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Un ver vert voyant un verre en verre



Shimotsuki, voilà ma destination après pétales. Une île volcanique regorge de secrets en terme de médecine. J'ai entendu parler de cette île depuis quelques années, aussi ai-je décider d'aller la visiter. Dès l'entrée dans le port, l'atmosphère me semble pesante. Le regards des locaux jugent clairement les arrivants. Ces autochtones ne semblent pas porter les étrangers dans leur cœur ou en haute estime. Ça fait plaisir de voir un tel comportement dès qu'on pose le pied sur le sol. On a beau m'avoir briefé rapidement durant le trajet, ça fait quand même bizarre les gens qui jugent comme ça. Mais bon, passons. Je suis dans le port de Nagaya, là où la marine surveille la zone, et je trace mon chemin jusqu'au volcan. Je souhaite aller à Kawai, puisque c'est là bas que se trouvent les médecins et les cultures. Là où j'ai le plus de chances de trouver ce que je souhaite. Mais on m'arrête quand on voit le chemin que j'emprunte.

« Stop. Le chemin pour les touristes, c'est l'autre.
Oui, mais je souhaite aller à Kawai.
Pour quelles raisons ? »

J'ai envie de les envoyer bouler. Mes affaires ne regardent que moi et les personnes avec qui je les passent. En quoi ça regarde d'autres personnes ? Mais puisque je suis ici sur le territoire de ces personnes vivant visiblement dans une temporalité pré-historique, je dois jouer avec leurs règles. Grand mal m'en fasse.

« On m'a vanté les mérites des médecins de Kawai. Je suis moi même médecin, et je voudrais discuter avec les personnes vivants là bas, partager et échanger nos savoirs afin d'être meilleurs et de pouvoir aider plus de personnes dans le futur.
Vos études ? Votre diplôme ?
Drum, sept ans avec les toubibs 100.
Si une personne se plaint de mal au ventre, que faîtes-vous ?
… J'examine le patient et son ventre en tapotant dessus pour voir s'il est tendu, distendu, enflammé, normal ou autre tout en discutant avec la personne pour connaître l'origine de ces maux. A savoir quand les douleurs ont commencé, où exactement, le régime alimentaire pour savoir s'il est en cause. Puis j*/
Ok, ça ira. Vous pouvez passer. »

Et bah quand même. C'est fou d'être aussi xénophobe. A chaque pas que l'on fait on doit se justifier j'ai l'impression. Je lâche un merci qui m'arrache un pincement au cœur. Ils sont secs et mal-aimables je trouve. Mais bon, je reprends ma route vers le volcan le plus haut. Je monte en suivant le sentier sans trop de soucis. Dès que je passe une certaine hauteur, les odeurs changent, les couleurs s'égaient, les sons deviennent plus intenses. On passe d'une île terne de mon point de vue, monochrome à des terres fertiles colorées. Je peux sentir différents parfum. Mes sens ne me trompent pas. Je croise plusieurs personnes qui me regardent étrangement. Même ici les étrangers sont mal perçus. Je m'arrête quelques instants pour admirer non pas le paysage, mais les plantes dans les champs. Je m'approche d'elle et les touche. Aussitôt, une voix retentit.

« Voleur ! On ne vole pas les affaires gens ici ! »

Je ne prends même pas la peine de répondre. Quoi que je dise, vu que je suis un étranger, j'aurais forcément tord. Je caresse la tige de blé du doigt. La majorité des gens ne sait pas que blé est un terme générique qui désigne plusieurs céréales appartenant au genre Triticum. Ce sont des plantes de la famille des graminées. Cette variété ci s'appelle blé tendre, ou froment, et on l'utilise pour faire de la farine. Voilà pourquoi souvent, on dit la farine de froment. Le blé tendre est une plante herbacée annuelle, cespiteuse, de taille moyenne, formant au niveau du sol un plateau de tallage, dont les bourgeons axillaires se transforment en tiges feuillées. L'inflorescence est formé d'un racème, ou « épi », simple, linéaire ou oblong, bilatéral, de 5 à 18 cm de long. Les épillets fertiles, ovales, comprimés latéralement, de 10 à 15 mm de long sur 9 à 18 mm de large, comprennent de 2 à 4 fleurons fertiles, avec des fleurons réduits à l'apex. Pour faire simple, une longue et haute tige droite avec un épi au bout, et des feuilles le long de la tige.

Si les gens se moquent de savoir ça, moi ça m'intéresse. Je ne serais pas connu pour être le meilleur sabreur du monde, ni même l'homme le plus fort qui ait jamais existé. Mais je serais le meilleur herboriste, celui avec le plus de connaissances dans le monde et le Temps. C'est à moi que les gens viendront demander des conseils en cas de soucis. Voilà l'objectif de ma vie. Et c'est la raison pour laquelle je m'intéresse à toutes ces choses qui vous semblent banales, inintéressantes. Tout comme un épéiste connaîtra le nom et pourra reconnaître n'importe quelle posture de combat, le nom de toutes les grandes lames, mais dont le reste du monde se moquera. Nous avons tous nos forces et nos faiblesses. Les connaître, les exploiter, les renforcer, voilà qui permet de rentrer dans la légende. Pour en revenir à ce blé, sa couleur, son aspect et son odeur me font dire qu'il ne s'agit pas d'un blé quelconque, mais d'une plante de première qualité. Je suis accroupis en train de sentir et toucher lorsque quelqu'un me tire de ma rêverie en me tapotant l'épaule avec quelque chose de dur. Je me lève et me retourne. Et sans même prêter attention à la personne, je me lance dans un discours.

« Oui je sais, c'est interdit de voler. Mais est-ce que je suis en train de voler ? Est-ce que vous me voyez en train de saccager ce champs, d'arracher violemment des plantes pour les fourrer dans mes affaires ? Est-ce que vous voyez des tiges qui dépassent ? Si j'étais en train de voler, vous ne pensez pas que je le ferais discrètement, non ? Non, évidemment. Tout ce que vous voyez, c'est un étranger, donc un danger. Sans même chercher à savoir qui je suis, pourquoi je suis ici ou ce que je suis en train de faire, vous me jugez. Vous vous dîtes au secours. Regardez, ils sont là, ils sont dans les campagnes, dans les villes, sur les affiches de criminels ! Ils sont là, ce sont eux nos vrais ennemis, vous les croisez dans les rues, dans les campagnes, sur les avis de recherche, bien souvent masqués, aussi haineux que lâches.

Ça ne vous fatigue pas à force de tout le temps être méfiant comme ça envers tout le monde ? Oui, certains étrangers sont là avec de mauvaises intentions et veulent voler, piller, mentir, tuer, arracher, extorquer. Mais ce n'est pas le cas de tout le monde. Ce n'est pas mon cas. Alors arrêtez de mettre tout le monde dans la même case. Depuis que je suis arrivé sur l'île plus tôt dans la journée, j'ai du me faire juger pas moins de quarante fois. En trois heures, dont deux heures de marches tout seul pour gravir le volcan, ça fait beaucoup je trouve. Que vous ayez une politique isolationniste qui réprimande les délits et crimes c'est logique. Mais que vous soyez xénophobes à ce point, ça me dépasse.

Pourquoi ne pas simplement fermer vos frontières ? Pourquoi ne pas décider de cantonner tous les étrangers au port ? Pourquoi ne pas leur faire porter un collier et dès qu'ils sortent de la zone, le collier explose ? Pourquoi ne pas créer une mur gigantesque qui délimitera la zone pure de la zone souillée par les méchants étrangers qui viennent forcément pour cause du tord à votre île et s'en mettre plein les poches ? C'est exaspérant à force, pour vous comme pour nous. Devoir se justifier à chaque fois qu'on croise quelqu'un, dès qu'on veut aller à droite au lieu d'aller à gauche, de devoir prouver qu'on ne veut pas de mal.

