Toutes les raisons sont bonnes pour se la foutre

"T’es bien marrant toi ptit gars!"

Petit ? PETIT ?! Non, mais pour qui est-ce qu’il se prenait à le traiter de môme, de garnement et de nain ? Certes il n’avait employé aucun de ces termes, mais pour le jeune homme c’était du pareil au même. La différence de taille il l’avait remarqué, comme à son habitude, mais il n’avait pas soulevé le malaise, préférant ne pas en faire un prétexte pour s’énerver, également comme à son habitude. Il ne pouvait certainement pas s’énerver contre tous ceux qui étaient plus grands que lui, mais c’était tout autre chose que de se faire traiter de petit.

Mais un autre élément entrait en jeu, l’alcool..Pendant une petite seconde, son regard resta indécis. Devait-il répondre à ce qu’il avait jugé être une provocation ? En tant normal surement, mais là il avait conscience qu’en vue de son état il ferait mieux de rester bien gentiment à sa place et de ne pas commencer à faire le pirate sans peur, n’ayant ni foi ni loi et qui aime taper sur tout ce qui bouge.

Si seulement il arrivait à y voir clair…sa tête tournait de plus en plus, ses idées devenaient de plus en plus confuses et il était parti pour s’énerver…mais étrangement il garda son calme. Ils saisirent tous deux leurs chopes et après avoir trinqué engloutissait le breuvage épicé.

« T’es bien téméraire comme gars toi, venir me traiter de petit alors que l’on fait la même taille ! » beugla-t-il d’une voix de traviole.

FAUX ! Il le savait très bien, Drogo était plus petit que lui, mais il réussit à se convaincre que les deux hommes faisaient la même taille (ce qui a tendance à le rassurer), lui permettant de ne pas être enclin à sa jalousie ainsi il pouvait passer à autre chose, oublier l’affront qu’il pensait avoir subis à la seule condition que le pirate en face de lui n’enfonce pas le couteau dans la plaie, car c’était certain, un mot de plus à propos de sa taille et la petite sauterie se transformerait en bagarre générale.

C’était fait, il venait à l’instant d’oublier la provocation et avait retrouvé sa bonne humeur habituelle, qui ne fit que grandir en voyant son assiette de viande arriver devant lui. Il en était à sa cinquième et avait toujours aussi faim. Il lui fallut quelques secondes pour engloutir l’assiette avant de la tendre au tavernier en lui disant sous son regard ahuri : « Encore ».
Passant ses doigts sales dans sa longue tignasse rouge sang Drogo reporta son attention vers son interlocuteur qui l’avait questionné sur son identité juste après avoir englouti son verre de Rhum. Il ne s’en était pas servi d'autres jugeant qu’il avait eu sa dose pour le moment. Le pauvre pirate n’arrivait pas à fixer son compagnon de buvette dans le blanc des yeux, son regard semblait constamment tournoyer au tour de la pièce, le rendant totalement instable et insoutenable. Mais il fallait qu’il se présente, comme on le lui avait enseigné.

« Moi c’est Drogo, digne héritier du clan des Pän Dragons et détenteur des secrets ancestraux de mon clan qui font de moi le dernier Assassin en activité. »

En avait-il trop dit ? Surement, mais peu importe, il aimait faire bon impression et dès qu’il le pouvait il essayer de se démarquer de ces vulgaires loups de mer pour la plus part bâtarde n’ayant aucun statut ni aucune origine à part de celui d’ivrogne et de pirate. Il rigola en voyant l’air étonné du pirate en face de lui, tout ce qu’il avait dit n’avait surement aucun sens pour le pauvre ivrogne qu’il devait être, les leçons d’histoire ne sont pas connues de ces pirates, quelqu’un de cultivé aurait su qui étaient les Pän dragons, mais jusqu’à présent il ne rencontra personne qui sut le reconnaitre et le situer dans l’histoire, car il était vrai que grâce au travail du gouvernement mondial, les Pän Dragons furent oubliés à jamais. Mais cela faisait partit du travail qu’il devait accomplir, rester discret jusqu’au jour ou le jeune Assassin serait assez puissant pour lutter contre le gouvernement, en attendant pour rien au monde celui-ci devait savoir qu’un Assassin était encore en vie, si ça avait été le cas, seule la mort aurais été au rendez-vous, comme ce fut le cas pour ses ancêtres.

