Le manque de vivres commence à se faire ressentir, cela fait déjà deux ans que j'ai quitté précipitamment Luvneel ... sans de grosses réserves de vivres ni de quoi naviguer correctement, une simple boussole pour faire l'affaire. Mais au lieu de ça, je me retrouve à naviguer une vulgaire chaloupe à travers West Blue ? Si c'est bien West Blue ici, aucun panneau ne m'a indiqué l'entrée dans cette mer de l'Ouest. Tout ce que je vois à l'horizon, à travers ma longue-vue, c'est le QG de la Marine de West Blue. Voilà une bonne chose. C'est adossée à mon mat principal ... le seul mat dont je dispose d'ailleurs, que je souris, un ouvrage à la main. Un vieux journal trouvé sur une île en proie à des recherches archéologiques depuis des années. Certains membres de la Marine ont lâchés des bruits de couloirs comme quoi ce vieux QG de West Blue, ce QG abandonné presque, disposerait d'un escargophone permettant d'accéder à un étage dit privé de la Nouvelle Ohara. Pourquoi donc ? Là, je n'en ai aucune idée. Les seuls mots qui m'ont intrigué sont "la Nouvelle Ohara".
Cette île au lourd passé, disposerait d'un étage privé encore inconnu, encore caché aux yeux de l'opinion public ? La Marine a beau dire ce qu'elle veut, elle reste tout de même le plus gros mensonge jamais enregistré, et elle ose se faire bien voir du peuple ? Toutes ces pensées fusent dans mon esprit tandis que j'oriente la direction de mon embarcation vers ce QG. Suis-je réellement prête à agir de plein fouet contre le gouvernement ? C'est insensé et risqué, mais que suis-je en train de risquer ? Ma famille est portée disparue, peut-être même morte ... je me fous royalement de ce qui pourrait m'arriver, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour obtenir un semblant de vérité sur quelque chose déjà ... et l'histoire de ce monde est encore trop flou !
Pour accélérer mon avancée sur la mer, je dégaine mon Climat-Tact que je met en position pour le lancer en plein dans ma voile et y engouffrer un souffle assez puissant pour le précipiter vers le port de la ville en contrebas d'où se trouve le QG de la Marine. En quelques minutes, et après m'être bien décoiffée, je largue les amarres au port et quitte ma chaloupe en réajustant ma cape ainsi que ma queue de cheval haute. Ainsi vêtue, mon Climat-Tact passe inaperçu. Je prends une longue inspiration en m'avançant jusqu'à ce qui semble être la place de marché de la petite ville. Il y a pleins de commerçants, d'artistes de rue. J'hésite un instant avant de mettre ma capuche, puis je me ravise en voyant quelques regards se tourner vers moi, à peine encapuchonnée.
« Oh fermez-là un peu. »
La réflexion ne semble pas tombée dans l'oreille d'une sourde, elle en touche deux mots à son mari qui me lance un regard un peu désapprobateur. Je fais mine de trébucher en le regardant de haut en bas pour agripper une pomme dans un étalage et repartir en croquant dedans. La vendeuse me hurle après, j'accélère le pas avant qu'un homme m'attrape le poignet, me faisant lâcher la pomme entamée que je venais de voler. Pourquoi créer une émeute pour une pomme ? Je n'ai même pas encore prit d'assaut le QG que l'on vient déjà me chercher des noises. J'attrape rapidement mon Climat-Tact électrique que je pose sur le torse de l'homme en le foudroyant du regard.
« Reculez. Ou je vous jure que vous le regretterez. »
« Hé dit donc ma petite demoiselle, tu crois faire quoi avec ton bâton en métal là ? »
Sans attendre quoi que se soit de plus, je recule légèrement en rangeant mon Climat-tact électrique pour me munir du bâton de chaleur et du froid que je replie l'un sur l'autre. Je le lance de toutes mes forces sur l'homme, sans m'attendre aux conséquences de mon attaque ... il faut dire que je vois les répercussions sur une voile ... mais sur un homme, à quasiment bout portant. Un courant d'air puissant fait voler trois étalages sur toute la distance en emportant toutes les personnes sur leur chemin. Le choc m'a repoussé en arrière, je me retrouve donc, un genou à terre, le regard légèrement perdue vers la scène que je viens de causer. Mon Climat-Tact revient dans mes mains à l'image d'un boomerang. Je le récupère en me relevant lentement, voyant déjà des regards lourds se poser sur moi. Je reste un instant, muette en jugeant de haut en bas les quelques personnes qui s'inquiètent déjà de la situation.