Je suis là, tout seul, tranquillement en train d'examiner ce blé et vous venez m'emmerdez alors que je n'ai rien demandé à personne, alors que je ne brise aucune de vos règles ni celles du gouvernement mondial. Et pourtant, vous venez chercher la petite bête simplement parce que je ne suis pas un natif de votre île. Vous ne pensez pas que ça va un peu loin ? Vous ne pouvez pas nous tranquille et que chacun puisse vivre sa vie en respect de l'autre sans gêner personne, non ?! C'est vraiment trop vous demander ?! 

Vous avez finit ?
… Oui.
Je voulais que vous vous poussiez, on va faucher le blé et on ne voudrait pas vous blesser par accident.»

Con. Oui, je me sens terriblement con. Si j'étais une taupe, je creuserai ma tombe tout de suite. Je détaille la personne en face de moi et remarque qu'elle n'est pas seule, en plus. Ils sont une dizaine, dans mes âges, vêtus pauvrement, avec des faux dans la main. Oups.

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A côté d'eux se trouve deux personnes avec chacune un sabre dans son fourreau.

« Désolé. » Je me pousse de leur chemin pour laisser passer et travailler les paysans. Les deux épéistes me regardent.
« Que faîtes-vous là ?
Je suis médecin et herboriste. Je regardais le blé et trouvais ça étrange qu'il ait poussé malgré que ce soit l'hiver. Et sa qualité n'est pas ordinaire.
Si c'est pour être ordinaire, pourquoi être né ? Chacun de nous est venu au monde pour être le meilleur dans un domaine. Alors pourquoi se contenter d'être banal ?
Tout le monde ne peut pas être le meilleur. Si cinq personnes de votre île veulent devenir le meilleur forgeron de l'île, alors quatre seront forcément déçus puisqu'il n'y a qu'un seul titre de meilleur.
Pas forcément. L'un peut être le meilleur en matière de forgeage d'acier, un autre pour créer matériaux, le troisième pour créer des armures, le quatrième spécialisé en créations d'armes tranchantes courtes, et le dernier en création d'armes tranchantes longues. Ils sont tous les cinq respectivement les meilleurs dans leur domaine.
Mais si plusieurs veulent devenir le meilleur en création d'armes blanches courtes, un seul sera le meilleur, et plusieurs seront déçus. Donc tous ne peuvent pas être les meilleurs d'un domaine précis. Mon but est devenir le meilleur herboriste qui n'ai jamais existé et d'avoir le plus de connaissances sur les plantes possible. Donc personne ne pourra avoir ce titre hormis moi. Tous les autres ne seront donc pas les meilleurs, mais des perdants en comparaison avec moi. Vu qu'ils ne pourront pas devenir les meilleurs, que leur arrivera-t-il du coup ? Seront-ils chassés de l'île ? Bannis ? Tués ? Humiliés ?
Les affaires internes de l'île ne regardent que les personnes vivants sur l'île. Pas les étrangers.
 »

Et nous y revoilà. On aura pas mis longtemps. C'est comme le point Godwin, mais en remplaçant par étranger(s). Malgré tout, ils ont retirés la main de leur pommeau au fil de la discussion en voyant que je ne m'emportais pas violemment.

« Bon, je n'ai pas toute ma journée. Je vais aller regarder d'autres champs pour examiner les plantes. Si tant est qu'on m'y autorise. Je ne voudrais pas finir dans un cachot pour avoir oser regarder une herbe sans permission. »

Rancunier ? Non, pas du tout. Je reprends mon avancée et observe les cultures autour de moi. Je me retrouve dans le village de Kawai rapidement. Je vais à la première auberge que je croise. Quand on veut avoir des informations, c'est là bas qu'on se rend. Il va être midi, les gens vont venir manger. Alors j'en profite pour poser mes questions avant de me faire interrompre.

« Bonjour. Vous savez si quelqu'un recherche un médecin ?
Un médecin ? C'est pas ce qu'il manque ici. Mais personne n'engagera quelqu'un qu'il ne connaît pas. Les toubibs du coin sont efficaces. Pourquoi en changer ?
Dans ce cas, vous pourriez m'indiquer des herboristes ? J'aimerais discuter avec eux des champs.
Vous pouvez essayer Ben. » me dit l'aubergiste en désignant de la tête un grand gaillard venant de rentrer dans l'établissement. Je vais me poser à sa table, tranquillement.

« Je préfère manger seul.
Et gratuitement alors ?

Si vous répondez honnêtement à mes questions, je vous paie le repas.
Envoie.
En arrivant, j'ai repéré des champs d'herbes. Qui s'en occupe ?
Les herboristes.
Vous pensez qu'on peut négocier avec eux pour se servir ?
Faut voir avec eux. Mais doit y avoir moyen, ouais.
Vous savez si quelqu'un recherche un médecin actuellement ? Je suis de passage, et je ne dirais pas non à une rentrée d'argent.
Médecin, non. Mais peut-être que les herboristes apprécieraient un coup de main. Deux d'entre eux viennent de tomber malade et sont cloués au lit.
Ça c'est intéressant. Merci pour les infos, et bon appétit. »

Je disparais de sa vue après avoir laissé de l'argent sur la table.

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Je quitte l'établissement pour aller devant un de ceux que j'aimerais ouvrir. Une herboristerie. Je passe la porte et une petite cloche m'annonce. Aucun client dans le magasin. Ce dernier doit faire dans les vingt mètres carrés. La boutique est en bois, un vert clair mélangé à un bleu ciel par endroit. Les étagères sont anciennes mais bien entretenues. Diverses allées permettent d'aller et venir dans la boutique. Et chaque rayon est étiqueté. A droite le coin soin de peau. Au centre droit tout ce qui est pour contrer les infections. Au centre gauche on trouve les antiviraux, les anti bactériens … A gauche je peux voir ce qui aide à la psyché. Chaque rayon est organisé de la même manière, par moyen d'administration c'est à dire liquide (sirop, intraveineuses …), solide (gélules, comprimés …), poudre (à diluer, à appliquer …) … Et chaque sous catégorie est triée par ordre alphabétique. Un vrai petit bijou. Une femme vient me voir.

« Bonjour. En quoi puis-je vous aider ?
Bonjour. J'ai entendu dire que vous recherchiez du monde suite à la maladie de deux de vos herboristes. Je souhaiterais postuler.
Ah. Vous avez les connaissances nécessaires ?
J'ai fait mes études de médecine sur l'île de Drum en compagnie des toubibs 100 et me suis spécialisé en méthodes traditionnelles. Je ne travaille presque qu'avec des herbes et plantes cueillies par mes soins. »

La femme me pose une série de questions pour vérifier mes connaissances théoriques. Une fois satisfaite, elle me demande de rempoter une plante. Il s'agit d'une plante qui ne peut pas être replantée sinon elle perd son goût d'orange dans les minutes qui suivent. Du moins, avec des méthodes classiques. Je sors de mes affaires des ustensiles dont j'ai le secret. Je coupe un citron en deux et verse une partie du jus autour de la plante en pressant l'agrume. Je soulève le pot en vient le poser dans un récipient plus grand. Je verse de l'eau jusqu'à ce qu'elle atteigne la hauteur du bas du pot. Suite à quoi je verse du terreau dans le second pot jusqu'à mi hauteur. Je presse la seconde moitié de citron sur le terreau dans le grand pot. Puis, avec un plantoir je fais le contour du petit pot délicatement. J'essaie de soulever l'entièreté du pot d'un seul coup.

