La chasse au trésor avait été bonne, c'était un fait. Méria était aujourd'hui bien plus riche qu'elle ne l'était en posant le pied sur Drum. Sa collaboration avec les Sandstorm Pirates s'avérait réellement profitable pour elle, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Leur bon esprit d'équipage la laissait bien sûr de marbre, mais son profit passant avant tout, elle mettait un peu d'eau dans son vin. Leur compagnie lui garantissait de l'argent facile et une formidable escorte. Tout ce que la Peste méritait. Mise en mauvais état lors de son dernier combat, la belle pirate aux cheveux rouges était obligée de porter quelques bandages. Les balles qu'elle avait reçues avaient fort heureusement été retirées par le nouveau venu aux cheveux blancs. C'était un type trop coincé et propre sur lui pour la jeune femme, mais elle ne comptait pas devenir amie avec de toute manière. Le corps toujours endolori, elle affichait un air agacé en étant à moitié avachie sur le comptoir du barman albinos. C'était à Ren qu'elle devait d'être sortie rapidement des décombres au palais. Pour le remercier, même si elle n'en éprouvait pas le besoin, elle avait décidé de le gratifier de sa présence enivrante et agréable. Quel plus beau cadeau pouvait-il y avoir pour un simplet comme lui ?
Sirotant sa bière en silence, Méria devait bien admettre qu'elle s'ennuyait pas mal. De ce qu'elle avait compris, d'ici peu de temps, l'équipage repartirait en mer en direction du Royaume d'Alabasta. Cette perceptive ne l'enchantait guère. De mauvais souvenirs revenaient à elle. Bien trop longtemps elle avait végété là-bas à cause de cette idiote de capitaine incompétente qu'était Aoi,D Nakajima. Retourner sur les terres qui l'avaient vu déserter son ancien équipage ne lui disait rien. D'un autre côté, la perspective des gains immenses à venir était impossible à balayer d'un simple revers de la main. La Peste retournerait donc à Alabasta, et tant qu'à s'y trouver, elle se débrouillerait pour se rappeler au bon souvenir de le Reine Rouge.
Commençant à sourire de manière mauvaise en pensant à sa vengeance, l'attention de la jeune femme la fit s'intéresser à une table proche. Deux hommes d'une trentaine d'années, l'un en surpoids l'autre solidement bâti, discutaient ensemble. Bien vite, elle entendit les mots fruits et démon ressortir de leur conversation. Sa curiosité piquée au vif, la pirate se retourna lentement. Enfilant son masque de beauté peu farouche, elle se mit à tripoter ses mèches en cherchant du regard le plus beau des deux individus. Quand ce dernier la remarqua, elle fit mine d'être gênée et détourna les yeux avant de revenir à lui quelques secondes plus tard. L'homme ne tarda pas à mordre à l'hameçon. Après avoir abordé Méria, il demanda à Ren de lui offrir un verre. L'albinos le regarda en réprimant un soupir, bien placé pour savoir que ce pauvre bougre agissait comme le dernier des pigeons. En possession d'une pinte de nouveau remplie, la Peste accepta de passer un peu de temps avec les deux inconnus. Trop heureux de voir une si belle femme s'intéresser à eux, ils se laissèrent entièrement bercer par ses charmes, tant et si bien qu'elle leur tira très facilement les vers du nez. Après les avoir poussés à boire plus que de raison en leur laissant croire qu'ils auraient droit de passer un peu de bon temps en sa présence, elle les laissa ivres morts dans une ruelle après qu'ils aient quitté la taverne de Ren. Ayant un coup dans le nez malgré sa résistance à l'alcool, Méria retourna se reposer un peu à bord du navire d'Azerios. Elle avait besoin de réfléchir.
Ce qu'elle avait appris la laissait à penser, si les deux idiots n'avaient pas menti, qu'un fruit du démon allait être vendu à un riche magnat de Robelle dans les jours à venir. Monsieur Yamato, un influent propriétaire trempant visiblement dans des affaires louches. Si elle avait bien compris, il allait faire affaire avec un groupe de voleurs ayant dérobé ledit fruit quelques semaines auparavant lors d'un convoi de la Marine. Les détails importaient finalement assez peu, tout ce qui l'intéressait était de savoir qu'un objet d'une immense valeur se trouvait sur l'île et qu'elle avait une occasion en or de s'en emparer. Pensive, elle hésita à en parler à son capitaine, mais elle se ravisa. Elle avait obtenu cette information seule et n'avait aucune envie de partager. La Peste était après tout connue pour son égoïsme légendaire, la voir faire preuve de cohésion aurait été particulièrement étonnant. Se reposant jusqu'au milieu de la nuit, elle prit ses affaires avec elle et disparut dans l'obscurité sans annoncer son départ à personne. Elle ignorait combien de temps tout cela lui prendrait, ni si ses compagnons de fortune seraient toujours là à son retour. La seule chose dont la pirate était certaine était qu'elle devait tenter sa chance.
Emmitouflée dans ses habits épais pour lutter contre le froid, la Peste fit route pour Robelle. Arrivée à la gare, elle attendit un train qui la mènerait à destination une fois le soleil levé. N'arrivant qu'en milieu de journée, elle refusa de répondre à son escargophone qui sonna plusieurs fois. Il était fort probable que son capitaine se pose des questions mais elle n'était pas disposée à lui répondre pour le moment. Elle trouverait bien une excuse le moment venu, elle ne se faisait pas de doute à ce sujet. Découvrant la grande ville industrielle de Drum, Méria devait bien avouer qu'elle trouvait l'endroit à son goût. Partout des distilleries étaient en activité, relâchant dans l'air une odeur qu'elle trouvait agréable. Le tout était malheureusement contrebalancé par la pollution résiduelle causée par les nombreuses usines sur place. Huile de baleine, suif, bougies, toutes ces belles choses utiles produites à Robelle rendaient malheureusement l'endroit assez peu accueillant en comparaison d'autres villes de l'île. Malgré tout, Méria se sentait bien ici. Se fondant dans la masse, elle effectua un long repérage dans la cité jusqu'au soir venu. Tombant finalement sur une distillerie portant le nom de la personne qui était supposée acheter prochainement le fruit du démon, elle sourit de bon cœur avant d'aller se trouver une chambre pour la nuit. Demain, elle continuerait ses recherches avant de passer à l'action.
ciitroon
Liberté, Liberté Chérie !