« Ok ... bon en arrivez là pour une pomme, c'est assez cocasse. »
Je vais avoir des ennuis plus vite que prévu on dirait.
Tout le monde commence à se rassembler, certains sont en train de se mettre un peu en retrait et commencent à sortir leurs escargophone, je crois entendre un appel destiné au QG de la Marine qui se trouve un peu plus haut que la ville où nous nous trouvons. En accostant ici j'ai cru apercevoir en contrebas du QG, dans un coin tranquille, une forêt dense et plutôt vaste. Je l'espère du moins assez vaste pour que je puisse m'y fondre et passer inaperçue un moment assez long pour faire redescendre la pression ambiante. Je recule alors qu'un homme bien plus imposant que moi m'attrape le bras, me faisant légèrement sursauter, ma capuche se retirant, dévoilant mon visage à toute la foule. Face à moi, deux femmes viennent de rejoindre l'assemblée, l'une à la chevelure flamboyante, semble intriguée par l'attroupement qui vient de se former.
« Vous ne voulez sans doute pas finir comme l'autre idiot du village. Ne me touchez pas. »
Pas la meilleure des solutions, mais y'a t-il véritablement une bonne solution dans ce genre de situation ? Je dégaine mon Climat-Tact que je reforme en un seul bâton et je le fait tournoyer pour libérer plusieurs bulles électriques autour de moi. Ayant pour effet de faire reculer l'attroupement qui s'était formé. L'homme qui me tenait se voit contraint de me lâcher, il n'a malheureusement pas le temps de s'éloigner assez et se prends plusieurs Thunder Ball de plein fouet, le bruit est fort, le foudroiement est puissant, il l'électrocute sur place et le laisse s'effondrer sur le sol, légèrement fumant. Ce choc n'est pas de la puissance d'un éclair tout droit sorti d'un nuage, mais à plusieurs bulles d'un coup, ça a de quoi vous sonner plusieurs secondes.
« Dégage ! »
En m'élançant en avant, je bouscule l'une des deux femmes en face de moi, mon bâton tournoyant autour de moi, libérant plusieurs bulles chaudes et froides à moyennes hauteurs pour créer des nuages prenant l'effet d'une brume qui se dissipe en quelques secondes seulement. L'effet est vraiment très faible, mais me permet de courir discrètement et rapidement entre la foule apeurée. Je m'enfuis alors en direction de la forêt, une nouvelle pomme en bouche, et mon Climat-Tact en main. Je cours cinq bonnes minutes avant de m'arrêter sur un rocher en plein milieu de la forêt, maintenant bien éloignée de la ville, je ne perçois que du brouhaha imperceptible, mais on dirait que la Marine est descendue, les sirènes ont sonnées, et généralement ça n'annonce rien de bon.
« Lise c'est embêtant ... je devais rester discrète jusqu'à m'infiltrer jusqu'au QG où je pourrais tout exploser de l'intérieur. »
Je laisse mon Climat-Tact entre mes jambes alors que j'en profite pour refaire ma queue de cheval toute décoiffée à cause de la course effrénée que je viens de faire depuis le centre de la petite ville. Manger une pomme ça requinque sur le moment, mais une fois la vraie faim venue, ça ne suffit plus à remplir le ventre. Ce ventre qui grogne de plus en plus fort me met mal à l'aise, mais pourquoi ? Sans m'en rendre compte je reprends en main mon arme climatique, on dirait que quelque chose est proche de moi et me surveille, m'épie. Je me redresse en apposant ma main droite sur le rocher là où je me trouve, en levant la tête et en la tournant dans tous les sens, je reste en mouvement. Ma main gauche fait tournoyer mon Climat-tact, libérant des bulles de chaleur et de froid derrière mon dos. Mieux vaut prévenir que guérir, si une menace s'élance sur moi, j'aurais de quoi me défendre avec mes nuages. J'élève alors la voix d'un ton strict et froid.