« Et toi ?! C’est pas que ça m’intéresse » Dit-il en riant avant de continuer à parler normalement. «Mais tu m’a l’air bien différent de ces ivrognes…comment dire » Il l’observa de la tête au pied. « Tu m’a l’air…vachement. » Le mot ne venait toujours pas, mais il fut prit d’un éclair de génie, son regard s’illumina. « Sophistiqué, c’est le mot que je cherchais ahah » Il éclata de rire, encore.

"Attila pour te servir ptit gars, je ne suis qu'un humble pirate!"

ENCORE ? Mais c’est qu’il était têtu ce pirate. Face à ce courage qu’il jugea exemplaire, car oui il en fallait du courage pour traiter Drogo à deux reprises de demi-portion, le Pan Dragon éclata de rire avec son nouvel ami. Il lui adressa deux tapes amicales sur le dos et d’un large sourire il répondit de nouveau à ce qu’il avait jugé comme une provocation.

« T’a vraiment envie que j’t’en colle une, toi » toujours en rigolant à pleines gorgées.

Mais à peine avait-il fini de parler qu’une odeur vint lui chatouiller les narines, une odeur de viande fraichement grillée. Son festin était enfin arrivé. Drogo qui était tourné en direction d’Attila bifurqua en un clin d’œil sur le côté afin de faire face au comptoir et le tavernier qui s’approchait vers lui, l’air un peu gêné. C’était grossier, mais un long filet de bave commençait à couler de sa bouche grande ouverte, on pouvait même l’entendre dire à voix basse « manger..manger..aah », ça en était ridicule, mais un élément perturbateur vint interrompre la scène absolument pittoresque.
Un manche de guitare qui sembla ne sortir de nul par vint s’écraser en plein dans les bras du tavernier à la suite d’une légère explosion. Bien évidemment l’assiette de viande s’était fracassée au sol tandis que le tavernier restait paralyser de stupeur, pour deux raisons, que Drogo n’allait pas tarder à connaitre.

Les yeux de Drogo restaient grands ouverts, ébahis par le sacrilège qui venait de se dérouler face à ses yeux. Il se redressa après avoir tapé des poings sur la table, il n’avait même par remarquer qu’Attila venait d’être victime d’un projectile qui venait d’on ne sait d’où. Il avait mieux à faire que se préoccuper de ce pirate qu’il venait de rencontrer..Les petits bonheurs de l’alcool..Tout est si frivole, l’amour, l’amitié...

« SERVEZ-MOI EN UNE AUTRE » beugla-t-il difficilement sous les effets de l’alcool.

Mais le tavernier semblait plus pâle que jamais.

« Je..je..je suis dé-désolé notre cui-cuisinier vient de pa-pa-partir à l’instant »bégaya celui-ci, mais il fut prit d’un élan de courage et continua à toute vitesse la fin de sa phrase « il a fini sa journée »

Drogo, prit d’un élan de colère cria de tous ses poumons, bien sûr l’alcool une fois de plus avait un rôle à jouer la dedans, en le regardant on pouvait dire qu’il dramatisait un peu la scène, mais ça faisait partit de son caractère de pirate. Pendant ce temps-là Attila avait disparu, mais Drogo était bien trop en colère pour penser à lui pour le moment.

« Qui ? QUI A FAIT CA ? » Dit-il en s’adressant de nouveau au tavernier qui était à deux doigts de mouiller son caleçon.

Il désigna la bande de musiciens improvisés qui se tapait dessus

« Le quelle ? Dis moi le quelle que j’aille lui trancher la gorge. »

Le tavernier en pâlit davantage, c’en était fini de son caleçon, il baignait à présent dans un mystérieux océan jaune..Attila lui semblait s’être occuper du fautif pendant que Drogo perdait du temps à soutirer des informations à un tavernier qui n’émettait plus que des sons d’animaux, n’arrivant pas à en placer une seule.

« Bordel tant pis je vais tous me les faire ! »

Il se retourna, il remarqua qu’Attila était au centre de la pièce et qu’une trempée de pirates prêts à la bagarre l’entourait, peut importe il l’ignora de nouveau, son regard se tourna vers les musiciens qui avait cessé leur musique qui ne valait pas un clou selon lui.

