Détermination & Dévastation.

En me mettant au service de TASHAHARI Kiyori, j'aspire à gravir les échelons de son estime, et ainsi, devenir son second bras armé. Je me renseigne sur son culte et je fais semblant de m'initier. Doucement, mais sûrement, j'espère pouvoir m'approcher d'elle suffisamment pour qu'elle me fasse confiance et connaître tout ce qu'il faut savoir à son sujet, qu'il s'agisse de son histoire, de son comportement, de son leadership, de ses préférences ou même de ses tocs. Je tiens absolument à récolter en toute discrétion la moindre chose qui me soit utile, ce qui est particulièrement fastidieux. Malheureusement, même à chaque convocation malgré la proximité, mes observations ne me satisfont pas. Il faut dire qu'elle dégage une aura particulièrement intense et un charisme à n'en pas douter qu'il m'est encore difficile d'anticiper ses réactions. Se confronter à elle demande une certaine prestance et une puissance que je ne suis pas prête à révéler devant elle. En tant que sujet, il est clairement inconcevable de lui tenir tête, mais ça ne m'empêche pas d'aspirer à ma plus grande ambition, celle de devenir Yonkō. Et comme je vise sa place, je préfère profiter de mon statut pour enquêter dans son dos, m'informer sur sa réligion, gagner en influence dans le Nouveau Monde, étendre l'efficience du Théâtre dans cette partie du globe et attendre le bon moment pour mériter le titre. Je ne souhaite en rien précipiter les choses, et dans mon cas à moi, je dois impérativement éviter de faire des vagues et séduire les autres adeptes de la Déesse-Enfant.

Cela dit, je dois aussi faire bonne figure auprès de Kiyori en lui obéissant, mais surtout, en accomplissant mon devoir jusqu'à son terme. Elle m'envoie soutenir Red dans la sa lutte contre MANNFRED D. Teach et je ne sais pas trop quoi en penser. Je reste intriguée, car je suis la seule Commandante dépêchée sur les lieux. Comment puis-je montrer mon dévouement pour l'Impératrice et ma fiabilité durant cette guerre? D'une part, je dispose d'un passif étroit avec le nouveau prétendant, et d'autre part, je manque cruellement de consignes claires. Que dois-je faire? Revivre le même scénario que sur Thriller Bark? Aucun des participants n'ont pu défaire le Malvoulant, ça c'est soldé par la prétendue mort de l'ancien Marine. Qui veut revivre ça? Autant, je ne doute pas sur la puissance du rouge et de sa légitimité, autant, je ne suis pas vraiment prête à me greffer dans cet affrontement pour finalement n'avoir aucune reconnaissance auprès de celle qui m'envoie. Je ne redoute pas de mourir par la flotte adverse, mais je crains plutôt la vindicte de l'Impératrice si jamais je ne la satisfais pas. Et ce qui me chagrine, c'est que je ne vois pas en quoi je peux la servir si elle me demande d'aider Red...

— « Capitaine NAKAJIMA, nous arrivons bientôt sur Treize. »

L'homme qui me fait face est l'un des rares pirates à avoir accepté de venir avec moi et s'appelle Warren CUNNINGHAM. À l'époque, il a été un Capitaine réputé pour son style de combat qui utilise uniquement les membres inférieurs. Sans scrupule et téméraire, il a parcouru Grand Line en s'illustrant à plusieurs reprises. Durant son cheminement, il est devenu un Supernova craint pour ses ambitions, mais la triste réalité du Nouveau Monde l'a forcé à revoir les choses autrement. Pour éviter d'affronter le plus terrifiant Yonkō, il a préféré se ranger à ses côtés en séjournant dans l'ancien Q.G. de la Marine. Se croyant intouchable, il s'est confronté contre un criminel encore plus puissant que lui. À la suite du duel, il a perdu sa plus grande fierté, l'une de ses jambes a été broyé. Redoutant de se faire victimiser davantage, il s'est enfuit de Treize jusqu'à rejoindre les fidèles de la Déesse-Enfant, enterrant définitivement son rêve. Le visage sombre, il s'interroge si ça vaut encore le coup de remettre les pieds. À l'approche du sombre rivage, je me le demande aussi. Après tout, je peux encore faire demi-tour.

— « Ce n'est pas encore gagné. Il faut encore atteindre la grève. »

Le ciel semble constamment enveloppé par d'épais nuages noirs, l'atmosphère est lugubre et l'air est corrosif. J'ai l'impression d'être plongée dans le Triangle Floriant, ce qui me donne un frisson tout le long de mon échine. Je grince alors des dents, scrutant davantage les environs. Les récifs sont nombreux et des morceaux d'épaves sont éparpillées un peu partout. Rares sont les personnes capables de traverser la zone sans y laisser son bâtiment, ce qui permet de réduire les défenses ici. Le reste des fortifications sont très loin dans les terres. Pour s'assurer qu'aucune intrusion ne soit tentée par cet endroit sinistre, une patrouille veille dans le coin avec une efficacité redoutable. De plus, il n'est pas nécessaire d'être scientifique pour se rendre compte qu'au-delà des côtes une activité volcanique se manifeste de temps en temps. Il s'agit de la Déchetterie.

