casquette de l'autre, avant de finalement sortir de la salle, et d'errer dans les couloirs de marbres, dans l'attente de ma prochaine affectation.