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La douleur du réveil

Un monde paisible.

Une plage de sable fin, bordée de cocotier, bercé par le seul bruit des vagues qui vont et viennent au rythme de la houle. La quiétude. Depuis combien de temps ne l'ai-je pas ressenti ? Là, allongée sur dans ce paysage paradisiaque, je me sens enfin bien, en paix.

*****

- Rah, Izya ! Un médecin ! On a besoin d'un médecin ici !
- Je suis là. Oh Bordel.
- Vous devez la sauver ! Vite ! Elle perd trop de sang !
- Je... Je vais faire au mieux mais.
- Y'a pas de mais ! Faites le ! Elle est forte ! C'est pas un bras et une aile en moins qui vont la tuer !
- Y'a pas que le bras gamin ! Tu vois pas qu'elle a été touchée au torse ?!
- Rah putain ! Et Red, il est où Red ?!

Ailleurs, de toute évidence.

*****

C'est drôle comme le temps ici est étrange. J'ai l'impression que ça fait plusieurs jours que je suis là, seule, à attendre paresseusement que le temps passe. Et pourtant, je ne m'ennuie pas plus que ça. Pire, au fond je n'ai pas envie d'en partir.
Pourtant, a plusieurs reprise j'ai sentis mes pensées divaguer. Des noms comme Alfred, Alina, Tahar, Malia me viennent régulièrement en tête, mais à chaque fois que cela arrive, je ressens de l'agacement monter en moi. Alors d'un geste, je chasse ses pensées pour me concentrer dans le bleu de la mer, me perdre dans le mouvement hypnotique des vagues qui vont et viennent à un rythme lent.

Jusqu'à m'endormir encore, paisiblement.

Telle est mon quotidien dans ce monde : ouvrir les yeux, marcher sur la plage, mettre les pieds dans l'eau, nager, et puis lézarder au soleil et dormir.
Dans ce monde ou je n'ai ni faim, ni soif, ni mal, je me sens aussi tranquille qu'inutile. Mais est-ce un problème ? Non, c'est un soulagement.

Dans ce monde, la solitude me sied.

*****

- Alors ?! Comment elle va ?
- C'est la merde, vraiment.
- Mais elle est vivante encore non ? Il y a des bateaux venant d'Armada qui arrive, et l'abbé est dessus ! Alors fau juste la faire tenir jusque là !
- Facile à dire. On ne peut même pas cautériser ses plaies pour arrêter les saignements.
- Quoi ?! Mais pourquoi ?!
- Parce que son corps refuse de brûler !
- Ah putain c'est vrai... Alors congelez là !
- Pas sur que ça marche...
- Alors trouvez une autre idée ! Mais sauvez là !

*****

Je me laisse flotter sur la mer, regardant le ciel et les quelques nuages blancs qui y flottent. Celui ci, à droite, ressemble un peu à un chat, là, plus haut, on pourrait croire un dragon. Et puis en dessus il y a celui là qui semble être un bateau.
Et il y a celui de gauche.
Un chapeau.

Et a peine cette idée de traverse que je me sens couler, entrainer vers le fond de la mer sans même pouvoir bouger. Est ce que cela me fait peur ? Est ce que j'ai envie de me débattre ? Non. Non mon esprit est accaparé par ce chapeau tandis qu'un mélange d'émotions viennent briser la paix que je ressens et que je me mets à haïr, haïr plus que tout ce putain de chapeau rouge.

Et tout devient froid. Froid comme la mort et dur comme la glace. Mes yeux s'ouvrent un instant, mais je ne vois rien mis à part du blanc. Encore et toujours ce putain de blanc dans ce putain de glaçon et cette putain de douleur qui m'empêche de bouger. Là, consciente, je me souviens : Teach, Kid, l'attaque, les lasers, la douleur, le sang.
Red.
Dans un ultime effort, je déploie mon haki et le sens, là bas, loin. Vivant.

Alors, sur mon visage bleui par le froid, un sourire se dessine. Il est vivant.
Il est vivant.

J'ai accompli ma mission hein ? J'ai fais ma promesse.
Je peux partir maintenant.

Mes yeux se referment tandis que ma conscience disparait une nouvelle fois dans les limbes de la mort.
Mais est-ce vraiment elle ?

- Izya... Izya réveille toi.