Ne pouvant pas aller plus loin, je demande aux hommes qui m'accompagnent de me mettre une barque à l'eau. Étant donné la dangerosité de la région et de l'étendu de ma force de frappe, je souhaite qu'aucun membre de mon équipage ne s'aventure plus loin, préférant sécuriser le point de fuite. Non seulement il s'agit d'un territoire d'un Yonkō, mais en plus, il s'agit de sa base mère, son ultime Quartier Général. Autant dire que le lieu est particulièrement bien défendu. Et en observant de loin cette fameuse Déchetterie cracher ses vapeurs toxiques, je comprends facilement pourquoi cet endroit est peu surveillé. Cette partie de l'île est complètement inhospitalière avec son paysage apocalyptique. De temps un temps, de gros geysers traverse une purée de pois jaunâtre. Ça bouillonne d'acidité dans les environs. À ne pas douter, nul être humain ordinaire ne peut survivre ici. Je m'adresse aux personnes à bord de mon navire.

— « Soyez vigilants, cette mission ne présage rien de bon. En mon absence, sécurisez la zone et veillez à ce que je puisse vous rejoindre en toutes circonstances. »
— « Bien, Madame. Vous pouvez compter sur moi. »

Le Capitaine qui me sert de guide me retient encore une minute, l'air grave.

— « Capitaine NAKAJIMA, êtes vous sûre de vouloir continuer? »

Je pousse un soupire, puis, je le fixe droit dans les yeux.

— « De temps en temps, il faut savoir affronter ses craintes, Capitaine CUNNINGHAM. Je me suis engagée à remplir ma part du marché. Vous avez fait la votre, alors contentez vous de nettoyer la zone. »

À mes mots, son regard fuit le mien, baissant légèrement la tête sur le côté. N'attendant pas plus longtemps, je descends dans la chaloupe. La mer est un peu agitée, mais ce n'est rien d'insurmontable. Je vais devoir ramer un peu plus qu'à l'ordinaire et faire extrêmement attention aux récifs. Au fur et à mesure que je m'approche du rivage, malgré l'embrun, je ressens un peu de chaleur, signe de l'activité volcanique dans cette région. De plus, mes narines picotent un peu à cause de l'air corrosif. Je ne m'attarde pas sur ces détails et je continue de ramer. De temps en temps, les vagues me repoussent, mais je parviens à garder le cap. Je ne suis pas vraiment à l'aise de naviguer seule, mais je me concentre davantage pour atteindre le littorale quoi qu'il en coûte.

Au bout d'un moment, je réussis à mettre le pied sur la grève. Le sable est aussi noir que le charbon et le gravier est aussi sombre que la nuit. De temps en temps, des pierres rougeâtres viennent contraster un peu. Plus loin dans les terres, un léger brouillard orangé mêlé à la poussière s'élève depuis le sol cendré. L'odeur est immonde, c'en est presque à me donner la nausée. Je tire l'embarcation pour la mettre hors de l'eau. J'appréhende encore un instant les environs, scrutant soigneusement l'horizon et tentant de bien comprendre l'endroit. Je dispose de quelques éléments grâce au Capitaine CUNNINGHAM, mais je vais devoir compter seulement sur mon instinct pour m'aventurer ici. Je quitte alors la plage de galets et je commence mon ascension dans les ténèbres, déambulant un peu à tâtons. Parfois, quelques corps ou détritus sont éparpillés un peu partout, mais je n'y fais pas attention, cherchant à pénétrer encore plus dans la Déchetterie.

Au moins, une chose me rassure. Si je suis la seule à pouvoir arpenter le coin, ça fait donc de moi un être unique. Et de cette unicité, je me sens justifiée d'accomplir bon nombre de prouesse, notamment, celle de participer à la chute d'un Empereur. Affronter d'illustres adversaires ne suffit pas, il faut encore démontrer aux yeux de tous ma légitimé, et ce, au-delà des actes! Construire, entreprendre, étendre mon influence ou assoir mon autorité sont des choses que je fais au même titre que d'autres prétendants, mais j'estime qu'il faut plus que cela pour régner incontestablement et se démarquer des autres concurrents. Ce qui me différencie d'un autre n'est pas tellement mon pouvoir démesuré ou ma résilience monstrueuse, mais le fait de braver directement un Yonkō seulement à la force de conviction, qu'importe les conséquences et les sacrifices. Et j'ai le mérite d'être l'une des rares survivantes à avoir affronté réellement Teach lors de la bataille de Thriller Bark, ce qui pour moi est particulièrement significatif. En fin de compte, à mes yeux, c'est oser l'impassable qui fait toute la différence.

N'oubliant pas mes objectifs personnels ou ma raison d'être ici, j'avance désormais avec assurance dans cet environnement hostile. J'ai peut-être des consignes floues, mais je peux au moins me démarquer encore une fois par ma venue en ces lieux lugubres. Qui sont les téméraires qui s'en prennent frontalement à Treize qui peuvent encore jouir de leur totale liberté? Jin BLACKBONE, l'Empereur des Machines?! Ou bien le nouveau sorti de nulle part Edward MINARO??? Tout ceux qui entrent au service du Malvoulant ne s'en sortent pas indemne d'un point de vue psychologique. Les séquelles sont désastreux, et souvent, il en résulte une loyauté incorruptible. Je ne fais pas totalement confiance au Capitaine CUNNINGHAM, car il n'est pas assez fou. Il est beaucoup trop lucide pour avoir vécu sur Treize à mon goût. Toujours est-il que ma présence ici témoigne d'une forte conviction. Et qu'importe le prix, j'accomplirai mon devoir.

Durant mon ascension, je découvre ce qui semble être une montagne de résidus, un lieu sinistre où se trouve un empilement de corps inertes et parfois encore fumants. Déjà que l'odeur est particulièrement nauséabonde, la vue ne fait que renforcer le sentiment d'horreur. Je grince des dents. Au-delà de cette vision ignoble, j'entends des gémissements. Je me concentre alors un peu plus pour savoir d'où ça vient. Soudain, un homme en flamme sort de nulle part et s'avance vers moi en titubant. Tombant à genoux devant moi, il tente désespérément d'articuler quelques mots, mais la souffrance qui doit ressentir à ce moment-là l'empêche de finir sa phrase.

