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Sous les écailles du serpent



Sous les Écailles du Serpent


Présent
✘ Solo




Le soleil amorçait sa chute inexorable à l’horizon, étendant ses derniers rayons sur le pont immensément long, et encore j’étais loin du compte. Nous avancions dans les rues de ce quartier de Karantane aux allures de bidonville, encore plus depuis le passage de la Confrérie du serpent à plumes qui avait laissé son lot de ruines et débris gisant ci et là en donnant une impression de zone de guerre. Et nous n’en étions pas loin, les fanatiques cannibales ayant clairement tentés d’assujettir, sacrifier et dévorer tout ce quartier pour étendre leur territoire. Par chance, je m’étais trouvé là, aux côtés d’une partie réduite de mon équipage, mais non des moindres, ainsi qu’une partie des habitants du coin afin de tuer leur plan dans l’œuf, ou avant la fin de l’omelette tout du moins.

« Il s’est passé des trucs en mon absence ? » demandais-je à mes compagnons qui étaient restés sur le pont depuis ma chute à la mer.

« Pas mal de trucs à vrai dire, y a une réunion de prévue au Hell’s Kitchen, c’est là qu’on va.» répondit Norbert en grimpant jusqu’à mon épaule pour s’y percher. « On accuse quelques pertes et les blessés sont nombreux. Ce type, le rouquin aux gros bras et au tablier de cuisine, il a été enlevé par le guerrier-jaguar et la femme-serpent, ils prévoient sûrement de le sacrifier à leur dieu.»

«Ils ont enlevés Hao ? Ces bâtards vont nous le payer.» grognais-je de façon menaçante. Je n'avais passé qu'une soirée avec ce cuistot et son pote médecin, mais leur personalité ouverte et marrante avait facilité le rapprochement. Si Karantane était peuplé de personnes de ce genre, je ne pouvais pas décemment les laisser affronter ce péril seul.

L’ambiance était tendue, j’avais rarement vu mes camarades tirer de telles tronches. Graves, en rogne, ces guerriers de tous bords avaient dû en voir des vertes et des pas mûres suite à ma disparition temporaire. Toutefois, pour me faire pardonner, j’avais ramené des renforts. Nina la femme-poisson sans domicile fixe mais qui, contre toute attente, était parvenue à mener les blugoris au doigt et à la baguette en l’espace de quelques rues. Une cinquantaine de gorilles-taureaux des mers munis d’armes lourdes qui semblaient décidés à me suivre et à faire leur preuve auprès de leur nouveau mâle alpha. C’était un peu gênant, mais pas désagréable, tant que ces créatures aux relents de poisson pourri se tenaient à quelques mètres de moi au minimum. Toutefois, c’était là une aide inespérée qui saurait sûrement faire pencher la balance des forces en présence entre nous et la confrérie du serpent à plumes. Leur attaque nous l’avait prouvée : ils avaient beaucoup d’adeptes prêts à risquer leur vie pour le culte.

« Yo Ren, impressionnant ce combat. » s’exclama le charpentier minks.

« Ouais, par contre il faisait mal le gorille. » grommelais-je en faisant jouer mes épaules pour délier les tensions musculaires. « T’as eus des nouvelles de l’équipage ? »

« Ouais j’ai reçu un coup de bigo de la part des Sweet Carpenters, ils ont trouvés le pont et devraient plus tarder. De plus, le capitaine Azerios est rentré de marineford et a rejoint sa flotte, ils sont également en route. »

« Parfait, j’espère qu’ils arriveront à temps. » répondis-je pensif.

Nos adversaires étaient nombreux, et comme me l’avait prouvé mon affrontement contre le guerrier jaguar et la femme serpent, ils possédaient des soldats puis’sants. Ainsi, plus nombreux nous serions, mieux ce serait. Et, si le sablonneux arrivait à temps pour se joindre à la fête, notre victoire était assurée. Ce dernier revenait de son adoubement au titre de corsaire, ce qui saurait nous faciliter la tâche à l’avenir. Plus besoin de taper sur les mouettes, bien que cela me manquerait bien vite. Toutefois, cela nous offrait un répit et une immunité pour nous en mettre plein les poches.

Trêves de pérégrinations, tant physiques que mentales, nous arrivions déjà dans la ruelle dévastée qui précédait le Hell’s Kitchen. L’attaque de la secte avait laissée ses marques, des traces d’armes tranchantes aux tâches de sang qui peinturluraient les murs. L’escalier en bois s’était à moitié effondré, soumit aux nombreux incendies qui avaient émergés lors et suite à l’attaque. Les murs des maisons et boutiques adjacentes étaient éventrés ou ouverts de nouvelles entrées improvisées par la bataille. De tous côtés, les habitants œuvraient à déblayer les débris et réparer les dégâts quand cela était possible, même maladroitement. Nous arrivions finalement devant les portes battantes de la taverne d’où s’élevaient de nombreuses voix agitées.

« C’est n’importe quoi ! Attendre ? Autant sauter des hauteurs du pont, moi je dis qu’il faut attaquer dès ce soir ! » s’écria une voix masculine, grave et rocailleuse.

« Attaquer de front ? T’as envie de te faire bouffer le cul par le guerrier-jaguar, Orvil ? » répondit une femme qui semblait particulièrement énervée. « On devrait faire nos bagages, redescendre à quai et traverser le gouffre pour gagner l’autre moitié du pont. On aura qu’à demander l’asile aux Conservateurs. »

« Et vivre dans le passé et le déni ?! Très peu pour moi Lorna ! »

L’entrée de notre groupe dans l’établissement fit retomber le silence, les regards se posant sur nous avec dédain. La tension était palpable, les esprits étaient à vifs. La nuit et la journée avaient été longues et les habitants du quartier avaient tout perdu. Nombre des personnes présentes au Hell’s Kitchen affichaient des bandages et stigmates du combat de la nuit passée. Certains semblaient désespérés, d’autres résignés, tandis qu’à l’opposé il y avait ceux qui bouillonnaient de rage et souhaitaient prendre leur revanche.

« Bordel, t’es qui l’albinos ? Un espion de ces putains de fanatiques ?! » commença à s’échauffer un type imposant en me voyant, rapidement calmé par une main qui se posa sur son bras.

« Du calme York, c’est grâce à ce type et ses copains si t’es toujours en vie, alors respecte son autorité, mec. » déclara Jin en apparaissant de derrière le colosse, les bras chargés de pintes de bière.

« Aaaah je préfère ça, toi tu sais accueillir tes invités ! » m’exclamais-je enjoué en délaissant le tenancier de quelques-unes de ses boissons que je distribuais à mes camarades. « Et oui, mesdames et messieurs, je suis le putain d’enfoiré de fils d’albinos qui vous a aidé la nuit dernière alors que j’avais débarqué le jour même. Pourquoi me demanderez-vous ? » demandais-je en appuyant le suspens, me rapprochant de Jin. « Parce que, à peine arrivé, ces deux joyeux rouquins m’ont accueillis à bras ouverts à grand renfort de pintes de bière. Et, je ne laisserai jamais quelqu’un qui me paye à boire dans la panade ! » terminais-je ma tirade devant l’air dépité de la foule. « Bah quoi ? »

« En parlant de ça, c’était pas gratuit mon pote... »

« Euh...donc vous parliez de vengeance, c’est bien ça ? » changeais-je alors de sujet en retournant mon attention vers la salle, prenant bien soin d’éviter le regard du médecin.

La cacophonie reprit ses droits, chacun y allant de son argument ou sa solution miracle pour régler le problème qu’était la confrérie. Un croc venimeux planté dans Karantane depuis trop longtemps, qui avait gangrené la vie de ses habitants. Enlèvements, cannibalisme et sacrifices humains, la réputation de la confrérie du serpent à plumes la précédait et, une chose était sûre, elle n’était appréciée de personne ici.

« Tous les buter, jusqu’au dernier, voilà la solution ! » reprit Orvil, un marchand opulent et ventripotent qui, malgré ses atours dorés et clinquants ne semblait pas être déprécié des habitants qui opinaient du chef à sa proposition.

« Et c’est ton seul plan ? » ricanait la dénommée Lorna, une femme de trois mètres aux bras musclés qui fumait sa pipe accoudée au comptoir.

