Stage en Eaux Troubles



Stage en Eaux Troubles


Flashback – Quête Partie 1
✘ Feat. Asakura Ten




Voilà quelques heures que nous avions quittés Little Garden, bravant les dangers des eaux qui entouraient l’île préhistorique, et ses nombreux monstres des mers. Un navire normal aurait eut bien des problèmes à s’extirper d’un tel bourbier mais, mon cher Borat semblait avoir été mit au courant d’un passage plus praticable par ses congénères. Remonté à bloc, le cochon vert géant qui transportait ma maison-taverne semblait prêt à tout affronter après ce passage sur son île natale. Il avait put retrouver sa famille, et ces derniers s’étaient assurés qu’il soit en sécurité.

Ce voyage avait également été très instructif pour moi, j’y avais découvert une terre cachée, affronté pléthore de dinosaures pour tester mes capacités récemment acquises, rencontré le Grand Roi Cochon qui m’avait apprit les arcanes du haki de l’observation. Et enfin, fait la connaissance d’un jeune épéiste suffisamment brave pour avoir attiré mon attention. Le petit gars était intervenu dans mon combat, m’ayant probablement évité une déconvenue fâcheuse comme perdre un bras, voir la tête, sous les crocs immenses de la bête que nous affrontions. Et il avait perdu son équipage, je ne pouvais pas le laisser seul sur Little Garden et lui avais ainsi proposé de faire un bout de chemin ensemble.

Et, à présent, nous pouvions nous reposer, laissant la navigation au pachyderme une fois que, avec l’aide de Mirabelle et Norbert, les deux chefs tontattas, nous étions parvenus à dresser un cap en direction du Royaume de Drum. La nuit était tombée tandis que nous nous étions rassemblés dans la taverne pour fêter notre départ, levant les choppes remplies de bière et autres breuvages, tintant chaleureusement les unes contre les autres dans des tintements guillerets. Les rires s’élevaient, l’alcool coulait à flot et quelques tontattas avaient grimpés un lustre pour y chanter des chants paillards seulement acceptables en ce genre de moments. Norbert et ‘Liquor’ Jack, au bar, les accompagnèrent dans des fausses notes qui me firent grincer des dents. Eve quant à elle, était assise dans l’escalier à nous observer de ses yeux émeraudes en buvant un verre de vin rouge. La beauté sauvage nous avait rejoint peu de temps auparavant et je marchais encore sur des œufs avec elle, ne sachant trop comment me comporter.

La quittant des yeux, je rejoignis Ten à notre table après être partit nous resservir, je glissais alors la pinte devant lui, levant la mienne en affichant un grand sourire.

« À notre nouveau stagiaire ! » m’exclamais-je assez fort pour que toute la salle réponde en chœur.

« Au nouveau stagiaire ! »  

L’équipage ria aux éclats, passablement éméché. Lorsqu’ils eurent terminés leur chanson sur le thème de la biture, Norbert et ‘Liquor’ Jack nous rejoignirent, le barman déposant trois bouteilles et des verres sur la table tandis que le chef des tontattas sortait un jeu de carte pour les distribuer.

« Alors Ren, on retourne sur Drum pour retrouver les autres ? » demanda le barman en servant des verres d’un liquide ambré.

« Ouais ça va faire un moment qu’on les a pas vus. » répondis-je en m’allumant une cigarette, je fis glisser le paquet jusqu’à Jack qui s’en servit une également. « Et toi, jeune Asakura, c’est quoi tes plans une fois là-bas ? Si ça te dis, je peux te donner un coup de main pour t’entraîner aux dangers de la route de tous les périls » lui proposais-je finalement alors que, à côté de moi, Norbert faisait de grands gestes pour conseiller à Ten de ne pas accepter, lui même ayant subit un de mes entraînements infernaux au cours des dernières semaines.

Nous échangions des banalités en jouant aux cartes et en picolant les bonnes liqueurs de Jack, fabriquées à partir des fruits géants découverts à Lost Garden. La concentration d’alcool était importante, de celle qui vous réchauffe l’œsophage jusqu’à l’estomac. Toutefois, le goût sucré et fruité couvrait facilement l’amertume du liquide.

