- La pêche aux gros -
La fête sur le Cuisino bat son plein. Farore est tout juste parvenue à s'extirper de l'équipage de la Sainte avant de se rendre sur le pont supérieur ou bon nombre de mets et saveurs sont servis ici aux frais de la princesse. Farore compte bien se rendre à une tablée et profiter d'un peu de repos avant de reprendre la mer pour rejoindre son île natale : Manshon. L'île de North Blue avait connu une guerre éclair d'une violence rare pour les Blues, la Marine avait sévi avec une violence inouïe. Le port, autrefois un joyau de North Blue, n'était plus qu'un amas de cendres et de décombres encore fumants. Le centre-ville avait lui aussi subit des assauts répétés et violents, qui avait mis à mal bon nombres de commerces et de sources financières aussi bien chez les civils que dans les mafias locales.
Mais trêves de discussions stériles sur Manshon, Farore avait besoin d'un bon repas et de prendre son mal en patience pour tenter la réalisation de son plan. Alors qu'elle se dirige d'un pas assuré en direction du premier restaurant venu, elle aperçoit un visage familier. Ni plus ni moins que le chef de la famille Tempiesta: Manuel Tempiesta, alias " Don Carbopizza". Le patron ultime de Manshon mis à mal par le blocus de la Marine l'an dernier. Farore se met à trembler légèrement, il suffirait de prendre un couteau de cuisine et de lui ouvrir le ventre de part en part en lui faisant une jolie boutonnière. Non. Pas ici. Pas comme ça. Il faut réfléchir et agir, avec un peu de chance, l'homme ne la reconnaîtrait pas et elle pourrait tirer profit de cet élément. Et c'est bien ce que compte faire la belle cendrée tout en se servant une explosion de saveur dans son assiette, un festival d'onctuosité à la sauce perfection. Elle dévore son plat tout en observant son ennemi juré s'esclaffer et prendre plaisir à la fête. Comment diable pouvait-il rire alors que Manshon, joyaux de North Blue, croule sous la ruine ? La sécurité à bord, gérer par les Pacifistas, laisse sous-entendre que rien n'est possible au sein du navire-ville et c'est visiblement le cas de Manuel qui prend ses aises et décide de partir seul en direction des toilettes. C'est le moment où Farore peut tenter sa chance. Farore le laisse entrer avant que ce dernier ne prenne position sur un trône. La jeune femme en profitait pour verrouiller la première porte et y apposer un "hors service" situé non loin d'un chariot de ménage. Son claquement de talons est perceptible désormais et fait arquer un sourcil au Don en pleine commission. Puis elle place un tissu devant sa bouche et s'entraîne mentalement à prendre des intonations ridicules pour que sa voix ne soit pas reconnue.
"C'est réservé aux hommes ici !"
Une chaise se pose contre la porte de sa salle privée, tandis qu'il peut observer sous le jour de la porte le blocage et la magnifique paire de bottes cirées de Farore.
"Je le sais bien, Don Carbopizza. J'habite sur Manshon. Et je connais vos problèmes. Je sais aussi que vous pouvez d'un claquement de doigts détruire cette porte et voir mon visage. Mais votre sens des convenance vous interdit de détruire le bien d'autrui surtout quand il s'agit d'un Dragon céleste n'est ce pas ? Bien. Nous allons discuter vous et moi. Maintenant."
Le Don, passablement agacé fait une moue agressive comme si son interlocutrice avait pu voir le moindre de ses gestes faciaux.
"Je suis toute ouïe, mademoiselle ?"
Farore tranche de manière nette et précise la parole du Don.
"Mademoiselle personne. Il est de notoriété publique que la famille Venici cherche à prendre votre place. Et il est aussi de notoriété publique que vous n'agirez pas. Tout d'abord, vous n'en avez pas les moyens. Puis vous ne voulez pas remettre la guerre aux portes de la ville, c'est mauvais pour les affaires et l'argent."
Le don remet son pantalon et tire la chasse d'eau avant de prendre position devant le lavabo de sa pièce tout en écoutant déblatéré la jeune dame.
"Lorsque vous aurez fini d'enfoncer des portes ouvertes, faites moi signes, je vous prie."
Farore souffle un rire, esquissant un large sourire, il est plus que temps de mettre en branle les prémices de son plan pour accéder à l'ascension de l'île de Manshon.
"J'ai un plan pour vous débarrassez de la famille Venici. Votre nom, votre famille, ne sera jamais nommés ou mêlés de près ou de loin à cette affaire. Je trouverai personnellement un remplaçant à Filippe et vous pourrez renforcer votre pouvoir."
Le mafieux hoche la tête en soufflant un rire avant de se sécher les mains. Puis il renchérit.
"Donc. Je dois me fier à une personne que je me connais ni d'Eve ni d'Adam et tout ça gratuitement ? Pour me débarrasser d'une des pires familles qui soit ? Allons... Votre prix. Votre nom."
Farore commence d'ores et déjà à se rendre vers la sortie à pas feutrés pour prendre la tangente tout en répondant à son interlocuteur.
"Lorsque le port changera de main. Vous serez débarrassé de l'adversité. Quelques semaines plus tard, un homme travaillant pour une femme viendra vous voir avec un projet financier intéressant pour vous. Vous l'accepterez puis vous réuniriez les familles pour l'autorité à faire partie des septs."
Avant même de pouvoir entendre une réponse quelconque, Farore avait ouvert la porte des communs pour retourner à son assiette. Pendant ce temps, le Don répond seul à une demande.
"Accepter un marché financier semble honnête, mais de là à faire partie des septs...C'est une autre affaire !"
Il assène un grand coup de pied dans la porte, faisant voler la chaise, il arbore une mine déçue, de ne pas pouvoir saisir dans ses mains sa geôlière pour lui tordre le cou.