Zaun en vue, Lieutenant-colonel.
Je rassemble mes papiers et un tas parfaitement rectangulaire en faisant taper la liasse sur mon bureau, puis les pose avec attention dans un coin, lissant les angles avec le pouce et l’index. Je me lève ensuite et quitte ma cabine pour rejoindre le pont du navire. Je prends une grande inspiration de cette brise marine particulièrement fraîche en cette fin d’année 1628, et m’étire doucement. Le voyage a été long, depuis South Blue, mais j’ai un regain d’excitation alors qu’il touche à sa fin. Dans quelques heures tout au plus, je poserai le pied sur l’île et me retrouverai à nouveau dans le feu de l’action. Je balaye les environs de l’île du regard, et suis agréablement surpris à la vue de multiples voiles blanches et bleues. L’opération du Commandant d’élite Bathory semble se poursuivre lentement mais sûrement, et je me targue d’y avoir modestement contribué en permettant la prise d’un des deux ports de l’île lors de ma dernière mission. Notre navire manœuvre lentement à l’approche des falaises de l’île, esquivant les récifs et évitant de se faire rabattre contre les rochers. Nous arrivons finalement dans la rade du port, et après avoir passé les divers contrôles, lâchons l’ancre.
A quelques dizaines de mètres du bateau, je reconnais immédiatement le Couperet, le navire du Lieutenant-colonel Macallan et de ses hommes. Je ne suis jamais en retard, et pourtant à chaque fois que je le rejoins quelque part, mon collègue semble avoir une longueur d’avance sur moi. D’un autre côté, peut-être que le Sous-Amiral Leto du G-6 a moins tendance à envoyer ses hommes en mission à l’autre bout du globe, lui… Je ravale ma fierté, me dirige au bout du pont, et comme à mon habitude m’élance dans les airs grâce à mon Rokushiki pour rejoindre le navire allié. En atterrissant sur le pont du Couperet, je suis immédiatement reconnu par quelques soldats qui me saluent. Les événements récents semblent confirmer que ma réputation commence à me précéder sur les mers bleues. En chemin, nous avons croisé et combattu plusieurs petits navires pirates… Enfin, combattu, c’est vite dit : ils se sont très vite rendus, et sans opposer la moindre résistance. Et bien que ça ne devrait pas m’importer, étant donné que seul le résultat de mes missions compte… J’en tire un plaisir immense, me rapprochant peu à peu d’un de mes objectifs personnels : éclipser mon frère et redorer le nom de Raines.
Lieutenant-colonel Raines ! L’adjudant Jack Bowmore, homme de main du Lieutenant-colonel Macallan, m’interpelle depuis l’autre bout du pont.
Adjudant Bowmore. Je le salue d’un rapide garde-à-vous qu’il semble me rendre à la hâte, sans forcément attendre que je ne le lui indique. Bon, les manières et le respect du protocole, chez les Viandards, ça n’est toujours pas ça… D’un autre côté, ce n’est pas vraiment ça que je suis venu chercher chez eux. Le Lieutenant-colonel Macallan est dans ses quartiers ?
Non, vous venez tout juste de le manquer. Il vient tout juste de débarquer avec Kyara et James.
Malgré ma très bonne mémoire, j’ai besoin de quelques instants pour me rendre compte que Bowmore parle des deux autres aides de Macallan. Quelle idée, aussi, de les appeler par leurs prénoms au lieu de leurs noms de famille. Je lui fais un signe de la tête et prends congé comme je suis arrivé, en m’élançant dans les airs.
Je me retrouve rapidement sur un des quais du port, où de nombreux hommes et femmes en uniforme s’affairent. Effectivement, il est raisonnable de penser que la prise d’une île de cette échelle ne se fait pas sans mal. Je parviens finalement, au milieu de toute cette agitation, à me faire aiguiller le bureau dans lequel je retrouve mon collègue et ses hommes, appuyés sur un bureau et visiblement en train de consulter des cartes. Alors que je rentre dans la pièce, Glendronach regarde par-dessus son épaule et tape Macallan sur la sienne pour lui notifier de ma présence. Le marine se relève et se retourne vers moi.
