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Le sable c'est vraiment de la merde !

Courant comme un clébard derrière un biftèque dans les pas de notre compagnon totalement détraqué, je n’avais même pas remarqué que nos poursuivants avaient progressivement réduit leur rythme pour au final s’arrêter totalement.


J’avais les poumons en feu, c’était une véritable fournaise dans mes entrailles ! Mon cœur battait tellement fort que j’avais la sensation qu’il pouvait exploser à tout moment. De ma vie, je n’avais cavalé sur une distance aussi grande. Quel enfer, je détestais par-dessus tout devoir courir, surtout pour fuir comme un putain de rat. Mais je n’étais pas encore débile au point de vouloir affronter à moi tout seul une armée !


Alors je courrais encore et encore, les dalles en pierre avaient laissé place à du sable et toujours du sable. Chaque pas était à présent une galère, mon pied s’enfonçait de plus en plus profondément. Mais comment faisaient-ils dans le coin pour se déplacer dans cette mélasse ?


J’avais beau avoir la tête dans le guidon et la bave aux lèvres, je me rendais compte que quelque chose clochait. J’avais un mauvais pressentiment, et ce n’était pas lié à nos poursuivants, quelque chose d’inquiétant flottait dans l’air, mais quoi ?  


Notre rythme était déjà fortement ralenti à cause du terrain, notre course c’était petit à petit muée en marche forcée à travers cette mer de sable qui s’étendait à perte de vue. Il faisait une chaleur étouffante et l’air était chargé de sable qui s’engouffrait dans notre gorge à chaque respiration. Ma gorge était tellement sèche, qu’elle me faisait un mal de chien, j’aurais donné tout l’or du monde pour un godet.


Pour couronner le tout, de violentes rafales de vent venaient s’écraser sur notre groupe. A croire que même le désert en personne ne voulait pas de nous.


« Quel pays de merde ! Comment peut-on mourir pour un endroit pareil ?! »


Je marchais en tête avec à mes côtés l’homme qui se faisait appeler « Olek ». Drôle de nom, pour un drôle de personne. Les bourrasques de vent se faisaient de plus en plus régulières et le ciel s’assombrissait de minute en minute.  


« Je ne sais pas ce qu’il se passe ici.. Mais cela ne me dit rien de bon ! »


Je me retournais pour voir le reste de la troupe qui était dans un état d’épuisement palpable. Tous ici présent étaient exténués par les efforts prodigués pour sortir en un seul morceau de la cité. D’ailleurs cette dernière avait fermé les portes après notre passage. Ils avaient peut-être compris au final que le jeu n’en valait pas la chandelle, ou alors que cet endroit aurait raison de nous d’une manière ou d’une autre.


Nous étions donc à présent seuls, marchants en rang d’ognon vers l’inconnu. Devant nous se dresser une immense dune, je n’avais jamais imaginé qu’un tas de sable pouvait devenir aussi grand. L’ascension fût aussi lente que pénible, et toujours ce satané vent qui ne nous lâchait pas d’une semelle.


Mais ce que je redoutais le plus se trouvait au-dessus de notre tête ! Un halo de couleur sanguine recouvrit le ciel, donnant au soleil une teinte rouge sang.


« Olek regarde au-dessus de nous, je crois bien qu’on a dérangé leurs dieux ! Je n’ai jamais vu un soleil de cette couleur. »


Combien de temps pour gravir cette dune ? Une heure ? Une demi-journée ? Une année ?! J’avais perdu le fil, mais les éléments se déchainaient de plus en plus sur nous. Les rafales nous repoussaient sans cesse en arrière, comme si quelqu’un ou quelqu’un ne souhaite pas nous voir progresser.


Une fois en haut de cet amas de sable, je compris…


« On est fichu.. Nous avons réveillé un dieu ! »


Mes paroles s’envolèrent loin d’ici avant que mes compagnons puissent les entendre.


Devant moi s’offrait une vision du chaos originel ! Un tsunami de sable était en approche droit sur nous. Je n’avais jamais vu, même dans les pires tempêtes, un tel déchainement de fureur !  

Le monstre de sable se déplaçait implacablement vers nous, engloutissant tout sur son passage, même la lumière. J’entendais autour de moi des voix se perdre dans le vent, sans doute des mises en garde. Mais j’étais totalement absorbé par ce spectacle. Les rafales s’étaient muées en coups de poing à cause de leur intensité et un bruit sourd couvrant tout le reste se fit entendre.

C’était le grognement de la tempête.. j’étais intimement convaincu que cette chose était vivante ! Elle avait soif de vengeance et mort.

Finalement c’est Olek qui me tira en arrière pour me mettre à l’abri avant que je me fasse littéralement avaler par la bête.

« JACK ABRUTI ! TU FOUS QUOI ?! TU VEUX CREVER ?! FAUT QU’ON TROUVE UNE SOLUTION ! »

Je reprenais petit à petit mes esprits, mais cette vision d’horreur continuait à me hanter. Nous n’avions aucune chance de pouvoir échapper à sa faim. Elle aurait assez de puissance pour réduire à néant une cité entière.

« …. »

Le bruit se faisait de plus en plus pressant ! Plus que quelques instants avant d’être dévoré…


Machinalement je me redressais, faisait totalement abstraction de la situation, je plantais de toutes mes forces mon ancre dans la la chair de la dune. Lançant la chaine en acier en direction du reste du groupe. Finalement mon instinct de survie avait repris le dessus sur mes peurs et angoisses. J'étais à présent bien décider à tout faire pour ne pas crever comme un vulgaire cloporte.


« ACCROCHEZ-VOUS ! ÇA VA DÉCOIFFER MES CHÉRIES ! NOUS AVONS MIS UN DIEU EN COLÈRE ! ET IL SEMBLE BIEN DÉCIDER À NOUS FAIRE PAYER CET AFFRONT ! »

Subitement la bête de sable était sur moi, je fus littéralement projeté au sol par cette puissance. Je pouvais entendre dans mes oreilles les cris de haine de cette saloperie ! Elle avait l’air sacrément énervée ! J’avais la tronche plantée dans le sable, je me tournais pour lui faire face ! C’était l’apocalypse autour de moi. La seule chose qui me retenait sur le plancher des vaches, c’était la chaine en acier.


« VIENS TE BATTRE AVEC JACK DIEU DE PACOTILLE ! »
Immédiatement, une tonne de sable s'engouffra dans ma poche me faisait tousser comme jamais !
Le sable c'est vraiment de la merde ! 
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La tempête faisait rage, les pirates hurlaient pour tenter de se localiser entre eux, mais les sifflements du vent et du sable étaient similaires aux explosions de centaines de canons. Il était impossible de voir plus loin que le bout de son nez, Olek était à moitié inconscient et avait usé de ses dernières forces pour suivre le geste de Jack. À son tour il avait planté dans le sable son mât de bateau et poussé les quelques retardataires à s'y accrocher, leur vie en dépendait, littéralement. Ils se firent une accolade géante, s'attachant ensemble grâce à la chaine de l'ancre de Jack, véritable gilet de sauvetage.

Une éternité sembla passer, mais rien ne changeait, impossible de savoir si tout cela s'arrêterait un jour, quelques misérables pirates épuisés abandonnèrent et se firent emporter dans les méandres de cette tourmente de sable, perdus à jamais. Leurs cris de désespoir alors qu'ils se faisaient emporter donnèrent du courage aux survivants. Olek avait sombré dans l'inconscience depuis longtemps, mais comme un mort qui ne relâchait jamais son emprise, ses puissants bras enlaçaient d'un côté la chaine et de l'autre le mât d'une intensité à faire blanchir ses phalanges et péter ses biceps.

