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Le Cimetiére a des Yeux

Dans les vestiges enfouis de la Nouvelle Ohara

D'abord il y eu des rumeurs, des bruits, des choses venant des profondeurs, de toutes ces couches de civilisation éteintes qui dorment à jamais dans les profondeurs d'Ohara, sous les racines du grand arbre qui les a vu naitre et disparaitre par le fer et le feu. Des couches et des couches entassées de tombes, de cadavres, de souffrance et de douleurs passées dont seuls quelques esprits se souviennent.

Et puis, ceux qui les fouillent ont commencés à disparaitre. Et ceux qui revenaient semblaient devenus fous, ils parlaient de pierres devenues vivantes, de statues s'animant, de murs se refermant sur les intrus pour les avaler comme des bouches affamés et avides.

Alors les bibliothécaire ont commencé à chercher. A consulter de vieux ouvrages interdit parlant de ce qu'il y avait sous leurs pieds. Trop tard, bien tard.

Car déjà il était la, sur eux. Funeste, inhumain, incompréhensible,


Macabre




Aucune, les morts ne parlent plus.

Né de l’accumulation de souffrances et de peines, le Macabre est une abomination qui n’aurait jamais dû voir le jour.

Son existence même est une aberration de la nature qui ne sera jamais comprise ou expliquée de façon rationnelle et scientifique. Agglomérat de plusieurs pierres tombales, parois de cercueils ou encore partie de caveaux, cette créature terrifiante veille à la quiétude des cimetières. Pas un oiseau, mammifère ou humain ne peut se targuer de l’avoir dérangé. Cette ambiance pesante, lourde et surnaturelle par son silence est l’œuvre de ce démon dont personne ne parvint à se débarrasser.



Les Golems du Macabre
Le Macabre est le maitre de la matière, et quand il s'éveille, tout ce qui l'entoure fait de même, et ceux qui se dressent contre lui se retrouvent à affronter une véritable déferlante de statues animées ou de créatures assemblées de bric et de de broc avec tout ce qui traine autour de lui. Pierre Tombales qui vous sautent sur le pied pour vous écraser les orteils, vaisselle kamikaze ou pavés sauteurs...


Stats : Armée d'objets animés de 2 a 100 dorikis.
Pouvoirs : Lent, plus ou moins fragile, cesse de fonctionner quand détruit



Niveau évalué :
Dorikis : XxX
PP : Ce n’est qu’un mythe
PI : Ce n’est qu’un mythe
Localisation : Dans un cimetière abandonné de West Blue
Créateur du PNJ : Staff

Habiletés/Pouvoirs :
- Conviction inébranlable (en la mort)
- Lithomancie
- Isolé, ignifuge et cryofuge
    Le cimetière a des yeux

    La Nouvelle Ohara. Terre évidemment mythique lorsque l'on parle d’histoire. La sienne bien sûr, devenue légende après son ravage il y a un siècle de cela au moyen du tristement célèbre Buster Call, cette arme de destruction massive du gouvernement mondial qu’il n’emploie qu’en dernier recours. Et la nôtre, les récits sur le savoir disséminé sur cette île étant connus de tous ou presque. Savoir proclamé si dangereux par nos dirigeants que le simple fait d’entrer en sa connaissance peut faire de vous un criminel mondialement recherché. Le savoir, c’est le pouvoir. D’après eux.

    D’après moi, le savoir c’est la vie.

    Presque littéralement, à vrai dire. Vous le savez, je suis conteuse. Et je ne peux conter que ce que je connais. Pour gagner ma vie, je suis donc bien obligée d’apprendre. Mais la vérité c’est que j’adore ça. Mythes, récits, légendes… voilà ce qui fait battre mon cœur. Voilà ce qui avive la flamme au fond de mes yeux rubis. Sans cela, je fanerais telle une fleur sans soleil, je dépérirais du même ennui mortel qui me tenait compagnie sur Carcinomia. Je vous le disais, le savoir c’est la vie. Dans tous les sens du terme.