"Il y a des amateurs qui seraient tentés de faire pareil?!" Mais Drogo en entendant cela ne put s'empêcher de sourire et de se dire à lui même que ce pirate malgré ses fringues de snobe était un bon gars.

Au même moment, Drogo se mit en position de sprint et courra à toute vitesse en direction des musiciens, effleurant l’écharpe d’Atilla au passage, une fois à bonne distance d’eux il prit appui sur une table pour ensuite sauter en hauteur, il tourna son corps sur lui-même, la jambe prête à l’usage, et vint écraser celle-ci de côté sur la tête d’un des pirates qu’il visait. Profitant de l’élan qu’il avait pris dans les airs, son coup de pied fut fatal, il avait réussi à le faire voler sur plusieurs mètres jusqu’à ce que celui-ci vienne s’écraser dans un grand fracas contre l’un des murs de la taverne emportant en chemin de nombreuses tables où des pirates étaient assis, pour sur il avait attiser leur colère à tous ces bandits, mais il n’en avait que faire, un des quatre musiciens restants était surement à l’origine de la perte de son dernier repas de la soirée et il comptait bien lui faire payer ça cher, très cher. Mais outre les instruments, ils restaient des pirates, alors que Drogo se réceptionné au sol, l’un deux tira la lame de son fourreau pour l’abattre en fendant l’air en deux en direction de Drogo. Apparemment il ne se battait plus entre eux. Ni une ni deux, le jeune pirate afin d’éviter l’épée entreprit un grand salto arrière le tenant hors de porté de leurs épées pour le moment. Une fois les pieds au sol il se mit en position de combat, la jambe droite en arrière, les poings fermement serrés, et son Dragon Wing au dos. Il jeta un léger coup d’œil en arrière sans pour autant baisser sa garde et constata qu’Atilla se trouvait à quelques mètres et avait lui aussi a faire à de nombreux pirates. La suite des événements s’annonçait enthousiasmante, dans son état, bourré comme un trou, il adorait les bagarres, surtout général.

« J’ai qu’une chose à dire…C’EST PARTI POUR LA CASTAGNE ! » Annonça t-il en esquissant un sourire à ses compères qui tout comme lui étaient pirates, et que la baston ça les connaissait bien, tout ça pour s’amuser dira-t-on.

La fête battait son plein, car oui la fête pour les pirates avait une toute autre signification que celle que pouvait concevoir un quelconque Civil. Si le rhum ne coulait pas à flot et si quelques dents n'étaient pas brisées on ne pouvait considérer l’évènement comme une fête...du moins pour les plus rustres d'entre eux, quoi qu'à en juger Attila qui se disait sophistiqué avait pris part lui aussi au barouf général, il en était même l'élément déclencheur. Rien ne pouvait les arrêter, le tavernier avait quitté les lieux espérant qu'au petit matin sa taverne serait vide. Peut-être que la marine réussirait à calmer les tensions, qui sait.

Ces idiots de pirates ne se rendaient pas compte à quel point ils pouvaient être ridicule, la personne qui avait lancé la première pierre n'avait aucune importance, ils fonctionnaient tous de la même manière, lorsqu'il recevait un coup il se devait, fierté de pirate, de rendre à l'agresseur la pareille..Ce qui avait pour conséquence pour tous, sans exception de les faire entrer dans un cercle vicieux puisque celui d'en face rendra quoi qu'il arrive le coup donné, car ils penseront quoi qu'il arrive de la même manière. Ah ces idiots de pirate

Mais ça Drogo en avait conscience, cela ne l’empêchait pourtant pas de prendre part à ce cercle vicieux, ça en était amusant. Tout ce qui pouvait servir de projectile volait entre les quatre coins de la taverne, un verre vint se briser sur l'arrière de sa tête, alors qu'il réglait son compte au dernier des cacinphonistes il se retourna brutalement pour prendre en cible le premier pirate qui lui tomba sous la main..Pourtant c'était évident que le verre provenait de l'autre bout de la pièce, mais vu l'état dans lequel il était on ne pouvait plus rien tirer de logique dans les gestes du Pirate.