Ses blessures récoltées dans la bataille et au travers de leur fuite de Nanohara avaient finalement eu raison de lui, mais même évanoui, le colosse ne s'avouerait jamais vaincu, la survie de ses nouveaux compagnons en dépendait. Plusieurs heures passèrent au cours desquelles ils bouffèrent du sable par tous les orifices et lorsqu'enfin le calme revint avec un soleil de plomb, le silence sembla surréaliste. La petite troupe de criminels était ensevelie sous plusieurs mètres et tonnes de sable desquels seule la tête fière d'un Jack dépassait. Ils ne durent leur survie qu'à l'acharnement de cet homme qui se démena cœur et âme pour les sortir de cette maudite prison naturelle. Il creusa encore et encore jusqu'à tous les extirper, sans exception, des bras cruels du dieu d'Alabasta qu'était le désert.

Dix avaient disparu dans la tempête et cinq étaient morts asphyxiés. Olek quant à lui était dans un état lamentable, il respirait difficilement et ne semblait pas se réveiller même après les nombreuses baffes qu'on lui administra. Certains parmi les plus costauds, peut-être à contrecœur, mais conscients que bon nombre d'entre eux lui devaient la vie, créèrent une civière de fortune pour le tirer. Hors de question de l'abandonner, ce qu'ils venaient de vivre ensemble avait fait de ces inconnus des frères d'armes. Sans aller jusqu'à mourir les uns pour les autres, il y avait à présent un lien qui les unissait tous, probablement fragile et capable de se briser à la prochaine tempête, mais existant et grandissant.

En file indienne, Jack menant la troupe et Olek la fermant allongé dans son brancard, ils reprirent la route. Ils ne savaient où aller ni ce qu'ils cherchaient, une seule chose était sûre, faire demi-tour était hors de question et tous suivaient leur nouveau capitaine comme s'il allait créer un énième miracle. Miracle qui ne se présenta que le surlendemain; desséchés, épuisés et morts de faim, ils virent au loin,  à quelques dunes de là, ce qui ressemblait à un campement.  Mirage ou non, l'espoir qui naquit de cette vision leur donna la force nécessaire pour parcourir les derniers kilomètres.

Ils tombèrent sur un clan de nomades qui s'installait confortablement avant que le soleil ne se couche, la nuit arrivait et avec elle une fraicheur que les criminels n'étaient pas prêts à revivre. Les indigènes les accueillirent à bras ouverts puisque les pirates autrefois sanguinaires n'avaient plus l'air que de pauvres esclaves en fuite. Ils avaient été obligés d'abandonner armes et armures et de voyager le plus léger possible pour survivre aux derniers jours. Seul le Jack, têtu comme une mule ou simplement par principes connus de lui seul, avait gardé son ancre. Aucunement effrayés des nouveaux arrivants et respectant une coutume millénaire des habitants du désert, ils offrirent l'hospitalité aux pauvres hommes sans rien demander en retour.

De nouvelles tentes furent dressées, des feux allumés et des couvertures distribuées. Des gourdes d'eau furent englouties en quelques secondes et quelques brebis furent abattues pour ce qui semblait être un festin qui se préparait. Olek revint à lui grâce à la musique folklore et à l'odeur de viande épicée qui titillait ses narines. Il faisait nuit et la plupart des pirates dansaient, chantaient et buvaient autour du feu. Ils étaient accompagnés par des nomades tout aussi joyeux de briser l'ennui de leur long voyage et la monotonie d'une vie dans le désert. Le colosse observa les alentours d'un œil calculateur et chercha Jack du regard, il n'eut pas à chercher longtemps, celui-ci s'approcha et lui tendit une chope d'un alcool d'hydromel local. Olek se redressa difficilement, mais déjà en bien meilleur état qu'il y a deux jours. Il accepta le gobelet d'un signe de tête reconnaissant et lui murmura dans l'oreille.

- Y'a des chameaux...!
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Le terrible monstre avait englouti plusieurs des nôtres avant de se diriger vers d’autres horizons. Je regardais ma main tremblée comme une feuille, j’avais encore les muscles tétanisés des heures après. Je m’étais accroché à ma chaine jusqu’à en perdre toutes sensations, d’ailleurs je lui devais une fière chandelle. C’était grâce à elle que nous pouvions encore être de ce monde, elle s’était montrée d’une solidité étonnante alors qu’une cinquantaine de types étaient accrochés à elle. J’observais avec minutie les différents anneaux de métal qui la composait, elle avait souffert, je doute fortement qu’elle puisse réitérer cet exploit une seconde fois malheureusement. Mais en observant l’étendue désertique qui nous entourait, je ne me faisais que peu d’illusion sur mes chances de lui trouver une remplaçante. Je n’avais jusqu’alors jamais entendu parler de bateaux naviguant dans les mers de sable.


Nous avions eu la chance de tomber sur un groupe de nomades qui montaient leurs camps pour la nuit. Étonnamment accueillant envers des étrangers, je retrouvais un semblant de foi envers ce pays. Notre petit groupe constitué maintenant d’une cinquantaine d’ex-taulards avait besoin plus que jamais de repos. Il suffisait de parcourir l’assemblée du regard pour se rendre compte que ceux qui étaient arrivés jusqu’ici avaient dû le faire au prix d’énormes sacrifices. J’avais donc assis autour de moi, les plus endurcies de tous les rescapés, des gars ayant largement prouvés leurs valeurs que ce soit au combat ou dans des conditions extrêmes. Je ne pouvais rêver mieux comme sélections pour choisir les candidats pour mon futur équipage. Car oui, après une longue hésitation et beaucoup de questionnements, j’étais maintenant convaincu du chemin à suivre.


Nos hôtes prenaient soin de nous d’une façon remarquable, si on m’avait dit qu’après notre accueil pour le moins rocambolesque par les autorités locales, nous finirions par faire connaissance avec des personnes si chaleureuses..


Même Olek qui était à l’article de la mort depuis que je l’avais rencontré avait repris du poil de la bête. Il se glissa derrière moi pour me chuchoter à l’oreille :


« Y’a des chameaux...! »


J’avais en effet observait ces drôles d’animaux qui semblaient être des montures remarquables pour ce climat. La tentation de les saisir par la force était grande, après tout nous n’étions ni plus ni moins qu’un vulgaire ramassis de criminel. Toutefois, la petite part d’humanité qui était encore présente au fond de moi se refuser catégoriquement à agir ainsi, du moins pour le moment.


« Attends… »


Je décidais donc, dans un premier temps, de questionner nos hôtes à propos de leurs drôles de montures. Et comme je m’en doutais, il s’agissait du meilleur moyen de locomotion dans tout le pays. Ces drôles de bestioles étaient capables d’avaler d’immenses distances sans devoir s’hydrater. Je profitais que mon interlocuteur est loquace pour le questionner sur le pays et les villes aux alentours. Mais les informations glanées n’avaient absolument rien de réjouissant. Un fleuve au nom imprononçable nous barrait l’accès à l’autre rive. Et les villes présentes de l’autre côté n’étaient plus que l’ombre d’elles-mêmes. Il fallait envisager un périple de plusieurs semaines voir plusieurs mois pour pouvoir rejoindre la première cité potable. Je n’avais pas la moindre envie de m’éterniser dans le coin, surtout après vécut l’une des pires journées de ma vie. Non l’idée était de pouvoir rallier le fleuve pour essayer de dégoter une embarcation. Et ensuite, pouvoir improviser comme bon me semble, je préférais encore devoir traverser le Grand Line avec une chaloupe que me retaper une tempête de sable.


Les heures défilées et la plupart des gars étaient tombés dans les bras de Morphée, moi je restais à écouter les récits des vieux nomades sur le désert et ses dangers. J’avais pris la peine de leur faire part des récents évènements survenus dans la cité voisine. Ils avaient l’air plus soucieux de l’avenir de leur commerce avec cette cité que du sort de cette dernière.