    La Nouvelle Ohara. Comment aurais-je pu passer à côté de ce trésor ? La réputation de sa bibliothèque n’est plus à faire. Je m’excuse par avance pour celles et ceux qui les trouvent barbantes, mais il m’était tout bonnement impossible de ne pas m’y arrêter pour aller piocher toujours plus d’inspiration pour mes prochaines représentations.

    C’est que je bosse pour vous moi hein.

    Ce chapitre ne sera donc pas celui d’une aventure épique pleine de rebondissements improbables, de rencontres mémorables et d’émotions à vous fendre le cœur. Enfin, c’est ce que je croyais. À peine le temps d’arriver sur l’île, de glaner quelques informations à droite et à gauche et de passer deux jours à dévorer les ouvrages de la bibliothèque que déjà certaines rumeurs parvenaient à mes oreilles. Des rumeurs faisant état de créatures cauchemardesques et antiques somnolant sous les racines de l’arbre des Anciens. On commença à mentionner le cimetière abandonné. Les érudits d’Ohara se mirent en ébullition…

    Et moi je me dis que cela recèle sans aucun doute matière à effrayer des gnards agaçants au coin du feu.

    Certains de feu mon entourage disent que j’ai la capacité de concentration d’un enfant hyperactif de quatre ans. Puisqu’il n’existe pas de diagnostic de cette maladie dans notre monde, on ne le saura sans doute jamais. Toujours est-il qu’il n'en faut pas plus pour que je perde instantanément et intégralement de vue la raison première de ma venue sur Ohara. J’ai besoin de connaître le fin mot de cette histoire.

    Et c’est ainsi que je me retrouve à visiter un cimetière abandonné à la tombée de la nuit.

    D’aucuns m’auraient dit qu’il aurait été plus sage et prudent de ne pas m’y rendre seule. Je leur aurais sans doute répondu par un vague haussement d’épaule et un sourcil arqué d’incompréhension. Les gens sont définitivement fort ennuyeux. Nul besoin de compagnons, puisque j’ai déjà des protagonistes pour ce futur conte. Enfin, normalement. Car lorsque je pénètre dans la nécropole, je ne vois pas l’ombre d’une statue vivante ou d’un pot de fleur déchaîné. Diantre. Le lieu est certes lugubre, mais pas de quoi en devenir zinzin. La déception est de mise. En désespoir de cause, j’erre pendant quelques minutes au milieu des pierres tombales à l’abandon, cherchant parmi les épitaphes une quelconque inspiration pour ce fameux conte que je vais semble-t-il finalement devoir inventer. Au moins, le macabre silence qui règne facilite la lecture. Seuls le bruissement des feuilles mortes sous mes pas et ce « crac » non loin de moi viennent troubler la quiétude de cet endroit sinistre.

    …Comment ça, « crac » ?

    POV:

    J’ai à peine le temps de me retourner que l’énorme pierre tombale du regretté « Machin Truc » vient me percuter dans le ventre à pleine vitesse, m’envoyant valser un bon mètre plus loin en me coupant violemment le souffle. Après une roulade aussi acrobatique que peu élégante, je tente douloureusement de me redresser. A quatre pattes, je cherche avec moult peine à retrouver ma respiration, inspirant bruyamment alors que le sang me monte à la bouche. Saleté de caillasse. Alors survient le vacarme assourdissant de la Terre qui se brise à quelques mètres de moi. Le bruit de la destruction.

    Le bruit de la mort.

    Et de l’énorme faille qui vient d’apparaître sous mes yeux écarlates surgit une abomination que même mon imagination -pourtant faste- a du mal à concevoir. Amoncellement anarchique de morceaux de tous les édifices possibles évoquant la mort -et croyez-moi, ils sont légion dans un cimetière-, la chose possède une forme surnaturelle que mes mots ne pourraient décrire avec exactitude. Et quand ses iris d’un jaune aussi froid que le rouge des miens est ardent se posent sur moi, je laisse échapper un grognement de douleur alors que l’horrible cicatrice à mon abdomen, doux souvenir de ma fuite de Carcinomia, se réveille soudainement. Après quelques secondes, je me relève dans un nouveau râle d’effort. J’ai du mal à l’imaginer, mais je crois que je la comprends. Cette saloperie est la mort. C’est la souffrance. Un sourire éclaire mon visage.