« Qui est là ... veuillez vous montrer. »
La jeune femme qui s'avance vers moi semble prudente, voire même méfiante. On dirait qu'elle n'est pas dupe et a aperçu les bulles qui montent vers le ciel, est-ce qu'elle sait ce que ces bulles sont capables de faire ? L'usage du Climat-Tact n'est pas une pratique très commune, du moins pas sur les Blues. Peut-être ai-je à faire à une femme de science, une femme qui connaît des méthodes de combat de la route de tous les périls. Des nuages épais commencent à se former dans le ciel, non pas un, mais plusieurs, qui semblent se relier entre eux, ils voguent au rythme du vent, je ne cesse d'en créer de nouveau pour m'assurer une zone de protection au cas où les choses vireraient au drame. Mon regard s'attarde ensuite sur l'accompagnatrice de la rouquine, elle ne semble pas aussi favorable à la discussion. La remarque de la dénommée Akane me fait revenir à elle, un sourire aux lèvres.
« Vous m'encouragez à y renoncer ? Puis-je savoir votre fonction pour me conseiller cela ? »
Je m'avance un peu plus des deux jeunes femmes jusqu'à rejoindre un tronc d'arbre coupé sur la longueur pour que je puisse m'y asseoir en croisant les jambes. Ai-je l'air sereine de cette manière ? Je ne le suis pas. J'ai deux femmes qui ont l'air déterminée à me calmer, je ne sais pas si elles cherchent à gagner du temps pour que la Marine puisse venir pour m'arrêter ou bien si elles vont vouloir engager le combat, mais je n'ai pas de temps à perdre ici. Je tiens toujours mes Climat-Tact dans mes mains, que je ne cherche d'ailleurs plus à cacher, ils sont face à mes opposantes sur mes genoux, libérant toujours des bulles de chaleur et de froid, qui vont directement garnir les nuages de plus en plus épais dans le ciel. Rien que ça, si le QG des endormis de la Marine l'aperçoit, devrait les faire tiquer et va les attirer jusqu'ici.
« Ecoutez ... vous m'avez l'air sympathiques, mais je n'ai pas de temps à perdre avec vous. Si vous n'êtes pas de la Marine, passez votre chemin afin de rester en vie, je n'ai pas envie de vous faire de mal. Je ne cherche pas ça. »
Les nuages sont assez épais pour ne plus se dissiper en quelques minutes avec la puissance du vent, bien qu'il soit faible en cette belle journée ensoleillée. Je range donc mes deux bâtons climatiques à leur emplacement au niveau de ma ceinture afin de saisir mon troisième bâton que je fais rapidement tournoyer. Ce dernier libère une bulle électrique qui virevolte jusqu'à Akane, pour finalement éclater en petits éclairs inoffensifs, tout près d'elle. Mon regard est devenu ferme, j'ai peur intérieurement, au plus profond de moi-même, de ne pas me sortir de cette clairière en vie, d'être prise en sandwich par la Marine. J'ai peur d'avoir agit trop vite, et en même temps je suis énervée. J'ai besoin de ce que possède ce QG ... pour le ponéglyphe, pour l'histoire ... pour honorer la mémoire de ma mère ! Tout le travail qu'elle a réalisé, je ne peux pas me faire attraper maintenant. Je me relève de ce tronc d'arbre en baissant subitement mon bâton climatique foudroyant vers le bas, des éclairs commencent à en sortir, il s'active.
« Je m'appelle Lise ... seulement Lise. Dégagez le chemin. Maintenant ! »
Dis-je d'une voix forte, et prête à agir.
Les éclairs fusent, et tombent comme des jugements. L'insolence est ce qu'il y a de plus punissable avec l'injustice selon moi. Cette femme, qui accompagne cette Akane n'en manque pas, et j'en ai horreur, elle mérite amplement ce coup foudroyant. Elle s'effondre, alors que son alliée, plus résistante se relève, elle a tenu le choc, peu de mes opposants se sont relevés aussi rapidement après ce genre d'attaques. Trois arbres alentours sont en feu à cause du choc et des brindilles sèches sur le sol qui ont formés des étincelles.
