Shimotsuki, voilà ma destination après pétales. Une île volcanique regorge de secrets en terme de médecine. J'ai entendu parler de cette île depuis quelques années, aussi ai-je décider d'aller la visiter. Dès l'entrée dans le port, l'atmosphère me semble pesante. Le regards des locaux jugent clairement les arrivants. Ces autochtones ne semblent pas porter les étrangers dans leur cœur ou en haute estime. Ça fait plaisir de voir un tel comportement dès qu'on pose le pied sur le sol. On a beau m'avoir briefé rapidement durant le trajet, ça fait quand même bizarre les gens qui jugent comme ça. Mais bon, passons. Je suis dans le port de Nagaya, là où la marine surveille la zone, et je trace mon chemin jusqu'au volcan. Je souhaite aller à Kawai, puisque c'est là bas que se trouvent les médecins et les cultures. Là où j'ai le plus de chances de trouver ce que je souhaite. Mais on m'arrête quand on voit le chemin que j'emprunte.
« Stop. Le chemin pour les touristes, c'est l'autre.
Oui, mais je souhaite aller à Kawai.
Pour quelles raisons ? »
J'ai envie de les envoyer bouler. Mes affaires ne regardent que moi et les personnes avec qui je les passent. En quoi ça regarde d'autres personnes ? Mais puisque je suis ici sur le territoire de ces personnes vivant visiblement dans une temporalité pré-historique, je dois jouer avec leurs règles. Grand mal m'en fasse.
« On m'a vanté les mérites des médecins de Kawai. Je suis moi même médecin, et je voudrais discuter avec les personnes vivants là bas, partager et échanger nos savoirs afin d'être meilleurs et de pouvoir aider plus de personnes dans le futur.
Vos études ? Votre diplôme ?
Drum, sept ans avec les toubibs 100.
Si une personne se plaint de mal au ventre, que faîtes-vous ?
… J'examine le patient et son ventre en tapotant dessus pour voir s'il est tendu, distendu, enflammé, normal ou autre tout en discutant avec la personne pour connaître l'origine de ces maux. A savoir quand les douleurs ont commencé, où exactement, le régime alimentaire pour savoir s'il est en cause. Puis j*/
Ok, ça ira. Vous pouvez passer. »
Et bah quand même. C'est fou d'être aussi xénophobe. A chaque pas que l'on fait on doit se justifier j'ai l'impression. Je lâche un merci qui m'arrache un pincement au cœur. Ils sont secs et mal-aimables je trouve. Mais bon, je reprends ma route vers le volcan le plus haut. Je monte en suivant le sentier sans trop de soucis. Dès que je passe une certaine hauteur, les odeurs changent, les couleurs s'égaient, les sons deviennent plus intenses. On passe d'une île terne de mon point de vue, monochrome à des terres fertiles colorées. Je peux sentir différents parfum. Mes sens ne me trompent pas. Je croise plusieurs personnes qui me regardent étrangement. Même ici les étrangers sont mal perçus. Je m'arrête quelques instants pour admirer non pas le paysage, mais les plantes dans les champs. Je m'approche d'elle et les touche. Aussitôt, une voix retentit.
« Voleur ! On ne vole pas les affaires gens ici ! »
Je ne prends même pas la peine de répondre. Quoi que je dise, vu que je suis un étranger, j'aurais forcément tord. Je caresse la tige de blé du doigt. La majorité des gens ne sait pas que blé est un terme générique qui désigne plusieurs céréales appartenant au genre Triticum. Ce sont des plantes de la famille des graminées. Cette variété ci s'appelle blé tendre, ou froment, et on l'utilise pour faire de la farine. Voilà pourquoi souvent, on dit la farine de froment. Le blé tendre est une plante herbacée annuelle, cespiteuse, de taille moyenne, formant au niveau du sol un plateau de tallage, dont les bourgeons axillaires se transforment en tiges feuillées. L'inflorescence est formé d'un racème, ou « épi », simple, linéaire ou oblong, bilatéral, de 5 à 18 cm de long. Les épillets fertiles, ovales, comprimés latéralement, de 10 à 15 mm de long sur 9 à 18 mm de large, comprennent de 2 à 4 fleurons fertiles, avec des fleurons réduits à l'apex. Pour faire simple, une longue et haute tige droite avec un épi au bout, et des feuilles le long de la tige.