Au cours de la soirée, j’en profitais pour m’occuper de la musique, prenant en main mon luth qui trônait sur une petite scène improvisée sur une estrade dans un coin aux côtés d’autres instruments. J’égrenais ses cordes, tout doucement au départ, litanie nostalgique qui vous ramène en enfance, la musique évoluant à mesure des accords. La tristesse se changea en légers flocons de notes, doux et flottant dans l’air, adapté pour notre prochaine île en vue, rappelant l’hiver et une bataille de boule de neiges tandis que les notes roulaient de plus en plus vite, prenant de l’ampleur jusqu’à éclater en avalanche dans un accord soudain et violent. Les larmes furent remplacées par la surprise alors que le morceau prenait une nouvelle tournure, plus graves, profondes, les notes prenaient aux tripes, celles qui évoquent le danger, la peur, l’appréhension. Comme un trot, les accords et notes de cordes pincées tressautaient, se transformant peu à peu en galop incontrôlable d’une bête furieuse. Un tontatta prit place près d’un petit djembé pour m’accompagner de percussions ponctuées. Aux tables, les choppes se soulevaient pour retomber en rythme sur le bois, des cuillères frappaient en cadence les verres et rapidement toutes les personnes présentes y allèrent de leur participation. Voilà ce qu’était la musique, fédératrice dans les moments joyeux comme les tristes, ramenant chacun à sa propre humanité pour une compréhension mutuelle.

‘Liquor’ Jack avait sortit le seau et la serpillière dont il retira la tête pour accrocher une corde épaisse des deux côtés du manche. Il replaça le bout du bâton au fond du seau et se mit à faire sonner la corde comme si c’était une contrebasse. Norbert avait sortit son harmonica miniature dont je lui avais appris à jouer. D’autres jouaient du couteau en faisant tinter les lames l’une contre l’autre. Et même Eve, pourtant solitaire et peu bavarde, battait du pied sur les marches de l’escalier. Les chants reprirent, les danses sur les tables aussi, bien que moins dérangeant quand c’était des bonhommes de quinze centimètres qui y dansaient. Plus agile et doué pour les cabrioles, le petit chat noir Morpheo y allait aussi de son pas de danse sur le comptoir, sautillant et tournant entre les verres vides, pleins et les bouteilles sans en faire tomber un seul.

Finalement, le morceau prit fin, sous les acclamations et les sifflements de l’auditoire. Enfin, ce ne fut qu’un interlude car déjà j’étais remplacé par les membres de l’équipage qui, certes moins doués pour faire sonner les instruments, y mettaient du bon cœur. Je revins à notre table, me servant une nouvelle rasade d’une liqueur de fraises géantes avant de me rasseoir.

« Alors Ten, t’as apprécié le spectacle ? » demandais-je à la nouvelle recrue temporaire. « C’est comme ça tous les soirs ici, en mer comme sur terre. L’avantage c’est qu’en posant la taverne à terre je peux me faire du pognon légalement autant de temps j’y reste, mais avec des énergumènes pareils, faut souvent refaire les stocks. » expliquais-je en montrant les tontattas qui, bien que petits, buvaient comme dix hommes chacun, à se demander où allait tout ce liquide.

C’est alors que la porte s’ouvrit en grand, suivi d’un coup de tonnerre et d’un grondement menaçant. Un vent puissant et glacial en profita pour s’insinuer, faisant vaciller les flammes de l’âtre et des lampes à huile. Roy, le mink chien charpentier fit alors son entrée, sa fourrure trempée et le regard affolé.

« Eh les mecs ! C’est la merde, on fonce droit sur une tempête et j’crois que Borat a prit la grosse tête parce que ça a pas l’air de lui faire peur au gros cochon ! » s’exclama Roy en panique, parlant à toute vitesse.

Le silence retomba le temps que l’information monte à nos cerveaux embrumés, puis ce fut le branle bas de combat, tout le monde sautant de sa chaise pour se diriger à l’extérieur. Jouant des épaules, je passais en force dans la masse de tontattas qui s’étaient bloqués en voulant tous passer la porter en même temps. Arrivé dehors, je ne pus qu’être spectateur, faisant face à l’énorme tempête qui se dressait devant nous.






Pourtant à bonne distance encore, le vent nous atteignait déjà, par rafales puissantes qui obligèrent les petits bonhommes à s’accrocher à tout ce qu’ils pouvaient, certains furent immédiatement renvoyés dans la taverne en vol plané. Je dus tenir ma casquette d’une main pour éviter qu’elle s’échappe dans les airs. Luttant contre les bourrasques, j’avançais prudemment sur le dos du gros pachyderme verdoyant, atteignant l’une de ses oreilles pour brailler dedans.