Ça tanguait de partout, il atteignait sa cible qu'une malheureuse fois sur deux, permettant à ses adversaires de l'atteindre autant de fois. Au pirate qu'il avait saisi par le col il lui cola son poing dans la figure avant d'en recevoir un identique, pourtant il ne l'avait pas vu bouger, peu importe il lui cola son deuxième poing dans la figure avant d'en recevoir une nouvelle fois, du sang commença à couler de sa lèvre, instinctivement il passa sa langue sur la plaie de telle sorte à l'éponger. Le sang avait un gout particulier qu'il affectionnait grandement. Dans certains de ses zèles de folie, il pouvait même se retrouver à sucer le sang de ses ennemies à l'image d'une sangsue.

Il rata son troisième coup, il avait essayé de le baleter, mais il s’était pris le pied d'une table, le faisant lui trébucher. Il tomba comme une feuille morte sur celle, qui céda malgré elle, laissant Drogo au sol au milieu des décombres de la table. Le pirate que le jeune homme avait pris pour adversaire éclata de rire en voyant la scène, Drogo, lui, se fit un plaisir de limiter et éclata de rire après s'être relevé.

Le pirate fonça vers lui, Drogo l’accueillit d'un coup de pied de la table en morceau en plein milieu du visage comme l'aurait fait un batteur à la vue de la balle de base-ball. Enfin lui il ne le voyait pas vraiment, mais il avait frappé fort, très fort. La cible après être restée quelques secondes tremblotantes sur ses jambes tomba au sol, inconscient.

En frappant, il avait poussé un cri de victoire, maintenant il devait trouver une nouvelle cible, il avait bien envie de voir ce que valait Attila. Devant lui se trouvait un vieillard qui regardait la scène assise sur les rebords d'une des fenêtres. Que faisait-il donc ici ? S’il cherchait l'hospice il c'était clairement trompé d'endroit...ah les vieux et la sénilité, maux qui à leur plus grand malheur toujours incurable avait tendance à les mettre dans une position de déchet attendant patiemment la mort..Drogo le renifla, ouais c'était clair le vieux puait la mort...

Une chaise vola en leur direction, tout particulièrement vers le vieillard, Drogo à la vu du projectile le saisit d'une main en plein vol, une chance sur deux, vous saviez à quoi vous attendre. Il se félicita d'avoir attrapé le projectile, car sinon...

"C'était la crise cardiaque assuré papi, t'a du bol...franchement reste pas là, c'est plus de ton âge. Va plutôt jouer au tarot avec les cadavres qui doivent te servir d'ami." Dit-il en se moquant gentiment, enfin ce que lui considéra comme gentil.

Puis il oublia le vieil homme pour partir à la recherche d'Attila, malgré sa grande taille il ne le trouvait plus dans la cohue qu'ils avaient crée à eux deux. Il ne lui restait plus qu'à l’appelait.

"ATTILA !! Viens te battre je t'attends !" cria le pirate en plein milieu de la salle avant de se mettre en garde, même si on ne pouvait plus appelé cela une garde tellement ça en était ridicule.

«Eh l'morveux! On fait une passe à dix? Montre-moi tes talents de jongleur! »

« Envoie l’paquet ! »

Non mais attend, il n’était pas en train d’attendre quelque chose où quelqu’un ? Les idées défilaient, un rien suffisait à attiser son intérêt, ils étaient tous ses camarades de beuverie, il pouvait rire aux éclats en plein cœur de cette cacophonie pour l’instant d’après calquer la forme de son poing sur la face du pauvre mécréant avec qui il rigolait deux secondes plutôt. Attila ? Il l’attendait ? Peut-être, qui s’en foutait ? Lui en tout cas, il voulait jouer maintenant et la passe à dix semblait être l’idée du siècle. Mais le hic, c’est qu’Drogo n’avait aucune idée des règles, il trouvait juste que le nom du jeu sonnait bien.

Ses idées n’étaient pas claires, pour couronner le tout, sa vision ne s’était toujours pas arrangée, au contraire. Tout était flou, rien n’avait de forme précise et même si quelqu’un daigner se rapprocher suffisamment pour qu’il le voie, les yeux du pirate avaient grand mal à resté fixe, il lui était impossible de soutenir le moindre regard. N’oublions pas sa tête qui à force de singeries s’était mise à tourner violemment. Mais son dernier mot, oh non il ne l’avait pas encore craché.

Une forme approximative, qui a première vu semblait enflammer se dirigea vers lui. Plus elle s’approchait plus sa taille était imposante. C’était une grosse balle qu’il avait trouvée, qui que soit l’envoyeur…et puis pourquoi enflammé la balle ? Cela devait forcément faire partie des règles, c’était dit Drogo sur le coup.