Lentement, j'ouvre les yeux tandis que le soleil est déjà haut dans le ciel sur cette plage féérique. Et alors que je les ouvre, je vois un visage penché au dessus du miens. Un visage que je n'ai plus vu depuis des années. Depuis mon départ de chez moi, sur South Blue.

- Papa...? PAPA !

Alors que je dormais la tête sur ses jambes, je me redresse vivement et me jettes dans ses bras, l'enlaçant avec force tout en ne pouvant retenir des larmes de joie à le revoir, être près de lui, là, maintenant.

- Oh papa, je suis tellement désolée. Je n'aurai jamais du...
- Tu n'aurais jamais du quoi ? Partir vivre ta vie ? Devenir celle que tu es ? Une légende connue dans le monde entier qui possède la force de changer le monde ? Non, tu n'as pas à t'excuser pour cela. C'est moi qui suit désolé de ne pas t'avoir suivie.
- Mais je regrette ! Si tu savais comme je regrette ! Si je n'avais pas été aussi... Aussi jeune et perdue alors... Je sais que j'aurai été heureuse à vos côtés ! J'aurai du rester vivre avec Maman et toi pour toujours, tout aurait été tellement plus simple !
- Allons Izya, tu y crois vraiment à ça ?
- Oui ?

Non. Non, je sais que j'aimerai m'en convaincre mais un jour ou l'autre l'océan m'aurait appelé à lui pour vivre autre chose qu'une vie tranquille. Parce que malgré tout ce que je dis, je ne supporte pas de rester là, inutile, vivotant sans but, attendant seulement que le temps passe. Je ne le supporte pas même si... Même si ça fait tellement, tellement moins mal.

- Je le sais quand tu me mens petite ange.

Il appuie sur mon nez, comme lorsqu'il me reprenait gentiment autrefois. Alors honteuse je baisse les yeux tout en me lovant dans ses bras.

- De toute façon, maintenant, ça n'a plus d'importance non ? Si tu es là et que j'y suis aussi, c'est que je suis morte.
- Tu crois ? Oui. Tu as peut être raison.
- J'ai toujours raison.

Je le sens rire légèrement tandis que sa main caresse tendrement mes cheveux. Et pendant un long moment nous restons là, silencieux, profitant simplement de la présence de l'autre. Parce que c'est finalement tout ce qui importe, être avec une personne qu'on aime. Qu'on aime plus que tout.

Comme pour le chapeau, cette pensée me fait mal. Dans ma poitrine, j'ai l'impression que mon cœur se brise, comme du verre, déversant avec lui un flot de rage, de haine, de jalousie, de rancœur, de douleur... Et s'en même m'en rendre compte, dans les bras de l'homme qui m'a élevée, mon corps change, se recouvrant d'écaille, de pointes... Répondant instinctivement à la rage qui m'habite.

- Izya...

La voix de Géralt Sélindé me sort de ma frénésie et l'instant d'après me revoilà ange sur cette plage, le souffle encore court de mon accès de fureur et la peur se lisant dans mon regard.

- Est-ce que tu veux... m'en parler ?

Je baisse la tête, honteuse. Qu'y a-t-il a en dire ? Beaucoup de chose sans doute. Beaucoup de chose que je n'accepte pas, que je me tue encore et encore à enfouir en moi mais... Maintenant que je suis morte, est-ce vraiment la peine de continuer ? La lutte n'est-elle pas terminée ?

- Je... Je ne suis pas ce que j'aimerai. Je... J'ai toujours tout fait pour... avancer. Essayer d'être juste, de faire au mieux. pour autant, je vois mes erreurs, énormes, et irrattrapables. Je vois tous ces gens que j'ai blessé, déçu, ou même tué. Je... Je n'ai jamais voulu être comme ça ! Moi tout ce que je voulais c'est savoir pourquoi on m'avait abandonné, et pouvoir réaliser mon rêve d'enfant avec l'homme que j'aime ! Que j'aimais...
Mais aujourd'hui... Aujourd'hui je ne me reconnais plus. Je ne suis rien de ce que je voulais, rien de ce que je veux ! Et... et mon cœur, ces sentiments...
Ça m'a fait tellement, tellement mal. Et quand j'y pense, ça fait deux fois que mon amour est ainsi rejeté. Alors pourquoi ? Pourquoi mon cœur me fait ça ? Pourquoi ça devait être si dur ? Pourquoi était-ce si douloureux ?!
Je... Je voulais juste... Être heureuse. Juste ça. Et au lieu de ça je suis devenue un monstre triste, blessé et remplis de rancœur et de haine. et malgré tous mes efforts pour taire tous ces sentiments, je les sens qui me dévorent encore et encore.
Mais c'est fini maintenant hein ?
Maintenant on va pouvoir rester ensemble et oublier tout le reste, n'est ce pas ?