    Voilà une abomination digne d’un de mes contes.

    J’ai vaillamment combattu et survécu aux affres d’un ennui mortel pendant des années sur mon île d’origine, c’est pas un bout de caillou puant qui va me faire peur. Mon pied intercepte à la volée le vase plein de chrysanthèmes défraichies qui vole dans ma direction, le brisant en mille morceaux dans un mouvement rotatif que j’ai appris en « classe » -aussi connue sous le nom de « guet-apens au milieu de Virus »- auprès de Louli -rappelez-moi d’ailleurs de lui demander lorsque je reviendrai sur Carci’ si c’est normal que ça me fritte autant-, tandis que mon regard se plante dans celui de l'Abjection.

    -Eh, toi là ! Tu sais qui je suis ?


    Dernière édition par Charlie O. Valentine le Jeu 10 Nov 2022 - 12:52, édité 4 fois
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    Rien, si ce n’est le silence. Les profondeurs d’Ohara sont un lieu sordide où, en temps normal, on paraît entendre les agonisantes complaintes des esprits partis brusquement lors du terrible incident du Buster Call. Aujourd’hui, cependant, seul le silence règne dans ce royaume macabre. J’avais pris l’habitude de venir ici lorsque nous célébrions nos morts, et jamais je ne m’étais senti aussi oppressé. Peut-être était-ce de la peur, après tout.

    Évitant habituellement de revenir sur ma terre natale, je tâche de visiter mes parents ainsi que la bibliothèque de temps à autres. Simplement pour prendre des nouvelles et montrer que je vis toujours. Cette fois, néanmoins, ce sont des rumeurs qui m’ont amené sur place. Malgré ma place au sein du Gouvernement Mondial, je m’efforce de surveiller attentivement les activités intellectuelles de l’île, par crainte de voir les autorités sévir à nouveau contre mes congénères. Ainsi, je me suis immédiatement rendu sur place quand on m’a parlé de lectures « douteuses » et de recherches « malsaines ». Mes projets ont rapidement évolué lorsque j’ai appris que les fouilles avaient eu de graves conséquences pour les érudits un peu trop curieux.

    Me voilà ainsi sous notre Grand Arbre, un grand masque blanc sur le visage pour éventuellement me dissimuler aux yeux de mes proches. Puis, à mesure que j’avance, le silence disparaît pour laisser place à des tremblements et des fracas en tout genre. Progressivement, les bruits se précisent, jusqu’à ce que je sois entouré de tombes, de statues et d’artéfacts variés. Plus loin, une femme inconnue se bat contre quelqu’un… ou quelque chose ? Est-ce… une statue ?

    Tournant brusquement la tête, je découvre une silhouette encapuchonnée s’animer. Profitant de ma confusion, elle m’assène une violente frappe sur mes côtes, que je parviens à mitiger in-extremis grâce à mon Tekkai. Le bras de la statue s’émiette alors, cédant face à ma défense. Bon sang, un monument si symbolique ! Quelle horreur. Et sur la gauche, je dois esquiver des petits vases mortuaires qui prennent vie et m’attaquent. Initialement résigné à les endommager, je décide de les briser suite à quelques coups subis stupidement. A chaque attaque, je m'excuse profondément auprès de mes ancêtres. J'ai l'horrible impressionner de profaner une tombe. Illégalement, je veux dire. Avec de mauvaises intentions, en tout cas.

    Si je parviens à repousser une première vague d’objets animés, l’inconnue subit quelques dégâts. Une impulsion me permet de me rapprocher d’elle et de distraire l’attention de certains « ennemis » afin de la soutenir. Réduisant progressivement leur nombre, je finis par me stopper net devant une tombe. Mon poing à quelques centimètres de la pierre, je le retire doucement pour voir le nom « Daewon » se révéler à moi. Bon sang… une angoisse indescriptible me parcourait et m’engourdissait. Je me retrouve aussitôt au sol, surpris par une contre-attaque que je n’avais su parer. Le voyant revenir, je serre les dents derrière mon masque et frappe avec écoeurement la pierre animée.

