Stage en Eaux Troubles
Flashback – Quête Partie 1
✘ Feat. Asakura Ten
✘ Feat. Asakura Ten
Voilà quelques heures que nous avions quittés Little Garden, bravant les dangers des eaux qui entouraient l’île préhistorique, et ses nombreux monstres des mers. Un navire normal aurait eut bien des problèmes à s’extirper d’un tel bourbier mais, mon cher Borat semblait avoir été mit au courant d’un passage plus praticable par ses congénères. Remonté à bloc, le cochon vert géant qui transportait ma maison-taverne semblait prêt à tout affronter après ce passage sur son île natale. Il avait put retrouver sa famille, et ces derniers s’étaient assurés qu’il soit en sécurité.
Ce voyage avait également été très instructif pour moi, j’y avais découvert une terre cachée, affronté pléthore de dinosaures pour tester mes capacités récemment acquises, rencontré le Grand Roi Cochon qui m’avait apprit les arcanes du haki de l’observation. Et enfin, fait la connaissance d’un jeune épéiste suffisamment brave pour avoir attiré mon attention. Le petit gars était intervenu dans mon combat, m’ayant probablement évité une déconvenue fâcheuse comme perdre un bras, voir la tête, sous les crocs immenses de la bête que nous affrontions. Et il avait perdu son équipage, je ne pouvais pas le laisser seul sur Little Garden et lui avais ainsi proposé de faire un bout de chemin ensemble.
Et, à présent, nous pouvions nous reposer, laissant la navigation au pachyderme une fois que, avec l’aide de Mirabelle et Norbert, les deux chefs tontattas, nous étions parvenus à dresser un cap en direction du Royaume de Drum. La nuit était tombée tandis que nous nous étions rassemblés dans la taverne pour fêter notre départ, levant les choppes remplies de bière et autres breuvages, tintant chaleureusement les unes contre les autres dans des tintements guillerets. Les rires s’élevaient, l’alcool coulait à flot et quelques tontattas avaient grimpés un lustre pour y chanter des chants paillards seulement acceptables en ce genre de moments. Norbert et ‘Liquor’ Jack, au bar, les accompagnèrent dans des fausses notes qui me firent grincer des dents. Eve quant à elle, était assise dans l’escalier à nous observer de ses yeux émeraudes en buvant un verre de vin rouge. La beauté sauvage nous avait rejoint peu de temps auparavant et je marchais encore sur des œufs avec elle, ne sachant trop comment me comporter.
La quittant des yeux, je rejoignis Ten à notre table après être partit nous resservir, je glissais alors la pinte devant lui, levant la mienne en affichant un grand sourire.
« À notre nouveau stagiaire ! » m’exclamais-je assez fort pour que toute la salle réponde en chœur.
« Au nouveau stagiaire ! »
L’équipage ria aux éclats, passablement éméché. Lorsqu’ils eurent terminés leur chanson sur le thème de la biture, Norbert et ‘Liquor’ Jack nous rejoignirent, le barman déposant trois bouteilles et des verres sur la table tandis que le chef des tontattas sortait un jeu de carte pour les distribuer.
« Alors Ren, on retourne sur Drum pour retrouver les autres ? » demanda le barman en servant des verres d’un liquide ambré.
« Ouais ça va faire un moment qu’on les a pas vus. » répondis-je en m’allumant une cigarette, je fis glisser le paquet jusqu’à Jack qui s’en servit une également. « Et toi, jeune Asakura, c’est quoi tes plans une fois là-bas ? Si ça te dis, je peux te donner un coup de main pour t’entraîner aux dangers de la route de tous les périls » lui proposais-je finalement alors que, à côté de moi, Norbert faisait de grands gestes pour conseiller à Ten de ne pas accepter, lui même ayant subit un de mes entraînements infernaux au cours des dernières semaines.
Nous échangions des banalités en jouant aux cartes et en picolant les bonnes liqueurs de Jack, fabriquées à partir des fruits géants découverts à Lost Garden. La concentration d’alcool était importante, de celle qui vous réchauffe l’œsophage jusqu’à l’estomac. Toutefois, le goût sucré et fruité couvrait facilement l’amertume du liquide.
Au cours de la soirée, j’en profitais pour m’occuper de la musique, prenant en main mon luth qui trônait sur une petite scène improvisée sur une estrade dans un coin aux côtés d’autres instruments. J’égrenais ses cordes, tout doucement au départ, litanie nostalgique qui vous ramène en enfance, la musique évoluant à mesure des accords. La tristesse se changea en légers flocons de notes, doux et flottant dans l’air, adapté pour notre prochaine île en vue, rappelant l’hiver et une bataille de boule de neiges tandis que les notes roulaient de plus en plus vite, prenant de l’ampleur jusqu’à éclater en avalanche dans un accord soudain et violent. Les larmes furent remplacées par la surprise alors que le morceau prenait une nouvelle tournure, plus graves, profondes, les notes prenaient aux tripes, celles qui évoquent le danger, la peur, l’appréhension. Comme un trot, les accords et notes de cordes pincées tressautaient, se transformant peu à peu en galop incontrôlable d’une bête furieuse. Un tontatta prit place près d’un petit djembé pour m’accompagner de percussions ponctuées. Aux tables, les choppes se soulevaient pour retomber en rythme sur le bois, des cuillères frappaient en cadence les verres et rapidement toutes les personnes présentes y allèrent de leur participation. Voilà ce qu’était la musique, fédératrice dans les moments joyeux comme les tristes, ramenant chacun à sa propre humanité pour une compréhension mutuelle.