Larmoyante, je tourne la tête vers le visage rassurant de mon père qui prend mon visage dans ses mains. Et alors que ses lèvres s'agitent dans un airs réconfortant, ses mots n'atteignent pas mes oreilles.

- Tu as dis quoi ?

Une nouvelle fois, ses lèvres s'agitent alors qu'aucun son n'en sort. Mais ce n'est pas le seul problème. La chaleur des mains posées sur mon visage diminue, jusqu'à ce que je ne la ressente plus. Tout comme le ne ressens plus ces grains de sables sous mon corps.

- Qu'est ce qu'il se passe ?! Papa !

Le paysage semble se voiler sous mes yeux, et lorsque je regarde mes mains, seules elles sont nettes. Hormis moi, tout semble s'effacer sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit.
Non.
Je ne veux pas.
Laissez moi !

Papa, s'il te plait ! Reste avec moi ! Retiens moi !

- Papa ! PAPA !

Et je hurle, je hurle alors que je suis aspirée loin de se monde et que soudainement...
La réalité revient.

La coquille de mon oeuf se brise et me laisse choir sur le sol, nue, toussant ce liquide visqueux et régénérateur de mes poumons, qui respirent comme si c'était la première fois. Il me faut une bonne seconde pour reprendre conscience, pour me souvenir.
Me souvenir de tout.

Papa. Bordel, pourquoi je ne suis plus avec toi ?

Pourquoi ce putain de monde m'a-t-il rappelé à lui ? Pourquoi ?

- POURQUOI ?!
- Izya ! Tu es enfin guérie ! Cette fois c'est toi qui tu as une d.

Mais Damien venu se vanter près de moi ne peut pas finir sa phrase. Non. Ma colère, ma rage est trop grande. Il ne se rend pas compte, il ne peut pas comprendre ! Et ma main n'obéissant plus qu'à ma colère vient attraper sa gorge et la serrer, serrer tandis que mes ongles entre dans sa peau.

- POURQUOI T'AS FAIT ÇA ?! JE DEVAIS CREVER ! JE DEVAIS ENFIN CREVER POUR AVOIR LA PAIX !

Mon haki royal s'échappe de moi, assommant tous ceux présent dans la pièce, laissant ce pauvre Damien la bave au lèvre, incapable de bouger, de se défendre, mais encore conscient. D'un geste brusque, je le repousse plus loin, le jetant presque contre un mur alors que je hurle, hurle ma colère et ma rage, hurle contre cette douleur toujours là dans mon cœur que je n'arrive pas à enlever, que je pensais enfin pouvoir tuer.

Mais non, en me faisant revenir, ils l'ont fait revenir aussi !

Et à moitié sonné, Damien tousse en essayant de reprendre sa respiration tandis que moi, fulminante, je serre les poings, frappant dans les restes de ce putain d'œuf de l'abbé qui m'a fait revenir de là où j'étais, de là où j'avais trouvé la paix.

- T'avais promis. *tousse* T'avais promis que tant qu'il serait pas mort... Tu resterais avec Red !

Mon regard se tourne alors vers le fils du rouge, le dévisageant plus que durement.

- Il l'a pas tué ?!
- Il... Il a pas pu ! Kid est arrivé et.

Mon poing éclate alors un mur de glace non loin de moi, coupant net le gosse une seconde avant qu'il ne reprenne.

- J'ai.. J'ai dit au vieux de venir te voir. Je lui ai dit qu'il devait s'occuper de ses alliés mais... Il n'écoute plus personne, la seule chose qui l'importe c'est Teach. Il fait tout pour qu'on le poursuive immédiatement, c'est pour ça qu'il a payé l'abbé pour qu'il sauve le plus de gens possible et... et qu'il met tout en œuvre pour qu'on le suive sur Treize je crois.