« Je déteste l'insolence ! Vous continuez de parler sans répondre à mes questions, êtes-vous de la Marine ? Avez-vous appelées des renforts ? »
Je commence à perdre patience de cette situation, l'envie de fuir me tente de plus en plus, mais pour aller où ? Rejoindre mon bateau et partir d'ici ? Sans même tenter d'affronter deux pauvres femmes juste bonnes à décliner leur identité puis rien d'autre ? Non ! Ma fierté aurait du mal à s'en remettre, j'ai besoin de plus ! Je suis venue ici pour accomplir quelque chose, si elles se montrent comme étant des obstacles je les briserais et j'attendrais mon objectif. Me revoilà, dégainant à nouveau mes bâtons climatiques du froid et de la chaleur les rabattant l'un sur l'autre en les faisant tournoyer, des bulles de chaleur et de froid se libèrent de nouveau, mais cette fois je jette mon arme en avant pour créer une énorme bourrasque qui aura pour effet de repousser les deux femmes en arrière, histoire de leur faire comprendre qu'elles n'ont pas intérêt à s'approcher encore plus ! En même temps, mes deux bâtons libèrent des bulles sur leur chemin, créant une armée de nuage tout au dessus de notre coin de la forêt.
« Mon orage a sans doute alerté la Marine, si tant est que le QG s'est réveillé, ce ne sont pas des flèches ici, mais s'il y a quelqu'un d'intelligent là-bas il fera le rapprochement entre l'attaque du port et cet orage ciblé. Ne me forcez pas à réitérer l'expérience. »
Je prends une longue inspiration avant de commencer à reprendre la parole d'une voix exaspérée.
« Allez-vous attendre que je parte en courant pour me poursuivre et m'arrêtez ? Je ne vous laisserais pas cette joie, alors, Akane c'est ça ? Je n'ai aucunement envie de vous combattre si vous n'êtes pas de la Marine mais votre alliée semble avoir la langue bien pendue, dois-je me méfier ? »
Je m'attends à tout. Une offensive ? Je tiens fermement mon bâton climatique reformé en une seule arme, de mes deux mains, en position défensive devant moi.
Cette Akane qui est-elle ? Son sens de l'observation me laisse légèrement en retrait, elle est bien plus calme que son acolyte et semble m'avoir cerné en si peu de temps. La voilà qui s'approche de nouveau, elle souhaite parler. J'observe rapidement les alentours avant de calmer mon palpitant, pas de menace à l'horizon et toujours pas de bruits étranges qui me laisserait penser que le QG de la Marine s'est réveillé. Encore heureux que nous soyons sur l'île du QG le plus endormi de toutes les Blues, sinon je n'aurais pas donné cher de ma peau en quelques minutes ailleurs, vue le capharnaüm que j'ai déclenché sur le port. Je devrais poser les armes et tenter la discussion, au moins avec la rouquine, sa collègue n'a, par contre elle, plutôt pas intérêt à m'approcher.
Son discours a du sens, et plusieurs choses me font tiquer. Elle dénomme la marine et les autres chasseurs de prime, je crois avoir saisit leur camp à présent. Et le fait de vouloir discuter de femme à femme me plaît, elle se sent importante, et il n'y a rien de plus intéressant qu'une femme qui en a dans le ventre et qui sait ce qu'elle veut. La réponse qui m'intéresse le plus vient ensuite, elle n'a pas prévenu le QG de la Marine, et si actuellement nous ne sommes que trois, alors il y a très peu de chances que ces incapables se bougent maintenant. Ce qu'elle n'aurait pas dû faire par contre c'est se la jouer offensive pour terminer. Je hausse alors les épaules en riant.
« Vous n'auriez pas pu vous empêcher de jouer les malignes ? »
Ayant rangée mon Climat-tact a son emplacement, proche de ma ceinture, je m'installe contre un arbre un peu plus en arrière, je n'ai pas envie de me battre plus que ça. L'utilisation du bâton météorologique demande assez d'efforts physique et je dois bien dire que je pense ne pas être prête à m'opposer à deux chasseuses de primes dont une qui semble avoir une haine profonde envers moi. Comment est-il possible de s'allier à la Marine ? Ces menteurs et cachotiers depuis des générations ? Peut-être pourrais-je en apprendre plus si j'en viens aux faits, mais comment leur expliquer cela sans paraître suspecte ? Déjà, je ne dois pas aborder le sujet des ponéglyphes, c'est un non catégorique, peut-être pourrait-elle comprendre si j'y met les formes. Je relève alors mon regard vers Akane et son acolyte, tout en m'attachant les cheveux en queue de cheval haute, réajustant en même temps mes vêtements débraillés à cause des enchaînements précédents.