« Qu’est-ce que tu fous Borat ?! Vire de bord tout de suite !! » m’écriais-je pour le faire réagir.

~Gruik !~ *Ça m’fait pas peur, on peut l’faire !* grogna-t-il enjoué pour m’encourager à braver le danger.

« Non ! Vu le monstre que c’est on pourra pas y faire grand-chose et on sera emportés dans la tempête, vire de bord tout de suite ! » répétais-je pour me faire obéir du cochon géant qui n’en faisait qu’à sa tête.

~Grugruiik grugru~ *Bon, d’accord, c’est pas marrant * grommela-t-il comme une plainte.  

Brassant l’eau d’une de ses oreilles, il commença à enclencher un changement de direction, en parallèle à la tempête. Toutefois, cette dernière avançait bien trop vite, les éclairs commençant déjà à disparaître dans les vagues à quelques centaines de mètres. Les vagues grossissaient et se déchainaient en s’écrasant sur le flanc de Borat, me trempant jusqu’aux os en s’ajoutant à la pluie. Une rafale me fit tomber en arrière, manquant de glisser sur les poils mouillés du pachyderme avant de m’y accrocher fermement. Je m’en aidais pour tenter de revenir en direction de la maison-taverne, mais le vent m’en empêchait. C’est dans ce genre de cas où j’aurais apprécié que mon corps soit également soumis aux pouvoirs de gravité de mon fruit du démon, et je n’avais aucun objet sous la main pour m’en servir de plateforme. Surtout dans cette tempête, cela aurait été vain. La tête tournée en direction de la porte de la taverne où se tenaient l’équipage, je me mis à crier, ma voix cependant recouverte par les bruits de la tempête qui se rapprochait de plus en plus.

« Balancez-moi une corde ou quelque chose ! Je vais pas tenir longtemps ! » m’écriais-je à pleins poumons mais, pour toute réponse, j’eus des regards interrogatifs signifiant clairement qu’ils ne m’avaient pas entendus.




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Navigant entre Little Garden & Drum – Année 1628
Stage en eaux troubles

Extirpé de cette maudite île qu’était Little Garden, Ten voyageait désormais à bord d’un bateau qui était des plus particuliers. Il ne s’agissait pas d’un bâtiment des plus classiques, il s’agissait d’un énorme cochon qui avait sur lui une structure permettant le voyage d’humains classiques. L’Asakura ne fit pas la fine bouche, après tout il n’était qu’un rescapé dans cet équipage. Et ce qui changeait des voyages classiques du voleur, c’était que cette fois il était entouré par des pirates qui n’étaient pas n’importe qui. Ren en avait été le parfait exemple lorsqu’il s’était battu avec les dinosaures, il avait été impressionnant.

- Stagiaire ?

Dit-il avec son fidèle sourire tout en levant la pinte que l’on venait de lui resservir. Il se tourna ensuite vers Ren, qui lui avait demandé quels étaient ses objectifs. Ten aurait bien aimé lui répondre qu’il souhaitait d’abord les dépouiller de tous leurs biens, et qu’ensuite il rejoindrait un autre équipage à dépouiller. Mais bon, il n’en était pas encore là et sourit simplement à l’auteur de la question avant de lui répondre entre deux gorgées.

- Pas de plans pour le moment, disons que je me laisse porter un peu au gré du vent ah ah.

Il ne répondit pas tout de suite à la question de Ren sur le fait de l’entraîner. Il fallait dire que la proposition était tentante, il avait vu ce que savait faire le manieur de la gravité, il pourrait donc être un bon professeur… Buvant une nouvelle lapée de sa bière, il accentua quelque peu son sourire et répondit.

- Eh bien pourquoi pas ! Je ne vois pas ce que ça peut faire de mal.

Puis il se laissa entraîner par les airs de la musique, les chants et les partitions récitées de chacun des musiciens, s’amusant de voir des petits cochons faire de la musique. Quant à lui, il n’était pas du genre à chanter, restant paisiblement dans son coin à observer tous les protagonistes. Il était difficile de croire qu’ils faisaient tous partie d’un équipage renommé, et sûrement d’un encore plus grand équipage si Ten avait bien compris ce que Ren avait dit.