Mes poings se serrent jusqu'à ce que mes ongles traversent ma peau. Bordel, je les hais, je les hais tous de m'avoir ramené, de m'avoir empêchée de crever. Teach, ça devait être toi ou moi et finalement l'un comme l'autre on est vivant ?
Non, hors de question d'attendre plus longtemps.

- Les éternals pour Treize, ils sont où ?
- Je...
- OU ?!
- Dans la salle du trône, c'est Red qui les a !

Fait chier.

J'attrape alors mes affaires qui étaient sur la table que j'ai renversé avec mon haki et sors de la pièce en m'habillant en chemin, remettant Argument Décisif à ma ceinture.

Rien a foutre de ce que Red en pense ou pas, je vais récupérer une putain de boussole pour Treize et aller régler son compte à l'empereur moi même ! Et cette fois, j'espère pouvoir crever en paix !


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-Non tu ne peux pas.

La salle du trône de l'empereur de glace porte surtout les marques du combat qui l'a ravagé. Tant que j'y suis personne n'y touche, et c'est très bien comme ça. J'ai laissé les gars enlever les cadavres mais j'ai gardé le reste. Le froid a congelé les restes des plantes de Teach en autant de monstres de cauchemars congelés. Une galerie des glaces qui plairait surement au vieux monstre, a un moment ou les innombrables types qu'il a congelé dans le coin sont enfin en train de recevoir une sépulture décente, juste avant de participer à titre posthume à l'assaut sur Treize.

En tout cas le décor me plait. Murs détruits et brulés, toiture effondrés, débris et monstres, ça colle à mon humeur.

Et pour l'instant aussi à celle de l'ange qui me fait face, aussi fraiche que si elle ne venait pas de revenir d'entre les morts en assommant tout le monde, et si bouillonnante de colère que l'air semble bruler et faire fondre la glace autour d'elle. Encore prête à se battre, pour moi, contre moi...

-Personne n'ira à Treize en solitaire et en avance, surtout pour s'offrir un suicide. On est déjà en route, on y arrivera tous en même temps et on se battra la bas quand je le déciderai.
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Non je ne peux pas ?
Quand tu le décideras ?
Sérieusement ?

- Je t'ai pas demandé ta permission.

Derrière le trône de glace à moitié ravagé, il y a une table couverte de bric à braque qui semble être fait d'autre chose que de glace. Alors resserrant ma cape fourrée sur mon corps pour lutter contre ce putain de froid, je ne regarde même pas le Rossignol de peur de perdre toute contenance. Car d'un seul coup d'oeil, je vois bien le sang qui coule encore de sa main tout juste bandée. Alors je suppose qu'il en est de même de ces autres blessures ?

Monsieur paye pour guérir ses troupes mais ne jugent même pas utile de se soigner lui même ? Et après, il se plaint que je veuille faire une attaque suicide ? Que je sache, je fais encore ce que je veux non ?

Donc sans un mot ni un regard, je m'avance vers la table, usant même du soru pour passer le niveau de Red et récupérer les éternals au plus vite. Sauf qu'il n'y a rien de tel. Seulement des fourrures, des plans, des cartes en tout genres... Rien de très intéressant en sommes.
Et surtout, Red n'a pas cherché à essayer de m'arrêter.

Imaginant très bien ce qui le rendait si sur de ces affirmations, mon poing se serre alors que je perds très vite mon sang froid en imaginant les moyens de navigation perdu dans les ténèbres du prétendant au titre d'empereur.

- Donnes moi un éternal.

Je dis cela sans le regarder, fixant la table devant moi tandis que mon corps se couvre d'épine et d'écaille sous ma colère et que ma queue tranchante bat l'air derrière moi, prête à en découdre.

A un moment, je ne suis pas devenue reine pour supporter que des gens ose se mettre sur ma route quand je décide quelque chose. Alors si je dois lui foutre une raclée pour récupérer cette foutue boussole, je le ferai sans hésiter.


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-Non. Si tu veux aller à Treize tu feras comme tout le monde. Suis le navire.
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- Je ne veux pas aller à Treize : je veux buter Teach ! Alors donne moi ce putain d'éternal, qu'on en finisse avant qu'il guérisse !


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-Bah, c'est nous qui avons le fruit de l’œuf non ?

Le bon moment pour me sauter à la gorge vient de passer, Izya discute, et quand on commence à discuter c'est qu'on a pas vraiment envie d'en venir aux mains. C'est aussi bien. Je n'en ai pas vraiment envie non plus. Sauf si la laisser sur le carreau ici est la seule alternative pour lui éviter un suicide la bas.

