Tic, Toc [RP Solo]

Criminel : Gil Ferguson dit Le Vampire
Prime : 5 millions B
Puissance : 1200 dorikis

***

    Tic. Toc. Tic. Toc. Tic. Toc.

    Le pied de la chasseuse de prime se balance au même rythme que le balancier de la pendule, témoin de l'impatience de la jeune femme. Deux heures déjà qu'on la fait poireauter là, et elle commence à en avoir plus qu'assez de détailler le bureau en acajou et le fauteuil vide devant elle, le tableau représentant l'exécution de Portgas D. Ace accroché au mur, ou cette maudite pendule en or massif qui trône sur une commode apparemment d'une valeur inestimable.

    Elle faisait quelques courses en ville en compagnie de Louise lorsqu'un étrange personnage à l'allure guindée les avait hélées. Sans doute attiré par les armes de la rousse, ou par l'intérêt particulier qu'elles prêtaient aux affiches "Wanted", il leur avait expliqué que son maître cherchait un chasseur de prime pour une affaire qui relevait de la plus haute importance. Après une rapide concertation, les deux femmes décidèrent que seule Wakajini s'occuperait de cette affaire, pendant que Louise partirait à la pêche aux informations sur la Révolution. Elles étaient venues ici pour ça, après tout.

    Et voilà comment la rousse se retrouve invitée dans une demeure plus que luxueuse, remplie de bibelots valant sans doute plus d'un million pièce, de meubles en bois rares, et de tapisseries hors de prix. Après avoir été conviée à patienter dans un salon particulièrement confortable, elle n'avait plus vue âme qui vive. Elle décroise les jambes, les recroise dans l'autre sens, et reprend le rythme de la pendule avec son autre pied.

    Tic. Toc. Tic. Toc. Tic. Toc.

    Elle leur en foutrait, des tic-toc ! Son siège a beau être de qualité, elle commence à en avoir marre que son postérieur y soit cloué. La patience n'est pas sa plus grande vertu. Agacée par ce manque de considération – l'inviter pour la faire attendre autant ! - elle se lève et s'approche du bureau. Puisqu'elle est là, autant se dédommager par un menu larcin avant de prendre la poudre d'escampette pour repartir traquer le révolutionnaire.

    Et bien entendu, c'est à ce moment qu'une porte s'ouvre. Un homme d'une quarantaine d'année entre dans la pièce, les cheveux poivre et sel, une paire de lunette posée sur son nez arqué, des vêtements dignes des plus riches aristocrates. Il lui lance un regard intrigué qui passe du siège à la jeune femme puis au bureau. Sans commentaire, il va s'assoir de l'autre côté du bureau, et invite d'un geste Wakajini à s'assoir. Pas gênée le moins du monde de la situation, la jeune femme va reposer son derrière sur le coussin moelleux du fauteuil.

    « Vous m'avez fait attendre, » lâche-t-elle d'une voix glaciale. Elle n'aime vraiment pas attendre.

    « Des affaires urgentes à régler. » La surprise se peint fugitivement sur le visage de la rousse qui ne s'attendait pas à une telle autorité dans le ton de son futur employeur. « J'ai besoin de vos services pour capturer un certain Gil Ferguson. Le gouvernement ne l'estime pas suffisamment dangereux pour le faire rechercher, mais il s'en est pris à certains de mes amis proches. »

    Il s'interrompt quelques secondes, et la rousse garde sa langue, consciente qu'il n'a pas fini ses explications. Tous ses petits détails lui importent peu et elle n'a pas envie de rallonger encore le discours de ce type avec des commentaires déplacés ou des questions inutiles.