« En parlant de plan, vous en avez un de leur quartier ? »

« Rien qui ressemble à une carte, seulement des bribes d’information. » répondit le médecin fou qui remplaçait son camarade absent derrière le bar pour servir ses invités. « Ils sont pas du genre à laisser vagabonder les gens dans leur territoire, enfin ils les laissent s’enfoncer suffisamment sur leurs terres pour les encercler et les capturer pour leurs sacrifices à leur dieu stupide. »

Les nombreuses personnes présentes dans la taverne y allaient de leur anecdote, des informations invérifiables et qui tenaient plus de brèves de comptoir que de réelle information utile. Une chose était sûre, c’est que le territoire de la confrérie était bien protégé et qu’ils possédaient des troupes en nombre. Toutefois, il en fallait plus pour m’effrayer. Des cannibales adorateurs d’un dieu caché dans la structure d’un pont ? Un simple amuse-gueule pour nous. La bataille récente sur Alabasta m’avait gonflé d’orgueil quant à la puissance des Sandstorm Pirates. Nous étions capables d’affronter n’importe quel péril et ces cultistes n’étaient pas prêts pour la tempête qui allait leur tomber dessus. Alors que la cacophonie régnait en maître dans l’établissement, je me mis à tousser dans mon poing, ne réglant pas le problème pour autant. Tout du moins, avant que je ne décide à m’imposer de manière plus concrète, ma main luisant déjà de son aura violine, Norbert se décida à le faire à ma place.

« Fermez donc vos gueules ! Mon capitaine a un truc à dire ! » s’écria le tontatta, accroché à un lustre au-dessus de la salle et des convives.

Malgré sa petite taille, l’homme-miniature avait de la voix, et l’attention des habitants se tourna vers lui avant de redescendre sur moi. À présent assis à une table, je faisais lentement couler une boisson dans mon verre pour faire monter la tension avant de reposer la bouteille et lever mon regard vers les habitants qui attendaient une parole emplie de sagesse.

« Bon, trêve de tergiversation, je crois qu’on est tous d’accord ici sur le fait qu’il faut se débarrasser de cette secte de fanatiques débiles, hum ? » commençais-je en notant les moues d’approbation de mon auditoire. « Et libérer nos potes qui se sont fait capturer hier.» continuais-je en balayant l'assemblée du regard, m'attardant sur celui de Jin qui semblait bien déterminé à buter quiconque se mettrait sur son chemin pour libérer son ami. « Okay, c’est donc décidé, cette nuit le serpent va se mordre la queue. » ricanais-je en croisant mes doigts devant moi.




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Dernière édition par Ren Aoncan le Lun 24 Oct 2022 - 23:00, édité 1 fois
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Sous les Écailles du Serpent


Présent
✘ Solo




Une nuit noire, dépourvue de lune ou d’étoiles, cachées par le manteau opaque du souvenir de la brume qui s’était légèrement dissipée depuis notre arrivée en ces lieux. C’était l’environnement idéal pour ce que l’on avait prévu. Une attaque coordonnée sur le quartier de la confrérie du serpent à plumes. Les forces engagées étaient nombreuses, rien que le nombre d’habitants du bidonville à avoir prit les armes était impressionnant, ralliés même par des habitants du quartier des conservateurs qui se trouvait de l’autre côté du trou qui divisait le pont en deux parties sensiblement égales. Ces derniers semblaient soucieux qu’après le bidonville, leur tour vienne, et une centaine d’habitants courageux s’étaient pointés armés de tout ce qu’ils avaient pus trouver, du vieux tromblon habituellement affiché au-dessus de la cheminée aux outils d’artisans.

Lorsque nous avions quittés les abords du Hell’s Kitchen, nous étions des centaines, organisés en groupes dirigés par des lieutenants. Chacun avait un rôle définit et une cible bien précise, même si les informations que nous possédions sur ce territoire ne l’étaient pas. Le plan était simple : profiter de la faveur de la nuit sombre pour s’infiltrer sur leur territoire et écraser leurs forces stratégiquement. Le territoire de la confrérie était immense, et les forces en présence devaient se concentrer en certains points, ainsi couvrir autant de terrain se révèlerait difficile. Toutefois, pour les faire sortir de leur trou, il suffisait de frapper à la porte.

« Vous êtes prêts ? »

« J’arrive pas à croire que je me suis laissé entraîner là-dedans. » se lamenta Nina pour toute réponse.

« De mon côté, tout est prêt. » répondit Jin qui faisait signe aux blugoris derrière-lui de le suivre.

C’est ainsi que se composait notre groupe chargé de ‘toquer à la porte’, moi, Jin et Nina, accompagnés des cinquante blugoris qui me prenaient toujours pour leur nouveau mâle alpha. Par chance, ils obéissaient également à Nina que j’avais donc chargée de les guider. Mon intention était de frapper fort en plein milieu du territoire, sans avoir à se cacher et, à l’inverse, attirer le plus l’attention de la confrérie. Ainsi, les ennemis viendraient directement à nous et s’y concentreraient alors que mes troupes et les habitants, guidés par mes lieutenants, attaqueraient de chaque côté du pont en profitant que l’attention soit détournée pour prendre nos ennemis en tenaille. Enfin, dans le meilleur des cas.

« Bien, dans ce cas on peut y aller. » déclarais-je en affichant un grand sourire, rabattant la capuche du sweat-shirt noir que m’avait rapporté Roy après avoir vu l’état pitoyable de mes vêtements.

Enfin, nous nous mettions en route en direction du territoire de la confrérie du serpent à plumes, préparés et armés. Mis à part moi bien entendu, mais je n’avais pas manqué d’embarquer quelques gadgets qui pourraient s’avérer utiles. Vêtus de noir, même pour les blugoris que nous avions recouverts de grands manteaux sombres, nous nous approchions de la partie du bidonville qui bordait le territoire de la confrérie du serpent à plumes. C’est ici que j’avais affronté le guerrier-jaguar et la femme-serpent la veille, et je me rendais à présent compte que notre affrontement en avait rasé une bonne partie, ne laissant que des ruines.

Au loin, élevant son ombre au milieu de la brume aérienne, les premiers bâtiments du territoire de la secte apparaissaient. Cet épais manteau cotonneux commençait à cinq mètres au-dessus de nos têtes, mais aurait l’avantage de couvrir notre avancée depuis les probables vigies sur les toits des bâtiments. Toutefois, l’objectif de mon groupe ne serait pas la discrétion, mais bien l’opposé. Arrivés à une quinzaine de mètres du bâtiment le plus proche, une détonation retentit, m’obligeant à me reculer d’un pas alors qu’une balle s’écrasait dans la roche du pont.

« Approchez pas ou je vous trous de pruneaux ! » s’écria une voix à une fenêtre à hauteur du second étage. « Z’êtes qui ?! »

Malgré la courte distance, dans cette obscurité mêlée à la brume, cela m’empêchait de voir clairement le tireur. De mes yeux tout du moins, car déjà je les fermais pour étendre ma conscience. Ce pouvoir, je l’avais travaillé, à tel point qu’il atteignait un nouveau stade à présent. Les présences lumineuses s’affichant dans mon esprit luisaient parfois de quelques couleurs représentant leurs sentiments et émotions, revêtant toute la signification de son nom : haki de l’empathie. J’aperçus ainsi les vigies s’attrouper aux fenêtres, descendant les étages pour se préparer à notre arrivée.

« Quel accueil ! » m’exclamais-je rieur.

D’autres balles fusèrent dans l’obscurité, l’éclairant par intervalles de courtes détonations en hauteur. Nina, Jin et les blugoris étaient restés en retrait tandis que je m’étais avancé. Les projectiles  ricochaient sur le sol tout autour de moi, et je continuais d’avancer dans une marche désaxée et désordonnée, se rapprochant d’une danse malhabile, ou trop pour être comprise. Parfaitement calculé, cette démarche pas plus rapide qu’une marche se concentrait pleinement sur mon mantra, à décrypter les auras qui luisaient dans l’obscurité. Particulièrement efficace face à des attaques linéaires, je pus ainsi m’approcher sans aucun mal. Arrêté à cinq mètres de l’édifice, je refermais mon poing duquel se mit à luire une lumière violette qui, l’espace d’un instant, illumina la brume alentours en la nimbant de la même teinte. Un sourire narquois au visage, je ramenais mon poing en arrière en y concentrant les pouvoirs de mon fruit du démon, évitant une énième balle en penchant la tête de côté.