Il était temps pour moi de sombrer aussi dans un sommeil profond. Depuis combien de temps je n’avais pas eu l’occasion de fermer les yeux ? C’était sans doute très risqué de se laisser aller comme ça avec des étrangers. Mais j’étais tellement exténué que je balayai immédiatement toutes réticences.


Ce fût l’image du visage d’Hannibal le Rouge qui me tira de mon sommeil. Je me réveillais en sursaut pour découvrir que les nomades étaient déjà parties depuis le lever du soleil. Je n’avais absolument rien entendu… C’était l’occasion unique pour n’importe qui de se débarrasser de Jack.


Je me dirigeais vers Olek et lui colla un coup de pied dans les côtes.


« Debout feignasse ! Nous avons du chemin ! »


J’avais collecté assez d’informations pour pouvoir définir un cap. Si tous se passaient bien, nous avions une bonne semaine de marche avant de toucher au but. Dès les premières heures de marche dans le sable, je regrettais mon choix de ne pas avoir subtilisé les chameaux. Bordel, même sans avoir subir une tempête des enfers, se déplaçait dans le sable qui était une véritable corvée. Les nomades avaient eu la bonté de nous laisser assez de vivres pour le trajet en utilisant les ressources comme eux, c’est-à-dire avoir les mêmes besoins qu’un putain de chameaux. Jamais nous ne tiendrons plus de deux trois jours avec si peu d’eau.


Étonnant, personne ne broncha dans la troupe alors que le soleil nous cramait généreusement la gueule et que le désert s’étendait jusqu’à perte de vue. Alors que la soleil était à son zénith, Olek grommela quelque chose à mon attention en pointant son doigt dans une direction.


Plusieurs petits points noirs se dirigeaient vers nous, j’avais beau me protéger du soleil avec ma main, je n’arrivais pas à identifier si c’était humain, un animal ou un mirage.


Ce qui était de vulgaires petits points noirs se rapprocha au fil du temps au point de venir identifiable. C’était cinq chameaux montés par des nomades qui filaient droit sur nous ! Cela devait être une coïncidence, car la caravane que nous avions rencontrée comptait facilement une soixante de chamelier si ce n’est plus.


Arrivé à notre hauteur, l’homme qui menait le petit groupe s’écroula au sol juste à mes pieds. C’était l’un des nomades qui nous avaient accueillis, il essaya de baragouiner quelques paroles inaudibles. Le pauvre bougre était dans un sale état, heureusement ses collègues étaient déjà plus aptes à nous parler.


Leur caravane s’était fait attaquer par un groupe de bandits, j’écoutais le récit d’une oreille. Ils avaient étaient très correct avec nous, mais je n’étais pas officier de la Marine. De toute façon, à pied, nous n’avions aucune chance de leur porter secours en temps et en heure. Et cette fois-ci, j’avais bien l’intention de réquisitionner leurs montures. D’autant plus que leurs connaissances du désert pouvaient s’avérer très utiles pour notre expédition.


Mais au détour de son récit, l’un des nomades évoqua le leadeur des criminels qui les avaient attaqués. Un étranger d’une taille presque aussi grande que la mienne, le crâne rasé, des cicatrices partout sur le visage. Cela ne pouvait être un hasard..


Je saisissais l’autochtone par ses habits pour le tirer vers moi :


« C’EST QUOI SON NOM ?!!!! »


« Euh… il se fait appeler le Rouge .. Je crois… »


Je pouvais lire la terreur dans ses yeux. Il ne s’attendait surement pas à ce que je réagisse comme ça.


« OLEK ! EN SELLE ! J’ai un compte à régler avec cette crevure, et c’est l’occasion idéale de récupérer quelques montures. »


Je grimpais sur le chameau le plus proche de moi, l’animal m’insulta copieusement. Il ne s’attendait certainement pas à recevoir un gaillard comme moi sur son dos. Nous étions maintenant quatre pirates en selle, moi, Olek, Trembol et John ainsi qu’un nomade pour nous servir de guide. D’après ses dires, nous n’étions à moins de deux heures de monture du lieu de l’attaque.


Je salivais d’impatience à la simple idée d’aller défoncer la tronche de ce connard une bonne fois pour toutes. En plus c’était l’occasion pour moi de soigner mon karma en faisant une bonne action !


Je sortais le sabre fixé sur ma selle en le pointant vers notre destination !


« EN ROUTE BANDE DE CHIENS GALEUX ! ON VA POUVOIR SE DÉFOULER UN PEU ! J'OFFE LA PLACE DE SECOND A CELUI QUI ME RAMENES LE PLUS DE PAIRE D'OREILLES !»
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Olek avait lorgné les chameaux pendant deux bonnes heures, regroupant ses forces, il était prêt à sauter en selle et zigouiller le moindre nomade sur sa route. L'ingratitude était un de ses péchés, on venait de le sauver probablement d'une mort certaine, de le nourrir et de l'emmitoufler dans des draps pour éviter qu'il ne crève de froid et voilà qu'en somme de remerciement le pirate voulait s'enfuir à dos de Camel et coupait au passage deux ou trois têtes à ses bienfaiteurs. Les habitudes avaient la vie dure comme on disait. Il ne comptait pas non plus les changer, mais il décida d'écouter la voix de la raison, ce bon vieux Jack, qui l'aurait cru ? Peut-être que son nouvel ami se faisait du souci pour lui, qu'il le savait trop mal en point pour une nouvelle confrontation armée. Serait-il possible qu'il cherchât ainsi à le protéger, en lui intimant d'attendre alors qu'il s'en allait discuter plus loin ?  Le colosse se faisait des films, sans aucun doute, mais l'idée était marrante et lui occupait l'esprit, puis ce n'était pas comme s'il y avait beaucoup de distractions aux alentours.

Le dieu du désert ou qui que fut responsable des coïncidences dans ce trou à rats, sembla pencher enfin en sa faveur. Comme s'il voulait se faire pardonner de lui avoir fait bouffer du sable, le destin lui offrait à présent une dégustation de moules sur un plateau. Deux magnifiques jeunes femmes s'approchèrent de lui, l'une portait des bandages propres dans ses bras et l'autre une bassine d'eau chaude de laquelle s'échappait une odeur d'huiles essentielles. Elles passèrent juste devant lui en gloussant, leurs regards beaucoup trop insistants pour qu'il ne s'agisse que d'un intérêt innocent.  Olek ne laisserait pas passer une si belle occasion, deux ans d'abstinence forcée, deux ans passés en cage à ne fantasmer que sur des dalles et barreaux moisis. L'heure de remonter en selle avait sonné et pas sur des chameaux cette fois-ci.

- Aiiiiie, aiiiieee j'ai maaaal !

Clama-t-il tout en se redressant, il s'avachit sur les épaules de chacune des donzelles dans un pseudorâle d'agonie qui les fit éclater d'un rire cristallin. Un son mélodieux qui lui transperça le cœur de part en part, bordel comme ça lui avait manqué ! Pour éviter de les écraser avec sa musculature imposante, il se redressa légèrement et ce fut avec une main à leur taille qu'il pénétra dans la hutte.

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Sa nuit fut courte, ou bien longue en fonction du point de vue, mais surtout très agréable. Son réveil, lui, le fut beaucoup moins. Un coup de pied dans les côtes raviva ses récentes blessures et le réveilla aussi rapidement qu'une douche froide.

- Ça va.. Ça va ! t'as des morpions aux couilles ou quoi ?

Non, mais oh, ce n’était pas une manière de traiter un blessé de guerre. Il voulut râler un peu plus, mais ferma sa gueule alors qu'il sentait un soleil déjà bien haut lui marteler le crâne. Sa tente était partie et avec elle ses deux petites fées nocturnes et tout le reste des nomades. Quel malheur... Toutes choses étant égales par ailleurs, Olek se sentait beaucoup mieux, les bras d'une femme avaient toujours été le meilleur des remèdes, alors imaginez le potentiel de deux femmes ! Il parvint à garder son humeur béate alors qu'ils reprenaient la route, leurs conditions de voyage, bien que précaires, s'étaient nettement améliorées, et même s'ils n'avaient droit qu'à une gorgée d'eau par heure c'était amplement suffisant pour survivre.