    « Il tue ses victimes en leur tranchant la carotide, avant de boire leur sang. Ces horreurs doivent cesser. Je vous offre 5 millions de berrys pour que vous me le rameniez, mort ou vif. Je sais qu'il est encore sur l'île. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, adressez-vous à mon major d'homme. Il s'occupera de tout, y compris des informations supplémentaires dont vous aurez besoin. »

    « Bien. »

    L'employeur ne semble pas avoir envie de perdre plus de temps ici, et d'un même mouvement, les deux protagonistes se lèvent et quittent la pièce chacun de leur côté. Le major d'homme aborde Wakajini dès qu'elle met le pied hors de ce salon-bureau et lui donne les détails manquants, comme la description du Vampire, ses habitudes, la manière dont il choisit ses victimes etc.

    Avec un sourire carnassier, la jeune femme quitte finalement la somptueuse demeure, et part à la chasse à l'homme.


Dernière édition par Wakajini Shounetsujigoku le Dim 28 Aoû 2011 - 16:59, édité 1 fois
      Le soleil commence à se coucher, colorant le ciel d'orange et de rose. Lorsque Wakajini lève les yeux pour observer le spectacle, les lumières qui se reflètent dans ses iris donnent l'impression que des flammes brûlent dans ses orbites.

      D'après le major d'homme, Ferguson sort principalement la nuit. C'est donc tout naturellement que la chasseuse de prime avait attendu le coucher du soleil. Vêtue tout de noir, son fouet accroché à sa ceinture, trois poignards dissimulés sur elle, elle avait laissé le reste de ses affaires dans la somptueuse demeure de l'aristocrate quelques minutes plus tôt. Autant voyager léger.

      Consciente qu'elle doit bien commencer quelque part, elle laisse ses pas la guider jusqu'au point de la ville où l'activité nocturne est la plus concentrée. Dans un premier temps, elle suit les rues comme tout le monde, puis elle cherche rapidement un moyen de grimper sur la première bâtisse qu'elle croise, escalade quelques caisses, et se faufile finalement telle une ombre de toits en toits. La clarté est encore suffisante pour qu'elle puisse distinguer les gens dans la rue, et la hauteur lui permet de mieux appréhender tout ce qui se passe dans la ville. La rousse se met debout au bord d'un bâtiment plus élevé que les autres, cheveux au vent, scrutant le sol avec attention. Toute impression de déjà vu est absolument fortuite.

      Si elle manque de patience lorsqu'on lui demande d'attendre dans une pièce avec comme fond sonore le bruit d'une pendule, il n'en est rien lorsqu'elle traque un criminel. Rapidement, elle repéra une taverne ornée d'une tête de mort en feu.

      « L'Antre de l'Enfer. C'est la taverne dans laquelle il passe presque toutes ses soirées. S'il n'y est pas, on devrait tout de même vous donner là-bas un moyen de le trouver. Vous la trouverez facilement : il y a des néons rouges et l'insigne est une tête de mort en feu. »

      Pas de doute possible, c'est ce bâtiment dont le major d'homme lui avait parlé. D'un œil expert, la chasseuse de prime évalue la configuration des bâtiments qui la sépare de cette taverne, puis elle s'élance.

      D'un bond, elle survole une ruelle étroite et se réceptionne dans une roulade sur le toit d'en face. Elle reprend sa course, se laisse glisser le long d'une gouttière, prend appui sur le mur et saute sur une autre bâtisse. Elle aperçoit un fil tendu entre deux maisons, le traverse comme si elle marchait sur la terre ferme, se glisse par une fenêtre dans une demeure en silence.
      Sans bruit, elle traverse une cuisine, une chambre, et sort par la fenêtre opposée, s'accroche à des aspérités dans le mur et se laisse précautionneusement tomber par à-coups jusqu'au sol.

      Un sourire satisfait lui barre le visage alors qu'elle sort enfin de l'ombre et rentre d'un pas assuré dans la taverne. Et autant vous dire que son entrée ne passe pas inaperçu. Son pantalon et son bustier en cuir noir moulent parfaitement ses formes, quelques cheveux fous se sont détachés de sa natte pendant sa course folle, et ses joues rouges lui donnent l'air encore plus désirable que d'habitude ; d'un regard elle peut voir les mâles de l'assemblée la dévorer des yeux, celui-ci en renverse sa chope de bière sur lui, et celui-là s'attire le regard courroucé d'une femme assise à côté de lui.