- Franchement, c’est marrant. Et plutôt rafraîchissant de vous voir vous amuser de la sorte ah ah ! Et oui, ils ont l’air de bien taquiner la bouteille tes hommes !

Et tandis qu’il souriait, le jeune garçon assista, comme l’ensemble de l’assemblée à l’alerte lancée par le pirate qui interpela tout le monde. Apparemment, le cochon géant perdait la tête et il voulait affronter à lui tout seul une tempête. Ten, qui ne savait pas vraiment quoi faire, resta alors assis tandis que tout le monde se mettait en branle pour faire la tâche qui leur était attribuée. Ten, ne sachant pas quoi faire, se contenta alors de suivre Ren. Après tout, il était le capitaine et l’enfant en apprendrait sûrement plus en le suivant.

Il s’arrêtant cependant à la porte de la taverne, ne souhaitant pas être mouillé, le jeune garçon aux cheveux cendrés assista donc à la discussion entre le capitaine et son cochon. Puis au fait que le premier semblait désormais dire certaines choses, mais les esprits alcoolisés de son équipage ne semblaient pas recevoir le message. Ils étaient tous la bouche à moitié ouverte. Ten, qui n’avait pas beaucoup bu et était plus sur la réserve, comprit que quelque chose n’allait pas. Et tandis que les pirates restaient figés, il se tourna alors vers une jolie femme dont il ignorait le prénom ; c’était Eve ; et il lui dit avec son sourire habituel.

- Je crois qu’il a besoin que l’un de vous aille l’aider…

Eve ne réagit pas, mais Jack fut le plus prompt et il dépêcha alors un matelot pour aller chercher une corde. Dans la hâte, ce dernier bouscula Ten qui perdit alors l’équilibre et passa par l’embrasure de la porte. Le jeune voleur fut alors emporté par le vent combiné à une géante vague. Il bascula alors de l’autre côté du cochon géant en moins de temps qu’il n’en fallait pour l’écrire.

S’agrippant à ce qu’il trouva, il arracha de nombreuses touffes de poils mouillées du cochon. Mais cela ne faisait que retard l’inévitable, car il n’arrivait à stopper sa chute. Ce ne fut qu’au dernier moment qu’il fut rattrapé par une corde qu’on lui avait envoyé. La saisissant aussi puissamment qu’il le put, ce qui stoppa sa chute. Et ce fut alors à ce moment qu’il vit le petit tontatta qui accompagnait le groupe de musique passer devant lui, tombant en faisant des petits couinements extrêmement agaçants.

Ten le regarda, non sans émotion il fallait l’avouer, mais s’il pensait qu’il allait venir le chercher, le nain rêvait. Il n’allait quand même pas risquer sa vie pour une petite bête qui n’avait clairement aucune valeur. Enfin, c’était ce qu’il pensait car sa main ripa suite à une énième vague qui percutait le cochon géant et il entama alors une chute libre dans la même direction que l'être vivant miniature quelques secondes auparavant.

- Fais chier…

Soupira-t-il tandis que Jack s’époumonait, après avoir vu l’action et croyant que Ten s’était jeté à la poursuite du tontatta pour le sauver.

- Le stagiaire risque sa vie pour le tontatta, rattrapez les !!

Et ainsi, une partie de l’équipage se mit alors à s’activer pour les aider…

Ah… La vie était bien faite !


Dernière édition par Asakura Ten le Jeu 18 Aoû 2022 - 14:20, édité 1 fois
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Stage en Eaux Troubles


Flashback – Quête Partie 1
✘ Feat. Asakura Ten





Une corde tomba entre les poils verts à un mètre devant moi, et dans un effort je tirais sur les poils que j’empoignais pour résister à la tempête et attraper le bout du cordage. La pluie s’était jointe à la fête, gérable jusque là mais décidant de se déchaîner en nous noyant sous ses trombes célestes. Toutefois, bien que glissant sur le dos du pachyderme, je parvins à être tiré jusqu’au perron de la maison, des mains miniatures sortant de tous côtés pour me tirer. ‘Liquor’ Jack  et Roy au bout de la corde paraissaient plutôt fiers d’eux. Et, à un bord du cochon, les nains de jardin, bien que ce terme n’ait plus court selon l’article huit cent dix-neuf de la ‘Convention Anti-Discrimination des Tontattas’ de 1584, lançaient également des cordes à un passager à la dérive.