Head Like a Hole



Mon poing fila dans l’air devant moi, s’arrêtant net alors qu’un halo violet vertical se créait sur quelques mètres autour de moi. Le cercle se transforma en couloir gravitationnel qui souffla tout ce qui se trouvait autour de moi dans la direction de mon poing, appliquant une pression telle que le mur face à moi se troua purement et simplement en un cercle parfait. Les fissures s’ensuivirent, rongeant la roche en l’éclatant, se rejoignant pour faire tomber des pans de plafond et de murs. Le couloir formé dans le bâtiment continuait sur des dizaines de mètres, dévoilant de nombreux cultistes s’y cachant.

« En avant let’s go, c’est partit les amis ! » ricanais-je en me tournant vers mes alliés qui se tenaient prêts.

Ni une, ni deux, ils s’élancèrent d’un même mouvement en criant, rapidement rejoints par les grognements des blugoris. Moi à l’avant, je recouvrais mes poings et pieds de haki de l’armement pour envoyer valser les premiers groupes d’ennemis que je rencontrais à peine entré dans le bâtiment. Sans autre introduction, la bataille commençait.  







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Sous les Écailles du Serpent


Présent
✘ Solo




Le sang coulait à flots, aucune pitié n’était permise envers ces raclures de fond de cale. À quel point fallait-il abandonner son humanité lorsque l’on s’adonnait au cannibalisme ? Ainsi, pas de dentelle, même pas un napperon à moins qu’il ne soit tâché du sang de nos victimes. Menant mes troupes au travers du bâtiment, les guerriers sectaires ne faisaient pas le poids. Tant face à moi, Nina, Jin ou les gorilles des mers déchaînés, les hommes et femmes aux allures sauvages ne faisaient pas le poids. Un véritable déchaînement de violence, mes poings éclatant les mâchoires, les larges couperets de mes nouveaux sbires tranchant sans ménagement, la femme-poisson les martelant et le rouquin les découpant avec une précision chirurgicale. Ainsi accompagné, rien ne pouvait m’arrêter.

Au détour d’un coup de poing, notre joyeuse troupe débarquait au sein des larges rues du territoire de la confrérie. Une atmosphère sauvage habitait le lieu, et ce malgré les bâtiments de pierre qui formaient ce qui rassemblait en tout point à une ville. Mais, comme si elle avait été abandonnée à tout instinct primaire, chaque brique et chaque pierre était recouverte d’une épaisse végétation. Des lierres épais encerclaient des piliers et des glycines avaient tracées leur chemin au travers des toits, s’étendant telles des guirlandes d’un côté à l’autre des rues. Sous nos pieds, la dégradation des lieux au fil des années avait formé une terre granuleuse  sur laquelle poussait la végétation.  

Cet environnement dénotait énormément avec le quartier du bidonville, où la végétation était inexistante et où les seuls éléments étaient la roche, le bois et le fer. Leur comportement sauvage collait parfaitement avec l’apparence de leur territoire, celui-ci complètement laissé au règne de la nature. En y réfléchissant, cela avait sans doute un lien avec leur culte, leur croyance comme quoi un dieu serpent géant à plumes habiterait au cœur des fondations du pont géant qu’était Karantane. Ainsi, aller à l’encontre de la vie qui se crée à sa surface devait aller à l’encontre de leurs croyances.

Menant les troupes dans une nouvelle rue, j’enfonçais les lignes à grands coups de poing chargé de mes pouvoirs gravitationnels, chaque attaque envoyant voler des dizaines de cultistes qui s’écrasaient de tous côtés sur les toits des bâtiments. Les blugoris rebondissaient sur les murs de leur gros corps arrondi pour se donner de la vitesse et frapper les guerriers sauvages avec violence. Plus de tenues noire dignes de ninjas, pris au dépourvu les sectaires n’avaient pas eus le temps de se préparer aussi bien que leur attaque de la veille. Mais aujourd’hui, c’était à notre tour de leur rendre la pareille. Et, Jin et Nina s’en occupaient très bien, écrasant leurs adversaires sans ménagement.

Finalement, à force de nettoyer la rue de toute présence ennemie, nous débouchions sur une place assez grande, du moins de ce que j’en voyais en cette nuit noire. Mon mantra me prévint des nombreuses présences, continuellement rejoints par des dizaines puis des centaines de guerriers. Une cloche retentissait sur les toits, à laquelle d’autres se joignirent, se répercutant ainsi de plus en plus loin dans le territoire. L’alarme était sonnée, et à présent tous les fanatiques cannibales se réveillaient pour se précipiter dans la bataille. Plus primaires que des soldats de la marine, la majorité de leur armement se composait d’armes contondantes ou tranchantes. Quelques rares d’entre eux possédaient des armes à feu, probablement volées à des égarés sur leur territoire. Ils faisaient preuve d’une hargne impressionnante, revenant à la charge même lorsqu’ils étaient grièvement blessés, allant jusqu’à mordre nos jambes quand ils tombaient à terre. Toutefois, celui qui tenta l’expérience avec moi se retrouva encastré dans le pont, ne faisant plus qu’un avec son dieu.

Un colosse apparut alors dans mon champ de vision, chargeant dans le tas en bousculant deux blugoris d’un coup d’épaule qui volèrent à travers les fenêtres d’un bâtiment. Culminant à quatre mètre, le golgoth soulevait une massue longue de deux mètres qui s’écrasait maladroitement mais efficacement sur nos forces. Il leva une nouvelle fois son arme, offrant une opportunité non-négligeable de frapper. Alors qu’il abattait son arme, je passais sous ses bras et bondissais droit vers son visage. Ses yeux devinrent tout ronds sous la surprise lorsque j’apparus juste sous ses yeux, mon poing noirci jusqu’à l’épaule s’écrasa si violemment sur sa joue qu’il fut projeté dans la place, sa large masse écrasant ou emportant avec lui chaque obstacle tant humain qu’inanimé. Ils finirent ainsi leur course sur une fontaine qui explosa à l’impact en laissant s’écouler une petite vague d’eau qui s’éparpilla sur la place. Le colosse se relevait malgré le choc, tout ça pour lever les yeux sur mon ombre qui passait dans l’angle de la lune, redescendant en vrillant mon corps pour frapper d’un coup de pied rotatif destructeur qui lui brisa le crâne dans un craquement sinistre.

Du coin de l’oeil, j’aperçus Nina qui accueillait la petite quantité d’eau avec un grand sourire. Sa main frappa la surface du tranchant de la main dans un coup ascendant qui créa une lame composée d’eau en contact avec la surface et ressemblant comme deux gouttes d’eau à un aileron de requin. L’attaque déchira les premiers à entrer en contact avec, explosant dans une gerbe d’eau qui propulsa tous les guerriers proches dans tous les sens, les laissant retomber dans un joyeux bordel.

Jin avait une technique complètement différente, maniant à la fois un long katana et une bobine de fil d’acier, résistant et tranchant. Il voltigeait entre les ennemis, emmêlant leurs bras et leurs armes avant de frapper. Ses fils démembraient ses adversaires avec une précision chirurgicale, le dévoilant dans une danse macabre aussi sanglante que ses cheveux et son long manteau rouge.

Les blugoris quant à eux faisaient preuve d’un peu moins de finesse, frappant de leurs haches, quitte à les lancer sur leurs ennemis avant de les récupérer sur leurs cadavres. J’en vis même un se servir de son ventre pour frapper son adversaire et l’écraser après avoir rebondit contre un mur. Ils étaient agiles contre toute attente, et d’une puissance incroyable, de parfaits guerriers à mon service, j’avais touché le jackpot.

« En avant les gars ! Défonçons ces putains de fanatiques ! » m’exclamais-je au-dessus de la cacophonie de la bataille pour encourager mes lieutenants et l’armée de blugoris.

Nous ne laissions que désolation sur notre passage, répondant à la violence dont ils avaient fait preuve avec encore plus de violence. Impitoyable, je fracassais mes opposants à grandes mandales et coups de pieds renforcés au haki, brisant leurs armes et leurs os dans une danse acrobatique destructrice. Combattre la confrérie du serpent à plumes était un réel plaisir car, face à de tels enfoirés, il n’y avait nul besoin de se retenir. L’opinion publique des habitants du coin allait dans mon sens et l’éradication pure et simple de ces fanatiques semblait l’option la plus viable et la moins risquée sur le long terme.

Enfin, moins risqué pour nous, et pour Karantane, mais clairement pas pour eux, notre groupe se frayant un chemin carmin. Et pourtant, ils revenaient sans cesse, apparaissait de tous côtés en petits groupes. Certains profitaient du terrain à leur avantage, passant par les bâtiments pour nous attaquer en surgissant des fenêtres et des portes des deux côtés de la grande rue principale dans laquelle nous avancions à présent. À une cinquantaine de mètres, une masse serrée de guerriers s’avançait en hurlant en chœur, s’amassant à tel point que les épaules de ceux aux extrémités frottaient contre les murs, ne les ralentissant pas pour autant.