      Pendant quelques secondes, elle reste sur le pas de la porte et rejète ses cheveux en arrière, semblant se complaire dans cette admiration qu'elle a provoquée. En réalité, elle fait un repérage minutieux des lieux. L'atmosphère est on ne peut plus lugubre. Tout est dans des teintes noires et rouges, les tables semblent entassée les unes sur les autres, histoire de faire rentrer le plus de clients possibles au détriment de la qualité de l'accueil. Derrière l'odeur de sel, de poisson crevé et de poudre ramenée par les loups de mer en tous genres, elle remarque comme une senteur métallique qui évoque celle du sang séché. Toutes les lampes sont entourées de voiles rouge, donnant un air encore plus glauque aux lieux.

      La rousse se met enfin en mouvement, commande une bière au comptoir avant d'aller s'installer à une table dans le fond, ne faisant même pas mine d'esquiver toutes les mains baladeuses qui sillonnèrent son passage. Pire, elle semble toujours se placer à l'endroit où son postérieur sera le plus accessible. Au moins, ils auront la satisfaction de l'avoir tripotée et cesseront de la dévorer des yeux, trop occupés à se targuer de leur vivacité.

      Une fois installée, la porte bien en vue, elle ouvre grand les yeux et attend.


    Dernière édition par Wakajini Shounetsujigoku le Dim 28 Aoû 2011 - 0:09, édité 1 fois
        Plic. Ploc. Plic. Ploc. Plic. Ploc.

        Bruit insupportable.

        Le genou gauche de la rousse cède sous son poids, et elle ressert la pression sur son flanc ouvert. Elle saigne beaucoup trop. Si elle ne voit pas un médecin d'urgence, elle va finir par y passer.
        Dans un effort surhumain, elle essaye de se remettre sur pieds, mais son regard se fait étrangement brumeux...


        ***

        Plic. Ploc. Plic. Ploc. Plic. Ploc.

        Le vin qui s'écoule d'un tonneau percé met les nerfs de Wakajini à dure épreuve. Elle essaye de repérer parmi les hommes présents celui qui pourrait être son job, mais son regard est sans cesse attiré par la source de ce maudit bruit. Ses vêtements craquent légèrement alors qu'elle change de position sur sa chaise. Puisque son regard est attiré par ce tonneau, autant le mettre hors de vue. Elle avale une grande rasade de bière, puis ses yeux ocre-rouge vont et viennent entre toutes les personnes assises.

        « On ne sait pas bien à quoi il ressemble. Grand, blond, imberbe. Il aurait une cicatrice sur l'avant-bras droit, et ses deux canines seraient en or. Il paraît aussi qu'il porte un crucifix autour du coup. Enfin, ce sont surtout des rumeurs. Il y en a qui prétendent qu'il a les yeux rouges aussi. »

        Description plutôt évasive, et peu fiable ; description dont elle devrait se contenter.
        Et ce bruit qui lui tape sur le système.

        Plic. Ploc. Plic. Ploc. Plic. Ploc.

        N'y tenant plus, elle jète un regard mauvais par dessus son épaule, se lève et va renverser du pied le tonneau. Le fracas du bois sur le sol attire les regards des clients les plus proches, mais plus encore, il attire l'attention et la colère du tenancier.
        C'est sous un flot de juron que Wakajini bat en retraite et retrouve la fraicheur de la rue. Si quelques hommes ne s'étaient pas interposés entre la jeune femme et le tenancier, nul doute qu'elle aurait dû payer pour le tonneau. Sauf qu'elle avait fait son effet, et rien ne l'empêcha de quitter la taverne.