Voyant que ça ne va pas fonctionner, je verse un peu de farine dans le fond et malaxe comme je peux afin de créer une sorte de pâte, après avoir retiré le pot de l'eau, bien entendu. J'attends quelques minutes que la pâte se solidifie. Puis, d'un coup sec, je soulève la terre et vient la poser dans le grand pot, avec la plante qui n'a pas bougé. Une partie de la terre est tombé, c'est normal. Je la récupère et vient la déposer près de la plante. Pendant tout ce temps, la propriétaire m'a regardé faire avec un sourire en coin. Ce que je fais est la preuve que je ne suis pas herboriste car n'importe quel herboriste digne de ce nom sait qu'il est impossible de changer cette plante de pot sans perdre son arôme.

« Voilà. Il n'y a plus qu'à attendre quelques minutes pour vous prouvez que ce que vous pensez n'a pas lieu d'être avec moi. Vous verrez que les propriétés gustatives sont intactes.
C'est pourtant impossible.
Si vous êtes si sûr de votre victoire, pourquoi ne pas parier ? Si je gagne, vous m'embaucher pour prendre soin des champs dans les jours qui suivent et vous m'autoriser à prendre des herbes.
Ce n'est pas de mon seul ressort.
Vous avez la plus grand boutique que j'ai vu en ville. Vous devez donc avoir une place conséquente en terme de pouvoir au sein de la branche des herboristes. Les gens vous écouteront.
Et quand vous perdrez, vous ne remettrez plus jamais les pieds sur cette île ou ne vous présenterez comme herboriste. Plus jamais. »

Le temps de discuter du marché, des minutes se sont écoulées. La femme se dirige vers la plante, arrache délicatement une feuille et la passe sur sa langue.

« Ça alors ?! Elle a gardé le goût d'orange ! Comment avez-vous fait ?
Ne jugez pas ce que vous ne connaissez pas. Ce n'est pas parce que quelque chose n'a jamais été fait qu'il est impossible de le faire. Ce n'est pas parce que vous ne connaissez pas quelque chose que cette chose est mauvaise. Et ne me jugez pas sur vos critères habituels. J'ai passé des années à étudier les plantes et leurs effets. Je vais être celui qui connaît le mieux les plantes à travers le Temps. Mes connaissances suffiraient à remplir la bibliothèque d'Ohara.
Vous avez de grandes ambitions.
Parce que mon talent est immense. Je le forge chaque jour qui passe pour devenir le meilleur. Ce n'est pas un test d'amateur qui me mettra à l'épreuve. Je vous ai montré une méthode que vous ne connaissiez pas. J'ai effectué une tâche que vous pensiez impossible. Il est l'heure de ma rétribution.
Oui, bien sûr. Mais avant, pourrait-on …
Vous voulez que je vous explique. Soit. »

Nous passons les minutes suivantes à discuter. Je lui détaille la méthode que j'ai utilisée. Si d'habitude utiliser du citron sur une plante est une très mauvaise idée, sur celle-ci l'effet est inverse. Cette plante possède des racines qui diminue le pH du sol. Utiliser du jus de citron permet de remonter le pH temporairement. En cas de remise en pot, la terre perd des nutriments. En ajouter avant le rempotage permet donc de contre balancer cette perte. La farine a permis de créer une socle plus solide sur lequel la terre pouvait reposer durant le transport. En plus de fournir d'autres nutriments à la plante. Pourquoi y aller d'un seul coup lors du rempotage ? Parce que sinon, la plante reçoit trop de stress et finit par perdre ses propriétés gustatives. Si mes actions avaient l'air d'être celles d'un amateur, je lui ai prouvé qu'au contraire, mon savoir dépasse le sien. Sur ce point précis en tout cas.


Toutes mes plantes et effets sont réels, sauf précisions contraire. Alors lis, et instruits toi, petit brin d'herbe.
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Elle ferme temporairement la boutique et convoque les herboristes de la ville. S'en suit un conseil pour accepter ou refuser ma demande. Vu que tous les jardins d'herbes sont en commun, puisque chacun les utilise et les entretiens, il faut une majorité pour changer quelque chose. Elle ressort une dizaine de minutes plus tard. Elle m'explique que les autres ont refusé, je n'ai pas apporté de contribution au village pour permettre que je puisse prendre des herbes gratuitement. Si je veux récupérer des herbes, je dois montrer que je suis utile. Alors elle me propose de m'occuper des jardins quelques temps. Évidemment, je vais devoir suivre les ordres. Je suis un groupe qu'on m'indique et qui se dirige vers le trésor de la ville. On me donne un arrosoir et me pointe un puits. Youpi. Le jardin est bien agencé, les plantes bien rangées, triées, les chemin assez large pour se croiser sans marcher sur les joyaux. Leurs méthodes sont classiques pour arroser.

Jusqu'à ce que je vois quelqu'un utiliser une pomme au bout de son arrosoir pour mouiller ce que j'identifie comme étant du psyllium blond. Ses tiges sont étroites et pointues, légèrement velues et d'une couleur vert blanchâtre. Les sommités portent des épis courts où sont attachées de petites fleurs jaune pâle. Je m'approche de lui demande pourquoi procéder ainsi. Il me répond qu'en versant une trop grande quantité d'eau d'un seul coup, on abîma la plante. Et jour après jour, on perd en intensité de ses effets laxatifs. Hum. Je n'étais pas au courant de ça. Comme quoi, même à mon âge, on peut encore apprendre. Je ne suis pas le meilleur herboriste pour l'instant puisque je continue mon apprentissage. Il est normal de ne pas tout savoir. L'inverse serait étonnant et signifierai que je posséderai déjà le titre que je convoite tant. Je retourne arroser le quartier m'ayant été indiqué.

Un petit vent se lève et plusieurs personnes mettent un masque. On m'en donne un et je fais de même. Rapidement, je comprends pourquoi. Sous l'action du vent, les pollens se font arracher des fleurs et virevoltent dans les airs. C'est particulièrement vrai pour les plantes à effet de somnifère que je vois dans le carré au loin. Une bouffée et c'est direction Hypnos. Note à moi même, aller faire un tour là bas pour avoir de quoi préparer ma poudre dodo. On passe plusieurs dizaines de minutes à arroser l'immense étendue malgré qu'on soit dix pour le faire. On retourne au village, dans une grande salle commune qui sert de laboratoire vu le matériel. Je vois des dizaines d'herbes et de plantes sur des séchoirs dans un coin. Près d'un mur se trouvent des tables avec des alambiques servant à la distillation et l'extraction de produits. D'un autre côté des tables avec des mortiers et pilon pour réduire en poudre des éléments sec. Et c'est ce qu'on me demande de faire, écraser des feuilles. Et pendant des heures, c'est ce que je fais. Mes mains me font mal, elles ne sont pas habitué à la quantité industrielle à laquelle les herboristes de Kawai font face. Vers seize heure, une petite pause de cinq minutes est autorisée.

Quand je reviens, on me demande de choisir des ingrédients se trouvant dans la salle et de les préparer pour faire une démonstration de mes talents. Il s'agit bien entendu d'une évaluation de mes capacités. Je décide de prendre trois plantes. La première a une fleur généralement jaune ou blanche et pousse sur un arbuste appartenant à la famille des Oléacées, il s'agit du jasmin ayant des propriétés de sédatif. Je mets un masque et vais sélectionner les bouts me semblant les plus adéquats. Les fleurs sont sèches, mais pas trop. Je verse quelques gouttes d'eau sur les pistils. Puis je les mets dans un mortier après avoir séparé chaque partie des fleurs et commence à malaxer. Je fais des mouvements circulaires pour dans un premier temps briser la fleur. Une fois qu'il ne reste que des morceaux de la taille d'un ongle maximum, je les écrase les uns après les autres jusqu'à ce que tout soit réduit en poudre jaune. Je vide le mortier au dessus d'un tamis pour filtrer et ne garder que la poudre que je verse dans un bol, le recouvrant juste avec chiffon pour qu'elle ne s'envole pas avec un courant d'air. Le reste peut servir à parfumer une pièce.