« La Marine a bien des secrets inavoués et inavouables. Une rumeur parle d'un moyen d'accès à une bibliothèque secrète de la Nouvelle Ohara, caché ici, dans ce QG de la Marine. Vous imaginez ? Un moyen d'accès secret, gardé par des menteurs, des scélérats et des pleutres ! Mon âme d'archéologue ne peut pas supporter ça. Il est de mon devoir de le découvrir, je veux être la femme qui chamboulera la Marine, qui sera crainte par cette dernière. Vous devez sans doute me comprendre ... non ? »
Réussir à analyser son interlocuteur pour ensuite mener la discussion dans un sens qui nous est favorable tout en jouant sur des thèmes qui le touche, voilà la clé de la manipulation. Je me montre assurée dans mon regard, déterminée à aller aux bouts de mes objectifs, j'espère qu'en me livrant un peu plus, mes opposantes pourront me comprendre.
L'acolyte de la rouquine semble s'être apaisée, il faut savoir discuter aussi parfois pour apaiser les tensions. Je ne la comprends pas encore toujours cette façon de faire, mais je devrais y réfléchir plus sérieusement. Alors comme ça elle ne soutient pas le Gouvernement, d'où le fait qu'elles soient chasseuses de primes, et ça se tient. Mais pourquoi et comment sont-elles arrivées ici, je n'arrive pas à les saisir. Est-ce qu'elles me disent la vérité, ou bien est-ce que je dois encore me méfier d'elles ? Elles peuvent chasser des primes en faisant partie du côté espionnage du gouvernement, les fameux Cypher Pols, discrets et prudents ils savent y faire avec l'espionnage et la manipulation. Rooh ... je me pose encore peut-être trop de questions, nous sommes parties du mauvais pieds avec ces deux femmes, peut-être puis-je écouter ce qu'elles ont à ... un affrontement ? Bon, je retire ma pensée, elle veut se battre apparemment.
« Il y a de l'injustice partout c'est un fait, mais les règles imposés par un camp aide cette injustice, pour un milieu qui se veut juste et à l'écoute du peuple, c'est assez drôle. Enfin ! Je ne comprends pas vraiment votre objectif derrière tout ça. Que cherchez vous à prouver ? »
Cherche t-elle indirectement à me montrer que je n'ai pas les capacités pour m'opposer à un QG de la Marine ? Pour qui se prend-elle ? Je vais tâcher d'analyser sa façon d'être et de combattre, l'on dit qu'une personne se montre telle qu'elle est vraiment lorsqu'elle est face à une situation qui la pousse dans ses retranchements, peut-être aurais-je l'occasion de voir qui est cette Akane au plus profond d'elle-même. Son acolyte reste en retrait, elle ne va pas participer, c'est au moins un geste très fair-play de leur part que de ne pas l'inclure à l'affrontement. Je prends une longue inspiration avant de retire ma cape que je dépose sur un rocher derrière moi avant de réajuster mes cheveux afin qu'aucune mèche ne vienne me déranger pendant l'affrontement. Finalisant ma préparation par l'assemblage rapide et express de mon Climat-tact que je commence à faire tournoyer entre mes doigts, dans mon dos, libérant déjà une légère brise agréable qui nous entoure.
« Vous connaissez mes compétences, je vous laisserais l'honneur de débuter. Vous m'intriguez, Akane. C'est la première fois que je rencontre une personnalité dans votre genre. »
Flattez l'égo de son adversaire, tandis que je met en place mon environnement. Le Climat-tact est une arme extrêmement puissante, qui demande cependant une certaine préparation avant de pouvoir lancer des enchaînements, emporté par la légère brise de mon arme tournoyant derrière moi, des particules de nuages s'envolent et commencent à en former plusieurs au dessus de nous, de quoi me mettre en sécurité au cas où la première offensive est directe.