Le colosse, en marchant, racontait ses ébats de la nuit dernière à qui voulait l'entendre, c'est-à-dire l'intégralité des taulards bien évidemment. Et ce fut lors d'une énième annale, ambiguïté voulue, qu'il aperçut au loin un petit groupe s'approcher. Il s'agissait des mêmes gars que la veille, l'un d'entre eux, beaucoup plus âgé et dont les traits lui rappelaient vaguement les deux sœurs avec qui il avait passé la nuit, était en piteux état. Surement leur père, ou un oncle, il ne survivrait pas la journée. La mine d'Olek s'assombrissait tout au long du discours des rescapés et fut ravi de voir un Jack dans le même état que lui, même si c'était pour différentes raisons. Il sauta en selle et manqua de briser les rotules de sa nouvelle monture sous son poids, ses blatèrements de protestation les accompagnèrent tout le trajet. Pas besoin de tambours de guerre, leur arrivée était annoncée à la mode locale, semblait-il.

- Je sais pas si je veux être ton second, mais je veux bien participer à ce petit jeu !

Ils arrivèrent trop tard évidemment, tous les hommes, enfants et vieillards du clan étaient morts, leurs corps empilés en une petite montagne de chair à vif, de laquelle suintaient dans un sable maintenant rougeâtre des litres de sang. Des rires grossiers et bestiaux se mêlaient à des hurlements aigus de douleur, de rage et de détresse. Il n'était pas dur d'imaginer ce qu'il s'y passait. Ces vauriens, tous à moitié souls, fêtaient leur "victoire" en dignes pirates et profitaient de leur dû, consommant alcool, réserves de nourritures et femmes, sans aucune retenue ni vergogne.

Le genre de choses qu'Olek ne tolérait pas; sans foi ni loi, le colosse respectait tout de même un code, un code passé de père en fils dans leur famille depuis des générations. Ces scélérats venaient de briser deux des plus importantes de ses règles. La seule issue possible était une extermination totale. Dans des hurlements de colère, à l'unisson avec les beuglements des chameaux, la petite troupe de cavaliers se jeta le sabre au clair sur la scène morbide qui se jouait en contre bas.

Ils prirent les taulards au dépourvu, qui ne se seraient jamais attendu une seule seconde à une contre-attaque au beau milieu du désert. La plupart étaient ivres morts, avachis, le froc aux talons et une chope d'hydromel en guise d'arme, ils mirent de longues minutes à sortir de leur torpeur alcoolisée et à organiser leur défense. Des minutes cruciales qui permirent aux attaquants de faire de gros dégâts, en sous-nombre, ils n'avaient qu'à taper dans le tas et tendre le bras pour trouver une cible. Jack était en quête du leader de la bande, le dénommé Hannibal, Olek quant à lui cherchait du regard, entre deux coups de sabre, ses compagnes de la veille. Déconcentré par sa recherche, il ne put dévier la lance qui traversa l'abdomen de son chameau, le cavalier et sa monture s'effondrèrent au sol dans un nuage de poussière. Sautant littéralement sur l'occasion, une dizaine de pirates dagues aux poings plongèrent sur le colosse, bien décidés à le garder cloué au sol.

Au milieu du carnage, un type chauve bourré de cicatrices et avec des bras aussi gros que ceux d'Olek hurla pour se faire entendre.

- TUEZ-LES TOUS ! SERVEZ-VOUS DES FEMMES COMME BOUCLIER SI BESOIN !

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Je n’étais certainement pas le genre de type à pouvoir prétendre avoir son nom inscrit dans la liste d’attente pour une place au paradis. Loin de là, d’ailleurs, je n’étais qu’une putain de crevure de la pire espèce et j’en avais pleinement conscience. Zigouiller des marines à la pelle ne me causait pas le moindre remords de conscience, même que le travail était pour le moins artisanal. Mais sauf accident, je n’avais jamais visé sciemment des civils à ma connaissance, et certainement pas des femmes et des gosses. Surtout, que pour avoir eu affaire à eux, ils avaient littéralement le cœur sur la main, pour accueillir les bras ouverts une bande de bras cassés comme nous.
J’avais réussi à freiner d’ailleurs la nuit précédente, les ardeurs d’Olek et sa passion pour les chameaux. Je n’aurais jamais toléré que cette soirée se termine en bain de sang pour une histoire de monture.

Quoiqu’il en soit,, même pour une brute de mon espèce, la vision de ce monticule de corps sans vie sauvagement assassinés m’avait retourné le bide.

« Qu’elle bande de fumiers… Faire ça à des gamins ? Des bébés, mais qui bute des bébés ?! J’avais l’intention dans tous les cas d’en finir avec lui, mais je pense que je vais prendre mon temps comme jamais auparavant. »

Je n’osais pas tourner le regard vers notre guide, celui-ci était descendu de sa monture pour se laisser tomber dans le sable, regardant impuissant tout ce qu’il restait de son défunt clan.

A mes côtés, Olek bouillait, je pouvais ressentir sans aucun mal une véritable folie meurtrière s’emparer de lui. Il avait le visage déformait par une haine profonde, il donnait l’impression que parmi les victimes présentes ici se trouvaient sa propre famille. Pour avoir eu l’occasion de le voir à l’œuvre, je savais qu’il allait prendre son pied aujourd’hui à pulvériser ses victimes. Ce mec respirait la mort et le sang, une odeur que j’avais appris à reconnaitre et surtout à aimer. Cela éveillait d’ailleurs en moi aussi une pulsion sanguinaire. Le dégout et l’amertume avaient laissé place maintenant à une soif de vengeance.

« OLEK ?! »

L’animal se tourna vers moi avec son funeste regard. Je n’avais pas besoin d’en voir plus pour savoir que le fer de lance de notre escouade était fin près à briser des os.

« Hier, je t’ai dis de patienter.. Aujourd’hui, je te demande de laisser libre cours à tes pulsions. On va les buter jusqu’aux derniers ces fils de putes ! »

Il grogna quelque chose d’incompréhensible, mais le message avait l’air parfaitement reçu.

« Quant à toi, inutile de venir, occupe-toi de tes défunts, je te fais la promesse que je vais recouvrir le désert tout entier de leur sang ! »


Olek fut le premier à rentrer dans le lard de nos ennemies ! Comme il fallait s’y attendre, ces abrutis non contents d’avoir décimé tout un clan. Étaient à présent pour la plupart complètement soul ! Cela allait être une véritable boucherie ici !

Mais contrairement à notre fer de lance, je n’avais pas la moindre envie de me battre à dos de chameaux. De toute façon, je pouvais sentir que la pauvre bête était déjà dans le rouge, la pauvre n’avait pas tiré le bon cavalier. Non seulement je pesais le poids d’un âne mort, mais en plus j’étais en compagnie de mon ancre !

Je sautais donc de ma monture pour m’écraser lourdement dans le sable. Cet abruti d’Olek avait déjà foutu une sacrée pagaille dans le camp des laquais d’Hannibal. D’ailleurs j’en avais fait ma priorité, il était à moi et à personne d’autre. Tournant autour de moi avec son chameau survitaminé, Trembol quant à lui se faisait un malin plaisir à trancher tout ce qui pouvait être à porter de ses deux katanas. J’imagine le désarroi de ce ramassis de chiens galeux. C’était autre chose que de trucider des gamins qui vous accueillent les bras grands ouverts.