« Hum..ça fait quoi, vingt mètres de large cette rue, non ? »

« Vingt-cinq plutôt ouais, pourquoi ça ? » répondit Jin en enroulant son fil autour de la garde de son sabre. « Tu vas encore nous offrir un spectacle, c’est ça ? »

« Tu crois pas si bien dire, reculez un petit peu. »

Je m’avançais en laissant mes troupes s’impatienter derrière moi. Face à moi, la horde de guerriers sauvages de la confrérie se ruaient dans ma direction en criant. Une nuée de flèches s’éleva au-dessus de leurs rangs, s’abattant tout autour de moi. C’est dans ce genre de situation où le haki de l’observation est particulièrement efficace, ressentant chaque intention et chaque présence, aussi bien que la trajectoire des projectiles. Dans un rythme saccadé, je marchais d’un côté et de l’autre sans perturber mon avancée, dansant presque au milieu de ce champ de bataille. Les flèches se plantaient tout autour de moi, m’obligeant à bondir de façon acrobatique pour les éviter jusqu’à ce que la salve soit terminée. Un sourire en coin, le poing teinté de noir serré, il crépita de courts éclairs violets avant de s’entourer d’une aura de la même couleur.


Fly Me to the Moon



Mon poing fila devant moi sans rencontrer le moindre obstacle puis s’arrêtant dans son mouvement. Faisant appel à mes pouvoirs, toute la largeur de la rue fut englobée d’un de mes couloirs gravitationnels. Telle une bête féroce en pleine charge, la zone s’avança tout le long de la rue à la rencontre de la masse compacte de fanatiques en soulevant chaque objet sur son passage. En un instant, la rue fut retournée, chaque petit et gros débris ainsi que chaque objet qui possédait une masse se souleva de terre pour s’élever dans les airs et fondre en direction des cultistes.

Le chaos de bric, de brocs et de briques accéléra dans le couloir de gravité qui déjà frappait de plein fouet l’amas d’ennemis en les envoyant valser dans la danse d’objets. Quelques projectiles avaient pris tant de vitesse qu’ils traversaient les corps avec violence, mêlant au chaos ambiant le macabre sanguinolent. Pour toute défense, les guerriers tentaient de frapper les projectiles, loin de comprendre que c’était là une action futile avant qu’ils ne soient fauchés à leur tour. Une gueule béante dans laquelle s’entrechoquaient des milliers d’objets, de corps et d’armes, continuait sa course à travers la rue, jusqu’à rencontrer sa fin. L’imbroglio vint s’écraser contre un bâtiment, le trouant de toutes parts et explosant ses murs, et il s’écrasa en soulevant un nuage de poussière si imposant qu’il rejoignit le brouillard qui formait un plafond au-dessus de nos têtes.

« La voie est libre. » ricanais-je en me tournant vers mes camarades restés en retrait.

C’est à ce moment que deux guerriers cultistes sortirent des bâtiments adjacents pour me fondre dessus. Je vis passer la lame sous mes yeux, reliée à un fil métallique qui brilla sous la lune avant que la lame ne transperce l’un des deux assaillants. Dans mon dos, je sentis la bourrasque lorsque la femme-poisson se déplaça à toute vitesse, assénant un coup de poing si violent qu’il provoqua un craquement sinistre avant que le corps du contrevenant ne traverse le mur d’une maison.

« Franchement, tu pourrais nous en laisser un peu plus. » ronchonna Nina en gonflant les joues.

« T’en fais pas, Blueberry, il en reste bien assez pour qu’on puisse s’amuser. » déclara Jin en scrutant le bout de la rue où la poussière retombait.

« Je confirme, ça débarque de partout. » dis-je calmement, les yeux fermés, scannant les environs pour déterminer si notre plan fonctionnait bel et bien. « Jusqu’ici tout va bien, on avance. » déclarais-je, un sourire aux lèvres, remontant la rue pour nous enfoncer toujours plus dans les méandres du territoire de la confrérie du serpent à plumes.





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Sous les Écailles du Serpent


Présent
✘ Solo





Les corps s’empilaient sur notre passage, notre sanguinaire procession continuant sa marche vers le centre du territoire de la confrérie. Je repérais chaque groupe d’ennemis qui s’approchait furtivement grâce à mon haki perceptif et envoyais les blugoris pour se charger de les décimer. Décidément, ces gorilles des mers étaient un véritable fléau, des guerriers dignes de faire partie de mon équipage.

La destruction continuelle attirait toujours plus d’adversaires, aux allures bien différentes les unes des autres à mesure que nous avancions. Ils devaient s’organiser en clans, certains arborant des pagnes et des plumes dans les cheveux tandis que d’autres étaient vêtus de toges noires et dorées, et ceux qui ressemblaient le plus à des barbares, bardés de tatouages et cicatrices en arborant des coiffures hautes en couleur. L’un de ces derniers me bondissait dessus en criant, levant ses deux tomahawk au-dessus de sa tête avec la ferme intention de me scalper le crâne. J’évitais d’un pas de côté avant de lever la jambe et cueillir le guerrier au vol pour l’envoyer s’écraser sur ses camarades qui volèrent comme des quilles.  

Puis, après avoir nettoyé une nouvelle rue, alors que je projetais une vingtaine de types dans les airs à l’aide de la gravité, je remarquais qu’il n’y en avait plus qui venaient à notre rencontre. L’aura entourant ma main s’éteignit et les fanatiques suspendus à une quinzaine de mètres vinrent s’écraser au sol en hurlant.

« C’est tout ? Je m’attendais à plus de résistance. »

« C’est bizarre, je connais pas leur nombre exact mais ils sont clairement beaucoup plus que ça. » répondit Jin, perplexe à observer les alentours.

« Vu la branlée qu’on leur a mit, je suppose qu’ils ont fuis la queue entre les jambes. » railla Nina, visiblement fière de sa performance.

« Ça m’étonnerait que ce soit si facile. Ils doivent être occupés quelque part, ou alors ils se regroupent un peu plus loin pour nous attendre de pied ferme. Dans tous les cas, restez sur vos gardes. »

Sur ces mots, nous reprenions notre route à nous enfoncer dans le territoire de la confrérie du serpent à plumes. Je scannais les lieux à l’aide de mon haki à intervalles réguliers afin d’éviter toute mauvaise surprise, mais les seules lueurs que je percevais étaient celles de mes propres guerriers et quelques rares fuyards qui prenaient tous la même direction vers le centre de leurs terres. Si nous possédions une information c’était celle-ci : au coeur du territoire de la confrérie se trouvait un bâtiment aux allures de temple pyramidal. Une telle bâtisse devait probablement abriter le chef de ce culte sordide ainsi que les autres têtes pensantes, et peut-être même des trésors. De plus, Hao avait été enlevé, et j’espérais sincèrement qu’il ait été mené à ce lieu où nous pourrions le libérer.

« La route est longue jusqu’au centre du territoire ? »

« Je dirais un peu moins d’une journée si on continue à ce rythme, mais va falloir faire des pauses et les groupes qui évoluent sur les flancs du pont ne sont pas tous des guerriers aguerris comme vous, ils seront plus lents. » expliqua méticuleusement le médecin qui, malgré ses accès de folie, faisait preuve de pragmatisme et de connaissances pointues le reste du temps, un vrai scientifique. « En prenant ces données en compte, il nous faudrait approximativement une journée entière pour une attaque optimale impliquant toutes nos forces sur leur temple. »

« Je vois, il va falloir se ménager pour frapper fort. Quelques pauses devraient suffire. Tiens Jin, prends ça, garde le contact avec les autres groupes. » dis-je en passant un escargophone au roux aux fines cornes noires. « Je vais partir en éclaireur, gardez le cap et on se retrouve un peu plus loin. »

« Encore une fois, c’est toi qui va avoir toute la partie marrante. » ronchonna Nina que le combat avait excitée. « On fait comment pour te contacter ? »

« Vous en faites pas, je serai pas loin. » répondis-je, agrémenté d’un clin d’œil à son attention qui sembla l’énerver plus qu’autre chose.

Sur ces mots, je me plaçais sur les restes d’un toit, une plateforme large de quelques mètres. La main levée au-dessus, elle se mit à briller alors que je la retournais paume vers le haut et qu’une zone gravitationnelle se dessinait.