— « Si... S'il... S'il vous... »

Ses mains cherchent à s'accrocher aux miennes en vain. Brûlant intensément, le temps de réaliser la peine qu'il doit éprouver, il se consume en quelques instants. Je ne peux désormais pas oublier son hurlement qui continue de me bourdonner les oreilles. Aucun doute, cet enfer morbide est le terminus de bon nombre de malheureux. J'ignore quels sont les motifs qui poussent les bourreaux à jeter des hommes et des femmes dans cette fournaise toxique, mais je peux affirmer que celui qui contrôle cet endroit doit être tout aussi cruel que son maître. Me tenant encore debout au milieu de cette chaleur étouffante, j'essaie de prendre conscience de ce qui peut y avoir au-delà. J'use alors de mon Haki de l'Observation, mais je ne détecte rien de plus que les cris d'agoni.

Je reprends alors ma route dans la décharge polluée par le sulfure. Malgré mon affinité au volcanisme, je suis prise d'une quinte de toux et je crache un mollard à m'en faire brûler la gorge. Je pense que je suis au cœur de la fournaise. J'aperçois au loin une silhouette qui participe au massacre. Jetant un misérable contre le sol, il se met à rire, satisfait d'avoir défiguré sa victime. Un acte cruel pour un homme cruel. C'est sans doute un Commandant qui protège Treize des invasions, je dois donc ne pas le prendre à la légère. Autour de lui, des pauvres âmes s'entretuent tant la démence leur ronge l'esprit. Ce n'est seulement à ce moment-là que je réalise qu'il ne s'agit que d'un spectacle angoissant. Des criminels loin des dangers de la Déchetterie s'extasient, poussent des cris d'approbation, c'en est presque de l'hystérie. En constatant mon approche, la foule se met à me huer. Peut-être qu'ils n'apprécient pas ma résilience? Aussitôt, l'individu sans pitié tourne la tête vers moi.

La silhouette qui me fait face me dévisage, fronçant les sourcils sous son grand chapeau noir, et j'en fais de même. Quelques dizaines de mètres nous séparent, mais avec l'atmosphère particulièrement étouffante autour de nous, il est assez pénible d'avoir une vue dégagée. Des gaz sortent de temps en temps des crevasses éparpillées aux quatre coins de la Déchetterie sous forme de geyser. Entre l'odeur des cadavres mélangée à celle des détritus et les toxicités crachés par les entrailles de la terre, ça ne fait que renforcer le mal-être qui règne ici. Encore une fois, je m'efforce de ne pas vomir, mais la toux me prend violemment. La tête penchée sur le côté, le sourire à l'envers, l'homme s'avance légèrement vers moi, parvenant à m'identifier.

— « Je me disais bien que ça ne pouvait être que toi. »

Il n'est pas ravi de me voir. Avec son visage balafré et ouvert au niveau de la mâchoire, ça lui donne un air froid et peu cordial. Je prends alors conscience de qui il est. Klein HIMMLER, aux Mains Froides.

— « Avec un accueil aussi peu chaleureux, j'aurais dû m'en douter que ça ne pouvait être que toi. »

S'étant arrêté à bonne distance, il fait un rictus, étant manifestement agacé. Le regard sévère, il continue les préliminaires, annonçant les hostilités.

— « Mais dis-moi, NAKAJIMA, as-tu jamais dansé avec le Diable au clair de lune? »

Sans prendre le soin d'attendre ma réponse, il dégaine un pistolet et tire immédiatement en direction de ma jambe. Alors que la balle fuse, mon membre inférieur se lève de lui-même, sans doute poussé par un instinct primaire ou probablement parce qu'entendre quelqu'un qui incite à guincher donne envie de bouger sans réfléchir? En tout cas, je ne compte pas me rendre estropiée pour la seconde fois, ni mourir d'ailleurs, mais s'il tient absolument à s'amuser, peut-être que je peux me le permettre? Il faut que je le vois comme un échauffement avant l'ultime bataille. Il faut dire que je suis loin de tout ici et que ce n'est qu'une première étape. La journée s'annonce longue et exténuante. Le fixant droit dans les yeux, le visage déformé par l'ennui, je réplique.

— « Pourrais-tu au moins faire preuve de courtoisie envers ta cavalière? »

J'aurais voulu le prendre à son propre jeu, mais mon adversaire sait de toute évidence que je ne suis pas là pour rigoler, mais il fera de son mieux pour me ralentir. Ainsi, sans révérence, je tends mon bras dans sa direction, l'index en avant.

— INFAMOUS PUNISHMENT!!

À la manière d'une arme à feu, j'utilise mon doigt en magma pour envoyer un projectile vers ma cible. Comme je pouvais m'y attendre, il s'écarte sans trop de difficulté. Cette fois-ci, il se met à sourire de toutes ses dents, l'air satisfait. Toujours le regard vers moi, il s'exprime à l'intention de son public.

— « Hé, mais c'est qu'on dirait que nous allons avoir un spectacle hors du commun, n'est-ce pas les gars? »

Toujours en se méfiant de moi, il lève son chapeau au-dessus de sa tête en s'inclinant légèrement. Je ne pensais pas qu'il allait se montrer plus distingué subitement.