    Encore au sol, regardant avec effroi les fragments brisés, je ressens alors… quelque chose. Gigantesque, écrasant, funeste. Un effrayant agglomérat de pierres, de tombes et d’ossements était apparu et nous étudiait de son regard ardent. A la fois effrayé et fasciné, je suis ramené à la réalité par une voix féminine, appartenant à l’étrangère. Elle a du courage, je dois bien l’admettre. Je me lève silencieusement et fait face à l’assemblage macabre.

    « Sous nos pieds… depuis tout ce temps ? Comment ? » murmurais-je dans une certaine incompréhension.
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    Le cimetière a des yeux

    La réponse qui me parvient est anormalement... normale. Je dois avouer que j'aurais imaginé une voix un peu plus imposante de la part d'une entité aussi méphistophélique. Et je n'ai pas vu l'ombre d'un orifice s'ouvrir sur la créature pour délivrer cette phrase. Et aussi, je suis à peu près certaine que le son ne provenait pas du tout de sa direction. Et, maintenant que vous le dites, elle ne répondait absolument pas à ma question. Après réflexion, il est envisageable que son auteur ne soit pas mon apocalyptique adversaire. Mais alors, qui ? Une bien étrange énigme que je parviens contre toute attente à résoudre en tournant mon regard d'un quart de tour sur la droite. Oh. Alors je n'étais en réalité pas seule dans ce cimetière ? Première nouvelle.

    -Oh, salut !

    Concentration, Charlie.

    Le nouvel -l'est-il vraiment ?- arrivant est lui aussi aux prises avec ce me semble être une pierre tombale et autres funestes éléments de décor qui ont eu l'idée saugrenue de s'animer. Tout en geignant intérieurement à cause de la douleur qui me lance le pied suite à mon attaque fortuite, celle de ma cicatrice que le monstre a réveillée par je ne sais quelle magie et celle de mon bas-ventre qui a fait la malencontreuse rencontre d'un énorme bloc de pierre -oui, cet affrontement se présente sous les meilleurs augures, je sais-, je prends un instant pour l'examiner. Un sourire ironique traverse mon visage alors que je me fais la réflexion qu'il est à peu de choses près mon exact opposé : aussi droit et austère que je suis tordue et inappropriée, il a enfilé un masque aussi blanc que le mien est noir et il a l'air d'autant savoir ce qu'il fait que je ne suis en train de me battre avec mon propre corps.

    En parlant de se battre, il ne faudrait pas que j'oublie que je suis déjà légèrement occupée, et mon instant de déconcentration me vaut de voir une nouvelle salve d'ennemis s'abattre sur moi. J'attrape une pierre tombale au vol et la renvoie dans ses vingt-deux, emportant au passage quelques cadres et objets qui se ruaient sur moi. Bon. Il est temps de faire le ménage. Profitant d'un court instant de répit, j'enfile à mon tour mon masque. Voyons voir si les pouvoirs terrifiants que je suis capable d'en tirer seront suffisants pour me tirer de ce mauvais pas. Concentrant absolument toute la force spirituelle dont je dispose, je pose mon regard sur la monstruosité qui entre temps s'est approchée de moi, visiblement vexée par ma provocation.

    A ton avis, je peux être plus effrayante que toi ?

    -Bouh !

    Bien évidemment que non. Absolument rien ne se passe. Pourtant je sais que ma technique a fait effet. Je ressens la présence éthérée dans mon dos. Le froid. Ce frisson glacé qui saisit mon échine. Pour autant, le Macabre ne trésaille même pas. Suis-je vraiment surprise ? Cette chose n'éprouve certainement pas le moindre sentiment. Peut-être, au mieux, de la rage. Si, comme mon imagination fertile me le suggérait, j'ai en face de moi l'incarnation de la Mort, qu'est-ce que j'espérais vraiment ? Dis-moi, de quoi peut bien avoir peur la Mort ?

    -Hey t'as vu on est copains de masques !

    Concentration, Charlie.