Armé de mon ancre, j’attaquais moi aussi les hostilités par une petite mise en jambe. Un petit groupe d’ex-taulard se rua vers moi. Ils m’avaient sans aucun doute reconnu, je devais être un trophée de choix à ramener à Hannibal le pleutre. Mais, c’était sans compter sur mon ancre que je saisis directement à l’aide de mes deux bras pour venir faire le ménage devant moi. Cette fois-ci, mes adversaires ne portaient d’armure et cela se ressentait au contact.

Je n’avais jamais réalisé que le corps humain pouvait être si facilement broyé par de l’acier. Une fois ratatinés, ils avaient l’air de pantins totalement désarticulés, baignant dans leurs sangs.

Partout où mon regard se posait, je voyais du sang qui volait, j’étais pour le moins satisfait de la tournure des évènements. Cette fois-ci, pas d’armée de milliers d’hommes à affronter, juste du pirate de fond de cale tendre et saignant.

Je vis une nouvelle fois Olek charger dans le tas avant de le voir passer par-dessus sa monture. Cette dernière semblait avoir été mortellement touchée.  

« OLEK ! ESPÈCES DE CON ! HAHAHA »

J’étais au final de bonne humeur ! J’espère juste pouvoir finir cette journée avec des femmes et de rhum.

Alors que je me préparais à aller filer un coup de main à mon Olek, une voix familière captiva toute mon attention.

« TUEZ-LES TOUS ! SERVEZ-VOUS DES FEMMES COMME BOUCLIER SI BESOIN ! »

Je pouvais reconnaitre sa voix entre mille, je pense, il s’agissait de cet étron d’Hannibal ! Mon regard ne tarda pas à tomber sur son gros crâne chauve ! En même temps, avec un tel physique, cela relevait du miracle de pouvoir se cacher, même au beau milieu d’une bataille.

Mon palpitant allait sortir de ma poitrine, tellement j’étais excité !

Ni une ni deux, je fis tourner mon ancre grâce à la chaine d’acier, provoquant une mini tempête de sable. Depuis que j’avais écrabouillé plusieurs de leurs camarades, les pirates avaient pris soin de se tenir à l’écart. Mais de toute façon, si ce n’était pas moi, c’était Olek qui allait les buter, ou bien Trembol ou John.

Hurlant de toutes mes forces, je projetais mon ancre de deux-cents kilos, droit dans la face d’Hannibal.

J’avais le regard braque droit sur mon projectile d’acier, je n’avais pas oublié la dernière fois la mésaventure avec la bonne femme en amure qui avait réussi par je ne sais quel miracle à dévier mon attaque.

Mais le balafré avait vu, comme la plupart des protagonistes, mon petit manège pour balancer le gros morceau d’acier. Il agrippa dans la précipitation, deux de ses hommes pour venir les placer sur la trajectoire afin de limiter la casse.

Une énorme gerbe de sang gicla à plusieurs mètres de hauteur ! Ce fumier avait utilisé ses propres hommes pour contrer mon attaque. Je tirais immédiatement sur ma chaine pour faire revenir mon arme, mais une franche résistance se fit sentir. Le capitaine des Fils des Everglades était cramponné à mon ancre, bien décidé à m’empêcher de faire de nouveaux feux !

Enroulant la chaine autour de mon avant-bras pour avoir une meilleure prise, je tirais un grand coup vers moi. Mais à ma grande surprise, je suis partie en arrière sur plusieurs mètres, tout en faisait des rouler-bouler. Comme je l’avais pressenti, les maillons déjà bien usés par la précédente bataille avaient finalement lâché.

« MERDE ! »

J’étais furieux, et pour couronner le tout, je voyais mon adversaire rire à gorge déployée tout en me pointant du doigt !

Enroulant le bout de chaine restant autour de mon poing, je me précipitais tel un buffle droit sur lui. L’un de ses laquais tenta de me barrer la route, mais mon poing, tel un boulet de canon lui explosa la mâchoire provoquant une soupe d’os et de sang.

Hannibal riposta à ma charge en essayant de me sabrer la tronche ! Mais, c’était sans compter mon nouveau gant d’acier, sa lame percuta mon poing recouvert par la chaine sans parvenir à la briser. Il tenta alors une nouvelle approche, en balayant cette fois-ci au niveau de mon bassin. Je n’avais rien pour venir bloquer son attaque à part ma musculature et ma rage. Sa lame percuta de plein fouet mes côtes, provoquant en moi une décharge d’une intense douleur. Je venais immédiatement bloquer son sabre à l’aide de mon coude droit afin qu’il ne puisse pas dégager son arme.

J’étais comme en transe à présent, la douleur m’avait rendu furieux, je ne répondais plus de rien. Mon poing d’acier le percuta une première fois en plein dans le visage, puis une seconde fois, puis une troisième fois. Même un colosse comme lui devait les sentir passés, enfin j’espère.

Déjà qu’il n’était pas particulièrement beau, alors à présent, son visage ensanglanté était tout bonnement hideux. Il grogna des injures à mon encontre, et décida de lâcher la garde de son arme, conscient qu’il ne pourrait plus rien en tirer. Il recula de plusieurs pas et essaya son visage, de mon côté je laissais tomber le sabre couvert d’hémoglobine sur le sol. Ce salopard ne m’avait pas loupé, j’avais une profonde entaille sur tout le côté droit et ça pissait le sang en continu.

Mais ce n’était que le début ! Il se jeta sur moi, sans doute persuadé d’avoir l’avantage suite à cette vilaine plaie. L’ancienne gloire de South Blue était un sacré bébé, lui aussi, j’avais l’impression de me battre au corps à corps contre un ours. Ses poings cognaient aussi fort que des parpaings, j’avais le crâne qui sonnait comme des cloches le jour de pâques.

Cependant, plus le combat avancé, moins la douleur se faisait présente. J’avais déjà ressenti auparavant cette sensation, lorsque je me retrouvais dans des situations critiques, mon cerveau donnait l’impression de se mettre sur off pour laisser faire mon instinct primaire.

Je l’agrippais par le colbac pour venir lui faire un bisou à l’aide de mon front. Le coup fut si violent, qu’il tomba à la renverse, cette fois-ci son nez n’avait pas survécu, il était perpendiculaire au reste du visage. Hannibal se saisit d’une poignée de sable et me la jeta le visage, en plein dans les yeux. Il profita de cet instant de confusion pour sortir une petite lame de son pantalon et venir me la planter dans la cuisse.

Je hurlais une nouvelle fois de rage et de douleur, mon cerveau avait totalement vrillé. J’avais maintenant qu’une seule envie, lui sortir les yeux de la tête avec une petite cuillère.

Toutefois, ce n’était pour lui qu’une manœuvre de diversion. Il avait en effet profité de sa fourberie pour prendre la poudre d’escampette une nouvelle fois. Surement conscient à présent, qu’il n’avait aucune chance face à moi. Je le voyais quelques mètres devant moi en train de crapaüter dans le sable pour fuir.

« REVIENS SAC A MERDE ! »

J’avais l’impression de courir sur place, entre le sable et ma patte folle, jamais je n’allais le rattraper. Surtout qu’il avait brutalement disparu de mon champ de vision ! Mais, qu’importe, je n’allais surement pas lui laisser une nouvelle opportunité de se faire la belle. Clopinant tant bien que mal, je finissais par arrivée à l’endroit où il s’était volatilisé. Nous étions en réalité sur une crête, d’où je pouvais voir Hannibal descendre en biais l’immense vague de sable, cela devait bien descendre sur plus d’une centaine de mètres.

Jamais je n’arriverais à le rattraper dans ses conditions, il fallait que je fasse demi-tour et demander de l’aide ou une monture. Mais même un chameau ne pourrait pas franchir une pente aussi raide…

« Fais chier ! Tant pis ! J’y vais ! »

Je m’élancer tout droit dans la descente à une vitesse folle. Pendant un instant je crus pouvoir me maintenir debout jusqu’à parvenir à lui, mais finalement je chutais en avant pour enchainer les galipettes infernales. J’avais totalement perdu toute notion d’espace-temps, mais quelque chose me heurta quelques secondes plus tard.