— « Alors, NAKAJIMA, m'accordiez-vous cette valse? »

Ses yeux étincelants pourraient me glacer le sang. Il arbore désormais un sourire machiavélique, limite il est au bord de la folie. Il ne perd pas le nord pour dégainer cette fois-ci son sabre et m'envoyer une lame d'air chargée du Fluide. Moi aussi je ne peine pas à esquiver. Puis, il enchaîne avec acharnement. Je commencer alors à bouger dans tous les sens, cherchant à faire des feintes par moment et essayant de voir jusqu'où il veut aller, manifestement déterminé à me faire danser. Se plaisant à me voir gesticuler, il continue de plus belle, toujours avec plus d'hystérie et d'euphorie.

Le combat à distance semble beaucoup l'amuser, et pourtant, nous sommes seulement qu'au début. Pendant qu'il continue de pourfendre l'air, ses sbires terminent d'achever les malheureux aux alentours. C'est que je pourrais presque m'y prendre au jeu. Tâter le terrain jusqu'au moment fatidique et dévoiler toute ma puissance qu'au dernier moment. Après tout, entre Commandant d'Empereur, il faut effectivement s'attendre à un joli spectacle et je compte bien relever le défi. Ça ne me dérange pas d'avoir aucun supporter pour me soutenir. Je considère qu'en avoir est preuve de faiblesse. Et du fait que je ne me bats pas à domicile me met déjà dans une position défavorable, mais qu'importe! Si je ne peux pas abattre cet opposant dans un simple échange, alors je peux tout de suite rentrer chez moi et affronter le Malvoulant dans mes rêves. Ce n'est pas lui qui me fera rebrousser chemin, car lors de la bataille sur Thriller Bark j'ai survécu à un premier duel particulièrement insoutenable, puis, j'ai tenu face à plusieurs adversaires en même temps, dont Maria MANSON. Ce n'est pas faute de porter sa jambe en nacre pour le rappeler. Il me faut donc bien plus pour me terrasser. Courant alors jusqu'à une pile de détritus, je parviens à me mettre temporairement à l'abri.

— « Oh, mais attends-moi, NAKJIMA. Est-ce déjà l'entracte?! »

S'il pense réellement que je suis déjà essoufflée, peut-être qu'il baissera sa garde, mais je m'attends à ce qu'il soit plus intelligent. Faisant le détour rapidement, ce court répit me permet juste d'inverser les rôles via des projections ardentes dans sa direction tout en préparant le terrain pour mon final. Et je sens qu'il va être grandiose! En me connectant avec la surface de la Déchetterie, je me rends compte que le magma sous nos pieds est déjà partout, d'où cette chaleur étouffante et incessante. Il ne me faut pas grand chose pour transformer cette fournaise encore plus dangereuse qu'à l'ordinaire avec mon pouvoir. D'habitude, je prends un peu de temps pour infuser discrètement de la lave sous le sol et l'étendre au maximum. Là, on me le sert directement sur un plateau d'argent. Au final, c'est moi qui me trouve être à domicile, ce qui devrait certainement tout changer.

— « Tu pourrais au moins changer de refrain... »

Mes lames d'air sont, soient repoussées avec sa épée, soient esquivée. Puisque c'est lui qu''il demande, j'accepte chaleureusement. Faisant une sorte de courbette en levant ma main devant mon visage et la jetant en arrière.

— « Hé bien, soit. À guise. »

Étant reliée au magma qui se trouve sous la couche de terre au niveau de ses pieds, je réalise subitement un geyser.

— INFERNAL CONDEMNATION!!

Le liquide jaillit sur plusieurs mètres, lui cramant une partie du corps. Par reflexe ou par douleur, il fait un bond en arrière en s'efforçant de ne pas hurler. Je ne peux pas voir aussi clairement de là où je suis, mais je peux être sûre que son visage devient plus sombre et se crispe par l'agacement. Son public me hue.

— « J'ai fait l'effort d'être courtois, NAKAJIMA. Je t'ai proposé une valse, mais tu me fais un tango. »

Son aura devient de plus en plus ténébreuse. La folie commence à prendre possession de son corps. Je me doute qu'il s'est bien retenu jusqu'à maintenant. Le premier acte est terminé, nous allons désormais passer au suivant. Les véritables hostilités commencent!

Je ne suis pas venue faire une chapelloise avec tous les habitants de l'île, mais manifestement, dès l'instant où Klein s'est mis en tête de passer au cran supérieur, du fait d'avoir plus aucune victime à mutiler, ses lascars ont cherché à participer aux festivités. Emportés par une frénésie semblable à leur maître, ces derniers se ruent dans ma direction en même temps que lui. D'autres encore, se contentent de m'envoyer une pluie de projectiles de calibre différent, m'obligeant à me reconstituer. Ne pouvant pas espérer de m'arrêter concrètement, ils peuvent au moins me déstabiliser, mais je garde de vue ma cible première. Avec une confiance aveugle, ils s'approchent de plus en plus de moi, mais c'est mal de ne pas me connaître. Toujours en étant connectée au magma sous le sol de la Déchetterie, je dresse à distance une muraille de lave au milieu de cette foule.

— ABJECT DAMNATION!!

Une partie se fait engloutir par le flot soudain, d'autres plus chanceux continuent leur course effrénée. Quant à mon cavalier, se protégeant grâce au Haki de l'Armement, il réussit à traverser le mur incandescent. Ravalant la distance qui nous sépare, il parvient à dévier mes lames d'air ou à esquiver mes projectiles de magma contrairement à ses larbins. Il continue sa course frénétique d'un bond à un autre, d'un côté à un autre, toujours avec adresse. Le niveau est clairement relevé, j'ai beau m'acharner de mon côté, ça ne fait jamais mouche. Et plus il se rapproche de moi, plus je sens que je vais devoir me préparer au choc. Je dégaine alors au dernier moment mon sabre, mais il abat violemment son arme vers moi et je peine à utiliser la mienne pour le contrer. La brutalité du coup m'envoie valser dans une pile de déchets. Ne perdant pas de temps, il vient aussitôt pour tenter de me perforer. J'arrive à me dégager à temps. On échange alors quelques frappes, mais mon expérience en escrime s'est largement perdue depuis que je possède mon Fruit du Démon. Je peine terriblement à tenir la cadence. Vacillant par moment, je recule encore et encore. Sa lame étant chargée du Fluide est bien plus puissante. D'un coup, alors que je fais les gros yeux, mon épée se brise en deux. Je fais un saut en arrière pour rester à bonne distance, mais il tient le rythme dans sa poursuite. Alors qu'il s'apprête à me trancher la tête, j'expulse sous forme de sphère du magma tout autour de moi.