*Ok tu vas voir comment je jongle bien.*

Le jeune homme aux cheveux écarlate se saisit de son arme de prédilection, son bâton de combat, prêt à réceptionner l’objet volant pas encore identifié. Alors que l’OVPEI n’était plus qu’à un vulgaire mètre de lui, il frappa l’objet de bas en haut avec son Dragon-Wing de toutes ses forces. La balle, enfin selon votre point de vue, le sien était comme qui dirait embrouillé, décolla verticalement à une vitesse folle, laissant derrière elle un trou énorme dans le toit de la taverne. Plus haut on pouvait voir le ciel s'assombrissant à une vitesse folle, et le projectile qui montait de plus en plus haut avant d’amorcer sa chute.

De son côté Drogo avait encastré au sol son bâton verticalement et avait reculé de plusieurs pas afin de prendre de l’élan, si c’était du spectacle qu'il voulait il allait lui en donnait. Le pirate leva la tête et anticipa la chute du projectile enflammé. Qui d’ailleurs c’était mis à crier, ce n’était pas normal pour une balle de crier, même beurré il pouvait le savoir ça…enfin en était-il sur ? Peut-être que les balles crient quand elles brulent…*Waaah…*

Son attention s’était encore fait la malle. La soi-disant balle était retombée par le même trou en s’appliquant à l’agrandir, pauvre tavernier…Heureusement le bruit qu’il avait fait, et le cri strident qui n’avait guère cessé depuis qu’elle frôlait les cieux avaient réussi à le tirer de ses pensées tordues pour commencer son enchainement. Il se jeta en avant tout en restant attaché des deux mains au bâton solidement ancré au sol et s’appliqua a en faire une fois le tour horizontalement à la manière d’un trapéziste puis deux, les jambes flottant dans l’air, il en était encore plus ridicule, un vrai singe. Un singe certes, mais un singe volant. Pendant ses tours, ses pieds se prirent des mâchoires, quelques nez et des mentons appartenant aux pirates les plus près de lui mais il n’en avait que faire, la balle était arrivée à sa hauteur, après avoir emmagasiné assez d’élan il lui appliqua un coup de pied soigneusement réalisé de plein front.
Sauf qu’il ne remarqua pas que son timing était mauvais, très mauvais même. L’envoyeur initial se trouvait derrière lui, le corps lui avait volé en direction de la porte d’entrée qui étrangement c’était ouverte pendant un court instant, laissant le corps s’y faufilait en emportant avec lui les nouveaux arrivant. Qui d’ailleurs n’étaient pas n’importe qui. Des marines oui, Drogo n’en savait rien et il semblait qu’il n’était pas le seul, tous étaient occupés à s’en foutre plein la gueule. Ils venaient de louper leur unique chance de négocier avec les représentants de l’ordre qui auraient probablement exigé l’évacuation des lieux. D’un instant à l’autre, ils allaient revenir…et en force ce coup ci.

Pas évident de suivre ce vieillard, il enchainait les jeux comme d’adversaire. Au plus grand bonheur d’un Drogo totalement saoul qui n’avait de cesse de s’émerveiller devant tout et n’importe quoi. Quoi qu’il en soit le « dégomme le Marine » était son jeu favori, son excitation pouvait cette fois-ci ce justifier autrement que par le taux affolant d’alcool qui coulait dans ses veines. Car l’arrivée des Marines dans le chahut qu’il avait provoqué ne fit que l’exciter davantage. Il n’est pas du genre à s’inquiéter pour larbins à peine fichus de prendre des décisions par eux même. C’était même un plaisir de s’en farcir quelques-uns.


Le vieillard, celui même qu’il avait invité à rejoindre l'hospice était celui –avec Drogo- qui faisait le plus de dégât dans la taverne. La charge dans le troupeau de marines l’avait bouche bée...Il aurait pu s’en vouloir de l'avoir insulté de la sorte après ça, mais il se contenta de rire à pleine gorgée.

_Et de un!