Je me rendis alors compte que c’était Ten qui, selon les témoins, s’était élancé à la rescousse d’un tontatta tombé par-dessus bord, et c’est ce que l’histoire retiendra. M’élançant sur le ponton entourant la maison, j’attrapais une bouée reliée à une corde avant de tourner sur moi-même pour la lancer le plus loin possible, derrière le jeune épéiste et le petit bonhomme, invisible à l’œil nu, que je ne parvenais à percevoir qu’à l’aide de l’empathie.

« Accrochez-vous à la bouée ! » hurlais-je de toutes mes forces, mais les bourrasques réorientaient le son, l’emportant avec elle dans son balais infernal, les vagues s’y ajoutant en arrangeant rien. « LA BOUÉE BANDE DE CONS !! »

Ma paume en avant, localisant précisément les deux hommes à l’aide du fluide perceptif, je créais une zone de gravité inversée, les soulevant lentement dans les airs, mais accompagnés de l’eau qui montait également en cascade inversée. Dans cette obscurité quasiment totale, j’étais bien content d’avoir développé cette capacité de perception absolument extraordinaire. J’avais passé un nouveau cap dans ma quête de puissance, sans cesse poussé par cette vieille amie nommée vengeance.

La zone, particulièrement large, emmenait les deux énergumènes dans notre direction, mais les secousses de Borat aux prises avec la tempête n’arrangeait rien. Un soudain soubresaut de la maison me projeta violemment contre un mur, mon coude traversant le bois comme si ça n’avait été que du papier. Ma concentration vacilla et la gravité terrestre reprit les pleins pouvoirs, renvoyant le tontatta et Ten vers la mer dans une chute libre, rejoignant les eaux de la cascade inversée qui s’écrasait en une explosion d’écumes sur les flots tumultueux. La lueur violine revint entourer ma main, rattrapant les deux d’une nouvelle zone en omettant le trop plein d’eau qui les avait accompagné jusque là. Dans un couloir gravitationnel dans notre direction, les jetés à la mer revinrent jusqu’au dos du pachyderme, s’accrochant dans les poils et aidés par les cordes pour m’aider dans ma traction gravitationnelle. Toutefois, une nouvelle secousse me fit de nouveau perdre en concentration et je dus laisser les nageurs à leur sort. Décidément, j’avais plus confiance en mes muscles qu’en ce pouvoir encore sur ses balbutiements.

« Tirez les cordes ! Maintenez-moi je vais les chercher ! » m’exclamais-je aux membres d’équipage à mes côtés, particulièrement à Roy qui en tant que charpentier maniait les cordes comme personne.

M’attachant alors à l’une d’elles, j’enroulais une partie autour d’une poutre avant de lancer l’autre bout à Roy et Jack qui l’agrippèrent fermement. Je pris appui sur la rambarde avant de m’élancer dans le vide, retenu par les cordes fermement maintenues qui me ramenèrent les pieds contre le flanc de l’animal géant. Descendant en rappel, je me rapprochais des deux hommes alors qu’une vague vint s’écraser sur nous. Le court moment immergé fut suffisant pour me vider brièvement de toutes mes forces, cette paralysie qui empoignait les maudits dès lors qu’ils se retrouvaient sous l’eau. Pendant mollement à la corde attachée à ma taille, je dus me ressaisir lorsque la vague repartie et j’empoignais de nouveau les longs poils verts pour enfin atteindre les deux qui peinaient à remonter à bord. Profitant d’un balancement opportun de la corde, j’arrivais à leur hauteur, attrapant Ten par la ceinture avant de le projeter en l’air et lui permettre de remonter dans la maison. Je fis de même bien plus aisément avec le tontatta, puis m’employais à remonter en sentant Roy et Jack tirer sur la corde. Une nouvelle vague me recouvrit, me vidant de mon énergie alors que la corde commençait à se déchirer à quelques centimètres au-dessus de ma tête. Ainsi paralysé, je ne pus qu’être témoin de la scène, voyant les fibres s’étioler unes à unes. Et le ressac me permit de reprendre le plein contrôle de mes forces, réagissant juste au moment où la corde se déchirait complètement, tendant les doigts pour la rattraper juste à temps. Finalement, les efforts de l’équipage me permit de regagner les abords de la maison-taverne. Remontant derrière la rambarde qui entourait le chemin de bois cerclant la bâtisse, je pus enfin souffler.