-Après sa défaite aujourd'hui Teach est fini. Son mythe s'effondre. Sa puissance s'effrite. S'il n'est pas déjà mort il est en train de crever, et la bataille a venir ne sera qu'une conclusion destinée a savoir si les types d'en Marche décident de foutre le camp ou de se faire enterrer avec lui.

Et c'est a moi de fermer la page de Teach.

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- Parce que tu penses vraiment qu'il va attendre sagement qu'on l'achève sans rien faire ? On l'a vu faire ! Il peut pomper la vie de ses hommes pour se soigner !
Tu veux l'achever toi même ? Alors qu'est ce que tu attends bordel ?! Une invitation ?!


D'un pas vif, je descends vers lui et attrape sa main dont le bandage est encore imbibé de sang du fait de l'absence de quelques doigts et plante ma griffe à l'endroit des plaies.

- Tu veux tuer un empereur en restant dans cet état ?! Tu t'es pris pour qui ? Le roi du monde ?! Dois-je te rappeler qui est mort la dernière fois ?!

Fulminant de colère, mon visage à quelques centimètres du sien le dévisage tandis que mon fluide royal vient frapper sa tête tant mon énervement est grand. Tout ceci m'enrage au plus au point, et tout ce que je veux moi, c'est en finir. En finir avec toutes ces conneries, avec cette menace pesante de Teach sur nos épaules, ce fantôme qui le hante lui et m'empêche par la promesse que j'ai faite de m'éloigner enfin de toute la douleur que mon coeur m'impose.

Mais ça, forcément, Red s'en fout. Parce que Red, malgré son empathie, ne veut pas voir plus loin que le bout de son nez !

- Alors tu vas me filer ce putain d'éternal que j'aille finir ton putain de travail que tu es pas foutu de faire toi même ! Et si tu tiens à ce point à finir le taff, alors tu bouges ton cul et on y va ensemble ! Mais il est pas question qu'on lui laisse la moindre opportunité de se soigner !

Parce que oui, on a le fruit de l'oeuf, mais des fruits qui soigne, je peux parier qu'il en existe des dizaines. Et même sans fruit, si Teach a encore des graines pour faire sa plante vampirique, on l'a dans l'os.
Et ça, c'est juste hors de question.


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Mon haki bloque la griffe de la dragonne a quelques centimètres de mes blessures, sans même que ma main ne se couvre du noir normalement caractéristique du pouvoir. Impressionnant non ? Dire que tous les vieux maitres me disant que tout était une question de volonté plutôt que de force avaient raisons.

-On est en route depuis qu'on a mis la main sur les Pose. Pendant que l'abbé te soignait la flotte a pris en remorque l'iceberg, et nous l'avons remis en état pour qu'il puisse faire la fin du trajet tout seul. Nous suivons la même route que Teach, et il n'aura guère qu'un jour ou deux d'avance sur nous quand on atteindra Treize pour l'achever.

D'ailleurs nous devrions y être bientôt, tu es l'une des dernières à sortir des œufs et les préparatifs de l'assaut sont quasiment finis.


Après l'épreuve de force voila que c'est le Haki royal de la reine céleste qui se déploie entre nous et vient me heurter de plein fouet. Impression d'étau brulant enserrant le crane, pression, migraine, nos yeux s'injectent de sang pendant que nos esprits se dressent l'un contre l'autre, mais je n'ai pas tenue tête à Teach pour baisser le genou devant l'ange dragon. Et la douleur s'efface pendant que je reprends le contrôle de mes pensées et que mon esprit se blinde contre les attaques de la demoiselle.

-Ma blessure n'a aucune importance, ce n'est rien, juste un peu de douleur bienvenue, un message...

Un message pour me rappeler qu'on saigne tous, qu'on meurt tous ? Ou plus simplement une volonté de ne remettre entre les mains de personne d'autre que moi le sort de ce qui va finir de se jouer bientôt. Et surement pas de me plonger dans l’inconscience d'un pouvoir que je ne maitrise pas.

-Tu n'as pas à tenter quoi que ce soit toute seule. Nous allons atteindre ensemble Teach au moment ou il le faudra, nous finirons de détruire ses flottes et son empire, et je le tuerai...
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Un message hein ?