Il prenait de l’avance l’enfoiré, ce qui poussa Drogo à rentrer en jeu.
La taverne était cernée par une vingtaine de Marine tant dite que l’ensemble des forces se concentrait à l’intérieur même ou le combat Marines versus Pirates faisait rage..Les lâches avaient fui du côté des bandits, amoindrissant leurs forces, mais la passion était là. Chaque dent cassée, chaque œil gonflé en témoignait. Les cris de rage fusaient, rien ne semblait faire peur à tous ces pirates fraichement remontés. Les Marines eux pissaient dans leurs frocs, rien qu’à voir leurs visages défigurés par la peur le plaisir inondait.

Un jeune mousse, pas plus grand que lui fut sa première victime, il l’avait attrapé par les noix pour l’obliger à se foutre au sol. Profitant du Marine rampant à ses pieds il le frappa pile sur son flanc droit à l’aide de son bâton de combat et fit décoller le corps dans les airs. Oui personne ne rêve, il s’était mis à imiter un joueur de golf, les mimiques, le geste…tout ça n’était qu’un jeu.

-Un !

Le vieux semblait toujours en avance sur lui, peut importe d’autre allaient succomber.
Cette fois-ci le marine qui fonça vers lui semblait plus âgé, plus confiant. Il était armé d’une épée entachée de sang pirate. Il la fendit vers lui, un pas sur le côté avait suffi pour esquiver le coup. Cette fois-ci l’épée fendit par le côté, il pouvait soit se baisser, soit sauter. Il préféra les airs, fidèle à ses habitudes le pirate. Ainsi le second coup d’épée fut évité. Toujours dans les airs, il déposa son pied gauche sur son épaule, prit de l’élan avec sa jambe droite avant de la plaquer contre la tête du Marine qui une fois de plus décolla sur quelques mètres. Lui en un salto arrière il se retrouvait au sol. Le plus beau shoot qu’il avait effectué, il serait peut-être bon footballer, qui sait !

Un autre marine attaqua par-derrière, quelques secondes après sa prestation. Il profita de l’élan de celui-ci pour lui faire perdre son équilibre et avorter son attaque. Drogo l’attrapa par le col et prit de l’élan avec sa tête !

« Dédicacé à toi l’vieux ! » Il lâcha la bête, le coup de boule avait frappé de plein fouet le marine qui ne bougea des mains de Drogo, il était juste inconscient. « Et de trois ! »

Le pirate lâcha le col du marine le laissant s’écrouler au sol tout en léchant le sang qu'il avait sur les lèvres. À ses côtés le vieux. Face à eux plus de trente marines prêts à en découdre. À leurs côtés ? Cinq pirate, les autres étaient tombés où avait pris la fuite…La plupart avaient essayé de fuir en fait, nombre d’entre eux n’y étaient pas parvenus et avaient rendu les armes.

« Bon… ! Tu f’rai mieux de rester en arrière, ils sont tous pour moi papi ! »

Avant même de lui laisser une chance de répondre, il était déjà en train de foncer dans le tas tout en criant des idioties à plein poumon.

Feu…un pouvoir si ravageur et incontrôlable, au moyen du feu l’on pouvait incendier un village entier, brûler vif les vermines qui pullulent dans ce vaste monde. Synonyme de vie et de mort, le crépitement des flammes et l’odeur de chair brûler ravissaient le jeune pirate. Y’avait-il un moyen plus expéditif que le feu ? Feu et sang…non, du moins tant qu’on restait éloigner des utilisations de ces gaz chimiques dont il avait entendu parler même si ça ressemblai plus à un mythe qu'autre chose, mais qui sait, un jour ?

Synonyme de vie et de mort, pour les marines il en était ainsi, ils étaient tous destiner à mourir sous la vigueur destructrice des flammes, pour lui cela signifiait la vie. Ses opposants réduits en cendre, rien ne l’empêchait de fuir dorénavant. Les derniers pirates présents avaient déjà quitté les lieux, en ce qui concernait le vieux il n’en savait rien, Attila lui par contre lui était totalement sorti de l’esprit et à ce rythme-là il allait en être de même pour le vieux ! Ce fut une soirée mouvementé, malgré ça l’alcool allait se charger d’effacer tout ça de sa petite mémoire. C’était le black-out assuré..