        La nuit est désormais bien tombée. Et comme d'épais nuages obscurcissent le ciel, on n'y voit pas à deux mètres devant soit. À la fois irritée et détendue par ce qui vient de lui arriver, Wakajini n'entend pas plus qu'elle ne voit l'homme qui se coule dans son dos. Le contact froid d'une main sur son épaule chaude la fait sursauter, et elle se retourne vivement, mettant trois pas d'écarts entre l'inconnu et elle.

        « Pardonnez-moi, je ne voulais pas vous effrayer. Vous êtes... splendide, et euh... je me disais que je pourrais vous offrir un verre... quelque part ailleurs ? »

        La rousse lâche lentement la main qu'elle a resserrée autour de son fouet et scrute le regard de l'inconnu pour y chercher toute trace d'agressivité, de mensonge, ou quoi que ce soit d'autre.
        Elle n'y voit qu'une grande candeur, et de l'admiration.

        Ce regard fait écho à un autre regard, familier et pourtant, elle ne parvient pas à faire le lien.
        Elle baisse sa garde, et répond dans un sourire.

        « Demandé si gentiment... »

        Ne jamais reculer devant un peu de bon temps, même si pour cela, il faut abandonner une chasse en cours. De toute façon, il faut bien qu'elle trouve un autre moyen d'enquêter puisque l'accès à cette taverne lui est désormais refusé. Qui plus est, ce grand blond aux yeux pâles lui fait bonne impression : élégant, courtois, et bien fichu. Elle se laisse entraîner dans les ruelles de la ville, l'écoute lui expliquer qui il est, d'où il vient, ses projets. Elle répond par quelques hochements de tête, des rires, ou simplement par le silence.

        Soudain, elle réalise qu'il l'a emmenée dans des rues désertes. S'il la conduit à un bar, pourquoi n'y a-t-il personne aux alentours ? Elle interrompt sa marche et lance un regard suspicieux à son compagnon.

        « Qu'est-ce qu'on fiche ici ? »

        Un doute s'immisce dans son esprit, renforcé par le sourire carnassier qu'elle voit se peindre sur la face de l'homme blond.

        « Cette question n'aura plus d'importance une fois que tu n'auras plus de sang dans les veines. Je vais te vampiriser... »

        Le hoquet de stupeur de Wakajini se transforme en hurlement de colère en même temps qu'elle attrape son fouet. Comment a-t-elle pu se laisser berner ?!

        Elle se jète en arrière pour établir une distance de sécurité, et la lanière de cuir claque dans le vide en même temps qu'on entend le sifflement d'une lame qu'on sort de son fourreau.
        Ferguson tient fermement une épée dans sa main droite, un sourire carnassier aux lèvres et une lueur de folie dans les yeux ; Wakajini tient fermement son fouet dans la main droite, et saisit un poignard dans sa main gauche, un sourire sadique aux lèvres et un brasier terrible dans les yeux.

        Se faire attraper à son propre jeu de l'a jamais amusée, alors elle est bien décidée à en découdre. Le cuir claque une nouvelle fois, en direction du visage du criminel. Celui-ci se baisse, et se précipite en avant, lame au clair. Il frappe dans le vide : déjà la chasseuse a pivoté sur le côté, pour essayer de passer dans le dos de l'ennemi. Sa lame siffle vers le bras du Vampire, rencontre la lame de l'épée.
        Claquement sonore du fouet, dans le vide. Ferguson a bondi quelques mètres en arrière et s'est enfoncé dans les ténèbres.

        Et l'éclairage public, c'est fait pour les cochons peut-être ?!

        Sans réfléchir, elle se précipite dans la direction où elle l'a vu s'enfoncer. Manquerait plus qu'il se carapate avec sa tête à cinq millions !

        Elle n'a que le temps d'entendre un rire mauvais sur sa droite : elle se jette sur le côté pour éviter l'épée qui fend l'air à côté d'elle en lui infligeant une estafilade le long du bras. Elle heurte rudement un mur, se redresse et envoie la lanière de son fouet dans la direction du rire.
        Le hoquet de douleur lui arrache un sourire. Elle ne sait pas où elle l'a touché, constate que son fouet ne s'est pas enroulé autour d'un membre, mais sourit tout de même.

