Fly Me To the | Lune | En Cours

« L’habit ne fait pas le moine », c’est un adage qui retranscrit à la perfection les paradoxes que portent Lune. Un corps frêle, un mètre quarante-sept à peine, d’un corps peu voluptueux. Derrière ses clavicules dévoilées par des vêtements souvent ouverts et par la maigreur qu’inspire sa peine à excéder les quarante kilos quand elle s’alimente correctement marque une apparence juvénile à la féminité discrète, tranchant avec un œil gauche légèrement plus éteint que le droit, trahissant de fréquentes migraines et une tendance à se porter sur la boisson.

En jetant un regard plus approfondi, les stigmates se dévoilent, marqueurs d’une grande sensibilité, illustration irrégulière de nombreuses cicatrices assez fines à ses avant-bras, trahissant une tendance à l’automutilation. Si son apparence pourrait laisser songer à un dérèglement hormonal de pré-adolescente, la profondeur de son regard, elle, trahit une sagesse mêlée d’une mélancolie qu’on ne rencontre que chez les personnes âgées, faisant l’état des lieux d’une vie bien remplie.

Les souvenirs s’effacent pour certains, pas pour la crinière d’argent. De nombreux tatouages impriment sur son corps des temps immaculés ne pouvant s’évader. Diagnostiquée dans sa jeunesse comme étant atteinte d’hypermnésie, la mémoire eidétique qu’elle transporte flotte comme une malédiction au-dessus de sa tête : comment trouver l’envie de manger quand on ne peut oublier le goût, la sensation de faim et celle de satiété ou quand aucune saveur n’est surprenante ? Lune présente des troubles alimentaires, auxquels elle pallie tant bien que mal en grignotant fréquemment. Les fruits et les sucreries font partie de la majorité de son alimentation, parce qu’ils sont simples à consommer en faisant autre chose permettant de se sortir de l’esprit la notion de faim et de satiété.

Ne rien oublier, c’est aussi supporter la surcharge émotionnelle qui en découle. La sensation la plus atroce à laquelle Lune puisse se sentir confrontée, c’est la solitude. Elle ne la tolère pas, c’est certainement pour ça qu’elle est une fervente animiste, voyant en chaque objet et chaque être une âme. La pâleur de ses cheveux blancs font écho à la pureté d’une foi aveugle. Malgré les souvenirs de la cruauté, c’est probablement la somme du déni qui continue de faire porter à la demoiselle un amour profond de l’autre, en faisant quelqu’un de particulièrement sociable, mais également serviable et altruiste dans la mesure de ses capacités, pouvant rapidement être limitées.

Un corps brisé, c’est ce qu’il reste d’un don pouvant mettre à l’écart l’individu au profit du profit que peut-être la bête de foire. S’il pourrait sembler plausible de se dire que Lune est prédisposée à tout, celle-ci est née avec des troubles de l’oreille interne, lui faisant facilement perdre l’équilibre et entraînant périodiquement des malaises. En outre, la quantité de pensées pouvant se bousculer à son esprit la prédispose à de fortes migraines et céphalées de tensions musculaire, la rendant pratiquement inapte au combat, le moindre choc peut la mettre hors d’état de nuire. En revanche, ses capacités d’apprentissage phénoménales font d’elle une excellente stratège, mais également une artisane d’exception. Au fil des années, ses sens se sont affinées. L’oreille absolue lui permet de distinguer aisément les sons, les intonations, elle est d’ailleurs grande amatrice de musique : un art vivant, mobile, ne retombant que rarement sur lui-même. Elle excelle d’ailleurs en ce qui est du piano, de la guitare et du violoncelle, le bout de ses fins doigts légèrement abîmés par la corne formée par les heures d’entraînement.