« HAAAAAAAAAAAAAAAAAA ! CRÈVE CHAROGNE ! »
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Ils étaient quatre contre une petite centaine, le guide ne comptait pas, incapable de se battre et abattu par le chagrin, il n'était bon qu'à s'apitoyer sur le sort de son clan et à tenter de recoller les morceaux des cadavres sur sa route. Scène étrange qu'était cet énergumène, naviguant au milieu de ce carnage sans que personne n'y prête attention. Les pirates s'entretuaient et avaient des problèmes bien plus gros à régler que de s'occuper d'un misérable qui ne voulait rien d'autre qu'offrir la paix éternelle et une sépulture décente à sa famille. En réalité, sa petite quête de miséricorde ne dura que cinq minutes, il se prit une balle perdue dans l'œil gauche qui se mit à gicler et pleurer du sang au lieu de larmes cristallines. Il creva sans un mot, dans le sable et sans autre témoin qu'un lézard qui bectait la langue pendue d'une tête décapitée.

Olek lui se démenait tant bien que mal dans une baston générale. Un nuage de poussière englobait le groupe hystérique duquel s'échappaient par moment des membres arrachés, accompagnés de hurlements de douleurs. Le colosse n'avait jamais fait dans la dentelle, sauf lorsqu'il s'agissait de l'arracher du corps d'une femme. Une pensée qui le mit un peu plus hors de lui, l'image de ses deux petites amantes de la veille en train de se faire maltraiter par ces soulards, ces crapules, lui donnait une énergie tirée du plus profond de ses entrailles. Une haine si puissante qu'elle lui permettait de faire fi de ses précédentes blessures et d'ignorer les nouvelles. Il savait cette force soudaine à double tranchant et que son temps était limité. Il devait faire vite. Aveuglé par la poussière, il parvint à se saisir d'une cheville en envoyant sa main puissante dans la masse humaine qui tentait de l'acculer, de le poignarder et de l'étouffer par son nombre. Il tira suffisamment fort pour projeter l'homme qu'il tenait par la jambe dans les airs au-dessus de lui, il ne lâcha pas sa poigne et se servit de l'inertie pour fracasser le malheureux pirate sur ses collègues dans un bruit écœurant d'os brisés. Il réitéra l'action, de gauche à droite, de haut en bas, se servant du cadavre, de ce pantin désarticulé comme arme de fortune, comme une massue morbide avec laquelle il fracassait les têtes à portée de main.

Une stratégie effroyable et très efficace, mais qui ne dura pas, il se retrouva avec dans la main, après seulement quelques aller-retours, juste la jambe du gueux, arrachée au niveau du fémur. Cela avait suffi cependant pour lui offrir un peu d'air, les pirates survivants avaient pris leur distance et le regardaient à présent avec terreur. Aucun d'entre eux ne voulait finir comme leur collègue, il était hors de question de se faire attraper, ils changèrent donc de stratégie et se mirent en quête d'armes à feu. Olek ne leur en laissa pas la chance, il ramassa dans chaque main, par le torse cette fois-ci, le cadavre de deux de leurs collègues et s'en servit comme boulets de canon. L'image d'un colosse de trois mètres, couvert de blessures et de sang, en train de vous balancer à la gueule la dépouille de types avec qui vous buviez et rigoliez quelques minutes auparavant, avait de quoi dérouter même les plus valeureux des guerriers. Eux n'étaient que des pleutres, des assassins de seconde zone, des pirates de marécages, qui prenaient plaisir à vous planter une lame dans le dos, des criminels qui pouvaient violer et tuer femmes et enfants par pur plaisir, mais qui étaient incapables de faire face à la mort lorsqu'elle tapait à la porte.

Ils prirent leurs jambes à leur cou et furent cueillis comme du blé par John et Trembol qui, sans être aussi expressifs et spectaculaires que leurs confrères Olek et Jack, effectuaient un travail méticuleux de faucheurs. Olek reprit les recherches, et chaque tente qu'il ouvrait, chaque couverture qu'il levait le rapprochait un peu plus de l'horreur de la vérité. Toutes les femmes qu'il trouvait étaient mortes, la gorge ouverte dans un sourire rougeâtre ou la tête tordue dans un angle impossible. Il débusquait par moment la crème de la crème de ces salopards, des lâches encore à moitié à poil qui se cachaient entre les morts et les draps, tentant d'échapper à leur destin funeste.

Beaucoup pensaient que la vengeance était un plat qui se mangeait froid, Olek lui aimait la sienne fumante et saignante, comme un bon steak au barbecue.  Il ne fit pas de quartier et continuait à semer la mort de la pire des manières possibles et s'en réjouissait. Il était hors de question que ces moins que rien ne meurent sans connaitre la vraie terreur. Chaque nouvelle victime qu'il faisait se transformait en une massue humaine fraiche qu'il utilisait pour tuer sa prochaine.

Son carnage fut stoppé net par la source de sa colère, l'objectif de sa quête et de son désarroi. Elles étaient là, en face de lui, l'une était morte, allongée en une dernière embrasse, la tête sur les genoux de son amie. L'autre respirait encore, mais difficilement, à leurs pieds gisait le cadavre d'un pirate à qui l'on avait arraché l'entre-jambes à coup de dents. Elle fixa Olek longuement, sans un mot, le regard aussi sombre et froid que la nuit dans le désert, elle n'avait plus de larmes à verser, son corps à moitié dénudé était couvert d'ecchymoses, sa mâchoire était brisée. Le colosse ne bougea pas, il ne savait pas trop quoi faire, le temps semblait s'être arrêté, il ne bougea pas non plus lorsque, toujours en le regardant, elle se saisit d'une dague au sol pour se l'enfoncer dans le cœur. À chacun ses choix et Olek ne pourrait jamais imaginer ce qu'elle avait dû endurer, la seule chose qu'il pouvait faire c'était d'être témoin, et d'accompagner son âme dans l'au-delà, par son unique présence titanesque, étrangement chaleureuse et protectrice malgré son apparence démoniaque.

Un opportuniste profita de son immobilité respectueuse envers les défuntes pour venir lui planter sa lance entre les côtes. Olek ne répondit que pas une légère grimace de douleur et contracta immédiatement dentelets et obliques en baissant la tête vers le pirate, celui-ci tenta de retirer sa lance, mais fut prit de panique en se rendant compte qu'elle était bloquée. Il voulut détaler sans demander son reste, mais le colosse l'attrapa d'une main vive par le crâne, il le souleva doucement du sol alors qu'il hurlait à la mort et implorait une pitié qui n'avait jamais existé. Sa tête explosa comme une pastèque alors qu'Olek serait un petit peu trop fort, il jeta le corps désarticulé au loin manquant de peu de désarçonner Trembol, celui-ci injuria de tout son être un Olek qui n'écoutait pas.

Il ne toucha pas aux dépouilles de ses amantes, il ne les enterra pas, ni ne leur offrit autre chose que deux ou trois larmes. Olek était un sentimental à sa manière, par respect autant pour leur lutte que pour leurs coutumes, il ne fit rien. Sa manière à lui de rendre hommage était de faire en sorte qu'aucune âme ne sortirait vivante de cet endroit. Il revint au présent grâce aux hurlements incessants de Jack qui courait à cloche-pied après le responsable de tout ce merdier. Le colosse décida de lui venir en aide et traversa le champ de bataille en courant, piétinant sans vergogne lorsqu'il le pouvait les corps des blessés ou des malheureux sur sa route. Courir était un bien grand mot, surtout avec la lance toujours plantée entre les côtes,  sans s'arrêter, il l'arracha dans une gerbe de sang et la jeta devant lui comme un javelot. La puissance du jet fut telle qu'elle empala deux pirates contre un pylône de bois dans un bruit sourd.