— CRUEL WRATH!!

Le jet de lave le surprend l'espace de quelques secondes et lui couvre une partie du haut du corps. Il semble ne rien ressentir et tente à nouveau de m'attaquer tant il est guidé par sa fougue grandissante. J'ignore si c'est l'instinct de survie, mais mes deux mains viennent empoigner son avant-bras, empêchant alors son arme d'aller plus loin. Faisant bouillir mes membres dans le but de brûler sa peau malgré son renforcement, je cherche à me défaire de mon opposant, mais ce dernier fait preuve d'une grande résistance. Après tout, je ne suis pas étonnée, il paraît qu'il est le seul à revenir de l'Asile autrement que dans un cercueil. Il doit probablement avoir une volonté hors norme et être d'une loyauté ferme à toutes épreuves. Nos regards se croisent, j'ai l'impression d'y voir un démon dément. Je réalise que la plaie sur sa mâchoire laisse apparaitre quelques unes de ses dents. Je peux même sentir son souffle glaciale sur mon visage. Il mérite bien son titre de Commandant, car je suis vraiment dans une sale posture. J'active alors ma lame d'assassin dissimulée dans ma manche et tente une perforation. N'obtenant pas le résultat désiré, je le chasse avec un coup de pied. En tombant à la renverse au milieu des immondices, il m'entraîne dans sa chute en m'agrippant. Je sens alors à ce moment là une vive douleur au niveau de mon flanc gauche. Je m'extirpe en roulant sur un côté pendant qu'il se relève, satisfait d'avoir l'ascendant sur moi. Je me lève à mon tour et je n'oublie pas de regarder où sont les survivants ennemis. Grimaçant, j'enroule mon bras sur mon ventre, je n'ose même pas voir l'ampleur des dégâts.

— « Alors, NAKAJIMA, toujours pas décidé à faire cette valse? »

Riant immédiatement après, il est rejoint par une dizaine de scélérats qui le félicitent et rigolent à leur tour. Il n'y a qu'un mètre ou deux entre lui et moi, ce qui ne me rassure pas. Toutefois, respectant la ligne de séparation pour le moment, personne n'agit précipitamment, laissant à chacun le temps de réévaluer la situation. Tant qu'il détient une lame dans la main, ça ne fait que me compliquer les choses. Quant au menu fretin, je compte m'en débrasser rapidement de sorte à pouvoir me concentrer uniquement sur mon adversaire. Je ne sais pas si c'est lui qui me sous-estime ou si c'est moi qui le prends de haut. J'aurais tendance à croire qu'on est du même niveau, mais je vais devoir réagir comme s'il s'agissait de Teach en personne, car ma vie en dépend.

— « À vrai dire, j'avais l'intention de te proposer une danse macabre vu que c'est plutôt ton domaine, non? »

En écoutant ma proposition, il fait un rictus des plus diaboliques qu'il soit. Il manquerait plus que le ciel soit dégagé et un clair de lune. Et ça pourrait faire un spectacle morbide digne de ce nom. Malgré ma blessure, je me sens prête pour le troisième acte. Je vais juste devoir redoubler d'effort.

Le regard mauvais, le visage ferme, je m'efforce de ne pas plier le genou. J'analyse brièvement mon adversaire durant ce court répit. Malgré les brûlures, sa peau reste blême et il ne semble pas perdre de sa superbe, manifestement déterminé à s'amuser encore un peu. Toujours avec son épée, c'est lui qui ouvre le bal en tentant un coup d'estoc. L'instant d'après, ses acolytes redressent leurs armes pour me cracher l'enfer à nouveau. Pour éviter la multitude d'impact, je tape rapidement dix fois sur le sol avec mon pied et je lève mon bras où se trouve la lame d'assassin à hauteur de la gorge.

— SORU!!

En une fraction de seconde, je traverse les rangs ennemis tout en décapitant quelques pirates ou en les privant d'un bras. En passant près de Klein, je sens que ma lame lui lacère l'épaule. Une fois derrière lui, je manque de peu de trébucher à cause de ma plaie. Je crains qu'elle ne s'ouvre d'avantage et la possibilité de faire un garrot est inutile. Au moins, j'équilibre les forces, mais ça risque de ne pas durer. Je me retourne alors pour vérifier où sont mes adversaires. Faisant volte-face, les hommes de Teach tentent de m'occuper pendant que mon cavalier s'élance à nouveau vers moi. J'assène alors un puissant coup de poing devant moi.

— CALL FROM HELL!!