« Rentrez tous dans la baraque, c’est trop dangereux ici ! » ordonnais-je aux hommes assez courageux pour être restés dehors. « On va gérer ce bordel depuis le balcon. Occupez-vous d’attacher tout ce qui pourrait rouler ou tomber dans la maison, il faut limiter les dégâts au minimum ! Allez plus vite que ça ! » hurlais-je pour communiquer dans la tempête.

Sans perdre un instant, je m’aidais de la rambarde pour lutter contre les vents puissants, me tirant jusqu’à la porte d’entrée pour revenir à l’abri du bâtiment. Les tontattas s’activaient en tous sens, attachant par des cordes et des filets tous les tonneaux qui menaçaient de s’écrouler de tout leur poids sur le plancher. Ils calfeutraient les fenêtres pour les renforcer ou prévoir que le verre n’éclate. À l’extérieur, la mer continuait de se déchaîner, s’écrasant et éclatant le long des flancs de Borat, remontant en éclats d’écume pour arroser les murs de la maison, faisant trembler la bâtisse sous leur brutalité. Plusieurs fenêtres éclatèrent, laissant quelques trombes d’eau pénétrer le rez-de-chaussée, les petits bonhommes s’armant aussitôt de seaux pour empêcher l’inondation.

J’escaladais les marches, invitant Ten à me suivre jusqu’au second étage où se trouvait le balcon. De ce poste d’observation, nous aurions moins de risques d’être balayés par la mer, bien que le vent restait tout de même la menace la plus importante. Au-dessus de nos têtes, le ciel était devenu complètement noir, menaçant en crachant ses zébrures électriques tonitruantes, grondantes dans la nuit tempétueuse.

« Là-bas ! » m’exclamais-je en pointant un irréductible bout de ciel bleu au loin, ce n’était absolument pas notre direction initiale, mais cela nous empêcherait quelques déconvenues comme la mort. « Borat ! Va à bâbord toute ! » hurlais-je en plaçant mes mains en porte-voix, percevant un ‘gruik’ en réponse de la part du gros cochon. « Sois pas trop étonné et continue de battre des oreilles, je vais tester un truc ! »

Un sourire confiant inscrit sur le visage, je tendis ma main, l’autre fermement enserrée autour de la balustrade pour me maintenir en place et lutter contre le vent. Le bout de mes doigts s’illumina d’une vive lueur violette dans cette semi-obscurité, entourant toute la main d’une sorte d’aura.


Rise



La zone créée était grande, une vingtaine de mètres de diamètre qui commençait sous le gros ventre rond immergé du pachyderme géant pour partir en diagonale au-dessus des flots et s’élever dans les airs dans la direction de la trouée de ciel bleu. Sous les vents tempétueux, l’animal eut tout d’abord du mal à bien se positionner, levant ses grosses oreilles lorsqu’il sortit du contact de l’eau. Toutefois, la gravité emportait avec elle une longue langue aqueuse qui suivait notre sillage à mesure que nous étions soulevés au-dessus des flots enragés. Mais, la masse lourde du cochon lui permit de prendre ses distances avec la langue d’eau qui ne fut rapidement qu’un lointain souvenir.

La pluie continuait de tomber violemment à grosses gouttes, légèrement réorientées lorsqu’elles passaient dans la zone, mais pas suffisamment pour qu’elles ne nous tombent pas sur le coin de la tronche. Ma capuche rabattue sur la visière de ma casquette, je serrais les dents face au froid mordant qui m’assaillait par bourrasques. Mais, alors que nous nous trouvions à une quinzaine de mètres dans les airs, avançant dans le couloir gravitationnel, aidé par les grandes brasses des oreilles de Borat qui se gonflaient parfois en fonction du sens du vent. La tempête continuait de nous secouer, mais l’absence de contact avec les flots endiablés rendait le voyage plus confortable, et plus rapide.

« J’crois bien qu’on va s’en sortir ! » m’exclamais-je rieur, en me tournant vers Ten, le paysage infernal de la tempête en arrière plan, en direction de cette petite trouée d’espoir au milieu des nuages noirs.






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