‘Liquor’ Jack avait sortit le seau et la serpillière dont il retira la tête pour accrocher une corde épaisse des deux côtés du manche. Il replaça le bout du bâton au fond du seau et se mit à faire sonner la corde comme si c’était une contrebasse. Norbert avait sortit son harmonica miniature dont je lui avais appris à jouer. D’autres jouaient du couteau en faisant tinter les lames l’une contre l’autre. Et même Eve, pourtant solitaire et peu bavarde, battait du pied sur les marches de l’escalier. Les chants reprirent, les danses sur les tables aussi, bien que moins dérangeant quand c’était des bonhommes de quinze centimètres qui y dansaient. Plus agile et doué pour les cabrioles, le petit chat noir Morpheo y allait aussi de son pas de danse sur le comptoir, sautillant et tournant entre les verres vides, pleins et les bouteilles sans en faire tomber un seul.
Finalement, le morceau prit fin, sous les acclamations et les sifflements de l’auditoire. Enfin, ce ne fut qu’un interlude car déjà j’étais remplacé par les membres de l’équipage qui, certes moins doués pour faire sonner les instruments, y mettaient du bon cœur. Je revins à notre table, me servant une nouvelle rasade d’une liqueur de fraises géantes avant de me rasseoir.
« Alors Ten, t’as apprécié le spectacle ? » demandais-je à la nouvelle recrue temporaire. « C’est comme ça tous les soirs ici, en mer comme sur terre. L’avantage c’est qu’en posant la taverne à terre je peux me faire du pognon légalement autant de temps j’y reste, mais avec des énergumènes pareils, faut souvent refaire les stocks. » expliquais-je en montrant les tontattas qui, bien que petits, buvaient comme dix hommes chacun, à se demander où allait tout ce liquide.
C’est alors que la porte s’ouvrit en grand, suivi d’un coup de tonnerre et d’un grondement menaçant. Un vent puissant et glacial en profita pour s’insinuer, faisant vaciller les flammes de l’âtre et des lampes à huile. Roy, le mink chien charpentier fit alors son entrée, sa fourrure trempée et le regard affolé.
« Eh les mecs ! C’est la merde, on fonce droit sur une tempête et j’crois que Borat a prit la grosse tête parce que ça a pas l’air de lui faire peur au gros cochon ! » s’exclama Roy en panique, parlant à toute vitesse.
Le silence retomba le temps que l’information monte à nos cerveaux embrumés, puis ce fut le branle bas de combat, tout le monde sautant de sa chaise pour se diriger à l’extérieur. Jouant des épaules, je passais en force dans la masse de tontattas qui s’étaient bloqués en voulant tous passer la porter en même temps. Arrivé dehors, je ne pus qu’être spectateur, faisant face à l’énorme tempête qui se dressait devant nous.
Pourtant à bonne distance encore, le vent nous atteignait déjà, par rafales puissantes qui obligèrent les petits bonhommes à s’accrocher à tout ce qu’ils pouvaient, certains furent immédiatement renvoyés dans la taverne en vol plané. Je dus tenir ma casquette d’une main pour éviter qu’elle s’échappe dans les airs. Luttant contre les bourrasques, j’avançais prudemment sur le dos du gros pachyderme verdoyant, atteignant l’une de ses oreilles pour brailler dedans.
« Qu’est-ce que tu fous Borat ?! Vire de bord tout de suite !! » m’écriais-je pour le faire réagir.
~Gruik !~ *Ça m’fait pas peur, on peut l’faire !* grogna-t-il enjoué pour m’encourager à braver le danger.
« Non ! Vu le monstre que c’est on pourra pas y faire grand-chose et on sera emportés dans la tempête, vire de bord tout de suite ! » répétais-je pour me faire obéir du cochon géant qui n’en faisait qu’à sa tête.
~Grugruiik grugru~ *Bon, d’accord, c’est pas marrant * grommela-t-il comme une plainte.
Brassant l’eau d’une de ses oreilles, il commença à enclencher un changement de direction, en parallèle à la tempête. Toutefois, cette dernière avançait bien trop vite, les éclairs commençant déjà à disparaître dans les vagues à quelques centaines de mètres. Les vagues grossissaient et se déchainaient en s’écrasant sur le flanc de Borat, me trempant jusqu’aux os en s’ajoutant à la pluie. Une rafale me fit tomber en arrière, manquant de glisser sur les poils mouillés du pachyderme avant de m’y accrocher fermement. Je m’en aidais pour tenter de revenir en direction de la maison-taverne, mais le vent m’en empêchait. C’est dans ce genre de cas où j’aurais apprécié que mon corps soit également soumis aux pouvoirs de gravité de mon fruit du démon, et je n’avais aucun objet sous la main pour m’en servir de plateforme. Surtout dans cette tempête, cela aurait été vain. La tête tournée en direction de la porte de la taverne où se tenaient l’équipage, je me mis à crier, ma voix cependant recouverte par les bruits de la tempête qui se rapprochait de plus en plus.
« Balancez-moi une corde ou quelque chose ! Je vais pas tenir longtemps ! » m’écriais-je à pleins poumons mais, pour toute réponse, j’eus des regards interrogatifs signifiant clairement qu’ils ne m’avaient pas entendus.
Fiche par Ethylen sur Libre Graph'