Je choisis ensuite de la lavande sèche, ce qui surprend beaucoup de personnes présentes. Je retire chaque grain délicatement avec une pince à épiler, pour ne pas gâcher trop d'extrait de la lavande en l'écrasant avec mes doigts en voulant retirer les grains. La pince permet d'être plus précis, de moins gâcher d'essence. Mais c'est beaucoup plus lent. Ce qui prend deux minutes par brin de lavande avec cette méthode se fait en quelques secondes à la main. Mais le but est de maximiser les effets des plantes, pas d'aller vite. La lavande permet de lutter contre les insomnies, elle guide les gens jusqu'au sommeil. J'écrase les grains après les avoir mis dans un mortier. Je m'arrête quand il n'y a plus que de la poudre que je passe au tamis avant de la mettre dans un bol que je recouvre d'un chiffon. Le reste de la lavande peut servir à faire des décoctions, des huiles essentielles et que sais-je.

La troisième plante est plus un arbuste puisqu'il s'agit de roiboos. L'arbuste ressemble à la lavande, excepté qu'au lieu de graines violettes, ce sont des fleurs jaunes. Le corps du roiboos est semblable à celui de la lavande et du romarin. Là encore, je viens cueillir les fleurs avec un pince à épiler et je les déposer ans un mortier. Je les écrase sauvagement afin de rapidement capturer les effluves avant qu'elles ne disparaissent. Pas question de tamiser cette fois. Je verse la poudre obtenue dans un bol plus grand. Puis je vais chercher les deux autres bols que je verse en même temps dans ce troisième. Je mélange délicatement à l'aide d'un touilleur qu'on utilise pour faire des cocktails en général. Les spectateurs me regardent étrangement. Ils comprennent les capacités des plantes que j'ai choisit, ils supposent l'effet que je souhaite obtenir, mais ne voient pas comment je vais y parvenir. Je prend une cuillère du mélange que je viens souffler au visage du premier qui passe. Ce dernier chancelle puis tombe sur le sol. Tout le monde se précipite autour de lui pour vérifier qu'il va bien. Quelques instants plus tard, il ronfle comme un chat et les gens sont soulagés.

« Alors c'est ça que vous faisiez ? Une poudre pour dormir ?
Ne la sous-estimez pas, elle est très utile quand on a besoin de fuir ou pour forcer quelqu'un dans une direction.
Et s'il y a du vent ?
Vous faîtes attention ou ne l'utilisez pas. C'est une des poudre que j'affectionne le plus. »

Ils discutent entre eux un peu et me posent des questions parfois. Le soleil se couche, et chacun rentre chez soi. Je retourne à mon auberge.


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La nuit passant porte conseil et j'imagine déjà apporter de l'aide aux locaux en gage de bonne foi pour récupérer du matériel. Malheureusement, au beau milieu de la nuit, un raffut me réveille. Je vais à la fenêtre, ouvre les rideaux, et voit plusieurs personnes porter des brancards avec des personnes dedans. Une scène qui pourrait être tout à fait anodine si les patients n'étaient pas retenus par des sangles. Ça m'intrigue. Pourquoi, au milieu de la nuit, des médecins iraient chercher des gens, les attacher et les transporter ailleurs ? Une secte qui a besoin de sacrifice pour invoquer son dieu à la mord moi le nœud ? Des médecins dérangés qui vont faire des expériences sur des cobayes pas forcément volontaires ? Des gens ayant oubliés de payer des impôts ? Des étrangers ayant mal regardés une touffe d'herbe ? Des gens ayant insultés la médecine ? Bon, faire des conjonctures n'aide en rien. Je m'habille et descend en bas voir l'aubergiste, apprendre ce qui se passe. Je l'entends discuter avec un homme alors je m'arrête au milieu de l'escalier.

« Oh non, ça ne vas pas recommencer quand même ?
Pour l'instant, on ne sait pas. On va tester. Mais si le résultat est positif, alors nous avons un gros soucis. Vous savez quoi faire avec vos pensionnaires.
Oui. Mon grand père m'a raconté l'histoire que son arrière grand père lui a narré.
Bien. Espérons avoir tord.
Si seulement ça pouvait arriver ... »

L'homme s'en va, laissant seul l'aubergiste qui se met à gémir et se plaindre. Il se demande pourquoi ça arrive, qu'est-ce qui a bien pu se passer pour que l'histoire se répète. Je finis ma descente.

« Qu'est-ce qui se passe ?
Rien. Vous pouvez retourner dormir.
C'est quoi le raffut dehors ? Pourquoi des gens sont attachés sur des brancards et bougés au beau milieu de la nuit ?
C'est … Il y a plusieurs centaines d'années, notre île a été victime d'un parasite. Nul ne sait comment il est arrivé ou à réussit à infecter autant de lieux en si peu de temps. En quelques jours, la moitié des habitations de l'île comportait ce ver. Mon grand père me disait qu'il aimait se cacher dans les literies à l’insu des gens. Malheureusement pour nous, en se déplaçant il laisse des sécrétions qui irrite la peau humaine. On a beau gratter, la sensation ne disparaît pas, même après plusieurs heures. Alors les gens ont été forcé de se voir restreindre car ils commençaient à se gratter jusqu'au sang sans pouvoir s'arrêter. Pour leur sécurité, ils devaient être sédatés. Le temps qu'on découvre le responsable, la moitié de l'île était infectée. Mais nos ancêtres ne disposaient pas des ressources adéquates pour une épidémie d'une telle ampleur. Durant les jours qu'à duré cet événement, nombre de personnes se sont faites saigner jusqu'à se vider de leur sang. Le ver a été éradiqué de l'île en nettoyant de fond en comble chaque maison, chaque drap, chaque matelas, chaque oreiller à la vapeur. Cette opération a coûté cher à l'île qui est resté traumatisée. Les symptômes que présentent les victimes de ce soir concordent avec celles causés par le parasite. S'il est de retour … Et on ne sait même pas comment c'est possible. Il est censé avoir éradiqué ! »


Un ver aux capacités irritantes grâce à une substance. Voilà qui est étrange. Cette capacité ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd. Malgré la nuit, l'aubergiste commence déjà à sortir du matériel de nettoyage et le mettre dans la cours derrière l'établissement. Il y a de plus en plus de cris venant de la rue, et de plus en plus de personnes courant, se grattant … Je suppose que les herboristes sont à pied d’œuvre déjà. Ils vont avoir ça sous contrôle, n'est-ce pas? Hein ? Oui bon d'accord, on va aller voir. Toute l'auberge est désormais réveiller à cause du vacarme. Le propriétaire de l'établissement s'excuse de la gêne occasionnée, mais indique l'état de crise. Il grommelle des « vous ne passerez pas », « pas ici » en regardant les matelas. Puis, chambre après chambre, il sort la literie, tout ce qui peut contenir les vers. Et c'est parti pour un nettoyage à la vapeur avec une touche de vinaigre blanc pour désinfecter.