Contre vents et marées, Lune obtiendra de devenir charpentière. Ou plutôt, elle se forme à Water Seven, mais comme à son habitude, l’apprentissage se fait rapide : si son endurance laisse clairement à désirer, sa précision, elle, est infaillible. Si la vocation semble paradoxale pour un individu pour qui le savoir n’a de limite que le temps d’une vie et les trouvailles, l’art de façonner la vie, le bois, pour créer des outils de liberté, d’exploration et de découverte est pour elle la plus grande des noblesses : son vocable enrichis et sa taille lui ayant valu le surnom de « Trois Pommes », faisant écho au rouge de ses yeux et de ses lèvres, sa taille, mais aussi son amour pour le dit fruit.

Issue de milieux populaires, Lune a eu l’opportunité tôt de découvrir les « petits plaisirs de la vie », le tabagisme passif qu’elle subit depuis l’enfance fait d’elle une fumeuse régulière, il est plus fréquent de la voir avec une sucrerie, un fruit ou une cigarette à la bouche que rien du tout, à moins d’être dans une situation de stress intense. Elle peut parfois également avoir la main lourde sur l’alcool, la seule drogue qui lui permet d’oblitérer quelques souvenirs, pendant quelques heures. Elle présente également une addiction pour la caféine.

Vestimentairement parlant, elle s’approche des standards de Wano, pays auquel elle n’a absolument jamais mis les pieds, mais dont les échos de la culture semble la captiver, mais surtout, issue d’une famille d’artisane et l’étant elle-même, les techniques de confections de vêtements traditionnels et la beauté qu’il s’en dégage l’émeut suffisamment pour qu’il soit rare de la voir sans un haori ou un kimono aux motifs colorés, surplombés à des combis plus ou moins longues selon les saisons. Derrière un équilibre vestimentaire trahissant la délicatesse, le bout de ses doigts en revanche portent la marque de l’artisan et du musicien : la corne omniprésente démontre des doigts habitués au travaux manuels, contrastant avec le vernis habillant ses doigts plus longs que ceux de la moyenne des femmes de sa taille.

En outre, Lune porte un certain nombre de tatouages. Un croissant de lune, en référence à son prénom, contourné par une vague, au niveau de son poignet, petit tatouage discret lui faisant remettre en lumière une part de son identité. Sur son autre poignet, une boussole dont le nord pointé se prolonge vers sa main. A sa cheville droite, une ancre filant vers ses orteils.

Enfin, Lune est souvent ornée de bijoux. Elle ne retire jamais son collier, une fine breloque d’or représentant un ouroboros, elle porte également quelques nœuds rouges pour égayer la couleur argentée de ses cheveux, tranchant avec celle de ses yeux, souvent habilement maquillés, tout comme ses lèvres : tout est dans le détail, le rouge est clairement la couleur totem de la jeune femme, et la voir sans maquillage relèverait presque du miracle, ce qui peut sembler bien paradoxal pour une artisane. Au sommet de ses mèches rebelles, trône sur à son crâne une minuscule queue de cheval et à son oreille gauche, une natte maintenue en équilibre par un morceau de tissu et une bague, qu’elle semble faire et défaire chaque matin, proprement. Son apparence physique porte d’ailleurs un certain nombre de rituels : de nombreux bijoux lui servent de ceinture pour ranger son pistolet à silex et ses poignets sont souvent ornés, eux, de bracelets faits de tissus.

Un fait paradoxal d’ailleurs : si Lune arbore beaucoup de bijoux, elle n’en demeure pas moins quelqu’un de modeste et d’assez peu cupide. A y regarder de près, n’importe quel connaisseur peut observer d’ailleurs que la plupart des objets qu’elle porte sur elles sont de mauvaise facture, hormis son collier d’or et la chaîne de perles à sa ceinture. En réalité, il s’agit pour la plupart de cadeaux, ou d’objet qu’elle a confectionné en lien avec des évènements, comme certaines habitudes, dont, à n’en pas douter, ce rituel de faire une natte à son oreille gauche, chaque matin. Un objet totem à un instant, un geste paradoxal : Lune ne peut rien oublier, certes. Mais la plupart des breloques qu’elle porte la ramène à des souvenirs qui lui sont chers, bien souvent heureux et lui permettent de trouver la lumière au bout du tunnel plus facilement, en cas de coup dur.