Si les gens se moquent de savoir ça, moi ça m'intéresse. Je ne serais pas connu pour être le meilleur sabreur du monde, ni même l'homme le plus fort qui ait jamais existé. Mais je serais le meilleur herboriste, celui avec le plus de connaissances dans le monde et le Temps. C'est à moi que les gens viendront demander des conseils en cas de soucis. Voilà l'objectif de ma vie. Et c'est la raison pour laquelle je m'intéresse à toutes ces choses qui vous semblent banales, inintéressantes. Tout comme un épéiste connaîtra le nom et pourra reconnaître n'importe quelle posture de combat, le nom de toutes les grandes lames, mais dont le reste du monde se moquera. Nous avons tous nos forces et nos faiblesses. Les connaître, les exploiter, les renforcer, voilà qui permet de rentrer dans la légende. Pour en revenir à ce blé, sa couleur, son aspect et son odeur me font dire qu'il ne s'agit pas d'un blé quelconque, mais d'une plante de première qualité. Je suis accroupis en train de sentir et toucher lorsque quelqu'un me tire de ma rêverie en me tapotant l'épaule avec quelque chose de dur. Je me lève et me retourne. Et sans même prêter attention à la personne, je me lance dans un discours.
« Oui je sais, c'est interdit de voler. Mais est-ce que je suis en train de voler ? Est-ce que vous me voyez en train de saccager ce champs, d'arracher violemment des plantes pour les fourrer dans mes affaires ? Est-ce que vous voyez des tiges qui dépassent ? Si j'étais en train de voler, vous ne pensez pas que je le ferais discrètement, non ? Non, évidemment. Tout ce que vous voyez, c'est un étranger, donc un danger. Sans même chercher à savoir qui je suis, pourquoi je suis ici ou ce que je suis en train de faire, vous me jugez. Vous vous dîtes au secours. Regardez, ils sont là, ils sont dans les campagnes, dans les villes, sur les affiches de criminels ! Ils sont là, ce sont eux nos vrais ennemis, vous les croisez dans les rues, dans les campagnes, sur les avis de recherche, bien souvent masqués, aussi haineux que lâches.
Ça ne vous fatigue pas à force de tout le temps être méfiant comme ça envers tout le monde ? Oui, certains étrangers sont là avec de mauvaises intentions et veulent voler, piller, mentir, tuer, arracher, extorquer. Mais ce n'est pas le cas de tout le monde. Ce n'est pas mon cas. Alors arrêtez de mettre tout le monde dans la même case. Depuis que je suis arrivé sur l'île plus tôt dans la journée, j'ai du me faire juger pas moins de quarante fois. En trois heures, dont deux heures de marches tout seul pour gravir le volcan, ça fait beaucoup je trouve. Que vous ayez une politique isolationniste qui réprimande les délits et crimes c'est logique. Mais que vous soyez xénophobes à ce point, ça me dépasse.
Pourquoi ne pas simplement fermer vos frontières ? Pourquoi ne pas décider de cantonner tous les étrangers au port ? Pourquoi ne pas leur faire porter un collier et dès qu'ils sortent de la zone, le collier explose ? Pourquoi ne pas créer une mur gigantesque qui délimitera la zone pure de la zone souillée par les méchants étrangers qui viennent forcément pour cause du tord à votre île et s'en mettre plein les poches ? C'est exaspérant à force, pour vous comme pour nous. Devoir se justifier à chaque fois qu'on croise quelqu'un, dès qu'on veut aller à droite au lieu d'aller à gauche, de devoir prouver qu'on ne veut pas de mal.
Je suis là, tout seul, tranquillement en train d'examiner ce blé et vous venez m'emmerdez alors que je n'ai rien demandé à personne, alors que je ne brise aucune de vos règles ni celles du gouvernement mondial. Et pourtant, vous venez chercher la petite bête simplement parce que je ne suis pas un natif de votre île. Vous ne pensez pas que ça va un peu loin ? Vous ne pouvez pas nous tranquille et que chacun puisse vivre sa vie en respect de l'autre sans gêner personne, non ?! C'est vraiment trop vous demander ?!
Vous avez finit ?
… Oui.
Je voulais que vous vous poussiez, on va faucher le blé et on ne voudrait pas vous blesser par accident.»
Con. Oui, je me sens terriblement con. Si j'étais une taupe, je creuserai ma tombe tout de suite. Je détaille la personne en face de moi et remarque qu'elle n'est pas seule, en plus. Ils sont une dizaine, dans mes âges, vêtus pauvrement, avec des faux dans la main. Oups.