    Aujourd'hui sera peut-être le jour où je vais enfin comprendre pourquoi on m'a déjà reproché à maintes reprises mon incapacité à appréhender le sérieux des situations dans lesquelles je me trouve. Mon petit aparté -bien trop enjoué- à destination de mon allié d’infortune est exactement le moment où l’immense cadavre exquis -qui, au cas où vous auriez encore un doute, n’a pas le moins du monde été affecté par ma technique des Yeux du Diable- décide de passer à l’attaque. Trop distraite à faire un concours de masque avec l’homme à côté de moi, je n’aperçois que trop tard l’énorme rocher qui lui sert de main s’abattre sur moi et ne parviens pas à l’esquiver à temps.

    Je n’ai éprouvé une telle douleur qu’à une seule et unique autre occasion dans ma vie, et croyez-moi je ne recommande pas. Le coup me propulse une nouvelle fois en arrière, non sans me briser quelques côtes au passage. Un violent flash blanc m’éblouit alors que je percute brutalement une énième sépulture. Si je survis à cet affrontement, j’aurai de quoi ouvrir des pompes funèbres. Mais rien n’est moins sûr. Sonnée, je discerne à peine au travers du voile qui atrophie ma vision la silhouette infernale avancer dans ma direction. Je suis même incapable de distinguer si elle flotte ou si elle marche. Quelle importance ? Dans un nouveau râle d’ahan je parviens non sans mal à me relever. Le long de mon arcade sourcilière, une goutte de sang commence à perler.

    Désolé mon vieux, mais tu ne te débarrasseras pas de moi aussi facilement.

    Tout en m’escrimant à atténuer les titubations, je me mets en garde, levant les poings devant mon visage comme Louli me l’a appris. Qu’il approche. Il y a encore un nain dans la Moria deux âmes dans le cimetière qui respirent. Geste futile ? Possiblement. Mon esprit embrumé me joue sans doute des tours, mais il me semble entrevoir un instant d’hésitation chez l’Abomination lorsque je me relève, juste avant qu’elle ne lève à nouveau son difforme bras pour m’asséner un nouveau coup. Cette fois-ci, elle cherche clairement à m’écraser. Sans surprise, ma pauvre garde ne tient pas le choc et je me retrouve à nouveau face contre terre.

    Jamais deux sans trois, comme on dit.

    Pourtant, j’ai le sentiment que cette attaque était moins puissante que la première. Mon corps s’est-il habitué à la souffrance ?  Ou bien est-ce la proximité -tant spatiale que temporelle- de la mort qui le pousse à m’injecter un tel shot d’adrénaline que je ne ressens plus la douleur ? Bon, je ne fais tout de même pas la fière : j’ai un nombre incalculable d’os brisés, je viens de cracher une gerbe de sang qui ne présage rien de bon et je suis incapable d’aligner correctement deux pensées tant la confusion qui règne dans mon esprit est grande. Alors c’est ça ? C’est ici que je vais crever ? En creusant de mon corps ma propre tombe au milieu du cimetière. Quelle ironie.

    C’est mort. Métaphoriquement.

    Je refuse. Il n’est pas question que je laisse ma peau dans un endroit aussi sinistre. J’ai encore trop de choses à faire. Trop d’aventures à vivre. Trop d’histoires à raconter. Je suis la narratrice de ce monde, il a besoin de moi. Le sifflement continu dans mes oreilles est assourdissant. J’arrive à soulever le haut de mon corps en m’appuyant sur mes mains. Je tousse un nouveau jet d’hémoglobine. Un pied, puis l’autre. Ce n’est que le début de ce conte. Je chancelle, mais parviens par miracle à tenir debout. Cette fois-ci, aussi confus que soit mon esprit, je le perçois avec certitude : le monstre ne supporte pas que je me relève. Sa colère est sourde -et muette-, mais elle est presque palpable. Comment un être aussi faible et insignifiant peut lui tenir tête ? L’excroissance qui lui fait office de bras se lève une dernière fois. Je ferme les yeux, me préparant à recevoir le coup.