Un message.

La folie m'envahie encore un peu alors que monsieur tente de m'expliquer ce que je dois ou ne dois pas, ce qu'il veut ou ne veut pas. Qu'est ce que j'en ais à foutre franchement ! Lui, il fait attention à mes envies et mes désirs ? Il pense un peu à ce que je peux ressentir ? Se demande-t-il juste pourquoi je veux partir là bas dans une attaque où je suis certaine de ne pas en revenir ?
Il croit quoi... Que c'est pour lui ? Que je ressens un quelconque devoir envers lui ?

Un message...

- Moi aussi j'ai un message pour toi.

Ma tête hybridée se pare de noire de haki et vient frapper sa grande gueule qui joue les aveugles insensibles. La douleur t'est salutaire ? Alors bouffe toi ça Red.
Et l'instant d'après ? Je suis déjà partie. Après tout, il a dit une chose très intéressante dans ces palabres : l'iceberg fait voile jusqu'à Treize. Si c'est le cas, il doit y avoir un gouvernail avec un navigateur munie de ce que je cherche.

Laisser un ou deux jours d'avance à Teach ? Quelle connerie ! Une fois sur Treize, il serait bien capable de décimer toute la population de l'île en les vampirisant pour se soigner, et on retournerait indubitablement à la case départ. A ceci près qu'il sera chez lui, avec des alliés qu'on aura pas encore attaqué.

Mais franchement, j'en viens à me dire que j'en ai réellement plus rien à foutre de tout cela. Tout ce que je note, c'est que Red ne me comprend définitivement pas et en a tellement rien à foutre de ce que je peux ressentir qu'il cherche à me retenir uniquement dans ces intérêts. Pour réaliser son plan qu'il a décidé. Si finalement c'est ça être la personne la plus importante pour lui, alors je n'ai vraiment plus aucune raison de rester avec lui.

Plus aucune raison de rester tout court.

Qu'il aille se faire foutre, lui et sa trainée. Moi je vais faire en sorte de ne plus jamais en entendre parler, et si j'arrive à emmener Teach avec moi, j'espère que je laisserai un souvenir indélébile dans le cœur de Red. Un souvenir amer qu'il aura amplement mérité.


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Je suis revenu d’entre les morts, je suis bien au dessus de ce genre de contrariété.

Mais il faut quand même pas pousser...

Et puis elle a ses raisons de faire ça non ? Je ne peux pas vraiment lui en vouloir.

Mais ça commence quand même à devenir pesant...

Je sens venir le coup au moment ou la colère devient une explosion de rage dans la tête de la dragonne. Je ne fais pas un geste pour éviter le coup de boule des familles mais mon visage se couvre de la couleur de l'armement en même temps que ses écailles. Et si ma tête part en arrière sous l'impact du crane de la dragonne contre le mien, le choc qui résonne comme un coup de tonnerre dans la pièce à du lui faire voir plus d'étoile qu'a moi...

Et cette fois c'est trop...

Plus reptilienne qu'humaine Izya file d'un soru vers la porte, vive comme un éclair, mais ce n'est pas encore assez rapide pour échapper à mes pouvoirs. Suivant son ombre, le sol de la pièce se couvre instantanément d'un voile de ténèbres qui la rattrape, ma main se tend vers elle et se nimbe de noir. Et au lieu de passer la porte, Izya est soudain stoppée, bloquée, harponnée par le pouvoir des ténèbres et l'attraction qu'il exerce sur tout ceux qui ont commis l'erreur de manger un fruit du démon. Au sol la marée de ténèbres enfle, grossit, et quand Izya touche le sol pour se propulser à nouveau et se libérer de mon emprise c'est pour y succomber un peu plus, sous ses pieds la salle n'est plus qu'un marais, une flaque sombre dans lequel elle s'enfonce et qui l'attire avec toute la force que je peux déployer, rendant vain chacun de ses efforts pour se libérer. Jusqu'à ce qu'elle disparaisse complément dans les ténèbres pendant que je m'y fond à mon tour.