Highway to Hell



La plateforme se souleva dans le couloir penché, en diagonale, survolant les toits des maisons et bâtiments végétalisés. Je pris ainsi de plus en plus de hauteur, disparaissant dans la brume compacte aux yeux de ceux au sol. Difficile d’y voir quoi que ce soit à l’œil nu, je m’aidais ainsi de mon fluide perceptif déployé sur une centaine de mètres autour de moi. La plateforme avançait lentement dans la brume qui me trempait jusqu’aux os. Les minutes passèrent ainsi, en silence, les yeux fermés à scanner les environs. Et enfin, de petites lumières clignotèrent dans la nuit de mon esprit, un groupe qui avançait vers le centre du territoire. Je pris alors une grande inspiration, gonflant mes poumons puis soufflant doucement alors que l’aura qui entourait ma main devenait de plus en plus vive. Dans la nuit noire, au cœur de la brume blanche, une lumière intense apparut comme un phare, la lueur se propageant dans la purée de poix, illuminant toutes les gouttelettes et cristaux présents d’une couleur améthyste.

C’était certes dommage de gâcher l’effet de surprise en sortant ainsi de la brume et en révélant ma position par un flash lumineux. Toutefois, niveau entrée en scène ça avait clairement de la gueule, un fait indéniable. La plateforme avait prit en vitesse alors que la pression gravitationnelle s’était faite plus forte. Mon corps n’y étant pas soumit, j’avais dû m’agripper au bord du feu-toit afin de ne pas m’envoler sous la poussée.

« Waaaaaazaaaaaaaa !! » hurlais-je en tirant la langue alors que je sortais de la brume sous les regards surpris des guerriers cultistes en contrebas.  

La plateforme, large et longue de plusieurs mètres, fila comme une comète droit sur la position du groupe de guerriers de la confrérie. Une procession d’une centaine de personnes armées qui se retournaient les uns après les autres pour me voir approcher, me pointant impoliment du doigt. Leurs torches éclairaient la rue en lui donnant une allure lugubre en cette nuit sombre, les lumières vacillantes éclairaient légèrement la brume par le dessous en déployant des teintes orangées. Et moi, je filais joyeusement dans tout ce bordel, osant lâcher une main du bord de la plateforme pour les congratuler d’un doigt.

Quelques balles fusèrent à ma rencontre, ainsi que flèches, javelots et tout projectile du plus digne au plus improvisé. Partiellement recouvert de haki, je sentis les chocs contre ma peau sans être mis en péril, un grand sourire au visage alors que ma seule main encore agrippée à la plateforme lâchait finalement sa prise. La plateforme continua sa chute accélérée vers les guerriers tandis que je retrouvais l’attraction terrestre normale. Toutefois, l’accélération prise à l’aide de la plateforme menaçait de m’envoyer droit dans un mur. Je descendis alors ma manche droite pour dévoiler l’objet qui entourait mon avant-bras : un grappoing, un objet fort utile semblable à un grappin placé sur un gantelet. D’un placement précis du poignet et des doigts, le mécanisme s’enclencha et le grappin partit vers le bâtiment le plus haut dans mon champ de vision. L’objet s’enroula sur une corniche et la corde se tendit pour réorienter ma chute et me faire passer le long du mur qui me menaçait dans un mouvement de balancier.

De son côté, la plateforme atterrit non sans heurts, le large morceau de toit explosa le sol à l’impact dans un nuage de poussière, projetant des dizaines de guerriers en tous sens et en écrasant d’autres. Telle une comète, le morceau de roche propulsé continua sa course dans la rue sans pour autant en suivre la voie. Les bâtiments furent éventrés pour les plus chanceux, beaucoup d’autres s’écroulèrent en s’ajoutant au nouveau brouillard de poussière alors que la nuit était déjà bien sombre et que les torches s’éteignaient les unes après les autres. La plateforme destructrice disparut finalement sous les bâtiments qui continuaient de s’écrouler en faisant gronder le pont.

« Notre dieu gronde mes frères ! Combattons pour défendre ses écailles ! » s’écria un cultiste au milieu de la rue en brandissant sa hache alors que l’étage d’un bâtiment à côté s’effondrait sur lui en l’éparpillant en bouillie sur le sol.

Perché à ma corniche au bout de mon grappoing, j’observais la scène en affichant un air satisfait. La destruction était mon adage et j’y faisais honneur. Encore, toujours, sans pitié pour ces canards boiteux. Lâchant la corniche, je retombais sur le balcon quelques mètres plus bas avant d’en enjamber la balustrade pour atterrir dans la rue. Des éboulements s’ajoutaient au chaos sur toute la partie droite de la rue éventrée violemment d’une diagonale destructrice marquée par le passage de la plateforme qui m’avait amenée jusqu’ici. Quelques rares chanceux dans le périmètre de l’attaque avaient survécus tant bien que mal et déambulaient dans la purée de poix composée de poussière mêlée à la brume qui était retombée.

« Alors les connards, on s’fait une valse ? » m’exclamais-je en m’approchant de façon mecançante vers les premiers adversaires à ma portée.





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Sous les Écailles du Serpent


Présent
✘ Solo




Un pas déterminé, à abattre méticuleusement chaque importun un peu trop zélé pour rester à moins de dix mètres de moi. Mes poings et mes pieds s’étaient teintés de rouge, émettant un bruit spongieux à chaque pas. Continuant de m’orienter à l’aide de mon fluide perceptif, j’avais les yeux entrouverts à n’y voir qu’à trois mètres en devinant les ombres des cultistes complètement désorientés qui tentaient de rejoindre leurs camarades. Toutefois, telle une bête insatiable, j’apparaissais devant eux dans cette purée de poix pour les abattre d’un coup mortel. Tous tentaient de fuir, sans autre espoir  que le nombre. Cependant, leurs camarades plus loin dans la rue s’animaient du même réflexe : la fuite, sans autre fioriture qu’une course dératée.

Ils fonçaient, empruntant les ruelles étroites et disparaissant dans les habitations afin de traverser leur quartier plus rapidement. Mais, faire dans le détail était mal me connaître et, au dernier adversaire abattu dans la rue je m’arrêtais devant le grand bâtiment rongé par la végétation sauvage. Une main levée brillante d’une aura violette en direction des toits, je l’abaissais violemment en appliquant une zone de gravité suffisamment augmentée pour faire gémir toute la structure du bâtiment avant que les fissures n’apparaissent sur la façade. Lézardes menaçantes qui évoluèrent rapidement des hauteurs du bâtiment à son rez-de-chaussée, le tout se mit à s’écrouler violemment. Les cris de quelques fanatiques s’élevaient ci et là sans que je n’y prête cure, j’avais d’autres chats à fouetter et j’avais hâte de prendre ma revanche sur ce vilain matou bodybuildé.

Plus j’avançais dans ces sombres bâtiments et plus les présences se faisaient nombreuses. Elles n’étaient pas en ordre de bataille et se contentaient à courir vers le cœur de leur territoire. Leurs supérieurs les avaient-ils contactés pour ordonner le repli et préparer la riposte ? C’était probable, et à présent était venu le temps de prendre une décision. Foncer dans le tas comme j’en avais l’habitude, un assaut auquel ils devaient sûrement s’attendre. Ou bien, détrousser un des cultistes en fuite et profiter de la situation pour m’infiltrer discrètement et attaquer comme un bourrin au moment opportun. Cette dernière option semblait plus avisée.

Au détour d’une ruelle, j’attrapais un fanatique seul par le col avant de l’enfoncer violemment dans un mur. M’assurant à l’aide de mon fluide perceptif, je me plaquais contre les murs de la ruelle au passage de fanatiques dans une rue adjacente. Attirant ma victime avec moi, je l’amenais jusqu’à un trou dans un mur donnant sur une chambre vide. Sans perdre un instant, je revêtis ses vêtements en piteux état, rabattant la capuche sur ma tête et ma casquette retournée. Il était difficile de maintenir pendant si longtemps le haki perceptif et ainsi déguisé je pus souffler quelques minutes avant de suivre un groupe de fanatiques de la confrérie du serpent à plumes. Tout autour, les quelques fuyards prenaient la même direction, se frayant un chemin dans la semi-végétation mêlée aux bâtiments tantôt en ruines tantôt dans un état impeccable malgré le lierre qui en parsemait la façade.