    J’ai l’enfer aux bords des lèvres
    J’écris à l’article de la Mort
    Même Elle ne peut tuer un rêve
    L’esprit est plus fort que le corps


    Le coup n’arrive jamais.

    Alors que toute la rage de la créature s’abat sur moi, le bras se met soudainement à s’effriter pour tomber en l’espace d’un instant en poussière à mes pieds. Je n’ai plus l’énergie de me réjouir, ni même de m’étonner. Je vais devoir laisser le soin à mon collègue masqué de vaincre l’Abomination, victime d’un bien étrange mal…

    Dis-moi, de quoi peut bien avoir peur la Mort ?

    Spoiler:
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    Ma vision est obstruée en quelques instants par l’énorme masse tellurique qui s’abat avec violence contre ma partenaire. Je souhaite intervenir, mais des bras rocheux jaillissent du sol et m’immobilisent aussitôt. La poigne est si puissante que ma peau se déchire, faisant s’écouler une importante quantité de sang. Je parviens rapidement à briser mes chaînes, mais mon alliée a déjà encaissé plus qu’elle ne le pouvait. Elle tenait debout par je-ne-sais quel miracle, faisant face à cet avatar de la mort comme si elle était elle-même une championne de la vie.

    Face à cette chose incompréhensible, elle lui fait face et ne recule pas… Merde. Je charge à toute vitesse l’assemblage pour lui prêter main-forte. Ce qui paraît être une montagne manque de s’abattre sur moi, mais je parviens à esquiver. Une main au sol, je me propulse vers le haut et frappe de toutes mes forces contre notre ennemi. Cependant, une pression gigantesque contre mon épaule me ramène à la terrible réalité du combat. Projeté brutalement sur le côté, je m’effondre quelques secondes au sol. En relevant les yeux, je vois la femme - désormais masquée - menacée par la créature et… quoi ? Elle n’attaque pas ? Et… son bras, il semble s’effriter ?

    Je réagis immédiatement. Non pas Daewon Lee, foudroyé par un amas de souvenirs d’Ohara et de réflexions sur la nature du golem macabre, mais l’agent Laranja. Le sol sous mes pieds se craquèle sous mon impulsion. Grâce au Soru, je me retrouve à quelques mètres de hauteur, et surtout face au côté affaibli de l’assemblage. Il n'a pas le temps de se défendre. Merci, inconnue insouciante. Des yeux infernaux se posent alors sur moi et un frisson me parcourt le corps… je doute, mais n’abandonne pas pour autant. J'abats brusquement un coup de pied fulgurant qui projette une lame d’air dévastatrice sur le Macabre, incapable d'interposer son bras tellurique entre mon attaque et lui. Des petits cercueils qui composent son corps tombent au sol, et il semble crier… mais pas vraiment.

    « Qu’es-tu réellement ? Un gardien des esprits d’Ohara ? Ou un profanateur ? »

    Un tremblement dans ma voix alors que je crois entendre des complaintes surnaturelles. Il n’a pas crié, j’en suis sûr… mais j’ai entendu quelque chose. Des cris, des pleurs, de la souffrance… et tout ça m’était familier. Je n’ai pas connu le Buster Call, mais à force de lire ; à force que mes parents me racontent l’histoire, j’ai l’impression que je l’ai vécu.

    « Ohara a déjà trop souffert. Tu as réclamé suffisamment de morts. Il n’est pas encore l’heure de venir chercher les autres. »

    Après un bref flottement, la créature charge à nouveau. J’ignore si mes paroles ont eu un effet quelconque, mais je n’ai pas réussi à l’apaiser. En écrasant son dernier bras au sol, une multitude de pics sortent du sol et manquent de me transpercer. Au même moment, un mur se dresse derrière moi et me bloque. Je ne peux esquiver un tas de tombes et de roches amalgamées que me projette mon ennemi.