M'attaquer avec une arme en bois ? Je pensais que c'était une blague mais apparemment non, et fort heureusement pour moi, elle ne dégaine pas d'arme blanche. Mon Climat-Tact est résistant, je peux parer un coup, puis deux, mais je ne suis pas à l'aise au corps à corps et ça se ressent dans mes mouvements. Je ne suis pas maître de ce combat, je recule à chaque coup que je reçois, les échanges ne vont que dans un sens et durent bien trente secondes, je sens déjà une faiblesse dans mon bras gauche. Soudain, un manque de réactivité de ma part me fait prendre un coup d'arme sur l'épaule, je titube légèrement en arrière en pestant, avec ma main droite de libre je rabat mon climat-tact du froid sur celui du chaud pour le lancer à bout portant sur Akane.
« Je n'aime pas le corps à corps ! Cyclone Tempo ! »
Dû à la faible distance entre mon opposante et moi, mon boomerang libère peu de vent, il va simplement repousser légèrement Akane avant de revenir dans ma main. Je me redresse en même temps, pour éviter qu'il n'aille se frayer un chemin un peu plus loin. Une fois dans ma main je range mes deux bâtons à ma ceinture avant de dégainer mon arme climatique de foudre. Ne voulant pas réitérer l'expérience du corps à corps, je fais tournoyer mon arme devant moi pour libérer une véritable nuée de bulles foudroyantes.
« Thunder Ball ! »
Les éléments semblent se déchaîner aujourd'hui, après l'orage et la bourrasque de vent, voilà qu'une floppée de bulles électriques fusent un peu partout devant moi, laissant des portes d'entrée à Akane pour qu'elle puisse se faufiler jusqu'à moi si elle y parvient. Mes bulles climatiques ne sont pas guidées par mon arme, une fois sorties elles vont suivre le mouvement du vent. En l'occurrence avec le Cyclone Tempo que je viens d'envoyer, le vent pointe en avant vers le camp adverse. Mon bras gauche me fait mal, j'essaie de le bouger le moins possible en le gardant au plus proche de moi. Je garde malgré tout le regard porté sur l'acolyte d'Akane, histoire de ne pas la perdre de vue et d'être surprise qu'elle passe à l'offensive en voyant une opportunité de me mettre au tapis.
Je dois rester sur mes gardes, cette Akane a de très bons réflexes et je suis sûre qu'elle trouvera un moyen de se glisser près de moi pour m'asséner un coup violent. Ma défense est faible et je n'ai pas d'autres outils que mon cyclone pour rétablir de la distance. J'aurais beau lancer les mêmes attaques à répétitions, elle trouvera une faille et en profitera pour me mettre au tapis. Je souris nerveusement, ce petit entraînement est intéressant, et je dois bien dire que ça fait longtemps que je ne me suis pas autant amusée à combattre quelqu'un, j'ai l'impression d'avoir quitté cette île qu'est le QG de la Marine. Suis-je en train de passer un ... bon moment ?
Je m'attendais à une offensive, mais dirigée vers mon arme je dois bien dire que ça me surprend, je lâche volontairement l'avant de mon bâton qui se déclipse au moment de l'impact, laissant dans ma main, mon bâton climatique de la foudre. Un léger mouvement de recul me permit de prendre appui sur mon pied gauche pour prendre un élan et faire tournoyer mon arme climatique. Alors, des bulles foudroyantes se mirent à s'envoler vers les quelques nuages encore présent au dessus de nous, que j'avais préalablement lancés au début de notre affrontement. L'impact sera large et risque même de me faire quelques dégâts, mais je devrais pouvoir réussir à prendre Akane dans le souffle.
« Thunderbolt ... Tempo ! »
Les bulles se glissèrent rapidement dans les nuages, devenant alors sombres, ils commencèrent à gronder puis finirent pas cracher leurs éclairs. Le premier éclata entre Akane et moi, me propulsant pour ma part un peu en arrière, un second se glissa à quelques centimètres de moi. L'impact me fit à nouveau perdre pied, était-ce là la panique que mes victimes ressentaient une fois dans mes orages ? Je comprends mieux à présent, seulement trois secondes suffirent alors pour qu'une véritable pluie d'éclairs se mit à fuser sur le champ de bataille. Ces derniers ne m'épargnèrent guère, deux à trois d'entre eux manquèrent de me faire tourner de l'oeil. Le dernier impact me souffla hors de la zone d'impact, toute fumante, des mèches en pétards, mes climat-tact étalés au sol à quelques mètres de moi. Il me fallut facilement une bonne minute pour me relever après le dernier impact. Ma vision était trouble, des arcs électriques se libéraient encore de mon corps tout crispé par l'électricité qui le parcourait encore.