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Pendant ce temps, je sors ma combinaison hazmat. La première règle pour un médecin en temps de crise, c'est de se protéger. Si le médecin tombe malade, qui va soigner les patients ? Qui va le soigner lui ? C'est pour ça que dans les véhicules volant où on voyage en famille, on apprend aux gens de bien se protéger d'abord et, et ensuite leurs enfants. C'est aux personnes compétentes de prendre soin de ceux qui ne le peuvent pas. Alors pas question d'attraper ce ver à la con. Quoi que, tu me diras, je pourrais toujours me baigner dans l'océan et aller à quelques dizaines de lieux sous la surface. Je doute qu'un ver terrestre soit bien à l'aise au fond de l'océan. Une fois entièrement équipé, je sors de l'auberge. Pas facile de manœuvrer dans cet accoutrement, mais au moins il me protège. Enfin, j'espère. L'aubergiste a dit que le ver aimait se prélasser dans tout ce qui est literie. Les vêtements sont en contact avec cette dernière, donc il se peut qu'on le trouve aussi dans nos affaires.

Je me dirige vers les cabinets de médecines qui sont débordés. L'hôpital également. Les gens font la queue et se grattent sans arrêt, provoquant des saignements. J'ai envie de les aider, mais sans savoir précisément quel est le problème, je pourrais aggraver l'état des patients. Alors j'avance vers les médecins. Une île comme Shimotsuki n'a pas spécialement de protocole ou de combinaison hazmat pour faire face à ce genre de soucis. Aussi sont-ils surpris en me voyant arriver.

« Vous venez donner un coup de main ?
Dîtes moi à quoi on à affaire.
Ver Crouigou, une espèce dont on ne sait pas d'où elle vient. On pensait l'avoir exterminé il y a des centaines d'années, visiblement à tord.
Comment vos ancêtres les ont repoussés ?Symptômes ? Temps d'incubation ? Conséquences ?
… On fait des recherches dans la bibliothèque pour savoir. Ça remonte à trop longtemps, on ne se souvient pas. On sait juste que c'est un fléau. Les symptômes sont une irritation intense de la zone mise en contact cutané direct ou indirect avec les sécrétions du ver.
Même indirect ? »

Ça signifie que si le ver laisse ses sécrétions sur un oreiller, qu'une personne A possède sa tête sur l'oreiller, que cette personne fait la bise à un personne B, alors la personne B se retrouve contaminé par le ver. Ce qui rend le phénomène beaucoup plus dur à contenir puisque chaque patient devient à son tour le porteur de l'infection sans même le savoir. Voilà comment on se retrouve avec une épidémie ou une pandémie sur les bras. Le seul point positif, c'est que les démangeaisons commencent quelques secondes après avoir été en contact avec le ver, et vu leur intensité, impossible de ne pas le remarquer. Ce qui permet d'empêcher la prolifération du phénomène. Les gens ont l'intelligence de se diriger d'eux même vers l'hôpital, ce qui réduit les chances de propager l'épidémie. Mais s'ils ne respectent pas une distance de sécurité une fois vers le centre de soins, alors les symptômes vont vite s'aggraver, car chacun va toucher d'autres patients qui à leur tour vont toucher d'autres patients … Et c'est un cercle vicieux absolument horrible qu'on veut éviter à tout pris. Ce sont peut-être des médecins et herboristes doués pour soigner les rhumes, les angines et autre chose dans le genre. Mais pour gérer des situations de crise, ils n'ont aucune formation, aucun entraînement.

« Quelles mesures ont été prises ?
… Un protocole de soin a été mis en place, on espère qu'il fonctionnera vite.
Je parle pour limiter l'épidémie. Vouloir soigner c'est bien, mais si les patient continuent d'affluer, vos ressources de soins ne vont pas faire long feu. Il faut contenir l'infection et rapidement. Vous devez ordonner la condamnation de l'accès à la ville immédiatement. Si le phénomène se propage, l'île entière sera infectée. Imaginez le nombre de personnes que ça fait. Calculez rapidement le coût d'une opération de soin sur l'intégralité de Shimotsuki. Bloquez l'accès à la ville. VITE ! »

Je les vois se regarder entre eux quelques secondes. Puis un des médecins va vite prendre un den den et relayer l'information aux autres villes de l'île, leur disant de bloquer l'accès à Kawai et d'empêcher toute personne d'approcher. L'état d'urgence est déclaré. Un des soignants va dehors et demande à chaque personne de se tenir seule dans une zone d'un mètre carré dans le but d'éviter l'accélération de la propagation des symptômes. Les gens ne comprennent pas, mais essaient de suivre la demande. Mais entre ceux qui se roulent sur le sol, ceux qui se grattent, ceux qui se tapent contre une surface pour créer une douleur autre part et ne plus penser aux démangeaisons, ce n'est pas gagné.


Toutes mes plantes et effets sont réels, sauf précisions contraire. Alors lis, et instruits toi, petit brin d'herbe.
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Je vois les herboristes appliquer des herbes, des décoctions, des baumes, des bandages sur différents patients allongés dans l'espoir de voir une diminution des symptômes, une réduction des plaques rouges liées à la démangeaison, voire même un rétablissement complet. Les médecins appliquent des sédatifs, des antiviraux, des antihistaminiques, anti-allergènes … Tout leur stock ou presque y passe. Ils ne sont pas adaptés pour une telle quantité de patient et se font déborder rapidement, se retrouvant à court de moyens. Ma priorité n'est pas de soigner les gens, mais d'endiguer le flux de patient. Parce que comme j'ai dit, on peut trouver le remède, mais s'il y a plus de malades que de solutions, la situation n'évoluera pas en notre sens. Donc arrêter la prolifération de la crise est ma priorité. Et pour ça, je ne vois pas trente six moyens. Je demande aux herboristes de me suivre rapidement sans leur laisser le temps de réfléchir. Ils véhément et me force à perdre du temps pour leur expliquer.

« Vous n'avez pas de moyens d'arrêter les symptômes pour l'instant. Ce que vous faîtes ne fait que gâcher de précieuses ressources. Vous voulez mettre un patch sur une artère fémorale tranchée. Ça ne sert à rien de soigner les symptômes si on ne diminue pas le nombre de personnes qui affluent. C'est une vague sans fin, un serpent qui se mord la queue. On arrivera à court de ressources avant d'avoir soigné tout le monde.
Qu'est-ce que vous proposez ?
Faute de soin, on peut limiter la propagation. Si plus personne ne bouge, les gens arrêteront de se gratter jusqu'au sang, ça nous laissera le temps de tester des remèdes, de chercher dans les livres la solution qui a été utilisée la dernière fois.
Concrètement, que voulez-vous faire ?
Ma poudre dodo, en grande quantité. Assez pour endormir toute la ville. On regroupe tout le monde, on verse, et on prie.
On prie ?! C'est ça votre idée ?
Vous préférez quoi ? Gaspiller des ressources ? Vous épuiser en vain ? Devenir vous même malades ? Regardez-vous, vous travaillez avec des gants, une blouse et un masque. Combien de temps avant que vous ne vous fassiez contaminer et deveniez à votre tour des patients propageant la maladie ? Je vous propose une solution pour gagner du temps. Libre à vous d'être cons et de refuser. On est en temps de crise, ne me forcez pas à invoquer la hiérarchie.
Vous oseriez ?
En temps de crise, le savoir est égal au pouvoir. Celui qui sait dirige les opérations. La chaîne de pouvoir existe pour une raison. On est ici chez vous, et j'essaie de me plier à vos règles même si je les trouve stupides parfois. Je vous aide du mieux que je peux. Mais j'ai fait mes études sur l'île de Drum auprès des toubibs 100. J'ai été formé aux exercices de crise à grande échelle comme on en vit actuellement. Vous avez certes une formation médicale, mais aucun entraînement de crise vu vos réactions. Alors soit on travaille ensemble et vous profitez de mon expertise, soit vous bossez contre moi et vos patients. A vous de choisir ! 
… Ok, on fait quoi ?
On va fabriquer ma poudre dodo en grande quantité. Trois vont chercher les fleurs, deux hommes écrasent chaque type de fleur. Pas le temps de tamiser, on mélangera directement. Pendant ce temps, demandez aux médecins de regrouper tout le monde dans des grandes salles. »