Fondu dans la masse de fanatiques, le capuchon rabattu jusqu’au dessus de mes yeux, je continuais de m’enfoncer dans les terres de la confrérie, me rendant peu à peu compte du nombre de personnes qui couraient à mes côtés. Des centaines, tant au sol que sur les toits, passant par les bâtiments et ressortant habilement par les fenêtres. C’était là leur principale force, des milliers de fanatiques qui se jetaient corps et âmes dans la bataille avec hargne et férocité. C’était également la raison pour laquelle leurs voisins de Karantane ne s’y attaquaient pas et les craignaient, allant jusqu’à éviter leur territoire quitte à passer par la mer pour faire un détour.

Mes pas me guidèrent au travers des rues dans l’atmosphère lugubre qui régnait sur le territoire. Plus j’avançais et plus les lieux étaient éclairés, gorgés de vie et dessinant l’ombre d’imposants bâtiments. La lueur orangée des torches illuminait la brume en partageant leurs teintes, la nimbant en un plafond de feu à présent à une dizaine de mètres au-dessus de nos têtes. Et enfin, les rues empruntées depuis quelques heures débouchèrent sur une place immense qui entourait un bâtiment plus imposant que tous les autres croisés jusqu’ici sur ce pont. Une sorte de temple pyramidal parasité de toutes part par la végétation, des arbres poussant même sur ses flancs.  

Tout autour de la place circulaire immense qui entourait le temple, l’endroit était noir de monde. Des centaines de guerriers féroces aux apparences différentes qui dénotaient probablement de l’appartenance de clans ou de castes au sein du culte. Me mêlant aux fanatiques, j’avançais entre les guerriers pour trouver le groupe correspondant à mon déguisement, des habits noirs dotés d’un capuchon, un apparat d’assassin à n’en pas douter. Mais pour l’instant, aucun n’était en vue, le groupe que je traversais était peu vêtu, principalement de pagnes et de lianes, arborant pour beaucoup des coiffes de plumes ornées de crocs de serpents. Les suivants semblaient si fiers de leur cannibalisme qu’ils s’en étaient taillés les dents en pointes, leur donnant un air effrayant mais qui était loin de m’impressionner. Tous armés jusqu’aux dents, préparés au combat.

Finalement, je tombais sur le groupe d’encapuchonnés, plus calmes que les autres à aiguiser leurs armes en silence. Ceux qui avaient attaqués le bidonville la veille étaient vêtus des mêmes atours et certains de ceux-ci y avaient probablement participé. Et, bien que la rage montait peu à peu en moi, il n’était pas encore temps de la déverser dans leurs gueules. Ainsi, je la laissais doucement monter, contrôlant ma colère à mesure que j’avançais, conscient que j’en aurais besoin une fois que je révélerais mon jeu. En attendant, je me contentais de me frayer un chemin entre les hommes en noir pour me rapprocher le plus possible de ce grand bâtiment intrigant. Un rugissement s’éleva alors en direction du temple, attirant l’attention de toutes les personnes présentes dans les parages. q

« Mes Frères !! » tonna la voix du guerrier jaguar, invisible à ma vue pour le moment alors que je continuais d’avancer dans la foule pour m’en approcher. « Aujourd’hui, le bétail se révolte et nous, bergers, avons pour divin devoir de les châtier ! Ne vous retenez pas, dévorez-les tous ! » rugit-il sous les acclamations et cris enragés de ses hommes.

Je m’étais suffisamment approché pour l’apercevoir, ce détenteur du zoan du léopard que je n’avais vu que sous sa forme hybride. Et cela lui allait bien, le guerrier ayant parfaitement épousé ses instincts bestiaux de prédateur carnivore, jusqu’à en oublier son humanité en s’adonnant au cannibalisme. Nous avions combattus férocement la veille, et lui comme moi en portions encore les stigmates bien que nous ne payions pas de mine. La ferveur de la bataille était plus forte que la douleur des blessures. Ainsi, deux choix s’offraient à moi : la raison qui penchait du côté du plan initial consistant à recueillir des informations pour préparer l’attaque, et l’envie de vengeance qui me mettrait assurément dans une position fâcheuse. Dans une de mes poches trônait un pistolet lance-fusée que m’avait confié Jin afin de sonner le début de l’attaque. Les différents groupes dispersés sur la largeur du pont avaient dû progresser grâce à notre diversion, il ne manquait plus qu’à leur indiquer le lieu où frapper.

« Faites couler le sang, mes frères ! Laissez-le s’infiltrer dans les interstices de sa carapace pour nourrir notre dieu et ainsi le faire renaître !! » rugit l’homme-bête en montant sur un kiosque au milieu de la place, haranguant la foule de grands gestes et rugissements sauvages.

Au cœur de la foule qui criait en chœur avec leur général, mon sourire perçait sous l’ombre du capuchon, mes doigts se crispant en poings rageurs. L’impatience, l’envie irrésistible de fracasser cet hybride jusqu’à exaucer son vœu de répandre le sang. Il l’avait mérité après tout, ayant initié l’attaque qui avait eut lieu la veille, où les pauvres habitants du territoire voisin s’étaient fait massacrés violemment. Le sang avait déjà coulé, et abonda ment, il fallait à présent donner notre réponse.

Au diable la raison qui me hurlait de ne pas céder, elle réagissait bien trop tard. Sous les acclamations des cultistes sanguinaires qui pourléchaient déjà leurs armes à l’attente du combat, je m’étais élancé. Bondissant puissamment en m’élevant à la seule force de mes jambes, j’avalais la distance me séparant du guerrier-jaguar, bien décidé à lui faire bouffer ses crocs. Et, bien que détenteur d’un haki perceptif efficace, son corps ne pu réagir à temps. M’adaptant à mon adversaire qui m’avait déjà mené aux portes du trépas, j’avais mis toute ma puissance en m’élançant sur lui telle une bête enragée. Ces salopards de cultistes voulaient se montrer bestiaux ? J’allais leur montrer ce qu’était un véritable monstre.


Fly Me to the Moon



Teinté à la fois de l’ébène du fluide offensif et de cette aura violette de mon fruit du démon, mon poing fila droit dans la gueule de l’hybride félin de près de quatre mètres. Se synchronisant avec l’impact de mon poing, mes pouvoirs maudits se déclenchèrent en formant un couloir gravitationnel  qui filait droit à l’horizontale. Mes phalanges s’enfoncèrent dans sa peau, la tordant violemment sous le choc en le propulsant dans la gravité artificielle. Cette dernière faisait déjà son chemin dans le décor, influençant tout ce qui s’y trouvait pour le pousser dans la direction désirée. Les corps se soulevèrent dans un balais macabre, s’entrechoquant en se mêlant aux objets qui s’y joignaient. Même les pavés de la place se soulevaient avec eux, le tout propulsé au travers  des bâtiments. Une débauche de violence en plein milieu d’une place bondée de guerriers à perte de vue.

« J’ai peut-être été un peu impulsif sur ce coup là. » déclarais-je sous les regards surpris des fanatiques, se muant rapidement en colère.

D’un même mouvement, la marée humaine se mit en branle, se refermant sur moi en criant et levant leurs armes, bien décidés à me déchiqueter pour une digestion plus aisée. La journée allait être longue.





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Sous les Écailles du Serpent


Présent
✘ Solo




Au milieu de la grande place, le chaos n’avait pas perdu de temps pour entamer son règne. Lames sorties, armes à feu pointées droit sur moi, le métal se mit à voler de tous côtés dans une cacophonie de détonations et de cris. La colère supplanta la surprise et le combat s’enclencha. Le gros chat avait volé sur près d’une centaine de mètres, dépassant la place pour traverser quelques bâtiments en disparaissant à ma vue. Et, tant qu’il n’était plus dans les parages, je n’avais rien à craindre de ces vermines qui m’entouraient et ce peu importe leur nombre. Du moins, c’est ce que mon égo me susurrait à l’oreille.

Le haki de l’observation toujours aussi utile dans ce genre de situation, j’esquivais les balles et les sabres dans une danse macabre où chaque pas finissait par un coup, de poing ou de pied en envoyant valser les fanatiques par grappes. À mesure que j’avançais mes membres se recouvraient d’une épaisse couche noire luisante de fluide offensif, et mes frappes se firent plus puissantes, plus létales. Le sang se projetait en gerbes à mon passage, arrosant copieusement les interstices entre les pavés de la place qui, sous cet angle, ressemblaient étrangement à des écailles. Cela me rappela ce qu’avait dit le guerrier-jaguar un peu plus tôt, mis à part que le sang qui coulait n’était ni le mien ni celui de mes hommes. Pris dans l’exaltation de la bataille, je sentis le froid d’une lame érafler ma peau sous mes côtes avant de réagir en tournant sur moi-même pour faucher le sabreur d’un coup de pied qui le cueillit à la gorge en l’envoyant voler dans les airs au-dessus de ses congénères comme un pantin désarticulé.