Le sol se fissure de part en part jusqu'à s'émietter totalement. Croulant sous leur propre poids, la vermine se fait aspirer par les tréfonds, pataugeant alors subitement dans la lave encore en ébullition et prenant tout d'un coup feu. S'enfonçant de la même manière que s'ils étaient dans des sables mouvants, leur destin se scelle à jamais. Quant au maître des lieux, il parvient à sauter in extremis pour échapper au danger. En s'approchant de moi, il s'apprête à me faire une attaque verticale avec son sabre, mais il change au dernier moment en une coupe horizontale. J'utilise ma lame pour me défendre, mais elle se brise également, me forçant à faire un bond pour m'extraire, mais je me retrouve par terre dans un sale état. Je sens le désespoir m'envahir et je tente de ne pas sombrer à la panique. Étant sur le dos, je recule difficilement jusqu'à percuter une montagne de déchets. Je réalise que je suis sur le flanc du volcan qui culmine la Déchetterie. Il n'est pas forcément très haut, mais c'est assez pour me rassurer. Satisfait de me voir dans une mauvaise posture, Klein charge son épée du Haki de l'Armement et l'abat de toutes ses forces. Revêtant également du Fluide mes mains, je fais encore appel à ma détermination pour lui résister. Bloquant alors son arme, je m'efforce de ne pas le laisser aller jusqu'au bout. Dans sa grande confiance, il s'autorise à me sortir une tirade.

— « La danse macabre est effectivement mon domaine, NAKAJIMA. Éliminer mon public ne m'empêche en aucun cas de te montrer à quoi elle ressemble réellement. Tu ne sais pas ce que ça fait d'être mutilé, d'avoir son esprit broyé et d'être dans la souffrance en continue. Bientôt, tu me supplieras de t'achever, crois-moi. »

Ne voulant pas voir de quoi il est vraiment capable, je continue de bloquer le fil du tranchant entre mes doigts et je me sers du coquillage en nacre de Maria qui remplace ma jambe pour lui perforer son flanc. En reculant sous le choc, il se met à vaciller en arrière et échappe son arme qui vient fondre dans mes mains. Tout en grinçant des dents, révoltée par mon interlocuteur, je réplique sèchement.

— « Détrompe-toi, HIMMLER. Je te rappelle que ce n'est pas la première fois que je suis impliquée dans une bataille qui concerne le Malvoulant. Je suis loin d'accepter la défaite aussi facilement, je n'ai rien à voir avec des prétentieux qui espèrent s'attaquer à un Empereur sans en subir les conséquences. »

Parvenant à retrouver l'équilibre et ignorant la douleur, il s'avance à nouveau vers moi en dégageant une aura particulièrement ténébreuse.

— « J'ai appris à l'Asile que toutes ambitions peuvent êtres détruites ou remodelées. Tu n'en fais pas exempt, je peux te le garantir. »

Même si cela est sans doute vrai, je ne tiens pas à vivre l'expérience et encore moins à renoncer à mes projets. Étant connectée au magma sous le sol, je cherche à étendre encore plus de lave dans les entrailles de la terre. Comme le liquide situé dans le manteau supérieur tend à monter naturellement jusqu'à la surface, je me dis que je peux en tirer profil.

Ce quatrième acte s'annonce extrêmement difficile. D'ordinaire, je dispose d'un très haut niveau de détermination, mais je sens que ma foi est mise à l'épreuve. Me martelant de part en part, Klein prend malin plaisir de me faire souffrir. Exalté de me torturer l'esprit et la chair, il redouble d'effort pour ne pas plier l'échine. Sa hanche est perforée, mais il continue malgré tout à me frapper comme un forcené. Alors qu'il me mitraille de coups, un froid dont j'ignore sa provenance m'envahit. Il est de plus en plus intense au point de rivaliser avec la chaleur que peut dégager le Magu Magu no Mi. C'est sûrement en rapport avec son épithète... Je ne comprends pas ce qu'il se passe et je tente plutôt de me focaliser sur la manière dont je vais m'en sortir. Encaissant pour la plupart du temps les poings, je parviens de temps à autre à bloquer avec mes propres mains. Je suis toujours sur le dos au milieu des déchets. Je sue et la panique me prend presque intensément. Je tente désespérément de répliquer.

— « Tu connais rien de ma puissance... »

Ricanant à gorge déployée, il ignore totalement mes propos, toujours emporté par cette euphorie inquiétante. Est-ce le fait d'avoir été victime par des tortionnaires qu'il ne mesure pas qui je suis? Je m'efforce de croire que je peux me défaire de son assaut, mais je perds de plus en plus de lucidité. À défaut de proclamer ma souveraineté, je veux m'accrocher à l'unique et seule vérité. Je suis l'incarnation de la destruction. Je représente à moi seule la souffrance et la désolation. Il n'y a que les fous qui osent m'affronter et qui font preuve d'insouciance. Bien que personne ne peut égaler ma puissance en principe, voir Klein me mettre en difficulté avec une certaine aisance m'en fait douter. D'où est-ce qu'il tire cette énergie?! De la folie?? De l'excitation à rendre le mal qu'il a subi aux autres?

— « Ne réveille pas le monstre qui est en moi si tu veux t'en sortir... »

Toujours sous l'extase, il continue d'enchaîner les frappes. Mon corps ne peut pas encaisser autant, je dois trouver une solution avant que la crainte me paralyse définitivement. Je m'explose alors d'une gicle de magma sphérique, mais il se protège plus efficacement que la dernière fois.

— CRUEL WRATH!!