Et bah punaise. Cinq minutes de perdue à cause de leur caractère de merde. Ils sont peut-être réputés pour leurs techniques au sabre, mais alors en lâcher prise, c'est zéro. Je sais que c'est chez eux ici, mais la chaîne de commande me donne le pouvoir. Et même si je n'aime pas en faire usage, si je sais que c'est le meilleur moyen dont dispose les patients pour aller mieux, je n'hésite pas à l'utiliser. Que les médecins et herboristes me détestent, je peux vivre avec. Mais vivre en sachant que je n'ai pas donné mon maximum pour sauver des patients et que certains sont morts à cause de ça, hors de question. Plutôt aller m'engager auprès du Malvoulant. Conformément à mes plans, chaque s'occupe rapidement de la tâche qu'il s'est vu confier. Petit à petit, les fleurs sont écrasées, la poudre créée et mise dans des récipients fermés pour être utilisée. Des hommes viennent chercher les dits récipients pour les utiliser sur les personnes regroupées dans des lieux fermés. J'espère que ça va fonctionner. Sinon j'aurais gâché du temps pour rien. Pendant ce temps, en discutant avec les herboristes, je fais la liste des moyens déjà utilisés pour réduire ou faire disparaître les symptômes.

L'huile essentielle de lavande fine, vinaigre de cidre, huile essentielle de camomille matricaire, pomme de terre, bicarbonate de soude avec de l'eau pour faire un baume, huile essentielle de tea tree, huile d'olive, aloe vera en bandage, camomille romaine en baume. Voilà ce qu'ils ont essayés. Contre de simples démangeaisons, il n'y aurait eu aucun soucis, les sensations auraient disparut, les marques se serait résorbées petit à petit. Mais là, aucun des moyens utilisés n'a eu d'effet. En l'espace de quinze minute, la poudre est prête et envoyée sur les victimes du ver. Aussitôt, elles s'endorment. La ville redevient calme, presque plus un bruit. On retourne à l'hôpital pour voir les médecins essayer de nouvelles choses, sans succès. C'est à ce moment là qu'arrive une personne avec un livre.


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« J'ai trouvé ! Un massage à l'huile de lavande pour soulager les symptômes, et des branches de lavandes pour forcer les vers à partir! Voilà ce qui a été utilisé la dernière fois.
… On est foutu.
Hein ?
L'huile de lavande ne fonctionne pas, on a déjà essayé.
Quoi ?! Mais … on fait quoi alors ?
Pour commencer, on garde le moral. Si on le perd, l'île est finit. Savoir que la lavande ne fonctionne pas est un bon point.
Comment ça ?
Ça implique qu'avant elle fonctionnait. Mais plus maintenant. Les vers ont évolués, ils en ont tiré les leçons et se sont adaptés pour ne plus avoir cette faiblesse. Voilà pourquoi ils ont mis des centaines d'années avant de revenir, ils voulaient combler leur point faible.
Je ne vois toujours pas en quoi ça nous aide.
Parce qu'ils se sont adaptés, alors on peut faire pareil. Il est impossible pour une espèce entière d'être immunisée à toutes les plantes et herbes à notre disposition. Il nous suffit donc de les tester une par une pour savoir laquelle repousse le mieux l'envahisseur. Alors prenez chacun une touffe d'herbe différente, allez les poser sur des matelas, et observez le résultat.
Combien de temps ?
Dix minutes. Trente minutes. Comment voulez-vous que je sache ? Le premier qui a un résultat ouvre la fenêtre et le crie. Et vous vous relayez le cri jusqu'à ce qu'il arrive. Compris ? Alors ACTION ! »

Ok. Ce n'est pas grand chose, mais c'est un plan. C'est le seul qui se dessine à l'horizon. Si jamais il faut un mélange de plusieurs herbes, on aura quand même des pistes en voyant l'efficacité lors de ce test. J'espère ne pas m'être trompé. Le pire étant que je ne vois vraiment pas quoi faire d'autre. Les symptômes progressent malgré l'endormissent, puis les gens bougent durant leur sommeil. Je nous ai fait gagner du temps pour trouver une solution, mais c'est au détriment de l'intensité des symptômes quand les gens vont se réveiller. Au lieu d'attendre comme un con, j'attrape différentes herbes que je passe sur les zones rouge irritée des patients, en espérant trouver quelque chose qui soulage. Les minutes passent, aucun cri, aucune amélioration. Je commence à désespérer. Puis un cri retentit. Un second, vite relayé jusqu'à mes oreilles. La menthe poivrée ! La menthe poivrée fait sortir les vers de leur cachette et ramper jusqu'à un autre endroit. Je pars chercher des tiges et les applique sur le patient. Après quelques secondes, le patient s'agite moins. Bingo !

Maintenant, reste la façon la plus adéquate pour soigner un grand nombre de personnes rapidement. Un bain serait l'idéal s'il n'y avait qu'une poignée de personnes touchées. On ne peut pas faire des baume pour chaque personne, ça prendrait beaucoup trop de temps et de ressource. Il faut un moyen qui touche plusieurs personnes, et tout le corps d'un coup. Fumigation ! Les herboristes reviennent dans l'hôpital, et je leur transfert mon idée. Je leur montre le corps du patient sur lequel j'ai frotté de la menthe poivrée, et ils voient que la zone contaminée a bel et bien diminué, même si légèrement. On essaie de mettre en place un plan. Si seulement il y avait un hammam sur cette île, la solution serait simplement de balancer des tiges de menthe poivrée, de fourrer des patients dedans, de faire un roulement et basta. Comment créer de la vapeur aux propriétés de menthe poivrée dans un espace fermé ? On est plusieurs à se regarder en même temps.

« … va-t-on vraiment faire ça ?
A-t-on seulement le choix ?
Mais la réserve va disparaître.
Mais la ville sera sauvée.
Mais l'odeur va rester durant des années.
Alors soit. »

On retourne à la boutique d'herboristerie pendant que les autres vont dans la leur ou aller cueillir la plante miracle. On récupère toutes les feuilles et tiges de menthe poivrée qu'il est possible d'avoir. On verse de l'eau dans plusieurs grands récipients, on met à chauffer, et on ajoute la menthe. Plusieurs dizaines de seau d'eau sont préparés à l'avance. Ce phénomène est reproduit dans presque chaque herboristerie de la ville. Et c'est parti. On fait bouillir, et on rajoute de l'eau froide pour toujours avoir de l'eau dans les faitouts. Ce sont plus des récipients pour faire de grandes quantité de confiture, mais pas grave. On fait avec les moyens du bord. Rapidement, l'odeur de menthe poivrée attaque les narines. C'est vraiment fort comme odeur. Alors imaginez avoir une brume avec cette odeur et ce goût. Ça revient à prendre une douche, ou presque. Les médecins sont les premiers à venir tester le remède. Certains qui présentaient des plaques mais qui s'étaient injectés de puissants cocktails d'antihistaminiques pour ne pas trop se démanger ressentent les effets. Un apaisement peut se lire sur leur visage.