Je bondissais et retombais un peu plus loin en écrasant mon pied sur un groupe de guerriers pris de court, les enfonçant dans le cratère qui se forma à l’impact. Les cultistes alentours s’élançaient sans cesse sur moi, se confrontant rapidement à mes pouvoirs de maudit.


Kneel !



Pointant un doigt au sol, celui-ci s’illumina brièvement d’une aura violette alors que la gravité dans une dizaine de mètres de diamètre autour de moi augmentait drastiquement. Un malchanceux qui avait bondit en levant sa massue au-dessus de sa tête s’écrasa devant moi, son arme également soumise à l’attraction lui fracassa le crâne en l’enfonçant dans les pavés. Tout autour, les guerriers se retrouvaient plaqués ou broyés au sol pour les plus faibles, certains parvenaient à résister un genou au sol en tentant vainement de lutter. Et, il y avait les exceptions. Ceux qui sortaient un peu du lot, bien qu’aucun ne parvenait à faire un pas, mais debout malgré tout.

La zone, certes limitée, avait emprisonné bon nombre de fanatiques et quelques-uns de leurs camarades s’y étaient élancés en pensant pouvoir les sauver ou m’attaquer. Ainsi, sourire aux lèvres, j’avançais en frappant les guerriers paralysés sans faire preuve d’une once de pitié. La zone de gravité désormais concentrée au niveau du sol, cela m’offrit suffisamment de répit pour sortir le pistolet lance-fusée qui signalerait ma position à mes propres forces. Aussi puissant que je pouvais l’être, ou que je pensais l’être, affronter autant d’adversaires en plus du guerrier-jaguar serait trop pour moi. L’arme pointée vers le ciel, je pressais la détente pour laisser partir la fusée qui siffla d’un son strident en s’élevant dans les airs, disparaissant dans la large masse brumeuse au-dessus de nos tête. Le sifflement s’éloigna, laissant passer quelques secondes pendant lesquelles je me mis à douter.

« Ainsi tu n’étais pas mort, l’albinos. » grogna alors la voix de l’homme léopard, s’avançant dans ma direction jusqu’à l’orée de ma gravité. « Je ne sais pas trop ce que tu avais prévu, mais tu t’es jeté de toi-même dans la gueule de la bête, prépare-toi à mourir. »

À plusieurs dizaines de mètres dans les airs à travers le brouillard, une lueur rouge intense éclata en propageant sa teinte dans la brume. Soudain, le ciel se teinta d’un rouge ardent, telle une mer de flammes surplombant nos têtes. La nuit fut chassée dans la place, sous cette lumière inquiétante qui donnait à la scène un je-ne-sais-quoi d’infernal, l’environnement parfait pour déchaîner les enfers.

« Désolé mon gros chat, changement de programme, ce soir le serpent sera dévoré par une plus grosse bête. » ricanais-je en m’avançant à sa rencontre.

Je relâchais la zone de gravité alors que mon pas accélérait, laissant l’homme-bête s’élancer à son tour. Autour de nous, le monde semblait s’être figé. Ne s’étant pas encore rendu compte de la levée de ma malédiction gravitationnelle, ils n’osaient pas s’avancer. Et, ceux précédemment influencés peinaient encore à se relever, pour ceux qui n’avaient pas finis à l’état de crêpe enfoncée dans le sol.

Finalement vint le choc, mon poing s’écrasant sur celui d’Elzar avec une force démentielle tant d’un côté que de l’autre, déployant une onde de choc qui souffla les quelques malheureux cultistes un peu trop proches. Les coups s’enchaînèrent à toute vitesse, esquivant ses griffes meurtrières qui déchiraient si vite l’air qui nous séparait qu’elles créaient des lames d’air parallèles. Ces dernières s’écrasaient autour de nous à mesure que je les évitais, répliquant de coups de pieds qui frôlaient la fourrure de l’homme-bête. Nos haki de l’observation respectifs en ébullition, nous étions en pleine conscience de l’espace qui nous entourait et de tout ce qu’il s’y passait. Néanmoins, les attaques meurtrières du guerrier-jaguar atteignaient ses alliés, démontrant bien qu’en pleine connaissance de la situation et de son environnement il se fichait bien de la vie de tous ces fanatiques pourvu qu’il atteigne son but. Pour un détenteur du haki de l’empathie, il en manquait grandement.

« Merci pour le coup de main, j’en demandais pas tant. » raillais-je en esquivant un énième coup de griffe en me pliant en arrière, plaçant mes mains au sol pour élancer mes pieds droit vers son menton.

C’était là le second coup qui l’atteignit, le faisant reculer alors que ma rondade me faisait revenir droit sur mes jambes. À quelques mètres, les cultistes se tenaient prêts à intervenir, râclant leurs lames contre le sol ou leurs propres langues en tentative d’intimidation. Toutefois, ils n’avançaient pas, jetant de vifs coups d’œil de moi à Elzar comme s’ils attendaient ses ordres. Et c’était bien le cas, ce sauvage bestial m’ayant déjà marqué comme étant sa proie ses guerriers n’osaient pas intervenir sous peine de subir son courroux. Ainsi, un cercle s’était formé autour de nous, assez large pour accueillir notre combat, en nous sous-estimant à mes yeux.

« Décevant...des centaines de guerriers et pas un seul qui ose avancer. On m’avait dit que vous étiez sauvages, mais en vérité vous êtes vachement pondérés. » ricanais-je en le fixant droit dans ses pupilles félines.

« Pondéquoi ? » tiqua-t-il, ne pouvant s’empêcher d’afficher un air circonspect sur son visage animal.

« Putain, je m’y attendais. Le guerrier-jaguar illettré, ton titre s’allonge mon pote ! »

« Comment oses-tu ! » grogna-t-il tandis qu’il s’élançait en arborant ses griffes.

Trop rapide malgré le haki, je croisais mes bras ébènes pour encaisser le choc, sentant ses armes naturellement maudites érafler mon armure. Dépliant mes bras en repoussant les siens, mes mains s’illuminèrent d’une aura violette. Soudainement, le corps du guerrier-jaguar fut violemment attiré vers le sol dans une zone limitée à quelques mètres l’entourant. Momentanément déséquilibré, j’en profitais pour le frapper allègrement, commençant par quelques coups de poings, les premiers l’atteignant avant qu’il ne parvienne à lever ses larges pattes velues pour encaisser une partie des chocs. Peu à peu, l’animal s’habituait à la pesanteur affligée sur sa personne, commençant à reculer afin de s’en échapper. M’élançant d’un bond au-dessus de lui, je retombais en dépliant une jambe renforcée entièrement d’une épaisse couche de haki. Brutalement cueillit à l’épaule, le choc le repoussa au sol en s’ajoutant à la gravité augmentée. Tout autour de lui, les pavés éclataient en fissures multiples alors que le sol s’affaissait sous son corps.

Loin d’avoir dit son dernier mot, Elzar poussa puissamment sur ses pattes pour que son dos me percute en parvenant à lutter contre la pesanteur. Projeté en arrière, j’atterris dans un groupe de guerriers qui tombèrent au sol en amortissant ma chute. Ne les laissant pas se relever, je les martelais pour qu’ils se tiennent tranquilles et me relevais pour faire face à mon adversaire. Sortit de la zone de gravité, le guerrier-jaguar s’avançait en faisant tinter ses griffes telles des lames. Et, suivant son sourire narquoisement carnassier, il bondit alors que je faisais de même. S’élevant à près de cinq mètres, nous nous rencontrions en enchaînant les coups. Ses griffes traçaient des sillons dans mon armure ébène, menaçant de la briser à tout instant, tandis que mes poings s’écrasaient dans sa fourrure jusqu’à sentir la peau qui s’y cachait et la frapper le plus durement possible.

Finalement, mon dernier coup chargé de mes pouvoirs de gravité l’engloba dans un couloir qui le projeta en direction du centre de la place. Toutefois, son haki perceptif ayant anticipé, il s’agrippa à mon poignet pour m’emporter dans sa chute. Pendant la projection, j’eus beau me débattre je n’arrivais pas à me défaire de sa prise, optant pour l’offensive en le frappant de coups de pieds et de mon seul poing libre, m’opposant aux griffes de sa patte libre. Ces dernières parvinrent à déchirer mon sweat-shirt en entaillant mon torse de plusieurs estafilades parfaitement parallèles qui se joignirent en croix aux blessures qu’il m’avait infligé la veille. Et vint le choc, issu de la projection brutale de la bête qui m’emportait à sa suite. Juste avant l’impact, j’avais recouvert l’intégralité de mon corps de l’ébène du haki pour encaisser, et me relevais en grommelant dans un nuage de poussière.  