        Un prêté pour un rendu.
        Sauf que le vampire est toujours dissimulé dans l'obscurité, et elle reste vulnérable.
          Il fait sombre. Terriblement sombre.
          Et il fait froid. Terriblement froid.

          La jeune femme a l'impression d'avoir été plongée dans un brouillard noir qui lui engourdit les sens, le corps. Elle, non pas elle, son corps se sent nauséeux. Son esprit est à des centaines de lieux de cette sensation.
          Un picotement désagréable émane de ce qui semble être son côté gauche. Une odeur familière parvient jusqu'à son cerveau engourdi...

          Puis, le néant.


          ***

          La ruelle dans laquelle Wakajini s'est laissée entraînée est particulièrement longue. Étroite, mais très longue, sans compter les rues qui la croise. La configuration est telle qu'il suffit de s'éloigner de quelques mètres d'une personne pour devenir invisible.

          La rousse l'a tout de suite compris, c'est pourquoi dès que Ferguson a disparu dans les ténèbres, elle a elle-même changé de place. Si elle ne le voit pas, il ne la voit pas non plus, à moins d'être doté d'une capacité spéciale qui permet de voir dans la nuit, ou quelque chose du genre.
          Elle calme sa respiration afin de se faire aussi silencieuse que possible et tend l'oreille. Pas un bruit, pas un souffle.
          Pourtant, elle sent la malveillance de Ferguson clairement.

          Du sang coule lentement de son bras ; elle grimace en le changeant de position. Ce n'est sans doute qu'une égratignure, mais elle sera plus rassurée quand elle aura le temps de s'en assurer.

          Elle croit entendre le frottement d'un pantalon contre un mur et bande tous ses muscles. Elle fléchit les genoux, et constate avec amertume que le cuir craque toujours autant au moindre mouvement. Elle n'a que le temps de le déplorer : l'épée ennemie siffle et lui fait une entaille dans le ventre, tout aussi superficielle que celle du bras.

          La rousse fait un saut en arrière et réplique d'un autre coup de fouet, vainement. Et commence à s'énerver. Elle en a franchement marre d'être là, à attendre que l'autre lui tombe dessus pour l'attaquer. La patience n'est décidément pas sa plus grande vertu.

          « Bordel tu vas arrêter de te planquer ?! Viens donc te battre en homme, que je te mette en charpie ! »

          Ses hurlements sont accompagnés de grands gestes rageurs. Pied qui tape le sol, moulinets des bras, tête tournée vers le ciel puisqu'elle ne sait pas vers où diriger ses paroles.

          La lame s'enfonce dans sa chaire au niveau de sa hanche et remonte presque jusqu'à l'aisselle. Le ricanement mauvais du Vampire fait écho au gémissement de douleur de la jeune femme.

          « Touchée... »

          Les larmes montent aux yeux de Wakajini sous le regard brûlant du criminel. Le bras gauche de la chasseuse se met alors en mouvement, et sa lame vient ouvrir profondément le ventre de son ennemi. Croyant l'avoir mise hors d'état de nuire, il a baissé sa garde et en paye désormais les frais.

          « Mais pas coulée … ! »

          Elle se prépare à lui envoyer un coup de genou bien placé, lorsque l'épée s'enfonce plus profondément dans son flanc, lui arrachant un cri de douleur. Puis, d'un geste sec, l'épéiste retire son arme et prend ses distances, faisant fit de son ventre qui saigne abondamment.
          Il ne parvient pas à se dégager de Wakajini qui suit son mouvement, consciente qu'elle doit abréger le combat si elle ne veut pas être totalement affaiblie.

          Elle lâche son fouet, cherche de la main droite un autre de ses poignards tandis que de la gauche, elle tente vainement d'atteindre son adversaire. Ferguson est ralentit par sa blessure, mais tout le côté gauche de la chasseuse de prime est engourdi par sa plaie béante.