Ça, ça fait plaisir. Ça signifie qu'on a trouvé un remède aux symptômes, mais aussi pour repousser les vers. Les gens se réveillent petit à petit, et reçoivent l'ordre d'aller dans une des boutiques d'herboristerie pour y récupérer leur traitement. Les infectés rentrent à l'avant, restent dans le local le temps que leur symptômes réduisent drastiquement ou disparaissent entièrement, puis sortent par l'arrière. L'atmosphère devient vite irrespirable, même avec un masque. Alors des roulements sont organisés entre les différents herboristes de la ville. En quelques heures, les derniers patients sont soignés. Maintenant, comment se débarrasser des vers ?


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Je propose de faire des feux de joie dans la rue. Puis que chaque habitant prenne des tiges de menthe poivrée, les mettent sur ses affaires, attende que les vers sortent, les récupérer dans une pelle, les amener dehors et les jeter dans le feu. La purification par les flammes est une méthode approuvée pour annihiler des maladies. Une fois mort, tu n'es plus malade de toute façon. Et maison après maison, heure après heure, cette méthode démontre son efficacité. Les vers sont forcés de sortir de leur cachette à cause de l'odeur qu'ils détestent. Ils se font récupérer aussitôt puis jetés dans les flammes. La méthode prend du temps, mais on constate son efficacité. La ville a pris une odeur mentholée tout la nuit durant. Et lorsque le soleil se lève, on peut voir une petite brume verte s'élever dans les airs puisqu'une fois tous les humains étant passé par la case hammam, même ceux non infectés, les herboristeries ont ouvert leurs portes, laissant s'échapper toute la vapeur. L'odeur pique le nez tellement elle est forte. Mais c'est un petit prix à payer pour avoir exterminer ces vers et soigner une ville. J'ai néanmoins été dans une maison et j'ai récupéré des vers qui sortaient de leur cachette. Je les ai mis dans des flacons. Je les étudieraient plus tard. Mais un espèce capable d'irriter la peau de n'importe qui, je ne peux pas passer au travers.

Toutes les maisons, les auberges et autre lieu contenant de la literie et lingerie ont été passé à la menthe poivrée. Puis les autres lieux, juste au cas où. Non pas qu'une paranoïa ait envahit la ville mais mieux vaut être prudent quand même. La ville est désormais 100% sans ver crouigou et les restrictions apposées durant la nuit son retirées. La journée qui passe est difficile pour tout le monde vu notre état de fatigue. Sauf pour les personnes ayant subit ma poudre dodo. Une chance que durant mon internat j'ai été habitué à ne pas avoir beaucoup de sommeil. Un petit conseil en comité réduit à lieu plus tard dans l'après midi, et je suis requis.

« Monsieur … ?
Rio.
Cette nuit, vous avez fait honneur à la profession de médecin et d'herboriste. Votre double casquette vous a permis d'avoir un œil unique quant à la situation. Sans votre intervention et votre savoir, la situation aurait été … pire. Vous nous avez fait prendre conscience de certaines … lacunes. » On sent clairement une réticence à utiliser certains mots. De la fierté mal placée, sans aucun doute. « Pour cela, nous vous remercions. Nous souhaiterions également vous inviter dans la ville un certain temps afin que vous puissiez partager le savoir qui nous fait défaut. Acceptez-vous cette offre ?
Je suis devenu médecin pour aider les gens, les soigner, rendre leur vie meilleure. J'ai choisis de me spécialiser en herboristerie afin d'avoir des options aux médicaments qui coûtent chers et que tout le monde ne peut pas se payer ou trouver. Mon but est de devenir meilleur. Mais si le monde ne devient pas meilleur, alors on régressera, et ce qui s'est passé cette nuit recommencera. Le monde doit apprendre de ses erreurs. Vous semblez vouloir aller dans cette direction. C'est donc avec plaisir que j'accepte votre demande. Je vais rester ici quelques jours et partager mes connaissances avec vous. Et vous ferez de même avec moi, l'accord va dans les deux sens.
En remerciement de vos services rendus, les herboristes ici présents vous donnent l'autorisation d'aller récupérer des plantes dans les jardins pour vos besoins personnels.
Merci. Merci beaucoup. »

La coutume ici est de s'incliner légèrement quand on reçoit une faveur. Alors c'est ce que je fais. On continue de discuter au sujet des vers. Malgré les enquêtes menées, on ne sait pas comment les vers sont apparu. On sait simplement où ont été trouvés les premiers. A croire qu'ils ont simplement pop comme ça, directement dans les maisons. Leur taille variant de quelques millimètres à une dizaine, les trouver était facile. Durant les jours qui suivent, je couche sur papier ma connaissance de la gestion des situation de crise, l'évaluation du niveau de crise, le tri des patients par sévérité, la gestion du stocke de ressources et sa prévision … Le genre de choses qui pour mes est basique dû à ma formation mais dont eux manquent cruellement. Je donne également des cours pour combler leurs lacunes. Ils sont doués dans leur domaine, je ne dis pas le contraire. Mais dès qu'on passe sur quelque chose qu'ils ne connaissent pas, ils sont perdus. Et c'est logique. Ils sont des médecins de campagne, pas de ville ou de crise. Ils ne sont pas habitués à gérer un flux de patients dépassant leur capacités d'accueil. Mais ça va changer.

En compensation de mon aide, ils m'apportent la leur. On discute plantes et herbes, ils me disent ce qu'ils savent sur les plantes dont ils disposent et entretiennent. J'apprends des choses, car malgré mes connaissances, je ne me suis spécialisé que depuis deux années, et ma connaissance du monde est limité de par mon passé. Mon savoir s’accroît rapidement entre les discussions que nous avons et les livres que je dévore.


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Un matin, je me dirige vers le sac avec quelques sacs. Je choisis d'emprunter du psyllium blond, une herbe utilisée pour créer des laxatifs, que j'ai déjà vu en arrivant au village. Je me dirige ensuite vers des arbres mesurant près d'une vingtaine de mètres. Il s'agit de Ginkgo biloba. L’écorce des jeunes ginkgos est d’abord lisse puis devient craquelée et fissurée longitudinalement avec le temps. Sa couleur varie du brun au gris. Ses feuilles sont uniques parmi les arbres, puisque formées de deux lobes en forme de palmes et ne présentant pas de nervure centrale comme la quasi-totalité des plantes modernes. Elles sont caduques. Mais si je choisis cet arbre, c'est pour les multiples propriétés dont il dispose. Le noyau de ses fruits, qu'on appelle amandes, servent à aider mieux tenir l'alcool. A haute concentration, les feuilles provoquent un effet d'accoutumance, créant une drogue. Les amandes grillées de ginkgo sont bonnes pour les problèmes pulmonaires, urinaires, les caries, les pieds et mains gercés … Je peux utiliser ces effets pour éviter des retours de bâton en avalant certaines mauvaises choses. Je collecte les fruits dont j'irai extraire les noyaux plus tard.

Je vais ensuite vers un arbuste épineux à fleurs blanches ou rosées odorantes. Elles présentent de nombreuses étamines rose vif au centre de leurs cinq pétales fragiles. Ses petits fruits rouges, les cenelles, apparaissent au début de l'automne et sont comestibles. L'aubépine est parfaite pour un effet que je recherche, les troubles du sommeil, en particulier l'insomnie. Je vais cueillir un bon nombre de fleurs et les range dans un sac. Vient ensuite le temps de me salir les mains. La prochaine plante sur ma liste n'est pas apprécié par grand monde. On la trouve surtout dans la forêt, au bord des routes. Elle provoque des démangeaisons dès qu'on la touche. Et oui, je récupère également des orties. C'est une plante aux effet toniques et immunostimulante quand elle est bien préparée. Je me dirige ensuite vers un aromate que chaque cuisinier connaît, la coriandre. Visuellement facile à confondre avec du persil plat, la différence majeure entre les deux espèces est l'odeur que dégage la coriandre. Je récupère les graines qu'il me suffira de laisser sécher, puis d'ensuite écraser pour alors avoir de quoi m'empêche de dormir en cas de besoin, ou de me réveiller rapidement. Combinée avec les trois autres déjà cueillit, l'effet sera bien plus fort et rapide.