J’avais perdu Elzar de vue, et avais également quitté son contact, bien que nous n’en avions pas besoin étant tous deux extralucides. Dans l’obscure nuit de mon esprit, je vis approcher la large aura du guerrier-jaguar. Plus loin, les rangs des fanatiques qui nous entouraient se désorganisaient alors que les cris retentissaient, me mettant la puce à l’oreille quant à leur origine.

« Cesse de lutter mon chat. » ricanais-je en esquivant un premier coup de griffes. « Il semblerait que la cavalerie soit arrivée. »

En étendant mon haki perceptif dans cette purée de poix, je me rendis compte du nombre grandissant de lumières apparaissant de tous côtés. Mes forces avaient répondues à la fusée d’éclairage qui avait embrasée le ciel brumeux. Mais, à trop me concentrer sur mes alentours, le guerrier-jaguar me prit de vitesse et m’attrapa à la gorge dans sa poussée. Il sortit à toute vitesse du brouillard en m’emportant avec lui, traversant la place en fauchant ses propres hommes jusqu’à l’immense bâtiment pyramidal qui en habitait le centre. Tenu à la gorge, je sentis mon dos s’enfoncer dans la roche et la douleur l’accompagnant qui vrillait chaque parcelle de mon anatomie. Mon sang remonta ma gorge pour ressortir par ma bouche en arrosant copieusement le zoan carnivore.

« Tu es bien trop confiant, vermine albinos. Tu n’es pas le seul à posséder la double-vue et ton petit plan est vain. » ronronna-t-il face à moi, s’approchant en savourant le moment, comme le méchant d’un film qui parle pendant des heures. « Tu ignores tout de notre territoire, et tu nous as ramené tout le bétail dont nous avions besoin, c’est très gentil de ta part Grrrahahaha. » éclata-t-il d’un rire animal et inquiétant.

Sa prise se refermait de plus en plus sur ma gorge, coupant l’oxygène qui parvenait à mon cerveau, le faisant dériver au fil de mes pensées tumultueuses et désorganisées. Des feux s’étaient déclarés en plusieurs endroits de la place, illuminant les lieux et me permettant d’apercevoir mes hommes d’équipage aux côtés des habitants du quartier voisin qui attaquaient les fanatiques en sortant de tous côtés. Le plan semblant se dérouler sans accrocs, mais alors pourquoi Elzar semblait si confiant ?

« Le corps de notre dieu est vaste, humain. Impossible pour ton mantra de le couvrir dans toute sa grandeur. » ricana-t-il de plus belle.

Peinant toujours à respirer, je continuais de marteler le visage de l’homme-bête afin de le faire lâcher prise, mais rien n’y faisait malgré les ecchymoses violacées qui apparaissaient sous son épais poil jaune et noir. Et, alors que j’écrasais une énième fois mon poing sur sa gueule, j’y ajoutais cette fois-ci les pouvoirs de mon fruit du démon afin de créer une zone brève mais puissante entre la bête et moi pour violemment le projeter en arrière. Frappant par le même temps son poignet, il lâcha finalement et s’envola sur une dizaine de mètres avant de se réceptionner à quatre pattes en épousant pleinement ses réflexes animaux.

« Tu sous-estimes mes hommes, ils n’ont rien à voir avec tes guerriers même pas capables de manier un sabre correctement. »

« Rien ne vaut le menu fretin pour faire sortir le lapin de son terrier. » grogna-t-il amusé en essuyant le long filet de sang qui coulait de ses babines entrouvertes.

Soudain, son sourire se figea alors que sa gueule s’ouvrait pour en laisser sortir un long et puissant rugissement qui emplit la place, se réverbérant au-delà dans les ruelles étroites. Il n’avait pas besoin de fusée éclairante pour donner le signal, son cri bestial suffisait amplement.

Conscient que quelque chose clochait, j’observais les alentours en proie à la bataille opposant mes hommes à ceux d’Elzar. Je voyais les blugoris charger dans le tas menés par Nina et Jin, ne faisant pas de quartier en abattant leurs adversaires les uns après les autres. Sur un toit, Eve tirait ses graines de Green Pop en faisant jaillir des plantes carnivores et des buissons paralysants, accompagnée par des habitants du bidonville armés de toutes sortes de projectiles et armes à distance afin de faire pleuvoir l’enfer sur les fanatiques. À l’autre extrémité de la place, les tontattas menés par Norbert et Mirabelle bondissaient en tous sens à toute vitesse, se faufilant entre leurs adversaires pour frapper à des endroits sensibles de leurs lames aussi longues que des cure-dents mais aussi tranchantes que des rasoirs. Quant à Roy, son entrée fut la plus remarquée. J’avais chargé le minks de rejoindre l’Amadeus qui était en approche du pont à ce moment-là et, avec l’aide des deux cents charpentiers sous ses ordres, de remonter Borat jusqu’au pont. Lui aussi faisait partie de l’équipage, et il méritait bien de combattre à nos côtés. Ainsi monté par une cinquantaine d’individus armés d’arcs et de fusils, le cochon vert géant déboula dans la place en faisant s’écrouler une partie de la rue par laquelle il était passé. Lourdement gardé par le reste des charpentiers ainsi que plusieurs centaines d’habitants armés comme ils le pouvaient, la troupe chargea en écrasant tous ceux qui osaient leur barrer la route.

Toutefois, malgré la bataille qui tournait en notre faveur, le rugissement d’Elzar et son sourire sadique qu’il affichait à présent m’inquiétait grandement. Déployant alors mon haki de l’observation, j’atteignis la bordure de la place et encore plus loin jusqu’à les ressentir. Nombreux, de plus en plus, des centaines de points lumineux apparaissaient de toutes parts, comme sortants des entrailles du pont, expliquant sans doute pourquoi je ne les avais pas découverts plus tôt. De plus, ce nombre n’était rien en comparaison de ce qui grouillait dans l’immense bâtiment pyramidal juste derrière moi. Cela me faisait penser à une fourmilière tant leur nombre était impressionnant, ainsi cela expliquait pourquoi le reste du pont les craignaient tant et les laissaient agir à leur guise.

Aux abords de la place, en quatre endroits par lesquels mes troupes étaient arrivées, la marée humaine déferla. Tout d’abord des sauvages seulement habillés de pagnes, arborant des scarifications qui dessinaient des motifs sur leurs corps, brandissant des armes rudimentaires avec une sauvagerie remarquable. En un autre point c’étaient une armée d’encapuchonnés menés par ce qui ressemblait à un géant, ou bien un type sacrément grand, mais de là à atteindre cinq mètres il avait dû manger beaucoup de soupe. Armé d’un gourdin presque aussi grand que lui, il l’écrasait de tous côtés en braillant des mots incompréhensibles. Et, une autre ombre encore plus grande apparut du côté de Borat, s’élançant sur ce dernier en le chargeant d’un coup d’épaule qui le fit vaciller et s’écraser à moitié sur une maison avant de se relever en poussant un long mugissement. Le géant devait pratiquement culminer à dix mètres, paraissant petit à côté du pachyderme mais représentant tout de même une grande menace pour lui. Et enfin, un grincement survint derrière moi. Je me retournais alors pour admirer ce que j’avais pris pour un mur s’ouvrir en deux pour laisser apparaître une entrée béante et sombre de près de quinze mètres de haut de laquelle surgirent des centaines de guerriers de chaque tribu composant la confrérie du serpent à plumes, s’élançant dans la bataille en hurlant à pleins poumons.

« Que le festin commence !! » rugit Elzar en se léchant les babines.

Poings serrés, sentant déjà mes forces s’amenuiser, je m’élançais en direction de la marée de fanatiques en hurlant à mon tour. Les flammes, les lames, les balles et le sang avaient à présent emplies la place, laissant le chaos et la folie régner en maître sur les esprits de chaque combattant qui y était engagé. Peut-être était-ce là ma fin que je rencontrais en ce jour, m’étant attaqué à plus fort que moi, mais je refusais de l’accepter. Et, si c’était bien mon heure, j’emporterais ces pourritures de fanatiques avec moi, quitte à faire voler ce pont en éclats.

« It’s showtime ! »






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