          Sa main trouve enfin le manche d'un poignard. Ferguson pare un coup destiné à lui taillader la cuisse et ne voit pas la main droite qui fuse et vient planter une arme dans son épaule gauche. D'un coup de boule, il envoie valser la chasseuse de prime qui recule de quelques pas, avant de vaciller sur ses jambes. Elle force pour rester debout, crache du sang, et porte la main à sa blessure.

          D'un coup, la douleur l'assaille, telle un coup de massue juste en haut du crâne. Elle flanche sur ses jambes, le cœur au bord des lèvres, l'esprit confus. Le moment de répit qui a succédé à la blessure est écoulé.

          Plic. Ploc. Plic. Ploc. Plic. Ploc.

          Bruit insupportable.

          Le genou gauche de la rousse cède sous son poids, et elle ressert la pression sur son flanc ouvert. Elle saigne beaucoup trop. Si elle ne voit pas un médecin d'urgence, elle va finir par y passer.
          Dans un effort surhumain, elle essaye de se remettre sur pieds, mais son regard se fait étrangement brumeux...

          Avec son sang, c'est la vie qui s'écoule lentement hors de son corps. Les gouttes qui heurtent le sol font étrangement écho au balancier d'une horloge, comme si elles décomptaient le temps qu'il lui restait.

          Pourquoi Ferguson ne vient-il pas l'achever ?

          La question se dissipe aussitôt qu'elle est formulée. La perception qu'a Wakajini de ce qui l'entoure se fait de plus en plus confuse. Elle croit entendre un bruit mat, un grognement d'agonie, imagine une présence proche d'elle, l'odeur familière de...

          Cette dernière sensation s'estompe, en même temps que la dernière flamme de sa conscience s'éteint.
            L'inconscience est une soupape de sécurité. Elle protège l'esprit des dommages du corps. Il est donc parfaitement compréhensible qu'on n'ait pas envie d'en sortir, comme Wakajini en cet instant. Elle commençait à sentir le picotement régulier qui lui transperçait le flanc à intervalle régulier, la voix qui la rappelait au monde des vivants, les chocs d'une main sur son visage pour la ranimer.

            « Rév-... -ain... Al-... »

            Cette voix l'intrigue. Elle la connait, sans pour autant retrouver le nom qui y est attaché. Elle s'y accroche mentalement afin de sortir de sortir de la torpeur, de reprendre connaissance. On lui fait respirer du sel, et ses paupières se soulèvent enfin, révélant à la rousse un regard dépareillé : un œil marron, l'autre bleu. Et ce visage anguleux encadré de cheveux blonds...

            « Ah, enfin. »

            Le ton de Louise est presque cinglant, mais Wakajini n'est pas en état de relever. Elle essaye de se redresser sur un coude, rapidement aidée par sa partenaire. La blonde soutient la rousse jusqu'à ce qu'elle soit de nouveau debout, s'assure qu'elle tient sur ses pieds et ne vomit pas tripes et boyaux, puis se tourne vers le corps inanimé qui git au sol pour le ligoter fermement.

            « J'ai recousu ta blessure, fais attention. »

            Wakajini acquiesce en silence, gardant son bras gauche ballant, posant un regard éteint sur Louise qui réveille le criminel sans ménagement et le force à se mettre debout. Il a une vilaine ecchymose au dessus de l’œil droit qui ne laisse aucun doute quant à la manière dont il a été mis hors combat.
            Louise applique une lame sur le cou de Ferguson pour le dissuader de toute tentative de fuite, puis interroge Wakajini du regard : elle ne sait pas où habite le commanditaire de cette prime, c'est donc à la rousse de la guider.

            Toujours sans un mot, cette dernière lui indique le chemin, avançant d'un pas lent et lourd.