    Je me dégage et tombe à genou, m’étouffant entre la toux et le sang que je perds. Me relever est pénible. Des tremblements s’observent dans tout mon corps et mon masque d’un blanc immaculé a emprunté le brun de la terre et le rouge du sang. Mon rythme cardiaque s’emballe chaque minute un peu plus. Cela dit, la créature ralentit également. Ses attaques sont de plus en plus espacées. Perd-elle de l’énergie ? Est-ce possible ? Et ce n’est pas tout. Elle me paraît être moins agressive lorsque je m’éloigne du cimetière.

    Ma dernière chance de victoire, la voici. Au moment d’une attaque, je fuis en direction de la position initiale de l’assemblage. En me voyant aussi proche de tous ces cercueils, la Mort elle-même semble vouloir m’emporter. Une gigantesque massue rocheuse pointe dans ma direction et fonce sur moi à grande vitesse. C’est une folie comme je ne m’en permets jamais… mais mourir ne constitue jamais un plan crédible.

    « Tekkai ! »

    Le bras de la créature macabre s’écrase contre moi. Je plie, mon dos se voûte légèrement et mes dents grincent tellement je souffre. Mais… l’aspect de la Mort chancelle également. Son second bras s’effondre au sol, et ses yeux ardents s’agitent de tous les côtés. Je… peux… l’achever. Je gravis difficilement la carcasse du mort-vivant et, une fois arrivé au niveau de sa tête, je rassemble les dernières forces qu’il me reste pour la lui arracher, non sans briser un ou deux doigts au passage.

    « S'il vous plaît... »

    Je tombe lourdement au sol avec la créature. Aussi bizarre que ce soit… j’ai prié. Je ne sais pas qui ou quoi, mais la prière a été la seule chose que je pouvais mentalement faire dans cette situation. C’est absurde, mais j’ai vraiment l’impression qu’il s’agissait d’un gardien de nos cimetières… ou en tout cas pas d’un profanateur.

    Je regarde mon poignet, sur lequel se trouve mon bébé escargophone. Il était temps d’appeler du secours. J'espère que ma partenaire improvisée respire toujours.
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    - Souvenez vous frères bibliothécaires, seule la vie est importante !
    - En Avant !
    - Sus au Profanateur !
    - Victoire sur l'Inerte !
    - Que les gentils gagnent !


    Sous la forme d'une horde de bibliothécaire déchainée, la cavalerie fait irruption dans le cimetière pour venir à la rescousse du courageux binôme de défenseurs de la Nouvelle Ohara. Et devant tant de détermination et de vie, fragilisé par cet espoir qu'a fait naitre la lutte inégale des deux courageux héros contre l'incarnation de tout ce qui est vieux, funeste et mort, le Macabre s'effrite, le Macabre se fendille, le Macabre recule !

    Les pierres tombales et les statues animées se figent soudain dans leurs anciennes poses, retombant lourdement la ou elles se trouvent. Et encerclé de toute part par des gens qui ne le redoutent plus maintenant qu'ils ont compris sa faiblesse, le Macabre se recroqueville, tentant de fuir en direction du tombeau dont il a tenté de s'évader. mais il tombe en lambeaux ! Des fragments de pierres de plus en plus gros se détachent de la faille qu'a creusé l'agent Laranja, des fissures se propagent a travers son corps, des racines jaillissent du sol pour le saisir ! Et comble de l'infamie, de la mousse se répand comme une maladie de peau sur la pierre qui le compose, dans une allégorie simple mais clairement porteuse d’espoir en un avenir naïf mais radieux, la vie d'Ohara s'empare du Macabre !

    Et après un dernier pas en avant, celui ci s'effondre de tout son long, explosant dés qu'il touche le sol pour n’être plus qu'un vulgaire tas de pierre moussu, comme il en existe dans toutes les ruines du monde.

    Une fois de plus, à la nouvelle Ohara, c'est la vie qui triomphe !

    - J'ai l'impression qu'on devrait faire quelque chose maintenant. Comme un banquet peut être ? C'est bizarre non ?
    - Pas du tout. C'est une pression littéraire. C'est tout à fait normal ici. C'est la faute de la bibliothèque. Elle contient beaucoup trop de poncifs qui ne demandent qu'a prendre vie !
    - Ah, Pas de banquet alors ?
    - On peut éventuellement faire un buffet...