Et c'est là que je commence à sombrer sérieusement dans le doute, la crainte, la haine et la souffrance. Toujours effondrée sur ce tas de détritus, je n'écoute plus ce que dit mon corps tant je dois lutter contre le désespoir. Le fait d'avoir résisté un peu pousse mon adversaire à devenir véritablement un monstre. Son regard s'intensifie et reste terrifiant. Je ne sais pas si j'hallucine, mais je suis convaincue de voir la représentation tangible de sa colère et de sa frustration sous la forme d'une énergie sombre qui émane de son être. Entouré de cette aura diabolique, mon opposant semble démultiplier ses bras. Je suis sous un déluge inarrêtable de coups. Et pourtant, j'use de mon Fluide pour minimaliser l'impact, mais je perds de plus en plus de force. Je refuse de m'écrouler ici. Je ne veux pas mourir, et encore moins sur des immondices. Je mérite une meilleure sépulture! Je m'accroche alors à la dernière chose qui peut me maintenir en vie : la reconnaissance éternelle de mes pairs. En revoyant le nombre de fois où j'ai failli mourir pour de bon, je me dis que je n'ai pas cuminé tous ces moments de gloire pour échouer face un Commandant, et encore moins à l'un du Malvoulant. Ce n'est pas la première fois que j'en affronte un. Je retrouve alors toutes mes capacités, je sens une lueur d'espoir naître au plus profond de mon être. Je réveille le volcan qui est en moi, comme si à mon tour je me transcende avec un vif désir d'écraser Klein.

— SOLAR ERUPTION!!

Je réitère mon attaque précédente en délivrant une quantité astronomique de magma d'un coup. Le souffle est d'une puissance qu'il fait décoller mon adversaire loin dans les airs, accompagnés de déchets et de débris. Comme pour me légitimer, la terre se met à gronder et faisant cracher plus de geysers qu'à l'ordinaire. Il s'agit de l'annonce du cinquième et dernier acte.

Je retrouve doucement mes facultés et mon esprit se fait à nouveau clair. Je me relève avec peine. J'ai expédié Klein très loin, ce qui me permet de reprendre mon souffle. Mon corps est meurtri, mais je tiens bon. Je sens que je ne vais pas pouvoir forcer très longtemps sur cette plaie, car je risque de m'écrouler d'un instant à l'autre. Enroulant mon bras au niveau de ma hanche, je me courbe légèrement tant c'est douloureux. En toussant, je me mets à cracher du sang. En revoyant mon état, je me dis que je ferais mieux d'appeler les urgences tant qu'il est encore possible. Je profite alors de ce répit pour utiliser mon Den Den Mushi.

— « Kof! Kof! Kof! Capitaine CUNNINGHAM? Où en êtes vous? »
— « Tout est sous contrôle, Capitaine NAKAJIMA. Je vous entends tousser, êtes vous toujours sûre de vouloir continuer? »
— « Je ne compte pas abandonner même si je dois en mourir. J'ai presque terminé de mon côté. Assurez-vous simplement de venir avec un médecin. Kof! Kof! Kof! Longez le rivage, j'arriverais à me débrouiller pour vous retrouver... »
— « Comme vous voulez... »
— « Gotcha. »

J'utilise mon Haki de l'Observation pour retrouver mon cavalier, toujours avec la vocation de terminer cette danse. J'ai passé un sale moment, mais il en faut plus pour totalement me démunir. En tout cas, je ne veux plus y repenser. Je préfère me concentrer sur l'instant présent. Marchant vers ma cible avec détermination, je me reconnecte aux entrailles de la terre. Le sol est de plus en plus instable et se met de plus en plus à trembler de lui-même. Je ne contrôle pas ce qu'il se prépare. Je me suis contentée simplement d'énerver le volcan qui se trouve sous la Déchetterie. Cette fois, je tousse à cause des toxicités dans l'air qui se fait de plus en plus présentes. En m'approchant de mon adversaire, je remarque qu'il se remet à peine de sa chute, titubant sur place et se pliant en deux à cause de violentes quintes de toux. Visiblement, quand il cède à la folie, il ne craint plus la douleur, mais une fois sa lucidité revenue, il ne parvient pas à résister plus longtemps. Au final, lui aussi sent qu'il est à bout. La victoire ne tient qu'à un fil pour l'un de nous deux, mais j'ai l'avantage du terrain.

— « C'est l'heure de tirer ta révérence, HIMMLER. »

À mon tour d'avoir l'ascendant. Malgré mon handicape, je me tiens fermement debout, la tête haute.

— « Plutôt mourir! »
— « Je ne te laisserais pas faire cette honneur. »

Jusqu'à présent, je n'ai jamais autant souri que lui. Dévoilant toutes mes dents, je lui témoigne de ma fureur et de ma volonté. Je me mets à bouillir, faisant dégouliner du magma tout le long de mon corps. Je lève le bras et j'expédie un projectile histoire de voir dans quel état il peut se battre. Croisant ses membres devant son visage avec le Fluide, il bloque l'attaque. À l'impact, il se met à nouveau à vaciller, mais il compte bien empêcher mon invasion. Estimant pouvoir poursuivre ce duel sans difficulté, je m'approche de lui avec assurance. Je fais ensuite grossir mon poing et je viens l'écraser contre ma cible.

— DIVINE MAGNIFICENCE!!

Le choc est si puissant qu'il vient l'enfoncer dans le sol qui se morcelle de part en part à la manière d'un Call from Hell. S'engouffrant dans le magma et prenant feu, Klein tente encore de résister. J'enchaîne alors les frappes titanesques, déchaînant alors ma puissance et ma vindicte cruelle. Son Haki de l'Armement faiblit de plus en plus, ce qui me réconfort. Nos rôles s'inversent enfin! Il sent qu'il ne peut plus rien faire, ce qui me réjouit. Alors que je multiplie mes coups, le liquide dans la chambre magmatique sous mes pieds remonte d'un coup. C'est toute la Déchetterie qui se met à cracher l'enfer. Se libérant dans une effroyable explosion, toute la lave accumulée dans les tréfonds ressort subitement de la même manière qu'un volcan en éruption. Tout autour de nous, un flot rougeoyant se déverse sur les monticules de déchets. Il est bien fort possible que cette activité volcanique se remarque sur toute l'île tant elle est impitoyable. Je suppose que ma présence est signalée avec un tel désastre...