Le regard rendu fou autant pas la douleur que la haine, il cherchait Jack, qu'il vit se jeter de la colline de sable à la suite de son archenemy à une vingtaine de mètres sur la droite. Olek ne réfléchit pas plus longtemps et se jeta à son tour dans la pente, tête la première. Tous les chemins menaient à Shabondy comme on disait, et la seule direction ici était vers le bas, nul besoin d'être un savant pour savoir qu'ils se retrouveraient un moment ou l'autre. Parcontre, il n'avait pas calculé sa vitesse, il avait manqué les cours à l'école ou la taille et le poids d'un objet pouvaient influer sur son inertie. Du charabia qui se traduisit ici de manière très simple et limpide, Olek dévalait la pente par le côté en roulé-boulé et s'approchait dangereusement des deux autres masses incontrôlées, mais encore bien distinctes.

John et Trembol trop occupés à exterminer les survivants ne furent heureusement pas témoins de la scène qui se déroula en contrebas. Jack dépassa Hannibal sans s'en rendre compte et percuta de plein fouet, bien plus bas, un Olek qui arrivait tout aussi vite. Le nuage de poussière et de sable était tel qu'aucun des deux ne se rendit compte de la présence de l'autre, à moitié ou même complètement sonné, pensant faire face à l'ennemi, ils se mirent à se fracasser joyeusement la gueule. Ce fut en s'agrippant mutuellement par les cheveux qu'ils se rendirent compte de leur connerie. Hannibal était chauve, du coup le type en face était quelqu'un d'autre. Olek hurla à son pote.

- Arrête !

Le poing de jack le cueillit au menton et manqua de seulement quelques newtons de lui exploser complètement la mâchoire, il sentit tout de même quelques dents se fissurer.

- Putain, mais c'est moi connard !

Jack s'arrêta enfin, tous deux en sang et en nage, ils s'autorisèrent quelques secondes pour analyser la situation, puis éclatèrent de rire face au comique de la situation.

- Olek ?! Mais bordel de merde qu'est ce que tu branles là aussi ?!

Sans attendre de réponse, Jack aperçut à quelques mètres plus haut, Hannibal essayer de faire marche arrière, c'est-à-dire remonter la pente. Plus léger et plus petit que Jack et Olek, le tristement célèbre pirate des Everglades avait terminer sa course un peu avant eux. Il n'avait nulle part où aller si ce n'était vers le haut, le plus loin possible de ces deux abrutis de géants. Jack se remit en route également, bien décider à lui faire la peau. Il fit signe à Olek de le suivre sans se rendre compte de l'état de son camarade et commença l'ascension titanesque de la pente.

Olek voulut lui emboiter le pas, mais ne sentait plus ses jambes, le Jack avait cogné un peu trop fort, aux nouvelles blessures venaient s'allier les anciennes fraichement réouvertes qui rougissaient le sable sous lui à une vitesse inquiétante. À croire que son sang avait décidé de son plein gré de quitter ce corps ingrat qui le traitait si mal. Il eut tout de même une dernière idée pour venir en aide au Jack et lui permettre de rattraper Hannibal. Sa spécialité était de balancer des trucs, toutes sortes de trucs, tout ce qu'il pouvait se mettre sous la main et en somme c'est ce qu'il fit. Il regroupa du sable dans ses deux mains qu'il mélangea avec du sang, son sang, il malaxa la texture encore et encore jusqu'à avoir quelque chose de compact et lourd entre les mains, très proche de l'argile. Son projectile de fortune fin prêt, il arma son bras et usa de ses dernières forces pour bombarder d'un unique tir à la précision d'orfèvre le crâne d'Hannibal, brillant sous le soleil. Une tête d'œuf allait se faire chier dessus.  
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Avec le renfort d’Olek j’avais à présent une chance de mettre le grappin sur le père Hannibal, enfin c’est ce que je croyais !

Je ne sais pas comment il s’y prenait, mais cette enflure arrivait malgré tout à remonter assez aisément en direction du sommet de la dune. Mais c’était sans compter le pilonnage en règle effectué par Olek à l’aide d’obus façonnés à l’aide de sable et de sang…

Toutefois, malgré les projectiles remarquablement bien lancés sur son crâne totalement dégarni, Hannibal tenait bon. Je pouvais cependant, l’entendre pester et fulminer à l’encontre de son agresseur, mais il parvenait tout de même à gagner du terrain. De mon côté, l’ascension était bien plus compliquée, j’avais la plus grande des peines à me mouvoir dans cette mélasse. Chacun de mes pas s’enfonçait profondément dans le sable au point de m’immobiliser totalement, j’étais quasiment rendu à devoir grimper la dune à plein ventre si je voulais avoir une chance d’avancer.

Cependant, je n’avais aucune envie de laisser ma proie me filer entre les doigts une nouvelle fois ! Alors je redoublais d’efforts pour tenir bon. Mais, ma bonne volonté n’était pas suffisante, j’étais rendu à un point où pour dix centimètres gagnés, je reculais de trente. Ne pouvant trouver de véritable prise dans mon ascension, j’étais à présent dans une situation des plus délicate. Manque de pot, Olek manqua l’un de ses tirs, et son mélange poisseux s’écrasa en plein dans ma nuque. Il n’en fallait pas plus pour me faire chuter ! J’assistais impuissant à la fuite du capitaine des Fils des Everglades, une nouvelle fois !

Alors que j’étais en train de maudire le pauvre Olek sur plusieurs générations, notre adversaire profita de l’occasion pour se pencher vers nous. Bien trop fier d’être parvenu en haut du sommet ! À cause du soleil qui se trouvait dans son dos, je ne pouvais voir qu’une silhouette sombre s’agiter dans tous les sens :

« BANDE DE COUILLONS ! JE VOUS SOUHAITE UNE MORT AUSSI LENTE QUE DOULOUREUSE ! MES AMITIÉS AUX VAUTOURS ! »

Olek était tellement furieux de cette humiliation qu’il commença à creuser la dune avec ses mains. Avait-il l’intention de faire s’écrouler celle-ci ? Car si c’était ça son objectif, il allait devoir déplacer plusieurs tonnes de sables avant d’y parvenir.

De mon côté, je retentais une nouvelle fois la montée avec autant de réussite la première fois. Et pour ne rien arranger, le Rouge m’envoyait quantité de sable en pleine tronche à l’aide de son pied. Cette situation avait rendu le pirate des Everglades totalement hilare. À ce moment, j’aurais tout donné pour pouvoir mettre la main dessus pour lui arracher toutes ses dents une par une.

Alors que j’avais le cul dans le sable, totalement exténué par mes récents efforts. Mon attention fut soudainement attirée par un bruit des plus étrange qui venait de l’autre versant de la colline :

« Tchi-tchi-tchi-tchi »

Qu’est-ce que cela pouvait bien être ? Des nomades ?!

Surgissant du sable, un gigantesque crabe fit son apparition à quelques encablures d’Hannibal.
Le sable c'est vraiment de la merde !  Pincem10
La bestiole était si énorme, qu’elle masqua le soleil lors de son passage. Le crustacé se déplaçait à toute vitesse et ne prêta pas la moindre attention à ce qu’il se passait autour de lui. Je jurais sur l’instant avoir vu un petit groupe d’hommes sur sa carapace, mais tout se passa tellement vite que je ne pouvais avoir aucune certitude.

Le plus surpris de tous dans l’histoire fut sans aucun doute notre fugitif, qui se trouva malgré lui en plein sur la trajectoire du crustacé. Ne voulant pas finir écrabouillé par ses pattes, il n’eut d’autres choix que de se jeter dans la vide…

Je ne sais pas qui je devais remercier, mais j’avais dorénavant la certitude que je possédais une bonne étoile au-dessus de ma tête.