Quoi qu’il en soit il n’avait pas encore pris ses jambes à ses trousses. Alors qu’il courait en direction du groupe de marine qui s’était amassé comme un troupeau, il avait arrêté sa course à un mètre d’eux quand les flammes commencèrent à se propager dangereusement. Et il n’avait pas bougé depuis. Malgré une vision en piteux état il était resté face au spectacle, à admirer la beauté du travail effectué par le feu. Il sentait la chaleur des flammes contre son visage, ses yeux étaient illuminés par la lueur de celle-ci, des gouttelettes de transpiration commencées déjà à se former sur le haut de son front. Pour la plupart des marines, ils s’étaient laissés tomber au sol dans des cris d’ épouvante à vous couper le sommeil pour un bail. D’autres par contre avaient essayé de calmer les flammes en s’asticotant dans tous les sens, mais rien, aucun de leurs mouvements n’étaient désormais coordonnée. Des civils, aux visages défigurés par la peur, le dégout et la surprise, se tenaient derrière les rebords de leurs fenêtres, assistant à la scène, impuissants.

Petit à petit les cris diminuaient d’intensité, la flamme gigantesque de même, sur l’ensemble de la rue on voyait éparpiller des marines encore en feu, car les flammes se contentaient à peine de tout ce qui pouvait être consumé, celles-ci ne s’éteindraient qu’une fois les marines en cendre. Il fut surpris de voir que certains marines avaient réussi à éteindre les flammes avant qu’elles ne les atteignent mortellement. Mais ils semblaient paralyser par la douleur, n’osant bouger que dans le mouvement incessant de leur respiration.

En ce qui concernait le jeune assassin, il sentait cette folie meurtrière qui l’habitait, il la sentait comme toquer pour demander à sortir et à se lâcher sur les dernières âmes présentes. Une voix, cette voix ne demandait qu’à sortir et prendre le contrôle. Elle se nourrissait des cris des hommes sur le point de mourir, du désespoir qui flottait dans l’air. Plus il se perdait dans ses pensées plus il s’y plongeait. Après tout il restait encore quelques marines à qui il pouvait ôter la vie, lentement, en douceur…l’idée n’était pas mauvaise, de sang, il avait cette envie de sang qui bâter dans ses veines. S’il avait bien un regret dans cette histoire, c’était bien de ne pas avoir était le responsable de ce massacre, de cette atrocité. Là, il n’avait plus que les restes pour lui, mais c’était assez, cette voix demander à être comblé…

Mais quelqu’un, surement le vieux, il n'en savait rien, le tira de ses pensées le ramenant à la réalité, sa réalité qui n’était autre que tout l’alcool qu’il avait ingurgité au cours de la soirée. Il s’était retourné et le mouvement avait suffit pour qu’il vide ses boyaux juste en face de celui qui l’avait interpellé. La sensation était atroce, il avait eu envie qu’on l’achève pendant ce cours instant, la gerbe ne s’arrêtait pas de sortir, et quand il y en avait plus et bin il y en avait encore. Sa vision s’était encore plus détériorée, il ne voyait plus rien, tout était flou, tout n’avait de cesse de tourner, vite, beaucoup trop vite. La voix qui avait failli prendre le contrôle était loin dorénavant. Tout ce qui importait c’était qu’il dorme. Il s’éloigna dans un grognement du vieillard en manquant de tomber trois bonnes fois il prit la décision de quittez les lieux et trouver un endroit où pioncer. L’heure était trop tardive pour qu’il trouve une chambre d’hôtel, il n’avait plus qu’à rejoindre le port en espérant trouver un endroit à squatter. Mais en vue de son état, il était plus probable qu’il finisse par dormir dans un caniveau. Le vieux, il l’avait déjà oublié, pour l’instant il se débâter avec son Dragon-Wing dans l’espoir de le switcher en mode planeur.

Une fois les ailes dévoilées il s’affaira tant bien que mal à grimper sur un muret haut de plusieurs mètres face à l’auberge, ce qui relevait bien évidemment du miracle. Il tira une horrible grimace en voyant à quel point il pouvait tanguer avant de se décider à sauter. Ce qu’il fit avec succès, le planeur piqua au sol avant de prendre un peu de hauteur. Les premières secondes furent parfaites, son équilibre de même, mais très vite il vira dangereusement sur la gauche puis sur la droite avant de descendre et de foncer en pique contre un mur. Non il n’était pas en état de piloter un engin de la sorte.

Comme ci rien ne c’était passé il se leva dans un épais nuage de poussière et marcha tout droit, enfin ce qui lui paraissait être comme droit.

« On va peut-être y aller à patte… »