Raines. Il hoche la tête.
Macallan. Je lui rends la pareille, puis me tourne vers ses hommes. Glendronach. Talisker.
Lieutenant-colonel. Nous étions justement en train de passer en revue les dossiers de Sissy sur ce fameux Dr. Argilo.
Oui, je l’ai eu par escargophone avant mon départ du G-4. Elle m’a confirmé qu’il était bien sur sa liste de cibles à neutraliser, comme Kripke et Magnus, et m’a fait transmettre ce qu’ils ont sur lui.
Malheureusement, ça ne sera pas aussi simple dans ce cas là. Argilo est un cafard, il se cache dans un trou sombre. Sissy sait qu’il opère depuis une clinique clandestine, mais ses hommes n’ont pas réussi à la localiser… Macallan siffle entre ses dents, visiblement énervé à l’idée de devoir chercher plus que de raison celui dans qui il aimerait bien coller son pied de biche fétiche.
Oui, ils n’ont même pas réussi à restreindre le périmètre des recherches. Vous ne croyez pas si bien dire, en le qualifiant de cafard…
Ouais… Il va falloir la zone au peigne fin, interroger les habitants… Macallan râle, et je peste également. Je n’ai aucune envie de me lancer à nouveau dans des recherches interminables, à devoir violenter une racaille qui ne veut pas me répondre comme au Cimetière d'Épaves…
Je sais que ça ne sera pas une partie de plaisir, et je m’en veux un peu de vous traîner la dedans. Mais dans tous les cas, Lieutenant-colonel… Merci d’avoir répondu à mon appel.
Le remerciement est sincère. C’est une mission de routine, un nom de plus sur la liste du Commandant d’élite Bathory à rayer… Et très honnêtement, je pourrais continuer mon investigation et m’en occuper seul. Mais dans un monde où nous sommes souvent livrés à la solitude de l’océan… Je suis content de pouvoir m’entourer d’alliés.
Je rassemble mes papiers et un tas parfaitement rectangulaire en faisant taper la liasse sur mon bureau, puis les pose avec attention dans un coin, lissant les angles avec le pouce et l’index. Je me lève ensuite et quitte ma cabine pour rejoindre le pont du navire. Je prends une grande inspiration de cette brise marine particulièrement fraîche en cette fin d’année 1628, et m’étire doucement. Le voyage a été long, depuis South Blue, mais j’ai un regain d’excitation alors qu’il touche à sa fin. Dans quelques heures tout au plus, je poserai le pied sur l’île et me retrouverai à nouveau dans le feu de l’action. Je balaye les environs de l’île du regard, et suis agréablement surpris à la vue de multiples voiles blanches et bleues. L’opération du Commandant d’élite Bathory semble se poursuivre lentement mais sûrement, et je me targue d’y avoir modestement contribué en permettant la prise d’un des deux ports de l’île lors de ma dernière mission. Notre navire manœuvre lentement à l’approche des falaises de l’île, esquivant les récifs et évitant de se faire rabattre contre les rochers. Nous arrivons finalement dans la rade du port, et après avoir passé les divers contrôles, lâchons l’ancre.
A quelques dizaines de mètres du bateau, je reconnais immédiatement le Couperet, le navire du Lieutenant-colonel Macallan et de ses hommes. Je ne suis jamais en retard, et pourtant à chaque fois que je le rejoins quelque part, mon collègue semble avoir une longueur d’avance sur moi. D’un autre côté, peut-être que le Sous-Amiral Leto du G-6 a moins tendance à envoyer ses hommes en mission à l’autre bout du globe, lui… Je ravale ma fierté, me dirige au bout du pont, et comme à mon habitude m’élance dans les airs grâce à mon Rokushiki pour rejoindre le navire allié. En atterrissant sur le pont du Couperet, je suis immédiatement reconnu par quelques soldats qui me saluent. Les événements récents semblent confirmer que ma réputation commence à me précéder sur les mers bleues. En chemin, nous avons croisé et combattu plusieurs petits navires pirates… Enfin, combattu, c’est vite dit : ils se sont très vite rendus, et sans opposer la moindre résistance. Et bien que ça ne devrait pas m’importer, étant donné que seul le résultat de mes missions compte… J’en tire un plaisir immense, me rapprochant peu à peu d’un de mes objectifs personnels : éclipser mon frère et redorer le nom de Raines.