« Je comprends mieux ... la douleur ... maintenant. »
Mon regard encore trouble se porta sur l'acolyte d'Akane qui semblait la chercher dans tout le remue-ménage qui venait de se passer devant elle. J'en fis de même alors que tout mon corps tremblait, allait-elle surgir de derrière la poussière pour me planter son arme dans la poitrine ? Dans tous les cas je suis démunie, et je n'ai plus qu'un pauvre couteau, certes bien affutés, mais qui ne fera guère le poids face à mon opposante et ses techniques aguerries en maitrise du sabre. J'éclaire alors ma voix en toussant fortement avant de prendre la parole.
« Akane ... vous m'avez démunie de mes armes, j'avoue être dans une mauvaise ... posture. »
Dis-je, semi honteuse de l'avouer, le regard fuyant.
Un grand sourire s'empare de mon visage alors que je détache ma queue de cheval de ma main gauche, ma main intacte, celle qui ne tremble pas à cause d'un éclair qui l'a traversé. J'ai beau essayé de secouer mon bras droit, il ne me répond que une fois sur deux, je crois que mes nerfs doivent se calmer et reprendre leur place initiale afin d'être reliés de nouveau à mon cerveau. La foudre a une force incroyable, mais je ne pensais pas que se serait si sévère. Je m'approche alors de mon bâton climatique je ramasse d'un geste avant de le ranger à ma ceinture en regardant Akane, soutenue par sa collègue qui l'a rejoint. La panique se ressent dans son regard, elle ne s'attendait peut-être pas à ce qu'un orage de cet ampleur s'écrase si proche de nous trois.
« Vous n'avez pas l'air d'être en capacité de continuer et mon bras droit aimerait se remettre de ses efforts. Vous m'avez l'air réglo vous et votre acolyte ... vous ne mentiez donc pas. »
Elle est épuisée mais semble encore apte à me mettre au tapis je pense, son expérience au combat dépasse la mienne et je ne peux que respecter cela. Mais abandonner un combat n'est pas dans mes habitudes, ma fierté me pousse à lui rejeter la faute d'une certaine manière alors que je suis clairement plus mal en point que la chasseuse de primes. Il va être temps de quitter cette île à présent, je suis clairement incapable de m'opposer à un QG entier de la Marine, se serait du suicide avec mes capacités si limitées. Je dois bien l'avouer, Akane est sûre d'elle mais elle semble savoir jauger les choses en face d'elle après avoir discuté. Je ne peux pas le nier, elle avait raison, et honnêtement, cela m'embête qu'elle ait raison. Je ne m'attarde donc pas à récupérer mon sac afin de pouvoir partir rapidement d'ici.
« Bon, je n'ai plus rien à faire ici, il semblerait que des informateurs aient communiqués des trouvailles étranges sur Hinu Town. Une stèle mystérieuse aurait attirée l'attention du Gouvernement qui orchestre d'une main de fer les recherches aux alentours. Si l'envie vous prend de rejoindre cette île, nous pourrions nous recroiser. »
Mon regard balaie rapidement les alentours, on dirait que je vais devoir me rabattre sur un plan un peu plus frontal ... avant de venir ici je me suis renseignée sur les potentiels Ponyéglyphes que je pourrais rencontrer sur mon chemin. S'il s'avère que Akane est une aventurière, elle se laissera porter par une annonce comme celle-ci. Il semblerait qu'un pirate ait déchiffré cette stèle interdite, les livres ne retranscrivent pas ce genres d'informations mais les journaux spécialisés le font, ils sont vite interdits à la vente mais une voleuse et une maligne telle que moi sait se montrer futée pour obtenir ce qu'elle désire. Enfin bref, je réajuste mon sac à dos avant de me tourner vers le duo de femmes, attendant patiemment de savoir ce qu'elles comptaient faire. Allaient-elles m'arrêter maintenant et m'empêcher de quitter ce QG de la Marine pour rejoindre une île où un potentiel Ponéglyphe s'y cache ? Alors ça, seul l'avenir nous le dira.