            ***

            « Bon, maintenant tu veux bien m'expliquer ce qui c'est passé ?! »

            Assise dans un lit presque trop confortable, Wakajini braque un regard flamboyant sur sa partenaire. Arrivée dans la demeure de son employeur - dont elle ne connait toujours pas le nom d'ailleurs – elle avait tout de suite été prise en charge par le médecin personnel de celui-ci. Elle avait passé environ deux jours à récupérer, la majorité du temps en dormant. A plusieurs reprises, lorsqu'elle avait trouvé Louise à son chevet, elle l'avait interrogée mais celle-ci avant refusé de répondre. A juste titre. Elle n'avait pas le temps de finir une phrase que la rousse sombrait déjà de nouveau dans l'inconscience.

            La chambre dans laquelle est logée la chasseuse est moins luxueuse que le salon dans lequel elle avait été engagée, mais plus confortable. Des poufs gisent dans un coin, le sol est couvert d'une moquette épaisse, un divan est installé contre un mur, et deux fauteuils sont placés juste à coté du lit, l'un supportant le postérieur de la jeune femme aux yeux vairons. L'endroit est sécurisant, presque intime. Wakajini n'a plus qu'une envie, s'entendre conter une belle histoire.

            Louise se permet un sourire impudent, quelque peu moqueur, avant de se lancer dans le récit de la fin de cette soirée qui aurait pu très mal tourner.

            ***

            C'est un peu par hasard que Louise avait croisé les deux combattants. Elle avait passé sa journée à fureté à droite à gauche, et on lui avait appris qu'une délégation de notables du gouvernement mondial devait se réunir en ville le soir même pour trouver une solution à on ne savait trop quel problème. Rumeur fondée, ou simple appât à révolutionnaire ? Louise n'avait pas pu trouver de preuve tangible faisant tendre vers une des deux hypothèses, mais avait vite compris qu'elle avait une chance de rentrer en contact avec la révolution.

            Le problème, c'est qu'elle n'avait pas eu le temps de trouver les fameux notables étaient supposés se réunir. Elle s'était donc rendue dans le quartier réputé à tendance révolutionnaire en espérant trouver plus d'informations là-bas. En chemin, elle était tout simplement passée par la rue où se battaient Wakajini et Ferguson. Au début, elle n'avait identifié que le son d'un fouet, puis en se rapprochant, elle avait rapidement compris la situation. En voyant la rousse s'effondrer, elle avait saisit une de ses lames et avait envoyé un coup de poing dans le front du tueur. Pris par surprise, il ne l'avait absolument pas vue venir. Déjà affaibli par la perte de sang, Ferguson s'était effondré, assommé.

            ***

            Tic. Toc. Tic. Toc. Tic. Toc.

            Retour dans le salon de luxe, dans l'attente de l'employeur. Les deux jeunes femmes patientent. L'une trépigne littéralement sur sa chaise, jouant le rythme du balancier avec son rythme. L'autre semble complètement paisible ; sans doute la patience de celle qui passe des heures sur des jeux de stratégie.
            Au bout d'un moment bien trop long au goût de la rousse, une porte s'ouvre et laisse entrer l'homme tant attendu, une malette à la main. Dans un sourire bienveillant, il s'approche de celle qu'il avait embauché.

            « Merci de m'avoir ramené Ferguson. Voici votre récompense. Je vous fais cadeau des soins médicaux, c'est la moindre des choses. Si vous cherchez d'autres contrats à l'avenir, n'hésitez pas à me contacter. »

            Le teint encore un peu blafard mais la mine réjouie, Wakajini saisit la valise contenant les cinq millions de berry, salue l'homme dont elle ne connaîtra jamais le nom et tourne les talons en compagnie de Louise.

            « Tu me dois 3,5 millions. Sans moi, tu serais morte. »
            « Sauf que s'il n'avait pas été trop occupé avec moi, tu ne l'aurais jamais approché ! »

            Et ainsi débute une très longue dispute pour savoir comment elles vont partager les gains.


            ~ RP Clos ~