- On ne peut pas continuer comme ça princesse. Je ne te laisserai pas plus te suicider contre Teach que tu ne me laisserais le faire. Et tu le sais trés bien.
- Alors viens avec moi ! Tu sais parfaitement qu'on a besoin de personne d'autre que nous pour l'achever et je suis capable de rattraper son putain de navire ! On y va tous les deux, on le fume, et on attend les autres sur Treize pour prendre l'île et finir d'enterrer son équipage !
-Treize n'est pas un coin qu'on peut prendre à deux. Par contre c'est un coin que personne ne pourra prendre sans nous. Et on y est presque !
- Et chaque minute qu'on passe à parler laisse à Teach le temps de sacrifier ses hommes pour se régénérer ! On y est presque alors qu'on devrait déjà l'avoir tué ! Et je suis un putain de dragon Red ! Je peux nous rendre invisible et nous déposer au pieds du lit de Teach avant même qu'il rejoigne son île de merde !
-Tu sais comment marche l'empathie. Tu as vu Kidd. Personne ne lui échappera la bas. Et encore moins à teach s'il s'avére qu'il est encore de taille à nous affronter, ce dont je doute fort. Je ne pense pas qu'ils aient beaucoup d'avance, ni qu'ils aient les moyens de remettre le vieux monstre sur pied. De toute façon si je me trompe c'est déjà trop tard. Nous sommes assez prés pour ne pas avoir besoin de gagner quelques heures
- Alors soit, attendons qu'il soit trop tard ! Attendons que Teach soit guéri et qu'on se bouffe les dents sur sa forteresse ! Ça m'est égale ! Mais saches que tu n'as plus aucun droit sur mon avenir ! Ton choix, tu l'as fait et je n'en fais pas partie ! Alors assume et laisse moi tranquille !
- Je fais tout ça pour toi !
-Mensonge ! Tu fais tout ça uniquement pour TOI ! Pour toi et ta poufiasse ! Moi j'en ai rien à foutre de Teach ! Moi la seule chose que je lui reproche c'est de t'avoir tué ! Et il ne l'aurait pas fait si TU ne l'avais pas attaqué ! Arrête de te leurrer Red ! Je n'ai plus AUCUNE importance pour toi si ce n'est la force que je représente ! Alors tes putains de mensonges, tu peux te les foutre où je pense, ça ne prend plus avec moi !
Parce que si j'avais une quelconque importance pour toi, tu serais resté avec moi quand l'Abbé me guérissait ! Souvient toi, avant, tu ne laissais personne d'autre que toi me soigner ! Avant j'avais de l'importance pour toi, avant je comptais pour toi mais ça, c'est terminé ! C'est terminé depuis que tu as choisi de me remplacer ! Alors maintenant, laisse moi partir où je n'attendrais pas de trouver Teach pour me lancer dans un combat suicide !

- Si c'était vrai je t'aurais laissé affronter Teach !
- Vraiment ? Alors même que tu viens de me dire que nos meilleurs chances de réussites sont d'attaquer avec tout le monde ? Que tu m'as faite soigner comme on soigne un putain de pion pour sa partie d'échec ? T'es qu'un putain de stratège Red ! Un stratège qui a peur de perdre une seconde fois contre son démon et qui veut mettre toutes les chances de son côté en en ayant rien à foutre du reste ! Tu crois que je suis pas au courant de ce que tu as dis à Alfred quand je suis revenue des Allods ? Que je ne sais pas que tu attends ma mort ou celle de Jeska pour que nos querelles s'arrêtent d'elle même ?!
Mais en attendant, tu as été clair là dessus, c'est elle que tu as choisi ! C'est elle que tu veux ! Alors arrête donc d'essayer de te faire passer pour quelqu'un qui en a quelque chose à foutre de moi alors que tu attends juste ma mort pour vivre ta vie avec l'autre ! Et laisse moi donc faire ce que tu attends de moi : me battre et périr contre ton démon avant que tu ne le tues. Comme ça, tu auras tout ce que tu voulais !


Inutile, discuter ne sert à rien, s'expliquer ne sert à rien, ou plutôt, je n'y arrive pas. Alors tout est vain. Vain mais pas perdu. Aux limites de ma perception, quelque part sur le bateau, je sens l'excitation s'emparer de ceux de mes proches que je surveille. Comme prévu, Treize est proche, trés proche; Peut être assez pour que nous sauvions la dragonne, même contre son gré.

Alors une fois de plus je lâche prise, et dissipe mes ténèbres.

Et pendant que le branle bas résonne à travers les couloirs glacés de l'iceberg, la dragonne file vers le ciel et la tour de Treize.

Seule.
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