Lieutenant-colonel Raines ! L’adjudant Jack Bowmore, homme de main du Lieutenant-colonel Macallan, m’interpelle depuis l’autre bout du pont.
Adjudant Bowmore. Je le salue d’un rapide garde-à-vous qu’il semble me rendre à la hâte, sans forcément attendre que je ne le lui indique. Bon, les manières et le respect du protocole, chez les Viandards, ça n’est toujours pas ça… D’un autre côté, ce n’est pas vraiment ça que je suis venu chercher chez eux. Le Lieutenant-colonel Macallan est dans ses quartiers ?
Non, vous venez tout juste de le manquer. Il vient tout juste de débarquer avec Kyara et James.
Malgré ma très bonne mémoire, j’ai besoin de quelques instants pour me rendre compte que Bowmore parle des deux autres aides de Macallan. Quelle idée, aussi, de les appeler par leurs prénoms au lieu de leurs noms de famille. Je lui fais un signe de la tête et prends congé comme je suis arrivé, en m’élançant dans les airs.
Je me retrouve rapidement sur un des quais du port, où de nombreux hommes et femmes en uniforme s’affairent. Effectivement, il est raisonnable de penser que la prise d’une île de cette échelle ne se fait pas sans mal. Je parviens finalement, au milieu de toute cette agitation, à me faire aiguiller le bureau dans lequel je retrouve mon collègue et ses hommes, appuyés sur un bureau et visiblement en train de consulter des cartes. Alors que je rentre dans la pièce, Glendronach regarde par-dessus son épaule et tape Macallan sur la sienne pour lui notifier de ma présence. Le marine se relève et se retourne vers moi.
Raines. Il hoche la tête.
Macallan. Je lui rends la pareille, puis me tourne vers ses hommes. Glendronach. Talisker.
Lieutenant-colonel. Nous étions justement en train de passer en revue les dossiers de Sissy sur ce fameux Dr. Argilo.
Oui, je l’ai eu par escargophone avant mon départ du G-4. Elle m’a confirmé qu’il était bien sur sa liste de cibles à neutraliser, comme Kripke et Magnus, et m’a fait transmettre ce qu’ils ont sur lui.
Malheureusement, ça ne sera pas aussi simple dans ce cas là. Argilo est un cafard, il se cache dans un trou sombre. Sissy sait qu’il opère depuis une clinique clandestine, mais ses hommes n’ont pas réussi à la localiser… Macallan siffle entre ses dents, visiblement énervé à l’idée de devoir chercher plus que de raison celui dans qui il aimerait bien coller son pied de biche fétiche.
Oui, ils n’ont même pas réussi à restreindre le périmètre des recherches. Vous ne croyez pas si bien dire, en le qualifiant de cafard…
Ouais… Il va falloir la zone au peigne fin, interroger les habitants… Macallan râle, et je peste également. Je n’ai aucune envie de me lancer à nouveau dans des recherches interminables, à devoir violenter une racaille qui ne veut pas me répondre comme au Cimetière d'Épaves…
Je sais que ça ne sera pas une partie de plaisir, et je m’en veux un peu de vous traîner la dedans. Mais dans tous les cas, Lieutenant-colonel… Merci d’avoir répondu à mon appel.
Le remerciement est sincère. C’est une mission de routine, un nom de plus sur la liste du Commandant d’élite Bathory à rayer… Et très honnêtement, je pourrais continuer mon investigation et m’en occuper seul. Mais dans un monde où nous sommes souvent livrés à la solitude de l’océan… Je suis content de pouvoir m’entourer d’alliés.