Cette fripouille d’Hannibal venait de nous tomber littéralement dans les bras. Même le père Olek semblait sur le cul par ce qu’il venait de se passer. Mais pas le temps de lambiner, nous avions du pain sur la planche. En l’occurrence, refaire le portrait d’une merde sans nom.

À peine avait-il touché le sol, qu’il se retrouva avec deux gaillards en train de lui refaire le portrait. Et paf, et paf et paf, les coups pleuvaient comme vache qui pisse. Toutefois, pas question de le tuer pour autant, j’avais de grands projets pour lui. Une fois la gueule en bouillie, avec la plupart des dents cassées, je stoppais Olek dans sa vendetta.

« Attends, attends, cette raclure mérite une mort bien plus lente que ça. Ce serait bien trop d’honneur pour lui. »

Quelques instants plus tard, je vis une nouvelle silhouette au-dessus de nous, puis une seconde. Il s’agissait de Trembol et de John. Comprenant notre désarroi quant à la situation, ils nous lancèrent plusieurs cordes afin de ficeler solidement notre proie et surtout de pouvoir remonter là-haut.

À présent, il fallait rejoindre les autres en emportant le maximum de vivres. Fort heureusement, les chameaux étaient encore solidement attachés à leurs piquets. En fouillant le butin de guerre accumulé par Hannibal et ses hommes, je découvris une bourse remplie de pièce d’or. Sans aucun doute, cela devait être là, les économies du clan de nomades. Je la glissais dans la sacoche présente sur le côté de ma selle. De toute façon, ils n’en avaient plus aucune utilité à présent.

Une fois le convoi prêt à partir, j’attachais Hannibal par les poignets à une corde reliée à ma monture. Il allait à présent servir de balais dans le désert pour effacer nos traces. Au vu du bestiau, j’avais bon espoir qu’il survivrait au moins plusieurs jours avant de casser sa pipe.  

Une fois de retour avec le reste de la troupe, nous avions à présent assez de monture et de vivre pour pouvoir envisager de traverser le désert sans encombre. Accompagné des deux derniers membres du clan encore en vie qui n’avaient de toute façon nulle part où aller nous nous dirigions droit vers la côte. D’après leurs dires, se trouvait là-bas un port n’apparaissant sur aucune carte officielle, il s’agissait d’un repère de contrebandiers. Les autorités locales étaient grassement payées pour fermer les yeux sur les petites combines qui se déroulaient là-bas. Si nous voulions quitter cette ile sans attirer l’attention, il s’agissait de l’endroit idéal.

Trois jours plus tard, nous arrivions enfin à l’endroit indiqué. Devant nous se dressait une immense falaise de pierre, mais rien ne laissait entrevoir la présence d’une ville. Pourtant, en suivant un petit chemin taillé dans la roche, nous arrivions finalement de l’autre côté de cet amas de pierres. Et en effet, une petite bourgade se révélait sous nos yeux :

J’avais déjà eu l’occasion de côtoyer à mainte reprise des contrebandiers et cet endroit était exactement le genre de repère qu’ils affectionnaient. Un endroit à l’abri des regards, et surtout de la place pour stocker leurs marchandises. L’arrivée d’une troupe d’une soixante d’hommes ne ressemblant absolument pas à des nomades attira bien évidemment tous les regards. Mais je voyais dans leurs regards quelque chose qui ne me plaisait absolument pas, bien au contraire.
Les récents éventements survenus dans la capitale avaient certainement déjà fait le tour du royaume. Et quelque chose me disait que nous avions le profil parfait du coupable. J’échangeais des regards inquiets avec Olek, tandis que les nomades qui nous avaient servi de guide étaient parties négocier avec les trafiquants un billet de sortie.

Je connaissais leurs manières de procéder, j’avais de quoi les payer grassement pour leurs services. Mais, je jetais régulièrement des regards derrière nous, j’avais peur de voir rappliquer d’une minute à l’autre un régiment entier de soldats. Les choses trainaient en longueur, aucun capitaine ne semblait enclin à nous prendre en charge. Je décidais donc d’aller en personne qui me chargeait des négociations, peut être qu’il suffisait de mettre un léger coup de pression et surtout montrer une bourse bien pleine pour arriver à conclure un marché.

Plusieurs hommes en armes se tenaient près de l’entrée principale du bâtiment qui semblait être leur QG. Comme il fallait s’y attendre, les gardes me bloquèrent le passage. Deux choix s’offraient à moi, le plus tentant, était sans aucun doute d’utiliser leur crâne comme bélier pour enfoncer la porte. Le second, sans aucun doute le plus judicieux tenter une approche plus diplomatique. Après tout, nous avions déjà assez d’ennemies comme ça dans le coin. Loin de moi l’idée de mettre assagit, mais je savais qu’il ne fallait pas pousser le bouchon trop loin.

« Hum ? Vous êtes sur les gars ?! »

Je décrochais de ma ceinture l’énorme bourse pleine à craquer pour la faire rebondir sous leurs yeux.


« Je dois parler à votre chef et vite. Sinon faudra lui expliquer comment vous avez fait pour laisser filer un contrat aussi juteux. »

« Rigolo-va, tu sais qui nous sommes ?! Tu nous prends pour de vulgaires marchands de tapis ?! »

« Du calme, du calme les gars, j’ai cru entendre un son des plus agréables. »

Un type venait de faire son apparition derrière nous, il était vêtu d’un grand manteau de fourrure blanche et n’avait d’yeux uniquement pour ma bourse.

Le sable c'est vraiment de la merde !  4f9b5c10
« Je suis le capitaine Gasby, que sont ce que je peux faire pour vous mes braves gens ?! »

J’expliquais grosso modo notre envie présente de quitter les lieux sans plus tarder.

« Je vois .. Cela tombe bien, j’ai un navire prêt à appareiller… J’étais venu pour d’autres affaires, mais il faut croire que je tombe au mauvais moment… Mais bon, vous devez en savoir plus que moi à ce sujet. »

Il désigna du menton le cadavre d’Hannibal toujours accroché à mon chameau :

« Et ce truc c’est quoi ? »

« Hum ça ?! C’est Hannibal le Rouge, enfin c’était, capitaine des Fils des Everglades. De mémoire il avait une prime de 30 millions sur sa tête. Si vous voulez, je peux vous refiler son cadavre. »

Il fit une grimace de dégout en voyant son visage totalement rongé par le soleil.

« Non merci, il est méconnaissable votre type. Et il commence à dauber en plus, pas de ça sur mon navire. Je ne suis pas du genre curieux et tout le tralala, mais vous n’avez pas l’air d’avoir des gueules de touristes. Histoire de savoir dans quoi je m’engage, vous êtes qui les gars ?! »

« Je suis Jack Skellington, et voici.. Olek.., là-bas ce sont mes gars. »

« Hum.. Vous ne devez pas être du coin. Qu’importe, du moment que vous me payez le reste je m’en cogne, mais quelque chose me dit que vous êtes un véritable nid à emmerdes. »

Je lui balançais ma bourse remplie de pièces d’or. Il ouvrit cette dernière et fit jouer plusieurs pièces entre ses doigts.

« Bon, si vous me prenez par les sentiments… Dans une heure on lève l’ancre en direction de Jaya, j’ai des affaires en cours là-bas. »

Je retournais auprès d’Olek en réunissant tous les gars, il fallait s’équiper rapidement. Les chameaux allaient repartir avec les deux derniers nomades encore en vie. Nous avions juste besoin de récupérer assez d’armes et de vivres pour la traverser. J’en avais vu un paquet de raclures dans ma vie, mais ce Capitaine Gasby semblait être la crème de la crème dans cette discipline. Mais faute de mieux, j’étais prêt à prendre le risque, je ne pouvais de toute façon plus voir un seul grain de sable. Il n’y a pas à dire, le sable c’est vraiment de la merde.

Le sable c'est vraiment de la merde !  50133f10
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