— « Le spectacle ne fait que commencer, HIMMLER. C'est la conclusion du premier chapitre et le suivant m'attend à la Tour. »
— « Kof! Kof! Kof! Mais à quel prix? »

Ses yeux sont presque révulsés, il peine à garder de sa superbe. Il ne compte pas perdre la face et me nargue encore dans son regard qui s'éteint de plus en plus. Le tenant fermement par le col, je réplique une dernière fois.

— « Tu ne m'as pas prise au sérieux, et résultat, tu en payes de lourdes conséquences. Tu as de la chance, je me sens de bonne humeur aujourd'hui. Il semble que tu apprécies particulièrement d'être le clou du spectacle, alors je vais être clémente et te laisser en vie. »

C'est l'heure de baisser le rideau! Sans attendre une seconde, je lui assène un dernier coup qui le met hors d'état de nuire. Je le retiens pour éviter qu'il ne tombe à la renverse au milieu de la lave. Pendant que je le saisi, je récupère son chapeau pour remplacer le mien. Comme la Déchetterie devient encore plus insoutenable, je commence à me mettre en route. Je vais devoir retrouver les repères comme je peux si je veux atteindre le rivage. J'ai peut-être gagné une bataille, mais il faut encore que je sache où aller au risque de mourir à cause d'une infection ou d'une hémorragie...

Ce combat a été rude, mais il a été déterminant pour savoir si je suis prête à revivre l'expérience de Thriller Bark et aller jusqu'au bout de mes ambitions. Après tout, si je ne suis même pas capable de combattre un Commandant de Flotte sans égratignure, alors affronter Teach en personne est juste impensable. Vu la dureté de l'épreuve, j'aurais tendance à croire que Klein est de mon niveau et j'ai grandement peiné à le défaire. La volonté seule n'est pas suffisante pour vaincre un opposant. La force non plus. Je manque cruellement d'expériences dans le Nouveau Monde et je suis tellement loin d'obtenir le titre de Yonkō, mais je fais preuve de persévérance et de patience...

Traînant le corps de Klein, je parviens à quitter la fournaise au bout d'un pénible effort. J'ai l'impression d'endurer encore plus pour marcher que pour me battre. J'ai besoin de me reposer, mais ce n'est pas le moment. Au moins, je ne respire plus de toxines. Hum, il n'a pas tort, à quel prix je fais tout ça?! Et quelle gloire vais-je en tirer?? Défaire un type de mon niveau et de mon rang ne m'apporte rien. J'espère réellement que cette histoire ne va pas compliquer ma relation avec la Déesse-Enfant, ni avec Red. Je vais devoir souffler un peu pour retrouver totalement mes esprits. J'ai beau être à nouveau lucide, je suis en proie à une fatigue nerveuse.

Finalement, à force de déambuler péniblement, je réussis à trouver le rivage. En attendant Warren et le médecin, je dépose le corps inconscient de Klein sur la plage. Faisant quelques pas supplémentaires pour m'approcher de l'écume, je m'étale sur le sol, les genoux en avant. En tombant, j'ai l'impression qu'un poids énorme m'écrase à ce moment-là. Je suis tellement fatiguée que je me surprends à regarder dans le vide. Les minutes qui s'ensuivent me paraissent longues. Pendant que je fixe l'horizon, j'entends deux voix s'élever au loin. Je tourne alors la tête pour voir.

— « Ah!! Elle est là-bas. Dépêche toi! »

Rassurée d'avoir été trouvé, je me laisse tomber sur le dos, contemplant cette fois le ciel sombre. Sentir le sable me rappelle mon enfance et m'aide à retrouver un semblant de bien-être.

— « Capitaine NAKAJIMA, nous sommes là. »

Le visage de Warren vient masquer ma contemplation.

— « Kof! Kof! Kof! Assurez-vous que cet individu ne s'échappe pas... »
— « Euh, très bien, mais vous? »
— « Mon rôle sur Treize n'est pas terminé... Je dois encore rejoindre le reste à la Tour... »

Mon regard croise celui du médecin. Sans plus attendre, il s'attèle à la tâche.

— « Tenez bon, je vais vous aider. »

Il me prodigue les premiers soins. Aussitôt, il me désinfecte la plaie et me fait un bandage pour stopper l'hémorragie. Il fait le nécessaire pour m'écarter de la mort et inspecte les nombreux hématomes. Il s'assure que je n'ai rien de grave supplémentaire. Ce n'est pas assez pour me redonner de la force, mais je pense pouvoir repartir.

— « Voilà, ne faites pas de mouvement brusque. Vous allez pouvoir vous en sortir. »
— « Merci médecin... Kof! Kof! Kof! »

M'aidant à me relever, je titube un peu, mais je retrouve tous mes repères sensoriels. C'est plutôt bon signe. Une fois debout, je respire un bon coup et je fais le vide dans mon esprit. Je fais face au Capitaine CUNNINGHAM qui semble trop s'inquiéter pour moi. Le fixant dans les yeux, je tiens à m'assurer que mon ordre soit exécuté.

— « Ne vous en faites pas pour moi. Contentez-vous de faire ce que je vous dit. »
— « M'ouais... J'espère que vous savez ce que vous faites! »

Sans plus attendre, je remonte la côte pour me diriger vers la Tour, puis, m'enfoncer de plus en plus au cœur de l'île. En m'éloignant, j'entends le docteur me rouspéter.

— « Ne venez pas gâcher mon travail!! »

Je n'en tiens pas compte et je pars droit en avant, déterminée à participer à la chute du Malvoulant et marquer l'Histoire!