Je me dirige ensuite vers les classiques jasmin, lavande et roiboos. Et oui, je vais aller me préparer de la poudre dodo, puisque je n'en ai plus à disposition. J'en prends beaucoup puisque le ratio est de dix feuilles de chaque pour faire une poudre en général. Je vais récupérer un peu d'écorce de chêne, quelque chose qui manque énormément sur Drum puisque prendre un bain avec de l'écorce de chêne permet de soigner plus rapidement les engelures. Et on sait que ce n'est pas ce qui manque sur l'île hivernale, ces saletés d'engelures. Sachant que je vais passer dans des villes et village où les femmes veulent se faire belles, je vais prendre des feuilles de laurier. Je n'aurais qu'à distiller l'extrait des feuilles pour créer un élixir soignant cheveux et la peau. Les femmes devraient vite se l'arracher.

Puis vient l'heure d'aller chercher la prêle. Reminéralisante du fait de sa richesse en silice et en potassium particulièrement, la plante favorise la repousse des cheveux et ongles tout en les renforçant, comme pour les os et tendons qui auraient subi un traumatisme. La prêle des champs voit d'abord naître des tiges portant uniquement des épis puis elles laisseront place à des tiges ne portant que des feuilles en verticilles qui sont stériles. A surtout ne pas confondre avec les prêle des marais qui est toxique. Vu la vie qui m'attend, je décide de prendre beaucoup de prêle. Renforcer le corps après un traumatisme, ça va être utile puisqu'en tant que chasseur de prime, je vais souvent devoir me battre pour capturer des criminels. Et donc ma vie sera souvent mise en jeu. Alors autant limiter les risques.

Je me rend ensuite dans une sorte d'usine bien particulière puisqu'il s'agit d'une brasserie. Je discute avec le patron qui m'autorise à prélever un peu de levure de bière active qu'il produit et que les herboristes du coin lui achète pour leur boutique. La levure de bière active ne subit pas de traitement à la chaleur, mais un séchage à basse température. Ce procédé préserve les micro-organismes vivants qui la composent. Leur cycle de vie, leur croissance et leur développement sont temporairement mis en sommeil, mais les levures sortent de leur état de dormance dès qu’elles sont ingérées car la réhydratation les rend actives. On la trouve donc sous forme de poudre. Et on l'utilise en tant que baume contre l'acné, excès de sébum, favorise la synthèse de la kératine.

Pour le dernier ingrédient que je veux, je dois me diriger vers les fours spéciaux qu'utilisent les herboristes. Justement, il y en a un qui fabrique ce que je suis venu chercher. Dans le four on trouve des matières organique végétale riche en carbone, tel que l'écorce d'arbre, coques de noix de coco, coques de cacahuètes, noyau d'olives … Dans ce four spécial on récolte du charbon végétal, très utilisé pour ses effets détoxifiants incroyables. En cas de surdose médicamenteuse, d'intoxication aux métaux lourds ou d'empoisonnement, cette poudre est à privilégiée. Relativement simple à faire si tant est que l'on dispose d'un four créé pour cette optique, puisque les fours traditionnels ne fonctionneront pas. On discute un peu entre herboriste. Et j'avoue avoir peut-être mal jugé ce village. Les gens sont rustres envers les étrangers, un peu simplet au premier, second et troisième abord, leurs connaissances en médecine sont basiques. Mais ils savent s'occuper de plantes, optimiser les récoltes, quand mieux vaut-il arroser … Tous ces détails qu'il me manque, puisque je n'ai presque que les effets et propriétés des plantes.


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Je me trimballe avec mes sacs que je laisse à l'auberge. Les habitants sont quand même vachement plus gentils avec moi. Je me suis excusé d'avoir été aussi sec avec eux, mais en temps de crise, perdre du temps à discuter ou tourner en rond est un luxe qu'on ne peut se permettre. Il faut agir au plus vite, le cerveau doit fonctionne à 500% minimum, et le rester sur la durée. On a tous des coups de pression dans notre travail. Mais en tant que médecins, on ne peut pas se permettre de se reposer sur nos acquis, ou les patients seront les premiers à en pâtir. On doit avancer, regarder droit devant, apprendre de nouvelles méthodes, essayer de nouvelles choses, lire de nouveaux livre, rencontrer de nouvelles personnes, partager des expériences … Tout ça dans le but de devenir meilleur. C'est pour ça que je suis venu sur l'île, au départ. Mais maintenant, je me dis que, peut-être, il serait bien de … Oui, je pense que ça pourrait se faire. Au moins, les locaux ne devraient plus me poser de soucis je pense. La semaine passe rapidement, entre les cours, les discours, l'écriture et le travail dans les champs. J'en profite également pour utiliser les mortiers, alambiques à ma disposition afin de préparer mes poudres, élixirs, baumes, crème, pilule dont je pourrais avoir besoin plus tard.

Lavande, jasmin et roiboos réduit en poudre, filtrés et mélangés me donnent ainsi 5 poudre dodo. L'extraction de psyllium blond me permet de créer 3 laxatifs sous forme liquide. Je dénoyaute les Ginkgo biloba pour ne garder que les amandes. Je pourrais les faire sécher pour en faire une poudre, mais c'est le côté liquide qui m'intéresse, donc j'écrase les noyaux pour recueillir un maximum de jus. Je distille ensuite un peu ce dernier avec un solution saline, et j'obtiens 5 potions anti gueule de bois. Quant aux feuilles, je les garde et extrait également le principe actif que je sépare. Les feuilles se retrouvent broyées en poudre. Ensuite j'enferme la poudre dans des billes creuses que je ferme avec de la sève. En se brisant, les billes libéreront la drogue qui devrait faire rapidement son effet. Qu'il soit paranoïaque, aveuglant ou qu'il emmène dans un trip je m'en fiche. Le but étant de surprendre mon ennemi.

Le laurier se retrouve également distillé dans un alambique, les feuilles sont ensuite séchées dans un four rapidement, puis réduite en poussière. Je mélange la poudre et l'extrait de laurier à de la résine d'arbre jusqu'à obtenir la consistance d'un baume dont la douleur est verdâtre. Le tout doit peser dans les cent grammes. Un bon petit soin pour la peau et les cheveux. Sur les trente pieds que j'ai pris, sans endommager la repousse bien évidemment, j'arrache délicatement les fleurs. Puis comme pour le laurier, j’extraie dans un alambique le principe actif, je fais sécher les fleurs que je broie, je mélange le tout à de la résine pour obtenir un total de trois cent grammes de baume aux capacités régénératrices. En tant que médecin, je sais que ça va être utile.

La levure de bière active étant déjà sous forme de poudre, de même que le charbon végétal actif, je n'ai pas besoin d'y toucher. Je range le tout dans mes affaires, puis je nettoie ce que j'ai utilisé, ça va de soi. Mine de rien, la journée est passé super vite puisque le soleil va se coucher dans peu de temps. Je passe la nuit à l'auberge, et au petit matin, j'avance vers le port de l'île. Et quand vient l'heure de partir, je quitte l'île avec un sentiment auquel je ne m'attendais pas, le regret de devoir partir. En restant ici, j'aurais pu approfondir mes connaissances. Mais je n'aurais pu en acquérir de nouvelles. Voilà pourquoi je pars malgré tout. Et je regarde l'île qui rétrécit quand le bateau s'éloigne.

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